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Le compteur communicant : perception des irrigants: Le cas du bassin du Louts

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Abstract

Les compteurs communicants sont présentés comme une innovation technologique pouvant bénéficier à la fois aux usagers et aux gestionnaires d'une ressource limitée comme l'eau : ils renseignent les irrigants agriculteurs en temps réel sur leurs prélèvements, les aidant à piloter leurs arrosages et leur facilitant le partage de l'eau en cas de réseau géré en commun. Ils fournissent aux gestionnaires des mesures fréquentes, précises et spatialisées des consommations, précieuses pour réguler les ouvrages hydrauliques et optimiser les lâchers l'eau des réservoirs. Mais l'étude conduite sur la rivière réalimentée du Louts (sud-ouest de la France) présentée dans cet article montre des agriculteurs réticents. Les déterminants de cette attitude sont l'inutilité perçue de l'outil pour le pilotage de l'irrigation et la gestion des ouvrages, la défiance vis-à-vis de son promoteur - gestionnaire de l'eau, et des craintes sur les effets induits du dévoilement de ces informations (renforcement des pénalités et des coûts, accentuation des oppositions à l'irrigation...). Cette opposition initiale semble pouvoir être dépassée, par la co-construction avec les agriculteurs d'une réforme globale de la gestion de l'eau qui intègre cette technologie. Il s'agit de changer l'avis des pairs (un système plus équitable), de rétablir la confiance envers le porteur (un décompte plus juste des consommations) et définir les paramètres technico-économiques adéquats pour que les agriculteurs y trouvent un intérêt économique (coût de l'eau, opportunité d'ajuster leurs consommations, etc.). Ces paramètres restent à affiner en recherchant des compromis entre les contraintes du gestionnaire et la rentabilité de l'agriculture irriguée, sans oublier qu'une réforme des quotas d'eau prélevée affecte la valeur vénale des terres irriguées, à laquelle les agriculteurs sont très sensibles.
HAL Id: hal-02608878
https://hal.inrae.fr/hal-02608878
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Le compteur communicant : perception des irrigants. Le
cas du bassin du Louts
Marielle Montginoul, P. Garin, K. Abannar, D. Lepercq
To cite this version:
Marielle Montginoul, P. Garin, K. Abannar, D. Lepercq. Le compteur communicant: perception des
irrigants. Le cas du bassin du Louts. Techniques Sciences Méthodes , ASTEE/EDP Sciences, 2019,
1/2 (1-2), pp.39-47. �10.1051/tsm/201901039�. �hal-02608878�
1/5
Le compteur communicant : perception des irrigants le cas du bassin du Louts
1
Smart meter: perception of irrigators The Louts case, a refeed river in South-West
2
of France
3
Montginoul Marielle1*, Garin Patrice1, Abannar Kamal2, Lepercq Daniel2
4
1 IRSTEA UMR G-Eau - Univ Montpellier, Montpellier, France, 361 rue JF Breton - BP 5095 - 34196
5
Montpellier Cedex 5
6
2 CACG (Compagnie d’Aménagement des Coteaux de Gascogne), Chemin de l'Alette, BP 449 - 65004
7
Tarbes Cedex
8
*marielle.montginoul@irstea.fr 04 67 04 63 04
9
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CATEGORIE DE LARTICLE : Recherche appliquée
11
FORMAT DE LARTICLE : Article scientifique
12
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Author-produced version of the article published in TSM, 2019, N°1/2, p. 39-47.
The original publication is available at https://astee-tsm.fr
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2
Résumé
14
Les compteurs communicants sont présentés comme une innovation technologique pouvant bénéficier à la
15
fois aux usagers et aux gestionnaires d’une ressource limitée comme l’eau : ils renseignent les irrigants
16
agriculteurs en temps réel sur leurs prélèvements, les aidant à piloter leurs arrosages et leur facilitant le
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partage de l’eau en cas de réseau géré en commun. Ils fournissent aux gestionnaires des mesures
18
fréquentes, précises et spatialisées des consommations, précieuses pour réguler les ouvrages hydrauliques
19
et optimiser les lâchers l’eau des réservoirs. Mais l’étude conduite sur la rivière réalimentée du Louts (sud-
20
ouest de la France) présentée dans cet article montre des agriculteurs réticents. Les déterminants de cette
21
attitude sont l’inutilité perçue de l’outil pour le pilotage de l’irrigation et la gestion des ouvrages, la défiance
22
vis-à-vis de son promoteur - gestionnaire de l’eau, et des craintes sur les effets induits du dévoilement de
23
ces informations (renforcement des pénalités et des coûts, accentuation des oppositions à l’irrigation…).
24
Cette opposition initiale semble pouvoir être dépassée, par la co-construction avec les agriculteurs d’une
25
réforme globale de la gestion de l’eau qui intègre cette technologie. Il s’agit de changer l’avis des pairs (un
26
système plus équitable), de rétablir la confiance envers le porteur (un décompte plus juste des
27
consommations) et définir les paramètres technico-économiques adéquats pour que les agriculteurs y
28
trouvent un intérêt économique (coût de l’eau, opportunité d’ajuster leurs consommations, etc.). Ces
29
paramètres restent à affiner en recherchant des compromis entre les contraintes du gestionnaire et la
30
rentabilité de l’agriculture irriguée, sans oublier qu’une réforme des quotas d’eau prélevée affecte la valeur
31
vénale des terres irriguées, à laquelle les agriculteurs sont très sensibles.
32
Mots-clés : Eau d’irrigation, compteurs, télérelève, acceptabilité, perception
33
Abstract
34
Smart meters are presented as a technological innovation that can benefit both users and managers of a
35
limited resource such as water: they provide irrigators with real-time information about their water
36
withdrawals, helping them to control their water extraction, and facilitating water sharing when they manage
37
a network in common; they provide managers with frequent, precise and spatialised measurements of
38
consumptions, which are relevant for regulating hydraulic structures and optimizing dams’ water discharges.
39
But the study conducted on the river basin Louts (south-west of France) presented in this article shows
40
reluctant farmers. This attitude can be explained by a perceived uselessness of this technology as an
41
appropriate irrigation management tool, and by distrust towards its promoter the water manager, fearing
42
adverse effects of increasing manager knowledge on real water consumption (increased penalties and costs,
43
increased opposition to irrigation ...). This initial opposition seems likely to be overcome, by co-construction
44
with farmers of a comprehensive reform of water management that incorporates this technology. It is a
45
question of changing the opinion of the peers (a more equitable system), of restoring trust towards the
46
promoter (a more accurate count of the consumptions) and to define appropriate technico-economic
47
parameters to interest financially irrigators (cost of water, opportunity to adjust their consumption, etc.).
48
These parameters remain to be refined by seeking compromises between the manager's constraints and the
49
profitability of irrigated agriculture, not to mention that a quota reform affects the market value of irrigated
50
land, to which farmers are very sensitive.
51
Keywords: Water for irrigation, smart meters, acceptability, perception, France
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Introduction
53
Les compteurs communicants sont présentés par leurs concepteurs comme pouvant bénéficier à la fois aux
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gestionnaires et aux usagers d’une ressource limitée, notamment l’eau.
55
Pour les gestionnaires, parties prenantes d’un système complexe résumé sur la Figure 1 pour l’étude de cas
56
qui nous servira d’illustration dans cet article, ces compteurs fournissent des mesures fréquentes, précises
57
et spatialisées des consommations, précieuses pour réguler les ouvrages hydrauliques et optimiser les
58
lâchers d’eau des réservoirs et l’attribution des quotas. La Compagnie d’Aménagement des Coteaux de
59
Gascogne (CACG) témoigne de l’utilité d’une telle innovation, la situant dans la continuité de deux progrès
60
majeurs passés : les mesures précises du débit des cours d’eau et la spatialisation des données
61
météorologiques (image radar Antilope).
62
Côté irrigants, ces compteurs pourraient les renseigner en temps réel sur leurs prélèvements, les aidant à
63
piloter leurs arrosages et à partager l’eau des réseaux collectifs. Malgré ces fonctionnalités, les agriculteurs
64
rechignent à les adopter.
65
Cet article précise d’abord les potentialités permises par le compteur communiquant comparées au
66
conventionnel. Il aborde ensuite la question l’acceptabilité à partir d’un état des lieux bibliographique puis par
67
les enseignements d’une étude sur les difficultés d’intégration de cette technologie dans le système d’activité
68
des irrigants du Louts (un affluent de l’Adour - sud-ouest de la France) et les freins à son appropriation.
69
1. Du compteur conventionnel au compteur communicant : la gestion de la relation client
70
transformée
71
La relation entre le gestionnaire et le client est transformée par la mise en place de compteurs
72
communicants, même si les deux types de compteur sont aisément interchangeables sur le plan technique
73
(Figure 2) : ceci concerne l’ensemble de la chaîne allant de la mesure jusqu’au retour fait au client (cf.
74
Tableau 1, suivant la catégorisation proposée par Boyle et al. (2013)).
75
L’analyse des consommations s’affine, avec l’interprétation de relevés journaliers renvoyés à l’agriculteur le
76
lendemain de chaque mesure. Potentiellement, l’agriculteur dispose d’un outil fiable pour détecter des fuites
77
sur son réseau (individuel ou collectif) ou une anomalie de fonctionnement de son matériel d’irrigation (usure
78
des buses, vitesse d’avancement erronée, …), suivre sa consommation et créer des alertes personnalisées.
79
Mais cette nouvelle technologie est-elle bien accueillie par les irrigants ?
80
2. La télérelève des compteurs d’eau d’irrigation : facteurs génériques et spécifiques de résistance
81
des usagers
82
Selon la théorie du « comportement planifié » (Ajzen, 1991), deux conditions à l’adoption d’une technologie
83
ou d’un comportement sont à distinguer : l’usager doit être « bien intentionné » et avoir intérêt à agir.
84
L’intention comporte trois facettes rendant l’individu bien ou mal disposé envers l’objet : son attitude envers
85
l’objet support (ici le compteur d’eau), sa technologie mais aussi la confiance en son promoteur ; la pression
86
sociale perçue quant à son adoption (« la norme subjective ») ; le contrôle comportemental perçu sur cette
87
technologie (ici les questions de cyber-sécurité, de capacité à contrôler la technologie mais aussi à traduire
88
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les informations qu’elle transmet en actions). Le passage de l’intention à l’action, c’est-à-dire l’adoption
89
effective de la technologie dépend ensuite notamment des incitations renforçant les bénéfices économiques
90
perçus.
91
Ces trois déterminants d’intention et l’incitation pour transformer l’intention en adoption ont nourri nos quatre
92
hypothèses quant aux comportements des irrigants face aux compteurs communicants :
93
H1. Une attitude méfiante de tous les irrigants vis-à-vis de cette technologie, vue comme un mode de
94
surveillance permanent.
95
H2. Une pression sociale des pairs (agriculteurs, profession agricole) en défaveur de cette technologie, car
96
partageant la défiance (H1) envers un outil bousculant les modalités difficilement négociées d’un
97
autocontrôle des quotas alloués.
98
H3. Pas d’enjeu de non-maitrise de cette technologie. Les irrigants sont familiers du comptage de l’eau et
99
des outils de mesure de débit / pression sur leur propre équipement (pivots, enrouleurs) et utilisent internet.
100
H4. Un bénéfice économique à l’adoption incertain, dépendant du coût d’accès à cette technologie (achat,
101
fonctionnement, …), de coûts indirects supportés suite à la révélation de cette information et des incitations
102
économiques instaurées.
103
Les hypothèses H1 et H2 sont justifiées par le contexte particulier du partage de l’eau agricole. En effet, les
104
tensions en période de sécheresse ont débouché sur des règles de partage de l’eau variées, en débit,
105
volume saisonnier ou plages horaires d’irrigation, mais dont le contrôle passe toujours par le compteur
106
d’eau. Cet outil cristallise les angoisses, les croyances et les disputes. La mise en place des compteurs
107
conventionnels, obligatoire dès 1997 pour l’irrigation, a été fastidieuse et reste non aboutie dans certaines
108
régions françaises. Pendant longtemps, les Agences de l’Eau ont cherché à inciter les agriculteurs à les
109
installer, par la prise en charge d’une grande partie de leur coût (subvention à 80% pour Rhône
110
Méditerranée Corse AERMC, Adour Garonne AEAG et Loire Bretagne - AELB), voire parfois par
111
l’instauration de redevance de prélèvement inférieure lorsque des compteurs existaient (AERMC). Leur
112
diffusion a aussi été grandement facilitée par la confiance accordée aux agriculteurs qui auto-déclarent deux
113
relevés, en début et fin de campagne, parfois complétés par un relevé d’un agent externe, avec un faible
114
taux de contrôle par les services de l’Etat. Le compteur communicant n’a plus besoin de cette confiance
115
envers les agriculteurs et systématise un relevé quasi-permanent des consommations, d’où l’hypothèse
116
d’une défiance des irrigants (H1) et d’une opinion négative des leaders (H2) qui ont négocié ces modalités
117
de contrôle du respect des quotas d’eau.
118
Cette hypothèse de défiance des pairs pourrait cependant être renversée. Les autorisations de prélèvement
119
ont été négociées et contingentées il y a vingt ans pour permettre à ceux qui irriguaient déjà, mais à eux
120
seuls, d’avoir un accès à l’eau suffisant pour satisfaire leurs besoins. Vingt ans après, il n’y a plus
121
adéquation entre les demandes actuelles et ces autorisations historiques. Renégocier le partage de l’eau
122
entre irrigants en s’appuyant sur de nouvelles règles permises par ces relevés journaliers pourrait donc au
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contraire de l’H2 initiale (une pression sociale des pairs en défaveur de cette technologie), convaincre les
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leaders agricoles de soutenir cette technologie. Cette hypothèse « renversée H’2 » nous a conduit à une
125
démarche d’exploration en ateliers avec des agriculteurs de scénarios de réforme de gestion de l’eau
126
couplée à l’adoption de cette technologie.
127
3. Matériels et méthodes
128
3.1. Un contexte de gestion spécifique
129
Nous avons mené une recherche-action sur le cas concret du Louts, rivière réalimentée à partir du barrage
130
dHagetmau propriété de l’Institution Adour (IA) (2.3 millions de m3 de volume utile dont 80% est réservé à
131
l’irrigation) (Figure 3). Il dessert 59 abonnés (1200 hectares souscrits) dont trois sont des collectifs d’irrigants
132
(Associations Syndicales Autorisées -ASA). Le maïs domine (82% de la superficie agricole, 94% de la
133
superficie irriguée) chez des maïsiculteurséleveurs, très majoritaires, irrigant chacun de 10 à 50 ha, dont la
134
dépendance économique à cette production irriguée est moyenne à très forte (autoconsommation du maïs
135
par l’élevage de palmipèdes).
136
La CACG, Délégataire de service Public de l’Institution Adour, doit réguler le barrage pour satisfaire les
137
quotas de 1500 m3/hectare souscrit (eau prélevable pendant la période estivale à compter du 15 juin), à un
138
débit de 0,6 litre par seconde et par hectare. La tarification en vigueur comporte trois tranches :
139
Un forfait de 49 euros pour 1200 m3 par hectare souscrit.
140
Toute consommation entre 1200 et 1500 m3/hectare donne lieu au paiement de 0,0168 €/m3.
141
Au-delà du quota, le tarif passe à 0,123 €/m3, pour inciter à ne pas le dépasser.
142
Le contrôle du respect du contrat se fait par 2 auto-déclarations des index de compteurs en début-fin de
143
campagne et un relevé par la CACG en cours de saison (index et débit instantané).
144
3.2. Un travail réalisé à partir d’analyse de fichiers de facturation, d’enquêtes individuelles et de
145
groupes de discussion
146
La démarche a comporté quatre étapes :
147
Etude des fichiers de facturation sur trois années climatiques contrastées (2014 à 2016) afin de
148
catégoriser les 59 abonnés sur des critères de localisation géographique et de niveau de consommation
149
(moyennes et extrêmes). Il est apparu de fortes disparités de consommations entre l’amont et l’aval du
150
bassin, déterminantes pour la suite de l’étude.
151
24 enquêtes individuelles pour préciser cette catégorisation et l’enjeu du contingentement de l’eau pour
152
chacun, à partir du volume alloué et du degré de satisfaction des besoins. Les représentations des
153
compteurs (classiques ou communicants), leurs utilités et façons de les utiliser perçues ont été
154
qualifiées.
155
Estimations des rendements et des marges de la principale culture irriguée (le maïs), en fonction des
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conditions climatiques, de la nature du sol et de la dose d’irrigation apportée. Ces éléments permettent
157
d’évaluer l’intérêt économique de limiter lirrigation en cours de campagne pour sécuriser les apports
158
cruciaux en fin de campagne. Ceci a été effectué à partir de modèles agro-économiques et des données
159
suivantes : réserves utiles des sols collectées pendant les enquêtes et celles de la Base de Données
160
Géographiques des Sols de France ; climat de la Station météorologique de Mont-de-Marsan ; données
161
agronomiques de deux modèles biophysiques (AqYield, développé par l’INRA (Constantin et al., 2015) et
162
Optirrig développé par l’Irstea (Cheviron et al., 2016)
1
) ; et données économiques (coût de l’eau, de
163
l’électricité à partir des données CACG et charges fixes et prix du maïs à partir du Référentiel 2015 de
164
CERFRANCE Gascogne Adour).
165
Organisation de deux ateliers successifs pour discuter avec les parties prenantes de ces compteurs
2
. Le
166
premier informait les irrigants sur les potentialités de ces compteurs communicants et mettait en débat
167
leur utilité. Seuls des irrigants ou des collectifs d’irrigants étaient invités à y participer avec Irstea pour
168
que les participants s’expriment indépendamment des acteurs institutionnels locaux. Le deuxième
169
explorait avec les irrigants et des acteurs institutionnels locaux les conditions d’un recours possible à
170
cette technologie, couplée à des scénarios de réforme et cherchait à faire expliciter les facteurs sociaux
171
justifiant leurs réticences et les conditions de leur levée. La CACG était partie prenante, Irstea animait.
172
4. Résultats et discussion
173
4.1. Une hostilité des agriculteurs aux compteurs communicants
174
Les agriculteurs ont été d’abord invités à dévoiler individuellement leurs représentations sociales de
175
différents concepts liés à l’eau en écrivant et classant 3 expressions leur venant à l’esprit à l’énoncé des
176
mots eau, irrigation, compteur, puis télérelève (Figure 4)
3
. L’eau est principalement associée à « la vie », les
177
agriculteurs ne se distinguant pas du reste de la population (Montginoul et Vestier, 2016) ; l’irrigation à
178
« assurance » ; le compteur à « contrôle » et « gérer » ; le mot « télérelève » renvoie aux notions de contrôle
179
renforcé (26% des agriculteurs la cite et principalement en premier) connoté négativement
4
et de coût (cité
180
par 13% en moyenne en deuxième position). Le compteur d’eau, si controver à la fin des années 90
181
apparaît bien intégré dans les pratiques des agriculteurs et totalement approprié (maîtrise et ajustements
182
techniques, mise en adéquation avec les normes professionnelles et les valeurs). Mais, confirmant la
183
première hypothèse, ils sont très hostiles à sa version communicante, peu convaincus par son utilité pour
184
eux et du fait de critères psychosociaux (surveillance permanente signant la suspicion sur la probité de leur
185
profession, déshumanisation des derniers rapports irrigants-gestionnaire de l'eau passant par le relevé du
186
compteur en cours de campagne, perte de maîtrise de l’information, etc.). Cela ressort notamment des
187
1
Nous avons utilisé deux modèles pour vérifier que leurs conclusions convergent sur les estimations de rendements
selon les apports en eau et le climat.
2
Ils ont été conduits respectivement en mars et mai 2017. Le premier a dissocié les irrigants collectifs (5 participants)
des individuels (5), contrairement au second où les parties prenantes ont été associées simultanément (14 agriculteurs +
3 acteurs institutionnels). Un troisième atelier (mai 2018) pour discuter en détail les modalités de gestion proposées,
n’est pas repris dans cette analyse.
3
Nous avons suivi pour cela la méthode proposée par Abric (1976). Pour plus de détails sur la méthodologie suivie, se
référer à l’article de Montginoul et Vestier (2016) qui suit exactement le même protocole.
4
On retrouve derrière cette notion les expressions de flicage, contrôle permanent, surveillance. Un seul agriculteur
connote le mot « surveillance » positivement.
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connotations souvent négatives des mots associés à la télérelève, contrairement à celles des mots évoqués
188
pour l’eau, l’irrigation ou le compteur.
189
En repositionnant ces mots dans la grille d’analyse de Boyle et al. (2013) (Tableau 2), on constate qu’aucune
190
réticence n’a trait au transfert, cette technologie n’induisant pas de craintes à ce niveau. Ce sont les
191
mesures et les analyses qui en découlent qui suscitent le plus de réactions. Les agriculteurs, à l’exception
192
d’un, passent par contre quasiment sous silence l’étape de retour à l’usager, perçue comme sans intérêt
193
potentiel.
194
Ces observations sont confirmées par les propos tenus lors du premier atelier. La transmission journalière
195
des données de consommation et du débit au gestionnaire est considérée comme un risque. Les
196
agriculteurs craignent un contrôle et des sanctions renforcées sur les dépassements de quota, mais aussi de
197
débit journalier, très peu suivi jusqu’à présent : « actuellement on peut dépasser sans problème, après on
198
paye le dépassement. Si on passe à la télérelève dès qu’on dépasse on sera alerté, sanctionné
199
systématiquement … on n’est plus tranquille ».
200
Le deuxième risque est l’augmentation de la facture d’eau liée à la précision du compteur. Les agriculteurs
201
se basent sur leur expérience des compteurs électriques communicants, qui auraient, selon eux, conduit à
202
l’augmentation des factures, pour deux raisons : le coût du nouveau compteur et sa précision. « Les
203
compteurs électriques avant, on ne payait pas de dépassement parce que ce n’était pas précis, depuis qu’ils
204
ont mis les compteurs à télérelève, dès qu’il y a un dépassement on paye cher ».
205
4.2. Une satisfaction de la gestion actuelle
206
Les irrigants expriment une satisfaction par rapport au système de comptage actuel : la plupart des
207
agriculteurs individuels (71%) relèvent leur compteur après chaque irrigation (appelé par la suite « tour
208
d’eau ») et estiment que cette méthode est suffisante pour piloter leur irrigation et détecter les fuites. « On
209
arrive à les détecter facilement, on n’a pas besoin de télérelève pour ça ».
210
Les ASA ne souhaitent pas de compteur communicant pour leur gestion interne. Si plusieurs irrigants
211
partagent un même compteur, chacun note sa consommation sur un carnet qui reste à la borne. A la fin de la
212
compagne d’irrigation, le récapitulatif de chacun est envoyé au Président pour facturation. Pour éviter que
213
l’ASA ne dépasse son quota collectif, soit les irrigants s’auto-surveillent (ASA aval), soit aucun contrôle n’est
214
effectué pendant la saison mais une majoration de 0.18 €/m3 est appliquée à ceux qui consomment plus que
215
leur quota individuel (ASA amont). Notons que ces ASA sont composées de 8 à 9 d’adhérents, ce qui facilite
216
cette gestion collective.
217
Agriculteur-ASA-AVAL : « Quand on arrive à la fin de la saison, ceux qui sont plus gourmands on leur dit de
218
freiner un peu »
219
Agriculteur-ASA-AMONT : « Franchement nous on travaille sur la confiance et on dépasse rarement, on n’a
220
pas besoin de faire la police. Pour eux (ASA de l’aval), ils s’auto-surveillent parce qu’ils ont tendance à
221
dépasser beaucoup plus que nous. Nous, 1500 m3 nous convient et en plus on a mis une règle dans l’ASA si
222
un agriculteur dépasse il paye une majoration de 0.18 € même si l’ASA ne dépasse pas ».
223
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Ces éléments confirment l’intégration réussie du compteur dans le quotidien de l’irrigation, alors que son
224
imposition par la loi de 1992, réaffirmée par les décrets de 1997 s’est opérée dans la difficulté, aux motifs
225
qu’ils étaient perçus à l’époque comme des moyens de surveillance et de taxation par l’Agence, avec la
226
même défiance que celle qu’on retrouve sur la télérelève aujourd’hui. Les agriculte urs ont appris les
227
avantages du compteur (transparence entre préleveurs, suivi et pilotage de consommation, conformité de la
228
facturation à la consommation…) et ont su composer avec ses inconvénients (coût du compteur et de l’eau
229
pour les « grands consommateurs », dévoilement de la réalité des consommations annuelles…).
230
Les agriculteurs ont aussi exprimé un satisfécit général sur le système de gestion de l’étiage et du barrage.
231
Mais ils contestent que le décompte du quota d’eau commence à une date fixe, alors que le premier lâcher
232
du barrage n’a pas nécessairement eu lieu : « le comptage démarre avant les lâchers, donc (en 2016) on a
233
payé pendant trois semaines de l’eau qui n’appartient pas à la réserve… Ça ne se fait pas - la date doit être
234
après le lâcher du barrage ». Un décompte à partir du 1er lâcher, s’il est tardif, peut permettre un dernier tour
235
d’eau en fin de saison, très rémunérateur.
236
Cette injustice perçue est justifiée par la CACG par ses contraintes de gestion. Sans télérelève, il est
237
nécessaire de planifier un relevé initial à une date fixe ; avec un relevé automatisé et télétransmis, cette
238
contrainte peut disparaitre.
239
Les agriculteurs contestent aussi la tarification de l’eau, le forfait qu’ils payent qu’ils consomment ou non leur
240
quota et la pénalité élevée au-delà du quota : « on paye même si on n’a pas consommé de l’eau et si on
241
dépasse on paye encore plus, ils sont toujours gagnants » ; « par contre si on ne dépasse pas le quota
242
personne ne nous rembourse »
243
4.3. Une défiance vis-à-vis du gestionnaire de la ressource et de sa réelle motivation à la mise en
244
place de compteurs communicants
245
Durant les deux ateliers, les agriculteurs ont exprimé un manque de confiance vis-à-vis du gestionnaire : « il
246
n’y a pas de confiance avec eux » ; « ce qu’il faudrait, c’est avoir une transparence des comptes de la
247
CACG, mais qu’est-ce qu’on fait de l’argent qu’on ramasse ? ». Une des raisons tient au déficit de
248
communication avec le gestionnaire : « depuis que la CACG a repris le Louts, il y a plus de réunions ». Les
249
agriculteurs protestent de ne pas avoir été impliqués dès la conception du compteur communicant :
250
« pourquoi développer un compteur comme cela avant de faire la proposition .
251
Pourtant des commissions de gestion du Louts sont organisées chaque année, avant le début et au cours de
252
campagne d’irrigation, par le gestionnaire, avec des représentants des agriculteurs. Mais le gestionnaire
253
note labsence systématique des irrigants, imputable, d’après les agriculteurs à un mauvais ciblage des
254
invitations, le choix des représentants des irrigants dans les commissions de gestion étant délégué à la
255
chambre d’agriculture.
256
Cette méfiance conduit les agriculteurs à contester l’intérêt de tels compteurs pour le gestionnaire : « après
257
pour eux je ne vois pas qui ce que ça va apporter de plus, parce que affiner tous les jours ça va leur faire
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rien du tout, parce qu’ils ont des seuils avec les niveaux d’eau à l’amont et à l’aval et au centre, ils savent le
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débit du Louts à la minute s’ils veulent ».
260
4.4. Des compteurs communicants à l’intérêt économique incertain
261
Une surveillance fine des irrigations semble pourtant a priori intéressante pour les agriculteurs situés en aval
262
contraints en eau en année sèche. Ils irriguent davantage le maïs que ceux de l’amont, surtout du fait de la
263
nature de leurs sols superficiels à faible réserve utile. Ainsi, en 2016, seule 41% de la superficie est irriguée
264
en amont contre 70% en aval, avec un nombre de tours d’eau inférieur (Tableau 3).
265
Si l’irrigation permet de sécuriser les rendements obtenus, des différentiels de marge significatifs persistent
266
(Tableau 3), notamment du fait d’un coût élevé de dépassements du quota, agronomiquement justifiés en
267
année sèche, sur sols superficiels à l’aval. Une différenciation des quotas et des réallocations en fin de
268
campagne, permises par les compteurs communicants, pourrait ainsi atténuer ces inégalités naturelles entre
269
irrigants.
270
4.3. Des intérêts économiques à renforcer
271
A partir des contraintes de gestion relevées par les agriculteurs, différents scénarios d’évolution du système
272
de gestion de l’eau (Figure 5) ont été imaginés puis débattus avec eux, afin d’identifier une réforme du
273
système de comptage gagnant-gagnant pour le gestionnaire et les agriculteurs : pour la CACG, des
274
compteurs communicants pour optimiser la gestion des volumes stockés. Pour les agriculteurs, une
275
opportunité pour réformer un système d’allocation de l’eau vieux de 20 ans, injuste et obsolète. Ainsi deux
276
propositions sont inféodées à ce comptage journalier et précis (modification du décompte du quota, création
277
d’une organisation permettant l’échange des volumes « dormants ») mais deux autres non (tarification et
278
quota selon le type de sol, souscription par exploitation et non par hectare).
279
Comptabiliser l’eau à partir du premier lâcher du barrage intéresse tous les agriculteurs. Les résultats sont
280
plus mitigés pour les autres propositions. Les agriculteurs situés en aval, actuellement pénalisés, sont plus
281
favorables que ceux de l’amont pour la prise en compte du sol et de l’actualisation des besoins par
282
exploitation. C’est l’inverse pour la bourse d’échanges, permettant de valoriser les volumes dormants de
283
l’amont, mais inquiétant l’aval sur le prix de l’eau.
284
5. Conclusion
285
Si les enjeux de fiabilité / robustesse / durée d’utilisation ainsi que les critères économiques (coût de mise en
286
place, de fonctionnement et de maintenance) ont été bien anticipés, les concepteurs du compteur
287
communiquant ont surestimé les améliorations que les usagers pourraient en tirer pour la gestion au sein de
288
leur exploitation (pilotage de l’irrigation, suivi de la consommation du quota, repérage des
289
surconsommations…). Seuls les bénéfices indirects, portés par une réforme de la gestion de l’eau sur le
290
territoire, pourraient justifier l’utilité sociale de cette innovation.
291
L’étude a aussi mis en exergue les vives réticences ancrées dans l’histoire mouvementée du comptage et
292
nourries d’une altération de la confiance vis-à-vis du gestionnaire de l’eau, promoteur de cette technologie.
293
Les irrigants participants aux ateliers ont marqué une défiance quasi unanime vis-à-vis d’un système de
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mesures / transmissions quotidiennes de leur consommation. Cette attitude renvoie aussi à l’altération de
295
l’image de l’irrigant (gaspilleur d’eau), à la mise en doute de la sincérité des déclarations de prélèvements
296
des agriculteurs) et à l’altération de la confiance entre agriculteurs, fondement de l’action collective dans les
297
associations d’irrigants.
298
Les hypothèses de prégnance de l’opposition des pairs (norme sociale), de l’absence d’avantages perçus et
299
de la défiance envers le porteur de l’innovation sur l’attitude négative des agriculteurs vis-à-vis de cette
300
technologie ont été vérifiées sur ce cas d’étude. Cette opposition initiale semble cependant pouvoir être
301
dépassée, par la co-construction avec les agriculteurs d’une réforme globale de la gestion de l’eau qui
302
intègre cette technologie. Il s’agit de changer l’avis des pairs (un système plus équitable), de rétablir la
303
confiance avec le porteur (un décompte plus juste des consommations) et définir les paramètres technico-
304
économiques adéquats pour les agriculteurs y trouvent un intérêt économique (coût de l’eau, opportunité
305
d’ajuster leurs consommations etc.). Ces paramètres restent à peaufiner en recherchant des compromis
306
entre les contraintes du gestionnaire et la rentabilité de l’agriculture irriguée, sans oublier qu’une réforme des
307
quotas affecte la valeur vénale des terres irriguées, à laquelle les agriculteurs sont très sensibles.
308
Remerciements
309
Ce travail est issu du projet de recherche « Quelles potentialités des systèmes de télé-relève pour
310
l’amélioration de la gestion de l’eau ? » soutenu par l’AFB (ex-ONEMA), faisant l’objet d’une convention de
311
partenariat entre la CACG et l’Irstea. Nous remercions vivement l’ensemble des agriculteurs et des
312
institutionnels qui ont participé à cette étude. Nos remerciements vont aussi à Bruno Cheviron pour son aide
313
dans l’estimation des besoins en eau des cultures, avec le modèle Optirrig.
314
Bibliographie
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331
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Compteur conventionnel
Compteur communicant
Modalités
Visuelle (sur place)
Automatique (sur place)
Fréquence
3 fois par an
Infra-journalière
Précision
Dépend du compteur (5-10%)
2%
Erreurs
Lecture ou panne mécanique
Panne mécanique ou informatique
Modalités
SMS de l’agriculteur ou des agents de
l’organisme de gestion ou envoi
courrier
Réseau de télécommunication Sigfox
Fréquence
3 fois par an
Journalière
Erreurs
Transcription
Panne mécanique ou informatique
Modalités
Logiciel du gestionnaire
Logiciel du gestionnaire
Fréquence
2 fois par an
Journalière
Précision
m3 consommé entre deux relevés
Débit instantané (m3/s) en un point et
sur tout le linéaire
Consommations moyennes et cumulées
(m3) sur différents pas de temps (de 1
jour à la saison) et échelles spatiales
Erreurs
Informatique
Informatique
Modalités
SMS et factures d’eau
Courriel et/ou SMS
Plateforme internet
Fréquence
2 fois par an
Journalière
Précision
Consommation de milieu et de fin de
campagne (m3) facture d’eau (m3/an)
Par agriculteur à (J+1) : consommation
journalière, cumulée, moyenne, reste à
consommer, alerte dépassement.
Estimation du coût de l’eau dès la fin de
la campagne.
Erreurs
Informatique
Informatique
Tableau 1. Spécificités des deux modes de comptages conventionnel et communicant
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Compteur conventionnel
Compteur communicant
(-) Contraignant, investissement
(-) Qui paye ?, perte d’emploi
(neutre) Précision, confiance
(+) Réalité, réactivité, précision
(+) Sécurité, gagne du temps, liberté
-
-
(-) Contrôle, répression, quota
(-) Flicage, contrôle permanent, contrôle
renforcé, surveillance, contraignant
(+/- neutre) Dépassement / pénalité,
réglementation, facture
(+) Gérer, économie, organisation, respect,
mesure, regard, suivi, réalité, volume
(+) Outil de gestion, mais « reste à prouver »
(-) Inutile, interrogation
(+) Economie d’eau
(neutre) Impeccable, outil
(+) Sécurité, accord, débit, performance,
consommation
(-) Coût, Linky, méfiance, efficacité
(neutre) Ordinateur
(+) Amélioration
Tableau 2. Mots associés aux compteurs selon leur nature et les étapes de la relation
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gestionnaire/client
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Année
2014 (humide)
2015 (moyenne)
2016 (sèche)
Zone
Amont
Aval
Amont
Aval
Amont
Aval
Nombre de tours d’eau
1
5
3
5
4
7
Irrigation (m3/ha)
102
1 313
793
1 313
1 160
1 838
Rendement (quintaux / ha)
Maïs irrigué
Maïs sec
121
107
119
83
114
88
120
80
112
70
111
59
Marge (€/ha)
Maïs irrigué
Maïs sec
694
828
623
515
570
570
633
471
534
338
449
196
Tableau 3. Irrigation réalisée, rendement et marge du maïs selon les secteurs et l’année
340
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Figure 1. Schéma des parties prenantes du comptage de l’eau et des décisions associées dans le cas
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du bassin du Louts
344
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Figure 2. Photographies de compteurs conventionnel et communiquant en fonctionnement
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Figure 3. Localisation géographique du Louts et indication des points de prélèvement
349
350
Figure 4. Mots évoqués par les 24 agriculteurs interrogés sur 4 notions, et connotations associées
351
(sur une échelle de -3 à +3) (figure réalisée à l’aide de https://wordart.com/create)
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Figure 5. Perception des agriculteurs sur les différents scénarios explorés lors de l’atelier 2
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... Another possible way to foster voluntary adoption of smart water meters by farmers is to introduce them to new services made possible by smart water 2 There is some empirical evidence of the positive impact of using smart meters for water management in the urban sector. Davies et al. (2014) report, for instance, that in Australia, households equipped with a smart water meter have reduced their water consumption by 6.8% compared to those who were not. 3 Anecdotal evidence suggests that French farmers see smart water meters as new intrusive mechanisms to limit their access to water resources and irrigation (Montginoul et al., 2019). ...
Article
We use a discrete choice experiment with treatments to test if voluntary adoption of smart water meters by French farmers can be fostered by (i) a collective conditional subsidy offered to farmers who adopt a smart meter only if the rate of adoption in their geographic area is sufficiently high and (ii) informational nudges. Using a sample of 1,272 farmers, we find contrasted results regarding our nudges, but we show that a conditional subsidy is an effective tool to foster adoption of smart meters. Interestingly, the willingness to pay for the conditional subsidy is equal to the subsidy amount and independent of the collective adoption threshold.
... An analysis of various scientific documents [24] has allowed us to identified thirty-five arguments (14 (40%) against and 21 (60%) in favor) distributed according to five criteria: trust (in the institution), ecology, social, productivity, financial. ...
... Lors du dernier atelier, les scénarios ont été affinés (coûts et tarifs), puis présentés aux participants afin de poursuivre les discussions. À partir d'une démarche d'observation participante, ce dispositif de recherche-action (construction/animation) a été analysé afin d'étudier ce que les mises en scène du compteur traduisent du rapport à l'eau en train de se faire (Montginoul et al., 2019). La suite du texte présente les enseignements tirés de la mise en dialogue de ces deux cas d'étude, où le rôle envisagé et l'usage fait du compteur sont complètement différents. ...
Article
Full-text available
En 2013, la Compagnie des coteaux de Gascogne, en charge de la gestion de l’eau dans le sud-ouest de la France, conçoit un nouveau compteur des prélèvements agricoles. À la différence des compteurs classiques relevés manuellement deux à trois fois par an, celui-ci transmet automatiquement au gestionnaire la consommation du jour précédent et son débit moyen. Mais au-delà de cette logique hydraulicienne, en quoi cet « acte de mesurer », de produire une nouvelle connaissance sur l’eau reconfigure-t-il les rapports entre eau et société ? À partir d’une démarche qualitative, cet article a pour objectif de comprendre les applications envisagées de cet objet dit « intelligent » par les ingénieurs de l’eau et ses implications sur les rapports sociaux autour de l’eau. Du souci d’objectivation de la ressource en eau à la volonté de peser dans les arènes de décision, le compteur devient tour à tour vecteur de connaissances, objet de promesse et de contrôle, et support de négociation. In 2013, the Compagnie des Coteaux de Gascogne, water manager in the South West of France, designed a new meter for agricultural withdrawals. Unlike conventional manual meters read two to three times a year, it automatically transmits the previous day’s consumption and average flow rate to the manager. However, beyond a hydraulic logic, how does this “act of measuring”, the production of this new knowledge about water reconfigure the relationship to water of those who use it? Based on an empirical study, the aim of this article is to understand the implications related to this so-called “intelligent” object by the water engineers and the applications on social relations relating to water. From precision concerns to water sharing concerns, the meter becomes in turn an object of knowledge, a means of control and monitoring, and a support for negotiation.
Article
Full-text available
Research dealing with various aspects of* the theory of planned behavior (Ajzen, 1985, 1987) is reviewed, and some unresolved issues are discussed. In broad terms, the theory is found to be well supported by empirical evidence. Intentions to perform behaviors of different kinds can be predicted with high accuracy from attitudes toward the behavior, subjective norms, and perceived behavioral control; and these intentions, together with perceptions of behavioral control, account for considerable variance in actual behavior. Attitudes, subjective norms, and perceived behavioral control are shown to be related to appropriate sets of salient behavioral, normative, and control beliefs about the behavior, but the exact nature of these relations is still uncertain. Expectancy— value formulations are found to be only partly successful in dealing with these relations. Optimal rescaling of expectancy and value measures is offered as a means of dealing with measurement limitations. Finally, inclusion of past behavior in the prediction equation is shown to provide a means of testing the theory*s sufficiency, another issue that remains unresolved. The limited available evidence concerning this question shows that the theory is predicting behavior quite well in comparison to the ceiling imposed by behavioral reliability.
Article
Full-text available
This paper reviews the drivers, development and global deployment of intelligent water metering in the urban context. Recognising that intelligent metering (or smart metering) has the potential to revolutionise customer engagement and management of urban water by utilities, this paper provides a summary of the knowledge-base for researchers and industry practitioners to ensure that the technology fosters sustainable urban water management. To date, roll-outs of intelligent metering have been driven by the desire for increased data regarding time of use and end-use (such as use by shower, toilet, garden, etc.) as well as by the ability of the technology to reduce labour costs for meter reading. Technology development in the water sector generally lags that seen in the electricity sector. In the coming decade, the deployment of intelligent water metering will transition from being predominantly "pilot or demonstration scale" with the occasional city-wide roll-out, to broader mainstream implementation. This means that issues which have hitherto received little focus must now be addressed, namely: the role of real-time data in customer engagement and demand management; data ownership, sharing and privacy; technical data management and infrastructure security, utility workforce skills; and costs and benefits of implementation.
Article
Pour faire face à la pénurie croissante en eau, la législation française incite les gestionnaires d’eau à améliorer la performance de leurs réseaux d’eau en réduisant les fuites et en incitant les usagers à économiser l’eau. C’est en particulier le cas des réseaux d’eau urbaine. Les compteurs communicants semblent une solution intéressante pour atteindre de tels objectifs, informant les gestionnaires et les usagers de leur consommation en temps réel et permettant de paramétrer des alertes. Ce taux d’adoption reste cependant en France très faible. Cet article cherche à en explorer les raisons : est-ce du fait d’un manque d’information ou d’une méfiance par rapport à cette nouvelle technologie ? Pour cela, il présente le résultat d’une expérimentation réalisée dans un quartier résidentiel de Montpellier Méditerranée Métropole. 261 ménages ont été équipés et informés personnellement de la mise à disposition d’un service de télé-relève ; 77 d’entre eux ont été ensuite interrogés sur leur perception de ce service. Le taux d’activation reste très faible, ce qui ne semble ni dû à un problème d’information, de manque de maîtrise de cette technologie ou d’attitude négative vis-à-vis d’elle. Des recherches doivent donc être poursuivies pour voir si ce n’est pas dans la dernière étape que l’explication peut se trouver : le passage de l’intention à l’action.
Article
This paper discusses an innovative framework to use crop models which combines sensitivity analysis, uncertainty analysis and constrained optimisation runs for irrigation optimisation purposes, facing competing constraints on several agricultural variables (e.g. crop yield, total irrigation amount, financial expectations). For simplicity, this ex-post optimisation relies on direct calculations only, exploiting the dispersions on the target variables. The screening of the parameter space for sensitivity analysis yields a reference dispersion which is expectedly reduced by reducing the uncertainties in the sensitive parameters and/or climatic forcings. Additional dispersions are calculated to evaluate if the management controls on irrigation strategies (amounts, triggers, periods) are more influential on model predictions than the remaining uncertainties on the soil, plant, irrigation and climatic inputs, eventually allowing optimisation. As a case study, the Optirrig model is used. A discussion proposes future ways to convert diagnostics into real-time near-optimal decision rules, for example through learning algorithms.
Article
Climate-change scenarios predict increased scarcity of water available for agriculture in irrigated regions. To design and assess cropping system adaptations to more frequent droughts, soil-crop models are useful and efficient. The variety of models available makes it difficult to select one that is robust under a wide range of agro-pedoclimatic contexts and effective with limited input data and standard values. Here, we compared performances of two soil-crop models of contrasting complexity: STICS, a mechanistic model, and AqYield, which is much simpler and more empirical. For this purpose, predicted soil water contents and yields were compared to independent data acquired for three spring crops (maize, sunflower, and sorghum) at four sites in a summer-water-deficient region in southwestern France. Crops were grown under several irrigation strategies, from rainfed to full irrigation conditions. Both models tended to predict yields satisfactorily, but more accurately for maize, intermediate for sorghum and less accurately for sunflower. They accurately ranked situations according to crop, soil and irrigation strategy, but failed to rank inter-annual variability. Both AqYield and STICS predicted much of the variability observed in soil available water content (AWC) under maize and sorghum. Predictions were less accurate, although satisfactory, for sunflower. STICS underpredicted AWC under sorghum, but was generally more accurate than AqYield in situations with low water stress. AqYield was more accurate for high levels of water stress, but tended to overpredict AWC. Yearly dynamics of AWC were evaluated with a novel expert method. Both models accurately represented these dynamics in more than 60% of cases. Overall, we demonstrated that both models sufficiently predicted yield and water balance; however, STICS is more appropriate when other limiting processes need to be simulated.