Revue Pour, GREP, n°183, juin 2004 Donc, en France, des milliers de praticiens portent le titre de conseiller en orientation, en insertion, en formation sans avoir jamais avoir beaucoup travaillé le sens fort et la démarche spécifique du conseil. Le concept de conseil est réduit à un sens banalisé, comme si ce seul sens suffisait à clarifier une pratique. Accompagnement ou psychothérapie ne sont
... [Show full abstract] pas plus clairs, mais on feint de ne pas s'en étonner. L'usage répété, mécanique du mot, sans retour à l'expérience indiquée, a affaibli, exténué, banalisé à outrance le mot originel qui a ainsi perdu sa force. Et comme ce terme est galvaudé, on préfère : aide, accompagnement, tutorat, mentorat, parrainage, médiation, bilan, mais surtout l'anglo-saxon : counselling, coaching, caring. Une grande confusion règne avec la valse des modes, des mots-valises où chacun met ce qu'il souhaite. Or « conseil » a un sens fort, radical, fondamental : conseiller, c'est tenir conseil, délibérer pour agir, et non pas donner des conseils. C'est cela qu'il nous faut travailler : préciser une démarche dans le champ de l'orientation. L'orientation ne peut pas être seulement la théorisation d'un champ, la vue globale d'un problème individuel et collectif, ou simplement un dispositif juridique et administratif. Il s'agit bien de professionnalisation des conseillers. Car l'orientation se développe de plus en plus ; d'abord réservée aux jeunes, elle devient une action tout au long de la vie, mais de plus en plus éclatée en de nombreuses institutions qui s'ignorent. Les conseillers se multiplient avec ou sans formation. Le conseil ne peut pas se réduire à un examen d'expert suivi d'une simple transmission d'informations ou de diagnostic-évaluation. Le conseil n'est pas une simple mesure administrative ou technocratique : un constat qui deviendrait un verdict. Ni assistance à vie, ni manipulation idéologique, ni « technologie des aveux », ni préconisation (recommandation avec insistance), ni injonction, ni recette.