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Les particularités lexicales du français québécois

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Abstract

Le français québécois est une variété géographique par rapport au français de référence. Cette langue a beaucoup de traits différents par rapport au français standard (ou international) mais aussi des particularités communes avec le français populaire de la France d’aujourd’hui. Le québécois a des traits qui ne sont propres qu’ à cette variété lexicale. Malgré plusieurs disputes entre partisans de la norme linguistique de France et ceux qui réclament une certaine autonomie dans la définition des usages à privilégier, la norme linguistique du français québécois n’est pas encore déterminée. Le but de cet article est de présenter la situation du français au Québec et de définir ses particularités lexicales. Le travail est destiné à l’analyse du joual c’est-à-dire de la langue parlée des Québécois en se basant sur le roman de Gabrielle Roy «Bonheur d’occasion» et le roman de Michel Tremblay «Des nouvelles d’Édouard». On y analyse les archaïsmes, les impropriétés, les québécismes – mots et expressions propres au Québec. On attache beaucoup d’importance aux anglicismes qui deviennent de plus en plus fréquents en français québécois.
SPRENDIMAI 55
Monika Šeleg
Université de Vilnius
Chaire des Langues romanes
Institut des langues étrangères
Universiteto g. 5, LT-01513 Vilnius, Lietuva
Tel.: +370 5 268 72 75
E-mail: monikaseleg@gmail.com
In rêts de reche rche : le français québécois, le lexique, la phonétique
LES PARTICULARITÉS LEXICALES
DU FRANÇAIS QUÉBÉCOIS
Le français québécois est une variété géographique par rapport au français de référence. Cette langue
a beaucoup de traits diérents par rapport au français standard (ou international) mais aussi des
particularités communes avec le français populaire de la France d’aujourd’hui. Le québécois a des
traits qui ne sont propres qu’ à cette variété lexicale. Malgré plusieurs disputes entre partisans de la
norme linguistique de France et ceux qui réclament une certaine autonomie dans la dénition des
usages à privilégier, la norme linguistique du français québécois nest pas encore déterminée. Le but de
cet article est de présenter la situation du français au Québec et de dénir ses particularités lexicales.
Le travail est destiné à l’analyse du joual c’est-à-dire de la langue parlée des Québécois en se basant
sur le roman de Gabrielle Roy «Bonheur d’occasion» et le roman de Michel Tremblay «Des nouvelles
d’Édouard». On y analyse les archaïsmes, les impropriétés, les québécismes – mots et expressions pro-
pres au Québec. On attache beaucoup d’importance aux anglicismes qui deviennent de plus en plus
fréquents en français québécois.
MOTS CLÉS: le français québécois, le joual, les québécismes, les archaïsmes, les impropriétés, les angli-
cismes.
La langue parlée au Québec, «Langue de
France aux accents dAmérique», attire l’at-
tention de beaucoup de linguistes et elle a
bien souvent de quoi surprendre un étranger.
Nous n’ en constituons pas une exception. Le
français québécois qui présente une variété
de français nous attire par sa créativité et
son caractère spécique de parler.
Cet article présente une étude du fran-
çais québécois dont le but est d’analyser les
particularités lexicales de cette langue. Cette
étude de la langue québécoise était basée sur
des œuvres littéraires des auteurs québécois
tels que Michel Tremblay «Des nouvelles
d’Édouard », Gabrielle Roy «Bonheur doc-
casion» et Georges Dor «Ta mé tu là ?» (Ta
mère est-elle là ?). Ces écrivains favorisent
le langage populaire, le joual, et la critique
de la condition sociale. En se basant sur des
exemples tirés de romans québécois on suit
l’analyse des traits linguistiques de la langue
québécoise, en la comparant avec le français
standard on cherche des traits diérents
ainsi que communs.
56 I. KALBOTYRA
Le Lexique
Le lexique québécois comporte mille et un trait
spéciques, les uns plus évidents, les autres plus
subtiles, de sorte qu’il est pour ainsi dire, impossi-
ble d’en faire un relevé complet.
(POIRIER 1998, p. 15)
C’est à partir du début du XIXe siècle, dans le
contexte sociopolitique nouveau créé par la
conquête anglaise, que les Québécois com-
mencent à s’intéresser eux-mêmes à leur
vocabulaire. «A l’accent enjoué, parfois ad-
miratif, du voyageur en pays de découverte
succède le ton morose du puriste inquiet de
l’avenir de la langue française au Canada »
(Poirier 1998, p.3).
Quoi qu’il en soit, les diérences entre
faits linguistiques québécois et français
sautent «aux oreilles» de manière plus ou
moins nette suivant les cas. Le Français
ou n’importe quel francophone qui arrive
au Québec perçoit assez rapidement non
seulement la prononciation diérente, mais
aussi l’usage diérent des mots simples tels
que bonjour au lieu d’au revoir ou bienvenu
que vous adresse un Québécois en réponse
à vos remerciements ; ici il s’agit d’un calque
de l’anglais welcome, calque dont l’usage
est complètement inconnu en France,
l’on vous répond je vous en prie, à votre
service, ce n’est rien etc. Ou bien : l’emploie
diérents des mots breuvage pour boisson,
tabagie pour bureau de tabac qui n’a rien à
voir avec l’ambiance enfumée ou l’endroit
mal aéré où l’on a beaucoup fumé, auquel
renvoie ce terme en France. Initialement
tabagie (l’origine de ce mot est algonquine
= famille de langues indiennes d’Amérique
du Nord) désignait un f estin . Il existe encore
une tendance d’avaler les lettres dans les
mots ou même dans toutes les phrases. Par
exemple, peut-être est prononcé p’t-étre, de
l’autre est de l’autet bien est ben (Roy 1998,
p.107, 125), je suis devient chus et la voilà
devient la v’là. Les déviations de sens n’ont
pas suivi un parcours identique d’un part et
d’autre de l’Atlantique.
Bien qu’il y ait des Québécois qui ont la
conception négative de leur langue, la plu-
part deux, selon Claude Poirier, ne soupçon-
nent même pas à quel point leur langue est
originale dans son lexique. D’après certains
linguistes tels que Victor Barbeau, Claude
Poirier, Paul Laurendeau, Robert Choquette,
le problème qui se pose c’est le problème
de savoir la sauvegarder. Selon Alain Rey,
directeur littéraire des dictionnaires Ro-
bert, les Québécois sont plus exigeants et
pratiquent un français plus pur que les
Franco-Européens parce que se trouvant
dans une énorme marée d’anglophones, ils
sont obligés de se défendre plus fort contre
l’invasion d’anglicismes. Les études lexico-
graphiques ont fait apparaître beaucoup
de traits positifs (aussi bien que négatifs).
Selon V. Barbeau, «le premier palier de la
correction du langage est la propriété des
termes» (Barbeau 1970, p. 164).
Les archaïsmes et les impropriétés
Coupé de sa source, le français canadien et
québécois fait son propre chemin depuis
longtemps. En parlant du lexique du fran-
çais québécois il est nécessaire de souligner
certaines nuances grâce auxquelles cette
variante se distingue du français internatio-
nal et d’autres variantes du français. Il s’agit
d’archaïsmes, de dialectismes d’inuence
anglaise et de canadianismes. La source de
ces particularités se cache dans l’histoire.
SPRENDIMAI 57
M. Šeleg. LES PARTICULARITÉS LEXICALES DU FRANÇAIS QUÉBÉCOIS
Les impropriétés apparaissent quand un
mot est substitué à un autre, est confondu
avec un autre, par analogie ou par ignorance.
C’est une faute grave, un détournement de
sens. Selon V. Barbeau «les impropriétés ne
se limitent pas à une classe, à une catégorie
d’individus, mais s’étendent à toutes les
conditions sociales» (Barbeau 1997, p. 163).
À nos jours encore un linguiste, Georges
Dor, se plaint que «les enfants québécois ne
sont pas très instruits. Donc un tel exemple
implique entre autres une conclusion pos-
sible : ne trouvant pas de mot convenable
pour exprimer son idée une personne dit le
premier mot venu en tête lequel commence
à se répandre ensuite dans le langage des
Québécois, par ex. : C’est une vrai manie
(=chez) lui» (Dor 1999, p. 15) ou encore un
autre exemple : Tas de l’argent, sur toi ? ( Roy
1993, p. 64). Il est bien probable que cette
utilisation de la préposition avec et sur soit
venue de l’anglais, autrement dit, c’est un
calque anglais with him, with you. Pourtant,
en épurant la langue il ne faut pas proscrire
sans discernement les archaïsmes qui plutôt
embellissent l’usage, ces mots ne font que
rendre la langue plus originale, plus expres-
sive. : Si tu bavasses (=ennuyer, importuner),
toé (=toi), c’est pas ton portrait qui va être
plein d’épingles (Tremblay 1991, p. 30). Un
des linguistes québécois, Jules-Paul Tardivel,
encourage même les Québécois en disant :
«Surtout ne rougissons pas de ces archaïs-
mes (…)» (Tardivel, p. 2). Ils font partie du
patrimoine du français du Québec et créent
son originalité. Comme on peut voir dans
l’exemple …laver paroisse par paroisse avec
une débarbouillette (=débarbouilloir) (Trem-
blay 1991, p. 234) les québécois ajoutent à
la racine du mot français débarbouilloir un
autre suxe, c’est-à-dire –ette. Le roman
québécois donne un autre exemple quand
on emploi les mots français, en leur don-
nant une autre signication : pendant le
repas…je me suis un peu mélangé avec mes
ustensiles (Tremblay 1991, p. 68). Au lieu
de mots français outils de table on utilise
le québécisme ustensile, qui est employé en
France pour indiquer «objet ou accessoire
d’usage domestique, composé généralement
d’une seule pièce et dont l’utilisation n’exige
pas la mise en mouvement d’un mécanisme»
(Petit Robert 1992, p. 2054).
Les anglicismes
La question linguistique occupe toujours
une place de premier plan dans les débats
qui animent la société canadienne. Il est bien
connu, et l’histoire le prouve, que l’anglais a
joué, et joue encore, d’un énorme prestige.
Les anglicismes passent dans tous les domai-
nes de la langue. Le roman de M. Tremblay
fournit un assez grand vocabulaire des mots
anglais liés à la cuisine et à l’alimentation.
Ex. : …des vulgaires cream pus (=chou à la
crème), les drinks (=boissons), un coke king
size (=une grande bouteille de Coca-cola),
trois hot dogs steamés all dressed (=hot dog
à la vapeur), une sorte de bargain (=mar-
chandise). Les Québécois ne se content
même plus des mots purement français tels
que garçon ou promenade, en les rempla-
çant par waiter et walk. En ce qui concerne
loisirs et divertissements, les mots anglais
prennent aussi leur part. Par exemple, une
soirée c’est un party, un spectacle – un show
etc. Les mots signiant certains vêtement
ou meubles sont aussi souvent remplacés
par des anglicismes : J’ai mis mon plus beau
suit (=costume) (Tremblay 1991, p. 122);
58 I. KALBOTYRA
ridicules dans leurs outts (=équipement,
costume) (Tremblay 1991, p. 49,); Cuirette
ouvrit le hide a bed (=canapé-lit) (Tremblay
1991, p. 168). Parfois les Québécois dégui-991, p. 168). Parfois les Québécois dégui-
sent les anglicismes avec une telle habileté
qu’on pourrait les prendre plutôt pour les
québécismes. Par exemple, bécosse vient du
mot anglais back-hause et signie latrines :
c’était une bécosse de campagne (Tremblay
1991, p. 65). Il arrive assez souvent que les
expressions sont mixtes : on prend le verbe
français et on ajoute un anglicisme, et cette
locution en français a le sens d’un seul mot.
Au lieu de dire coqueter on emploi l’expres-
sion faire la cute : Au bar, Sandra faisait la
cute en brassant un quelconque cocktail, la
pauvre ; Je sentais que le capitaine mobservait
pendant que je mangeais, ça fait que je faisais
un peu la cute : je sipais (=to sip) mon thé
(Tremblay 1991, p. 23, 75) Ou bien ça fait
shiny (=ça brille), ça me met dawn (=ça me
déprime) (Ibid., p. 55, 35).
Les québécismes et les
canadianismes
Pareil à tous les peuples francophones,
celui du Canada et de Québec possède des
expressions, des tournures, des vocables
qui leur sont personnels et exclusifs. On les
appelle canadianismes (un fait de langue
propre au français parlé au Canada) et
québécismes (un fait de langue propre au
français de Québec). Les québécismes font la
majeure partie des canadianismes. Comme
dit V. Barbeau : « ils sont des produits crus
car ils sont nés de leur sol, de leur climat et,
et on pourrait ajouter, de leur isolement.
Comme la géographie, la faune, la flore
l’invitaient et le pressaient, le langage des
Québécois s’étendait, s’élargissait, s’impré-
gnait de couleur locale» (Barbeau 1997, p.
160). Les Québécois savent eux-mêmes que
leur français comporte des mots, des sens et
des expressions qui distinguent leur façon de
parler de celle des français, mais ils ne dis-
posent à ce sujet que de relevés incomplets.
La vie réelle montre que les québécismes se
rencontrent dans tous les types de discours,
même les plus savants.
Souvent aussi une locution québécoise
est une variante d’une locution voisine en
France, comme par exemple, avoir les deux
pieds dans la même bottine (en québécois)
qui correspond à avoir les deux pieds dans
le même sabot (en français) (Poirier 1998, p.
19). C’est bien évident que les québécismes
passent inaperçus dans les conversations
entre un Québécois et un Français. Peut-
être les autres francophones ne vont pas
être étonnés non plus après avoir entendu
utiliser les mots char et breuvage au lieu de
voiture et boisson. Un des personnages, sous
le pseudonyme de la duchesse, du roman
«Des nouvelles d’Édouard» (un peu ivre et
ne pensant donc pas à ce qu’elle dit) répond
à un homme :
T’es quand même pas te recycler dans le vol
de char (=voiture) (Tremblay 1991, p. 43) ;
Un énorme café à la marquise bien rouge
une foule paisible sirotait un breuvage
(=boisson) (Ibid., p. 175). Ce mot breuvage
provient d’un anglicisme beverage qui a le
sens d’une boisson non alcoolisée. Et en
France ce mot signie une boisson d’une
composition spéciale ou ayant une vertu
particulière (=XVIe siècle ; bovrage, XIIe
siècle ; bruvaige) (le Petit Robert 1992,
p. 216). Dans la plupart des cas les qué-
bécismes se font comprendre facilement
d’après le contexte et les interlocuteurs ne
s’interrompent pas à tout moment pour
SPRENDIMAI 59
M. Šeleg. LES PARTICULARITÉS LEXICALES DU FRANÇAIS QUÉBÉCOIS
souligner les traits caractéristiques de leur
discours : Excusez-moi…j’vas aller respirer la
bonne vieille boucane (=fumée) de cigarette
ordinaire (Tremblay 1991) ; Emmanuel sur-
git à son esprit dans l’uniforme kaki un peu
froissé et les grossières bottines (=botte) (Roy
1993, p. 402) ; Tiens, c’est elle qui ma acheté
ce chapeau-là. Pis les souyés…(=puis les
souliers) (Ibid., p. 322) ; -A va t’y être betôt
(=bientôt) prête, not’lle (= notre lle) ?
(Ibid., p. 364) ; Tu vas déchirer ta sacoche
(=sac)? (Ibid., p. 350).
Il y a des cas où les québécismes sont
un vrai calque d’anglais, mais cela nem-
pêche pas la compréhension de la phrase,
au contraire : les mots obtiennent un joli
sens. Voici les exemples qui prouvent cette
constatation :….je voulais être ton amie de
fille (=bonne amie, girl friend) (Ibid.,
p. 351); …il veut être mon ami de garçon
(=bon ami, boy friend) (Ibid, p. 85).
C’est surtout au niveau familier, po-
pulaire, voire vulgaire que la langue des
Québécois moins compréhensible, et
les québécismes sont plus fréquents : C ’t’un
monstre! En bas, c’t’un p’tit gars pis en haut
c’t’une guidoune (=putain)! (Tremblay 1991,
p. 27) ; Rien que des gros épais qui vont
probablement passer la semaine à parler
de baseball pis de belles pitounes (=grosse
femme)! (Ibid., p. 66).
Dans les œuvres de G.Roy et M.Tremblay
on trouve des verbes qui traduisent l’origi-
nalité du français du Québec : T’avais qu’à
me pogner (=saisir) sur le côté… (Roy 1993,
p. 312) ; Le trac ma pogné (=saisir) comme
si j’me préparais à entrer sur une scène!
(Tremblay 1991, p. 65). Le verbe pogner
qui prend en français québécois quelques
signications est fait du substantif poigneé.
Pendant son évolution il a perdu le i et -
nalement après avoir ajouté la terminaison
verbale –er on a reçu le verbe pogner. Sa
signication est très variée : attraper, pren-
dre, saisir. Un autre verbe trouvé chez les
auteurs québécois c’est sacrer. En français
québécois ce verbe prend une signication
de jeter tandis quen France il est utilisé aussi
dans le sens de blasphémer, dire des jurons :
Ça y est, y nous ont pognés, Samarcette pis
moi, pis y nous ont sacrés en prison parce qu’y
nous prennent pour des criminels! (Tremblay
1991, p. 69). Parfois, le québécisme dière
peu de mot français, seulement par une
consonne ou une voyelle changée : C’e s t
ça pitié…ça nit toujours par vous retontir
(=retenir) dans ‘face ! (Ibid., p. 37). Dans la
bouche des québécois le verbe retenir de-
vient alors retontir. On observe aussi qu’on
avale les consonnes et les voyelles : …j’s’rais
(=je serais) tellement ère de la carrière de
ma tite-lle (=petite-lle) (Tremblay 1991,
p. 36) ; Si tu m’attendais pour me passer la
yeule (=gueule), vas-y donc franchement!
(Ibid., p. 45) ; M’as-tu appoté (=apporté) un
présent, Zène ? (Roy 1993, p. 247) ; Passe-moi
que’ques (=quelques) cigarettes, si t’en as en
masse. (Ibid., p. 247) ; Garde-moi, garde-moi
(=regarde) ! (Ibid., p. 276).
En général, l’évolution des québécismes
est très liée à l’histoire du développement
de la conscience linguistique au Québec. Et
cette histoire est caractérisée par l’aronte-
ment de deux camps : d’un côté les partisans
de la norme de France, de l’autre ceux qui
réclament une certaine autonomie dans la
dénition des usages à privilégier.
Conclusion
Le français du Canada est un phénomène
vraiment unique, particulier et occupe la
60 I. KALBOTYRA
place importante au sein de la francopho-
nie, c’est donc un bon exemple comment il
faut respecter la langue. Apporté au XVIe
siècle sur le continent d’Amérique du Nord
le français y a pris ses racines qui se sont
maintenues jusqu’aujourdhui. Les Français
du Canada se distinguent par leur caractère
conservateur grâce auquel ils ont sauvegardé
la langue des aïeux. En plus le Canada est
resté isolé pendant les siècles. Donc la pro-
nonciation, le lexique ainsi que la syntaxe
représentent la langue française d’autrefois,
des XVI–XVIIe siècles.
L’analyse des œuvres littéraires qué-
bécoises a permis de découvrir plusieurs
traits morphosyntaxiques et lexicaux. Les
exemples cités dans cet article présentent les
diérents usages des mots français à la ma-
nière québécoise comme tabagie, breuvage
ou bonjour au lieu d’au revoir. Non seule-
ment les Québécois déforment les mots,
ils les avalent en moitié. C’est pourquoi la
phrase française Regarde! Regarde là! Tiens
la voilà! se dit en québécois Gad! Gad là!
Tiens la vlà!
Évidemment avec l’évolution de la langue
française au Québec, beaucoup de traits
linguistiques ont pris des directions s-
ciques. Les Québécois peuvent se réjouir
après avoir légitimé le français comme la
seule langue ocielle dans leur province.
Mais d’autre part ils doivent plus que jamais
«veiller» sur elle. Entourés de toutes parts
par les Anglais et les Américains, les Qué-
bécois doivent lutter contre leur inuence.
Des nombreux travaux sont eectués pour
épurer la langue française, surtout en parlant
des anglicismes qui la polluent.
Donc, les Québécois doivent être ers,
et ils le sont, pouvant parler cette variante
de français ; par conséquent, ils doivent
continuer le travail dans la terminologie
pour chasser les anglicismes ; ainsi on peut
perfectionner la langue à l’aide des médias
comme la radio, la télévision qui jouissent
d’une énorme inuence sur les gens.
À part ce chemin qui reste à parcourir,
on pourrait être optimistes de l’avenir du
français au Québec.
Bibliographie
BARBEAU, V., 1970. Le français du Canada.
Québec : Garneau histoire.
DAGENAIS, G., 1984. Dictionnaire des di-
cultés de la langue française au Canada. Deuxième
édition. Québec : Les Éditions françaises.
DOR, G., 1997. Ta mé tu là? (Ta mère est-elle
là?) : un autre essai sur le langage parlé des Qué-
bécois. Montréal : Lanctôt.
DULONG, G., 1989. Dictionnaire des cana-
dianismes. Montréal: Larousse Canada.
DULONG, G., 1968. Dictionnaire correctif du
français au Canada. Québec : P.U.L.
POIRIER, C., 1998. Dictionnaire historique
du français québécois. Québec: Les Presses de
l’Université Laval.
ROBERT, P., 1992. Le Petit Robert. Diction-
naire alphabétique et analogique de la langue
française. Paris : Les Dictionnaires LE ROBERT.
Sources
ROY, G., 1993. Bonheur d’occasion. Mont réa l :
Boréal
TREMBLAY, M., 1997. Des nouvelles d’Edou-
ard. Montréal : Leméac.
SPRENDIMAI 61
M. Šeleg. LES PARTICULARITÉS LEXICALES DU FRANÇAIS QUÉBÉCOIS
Monika Šeleg
Vilniaus universitetas, Lietuva
Moksliniai interes ai: Kvebeko prancūzų kalba,
leksikologija, leksikograja
KVEBEKO PRANCŪZŲ KALBOS LEKSI-
NĖS YPATYBĖS
Santrauka
Kve b ek o p rancūzų kalba yra viena iš prancūzų
kalbos atmainų, turinti, palyginus su bendrine
prancūzų kalba, nemažai ypatumų ir skirtumų.
Kvebeko prancūzų kalba turi daug specifinių
bruožų, būdingų tik šiam leksiniam variantui, o
taip pat ir bendrų ypatybių su prancūzų prastuo-
menės kalba (le français populaire). Nepaisant
netylančių ginčų tarp Prancūzijos lingvistinės
normos šalininkų ir tų, kurie reikalauja tam tikro
savarankiškumo nustatant taisyklingą kalbos
vartojimą, Kvebeko prancūzų kalbos lingvistinė
norma dar nėra apibrėžta.
Savitas istorinis vystymasis ir sąveika su
kaimyninėmis kalbomis, ypač anglų, lėmė Ka-
nados prancūzų kalbos formavimąsi, suteikė jai
specinių, nepakartojamų bruožų. Šio straipsnio
tikslas aptarti dabartinės Kvebeko prancūzų
kalbos būklę ir apibrėžti jos leksinius ypatumus.
Darbas yra skirtas žargonų (le joual) analizei,
t. y. kvebekiečių prancūzų šnekamosios kalbos
analizei. Remiantis Kvebeko autorių kūriniais
Michelio Tremblay’io «Des nouvelles dÉdouard»,
Gabrielle’ės Roy «Bonheur d’occasion» ir Georges’o
Dor’o «Ta mé tu là?» (Ta mère est-elle là?), anali-
zuojami ir iliustruojami leksiniai Kvebeko pran-
cūzų kalbos ypatumai. Joje rasta daug archaizmų,
skolinių, anglicizmų, kvebekizmų (t. y. žodžių,
vartojamų tik Kanados ir Kvebeko gyventojų).
Jie yra Kvebeko prancūzų kalbos paveldo dalis
ir suteikia kalbai originalumo. Straipsnyje daug
dėmesio skiriama anglicizmams, kurie Kvebeko
prancūzų kalboje pastaruoju metu tampa vis
dažnesni.
Straipsnyje analizuotieji pavyzdžiai leido
prieiti prie išvados, kad Kvebeko prancūzų
kalba nėra speciali kalba, bet viena iš daugelio
bendrinės prancūzų kalbos variantų. Kvebeko
prancūzų kalba paveldėjo daugybę ypatybių
įvairių Prancūzijos provincijų arba iš senosios
Monika Šeleg
Vilnius University, Lithuania
Re search interests : e Quebec French, lexico-
logy, lexicography
LEXICAL FEATURES OF THE QUEBEC
FRENCH LANGUAGE
Summary
e Quebec French is one of the French language
variants which has many features and dierences
comparing to the standard French language. e
Quebec French has many specic features typical
only to this lexical variation as well as the charac-
teristics common to the French populace language
(le français populaire). Despite a heated dispute
between the supporters of French linguistic
norms and those who require certain autonomy
in determining the correct use of language, lin-
guistic norms of the Quebec French have not been
dened yet. e particular historic development
and interaction with neighbouring languages,
particularly English, have inuenced a forma-
tion of the Canadian French language by giving
it specic and unique features. is article aims
to discuss the current state of the Quebec French
and to determine its lexical features. e work is
intended to analyze slang (le joual), i. e. to analyze
the spoken Quebec French. Based on the works of
Quebec writers, including Michel Tremblay «Des
nouvelles d’Édouard», Gabrielle Roy «Bonheur
d’occasion», and Georges Dor «Ta mé tu là ?» (Ta
mère est-elle là ?), lexical features of the French
language in Quebec are analyzed and illustrated.
It contains a lot of archaisms, adoptions, Angli-
cisms, Quebecisms (words used only in Canada
and among the Quebec population). ey con-
stitute a heritage part of the Quebec French and
give originality to this language. e article also
focuses on Anglicisms, which have lately become
increasingly more frequent in the Quebec French
lexis.e examples analyzed in this article show
that the Quebec French is not a special language
but one of many generic versions of the French
language. The Quebec French has inherited
many features from various regions of France,
the French folk speech of the 16–17th centuries.
62 I. KALBOTYRA
(XVI–XVII a.) prancūzų liaudies kalbos. Ryškiai
skirdamasi nuo bendrinės prancūzų kalbos,
ji vis dėlto turi daug ką bendra su prancūzų
prastuomenės kalba (le français populaire). Taigi
Kanados prancūzų kalba yra iš tikrųjų unikalus ir
ypatingas reiškinys, kuris svarbus Frankofonijos
judėjimui.
REIKŠMINIAI ŽODŽIAI: Kvebeko prancūzų
kalba, žargonas (le joual), archaizmai, kvebe-
kizmai, anglicizmai.
Distinctly diering from the standard French, it,
however, has much in common with the French
populace language (le français populaire). us,
the Canadian French is a truly unique and pecu-
liar phenomenon which plays an important role
in the movement of the Francophone.
KEY WORDS: Quebec French, the slang, the
Quebec Anglicisms.
Įteikta 2010 m. lapkričio 15 d.
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