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Action située -Agir compétent

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Abstract

Texte accompagnant la conférence de Philippe Jonnaert le 26 février 2019 sur le thème de l'action située et de l'agir compétent.
©Jonnaert, Ph./2019/BACSE International
1
Action située Agir compétent
Philippe Jonnaert, Ph. D.
Orford, Février 2019
jonnaertp@gmail.com
[Texte accompagnant la conférence de Ph. Jonnaert pour le lancement du ‘Référentiel de
l’agir compétent en conseillance pédagogique
i
; ACCPQ, Commission scolaire des
Sommets, Université de Sherbrooke et Association des conseillères et conseiller
pédagogiques du Québec, Magog, 26 février 2019]
Résumé
Contexte. Le 26 février 2019, le Référentiel de l’agir compétent en conseillance
pédagogique en soutien à la réussite des élèves est présenté lors d’une séance officielle à la
Commission scolaire des Sommets de Magog, [Estrie, Province du Québec]. Le travail réalisé
par l’équipe composée de la professeure Suzanne Guillemette de l’Université de Sherbrooke
et d’Isabelle Vachon et Donald Guertin de l’Association des conseillères et des conseillers
pédagogiques du Québec (ACCPQ) est remarquable. Se dégageant des traditionnels
référentiels de compétences, le plus souvent peu opérationnels ceux-, cette équipe a bâti
un outil des plus pertinents. Après avoir, au cours d’une recherche collaborative et
appréciative, identifié les situations emblématiques de la conseillance pédagogique au
Québec, un référentiel de ce qui se passe réellement en situation, l’action des personnes, est
défini. Ce Référentiel de l’agir compétent est une innovation majeure. Il rompt avec les
discours creux s’appuyant sur des référentiels de compétence, et oriente de façon efficace
et pragmatique les conseillers pédagogiques du Québec. Le postulat de base est clair, une
compétence se construit à travers l’action des personnes, leur ‘agir’, en situation. Dès lors,
plus qu’une définition de compétences virtuelles, cette équipe a centré son travail empirique
sur l’identification des situations les plus représentatives de la profession, les situations
emblématiques, et a fait l’exercice complexe d’en identifier les actions des personnes qui
traitent ces situations avec un certain degré de succès : l’agir compétent en situation.
Article. Conférencier trop bavard lors du lancement du référentiel de l’agir compétent pour
les conseillères et les conseillers pédagogiques, l’auteur de l’article n’a pas été jusqu’au bout
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de sa réflexion lors de cette conférence. Un Power Point, joint en annexe, reprend toutes les
Slide de ce qui ressemble plus à un cours qu’à une conférence.
Aussi, cet article reprend les thèmes essentiels de ce qui n’a été qu’effleuré en conférence. Il
se limite à trois dimensions. (1) La première concerne l’assise théorique sur laquelle se fonde
le concept de l’agir compétent, qui est sans nul doute celle de la situativitéou l’être en
situation. La première section, partant d’un exemple, pose la réflexion sur la ‘situativité‘
comme préalable au débat sur l’agir compétent. (2) La seconde dimension concerne la notion
de compétence elle-me. Car, si l’on parle d’agir compétent c’est bien qu’en amont des
actions des personnes en situation, on s’attend à ce que ces dernières développent des
compétences. La notion de compétence est dabord replacée dans les débats contemporains
qui la concernent. Plutôt que d’en suggérer de façon péremptoire et prétentieuse, une nième
définition sans doute guère plus opérationnelle que toutes celles qui jalonnent la littérature
dans les champs de l’éducation, une série de propositions sont formulées pour caractériser
une compétence. L’auteur s’appuie pour ce faire sur les sultats d’une recherche
exploratoire publiée en 2015. (3) La troisième dimension traitée dans cet article est la
question des situations. Elles sont incontournables lorsque l’on parle d’agir compétent, elles
en constituent l’espace physique et temporel de l’action des personnes contextualisées à un
moment précis de leur histoire dans une situation précise.
La conclusion de l’article ramène ces dimensions au débat sur le référentiel de l’agir
compétent.
Ce texte entièrement retravaillé en mars 2019 à Kola, hameau de Mbanza Ngungu, chef-lieu
administratif de la Province du Bas-Congo en République Démocratique du Congo, s’appuie
sur une série de publications plus anciennes de l’auteur, retravaillées et contextualisées dans
le débat actuel sur l’agir compétent.
Les notes sont placées à la fin du texte.
Pour citer ce texte :
Jonnaert, Ph. (2019). Action située Agir compétent. Orford : BACSE International. Texte en
ligne : http://bacseinternational.com
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Table des matières
Résumé ........................................................................................................................... 1
Contexte. ....................................................................................................................... 1
Article. ........................................................................................................................... 1
1. Agir en situation et situativité ................................................................................ 4
Un exemple .................................................................................................................. 4
Que dégager de cet exemple? ....................................................................................... 6
2. La notion de compétence, un parcours erratique dans le champ de l’éducation .... 7
La notion de compétence peu stabilisée dans le champ de l’éducation ........................ 7
La notion de compétence à travers ses définitions : des confusions récurrentes .......... 8
o Contamination de la notion de compétence par les objectifs généraux ................................... 8
o Définitions lacunaires. ............................................................................................................ 8
o Définitions tautologiques. ...................................................................................................... 8
o Définitions inscrites dans des rapports de synonymie. ............................................................ 9
o Compétence et savoir............................................................................................................. 9
3. Des propositions pour caractériser une compétence ............................................ 10
Le concept de compétence est complexe et évoque un processus dynamique, variable d’une
personne à une autre, au terme duquel la compétence peut apparaître. Il se laisse
difficilement capter par une définition qui risque de le figer. Les lignes qui suivent
caractérisent la compétence sans l’enfermer dans une définition statique. .........................10
Une recherche exploratoire..........................................................................................10
Propositions caractérisant la compétence....................................................................10
Remarques pour une vigilance sémantique à propos des définitions de la compétence
12
4. La question des situations..................................................................................... 13
La situation, un des pôles de la transaction personne-situation...................................13
Une situation : Pluviométrie à Kinshasa .......................................................................13
Des questions ...............................................................................................................14
Un programme d’activités ............................................................................................14
Discussion ....................................................................................................................14
5. Conclusion : la question du traitement et d’un référentiel de l’agir compétent.... 16
Bibliographie ................................................................................................................ 18
Notes ............................................................................................................................ 23
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4
1. Agir en situation et situativité
Pour comprendre la notion d’agir compétent, la façon la plus cohérente est sans doute de
confronter directement le lecteur à une situation. Les lignes qui suivent évoquent les tribulations
d’un auteur en situation d’écriture d’un texte scientifique.
Un exemple
ii
Encadré 1 : Un organisme unique
« Parce que l’esprit apparait dans un cerveau qui est partie intégrante de l’organisme, il relève de
cet appareil bien formé. En d’autres termes, le corps, le cerveau et l’esprit sont des manifestations
d’un organisme unique. Bien qu’on puisse les disséquer au microscope dans un but scientifique,
ils sont en fait inséparables dans les conditions normales de fonctionnement. »
Damascio (2003 : 203).
Un chercheur qui rédige un texte pour un ouvrage collectif, agit dans une situation aux
contours flous. Cette situation ne peut être que partiellement décrite. Elle est caractérisée par un
ensemble de circonstances entourant le processus de rédaction du texte. Certaines de ces
circonstances sont clairement établies, bien qu’elles dépendent de la compréhension que s’en fait
l’auteur, par exemple une thématique, des consignes éditoriales, un calendrier de publication,
des documents de référence, voire des résultats d’une recherche. D’autres sont plus fluctuantes :
un bureau, une bibliothèque, un ordinateur, des dossiers, mille et un objets de bureau, une lampe
et un fauteuil de bureau, une imprimante, un téléphone, l’accès à Internet ... D’autres encore sont
fortuites: la sonnerie impromptue du téléphone, la visite tout autant inattendue d’un étudiant
sollicitant un conseil, … L’auteur du texte ne peut être exclu de cette situation. Avec toutes ses
particularités, qu’elles soient conatives, cognitives ou encore physiques : il en fait partie
intégrante. Il y agit dans sa totalité et ne se segmente pas en différentes parties. Il ne dissocie pas
son corps de son esprit. Familièrement ne dit-on pas qu’il rentre dans le texte. Son action est
située.
La personne n’est cependant pas première, la situation non plus. À deux, ils forment un
système au sein duquel ils agissent. Au fur et à mesure que le texte est amendé, la situation
change, la personne également. Ce système personne-situation est dynamique. Il évolue à travers
les actions de la personne. Chaque paragraphe écrit, chaque phrase ou chaque mot, chaque
lecture du texte faite et refaite, chaque extrait saisi, modifient la situation et donc l’auteur
également. L’auteur n’écrit jamais sur le même texte. De corrections en ajustements et de
lectures en remises en question de ce qui vient d’être écrit, l’auteur progresse lui-même, change
et n’aborde plus son texte de façon identique, jusqu’à le remanier complètement. Dès lors, le
système personne - situation se joue à travers un ensemble d’actions qui s’emboitent,
s’entrecroisent, s’adaptent ou s’annulent mutuellement dans un mouvement discontinu, en des
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va-et-vient incessants, avec des moments de rupture et de redémarrage. Rien n’est strictement
linéaire. L’auteur et la situation agissent en une solidarité fonctionnelle complexe et difficilement
détricotable’.
Quatre dimensions semblent constamment interagir dans ce système dynamique,
erratique, évolutif et en mouvements irréguliers : (1) la personne, (2) la situation, (3) les
circonstances de la situation retenues par cette personne et (4) des actions adaptatives.
Pour rédiger le texte, la personne agit en fonction de ses propres buts : écrire un texte sur une
thématique qui l’intéresse; diffuser les résultats d’une recherche, ou encore améliorer un
curriculum vitae. Ses actions reposent sur son expertise : ses connaissances à propos de cette
thématique, son champ d’expériences et ses compétences. Cette personne agit également en
fonction de sa disponibilité conative : sa motivation pour rédiger un texte. Mais son état physique
joue tout autant un rôle important : sa tonicité ou, au contraire son essoufflement.
En d’autres mots, l’auteur, en action dans cette situation, agit avec tout ce qu’il est au
moment de la rédaction du texte. L’auteur ne prend parmi les circonstances de la situation, que
celles qu’il estime utiles aux actions pour l’atteinte de son but. Ces circonstances, il les filtre en
fonction de ce qu’il connait déjà, ses propres connaissances qu’il adapte à la situation, mais aussi
parce qu’elles lui semblent congrues par rapport au but qu’il s’est fixé. C’est ainsi que,
transversalement à la situation, il articule entre elles des ressources internes (ses propres
connaissances et d’autres caractéristiques conatives, cognitives et physiques) et externes
(certaines dimensions sociales, matérielles ou autres) aux circonstances qu’il a retenues de la
situation.
Mais tout n’est pas que ressources ! Cette situation, par elle-même, présente un certain
nombre de contraintes : rédiger le texte dans un certain délai ; ne pas dépasser un certain nombre
de signes ; soumettre le document à un comité d’arbitrage ; rester strictement dans la thématique
du texte ; respecter les normes éditoriales, etc. La situation elle-même peut pareillement
présenter des obstacles : la non disponibilité de certaines références indispensables au traitement
de la thématique; l’absence de logiciel de traitement de texte sur l’ordinateur utili; une sujet
flou et un appel à proposition indécis et l’absence de données de la recherche sur certaines
dimensions traitées. De son côté, l’auteur lui-même présente des contraintes ou des obstacles :
sa surcharge qui l’empêche de respecter les échéances ; sa fatigue; la précarité de son état de
santé et des soucis personnels, familiaux ou autres.
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Que dégager de cet exemple?
Encadré 2 : Des concepts pragmatiques
« (…) Pour s’adapter, les humains construisent des concepts, dont la première fonction n’est pas
de produire des savoirs ou des théories, mais d’orienter et de guider leur action ; car ce sont ces
concepts qui permettent de faire un bon diagnostic de la situation dans laquelle on se trouve et
d’avoir ainsi une action ajustée. Ainsi on peut dire qu’il y a des concepts qui organisent l’activité,
en permettant une maîtrise des situations. Ces concepts peuvent être d’origines diverses : ils
peuvent être nés de l’action ; je les ai appelés des concepts pragmatiques. Ils peuvent être tirés
de savoirs existants, scientifiques ou techniques ; mais dans ce cas ils doivent subir une mutation
pour devenir des organisateurs de l’action. »
Pastré, (2010 : 48).
o Cet exemple illustre la situativi. C’est bien de l’état d’être en situation de ce rédacteur dont
il est question. Le concept de situativité décrit la personne en action et en situation à un
moment précis de son vécu et dans un contexte particulier, Masciotra, et al. (2006). La
solidarité fonctionnelle du binôme ‘personne-situation’ dans un contexte et à un moment
singuliers du vécu de la personne, caractérise la ‘situativité’.
o La situation d’écriture que traite cet auteur est dynamique, voire erratique à certaines
périodes de sa démarche. Les actions qu’il y mène sont caractérisées par une mobilisation,
quasi aléatoire, faite d’hésitations et de tâtonnements, d’un faisceau complexe de
circonstances, de contraintes, d’obstacles et de ressources, auquel il est lui-même intégré,
Allal (1999).
o La compétence de cet auteur n’apparait qu’une fois le texte rédigé, déposé, accepté et lu. Ce
texte n’est pas la compétence, il n’en est que la trace. Bien plus, lu et accepté par sa
communauté scientifique, il en est le critère. Le travail d’écriture du texte n’est pas la
compétence non plus, il s’agit plutôt du processus de traitement de la situation. Certes, c’est
bien ce processus de traitement qui génère la compétence de l’auteur. Mais, la compétence
ne peut apparaitre qu’une fois le traitement de la situation achevé, réussi et socialement
accepté. Évoquant à travers la mise en mot de ce qu’elle a réalisé en situation, la personne
peut alors parler de son agir compétent dans cette situation particulière.
o Processus de traitement d’une situation et compétence ne peuvent être confondus. La
compétence est le résultat du traitement de la situation. C’est pour cela que l’auteur du texte
ne peut être déclaré compétent qu’à partir du moment où son texte est lu et accepté par sa
communauté. Ce n’est qu’alors que le traitement de la situation, l’agir en situation de cet
auteur, peut être qualifié d’agir compétent.
o L’agir compétent devient ainsi un concept pragmatique au sens de Pastré (2010), ancré dans
la dialectique du binôme personne-situation et dans les actions qui s’en dégagent.
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2. La notion de compétence, un parcours erratique dans le
champ de l’éducation
iii
En filigrane de la question de l’agir compétent se trouve nécessairement celle de la
compétence. Les lignes qui suivent situent la compétence dans les débats contemporains à son
propos dans le champ de l’éducation.
La notion de compétence peu stabilisée dans le champ de l’éducation
Encadré 3 : Déchainements discursifs à propos de la notion de compétence
« Le champ didactico-scientifico-pédagogique est devenu tellement conflictuel que tout concept,
proposé dans l’arène avec les intentions les plus apaisantes, est aussitôt l’objet d’une
cristallisation de fantasmes et de déchaînements discursifs tellement contradictoires et violents
qu’il en devient très vite monstrueux et redouté. (...) »
Delattre (1993 : 7).
La littérature francophone contemporaine en sciences humaines, plus particulièrement en
éducation, en ergonomie, en linguistique, en psychologie du travail et en didactique
professionnelle, abonde de textes et d’ouvrages traitant en tout ou en partie de la notion de
compétence
iv
. Braslavsky (2001), dans un état des lieux des réformes curriculaires
v
depuis la fin
des années 1980, met en évidence l’utilisation quasi systématique de la notion de compétence
tenue le plus souvent comme dimension centrale de ces réformes. L’usage de la notion de
compétence s’est ainsi généralisé. Il n’existe cependant pas de réel consensus à son propos
vi
. En
effet, cette notion, en tout cas dans le champ de l’éducation, tant dans son cadrage théorique que
dans son application empirique, est toujours questionnée, voire remise en cause si pas rejetée
vii
.
Corolairement, cette notion suscite toujours de multiples questions relatives à ses cadres
théoriques et empiriques, sa pertinence sociale, sa codification dans les programmes éducatifs,
son enseignement, son apprentissage, sa genèse et son développement par les élèves et les
étudiants ou encore sa propre évaluation
viii
.
La notion de compétence reste une nébuleuse dans le champ de l’éducation. Les définitions
relevées dans la littérature à son propos ne permettent guère de mieux la préciser.
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8
La notion de compétence à travers ses définitions : des confusions
récurrentes
ix
Encadré 4 : La compétence à l’interface des théories du sujet et de celles de l’action
« La notion de compétence semble appartenir à un groupe sémantique plus large de désignation
des sujets humains en rapport avec un engagement dans l'action (...). Cette notion, et la zone
sémantique à laquelle elle appartient, paraissent renvoyer à un paradigme plus général de pensée
et d'action intégrant théorie du sujet et théorie de l'activité. »
Barbier (2007: 63)
Les définitions analysées dans la littérature à propos de la notion de compétence
s’écartent de cette articulation entre les théories du sujet et celles de l’activité prônée par Barbier
(2007). Les interprétations de cette notion, examinées à travers un échantillon de définitions
x
,
ne permettent pas de bien la circonscrire.
o Contamination de la notion de compétence par les objectifs généraux.
La notion de compétence est régulièrement contaminée par celle d’objectif général
xi
.
Dans un certain nombre de travaux francophones, qu’il s’agisse de comptes rendus de recherches,
d’articles plus généraux ou de programmes éducatifs, la notion de compétence est associée à
celle d’objectif général. Cette contamination est particulièrement observée dans les programmes
éducatifs des pays francophones d’Afrique subsaharienne.
o Définitions lacunaires.
Certaines définitions de la compétence sont très brèves et n’évoquent qu’un aspect de la
compétence, parfois sous la forme d’un slogan. Par exemple, pour l’OCDE (2000), la compétence
serait la capacité de faire quelque chose. Pour Pastet al. (2001), la compétence serait un rapport
de la personne aux situations. Ces approches se résument à des formules lapidaires, au départ
desquelles la notion de compétence reste vague, même si ces formules mettent en exergue une
des dimensions d’une compétence : les actions des personnes pour l’OCDE (2000) ; le rapport des
personnes aux situations pour Pastré et coll. (2001).
o Définitions tautologiques.
D’autres définitions peuvent paraitre plus élaborées, mais elles définissent la compétence par
la compétence elle-même. Redondantes, ces définitions reprennent le même terme ou la même
proposition à plusieurs endroits de leur énoncé. Par exemple, pour le Ministère canadien des
Ressources humaines et du Développement des compétences
xii
(2013): « On entend généralement
par compétences en alphabétisation les quatre compétences suivantes : lecture, rédaction,
utilisation des documents et calcul. Les compétences essentielles sont les compétences
nécessaires en milieu de travail. Elles comprennent les quatre compétences en alphabétisation
énumérées ci-dessus ainsi que les cinq compétences suivantes : informatique, capacité de
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raisonnement, communication orale, travail d’équipe et formation continue. (…) Ces compétences
clés sont une base à partir de laquelle une personne acquiert d’autres compétences et apprend à
évoluer au travail et à s’adapter aux changements du milieu de travail. » (Texte en ligne). Cette
définition, même avec les précisions relatives à chacune des compétences évoquées, est
tautologique : l’objet de la définition et la définition elle-même ne sont que la répétition du même
terme : les compétences sont … les compétences.
o Définitions inscrites dans des rapports de synonymie.
Plusieurs définitions établissent un rapport de synonymie entre le mot compétence et un autre
qui en permettrait une clarification. C’est particulièrement le cas entre compétence et capacité
xiii
.
Certaines définitions de référence de la notion de compétence commencent par : « La
compétence est la capacité de », définissant ainsi un mot par un autre mot. Cette superposition
entre le terme de compétence et celui de capacité alors que « (…), ces deux concepts, capacité et
compétence, se situent à des niveaux sémantiques différents. La compétence englobe la capacité,
mais l’inverse n’est pas vrai. Les capacités sont constitutives d’une compétence, mais l’inverse
n’est pas vrai non plus. (…). » Jonnaert et al. (2004 : 674-675). En effet, une capacité est
constitutive de la compétence qui l’a activée et coordonnée avec d’autres catégories de
ressources dans des situations déterminées. Plusieurs capacités coordonnées à plusieurs
ressources apparaissent en situation comme un véritable faisceau opératoire de ressources, Allal
(1999 : 81), pour le traitement de situations.
o Compétence et savoir.
Des difficultés apparaissent en outre lorsque compétences et savoirs sont mis en opposition
xiv
.
Dans d’autres cas, la compétence est assimilée à des catégories de savoirs : savoirs, savoir-faire,
savoir-être, etc., Barbot et Camaratti (1999). Ce glissement sémantique n’est pas anodin non plus.
Il est répercuté dans plusieurs travaux actuels sur les compétences, particulièrement au niveau
de la problématique de l’évaluation des compétences. En effet, puisque selon ces auteurs la
compétence serait un ensemble de catégories de savoirs, ce sont, en toute logique, ces savoirs
qui sont évalués. Mais une compétence ne peut être réduite, ni opposée aux savoirs et encore
moins assimilée à des catégories de savoirs. Elle présente nécessairement une configuration plus
globale. En effet, une compétence s’appuie sur des savoirs et ne s’y oppose pas et, corolairement,
un savoir se construit parce qu’une personne l’utilise en traitant des situations et en développant
des compétences. La mise en opposition des compétences et des savoirs est un faux débat. Il s’agit
bien plus de rechercher les complémentarités entre les deux, d’identifier les savoirs dont la
personne a besoin pour développer telle ou telle compétence dans des situations et vice-versa
d’identifier les savoirs sur lesquels les compétences se sont effectivement appuyées.
Des définitions tautologiques, des rapports de synonymie entre la notion de compétence et
d’autres notions ou concepts, des confusions et des glissements sémantiques ont enfonla
notion de compétence dans une nébuleuse théorique aujourd’hui difficile à détricoter.
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3. Des propositions pour caractériser une compétence
Le concept de compétence est complexe et évoque un processus dynamique, variable d’une
personne à une autre, au terme duquel la compétence peut apparaître. Il se laisse difficilement
capter par une définition qui risque de le figer. Les lignes qui suivent caractérisent la compétence
sans l’enfermer dans une définition statique.
Une recherche exploratoire
Au cours d’une recherche exploratoire sur la notion de compétence, Jonnaert et al. (2014) et
Jonnaert et al. (2015), ont testé une série de propositions permettant de construire une définition
de la notion de compétence. Ils ont soumis, à l’aide d’un questionnaire de type échelle Likert, une
série de propositions à une vingtaine des spécialistes internationaux traitant de la notion de
compétence dans le champ de l’éducation. L’échelle Likert utilisée permet de constater un haut
degré d’acceptation de ces propositions par 19 experts internationaux
xv
. Au cours d’une seconde
analyse, ces résultats ont été confirmés à l’aide d’un processus d’accord inter-juges.
Toutefois, à travers les remarques et les suggestions des experts consultés, la définition même
d’une compétence reste difficile stabiliser. Plusieurs caractéristiques essentielles d’une
compétence semblent entraver la consolidation d’une définition : son dynamisme, la complexité
de son cadre de ressources, la question des situations et celle du traitement de ces dernières.
Plutôt que de suggérer en ces lignes une énième définition de la compétence, après la
formulation de propositions, des remarques suggérant une vigilance sémantique à propos de la
compétences sont formulées.
Propositions caractérisant la compétence
Les propositions formulées ici caractérisent la compétence. Chacune d’entre elles est une
partie de l’échafaudage complexe du processus de construction d’une compétence. Dans une
approche holistique de la compétence, ces différentes propositions évoquent les paramètres qui
interagissent autant dans le traitement des situations que dans la caractérisation d’une
compétence construite au terme de ce traitement. Ces paramètres ne peuvent donc être dissociés
les uns des autres. L’agir compétent est de ces paramètres constitutifs et solidaires d’une
compétence.
o Une compétence se développe dans des situations et est le résultat du traitement achevé,
réussi et socialement accepté de ces situations, l’agir compétent, par une personne ou un
collectif de personnes dans un contexte et à un moment déterminé.
o Ce traitement repose sur le champ des expériences vécues par les personnes dans d’autres
situations plus ou moins isomorphes à celles qui font l’objet d’un traitement.
o Ce traitement s’appuie sur un ensemble de ressources, de contraintes et d’obstacles et
sur des actions.
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o La réussite de ce traitement est fonction de la personne ou du collectif de personnes, de
leurs expériences de vie, de leur compréhension des situations, des situations elles-
mêmes et du contexte, des ressources des personnes elles-mêmes et de celles disponibles
parmi les circonstances des situations, mais aussi des ressources externes aux personnes
et aux situations.
o La compétence est l’aboutissement de ce processus complexe, dynamique et dialectique
de traitement ; elle est spécifique aux situations traitées avec succès et peut être adaptée
à d’autres situations qui sont presque isomorphes aux situations actuelles et qui
appartiennent à la même famille de situations.
o Une compétence est toujours associée au minimum à une situation, à une famille de
situations ainsi qu’aux champs d’expériences d’une personne, ou d’un collectif de
personnes.
o Les champs d’expériences de la personne ou du collectif de personnes impliqués dans le
traitement de ces situations sont déterminants pour le développement d’une
compétence ; ces champs d’expériences incluent les connaissances des personnes ainsi
que des compétences construites dans d’autres situations plus ou moins isomorphes à
celles qu’ils sont amenés à traiter.
o Le développement d’une compétence repose sur la mobilisation et la coordination par
une personne ou un collectif de personnes, d’un faisceau de ressources (Allal, 1999) : des
ressources propres aux personnes, d’autres ressources spécifiques à certaines
circonstances des situations et des ressources externes tant aux personnes qu’aux
situations.
o Une compétence n’est réellement construite que dans le cas d’un traitement achevé,
réussi et socialement acceptable des situations ; ce traitement, mis en mot lors d’un
retour métacognitif sur le processus, est alors nommé l’agir compétent des personnes
ayant traité la situation.
o Une compétence résulte du processus dynamique et constructif du traitement des
situations : la compétence n’est pas ce processus, le processus est le traitement des
situations par une personne ou par un collectif de personnes ; une personne ou un
collectif de personnes sont toujours déclarés compétents après les traitements des
situations.
o Une compétence n’est pas prédictible et ne peut donc être définie a priori; une
compétence est nécessairement inscrite dans la complexité; elle est fonction au minimum
d’une situation, d’une personne ou d’un collectif de personnes, de leurs propres
connaissances et de leurs compétences déjà construites dans des situations semblables,
de leur compréhension des situations, des ressources dont elles disposent, des
contraintes et des obstacles qu’elles rencontrent dans ces situations, de leurs champs
d’expériences.
o Une compétence est évolutive ; d’une situation à une autre de la même famille de
situations, une compétence s’adapte aux circonstances des situations, en ce sens, une
compétence est rarement achevée.
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Remarques pour une vigilance sémantique à propos des définitions de la
compétence
Les propositions formulées ici, invite à une vigilance sémantique toute velléité d’écriture
d’une définition de la notion de compétence. Chacune des propositions peut, si elle n’est pas
prise en considération, faire basculer une définition de la notion de compétence dans
l’incomplétude, voire l’incohérence.
o D’une façon absolue, une compétence devrait être considérée dans toute sa complexité
autant qu’à travers le dynamisme qui la caractérise. Sa construction s’inscrit
nécessairement dans une échelle temporelle relativement longue. Ces trois
caractéristiques, complexité, dynamisme et échelle temporelle longue, sont masquées
dans des définitions fermées. En effet, une définition ne fait que positionner, à travers
une modélisation, un certain nombre de concepts en les articulant entre eux et en offrant
l’illusion de les figer dans le temps et dans l’espace.
o Une compétence se construit par des personnes en situations. Une compétence
caractérise dès lors un moment particulier, celui de l’harmonie entre ces personnes et ces
situations, le moment qui leur permet d’affirmer que leurs actions dans ces situations
sont viables à cet instant même. Cette viabilité est précaire et peut à tout instant de
l’échelle temporelle longue du développement d’une compétence, être remise en cause
et rompre la stabilité déjà précaire de la compétence. La viabilité d’une compétence est
sans cesse mise à l’épreuve des situations et peut être contestée. Dans ce cas, la
compétence nécessite des adaptations, une reconstruction voire même parfois une
réfutation. En ce sens, une compétence est rarement stabilisée une fois pour toutes. C’est
pourquoi également une compétence est peu prédictible et difficilement circonscrite dans
une définition.
o Une compétence est le résultat d’actions temporairement achevées, temporairement
viables, toujours susceptibles d’être remises sur l’établi et sans cesse questionnées par
une nécessaire vigilance éthique.
o Face à cette précarité des compétences, un référentiel de l’agir compétent est sans nul
doute plus pertinent qu’un référentiel de compétences. Toutefois, cet agir compétent est
lui-même fonction des personnes et des situations et sa viabilité est toujours susceptible
d’être remise en cause.
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4. La question des situations
Les situations sont centrales, elles sont la condition première du cours d’action, et
corolairement de l’agir compétent. Elles en sont à la fois la source, mais aussi le critère, puisqu’il
n’est possible de parler d’agir compétent que si une compétence apparaît réellement.
La situation, un des pôles de la transaction personne-situation
Encadré 5 : L’engagement en cours d’action
« (...) Une situation est quelque chose qui se révèle et se découvre progressivement en fonction
d’un engagement dans un cours d’action, et à la lumière à la fois du développement des
circonstances et de l’émergence des conséquences entraînées par les cisions prises, par les
actions réalisées ou par les éléments contingents qui se produisent. » De Fornel et al. (1999 : 13
et 14).
Il est toujours difficile d’évoquer dans l’absolu le concept de situation. On ne peut le réduire
à un ensemble de circonstances dans lequel une personne se trouve et agit à un moment donné
de son existence. Une situation ne suffit pas pour la construction d’une compétence. Les
situations sont multiples et variées, même si elles relèvent d’une même famille de situations. Elles
impliquent autant la personne en action qu’elles intègrent le contexte. Elles sont un des pôles de
la transaction personne-situation. Il s’agit d’un tout à l’intérieur duquel des personnes agissent,
interagissent autant entre elles qu’avec la situation, qui les modifient et que les personnes
modifient à leur tour. Enfin, ces situations évoluent tout au long du développement de l’action en
situation, pour, finalement devenir peu dissociables des compétences qu’elles ont permis de
construire.
Une situation
xvi
: Pluviométrie à Kinshasa
Les élèves d’une classe de 6ième année de l’éducation de base à Kinshasa
xvii
tiennent un débat
sur la quantité d’eau qui s’abat sur leur ville pendant la saison des pluies. Chaque jour de forte
pluie, l’absentéisme des élèves et des enseignants est plus élevé que d’habitude. Les données que
les élèves fournissent à propos de la quantité d’eau de pluie tombée sur Kinshasa ces derniers
jours sont variables et ne sont pas vérifiées.
L’enseignant propose à ses élèves de vérifier la quantité d’eau tombant sur le quartier de l’école
en plaçant des pluviomètres en différents endroits. Les élèves pourront ainsi effectuer des
mesures plusieurs fois par semaine durant un des mois les plus pluvieux de l’année. Ils pourront
ainsi calculer une moyenne de la quantité d’eau tombée sur le quartier durant ce mois. Ils
disposeront alors d’informations plus précises sur la quantité d’eau tombant durant cette période
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et pourront sur la base de ces informations mieux en comprendre les effets sur leur vie
quotidienne et en rechercher des solutions.
Des questions
Les élèves sont intéressés par la proposition de l’enseignant. Une série de questions se dégage :
o Qu’est-ce qu’un pluviomètre ?
o Où trouver des pluviomètres ?
o Comment construire un pluviomètre suffisamment précis ?
o Quelle unité permet de mesurer la quantité d’eau tombée pendant une journée ?
o Existe-t-il d’autres expériences de ce type ?
o Existe-t-il des données pluviométriques sur la ville de Kinshasa ?
o Comment trouver ces données ?
o À quelle fréquence faut-il établir les relevés pluviométriques ?
o Comment recueillir les données pluviométriques ?
o Comment les organiser dans des tableaux avec des coordonnées en abscisse et en
ordonnée ?
o Comment calculer des moyennes ?
o Quel matériel est nécessaire et où le trouver ?
o Que faire avec l’ensemble des données récoltées et traitées ?
Un programme d’activités
Le débat que les élèves ont avec leur enseignant est animé. Les questions sont écrites pêle-
mêle au tableau. Avec l’enseignant, les élèves énoncent une série de tâches à réaliser pour
répondre à ces questions. Avec l’enseignant également, ils les organisent dans un programme
d’activités. Ces dernières articulent des notions sur les solides avec d’autres sur les mesures. Ils
se donnent comme but de rédiger un rapport qu’ils déposeront aux autorités municipales, ils se
proposent également de réaliser un Power Point avec le professeur d’informatique pour
présenter leurs conclusions. Rapidement, les élèves sont en action. Ils construisent des
pluviomètres au départ de bouteilles d’eau en plastique qu’ils graduent. Le cylindre et son volume
prennent du sens, mais aussi le millilitre, jusqu’à présent tellement abstrait. Subdiviser un cylindre
de manière à établir une échelle graduée en unités de capacité, suppose que le volume du cylindre
soit calculé et qu’une équivalence entre les unités de volume et les unités de capacité soit posée.
Discussion
Cette situation génère un ensemble d’apprentissages. Les acquis de ces apprentissages
permettent aux élèves de traiter progressivement la situation, à savoir connaître la quantité d’eau
tombée sur le quartier durant le mois, en comprendre les effets sur leur vie quotidienne,
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15
rechercher des solutions et préparer un plaidoyer dans un rapport qu’ils présenteront aux
autorités de la municipalité à l’aide d’un Power Point.
Cette classe se transforme en une véritable ruche dans laquelle les élèves, avec leur enseignant,
organisent des tâches qui prennent, pour eux, tout leur sens. Ils travaillent en situation. Les savoirs
scolaires sur les solides et les unités de capacités, sont contextualisés dans leur vécu quotidien. Ils
comprennent l’impact de ces masses d’eau sur les glissements de terrain en l’absence de
caniveaux et d’égouts fonctionnels. Ils recherchent de l’information sur différents sites Internet,
rédigent un rapport, préparent leur plaidoyer et sollicitent les autorités locales pour présenter
leurs conclusions.
L’ensemble de ces élèves, rapidement, s’est engagé dans la situation. Dès cet instant,
cette classe, une personne plurielle, fait partie intégrante de la situation et ne s’en dissocie plus.
L’enseignant articule les différentes activités entre elles, les ramène vers le but qu’ils se sont fixé,
suscite des débats entre les différentes équipes. Le traitement de la situation progresse, tâche
après tâche, ajustement après ajustement. La situation change, n’est plus jamais la même. Chaque
donnée recueillie et traitée la modifie. Le graphique affiché en classe illustre l’évolution de la
situation. L’organigramme des activités et leur planification permet à chaque équipe de se situer
dans la progression du travail. Mais surtout, l’élève lui-même change, construit des
connaissances, en modifie d’autres, réfute certaines de ses conceptions, développe des
compétences.
Situation et élèves entrent dans une dialectique particulière. Les transformations des uns
modifient nécessairement l’autre. Une approche curriculaire qui introduit des situations pour le
développement de compétences, propose les ingrédients cessaires à cette dialectique
‘élèves/situation’ au sein de l’entité qu’ensemble ils constituent.
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16
5. Conclusion : la question du traitement et d’un référentiel de
l’agir compétent
Encadré 6 : Réalité expérientielle
« (…) nous décrivons notre réalité expérientielle telle que nous pouvons en faire l’expérience, et
ce que nous faisons est façonné et coordonné par les concepts et les relations conceptuelles que
nous employons à ce moment-. » von Glasersfeld (2004 : 400).
Il est devenu courant d’affirmer qu’une compétence peut être considérée comme
construite seulement lorsque le traitement des situations est achevé, réussi et socialement
accepté, au terme d’un agir compétent. Dans les faits, ce traitement correspond à l’ensemble du
processus à travers lequel une personne est en actions dans des situations. Il est malaisé de
l’imaginer linéaire et facilement descriptible comme le ferait un observateur qui crirait un
phénomène ou un objet regardé de l’extérieur. La seule personne habilitée à expliciter son action
en situations, à mettre en mots ce qu’elle a réalisé, à reconstruire l’histoire du développement de
ses compétences, à décrire ses compétences, à les remettre en cause, à questionner leur viabilité
dans de nouvelles situations, n’est autre que cette personne elle-même.
Le terme ‘traitement’ est trop faible pour exprimer tout ce qui se passe lorsqu’une
personne agit dans des situations. Mais à nouveau, c’est la complexité de l’objet ‘compétence’
qui rend difficilement cernable le trajet que mène une personne pour arriver à cette compétence.
Le traitement correspond simultanément à ce que fait et à ce qu’est la personne en action
à un moment et dans une situation donnée. Ce traitement ne peut être que partiellement observé
de l’extérieur. Il ne peut être décrit que par les personnes elles-mêmes engagées dans des actions
dans les situations, au cours d’un retour réflexif sur leur traitement. Ce n’est qu’alors qu’une mise
en mot de ce traitement est possible.
Si la conclusion de cette mise en mot est que le traitement de la situation est réussi et
qu’il est socialement acceptable, alors il s’agir bien d’un ‘agir compétent’. Un référentiel de l’agir
compétent pour une profession donnée, ne peut ainsi être que le fruit d’une approche empirique
de traitements de situations réels et mis en mot par les acteurs de cette profession eux-mêmes.
La tentation est forte de crire a priori un traitement attendu en face de telle ou telle
famille de situations. Mais ces prédictions ne peuvent être que des hypothèses, et c’est avec
beaucoup d’humilique l’enseignant ou le formateur doit admettre que le responsable de la
construction de ses compétences est la personne en formation, nul ne peut se substituer à cette
dernière. Toute prédiction reste relative.
Un référentiel de l’agir compétent, décrit des traitements relevés dans la pratique de
personnes en situation. Il s’appuie sur l’hypothèse que ces ‘agir compétent’ permettent de traiter
des situations semblables à celles dans lesquelles ils ont été observés. Ces ‘agir compétent
correspondent à des catégories de traitements de situations d’une même famille, avec un empan
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d’actions plus ou moins large. Ils permettent de définir un potentiel d’actions face à une famille
de situations emblématiques de la profession. En ce sens ces référentiels innovants sont
intéressants et, sans doute, plus opérationnels que tous les référentiels de compétences, ces
derniers restant théoriques car éloignés de l’action en situation.
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Notes
i
Guillemette, S., Vachon, I., Guertin, D. (2019).
ii
Cette section est retravaillée à partir de Jonnaert et al. (2009 : 80 et 81) et de Jonnaert et al. (à
paraître)
iii
Cette section est adaptée de Jonnaert, Barrette, Masciotra et Mane (2006).
iv
Montmollin (1986) ; D’Hainaut (1988) ; Jonnaert et al. (1990) ; Leplat (1991) ; Perrenoud (1997,
1998, 2002a, 2002b) ; Boutin et al. (2000) ; Pastré et al. (2001) ; Jonnaert (2002) ; Jonnaert et al.
(2004) ; Tardif (2003) ; Legendre (2004); …
v
Curriculum. Un curriculum est un ensemble de paramètres à visée éducative. Articulés entre eux,
ils permettent l’orientation et l’opérationnalisation de tout un système éducatif à travers des
plans d’action pédagogiques et administratifs. Un curriculum est ancré dans les réalités
historiques, sociales, linguistiques, économiques, religieuses, géographiques, démographiques et
culturelles d’un pays. Un curriculum se situe en aval des politiques éducatives et en amont des
actions quotidiennes d’enseignement, d’apprentissage et d’évaluation dans les salles de classes.
De ce fait, un curriculum est en quelque sorte l’interface entre les grandes orientations définies
par les politiques éducatives et leur mise en œuvre dans les salles de classe à travers les
programmes éducatifs qu’il inclut et oriente. En ce sens, un curriculum peut être considéré
comme un passeur de politiques éducatives, (Depover et Jonnaert, 2014).
vi
Jonnaert et al. (2009) ; Ayotte - Beaudet et al. (2010) ; Ayotte-Beaudet (2013); …
vii
Boutin et al. (2000) ; Bronkart et al. (2002) ; Crahay (2006) ; Bernard et al. (2007) ; Hirtt (2009);
viii
Sambote (2015); Melouki (2010) ; Tehio (2010) ; Hirtt (2009) ; Opertti (2008) ; Ettayebi et al.
(2008) ; Bernard et al. (2007); ...
ix
Cette section du texte est adaptée de Jonnaert et al. (2004).
x
Ayotte-Beaudet (2013); Jonnaert (2013).
xi
Bernard et coll. (2007) ; Jonnaert (2012)
xii
RDHCC : Ressource humaines et développement des compétences Canada.
http://www.rhdcc.gc.ca/fra/competence/ACE/defi/definitions.shtml
xiii
Le concept de capacité a été clarifié dans plusieurs travaux de recherche dirigés par Ph. Jonnaert
à l’intérieur d’un vaste programme de recherche financé successivement par différents
organismes subventionnaire en Belgique et au Canada, [Fonds belges d’initiative ministérielle ;
Conseil canadien de la recherche en sciences humaines (CRSH) ; Fonds québécois, recherche,
société et culture (FQRSC) ; Jonnaert et al., (1990) ; Jonnaert, (2002 ; 2009) ; Jonnaert et coll.,
(2004) ]. Une première synthèse de ces travaux peut être lue dans Jonnaert (2009/2002).
xiv
Baillargeon (2013) ; Boutin et al. (2000).
xv
Pour lire le détail des résultats de cette recherche, voir : Jonnaert et al. (2015)
xvi
Exemple adapté de : Jonnaert, Ph. (2011).
xvii
République Démocratique du Congo
... Esta identificación es, a nuestro entender, inadecuada, ya que restringe las actuaciones y estrategias de personalización a uno de sus componentes, dejando de lado otros que son igualmente esenciales y que no forman parte, en sentido estricto, de la educación basada en competencias como, por ejemplo, la identificación y la toma en consideración de los intereses y objetivos del alumnado, o la puesta en relación y el establecimiento de conexiones entre experiencias de aprendizaje escolares y no escolares (ver el apartado siguiente). En otras palabras, las actuaciones y estrategias de personalización del aprendizaje son respetuosas, por lo general, con los principios de la educación basada en competencias, pero en ningún caso se limitan a ellos ( Jonnaert, 2019;Marope, 2017b;Perrenoud, 2000). ...
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Este trabajo presenta el proceso de construcción y validación psicométrica de una escala para explorar los posicionamientos del alumnado de educación primaria y secundaria ante las estrategias de personalización del aprendizaje escolar (EPAE-A). El instrumento forma parte de una investigación más amplia dirigida al análisis de prácticas de innovación educativa basadas en la personalización del aprendizaje. El punto de partida de la construcción de la escala fue una tipología de actuaciones y estrategias pedagógicas que, de acuerdo con la revisión de la literatura, promueven la realización de aprendizajes escolares con sentido y valor personal para el alumnado. Para la validación de la EPAE-A se realizaron dos pruebas piloto preliminares, con 507 y 1411 estudiantes respectivamente, que permitieron reducir el número inicial de ítems a 34 agrupados en dos sub-escalas, una de frecuencia (10 ítems) y otra de acuerdo (24 ítems). El análisis factorial permitió, además, identificar una estructura de cuatro factores en la sub-escala de acuerdo que se relacionan con las siguientes dimensiones de la personalización del aprendizaje: 1) decisión y control del aprendiz sobre el proceso de aprendizaje; 2) base experiencial y vivencial; 3) conexión entre experiencias de aprendizaje; y 4) reflexión sobre uno mismo como aprendiz y sobre el propio proceso de aprendizaje. En la sub-escala de frecuencia, por su parte, se identificó una estructura unidimensional que agrupa ítems sobre acciones específicas de profesores y alumnos vinculadas a las estrategias de personalización del aprendizaje. Con el fin de obtener evidencias de la validez y fiabilidad de la escala construida se llevó a cabo una aplicación de la versión definitiva a una muestra de 4909 estudiantes con edades comprendidas entre los 10 y los 18 años de 12 centros educativos españoles situados en Catalunya, Extremadura y Madrid. Los resultados obtenidos muestran que la escala cuenta con evidencias sólidas de validez de estructura interna y fiabilidad.
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En articulant les politiques éducatives à un ensemble de questions curriculaires, les deux auteurs présentent des perspectives à l’agenda post 2015 pour l’éducation, particulièrement en Afrique. Avec, l’un et l’autre, plus de trente années de recherches et d’interventions sur les systèmes éducatifs, les deux auteurs optimisent dans cet ouvrage les acquis des travaux et des recherches de Louis D’Hainaut auquel ils rendent hommage. Plaçant les politiques éducatives en amont des questions curriculaires et positionnant le curriculum à l’intervalle, entre les politiques éducatives et les pratiques pédagogiques, les auteurs positionnent le curriculum comme un passeur de politiques éducatives. Cet ouvrage sert de référence à tous ceux qui travaillent à l’adaptation récurrente des systèmes éducaifs aux besoins sociétaux, sans cesse en mouvements, en matière d’éducation et de formation. Il intéressera les responsables des systèmes éducatifs et leurs spécialistes des questions des politiques éducatives et du curriculum comme les chercheurs et les praticiens de l’éducation.
Article
Trois des concepts qui constituent le fil rouge de la didactique professionnelle, l’activité et son analyse, la conceptualisation dans l’action, le développement des adultes, conduisent tout naturellement à la thématique de l’expérience. L’expérience est caractérisée par le fait d’avoir deux faces : d’une part, elle est ce que nous avons vécu et correspond aux traces que ce vécu a laissées en nous. D’autre part, l’expérience est ce que nous avons assumé de ce vécu, ce que nous considérons comme nôtre. On peut s’appuyer sur la distinction de Ricoeur, entre mêmeté et ipséité, pour distinguer une expérience idem, qui est de l’ordre du fait ; et une expérience ipse, qui porte non plus sur le ‘quoi’ de l’expérience, mais sur le ‘qui’ : qui suis-je, moi qui ai fait telle ou telle expérience ? Ainsi une méditation sur l’expérience nous ramène en permanence à la question du sujet : non pas un sujet épistémique, mais un sujet caractérisé par son pouvoir d’agir, capable, en certaines circonstances, de genèses identitaires.
Book
L’approche « située », en tant que courant théorique à part entière, regroupe une large collection de travaux scientifiques. L’ouvrage met en avant la pluralité des modèles développés dans ce courant, réunis sous le même label de « cognition située » ou « d’apprentissage situé ». Une des originalités de ces travaux est d’argumenter une relation d’indissociabilité entre apprentissages et contextes socioculturels, rompant avec l’idée d’un processus d’apprentissage qui, bien qu’en interaction avec l’environnement, se situe du côté de l’individu seulement. En désaccord avec certaines idées situationnistes radicales qui évacuent toute référence aux processus cognitifs individuels, l’auteur retient la thèse que l’apprentissage se construit dans une « relation réflexive » entre les pratiques sociales d’une communauté (ici la classe) et les processus de construction individuelle (transformation des connaissances et compétences de l’élève, mais aussi de l’enseignant). La notion de microculture de classe est tout spécialement développée afin d’appréhender les apprentissages individuels et collectifs dans leur relation constitutive avec les normes, les pratiques, les significations vues comme socialement reconnues et partagées entre un enseignant et ses élèves. Elle fait ensuite l’objet d’une recherche rigoureuse menée dans deux classes de troisième année primaire (élèves de 9 ans) pendant une année scolaire, dans le cadre d’activités de résolution de problèmes multiplicatifs. Les dynamiques contrastées des deux microcultures de classe sont examinées dans leur relation de régulation entre les apprentissages individuels et les pratiques et normes communautaires de chaque classe. De nombreux exemples d’interactions et de productions d’élèves sont exposés.