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Le psautier syriaque-garchouni édité à Qozhaya en 1610. Enjeux historiques et présentation du livre

Authors:
  • Holy Spirit University of Kaslik (USEK)

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de l’Université Saint-Joseph
MÉLANGES
Université saint-Joseph – Dar el-Machreq
Beyrouth – Liban
Volume LXIII – 2010-2011
Le Psautier syriaque-garchouni
édité à Qozhaya en 1610
Enjeux historiques et présentation du livre*
Joseph Moukarzel
Le psautier bilingue syriaque-garchouni (arabe écrit en caractères syriaques)1,
imprimé au monastère Saint-Antoine de Qozhaya (Qozḥayyā)2 en 1610, est une
rareté dans le monde de la typographie. Les caractéristiques de son contenu, la date et
les circonstances de son impression mettent le chercheur face à une série d’énigmes
historiques et techniques qui ne sauraient rester sans réponse.
L’importance de ce livre réside dans le fait qu’il est le premier à avoir été imprimé
dans la partie est de l’Empire ottoman, ce qui représentait, à l’époque, un grand dé
en raison des difcultés techniques et pratiques que connaissait l’Orient en matière
de typographie3. Signalons d’abord que le sultan ottoman Bayazid II avait interdit
l’impression à l’intérieur de l’Empire ottoman, dès 1485, et que le sultan Salim Ier
en avait fait de même, en 15154. Cette interdiction n’a, toutefois, affecté que les
langues arabe et turque, raison pour laquelle les Juifs ont pu imprimer leurs livres
hébreux, à partir de 1493, à Constantinople et ailleurs5. L’entreprise d’édition d’un
* Cet article a été écrit à l’occasion de la parution du facsimilé du Psautier de Qozhaya par les soins de
l’équipe du Centre Phoenix pour les Études Libanaises, Université Saint-Esprit de Kaslik, prévue pour la
n de 2012.
1 Pour plus d’informations sur l’histoire du garchouni arabe et son utilisation, voir Moukarzel Joseph (2012),
« Le garchouni. Remarques sur son histoire et son évolution », in Den Heijer Johannes, ScHMiDt Andrea B.
et PatariDze Tamar (éds), Scripts Beyond Borders. A Survey of Allographic Traditions in the Euro-
Mediterranean World, (Publications de l’Institut Orientaliste de Louvain, 62) Peeters, Leuven, p. 43-73.
2 La transcription des noms propres ainsi que des toponymes suit l’usage.
3 Le premier livre islamique imprimé dans l’Empire ottoman date de 1727 à Istanbul. Quant aux minorités
non musulmanes, elles ont pu imprimer leurs livres assez tôt. Sur le début de l’imprimerie en Orient, voir
en particulier GDoura Wahid (1985), Le début de l’imprimerie arabe à Istanbul et en Syrie : évolution de
l’environnement culturel (1706-1787), (Publications de l’Institut Supérieur de Documentation, 8) Institut
supérieur de documentation, Tunis.
4 Voir BlooM Jonathan M. (2001), Paper Before Print : The History and Impact of Paper in the Islamic
World, Yale University Press, New Haven, p. 221 ; Finkel Caroline (2005), Osman’s Dream : The Story of
the Ottoman Empire, John Murray, Londres, p. 366.
5 Les Juifs imprimèrent l’Arbaah Turim de Jacob b. Asher à Istanbul en 1493. Voir HaiM abraham et
Geller Yaacov (1978), « Istanbul. Hebrew Printing », Encyclopaedia Judaica, vol. IX, 4e éd., col. 1097 ;
oFFenBerG Adriaan Karel (1996), « The Printing History of the Constantinople Hebrew Incunable of 1493 :
A Mediterranean Voyage of Discovery », The British Library Journal 22/2, p. 221-235.
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psautier en caractères syriaques au Mont-Liban, dans ce contexte politico-juridique,
s’expliquerait donc par l’indulgence des autorités ottomanes par rapport aux éditions
non arabes, d’autant que le matériel importé pour l’affaire pouvait difcilement
échapper à la douane ottomane.
L’importance du Psautier réside également dans le fait qu’il constitue le premier
livre de l’Ancien Testament entièrement imprimé en caractères syriaques6 et plus
particulièrement, le premier livre de la Bible édité entièrement en garchouni7.
Notre article se veut donc une relecture de l’histoire de cette entreprise dans son
contexte historique maronite, ainsi qu’une présentation du contenu du livre, eu égard
à sa rareté dans les bibliothèques.
PreMière Partie : le livre De QozHaya DanS lHiStoire
1. Cadre historique
1.1 Le lieu et son histoire
Connu sous le nom de Qozhaya, le monastère Saint-Antoine-le-Grand se situe au
nord du Liban, dans le Caza de Zghorta. C’est un ancien monastère maronite situé
dans une vallée qui forme, avec celle de Qannoubin, ce que l’on appelle la vallée de
Qadicha, c’est-à-dire, la vallée de la sainteté ou des saints.
On ne possède que quelques renseignements lacunaires sur l’histoire ancienne du
monastère de Qozhaya. Selon une ancienne tradition, il s’y trouvait une marmite en
cuivre, don des habitants du village de Qarhin8, datée de l’an 1000 apr. J.-C. Elle fut
vendue avec d’autres ustensiles en cuivre en 18729. La première histoire documentée
du monastère est consignée dans un manuscrit de la bibliothèque laurentienne de
Florence, appelé l’évangéliaire de Rabboula. Dans l’une de ses marges, une note
en garchouni rapporte qu’en 1154, frère Achaya du monastère de Qozhaya se
6 Brock Sebastian (2006), The Bible in the Syriac Tradition, Gorgias Press, Piscataway, p. 128. Auparavant,
les livres des psaumes en syriaque étaient imprimés en caractères hébreux.
7 Les caractères syriaques furent utilisés pour la première fois dans l’imprimerie, en 1539, dans le livre
d’Ambrosius où l’on trouve le premier usage du garchouni dans un passage de l’évangile de Luc 3 : 23-38.
Voir aMBroSiuS Theseus (1539), Introductio in Chaldaicam linguam, Syriacam atque Armenicam et decem
alias linguas…, J. M. Simoneta, Pavia.
8 Actuellement rattaché au village de Karmsaddé, caza de Zgharta, dans le nord du Liban.
9 HaSrouni Youssef Hourani (1955), « Tārīḫ dayr Qozhaya », Al-Sanabil 11, p. 256 et 383. L’histoire des
monastères au Liban présente plusieurs cas de don de ce type. À titre d’exemple, la « margelle » (dist),
donnée au monastère de Qannoubin en 1460-1461, est mentionnée dans le manuscrit Plut I-56, f. 11v, de la
Bibliothèque médicéenne de Florence. De même, une autre « margelle », donnée au monastère de Tamiche
en 1675, est conservée au musée archéologique de l’Université Saint-Esprit de Kaslik.
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présenta chez le patriarche maronite qui le nomma supérieur du monastère Saint-
Jean de Cozband à Chypre10. Au cours du Moyen Âge, le monastère devient un
bastion spirituel et la résidence d’une myriade d’ermites dont plusieurs sont devenus
évêques et patriarches. Ainsi, à la n du xvie siècle, trois ermites de la famille Rizzi
sont élevés au rang de patriarches. Un quatrième, Sarkis, sera l’initiateur du projet
de l’impression du Psautier, au début du xviie siècle.
1.2 Le nom du monastère
La transcription syriaque du nom du monastère est Qīzḥāyé ()11 ou
Qūzḥāyé ()12, et en garchouni Qīzḥāyyā ()13, Qūzḥayyā
()14 ou même Qozḥayyā ()15, comme il est encore appelé de nos
jours. L’interprétation la plus fréquente du mot est « trésor de la vie »16, mais les
chercheurs avancent d’autres possibilités : « trésor vivant »17, « ennui de la vie »18,
10 Voir ms. Florence, Laurenziana, Plut I-56, f. 7v. Cette note a été publiée, une première fois, dans aSSeManuS
Stephanus Evodius (1742), Bibliothecae Mediceae Laurentianae et Palatinae codicum mms. Orientalium
catalogus, Albiziniano, Florence (texte latin p. 18, texte garchouni dans les annexes p. 28-29, reproduction
nº 12) et, dernièrement, dans MenGozzi Alessandro (2008), « Le annotazioni in lignua araba sul codice di
Rabbula », in id. (dir.), Il Tetravangelo di Rabbula, Firenze, Biblioteca Medicea Laurenziana, Plut.I.56,
L’illustrazione Del Nuovo Testamento Nella Siria Del VI Secolo, Edizioni di Storia e Letteratura, Rome,
p. 62-63.
11 Voir par exemple, le ms. Vatican, Vat. Syr. 231 (copié en 1629).
12 Par exemple, les mss Paris, BnF, Syr. 60 (copié en 1582) et Cambridge, Mm 4.18 (copié en 1601). Voir
également l’édition de Qozhaya (1610) et Payne SMitH Robert (1879-1901), Thesaurus Syriacus, 2 vol.,
E Typographeo Clarendoniano, Oxford, vol. II, p. 3515.
13 Wādī Qīzḥāyyā (Vallée de Qozhaya) : Vatican, Vat., Syr. 52 (copié en 1537) et Vat., Syr. 196 (copié en
1551).
14 Voir les mss Oxford, Bodlean, Marsh 198 (copié en 1597), Paris, BnF, Syr. 85 (copié en 1577), ainsi que
l’édition de Qozhaya (1610).
15 Tel qu’il gure dans l’un des plus vieux manuscrits, en l’occurrence Florence, Laurenziana, Plut I-12
(copié en 1318).
16 Nom composé du syriaque 
et qui signie « source de vie », FreiHa Anis (1972), Muğam asmā’
al-mudun wa-l-qurā al-lubnānīyya wa-tafsīr maānīhā, dirāsa luġawīyya, 2e éd., Librairie du Liban,
Beyrouth, p. 114 et 138. Nous le trouvons également chez BroccHi Giovanni Battista (1841-1843),
Giornale delle osservazioni fatte ne’ viaggi in Egitto, nella Siria e nella Nubia, 6 vol., Presso A. Roberti
Tip. ed Editore, Bassano, vol. III, p. 113, qui a visité le couvent en 1823 : « Cos-haia signica in Siriano
Tesoro della vita, e viene da Gaz, tesoro, e Haio, vita ». Repris par ritter Carl (1854), Die Erdkunde
im Verhältniss zur Natur und zur Geschichte des Menschen : oder allgemeine vergleichende Geographie,
als sichere Grundlage des Studiums und Unterrichts in physikalischen und historischen Wissenschaften,
vol. XVII/1 : Phonicien, Libanon und gebirgiges Nordsyrien, G. Reimer, Berlin, p. 656, puis par Payne
SMitH Robert (1864), Catalogi Codicum Manuscriptorum Bibliothecae Bodleianae. Pars sexta : Codices
Syriacos, Carshunicos, Mendaeos, complectens, E Typographeo Clarendoniano, Oxford, p. 625.
17 cHeikHo Louis (1995), Tārīḫ fan al-ṭibāa al-šarq, 2e éd., Dar al-Machriq, Beyrouth, p. 25, citant une
tradition locale ; repris par BartHéleMy Adrien (1950), Dictionnaire Arabe-Français. Dialectes de Syrie :
Alep, Damas, Liban, Jérusalem, 4e fasc., publié par FleiScH Henri, Paul Geuthner, Paris, p. 661.
18 Du syriaque , cité par cHeikHo, Tārīḫ, p. 25, d’après les documents du père jésuite Martin.
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« prêtre et moine vivant »19, « de courte vie »20, « bois sec ou tendre » 21, « éclairs » 22 ;
on trouve également « carvi noir »23, « furet ».24 On a même considéré qu’il pouvait
s’agir d’un nom propre25.
1.3 L’hypothèse de l’édition de 1585
Dans son commentaire du manuscrit garchouni des psaumes, copié en 1528 et
conservé à la Bibliothèque Laurentienne de Florence26, S. E. Assemani rapporte que
ce manuscrit a été imprimé ultérieurement au monastère de Qozhaya en 1585, sous
les auspices du patriarche maronite Sarkis Rizzi et de Youssef Khater Assemani,
administrateur du Mont-Liban27. Cette information, reprise par S. Assemani dans
son catalogue des manuscrits conservés à la bibliothèque des Nani à Venise28, sera
19 Du syriaque . FreiHa, Muğam, p. 114 et 138.
20 Du syriaque . HoBeika Youssef (1939), Al-Dawāṯir al-suryānīyya fī Lubnān wa Sūrīyya, Imprimerie
catholique, Beyrouth, p. 118.
21 Du syriaque . FreiHa, Muğam, p. 114 et 138.
22 De la racine syriaque et sémitique . aGGoula Basile (1982), « Le livre libanais de 1585 à 1900 », in
aBouSSouan Camille (dir.), Le livre et le Liban jusqu’à 1900, Unesco – Agecoop, Paris, p. 297 et 313.
23 WilD Stefan (1973), Libanesische Ortsnamen : Typologie und Deutung, (Beiruter Texte und Studien, 9)
Franz Steiner Verlag, Beyrouth, p. 105.
24 Du syriaque . Nous le trouvons chez cHeikHo, Tārīḫ, p. 25, sans qu’il en adopte le sens.
25 WarDini Elie (2002), Lebanese Place-Names (Mount Lebanon and North Lebanon) : A Typology of
Regional Variation and Continuity, Peeters, Leuven, p. 138, soutient que le toponyme Arbet Qozhaya (un
village dépendant jadis du monastère) signie « la route d’un certain dénommé Qozhaya ».
26 Pour S. E. Assemani, ce manuscrit (nº 30 d’après son catalogue et Orient 411 selon la cote actuelle) a
été copié par l’évêque Girgis al-Hadathi, évêque maronite de Nicosie (aSSeManuS S.E., Bibliothecae
Mediceae, p. 72, annexes : 42). Toutefois, cette information ne se trouve ni dans le manuscrit ni dans
le colophon, qui ne mentionne aucun copiste. La seule mention de cet évêque se trouve au f. 200 v., en
garchouni, où il conrme sa présence à Chypre, en 1561, an de percevoir la dîme pour le monastère de
Qannoubin. L’attribution fautive du Psautier à l’évêque Girgis Al-Hadathi se poursuit jusqu’à nos jours ;
voir par exemple, aGGoula, « Le livre libanais », p. 297. À noter que, lorsqu’il était à Rome en 1569, le
même évêque Girgis a copié un autre psautier, à savoir le manuscrit Vatican, Vat., Syr. 98, (voir aSSeMani
Joseph-Simonius et aSSeMani Stephanus Evodius (1756-1759), Bibliothecae apostolicae vaticanae
codicum manuscriptorum catalogus in tres partes distributus…, 3 vol., A. Rotilii, Rome, vol. II, p. 526-
528). Quoi qu’il en soit, le texte des psaumes des manuscrits en question (Florence et Vatican) ne s’accorde
pas avec celui du psautier de Qozhaya édité en 1610.
27 « Carsciunica haec Psalmorum interpretatio prodiit in folio cum textu Syriaco typis Monasterii Sancti
Antonii Abbatis de Kuzaia, Montis Libani, anno Christi MDLXXXV sub auspiciis Sergii Risii, Maronitarum
Patriarchae quadragesimi quarti, et Iosephi Katheri, de familia Assemanorum, Montis Libani
Administratoris. » aSSeManuS S.E., Bibliothecae Mediceae, p. 72.
28 aSSeMani Simone (1787), Catalogo de’ codici manoscritti orientali della biblioteca Naniana, tome 1,
Stamp. del Seminario, Padoue, p. 8. L’auteur ne mentionne pas qu’il se réfère à l’ouvrage de S. E. Assemani.
Le Psautier syriaque-garchouni édité à Qozhaya en 1610 515
reproduite par Masch29, Rosenmuller30 et, récemment, Aggoula31.
Plusieurs chercheurs doutent, cependant, qu’une telle édition ait pu exister.
Schnurrer, qui n’a trouvé aucun exemplaire dudit livre, considère, en effet, qu’il était
impossible, à l’époque, de trouver une imprimerie au Mont-Liban32 ; il s’appuie sur
le témoignage de Dandini qui, après avoir visité les Maronites en 1596, avait afrmé
que ni les Maronites, ni l’Orient dans son ensemble ne connaissaient l’imprimerie33.
Pour appuyer son argumentation, Schnurrer se réfère à Abraham Ecchellensis qui
conrme que le Psautier a été réellement édité par Sarkis Rizzi, sans mentionner,
pour autant, la date de l’édition34. La plupart des chercheurs ayant abordé la question
de l’édition de 1585, tels Cheikho35, Rajji36, Nasrallah37 et récemment Coakley38,
partagent les doutes de Schnurrer.
29 MaScH Andrea Gottlieb (1781), Bibliotheca sacra post cl. cl. v.v. Jacobi Le Long et C.F. Boerneri iteratas
curas ordine disposita, emendata, suppleta, continuata ab Andrea Gottlieb Masch, pars II – De versionibus
librorum sacrorum, vol. I – De versionibus orientalibus, sumtibus Joannis Jac. Gebaveri, Halle, p. 67,
citant S. E. Assemani.
30 roSenMuller Ernst Friedrich Karl (1799), Handbuch für die Literatur der biblischen Kritik und Exegese,
vol. III, Vandenhoeck und Ruprecht, Gottingen, p. 21-22.
31 aGGoula, « Le livre libanais », qui reprend la même théorie dans ses articles ultérieurs.
32 Voir ScHnurrer Christianus Fridericus (1811), Bibliotheca Arabica, I. C. Hendelii, Halle-sur-la-Saale,
p. 341-343.
33 DanDini Jérôme (1685), Voyage du Mont Liban, traduit de l’italien par R.S.P. [Richard Simon], Louis
Billaine, Paris, p. 86.
34 Le témoignage d’Ecchellensis est inclus dans sa réponse à Bootius qui considère que Gabriel Sionita fut
le premier à utiliser les signes diacritiques en syriaque dans la Bible polyglotte de Paris, en 1645, voir
eccHellenSiS Abraham (1653), Hebedjesu metropolita Sobiensis Tractatus continens catalogum librorum
Caldaeorum tam ecclesiasticorum quam profanorum cum versione et notis, Typis S.C. de Propag. Fide,
Rome, p. 117. Il semble que le témoignage d’Ecchellensis présente une contradiction, car tout en attribuant
l’édition à l’évêque Sarkis Rizzi, il lui donne une date antérieure à la naissance même de Sionita. D’après
Gemayel, Sionita est en 1575 et non en 1577 comme le mentionnent la plupart des chercheurs. Il
se réfère, en cela, à Ecchellensis même. Voir GeMayel Nasser (1984), Les échanges culturels entre les
Maronites et l’Europe, 2 vol., [s.n.], Beyrouth, vol. I, p. 218.
35 cHeikHo, Tārīḫ, p. 30.
36 Voir rajji Mikhayel (1934), « Sifr al-mazāmīr bi-l-suryānīyya : ṭabat Qozhaya, ṭabat Cambridge »,
Al-Machriq 32, p. 361. L’auteur conteste les conclusions de Schnurrer sur l’impossibilité technique de
l’imprimerie à l’époque. Mais il considère, de son côté, qu’en mentionnant l’édition de 1585, S. E. Assemani
voulait, en fait, renvoyer à celle de 1610, et qu’il aurait confondu le patriarche Sarkis et l’évêque Sarkis,
« préférant le premier qu’il a jugé plus digne et mentionnant, en dénitive, une date convenable, 1585. »
37 Voir naSrallaH Joseph (1949), L’imprimerie au Liban, [s.n.], Harissa, p. 2-3, qui insiste sur l’impossibilité
de l’existence de l’imprimerie au Mont-Liban à cette époque, en l’absence de personnes compétentes
et étant donné qu’aucun élève du Collège maronite de Rome n’était alors rentré au Mont-Liban. Lui
aussi explique l’erreur de S. E. Assemani par sa confusion entre le patriarche Sarkis Rizzi et l’évêque du
même nom.
38 coakley J. F. (2006), The Typography of Syriac : A Historical Catalogue of Printing Types, 1537-1958,
Oak Knoll Press – British Library, New Castle/Londres, p. 45.
Joseph Moukarzel
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2. L’aventure du livre de Qozhaya
2.1 Les Maronites et la typographie
Lors de sa deuxième mission auprès des Maronites, le père J.-B. Eliano39 distribue
dans les paroisses un livre de catéchisme qu’il a fait imprimer, en garchouni, à Rome
en 1580, peu avant son retour au Mont-Liban40. Il distribue également aux membres
du synode de Qannoubin, tenu en 1580, la version garchounie, imprimée la même
année41 du symbole de foi du pape Pie IV42. Ces deux livres sont les premiers livres
imprimés que les Maronites aient pu connaître. De retour en Italie, le père Bruno,
compagnon d’Eliano, rapporte un exemplaire du manuscrit des prières maronites qu’il
fait imprimer sans délai en 158443. D’autres livres maronites seront ensuite imprimés
dans différentes villes d’Italie44. Les mêmes missionnaires se font accompagner à
Rome, en 1579, de deux jeunes Maronites pour y faire leurs études, puis de quatre
autres en 1581. Les élèves deviennent bientôt une vingtaine, ce qui conduit le pape
Grégoire XIII à annoncer, en 1584, la fondation du Collège maronite de Rome45.
2.2 L’évêque Sarkis Rizzi et le contexte historique
Ancien du Collège maronite, Sarkis Rizzi joue un rôle fondamental dans l’édition
du Psautier en 1610. Les données concernant sa biographie et son œuvre divergent.
Originaire du village de Bqoufa près d’Ehden, il appartient à une famille qui a donné
39 Sami Kuri préfère parler d’une seule mission en deux étapes, séparées par le retour forcé des missionnaires
à Venise en raison de la prolifération de la peste en Orient. La première étape aurait duré de juin 1578 à
mars 1579 et comprenait les jésuites Thomas Raggio, Jean-Baptiste Eliano et Mario Amato. Quant à la
seconde étape, elle a duré de n juin à septembre 1580, et comprenait les jésuites J.-B. Eliano, Jean Bruno,
Gio. Bernandino et, plus tard, Mario Amato. Voir kuri Sami (1989), Monumenta Proximi-Orientis, I :
Palestine, Liban, Syrie, Mésopotamie (1523-1583), (Monumenta Historica Societatis Iesu, 136), Institutum
Historicum Societatis Iesu, Rome, p. 71*, 77*, 87*.
40 kuri, Monumenta I, p. 399-400.
41 Eliano avait déjà traduit le texte latin en arabe et l’a imprimé en 1566. kuri, Monumenta I, p. 205.
42 C’est la professio dei Tridentina, promulguée par deux bulles papales : In sacrosancta et Injunctum
nobis (13 novembre 1564). En fait, le concile, « an de préserver le troupeau des erreurs nouvelles »,
avait ordonné que tous les dignitaires ecclésiastiques, les supérieurs d’ordres religieux et les professeurs
d’université fussent tenus désormais « à faire une profession de foi publique et de jurer obéissance à l’Église
romaine » ; conStant G. (1935), « Pie IV », Dictionnaire de Théologie Catholique, vol. XII, col. 1640.
43 kuri, Monumenta I, p. 122*.
44 Sur les débuts de l’imprimerie des Maronites à Rome, voir Gemayel Nasser (1982), « Les imprimeries
libanaises de Rome », in aBouSSouan, Le Livre et le Liban jusqu’à 1900, p. 190-193.
45 Au départ, les élèves maronites vivaient au Collège des Néophytes qui était destiné, à l’origine, aux
nouveaux convertis à la foi catholique. Avec l’augmentation de leur nombre, le pape Grégoire XIII leur
affecta ce que l’on appelait l’Hospice de la nation maronite, avant la fondation du Collège Maronite par la
bulle papale du 5 juillet 1584 intitulée Humana sic ferunt. Pour en savoir plus, voir GeMayel, Les échanges
culturels.
Le Psautier syriaque-garchouni édité à Qozhaya en 1610 517
à la communauté maronite trois patriarches : Mikhayil Rizzi (1567-1581)46, son frère
Sarkis Rizzi (1581-1596)47 et leur neveu Youssef Rizzi (1596-1608)48. Sarkis est
le frère49 de ce dernier. Il arrive à Rome en 1584, à l’âge de 11 ans environ50, pour
intégrer le Collège maronite51. Douaihy le fait revenir au Mont-Liban en 1592, d’où
il le renvoie ensuite à Rome, en 1596, comme émissaire de son oncle, le patriarche
Sarkis52. Cette dernière information est toutefois peu able, car la correspondance
entre le patriarche Sarkis et Claude Aquaviva, le Général des Jésuites, révèle qu’il
n’est rentré au Mont-Liban qu’à l’été 1596, après avoir été ordonné prêtre53. Arrivé
au Mont-Liban il s’active durant le second synode de Qannoubin, présidé par le
légat pontical Jérôme Dandini54. Une fois son frère Youssef élu patriarche, Sarkis
le remplace à la direction du monastère de Qozhaya55. Ordonné évêque en 1600, il
continue de résider au monastère de Qozhaya56.
46 Sur la vie et l’œuvre du patriarche Mikhayil, voir FaHD Boutros (1982), Baṭārikat al-mawārina wa-
asāqifatuhum fī al-qarn al-sādis ašar, vol. I, Dar Lahed Khater, Beyrouth, p. 61-114.
47 Sur la vie et l’œuvre du patriarche Sarkis, voir FaHD, Baṭārikat al-qarn al-sādis ašar, p. 115-136.
48 Originaire du village de Bqoufa près d’Ehden au nord du Liban. Après l’élection à la dignité patriarcale de
son oncle Sarkis, Youssef devient supérieur de l’ermitage du monastère de Qozhaya (DouaiHy Estephanus
[s.d.], Tārīḫ al-azmina, édité et annoté par FaHD Boutros, [al-ḫizāna al-tārīḫiyya, 3], Dar Lahed Khater,
Beyrouth, p. 446 ; id. [1951], Tārīḫ al-azmina (1095-1699), édité et annoté par taoutel Ferdinand,
Imprimerie catholique, Beyrouth, p. 283). Ordonné évêque en 1595 (DouaiHy Estephanus [1974], Kitāb al-
šarḥ al-muḫtaṣar fī aṣl al-mawārina wa-ṯabātihim -l-amāna wa-ṣiyānatihim min kull bida wa-kahāna,
édité et annoté par FaHD Boutros, vol. II, [s.n.], Jounieh, p. 301, le confond avec son frère Sarkis), il
voit son oncle le déléguer auprès du Saint-Siège (DouaiHy, Tārīḫ, éd. Taoutel, p. 289 ; DouaiHy, Tārīḫ,
éd. Fahd, p. 452). Le 3 octobre 1596, Youssef est élu patriarche pour succéder à son oncle (DouaiHy,
Tārīḫ, éd. Fahd, p. 453). Il fait entériner les résolutions du synode, qui a eu lieu sous le mandat de son
oncle, en présence de Dandini, le légat apostolique (kuri Sami [1994], Monumenta Proximi-Orientis, III :
Palestine, Liban, Syrie, Mésopotamie (1583-1623), [Monumenta Historica Societatis Iesu, 147] Institutum
Historicum Societatis Iesu, Rome, p. 90*). Sous son mandat, le patriarche Youssef introduit le calendrier
grégorien dans la communauté maronite, établit de bonnes relations avec les gouverneurs de la famille
Sayfa et adopte certaines pratiques latines. Plusieurs hypothèses sont avancées sur la date de sa mort, mais
le colophon du Psautier de Qozhaya conrme la date du 26 mars 1608. Pour en savoir plus sur la vie et les
œuvres du patriarche Youssef, voir FaHD, Baṭārikat al-qarn al-sādis ašar, p. 137-158.
49 Que Youssef ait été le frère de Sarkis est attesté par le livre de Qozhaya (1610), par les bulles du pape
Paul V et par Douaihy (DouaiHy, Kitāb al-šarḥ, p. 308). Le même Douaihy se trompe, dans ses Annales,
en considérant Sarkis comme le neveu du patriarche Youssef (DouaiHy, Tārīḫ, éd. Fahd, p. 454 ; DouaiHy,
Tārīḫ, éd. Taoutel, p. 295). La plupart des historiens reproduisent cette erreur.
50 DouaiHy, Tārīḫ, éd. Fahd, p. 520.
51 GeMayel, Les échanges culturels, vol. I, p. 98.
52 DouaiHy, Tārīḫ, éd. Fahd, p. 520 ; repris par kuri, Monumenta III, p. 173, 191. GHaleB Boutros (1924),
« Nawābiġ al-madrasa al-mārūnīyya al-‘ūlā. 2 : al-Baṭriyark Ğirğis Amīra », Al-Machriq 22, p. 590, n. 2
et GeMayel, Les échanges culturels, vol. I, p. 367, le font rentrer en 1590.
53 Il est déjà diacre en 1590, et son oncle réclame son retour (lettre datée du 3 février 1590, kuri,
Monumenta III, p. 140). Un deuxième rappel est signalé dans une lettre datée du 8 janvier 1591. kuri,
Monumenta III, p. 173. Le Général des Jésuites annonce son ordination et son retour dans une lettre datée
du 14 juillet 1596. kuri, Monumenta III, p. 191.
54 GeMayel, Les échanges culturels, vol. I, p. 367.
55 DouaiHy, Tārīḫ, éd. Taoutel, p. 289 ; DouaiHy, Tārīḫ, éd. Fahd, p. 453.
56 DouaiHy, Tārīḫ, éd. Taoutel, p. 295 ; DouaiHy, Tārīḫ, éd. Fahd, p. 454.
Joseph Moukarzel
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Mélanges de l’Université Saint-Joseph 63 (2010-2011)
En 1606, le patriarche Youssef l’envoie à Rome, à la tête d’une délégation,
pour présenter ses vœux au nouveau pape Paul V (1605-1621). Partie de Tripoli en
octobre 1606, la délégation arrive à Rome le samedi 19 avril 160757, après un voyage
de sept mois en mer58. Sarkis Rizzi est accompagné du diacre Girgis, ls du prêtre
Maroun59, du prêtre Elias ls de Hajj Hanna60 et du diacre Youssef, ls de Daoud de
Karmsaddé61.
57 Le 19 avril 1607 est un jeudi, non un samedi.
58 GeMayel, Les échanges culturels, vol. I, p. 368, d’après le ms. Vatican, Vat., Lat. 7262, f. 140r. Nous
trouvons également une mention de cette mission de 1607 dans le manuscrit Vatican, Borgia, Syr. 5, f. 1r :
« Le 2 novembre 1607, nous sommes venus avec mon maître l’évêque Sarkis Rizzi, moi l’humble Girgis
moine d’Ehden avec ses [mes] chers compagnons le prêtre Elias ls de Hajj Hanna d’Ehden, et le diacre
Youssef ls du prêtre Daoud de Karmsaddé, du littoral du Mont-Liban béni » (d’après carali Boulos
[1992], Faḫr al-Dīn al-ma al-ṯānī ḥākim Lubnān, 2e éd., Dar Lahed Khater, Beyrouth, p. 37, note).
Son séjour à Rome en 1608 est conrmé par un passage conservé dans le ms. Rome, Bibliothèque Victor
Emmanuel, Orient. 38, f. 254v (bis) : « Quand ce fut la date de l’an 1608, je suis venu, moi l’humble Girgis
à la magnique ville de Rome, sous le ponticat de Paul V, avec l’évêque Sarkis mon maître, accompagné
des révérends frères, le prêtre Elias et le diacre Youssef. ». Pour Douaihy, cette mission fait partie des
évènements de 1607 ; voir DouaiHy, Kitāb al-šarḥ, p. 308.
59 Il s’agit de Girgis ibn Maroun d’Ehden. Il faisait partie des deux délégations de 1606-1609 et de 1609-
1610. Dans une lettre datée de 1609, le supérieur général des Jésuites fait savoir au patriarche maronite que
les responsables au Vatican demandent à garder Girgis à Rome, an de s’occuper des élèves du Collège
maronite (kuri, Monumenta III, p. 228). Il est délégué de l’émir Fakhreddine auprès du Saint-Siège et du
Duc de Toscane de 1611 à la n du mandat de l’émir en 1633 : 1611 (carali, Faḫr al-Dīn, p. 37 ; 74), 1614
(GeMayel, Les échanges culturels, vol. I, p. 101), 1623-1624 (carali, Faḫr al-Dīn, p. 139), 1627 (carali,
Faḫr al-Dīn, p. 144, 274), 1633-1634 (carali, Faḫr al-Dīn, p. 78, 145). De même, le patriarche Jean
Makhlouf en fait, à plus d’une reprise, son émissaire à Rome : 1611 (carali, Faḫr al-Dīn, p. 181-183), 1633
(carali, Faḫr al-Dīn, p. 348-349). Il est ordonné évêque de Chypre en 1614 (DouaiHy, Tārīḫ, éd. Fahd,
p. 470 ; DouaiHy, Tārīḫ, éd. Taoutel, p. 306). Mais ses relations avec le patriarche Makhlouf connaissent
des tensions dont on trouve l’écho dans la correspondance du patriarche et des responsables romains,
en 1614, lorsque Girgis veut se mêler des affaires du Collège maronite (kuri, Monumenta III, p. 238).
En 1634, le patriarche apprend qu’il perçoit, de force, des impôts et le frappe alors d’excommunication
(DouaiHy, Tārīḫ, éd. Fahd, p. 506). Après la chute de Fakhreddine, il fuit pour Chypre en 1634, puis rentre
plus tard à Ehden où il meurt et est enterré au monastère Saint-Jacques. Douaihy en parle comme d’un
« homme à l’âme généreuse et respecté, plusieurs fois émissaire à Rome, et [qui] sans même avoir été à
l’école, […] enseignait et conseillait à la grande admiration de tous » (DouaiHy, Tārīḫ, éd. Fahd, p. 508).
Carali xe la date de sa mort au 24 juillet 1637 (carali, Faḫr al-Dīn, p. 369).
60 Il s’agit du prêtre Elias ibn al-hajj Hanna ibn Boulos d’Ehden, ordonné évêque d’Ehden en 1638 (DouaiHy,
Tārīḫ, éd. Taoutel, p. 337) ou en 1639 (DouaiHy, Tārīḫ, éd. Fahd, p. 521) et mort en 1659 (DouaiHy, Tārīḫ,
éd. Fahd, p. 549 ; DouaiHy, Tārīḫ, éd. Taoutel, p. 356). D’après Douaihy, il était de la famille des Sarasira
et était « un homme pieux et dévoué à la religion. Élevé au monastère de Qozhaya, il résida à Jérusalem
environ vingt ans. » (DouaiHy, Tārīḫ, éd. Taoutel, p. 356). Il fut copiste et auteur d’un certain nombre de
manuscrits (naSrallaH, L’imprimerie au Liban, p. 7).
61 La note du ms. Vatican, Lat. 7262, f. 140r, rapportée par GeMayel, Les échanges culturels, vol. I, p. 368,
le nomme Youssef ibn Younan de Karmsaddé. Nous n’avons pas pu vérier cette information. Nasrallah
le considère, à tort, comme étant le même Girgis ls de Maroun (voir naSrallaH, L’imprimerie au Liban,
p. 6). Quant à Douaihy, il le nomme diacre Youssef, sans donner d’informations supplémentaires, voir
DouaiHy, Kitāb al-šarḥ, p. 308. Nous optons pour l’information donnée par le ms. Vatican, Borgia, Syr. 5,
f. 1r qui l’identie à Youssef ibn Daoud de Karmsaddé, lequel jouera un rôle primordial dans l’édition du
Psautier de Qozhaya.
Le Psautier syriaque-garchouni édité à Qozhaya en 1610 519
Alors que la délégation se trouvait à Rome, le patriarche Youssef Rizzi décéda le
26 mars 160862.
La veille du retour de la délégation au Mont-Liban, le pape Paul V cona
à l’évêque Sarkis Rizzi trois lettres : la première, datée du 28 novembre 1608 et
adressée au peuple et aux évêques maronites, comprend des condoléances pour le
décès du patriarche, un appel à l’élection d’un nouveau patriarche, des indulgences
à l’occasion du jubilé et une bénédiction apostolique63 ; dans la deuxième, datée du
15 janvier 1609 et adressée au diacre Youssef Khater64, le pape demande à ce dernier
de prendre soin de l’évêque Sarkis, afigé par la perte de son frère le patriarche, et de
l’aider à retourner au monastère de Qozhaya pour y mener une vie d’ermite65. Dans
la troisième lettre, portant la même date, le pape remercie l’émir Fakhreddine Maan66
de son rôle politique et de la protection qu’il assure aux Maronites67.
62 Douaihy reconnaît avoir des difcultés à trouver la date du décès de ce patriarche et propose août 1608
(DouaiHy, Tārīḫ, éd. Fahd, p. 461 ; DouaiHy, Tārīḫ, éd. Taoutel, p. 300). Nous retenons la date du 26 mars
1608, inscrite dans le colophon de l’édition de Qozhaya (1610).
63 La lettre rapporte que le pape a rencontré personnellement la délégation maronite qui se trouvait à Rome
et qui comprenait Sarkis archevêque de Damas, les deux prêtres moines Elias et Girgis de l’ordre de Saint
Antoine, ainsi que le séminariste Youssef. La lettre du pape est datée des 4 calendes de décembre de
l’année 1608 (28 novembre), en l’an IV de son ponticat ; anaiSSi Tobia (1911), Bullarium maronitarum,
M. Bretschneider, Rome, p. 117-119 ; DouaiHy, Kitāb al-šarḥ, p. 308-310.
64 D’après le colophon de l’édition de Qozhaya (1610), il s’agit du « diacre Khater ls du regretté diacre
Chahine de Hasroun » (p. 260). Douaihy ajoute qu’il était de la famille Machrouqi de Hasroun (DouaiHy,
Tārīḫ, éd. Fahd, p. 440). Il était administrateur de la région de Bécharré (DouaiHy, Tārīḫ, éd. Fahd, p. 445)
et entretenait des relations étroites avec les Rizzi pour soutenir les affaires de la communauté. Ces relations
se dégradent, toutefois, avec le patriarche Jean Makhlouf qui l’excommunie peu après son élection.
Douaihy le mentionne en 1574, 1577, 1579, 1594, 1596 et 1609. Il meurt en 1612. Le pape Paul V lui écrit
le 13 janvier 1606 (dans l’original : id. jan.) pour le remercier de l’attention qu’il porte aux affaires de la
communauté (anaiSSi, Bullarium, p. 104-105). Notons que même si quelques sources les appellent diacres,
les administrateurs maronites étaient, en réalité, revêtus du sous-diaconat pour avoir, à l’église, droit de
préséance sur les autres laïcs. Cette nomination était alors une affaire de prestige plus qu’un ministère
religieux. Voir DiB Pierre (1962), Histoire de l’Église maronite, (Mélanges et documents, 1) Editions de la
La Sagesse, Beyrouth, p. 91.
65 Le nom gure comme suit : Joseph Cather diacono. La lettre du pape à Khater est datée des 18 calendes
de février 1608 (15 janvier) en l’an IV de son ponticat, (anaiSSi, Bullarium, p. 116). Nous pensons que
cette date est une erreur d’Anaissi, ou bien qu’elle aurait guré dans le manuscrit utilisé pour l’édition, car
la lettre montre clairement qu’elle est écrite en l’an IV du ponticat de Paul V (il est élu le 16 mai 1605),
c’est-à-dire, en 1609 et non en 1608. En outre, la lettre évoque le décès du patriarche Youssef Rizzi qui eut
lieu le 26 mars 1608 (d’après le colophon de l’édition de Qozhaya). Par conséquent, elle ne peut avoir été
écrite qu’après mars 1608, voire au courant de l’année 1609 et, plus exactement, le 15 janvier 1609. Cela
étant, la délégation maronite rentre au Mont-Liban début 1609.
66 Il s’agit de l’Emir Fakhreddine Maan, émir druze, qui gouverna une grande partie du Liban sous l’Empire
ottoman entre 1590 et 1633. Son mandat est caractérisé par l’ouverture aux chrétiens, la coalition avec le
duché de Toscane et les bonnes relations avec le Saint-Siège. Les Maronites comptent parmi ses partisans
les plus dévoués.
67 La lettre est datée des 18 calendes de février 1609. Voir la lettre dans carali Paolo (1936), Fakhr Ad-Din II
principe del Libano e la corte di Toscana 1605-1635, vol. I : Introduzione storica, documenti europei e
Joseph Moukarzel
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Mélanges de l’Université Saint-Joseph 63 (2010-2011)
Le siège du patriarche est longtemps resté vacant en raison des injustices perpétrées
par les Ottomans et leurs collaborateurs contre la région de Joubbet Bécharré68.
L’élection a donc dû être reportée jusqu’en novembre 160869, ou jusqu’à l’hiver ou le
printemps 160970, lorsque fut élu Jean Makhlouf71. Durant cette période, les lettres en
provenance de Rome ignorent encore l’identité du nouveau patriarche, vu la grande
distance et la réception tardive de la nouvelle72. Peu après son élection, le patriarche
Makhlouf envoie à Rome une nouvelle délégation présidée par le prêtre Girgis ls de
Maroun, en vue de demander le pallium73. Dans son Apologie, Douaihy ajoute que
le prêtre Gaspard74 a rejoint la délégation à Chypre et qu’« une fois chez l’évêque
Sarkis, on l’emmena pour se prosterner [tous] devant le Souverain Pontife »75.
Les Annales de Douaihy laissent entendre que le nouveau patriarche ne resta pas
longtemps à Qannoubin. Les contraintes exercées par l’administrateur local Youssef
Khater et les exactions du gouverneur régional Youssef Sayfa76 forcent le patriarche
documenti orientali tradotti, Tipograa del Senato, Rome, p. 154-155. Nasrallah en conclut que Sarkis est
certainement rentré au Mont-Liban à cette date (naSrallaH, L’imprimerie au Liban, p. 6, n. 1).
68 Dans ses Annales, Douaihy considère que le retard dans l’élection du patriarche est « dû aux injustices dans
le prélèvement des impôts » (DouaiHy, Tārīḫ, éd. Fahd, p. 462 ; DouaiHy, Tārīḫ, éd. Taoutel, p. 300).
69 Dans la lettre ponticale de conrmation, non datée, et apportée au nouveau patriarche Jean Makhlouf par
le délégué père Gaspard, il est mentionné que son prédécesseur Youssef Rizzi est mort en mars 1608 et que
Makhlouf a été élu le 16 octobre de la même année. Voir anaiSSi Tobia (1921), Collectio documentorum
maronitarum, G. Fabbreschi, Libourne, p. 105-106.
70 Juin 1609 : DouaiHy, Tārīḫ, éd. Fahd, p. 462 ; DouaiHy, Tārīḫ, éd. Taoutel, p. 301. En date du 7 août 1609,
le supérieur des Jésuites envoie au patriarche Makhlouf une lettre où il lui adresse ses félicitations pour son
élection (kuri, Monumenta III, p. 228-229).
71 Il s’agit de Youhanna Makhlouf d’Ehden. Il débute sa vie religieuse en ermite au monastère de Qozhaya
(DouaiHy, Tārīḫ, éd. Taoutel, p. 329). Le patriarche Youssef l’ordonne évêque en 1603 et il s’installe au
couvent de Qannoubin, (DouaiHy, Tārīḫ, éd. Fahd, p. 457 ; DouaiHy, Tārīḫ, éd. Taoutel, p. 297). Il est
élu patriarche en octobre 1608 (anaiSSi, Collectio, p. 105-106) ou juin 1609 (DouaiHy, Tārīḫ, éd. Fahd,
p. 462 ; DouaiHy, Tārīḫ, éd. Taoutel, p. 301). Il décède le 15 décembre 1633 (DouaiHy, Tārīḫ, éd. Fahd,
p. 505 ; DouaiHy, Tārīḫ, éd. Taoutel, p. 329). Pour plus d’informations sur la vie et l’œuvre du patriarche
Makhlouf, voir FaHD Boutros (1984), Baṭārikat al-mawārina wa-asāqifatuhum : al-qarn al-sābi ašar,
Dar Lahed Khater, Beyrouth, p. 57-89.
72 Comme on le voit dans les lettres publiées dans kuri, Monumenta III, p. 227-228.
73 Dans l’une des versions de ses Annales, Douaihy rapporte que la délégation comprenait le prêtre Girgis
ls de Maroun, le prêtre Elias ls du hajj Hanna et le diacre Youssef de Karmsaddé. (DouaiHy, Tārīḫ, éd.
Taoutel, p. 301). Or, une autre version mentionne uniquement Girgis ls de Maroun d’Ehden (DouaiHy,
Tārīḫ, éd. Fahd, p. 462). Il ajoute, dans son Apologie, que la délégation comprenait également treize
enfants destinés à être scolarisés au Collège maronite de Rome (DouaiHy, Kitāb al-šarḥ, p. 311). Après
consultation des registres du Collège, il s’est avéré que les treize enfants en question avaient été envoyés
en 1603 et non en 1609. Voir GeMayel, Les échanges culturels, vol. I, p. 99-100.
74 Il s’agit de Gaspard Gharib ou Hajj (Peregrinus en latin) de Chypre. Il faisait partie de la première
promotion envoyée à Rome pour les études en 1579, en compagnie de J.B. Eliano. Voir GeMayel, Les
échanges culturels, vol. I, p. 24.
75 DouaiHy, Kitāb al-šarḥ, p. 311.
76 Youssef Sayfa appartient aux Sayfa, gouverneurs du Aakkar. Devenu gouverneur de Tripoli à partir de
1579, il fut le grand ennemi de l’émir Fakhreddine Maan contre lequel il se bat pour gouverner les régions
Le Psautier syriaque-garchouni édité à Qozhaya en 1610 521
à se réfugier dans le Chouf sous la protection de l’Emir Fakhreddine. Lors de son
passage par le village de Brisat, le patriarche frappa d’excommunication Youssef
Khater, mais, cédant aux supplications des habitants, il détourna son excommunication
vers une grande citadelle surplombant la localité de Hadath, « qui se fendit alors sur-
le-champ, et que l’on appelle toujours la citadelle excommuniée »77. Dans le Chouf,
le patriarche reçut, en don de l’Emir Fakhreddine, le village de Mejdel Méouche. Il
y séjourna quelque temps et y t édier une église avant d’effectuer son pèlerinage
en Terre Sainte78. Aussitôt rentré à Qannoubin, il leva l’excommunication prononcée
en 1600, par le patriarche Youssef Rizzi, contre les évêques, qu’il avait délogés du
monastère de Qozhaya79, leur permettant ainsi d’y retourner, de le reconstruire et
d’y loger80.
Les sources divergent quant à savoir qui est rentré de Rome avec la lettre de
conrmation, Gaspard, Girgis81, ou les deux en même temps comme le suggère
Douaihy dans son Apologie,il considère qu’en 1610, les deux émissaires rentrèrent
au Mont-Liban, l’un avec la lettre de conrmation, l’autre avec le pallium82. Le pape
envoya également une lettre, datée du 10 mars 1610, au patriarche Makhlouf dans
laquelle il lui demande d’abolir les coutumes introduites par son prédécesseur83,
ainsi qu’une autre en réponse à l’évêque Girgis Amira, datée du 22 juin 161084. Le
25 septembre 1610, le pape écrivit au patriarche maronite l’autorisant à soutenir
l’Emir Fakhreddine Maan85.
qui s’étendent entre Tripoli et Beyrouth. Il décède en 1625.
77 DouaiHy, Tārīḫ, éd. Fahd, p. 462 ; DouaiHy, Tārīḫ, éd. Taoutel, p. 301.
78 Ibid.
79 DouaiHy, Tārīḫ, éd. Taoutel, p. 295. Pour l’histoire de ces évêques et de leur révolte contre les patriarches
Rizzi, voir kuri, Monumenta I, p. 73-75 et 101.
80 DouaiHy, Tārīḫ, éd. Fahd, p. 462 (note) ; DouaiHy, Tārīḫ, éd. Taoutel, p. 301 (note). Les éditeurs tiennent
cette information d’un manuscrit des Annales qu’ils appellent « brouillon ».
81 DouaiHy, Tārīḫ, éd. Fahd, p. 463 ; DouaiHy, Tārīḫ, éd. Taoutel, p. 301-302.
82 DouaiHy, Kitāb al-šarḥ, p. 311. Cette information est également fournie par Taoutel dans son édition des
Annales d’après le « brouillon » susmentionné (DouaiHy, Tārīḫ, éd. Taoutel, p. 302, note).
83 anaiSSi, Bullarium, p. 119-121. La date y gure comme suit : 6 id., Marti, alors que pour Douaihy, c’est
le 8 mars 1610. DouaiHy, Kitāb al-šarḥ, p. 311 ; DouaiHy, Tārīḫ, éd. Taoutel, p. 302 ; DouaiHy, Tārīḫ, éd.
Fahd, p. 463.
84 anaiSSi, Bullarium, p. 122. La date y est mentionnée de la manière suivante : 10 Kal Julii. Girgis Amira
a joué un rôle important dans l’histoire de l’Eglise maronite au xvie siècle. Entré au Collège maronite de
Rome en 1583, alors âgé de 15 ans, il est ordonné évêque en 1596 et élu patriarche en 1634. Il le restera
jusqu’à sa mort en 1644. Amira a contribué à l’édition de l’Ofce maronite en 1594 et publié, en 1596, un
livre sur la langue syriaque. Son épiscopat est caractérisé par une correspondance nombreuse et variée avec
les responsables romains, comme par ses relations avec l’Emir Fakhreddine Maan. Au cours de son mandat
de patriarche, il chercha à introduire chez les Maronites des coutumes latines. Sur sa personnalité et son
œuvre, voir GeMayel, Les échanges culturels, vol. I, p. 97 et vol. II, p. 343-348, 459-464 ; FaHD, Baṭārikat
al-qarn al-sābi ašar, p. 91-106.
85 anaiSSi, Bullarium, p. 123-124. La date y gure comme suit : 7 Kal. Octobris.
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Mélanges de l’Université Saint-Joseph 63 (2010-2011)
Telle était, brièvement, la situation de la communauté maronite à la veille de
l’édition du Psautier de Qozhaya. Elle ne nous permet pas pour autant de conclure
si Sarkis Rizzi est rentré au Mont-Liban ou non. Douaihy soutient que le pape a
demandé à Sarkis de rester à Rome pour s’occuper de l’impression des livres et des
affaires de la communauté, et cela durant la première délégation de 1606-1609. Ses
compagnons seraient donc rentrés sans lui au Mont-Liban86. Mais la plupart des
historiens rejettent cette thèse87 et Rajji suggère qu’il serait rentré au Mont-Liban
avec la deuxième délégation, en 161088.
Quoique la date du départ dénitif de Sarkis pour Rome soit inconnue, les archives
épistolaires révèlent qu’il y est déjà actif en 162189, où il s’occupe de plusieurs projets
dont l’édition du bréviaire maronite en 162490, l’imprimatur de la grammaire du
syriaque d’Ecchellensis en 162891, l’imprimatur de l’ouvrage d’Obizino en 163692,
ainsi que l’édition de la Bible arabe93, projet qui ne voit pas le jour avant 167194.
Décédé à l’âge de 66 ans, il est enterré à Rome en juin 163895.
86 Voir DouaiHy, Kitāb al-šarḥ, p. 310 ; relayé ensuite par cHeikHo Louis (2003), Al-Ṭā’ifa al-mārūnīyya
wa-l-ruhbānīyya al-yasūīyya bayn al-qarnayn al-sādis ašar wa-l-sābi ašar, 2e éd., Dar al-Machriq,
Beyrouth, p. 120 ; DeBS Youssef (1987), Al-Ğami al-mufaṣṣal fī tārīḫ al-mawārina al-mu’aṣṣal, 4e éd.,
Dar Lahed Khater, Beyrouth, p. 239.
87 naSrallaH, L’imprimerie au Liban, p. 9 ; GeMayel, Les échanges culturels, vol. I, p. 368 ; aGGoula Basile
(2008), « Mazāmīr Qozḥayyā wa-awwal maṭbaa fī al-šarq al-awsaṭ », in Mélanges offerts au P. Abbé Paul
Naaman (Coll. Institut d’Histoire, 14) PUSEK, Kaslik, p. 160.
88 rajji, « Sifr al-mazāmīr », p. 348, fournit une date précise pour le retour, à savoir le 10 mars 1610, mais
sans aucune référence.
89 Lettre du supérieur général des Jésuites au patriarche des Maronites en date du 29 août 1621, kuri,
Monumenta III, p. 315-316.
90 Ofcium simplex septem dierum hebdomadae ad usum ecclesiae maronitarum…, in Collegio Maronitarum,
Excudebat Stephanus Paulinus, Rome, 1624.
91 eccHellenSiS Abraham (1628), Collegii maronitarum alumni linguae syriacae sive chaldaicae perbrevis
institutio ad eiusdem nationis studiosos adolescentes, Typ. Sac. Congregatio de Propaganda Fide, Rome.
L’imprimatur latin de Rizzi occupe un paragraphe. Il est détaillé ensuite dans une lettre, en garchouni,
adressée au peuple maronite l’enjoignant de proter de cette grammaire. Cette lettre est datée de 1626
(deux ans avant la n de l’impression du livre). Sarkis se présente comme suit « moi l’humble ermite Sarkis
de la famille bayt al-Riz […] métropolite de Damas […] »
92 oBizino Tomaso (1636), Thesaurus Arabico-Syro-Latinus, Sac. Congregationis de Propag. Fide, Rome.
93 Sur le rôle de Rizzi dans cette affaire et ses préoccupations durant son séjour romain, voir Della viDa
Giorgio Levi (1939), Ricerche sulla formazione del più antico fondo dei manoscritti orientali della
biblioteca vaticana, (Studi e Testi, 92) Biblioteca apostolica vaticana, Cité du Vatican, p. 362-366.
94 Biblia Sacra Arabica Sacrae Congregationis de Propaganda Fide jussu edita, ad usum Ecclesiarum
Orientalium ; additis e regione Bibliis Latinis Vulgatis..., Typis ejusdem Sacrae Congregat. de Propaganda
Fide, Rome, 1671. Voir GeMayel, Les échanges culturels, vol. I, p. 98, 376-374, 473-474 ; FaHD, Baṭārikat
al-qarn al-sābi ašar, p. 237-338.
95 DouaiHy, Tārīḫ, éd. Taoutel, p. 338. Pour plus d’informations sur la vie et l’œuvre de Sarkis, voir DouaiHy,
Tārīḫ, éd. Fahd, p. 520 ; kuri, Monumenta III, p. 354-355 ; GeMayel, Les échanges culturels, vol. I, p. 367-
374 (biographie), p. 473-474 (œuvres).
Le Psautier syriaque-garchouni édité à Qozhaya en 1610 523
2.3 La diffusion du livre de Qozhaya
Nous n’avons aucun renseignement sur le nombre d’exemplaires qui ont été imprimés,
ni sur les lieux où ils auraient été exportés. Mais on ne peut que constater, non sans
étonnement d’ailleurs, que la plupart des Maronites du xviie siècle et du début du xviiie
ne font pas état de cette édition. Il en va de même pour les voyageurs de l’époque96.
Par ailleurs, le patriarche Etienne Douaihy (m. 1704) ne la mentionne jamais dans ses
écrits sur la communauté maronite. De même, Gabriel Sionita considère son propre
livre comme étant la première édition syriaque des Psaumes (édition de 1625 en
syriaque et en latin)97. De son côté, Fauste Nairon ignore complètement ce livre dans
son introduction à l’Évangile (édition de 1703 en syriaque et en garchouni)98. Cela
s’applique également aux Assemani qui ignorent cette édition même s’ils estiment,
comme nous l’avons déjà signalé, que les Psaumes ont déjà été édités en 158599.
Abraham Ecchellensis, quant à lui, mentionne une édition des Psaumes réalisée par
l’évêque Sarkis Rizzi, mais il n’en indique pas pour autant la date100.
Une note gurant dans l’exemplaire conservé à la bibliothèque de Nuremberg
conrme que ce livre fut réellement édité en 1610. En effet, on peut lire, dans la
marge de la dernière page du livre, que l’exemplaire a été acheté, par le chercheur
allemand Tobias Adami, de l’évêque d’Ehden, à deux piastres, au cours de son
voyage en Orient, à l’occasion de son passage au Mont-Liban en 1611101.
La plus ancienne mention de l’édition de Qozhaya apparaît chez Le Long, en
1709. Celui-ci signale qu’elle est préfacée par une lettre de l’évêque de Damas,
Sarkis Rizzi, et imprimée par les soins du diacre Youssef Amimeh au monastère
Saint-Antoine-et-Saint-Jean-l’Evangéliste au Mont-Liban, en 1610102. L’édition
96 naSrallaH, L’imprimerie au Liban, p. 2, en dresse une liste.
97 À la première page de son adresse au lecteur, Sionita écrit : Haec enim prima est editio Syriaca quae tum
ad germanum Psalmorum sensum assequendum, tum ad Vulgatam plurimis in locis tuendam maximopere
confert (Sionita Gabriel [1625], Liber Psalmorum Davidis Regis et Prophetae ex idiomate Syro in Latinum
translates, Frédéric Morel, Paris, p. 5. La pagination est nôtre, à défaut de pagination dans le livre).
98 naironuS Faustus (1703), Sacrosancta Jesu Christi Evangelia jussu sacræ congregationis de Propaganda
de a usum Ecclesiæ nationis maronitarum edita, Typis Sacrae Congreg. de Propag. Fide, Rome, p. 2 et 10
de l’introduction latine (pagination personnelle, à défaut de pagination dans le livre).
99 aSSeManuS S. E., Bibliothecae Mediceae, p. 72 ; Assemani S., Catalogo de’ codici, p. 8.
100 eccHellenSiS, Hebedjesu, p. 117.
101 In memoriam itineris Syraici Psalterium hoc Arabico (Syrum rajoutée au dessus) Chaldaicum excusum in
monte Libano a fratribus Maronitis comparavi ibidem locor (um) ab Archiepiscopo Edeniensi 2 piaster.
Tob. Adami. Voir aussi BaBinGer Franz (1925), « Ein vergessener maronitischer Psalterdruck auf der
Nürnberger Stadbücherei », Zeitschrift für die Alttestamentliche Wissenschaft 43, p. 275, qui conrme que
le passage de Tobias Adami (m. 1643) par le Mont-Liban eut lieu au cours de l’année 1611.
102 Le Long critique Sionita qui prétend que son livre est la première édition du Psautier en syriaque (le lonG
Jacques [1709], Bibliotheca sacra seu syllabus omnium ferme sacrae scripturae editionum ac versionum,
pars prima, apud Andream Pralard, Paris, p. 161) et décrit l’édition de Qozhaya à la p. 160 : Psalmi Davidis
Joseph Moukarzel
524
Mélanges de l’Université Saint-Joseph 63 (2010-2011)
est également mentionnée par Allatius en 1711103. Dans son livre sur les Psaumes,
imprimé en 1778-1779, Döderlein104 fait des observations linguistiques au sujet de
certains termes syriaques et arabes utilisés dans l’édition de Qozhaya105. Döderlein
sera cité plus tard par Masch106, dans sa nouvelle édition de l’ouvrage de Le Long,
entre 1778 et 1790, puis par Eichhorn en 1787107 et Rosenmuller en 1799108.
En 1811, Schnurrer109 cite l’édition de 1610 du livre de Qozhaya et rejette celle
de 1585, ce que feront d’ailleurs plus tard Zenker110 dans sa Bibliothèque orientale
en 1846, et Darlow et Moule dans leur catalogue, sous les numéros 8956 pour le
syriaque111 et 1741 pour le garchouni112.
En 1876, Lagarde113 édite la version arabe des Psaumes en vue de la comparer
avec d’autres versions. Barnes114 s’y réfère en 1904. En 1924, Ghaleb115 copie le
colophon du livre dans son article sur Girgis Amira et, en 1925, Babinger116 consacre
une page à la description de l’exemplaire conservé à la bibliothèque de Nuremberg.
cum Canticis veteris et novi Testamenti Syriace et Arabice, sed charactere Syriaco minori (qui scribendi
modus vulgo Kerschouni appellatur). Praemittitur Epistola Sergii Risii Archiepiscopi Damasceni, in fol.
Liber excusus in monte Libano in Monasterio S. Antonii et S. Joannis Evangelistae per Josephum F.
Amima Diaconum anno Domini 1610.
103 allatiuS Leo (1711), Apes Urbanae, sive de viris illustribus, apud Christiani Liebezeit, Hambourg, p. 332,
parlant de Sarkis Rizzi.
104 DöDerlein Johann Christoph (1778), « Von Arabischen Psaltern », Repertorium für Biblische und
Morgenländische Literatur 2, p. 158-161. Il corrige l’expression in Monasterio S. Antonii et S. Joannis
Evangelistae, utilisée par Le Long qui commet une lecture erronée du mot  (Qozhaya) en le comprenant
dans le sens de  (saint Jean).
105 DöDerlein, « Von Arabischen Psaltern », p. 163-175. L’auteur utilise, pour son étude, l’exemplaire du
Psautier qui se trouve à la bibliothèque de Nuremberg.
106 MaScH, Bibliotheca sacra, p. 67 et 121-122.
107 eicHHorn Johann Gottfried (1787), Einleitung ins Alte Testament, vol. I, Weidmanns Erben und Reich,
Leipzig, p. 525-528.
108 roSenMuller, Handbuch, p. 22-23.
109 ScHnurrer, Bibliotheca Arabica, p. 351-354. L’auteur mentionne deux exemplaires de l’édition de
Qozhaya, un à la Bibliothèque de Nuremberg et l’autre se trouvant dans la bibliothèque privée d’un de ses
amis du nom de Bruns. Il attire l’attention, de même, sur le fait que la ville italienne de Camerino, dont
Pasquale, l’imprimeur de Qozhaya, est originaire, est connue pour ses excellents imprimeurs.
110 zenker Julius Theodor (1846), Bibliotheca Orientalis. Manuel de bibliographie orientale, vol. I, Guillaume
Engelmann, Leipzig, p. 185.
111 DarloW Thomas Herbert et Moule Horace Frederick (1911), Historical Catalogue of the Printed Editions
of Holy Scripture in the Library of the British and Foreign Bible Society, vol. II : Polyglots and Languages
other than English, Part III : Ora to Zulu, Bible House, Londres, p. 1532.
112 DarloW et Moule, Historical Catalogue, vol. II, Part I : Polyglots and Acawoio to Grebo, p. 79.
113 laGarDe Paulus de (1876), Psalterium Iob Proverbia Arabice, Akad. Druckerei, Göttingen.
114 BarneS W. Emery (1904), The Peshitta Psalter According to the West Syrian Text, Cambridge University
Press, Cambridge, p. 27.
115 GHaleB, « Nawābiġ al-madrasa », p. 501-502.
116 BaBinGer, « Ein vergessener maronitischer Psalterdruck », p. 275-276.
Le Psautier syriaque-garchouni édité à Qozhaya en 1610 525
En 1934, Rajji117 expose, dans un article, les caractéristiques de l’édition de Qozhaya
et la compare à celle de Lagarde. Graf118 la mentionne également en 1944, dans
ses Geschichte, et Nasrallah119 en fait le descriptif, en 1949, dans son Histoire de
l’imprimerie en Orient. Aggoula, lui, consacre plus d’un article120 à décrire cette
édition et à en montrer les caractéristiques. Enn, en 2001, Walbiner121 la décrit dans
son ouvrage sur les livres orientaux.
Seul un petit nombre de bibliothèques conserve actuellement des exemplaires de
ce livre. Citons les bibliothèques de Nuremberg122 et de Wolfenbüttel123 en Allemagne,
la Bibliothèque Nationale de France124 et la bibliothèque Sainte-Geneviève à Paris125,
117 rajji, « Sifr al-mazāmīr », p. 344-357.
118 GraF Georg (1944-1953), Geschichte der christlichen arabischen Literatur, 5 vol., (Studi e Testi, 118,
133, 146, 147, 172), Biblioteca apostolica vaticana, Cité du Vatican, vol. II, p. 121 et 123.
119 naSrallaH, L’imprimerie au Liban, p. 3-8.
120 aGGoula, « Le livre libanais », p. 297-300 ; id., « Mazāmīr Qozḥayyā ».
121 WalBiner Casten (2001), « Psalms of the King and Prophet David », in The Beginnings of Printing in the
Near and Middle East : Jews, Christians and Muslims, éd. par Lehrstuhl für Türkische Sprache, Geschichte
und Kultur, Universität Bamberg, Staatsbibliothek Bamberg, Harrassowitz Verlag, Wiesbaden, p. 22.
122 Staatsbibliothek Nürnberg, sous la cote Solg. Ms. 21. 2. Cet exemplaire est mentionné en premier chez
SolGer Adam Rudolph (1760-1762), Bibliotheca, sive Supellex librorum impressorum in omni genere
scientiarum maximam partem rarissimorum et codicum manuscriptorum…, 3 vol., Sumtibus ofcinae
Ioannis Andreae Endteri, Nuremberg, vol. I, p. 214 ; comme chez laGarDe, Psalterium, p. iii. Voir aussi
BaBinGer, « Ein vergessener maronitischer Psalterdruck », et WalBiner « Psalms ». Il est en très bon état
de conservation.
123 Herzog August Bibliothek, Wolfenbüttel, sous la cote Bibel-S. 4º 227. Cette copie est mentionnée par
laGarDe, Psalterium, p. iii. Dans son ouvrage sur l’imprimerie, Cotton signale qu’il existe un exemplaire
de l’édition de Qozhaya à la bibliothèque de la ville de Nuremberg, et un autre dans celle de la ville de
Helmstedt (autrefois Halmstädt), sans oublier de mentionner ce qu’écrit Schnurrer au sujet de l’exemplaire
de son ami Bruns (cotton Henry [1831], A Typographical Gazetteer, University Press, Oxford, p. 144).
Dans une lettre datée du 9 août 2010, Carsten Walbiner nous a appris que Jacob Bruns (1743-1814), ami
de Schnurrer, fut le dernier directeur de la bibliothèque de Helmstedt avant la fermeture de l’université en
raison des guerres de Napoléon Bonaparte. Par conséquent, il se peut que la copie de Bruns soit la même que
celle dont parle Cotton et qu’il localise à la bibliothèque de Helmstedt. Et Walbiner d’ajouter qu’un grand
nombre d’ouvrages de la bibliothèque de Helmstedt fut transféré, après sa fermeture, à la bibliothèque de
Wolfenbüttel. On peut donc en déduire que le même exemplaire aurait été localisé, à différents moments,
dans trois endroits différents. Nous n’avons pas d’informations sur son état de conservation.
124 Bibliothèque Nationale de France, Paris, sous la cote A-495. Il est en très bon état de conservation.
L’estampage qui se trouve à la dernière page remonte au xviie siècle.
125 Bibliothèque Sainte-Geneviève, Paris, sous la cote Fol A58, Inv 62 Res. Il est en très bon état de
conservation. L’ex-libris du livre appartient à la première moitié du xviie siècle. D’après Yannick Nexon,
le conservateur général de la bibliothèque, il est fort probable que ce soit le P. Jean Fronteau († 1662),
bibliothécaire à partir de 1648, qui ait acquis ce livre parmi tant d’autres dans le domaine des langues
orientales.
Joseph Moukarzel
526
Mélanges de l’Université Saint-Joseph 63 (2010-2011)
la Bibliothèque Orientale de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth126, ainsi que la
Bibliothèque Centrale de l’Université Saint-Esprit de Kaslik à Jounieh, au Liban127.
DeuxièMe Partie : étuDe coDicoloGiQue
3. Histoire du texte
3.1 Les manuscrits utilisés par les éditeurs
Les éditeurs ne disent pratiquement rien sur les manuscrits utilisés pour l’édition du
Psautier de Qozhaya, que ce soit pour le texte syriaque ou pour le texte garchouni.
Par conséquent, la question de l’identité du manuscrit d’origine des textes syriaque et
garchouni reste en suspens dans l’attente d’études spécialisées portant sur l’identité
du texte, son ancienneté et la fréquence de son utilisation chez les Maronites.
Toutefois, nous pensons volontiers que le texte syriaque se réfère à la traduction
dite « Peshitta », c’est-à-dire, simple. Dans sa tentative de comparaison du texte de
Qozhaya avec celui de la traduction Peshitta, Rajji conclut à l’existence de certains
termes corrigés dans la copie de Qozhaya. Il trouve également que l’édition de
Qozhaya se distingue des autres éditions des psaumes en 140 endroits, dont 80
dans les deux colonnes, syriaque et garchounie, à la fois ; dans 60 endroits, le texte
syriaque de Qozhaya est unique, alors que le texte garchouni est semblable à ceux
des autres éditions128.
3.2 Les caractères utilisés pour l’impression
L’origine des caractères utilisés pour l’impression du livre de Qozhaya soulève la
même énigme. Nasrallah s’est déjà demandé si le légat apostolique Jean-Baptiste
126 Sous la cote USJ-BO, 26C2. rajji, « Sifr al-mazāmīr », se sert de cet exemplaire dont il dit qu’il est amputé
du début et de la n et qu’il a perdu quelques pages (5-10, 15-16, 23-26, 117-118, 123-124, 163-166, 171-
172). cHeikHo, Tārīḫ, p. 29 (paru d’abord dans la revue Al-Machriq, en 1900, puis en tiré à part), avait déjà
mentionné que l’exemplaire dont il disposait appartenait à Moussa Sfeir. Nous ignorons si l’exemplaire de
Cheikho est le même que celui de la Bibliothèque Orientale de l’USJ. On ne peut que constater de visu que
l’exemplaire en question est acéphale, mutilé à plusieurs endroits et amputé de la n. La reliure est refaite
au début du xxe siècle ; la couture n’est pas originale et le papier est dégradé.
127 Sous la cote USEK, Pat 291. C’est sur cet exemplaire en particulier que se fonde notre étude codicologique
et dont sont extraits les passages reproduits en annexe. Son état de conservation est moyen. Un projet de
réédition de ce livre en facsimilé est prévu pour n 2012 par le Centre Phoenix des Études Libanaises
de l’USEK. Une note de lecteur, inscrite en garchouni à la p. 83, et en syriaque à la p. 91, atteste que cet
exemplaire appartenait à « Youssef ibn Wehbeh le curé de Ghosta ».
128 rajji, « Sifr al-mazāmīr », p. 352-357.
Le Psautier syriaque-garchouni édité à Qozhaya en 1610 527
Eliano n’avait pas légué son imprimerie129 aux Maronites peu avant sa mort en 1589130.
Une telle hypothèse est difcile à soutenir, sachant que les études, qui traitent de
l’histoire de l’imprimerie, n’attribuent aucune imprimerie privée au légat Eliano131.
De surcroît, dans son étude approfondie de l’histoire des caractères syriaques en
imprimerie, Coakley conclut franchement que les caractères utilisés dans le livre de
Qozhaya, les grands (pour le syriaque) et les petits (pour le garchouni), n’ont pas de
pareils dans l’histoire de l’imprimerie. Tout en constatant la présence de certaines
irrégularités au niveau de la mise en page, l’auteur insiste sur la qualité du travail, le
professionnalisme dans la fonte des caractères, l’homogénéité dans l’allure des uns
et la singularité des autres132.
3.3 Remarques linguistiques
Il n’entre pas dans le cadre de cet article de fournir une étude linguistique de la langue
syriaque utilisée dans le livre, de la typographie syriaque, ou encore de l’histoire du
texte de la Peshitta ou de sa correspondance avec le texte syriaque imprimé. Le texte
arabe devrait également bénécier d’une étude spécique pour évaluer sa délité
au texte syriaque et la tradition manuscrite à laquelle il pourrait appartenir. Il nous
paraît cependant nécessaire de présenter quelques remarques sur le garchouni utilisé
pour l’écriture de l’arabe, sachant que les caractéristiques du garchouni relèvent de
l’histoire de la typographie et fournissent des informations sur la pratique de ce
système chez les Maronites de l’époque.
3.4 Le garchouni
Le garchouni du livre de Qozhaya arbore plusieurs caractéristiques de ce qui est
appelé le « garchouni des Maronites » de cette époque-là :
L’utilisation de la lettre ṭeṭ () avec un point à l’intérieur pour marquer les deux
lettres ḍād () et ẓā’ () arabes.
Le gomāl syriaque () est utilisé pour le ġayn () arabe, alors que le gomāl avec
un point à l’intérieur () est utilisé pour le ğīm () arabe.
129 Il attribue à Eliano la fondation d’une imprimerie dite Lutcha. naSrallaH, L’imprimerie au Liban, p. 6.
130 naSrallaH, L’imprimerie au Liban, p. 6.
131 Voir vervliet Hendrik D.L. (1981), Cyrillic and Oriental Typography in Rome at the End of the Sixteenth
Century : An Inquiry into the Later Work of Robert Granjon (1578-90), Poltroon Press, Berkeley, p. 17-19,
qui mentionne qu’Eliano a imprimé ses livres à l’imprimerie romaine que dirigeait Domenico Bassa et
dont les caractères ont été fondus par le Français Robert Granjon.
132 Voir coakley, The Typography of Syriac, p. 45-48.
Joseph Moukarzel
528
Mélanges de l’Université Saint-Joseph 63 (2010-2011)
Le dolaṯ syriaque () est utilisé pour les deux lettres arabes dāl () et ḏāl (), sans
distinction.
Le tāw syriaque () est utilisé pour les deux lettres arabes tā’ () et ṯā’ (), sans
distinction.
Le kof syriaque () est utilisé pour les deux lettres arabes kāf () et ḫā’ (),
sans distinction.
L’utilisation de la marque de gémination chadda, toujours accompagnée de la
vocalisation fatḥa () même au génitif.
L’utilisation du tā’ marbūṭa (
).
L’utilisation de la double vocalisation (tanwīn ً), seulement à l’accusatif
(fatḥatayn).
L’abondance dans l’utilisation du signe de vocalisation fatḥa ( ). Le signe kasra
(ِ) est rarement utilisé.
L’utilisation d’un yūd au lieu de la hamza : () au lieu de (ـئ).
L’utilisation d’un yūd au lieu d’alef maqṣūra :  et .
4. La codicologie
4.1 La couverture et la reliure
La reliure est faite sur bois. L’épaisseur du bois avec la reliure varie entre 5 et
10 mm. La reliure a été faite localement, à l’ancienne, en peau de veau, de couleur
brune et, apparemment, avec des trous d’origine qui laissent apparaître le bois133. Les
trancheles sont de type oriental.
4.2 Les cahiers
Les cahiers sont formés de binions (4 f.). À la suite des pages de garde dont le nombre
diffère d’un exemplaire à l’autre134, le premier cahier, non numéroté, contient les
premières huit pages non numérotées elles aussi. Les autres cahiers sont numérotés ;
ils sont au nombre de 31 binions, en plus d’un cahier hétérogène, le numéro 6. Les
pages de garde, à la n du livre, forment un bifeuillet dont la dernière page est collée
au dos de l’ais.
133 Dans l’exemplaire de la bibliothèque Sainte-Genevière (Paris), la reliure est teinte en noir.
134 En incluant les pages collées, on peut en compter 12 (VI au début + VI à la n) dans l’exemplaire de
Nuremberg, 8 (VI + II) dans celui de Sainte-Geneviève, 8 (IV + IV) dans celui de la BnF. Les copies de
Kaslik et celles de la Bibliothèque Orientale sont mutilées à cet endroit-là.
Le Psautier syriaque-garchouni édité à Qozhaya en 1610 529
Le cahier numéro 6 est composé de six folios, dont deux enveloppant deux paires
de deux folios chacun. On obtient ainsi la combinaison suivante : le premier folio de
A, les deux folios de B cousus au milieu, les deux folios de C cousus au milieu, puis,
à la n, le second folio de A.
4.3 La marque des cahiers
La marque des cahiers est bien claire au début de chaque cahier, placée en bas, dans
le cadre de l’écriture, en lettres syriaques et sans ornements. On note l’originalité du
positionnement de la lettre du même cahier, suivie de deux points, en bas du recto
du folio qui subit la couture. Pour le cahier numéro 6 déjà mentionné, il y a trois
marques : une pour le cahier en général et deux autres pour les coutures, au recto des
premiers folios des ensembles B et C135.
4.4 Les pages
Hormis les pages de garde, le livre compte 268 pages (les 8 premières étant sans
numéros + 260 numérotées), numérotées en lettres syriaques. Les en-têtes des pages
paires portent, en rouge, l’expression syriaque « livre des psaumes » ()136,
dont les mots sont séparés par le signe (). Les en-têtes des pages impaires présentent
les mêmes signes entourant le mot psaume en syriaque () ainsi que son numéro.
Quant aux numéros des pages, ils gurent au haut des pages, dans la marge extérieure
pour les pages impaires et dans la marge interne pour les pages paires137. Les numéros
des psaumes gurent en rouge dans les deux colonnes, syriaque et garchounie 138. La
réclame est placée à la n de la colonne garchounie de chaque page.
Les dimensions de la page sont inégales : la hauteur varie entre 295 et 310 mm
selon les exemplaires et parfois à l’intérieur d’une même copie, et la largeur entre
190 et 205 mm. La justication est tracée avec une moyenne de 253 x 158 mm. La
disposition du texte est déréglée par rapport aux pages, entraînant une irrégularité
des marges (tête, queue, couture et gouttière).
135 Respectivement un wāw () sans point, (.) avec un seul point et () avec deux points.
136 La présence de la marque du pluriel (siomé) est pratiquement absente dans le mot « psaumes ».
137 La numérotation des pages commence là où commencent les psaumes.
138 À l’exception du numéro du psaume 150, lequel n’est pas rubriqué en rouge.
Joseph Moukarzel
530
Mélanges de l’Université Saint-Joseph 63 (2010-2011)
Les ls de chaînette ou pontuseaux sont au nombre de 6 ou 7 (avec un intervalle de
30 mm), selon la largeur de la page. L’espace occupé par 20 vergeurs est de 27 mm.
4.5 Le ligrane
Le ligrane est vertical, appliqué sur un seul pontuseau. Le motif représente « l’ancre
dans un cercle » ; la tige et les deux bras sont dessinés d’un simple trait ; il est coiffé
d’une feuille de trèe. D’après Briquet, ce motif est essentiellement italien, le premier
spécimen datant de 1563139. Le ligrane de Qozhaya n’est pas répertorié dans le
catalogue de Briquet, bien qu’il soit proche de certains des motifs reproduits140.
4.6 Les contremarques
Le livre de Qozhaya présente plusieurs types de contremarques, comme si l’acheteur
du papier avait dû collecter des restes auprès de plusieurs fournisseurs de la même
région ou ayant la même marque de papier.
139 BriQuet Charles Moïse (1923), Les ligranes. Dictionnaire historique des marques du papier dès leur
apparition vers 1282 jusqu’en 1600, I : A-Ch, 2e éd., Verlag von Karl W. Hiersemann, Leipzig, p. 40-41.
140 Les plus proches sont les n° 567 (Mantoue, année 1588), 568 (Vérone, 1591-1593) et 569 (Vérone, 1595).
BriQuet, Les ligranes, p. 44.
Le Psautier syriaque-garchouni édité à Qozhaya en 1610 531
troiSièMe Partie : contenu Du livre
Le livre peut être divisé en trois sections : les préfaces et les textes à caractère
historique, les psaumes et, enn, le psaume 151 et les cantiques gurant en annexe.
5. Les préfaces et les textes à caractère historique
5.1 La première page141
Deux cadres entourent le contenu qui se compose de cinq éléments :
5.1.1 Invocation et titre syriaque du livre142
La phrase est rubriquée en rouge143 :
Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, seul vrai Dieu, tout-puissant, à Lui
louanges, remerciements, adoration et soumission de tous, pour les siècles. Nous
imprimons le livre des psaumes de David, roi et prophète144.
5.1.2 Titre du livre en garchouni145
La phrase est écrite à l’encre noire146 :
141 Nous avons nous-même numéroté les huit premières pages faute de numérotation dans le livre original.
Voir la reproduction de la première page en annexe, g. 1.
142 Notons l’utilisation de points diacritiques occidentaux ( ،،) et orientaux ( ) .
143 Voir le texte original et la traduction arabe en annexe, texte n° 1.
144 Une traduction arabe se trouve dans aGGoula, « Mazāmīr Qozḥayyā », p. 163.
145 Dans tout le livre, les textes en garchouni présentent beaucoup de lacunes typographiques (absence de
vocalisation, de points diacritiques), syntaxiques et lexicales. C’est pourquoi, nous avons essayé de
transcrire le texte en restant le plus près possible de l’original. Concernant les lettres qui n’ont pas de
correspondant en syriaque, le garchouni utilise un système de double prononciation en jouant sur la
disposition des points au-dessus, au-dessous ou même à l’intérieur des lettres. Pour plus d’informations
sur ce système, voir Moukarzel, « Le garchouni ».
146 Voir le texte original et la transcription arabe en annexe, texte n° 2.
Joseph Moukarzel
532
Mélanges de l’Université Saint-Joseph 63 (2010-2011)
Avec l’aide de Dieu très loué, très haut, à qui toute créature doit toujours louange
et adoration, nous entamons et imprimons le livre des psaumes ou cantiques du roi
et prophète David.
5.1.3 Armoiries de l’évêque Sarkis Rizzi147
Les armoiries portent la signature de Sarkis en latin : Sergius Risius Archiepiscopus
Damascenus, ainsi que les initiales S N (Salus Nostra) au milieu.
5.1.4 Vers en garchouni de part et d’autre des armoiries148
Ces vers expliquent les armoiries de l’évêque Sarkis Rizzi. Leur disposition est
perpendiculaire à l’orientation de la page149 :
Un cèdre au Liban nous élève à tout jamais,
De ses racines, il nous remplit d’un torrent de grâce,
Dans ses bras, un pélican nous abreuve de [son] sang150,
De son sein la vie coule, et il nous garde en vie,
Il a un intercesseur qui, en cas de danger, nous répond si nous l’appelons,
Et du danger, il nous sauve,
Regarde [ô lecteur] mes armoiries et comprends-en les signications,
Qu’il [l’intercesseur] soit ton espérance, l’espérance [qui lie] la mer et le port.
5.1.5 Date du livre en garchouni
Le bas de la page est réservé à une note signalant la date de l’impression151 :
Dans l’ermitage honoré de la vallée sainte de Qozhaya au Mont-Liban béni,
œuvre du maître Pasquale Eli et du misérable Youssef ibn Amimeh de Karmsaddé,
dénommé diacre, en l’an 1610152 du Seigneur153.
147 Notons que les armoiries, tout en adoptant un thème libanais oriental, sont gravées selon le type occidental,
une coutume étrangère à la tradition maronite de l’époque.
148 Les mêmes vers et les armoiries gurent également à la n de l’édition de Qozhaya. Le texte arabe est édité
dans aGGoula, « Mazāmīr Qozḥayyā », p. 163, avec des changements minimes.
149 Voir le texte original et la transcription arabe en annexe, texte n° 3.
150 Le symbolisme du pélican dérive du Physiologus, un ouvrage du iie siècle apr. J.-C., écrit en grec à
Alexandrie. D’après ce livre, le pélican est un oiseau qui « éprouve un amour intense pour ses petits qui,
lorsqu’ils grandissent, frappent leur père ; lorsqu’ils frappent leur père sur la face, celui-ci les tue, puis
il regrette le meurtre de ses petits et il s’attriste ; ensuite, la femelle arrive et perfore son côté droit ; son
sang coule sur ses petits et ils vivent ; ils redeviennent vivants après avoir été morts. » trouPeau Gérard
(1975-1976), « Une version arabe du Physiologus », Parole de l’Orient 6-7, p. 243. Cette légende devient,
à partir du Moyen Âge, le symbole de la Passion du Christ et de l’eucharistie.
151 Voir le texte original et la transcription arabe en annexe, texte n° 4.
152 La date est donnée selon le système dit « lettres-chiffres » ( = a : 1000, s : 600, i : 10) ; voir également la
dernière page du livre. À la p. 3, un autre terme est utilisé pour la même datation ( = a : 1000, t : 400, r :
200, i : 10).
153 La traduction française est donnée également dans naSrallaH, L’imprimerie au Liban, p. 3.
Le Psautier syriaque-garchouni édité à Qozhaya en 1610 533
5.2 La troisième page154
C’est la préface ad lectorem, écrite en garchouni, par Sarkis Rizzi pour expliquer le
but de l’impression du Psautier155 :
L’humble parmi les évêques, Sarkis Rizzi, évêque maronite de Damas [que Dieu]
la protège.
La bénédiction divine et la grâce céleste, qui sont descendues sur les disciples
vertueux de Notre Seigneur, au Saint Cénacle et au Mont des oliviers béni,
descendent, croissent, se multiplient et s’installent chez nos chers bien-aimés frères
les dèles catholiques. Nous informons votre [personne] sincèrement bien-aimée
que le pasteur doit gouverner sa paroisse, lui faire comprendre les matières de la
foi et la faire proter de la parole spirituelle nécessaire à son salut, an que par la
médiation des actes vivants et vécus dans la sincérité de la foi et dans la nourriture
de l’esprit qu’est la parole de Dieu Très-Haut, l’esprit se nourrisse et vive à jamais
avec son Créateur. Mais cela ne se fait que par le biais des livres saints par lesquels
nous comprenons la parole de Notre Seigneur adressée aux saints Pères et aux
vénérables prophètes à qui il a donné ses saintes lois et législations ; [cela se fait
également] par l’enseignement de nos pères les saints apôtres et les saints docteurs
qui s’expriment par l’Esprit Saint et nous expliquent la parole des livres saints
dans le sens catholique clair. Ceux-là, le pasteur doit s’efforcer de les mettre à la
disposition de ses ouailles, comme l’ont toujours fait les saints Pères. Dans ce sens-
là, ils se sont efforcés de vivre : nos oncles, les regrettés patriarches Mikhayil et
Sarkis, et en plus notre frère par l’esprit et le corps, le patriarche Youssef ; an que
leur volonté s’accomplisse et que les églises se remplissent de prêtres et de livres
de l’ofce de Dieu, et que celui qui désire la science et le salut de son âme atteigne
son objectif, nous nous sommes efforcé d’ [accomplir] cela, malgré notre faiblesse,
par la grâce de Dieu et avec son aide. Nous avons commencé l’impression de ce
livre spirituel sacré. Nous avons entrepris [l’impression du livre] parce qu’il est
nécessaire à tous les enfants de la sainte Église et selon le conseil et la volonté de
notre vénérable [et] distingué, frère évêque Girgis Amira, qui s’y était appliqué
avec nous. Notre faiblesse ressentie à cause de la fatigue et des efforts déployés
dans ce livre, nous l’offrons à la gloire de Dieu à qui nous rendons grâce, comme
à la gloire et à l’obéissance de sa sainte Église. De cela, nous informons votre
[personne] bien-aimée pour laquelle nous demandons la bénédiction et la paix du
Seigneur à qui nous rendons grâce, et dont nous sollicitons la miséricorde. Amen.
[Écrit] dans la vallée de Qozhaya, au Mont-Liban béni, en l’an 1610 du Seigneur.
154 La deuxième page est blanche. Voir g. 2 en annexe.
155 La transcription arabe est éditée dans aGGoula, « Mazāmīr Qozḥayyā », p. 164-165, avec, toutefois,
quelques fautes typographiques. Voir le texte original avec la transcription arabe en annexe, texte n° 5.
Joseph Moukarzel
534
Mélanges de l’Université Saint-Joseph 63 (2010-2011)
5.3 Pages cinq, six et sept156
Ces pages sont celles de la table des matières où gurent, à l’encre noire, les incipits
syriaques des 150 psaumes et les titres des cantiques qui les suivent. Les incipits et
les titres sont numérotés en rouge157. On note que dans cette table des matières, il
n’est pas fait mention du psaume 151, ni du cantique des enfants d’Anania. Dans
l’en-tête de ces pages, nous lisons en garchouni : « place et nombre des psaumes ».
5.4 Page huit
Cette page comprend la liste des errata avec leurs corrections. Le texte syriaque
compte 25 errata et le texte garchouni 14.
Un examen plus attentif, permet de déceler d’autres erreurs qui ne gurent pas
dans la liste ; les exemples suivants en sont une illustration :
– Page 32 : le psaume 20 est marqué 21 (en syriaque et en garchouni)
Page 47 : 2 versets font défaut dans le psaume 28 (en syriaque et en garchouni),
mais ils sont mentionnés dans la liste des corrections au début de l’ouvrage.
– Page 207 : le verset 11 du psaume 117 fait défaut (en syriaque et en garchouni).
– Page 199 : le numéro du cahier devrait être () au lieu de ().
– Quelques erreurs dans la numérotation des pages :
Page 24 porte le numéro () au lieu de ().
Page 48 porte le numéro () au lieu de ().
Page 49 porte le numéro () au lieu de ().
• Page 76 porte le numéro () au lieu de ().
Page 129 porte le numéro () au lieu de ().
Page 234 porte le numéro () au lieu de ().
Page 256 porte le numéro () au lieu de (), sauf dans l’exemplaire
de Kaslik où le numéro de page est correct.
Page 257 devrait être numérotée (), alors qu’elle porte le numéro ()
dans les exemplaires de Nuremberg et de Sainte-Genevière et () dans
ceux de la BnF et de Kaslik158.
156 La page 4 est blanche.
157 La personne chargée de repasser à l’encre rouge aurait oublié d’en mettre au 10, comme à tous les
numéros gurant à la dernière page (133-150).
158 Cette différence entre les exemplaires pourrait s’expliquer par une intervention de l’imprimeur au cours du
travail.
Le Psautier syriaque-garchouni édité à Qozhaya en 1610 535
5.5 Permis de l’évêque Girgis Amira
À la n de la page 258, et au terme des 150 psaumes, nous trouvons l’imprimatur de
l’évêque Girgis Amira, qui était l’adjoint du patriarche Jean Makhlouf, en caractères
garchounis159 :
Moi, humble parmi les évêques, l’évêque Girgis ibn Amira d’Ehden, j’ai regardé et
lu ces psaumes et n’y ai trouvé rien de contraire à la foi orthodoxe, mais prot pour
le salut de l’âme de celui qui les lit.
5.6 Le colophon, en garchouni
Le colophon du livre, écrit en garchouni, occupe les deux dernières (p. 259-260). Il
rend hommage à tous ceux qui ont contribué à la réussite de cette entreprise160 :
Est accompli avec l’aide du Très-Haut ce livre béni qui est le livre des saints
psaumes, des cantiques de Moïse et d’Isaïe, les prophètes vénérables, de la louange
de notre Mère et Dame, Sainte Marie mère de Dieu, et de la prière de notre père saint
Éphrem le syrien. Il est achevé en l’an 1610 de Notre Dieu, Seigneur et Sauveur
Jésus-Christ, au dixième jour du mois béni de novembre, par les soins du maître
Pasquale Eli de la ville de Camerino ; par mes soins, moi l’humble et faible Youssef
au nom de diacre, ls de feu prêtre Daoud, de la famille Amimeh du village de
Karmsaddé et par les soins du prêtre Elias ls de feu hajj Youhanna, ls de Boulos,
du village d’Ehden, et du diacre Youssef ls de Younan, lesquels travaillaient avec
nous à ce livre. Mais celui qui s’est chargé de ce livre et d’autres, c’est mon oncle
maternel le révérend père l’évêque Sarkis Rizzi, évêque de Damas, [que Dieu] la
protège. Il s’est appliqué et a porté cette lourde charge. Il s’est endetté pour pouvoir
accomplir ce travail an de faire quelque chose de bien pour le service de la sainte
Église et de la foi orthodoxe, une, catholique et apostolique, et pour les âmes de
ceux qui demandent le salut et que les livres de la sainte Église soient exempts de
toute faute. [Il a accompli ce travail] an que quiconque lise ce livre, ou un autre
semblable, demande miséricorde, en souvenir du bien et de la bénédiction, pour ses
regrettés pères et oncles d’heureuse mémoire, à savoir le patriarche Mar Mikhayil,
le patriarche Mar Sarkis et surtout son frère le père regretté, mon oncle maternel,
le patriarche Mar Youssef qui avait l’intention de [ce projet], an qu’il purie sa
communauté et sa paroisse de toute sorte de faux et qu’il les mette entièrement sur la
voie de la sainte Église romaine sans laquelle aucun croyant n’est sauvé. De même,
il [le patriarche Youssef] a ainsi agi dans les autres questions nécessaires montrant
ainsi son zèle et son amour pour la foi orthodoxe romaine. [Par ses actions] il a élevé
159 La transcription arabe est éditée dans aGGoula, « Mazāmīr Qozḥayyā », p. 168, qui propose une lecture
différente de quelques mots et place ce paragraphe à la n du livre. Voir le texte original et la transcription
arabe en annexe, texte n° 6.
160 La transcription arabe est éditée dans aGGoula, « Mazāmīr Qozḥayyā », p. 165-167, avec, toutefois,
quelques petites erreurs. Pour une reproduction de la dernière page, voir annexe, g. 3. Voir le texte
original et la transcription arabe en annexe, texte n° 7.
Joseph Moukarzel
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Mélanges de l’Université Saint-Joseph 63 (2010-2011)
davantage le nom de notre seigneur le Saint Père, chef de l’Église, vicaire de Notre
Seigneur Jésus Christ sur la terre entière, et seul successeur de saint Pierre apôtre.
La réputation [du pape] fut gloriée et vénérée dans tous les coins du pays d’Orient
et cela grâce au zèle spirituel, au travail et au grand soin [du patriarche Youssef],
au point que tous les ls de la sainte Église, notamment les révérends pères, chefs
et notables [de l’Église] étaient extrêmement contents de lui, et en particulier, notre
seigneur le saint-père bienheureux Paul V personnellement, qui, aussitôt qu’il a vu
son zèle et son vrai amour pour la sainte Église et pour sa Sainteté, s’est tellement
réjoui et lui a fait une notoriété et une bonne renommée pour toujours, an que son
souvenir soit à jamais connu dans la sainte Église. Sa sainteté a daigné ordonner
que celui qui aura, après lui, son grade, devra suivre la voie de son zèle comme il
a fait lui-même dans la voie du Saint-Siège apostolique. Tout cela est manifeste,
avec d’autres points, dans le respectueux décret de la bénédiction que Sa Sainteté
lui a enn envoyé et dans lequel il l’a conrmé dans l’honorable siège patriarcal
antiochien de sa communauté161. Il est décédé en l’an 1608 du Seigneur, le 26 mars.
Que le Seigneur l’installe dans le repos éternel dans son royaume céleste, Amen.
Celui qui lira dans ce livre saint, qu’il ait bonne souvenance de mon oncle maternel
l’évêque Sarkis, son frère mon oncle maternel bien-aimé le diacre Elias, leur feu
père Moussa et leur mère la vénérable hajjeh, leur oncle feu le prêtre Gibrayil,
qui est mon grand-père, ses enfants bien-aimés mes oncles maternels le curé
Mikhayil et ses frères, son neveu le sous-diacre Antonios et son frère Girgis.
Qu’il se souvienne également du vénérable seigneur cheikh et sous-diacre Khater,
ls de feu sous-diacre Chahin, du village de Hasroun [que Dieu] le protège, de
l’honorable monsieur Simaan Mara, un vénérable cheikh et grand bienfaiteur, et
de tous les pères et frères bénis qui habitent dans la vallée sainte de Qozhaya et
qui sont le curé Moussa, le prêtre Doumit, le hajj Youssef, le moine Elias ls du
regretté hajj Faris, le moine Mikhayil et leurs compagnons ; [ainsi que] le curé
Gibrayil, le prêtre Mikhayil, le prêtre Boutros et leurs compagnons. Que Dieu les
préserve et qu’il permette à nous et à eux, ainsi qu’à tous les enfants du saint
baptême, [un amarrage] au Havre du salut. Amen. Rendons grâce au seul Dieu à
jamais, Amen, Amen.
Le colophon est suivi d’une reproduction des armoiries de l’évêque Sarkis Rizzi
accompagnées de vers162. À la n de la page, une phrase, en garchouni, date le livre.
Elle est écrite non avec les caractères de petite taille, réservés au garchouni, mais
avec les caractères de grande taille, réservés à la colonne du syriaque. Le livre
s’achève ainsi avec la date de l’impression, en garchouni163 :
161 La lettre papale envoyée au patriarche Youssef est datée du 13 janvier 1606. anaiSSi, Bullarium, p. 114-115.
Dans cette lettre, le pape considère les Maronites comme des « roses parmi les épines » : Cum vos veluti
rosas, gratia Dei, orentes inter orientalis indelitatis spinas videamus… Dans sa lettre au patriarche Jean
Makhlouf, en date du 25 septembre 1610, le pape reprend la même expression : rosae liliaque inter spinas.
anaiSSi, Bullarium, p. 123.
162 Voir la première page du livre.
163 Voir le texte original et la transcription arabe en annexe, texte n° 8.
Le Psautier syriaque-garchouni édité à Qozhaya en 1610 537
Dans l’ermitage honoré de la vallée de Qozhaya au Mont-Liban béni, par les soins
du misérable Youssef ibn Amimeh, diacre par le nom, en l’an 1610 du Seigneur.
6. Le texte des psaumes
Le deuxième ensemble comprend les 150 psaumes (p. 1-251), répartis en deux
colonnes, l’une en syriaque et l’autre en garchouni164.
6.1 Les divisions des psaumes
La collection des psaumes devrait être divisée en livres, comme il est de coutume
dans la tradition littéraire des psaumes, mais les marques de division ne sont pas
toutes claires. Au début du psaume 90, nous remarquons la note : « encore le livre
4 », écrite en syriaque165 et en garchouni166. Le début du livre 5 est attesté au début
du psaume 107167. Quant aux versets, ils ne sont pas numérotés, mais disposés par
ensemble de cinq, avec, dans la marge interne, des numéros 1, 5, 10… marquant
le début de chaque ensemble : 1, pour le premier verset ; 5, pour le cinquième
verset, etc. Par conséquent, ces numéros sont placés dans la marge attenant à la
colonne syriaque pour les pages impaires et, dans celle attenant à la colonne en
garchouni, pour les pages paires. Certains psaumes longs sont divisés en plusieurs
parties séparées les unes des autres par le mot « section » 168 en rouge dans les deux
colonnes, syriaque et garchounie169. Les divisions du psaume 108 sont marquées par
les lettres de l’alphabet syriaque170.
6.2 L’attribution des psaumes
Les psaumes sont attribués à plusieurs auteurs :
David (86 fois) : 2-38, 40-41, 43, 51-61, 63-65, 68-72, 86, 91, 93-99, 103-104,
108-109, 121-122, 130171, 132-133, 136-144.
164 Voir un spécimen des pages des psaumes en annexe, g. 4.
165  

166 
167 En syriaque : 
, et en garchouni : 
168 Pour l’ensemble, le mot syriaque utilisé est , alors qu’en garchouni, c’est le terme . Pour le
psaume 104 : 19, le mot syriaque utilisé est  et en garchouni c’est . Le psaume 107 : 22 utilise
l’abréviation  pour le syriaque, et
pour le garchouni.
169 Les sections se trouvent dans les psaumes : 18 h 26 ; 22 : milieu 20 ; 31 : 13 ; 37 : 22 ; 68 : 19 ; 69 : 21 ; 78 : 23
et 52 ; 89 : 26 ; 105 : 23 ; 106 : milieu 23 ; 107 : 22 ; 115 : 10 ; 118 : 89.
170 A (1-8), b (9-16), ğ (17-24), d (25-32), h (33-40), ū (41-48), z (49-56), (57-64), (65-72), ī (73-80), k (81-
88), l (89-96), m (97-104), n (105-112), s (113-120), (121-128), f (129-136), (137-144), q (145-152),
r (153-160), š (161-168), t (169-176).
171 
Joseph Moukarzel
538
Mélanges de l’Université Saint-Joseph 63 (2010-2011)
Asaph (12 fois) 50, 73-83.
Cantiques des Montées172 (6 fois) : 123-124, 128-129, 130173, 131.
Les ls de Coré (9 fois) : 42, 44, 45174, 46-49, 84-85.
Yedutûn (2 fois) : 39, 62.
Aggée et Zacharie (1 fois) : 145.
Moïse (1 fois) : 90.
Sans attribution (34 fois) : 1, 66175, 67, 87-89, 92, 100-102, 105-107, 110-120,
125-127, 134-135, 146-150.
6.3 Les incipits des psaumes
Nous reproduisons, ci-après, le numéro de la page, le numéro du psaume, son
attribution et son début, tels qu’ils gurent dans les deux textes, syriaque et garchouni :
Incipit garchouni Incipit syriaque Attribution

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
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 
 5

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172 . Ce terme est inséré dans la colonne en syriaque entre le numéro et la première ligne des psaumes
équivalents ; il ne gure pas dans la colonne en garchouni.
173 
174 À l’époque de Moïse.
175 Transcrit en syriaque :
Le Psautier syriaque-garchouni édité à Qozhaya en 1610 539
Incipit garchouni Incipit syriaque Attribution
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Joseph Moukarzel
540
Mélanges de l’Université Saint-Joseph 63 (2010-2011)
Incipit garchouni Incipit syriaque Attribution
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Le Psautier syriaque-garchouni édité à Qozhaya en 1610 541
Incipit garchouni Incipit syriaque Attribution
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Joseph Moukarzel
542
Mélanges de l’Université Saint-Joseph 63 (2010-2011)
Incipit garchouni Incipit syriaque Attribution
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Le Psautier syriaque-garchouni édité à Qozhaya en 1610 543
Incipit garchouni Incipit syriaque Attribution
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Joseph Moukarzel
544
Mélanges de l’Université Saint-Joseph 63 (2010-2011)
Incipit garchouni Incipit syriaque Attribution
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Le Psautier syriaque-garchouni édité à Qozhaya en 1610 545
Incipit garchouni Incipit syriaque Attribution
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Joseph Moukarzel
546
Mélanges de l’Université Saint-Joseph 63 (2010-2011)
Incipit garchouni Incipit syriaque Attribution
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Le Psautier syriaque-garchouni édité à Qozhaya en 1610 547
7. Le psaume 151 et les cantiques
Le psaume 151 et les cantiques gurant en annexe du livre (p. 252-258) constituent
une vieille tradition chez les Syriaques, y compris les Maronites. En effet, le psaume
151 compte parmi les psaumes apocryphes utilisés, au l des ans, par les Syriaques
dans leurs manuscrits176. Deux collections de cantiques font d’habitude suite à
ce psaume.
La première collection contient neuf cantiques tirés de l’Ancien Testament et
attestés entièrement ou partiellement dans les manuscrits syro-maronites177. D’après
Schneider, le plus ancien manuscrit syriaque, contenant toute cette collection, est
le manuscrit London BL. Add 17109 (ixe siècle)178. De cette collection, le livre de
Qozhaya en utilise trois : 1, 3, 9 (suivant la numérotation de Schneider)179.
Quant aux cantiques de la deuxième collection, ils proviennent soit du Nouveau
Testament, soit des Pères de l’Église, ou encore d’anciennes prières. Le livre de
Qozhaya s’est contenté du cantique de la Vierge et de celui de saint Ephrem. En
procédant à une comparaison avec les manuscrits maronites mentionnés par Tabet,
nous trouvons que les textes adoptés dans le livre de Qozhaya (Psaume 151, les trois
cantiques bibliques, cantique de la Vierge et cantique de saint Ephrem) ont tous été
mentionnés dans le même manuscrit, qui est le Vatican, Vat. Syr. 454 (garchouni,
copié en 1530)180.
Nous proposons ci-dessous, une traduction du début de chaque cantique tel qu’il
gure, en syriaque et en garchouni :
7.1 Le psaume 151
Titulum : Ce psaume est de David, il s’ajoute aux autres psaumes. Lorsqu’il a
combattu seul Goliath et l’a tué.
Incipit : J’étais plus petit que mes frères, jeune dans la maison de mon père181.
176 Pour l’histoire de l’usage de ce psaume dans la tradition syriaque, voir van rooy Herrie F. (1999), Studies
on the Syriac Apocryphal Psalms, (Journal of Semitic Studies, Supplement 7) Oxford University Press,
Oxford.
177 Pour l’usage de ces cantiques chez les Maronites, voir taBet Jean (1991), Kitāb al-mazāmīr  al-ṭaqs al-
mārūnī, (Coll. Institut de Liturgie, 14) CEDLUSEK, Kaslik.
178 Voir ScHneiDer Hans (1972), « Canticles or Odes », in The Old Testament in Syriac according to the
Peshitta Version, edited on behalf of the International Organization for the Study of the Old Testament by
the Peshitta Institute, Brill, Leiden, pt. IV, fasc. 6, p. iv.
179 L’ordre est le suivant : 1 : Ex 15, 1-21 ou 19 ; 2 : Dt 32 ; 1-43 ; 3 : Is 42, 10-13 et 45, 8 ; 4 : 1S 2, 1-10 ; 5 :
Ha 3, 2-19 ; 6 : Is 26, 9-20, 7 : Jon 2, 3-10 ; 8 : Dn 3, 26-56 ; 9 : Dn 3, 57-88.
180 Voir taBet, Kitāb al-mazāmīr, p. 249-312. Signalons que le texte garchouni du Vatican est différent de
celui de l’édition de Qozhaya.
181 Voir les versions syriaque et garchounie en annexe, texte n° 9.
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Mélanges de l’Université Saint-Joseph 63 (2010-2011)
7.2 Le cantique de Moïse (cantique 1 : Ex 15, 1-21)
Titulum : Cantique de Moïse et des Israélites lorsqu’ils ont franchi la mer Rouge.
Incipit : Alors Moïse et les Israélites chantèrent pour Yahvé le chant que voici :
chantons la gloire au Seigneur, car il s’est couvert de gloire contre les chevaux182.
7.3 Le cantique d’Isaïe (cantique 3 : Is 42, 10-13, 45, 8)
Titulum : Cantique du prophète Isaïe.
Incipit : Chantez à Yahvé un chant nouveau183.
7.4 Le cantique de la Vierge (Lc 1, 46-55)
Titulum : Cantique de Marie la mère de Dieu.
Incipit : Mon âme exalte le Seigneur et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon
sauveur184.
7.5 Le cantique des enfants d’Ananias (cantique 9 : Dn 3, 75-88)
Ce cantique gure seulement en syriaque.
Titulum : Cantique des enfants de la maison d’Ananias.
Incipit : Bénissez le Seigneur, vous toutes, œuvres du Seigneur185.
7.6 Le cantique de saint Ephrem
Ce cantique gure seulement en syriaque.
Titulum : Prière de saint Éphrem le Syrien.
Incipit : La lumière s’est montrée aux justes et la joie [s’est montrée] aux
vertueux186.
concluSion
Dans sa lettre adressée au lecteur, l’évêque Sarkis essaie de justier le projet du
Psautier. Il déclare que le rôle du pasteur est d’expliquer aux dèles les matières de
la foi et de les nourrir de la Parole de Dieu qui mène au salut. Le pasteur doit, donc,
182 Voir les versions syriaque et garchounie en annexe, texte n° 10.
183 Voir les versions syriaque et garchounie en annexe, texte n° 11.
184 Voir les versions syriaque et garchounie en annexe, texte n° 12.
185 Voir la version syriaque en annexe, texte n° 13.
186 Voir la version syriaque en annexe, texte n° 14.
Le Psautier syriaque-garchouni édité à Qozhaya en 1610 549
mettre à la disposition de ses ouailles les livres saints qui portent la Parole divine,
ainsi que les enseignements des Pères qui expliquent cette Parole. C’est la raison
d’être du livre de Qozhaya exprimée dans le style tridentin de l’anti-réforme, très
cher à l’éducation romaine. Or l’évêque Sarkis est l’élève de l’un de ses collèges, en
l’occurrence le Collège maronite de Rome, dirigé par les jésuites.
Mais derrière cette vogue « catholique » de l’époque, l’entreprise du livre de
Qozhaya représente un exploit technique dans l’histoire de l’imprimerie.
Ce livre édité à l’aube du xviie siècle, dans un monastère du Mont-Liban, est le
premier livre imprimé dans la partie orientale de l’Empire ottoman. Sa réalisation
constitue une prouesse technique de la part des Maronites et fait d’eux les hérauts
de la Renaissance en Orient187. Bientôt, les élèves du Collège maronite de Rome
joueront le rôle de médiateurs culturels entre l’Orient et l’Occident, ce qui explique
l’adage bien connu « savant comme un Maronite ».
Loin de l’aspect spirituel et culturel du projet, l’édition du Psautier soulève
plusieurs questions qui restent sans réponse et, pour le moins, intriguent le chercheur.
D’abord, nous nous trouvons face à deux hypothèses s’agissant de la présence
physique de l’évêque Sarkis lors de la réalisation du livre de Qozhaya. D’après la
première hypothèse, qui s’appuie sur les données de Douaihy188, l’évêque Sarkis
Rizzi est délégué à Rome en 1606 pour présenter les vœux du patriarche maronite au
nouveau pape Paul V. Lors de son séjour romain, et au vu de l’essor de l’imprimerie
en Occident et plus précisément à Rome, il a l’idée d’en fonder une au Mont-Liban ;
il achète alors le matériel requis pour la typographie et la reliure189. Mais en raison de
la mort de son frère en 1608 et de la politique anti-Rizzi du patriarche Jean Makhlouf,
Sarkis choisit de rester à Rome. Par délité, ses collaborateurs font aboutir le projet,
et la délégation envoyée à Rome en 1609 par le nouveau patriarche aurait emporté
le matériel en question sur le chemin du retour190. Le livre est alors imprimé au
monastère de Qozhaya aux frais de l’évêque Sarkis et en son nom, mais aussi en
son absence.
187 Pour les relations entre les Maronites et l’Europe catholique de l’époque, voir GeMayel, Les échanges
culturels.
188 D’après le témoignage de l’évêque Girgis Habqouq sur les œuvres de certains patriarches qu’il a rencontrés
de leur vivant, lorsque le patriarche Girgis Amira envoie à Rome son délégué pour lui ramener le pallium,
ce dernier y rencontre un certain nombre d’évêques, dont Sarkis Rizzi, venu à Rome « en vue du pallium de
son frère, le patriarche Youssef, et qui s’y est installé ». HarFoucHe Ibrahim (1902), « Al-Adyār al-qadīma
fī Kisrwān : dayr mār Šallīṭā Miqbis », Al-Machriq 5, p. 689. Cette information conrme l’hypothèse de
Douaihy, selon laquelle Sarkis Rizzi est resté à Rome et n’est pas rentré au Mont-Liban.
189 Voir GeMayel, Les échanges culturels, t. I, p. 368.
190 Nasrallah souligne que les noms gurant dans les deux délégations de 1607 et de 1609 sont les mêmes que
ceux qui s’étaient chargés de l’édition du psautier ; ce qui porte à croire qu’à leur retour de Rome, ils ont
emporté le matériel typographique avec eux. naSrallaH, L’imprimerie au Liban, p. 6.
Joseph Moukarzel
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Mélanges de l’Université Saint-Joseph 63 (2010-2011)
La seconde hypothèse suggère que Sarkis serait rentré au Mont-Liban et aurait
supervisé l’impression avant de repartir dénitivement pour Rome il s’installe
jusqu’à sa mort.
On retrouve la même ambiguïté quant au message politique de l’édition, au rôle
exact des collaborateurs de Sarkis et au processus technique de l’entreprise.
Il est clair que l’impression du Psautier semble être d’abord un projet entrepris en
reconnaissance envers les patriarches de la famille Rizzi et leur allié Youssef Khater
et contre la politique du patriarche en exercice Jean Makhlouf. L’évêque Sarkis
pensait-il être le candidat favori qui aurait été évincé par l’élection de Makhlouf ?
Si l’hypothèse de la candidature était avérée, elle pourrait alors expliquer
l’animosité entre Sarkis et le nouveau patriarche. Sinon, comment comprendre, dans
le colophon, cet encensement du rôle de Youssef Khater qui a fait fuir le patriarche
Makhouf de sa résidence à Qannoubin l’éloignant ainsi du noyau maronite qu’est la
Joubbet Bécharré ? La fuite du patriarche peut-elle, à elle seule, expliquer l’absence
totale de son nom dans le colophon et justier, par contre, la demande de l’imprimatur
à son assistant, l’évêque Girgis Amira191 ? Face à l’attitude négative de Sarkis, la
vengeance de Makhlouf ne tardera pas : de retour à Qannoubin, le patriarche rétablit
les évêques déchus et excommuniés par les Rizzi192 ; il va même jusqu’à leur restituer
le bastion des Rizzi, en l’occurence le monastère de Qozhaya193 !
Sur le plan technique, de nombreuses questions s’imposent également : si la
typographie était prohibée par les Ottomans, comment les entrepreneurs du projet
ont-ils pu échapper à la vigilance des douaniers du port de Tripoli ? Il est vrai que
la reliure orientale du livre révèle une pratique locale assez développée, dont les
manuscrits de l’époque témoignent. Il est tout aussi vrai que le ligrane indique
l’origine italienne du papier utilisé. Mais, que dire des autres équipements et outils ?
En l’absence de ressemblance avec les éditions des textes syriaques imprimés en Italie
à cette époque, la recherche scientique194 n’a pas pu, jusqu’à présent, déterminer
l’origine des caractères utilisés pour la typographie, que ce soit pour les caractères
syriaques ou garchounis195. Étaient-ils fondus en Italie ? Où et par qui ? S’agirait-il
plutôt d’une fonte locale ? Comment et suivant quel procédé ?196
191 Ce dernier paraît soutenir le projet dès le début, comme l’atteste l’ad lectorem de Sarkis.
192 kuri, Monumenta I, p. 73-75 et 101.
193 DouaiHy, Tārīḫ, éd. Fahd, p. 462 (note) ; DouaiHy, Tārīḫ, éd. Taoutel, p. 301 (note).
194 Seule une recherche spécialisée poussée pourrait également déterminer l’origine manuscrite des textes
syriaques et garchounis.
195 Voir coakley, The Typography of Syriac, p. 45-48.
196 naSrallaH, L’imprimerie au Liban, p. 2, se demande à juste titre : « D’où vient-elle ? Qui l’a fondée ?
Qu’est-elle devenue après 1610 ? Autant de questions qui attendent toujours une réponse ; et nous croyons
qu’elles attendront longtemps. »
Le Psautier syriaque-garchouni édité à Qozhaya en 1610 551
Quel était le rôle exact du « maître Pasquale Eli », l’italien originaire de
Camerino ? 197 Si Cheikho le considère comme celui qui « a fondu de ses mains les
caractères syriaques » 198, nous ne connaissons néanmoins rien de sa carrière, dans
son pays d’origine, qui nous aurait permis de savoir si le travail de fonte a eu lieu en
Italie ou à Qozhaya même.
L’auteur du colophon nous apprend que Sarkis « s’est ruiné » pour nancer
l’édition du livre de Qozhaya. Dans ce cas-là, quel est le rôle du mystérieux
« Monsieur Siman Mara », le cheikh « vénérable et grand bienfaiteur », mentionné
dans ce même colophon ?
Quel était le rôle exact de Youssef de Karmsaddé199, assistant principal de
Pasquale et auteur du colophon ? La même question s’applique à Elias d’Ehden
son co-délégué pour Rome et au diacre Youssef ls de Younan, tous deux désignés
comme ses collaborateurs.
Le curé Moussa, le moine Mikhayil200 et les autres « habitants de la vallée de
Qozhaya », cités par le colophon, sont-ils du clan des Rizzi ? Ou s’agit-il uniquement
d’un effet de rhétorique pour implorer la bénédiction des saints hommes de la vallée ?
Ajoutons que nous ne trouvons aucune information sur le sort de l’imprimerie et
de ses outils après l’achèvement de cette édition de 1610. Nous ignorons de même
le nombre d’exemplaires édités. Notons toutefois qu’une tentative pour monter une
imprimerie au Mont-Liban eut lieu en 1627, ce qui prouve l’absence de toute autre
imprimerie à l’époque201. Absence également attestée lors de la récupération du
monastère par les moines libanais en 1708. Il faudra attendre le début du xixe siècle
pour qu’une nouvelle imprimerie y soit installée202.
En somme, malgré toutes les énigmes non encore résolues, le livre du Psautier,
édité au monastère de Qozhaya, en 1610, constitue un chef-d’œuvre dans l’histoire
de l’imprimerie orientale et une réalisation avant-gardiste dans l’histoire culturelle
du Liban. Il mériterait, à juste titre, d’être inscrit, un jour, sur la liste de « la mémoire
du monde » de l’Unesco.
197 Ibid., p. 7, afrme qu’il est « de Camerino, ville des Marches d’Italie de la province de Macerata ».
198 cHeikHo, Tārīḫ, p. 29.
199 Il s’agit de « Youssef ibn al-qassis Daoud » de la famille Amimeh de Karmsaddé. Il considère l’évêque
Sarkis comme son oncle maternel. Mais l’analyse des liens de parenté qui se trouve dans le colophon de
l’édition de Qozhaya montre que son grand-père paternel nommé Gabriel est le frère des deux patriarches
Mikhayil et Sarkis et de Moussa, ce dernier étant le père du patriarche Youssef, de l’évêque Sarkis et du
diacre Elias. Il fait partie des deux délégations de 1606-1609 et de 1609-1610 (voir supra). Il est ordonné
évêque de Damas en 1644 (DouaiHy, Tārīḫ, éd. Fahd, p. 529 ; DouaiHy, Tārīḫ, éd. Taoutel, p. 344) et
meurt en 1653 (DouaiHy, Tārīḫ, éd. Fahd, p. 537 ; DouaiHy, Tārīḫ, éd. Taoutel, p. 349).
200 Il pourrait s’agir du curé Mikhayil d’Ehden qui occupait l’ermitage Mar-Mikhayil dans la vallée de
Qozhaya et qui décéda en 1617. DouaiHy, Tārīḫ, éd. Taoutel, p. 310.
201 naSrallaH, L’imprimerie au Liban, p. 8-9.
202 Sur ce sujet, voir cHeikHo, Tārīḫ, p. 30.
Joseph Moukarzel
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Mélanges de l’Université Saint-Joseph 63 (2010-2011)
annexe
Nous reproduisons ci-dessous les extraits, syriaques et garchounis, de l’édition
bilingue du psautier de Qozhaya, dont la traduction française gure dans l’article203.
Les passages sont extraits de l’exemplaire de la bibliothèque de l’Université Saint-
Esprit, Kaslik (USEK, Pat 291). Les textes 1 à 8 sont en rapport avec l’histoire du
psautier de Qozhaya, alors que les textes 9 à 14 reproduisent les titres et les débuts
de l’ensemble contenant le psaume 151 et les cantiques.
Notons que la transcription du syriaque et du garchouni reproduit le texte
original de manière litérale (vocalisation, points diacritiques). Le garchouni est suivi
d’une transcription arabe pour permettre aux arabisants d’avoir accès à ces textes
importants pour l’histoire du moyen arabe en général, et de la langue arabe utilisée
par la communauté maronite du Mont-Liban au début du xviie siècle, en particulier.
Texte n° 1
P. 1* : invocation et titre général du livre, en syriaque
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Texte n° 2
P. 1* : le titre parallèle du livre, en garchouni
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Texte n° 3
P. 1* : poème expliquant les armoiries de l’évêque Rizzi, en garchouni
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204
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203 Voir supra, p. 531-537 et 547-548.
204 Le mot est écrit avec un ğīm () au lieu du ġayn (
).
Le Psautier syriaque-garchouni édité à Qozhaya en 1610 553
205
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Texte n° 4
P. 1* : la date de l’impression du livre, en garchouni
   
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Texte n° 5
P. 3* : la lettre ad lectorem de l’évêque Rizzi, en garchouni

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209   
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205 Le lām nal est écrit avec une seule barre () au lieu de deux ().
206 (Sic) pour dire ().
207 (Sic) pour dire ().
208 (Sic) pour dire (
).
209 (Sic) pour dire ().
Joseph Moukarzel
554
Mélanges de l’Université Saint-Joseph 63 (2010-2011)
212211210
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
Texte n° 6
P. 258 : l’imprimatur de l’évêque Girgis Amira, en garchouni


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

Texte n° 7
P. 259-260 : le colophon, en garchouni
210 (Sic) pour dire ().
211 (Sic) pour dire ().
212 Le lām nal est écrit avec une seule barre () au lieu de deux ().
213 Cela correspond à l’an 1610.
Le Psautier syriaque-garchouni édité à Qozhaya en 1610 555

 
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214 
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222

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225
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

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
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
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229

214 (Sic) pour dire ().
215 (Sic) pour dire ().
216 Le lām nal est écrit avec une seule barre () au lieu de deux ().
217 (Sic) pour dire ().
218 (Sic) pour dire ().
219 (Sic) pour dire ().
220 (Sic) pour dire ().
221 (Sic) pour dire ().
222 (Sic) pour dire (
).
223 (Sic) pour dire ().
224 (Sic) pour dire ().
225 (Sic) pour dire ().
226 (Sic) pour dire ().
227 (Sic) pour dire ().
228 (Sic) pour dire ().
229 (Sic) pour dire ().
Joseph Moukarzel
556
Mélanges de l’Université Saint-Joseph 63 (2010-2011)


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
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

 
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
233
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

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
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


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230 (Sic) pour dire ().
231 (Sic) pour dire ().
232 (Sic) pour dire ().
233 (Sic) pour dire ().
234 (Sic) pour dire ().
Le Psautier syriaque-garchouni édité à Qozhaya en 1610 557




 








Texte n° 8
P. 260 : la date de l’impression du livre, en garchouni
 
235

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

Texte n° 9
P. 252 : titulum et incipit du psaume 151, en syriaque et en garchouni

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
 

Texte n° 10
P. 252 : titulum et incipit du cantique de Moïse, en syriaque et en garchouni


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    

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
235 Cela correspond à l’an 1610.
Joseph Moukarzel
558
Mélanges de l’Université Saint-Joseph 63 (2010-2011)
Texte n° 11
P. 255 : titulum et incipit du cantique d’Isaïe, en syriaque et en garchouni
 

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Texte n° 12
P. 256 : titulum et incipit du cantique de la Vierge, en syriaque

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


Texte n° 13
P. 257 : titulum et incipit du cantique des enfants d’Ananias, en syriaque

 
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Texte n° 14
P. 257 : titulum et incipit du cantique de saint Ephrem, en syriaque
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Le Psautier syriaque-garchouni édité à Qozhaya en 1610 559
Fig. 1 – La première page du psautier de Qozhaya (1610), Bibliothèque de l’USEK (USEK, Pat. 291).
Joseph Moukarzel
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Mélanges de l’Université Saint-Joseph 63 (2010-2011)
Fig. 2 – P. 3* : la lettre ad lectorem de l’évêque Sarkis Rizzi, (USEK, Pat. 291).
Le Psautier syriaque-garchouni édité à Qozhaya en 1610 561
Fig. 3 – P. 260 : la dernière page du psautier, (USEK, Pat. 291).
Joseph Moukarzel
562
Mélanges de l’Université Saint-Joseph 63 (2010-2011)
Fig. 4 – P. 1 : le début du texte des psaumes en deux colonnes, syriaque et garchouni.
Le Psautier syriaque-garchouni édité à Qozhaya en 1610 563
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