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Diversité des agricultures – le cas des lières céréales,
oléagineux et légumineuses à graines
Aude Barbottin, Jean-Michel Chardigny, Thierry Chardot, Gilles Charmet,
Philippe Debaeke, Gérard Duc, Anthony Fardet, Marie-Hélène Jeuroy,
Valerie Lullien-Pellerin, Marie-Benoît Magrini, et al.
To cite this version:
Aude Barbottin, Jean-Michel Chardigny, Thierry Chardot, Gilles Charmet, Philippe Debaeke, et al..
Diversité des agricultures – le cas des lières céréales, oléagineux et légumineuses à graines. Innovations
Agronomiques, INRA, 2018, 68, pp.39-77. <hal-01974618>
Innovations Agronomiques 68 (2018), 39-77
Diversité des agricultures – le cas des filières céréales, oléagineux et
légumineuses à graines
Barbottin A.1, Chardigny J.M.2, Chardot T.3, Charmet G.4, Debaeke P.5, Duc G.6, Fardet A.7,
Jeuffroy M.H.8, Lullien-Pellerin V.9, Magrini M.B.5, Marion D.10, Mouloungui Z.11, Renard M.12,
Sebillotte C.13
1 UMR SADAPT, INRA, AgroParisTech, Université Paris-Saclay, F-78850, Thiverval-Grignon
2 INRA DPTI, F-75338 Paris Cedex
3 UMR IJPB, INRA, AgroParisTech, CNRS, F-78026 Versailles Cedex
4 UMR GDEC, INRA, Université Clermont-Auvergne, F-63000 Clermont-Ferrand
5 UMR AGIR, INRA, INP-Toulouse, F-31326 Castanet-Tolosan Cedex
6 UMR Agroécologie, INRA, AgroSup Dijon, Université de Bourgogne, F-21065 Dijon Cedex
7 Université Clermont Auvergne, INRA, UNH, CRNH Auvergne, F-63000 Clermont-Ferrand
8 UMR Agronomie, INRA, AgroParisTech, Université Paris-Saclay, F-78850 Thiverval-Grignon
9 IATE, INRA, CIRAD, Univ Montpellier, Montpellier SupAgro, F-34000 Montpellier
10 UR BIA, INRA, F-44316 Nantes Cedex 3
11 LCAI, INRA, INPT-ENSIACET, F-31030 Toulouse Cedex 4
12 UMR IGEPP, INRA, Agrocampus Ouest Rennes, Université Rennes 1, F-35653 Le Rheu Cedex
13 UR ALISS, INRA, F-94205 Ivry-sur-Seine Cedex
Correspondance : aude.barbottin@inra.fr
Résumé
L’objectif de cet article est de décrire, sans être exhaustif, la diversité des agricultures en mobilisant des
exemples au niveau du système technique et des pratiques culturales, pour la France métropolitaine et
pour trois filières : les céréales, les oléagineux et les légumineuses à graines.
L’analyse de la diversité des agricultures montre que des voies de diversification des systèmes
techniques et des pratiques culturales existent, mais que celles-ci sont fortement dépendantes de la
diversité des voies de valorisation dans les filières. Au sein de ces dispositifs de valorisation, hormis
quelques dispositifs spécifiques, les recommandations sur les pratiques sont suffisamment vastes pour
permettre une diversité de systèmes de culture et de production, dès lors que les critères
technologiques d’accès à la filière sont atteints. Il convient alors de s’interroger sur le poids de ces
critères technologiques sur les choix techniques des agriculteurs. Il apparait également nécessaire de
questionner la valeur donnée à la diversité par les différents acteurs des filières, de l’agriculteur au
consommateur, en évaluant notamment la performance économique des systèmes agricoles les plus
diversifiés ainsi que les leviers pour augmenter les performances d’une agriculture diversifiée. Il s’agit
d’élargir le socle de connaissances sur lequel les acteurs pourront concevoir eux-mêmes de nouvelles
formes de diversité et d’ouvrir le débat avec les acteurs des filières sur la préservation des formes de
diversité des agricultures comme potentiel de résilience.
Mots-Clés : Diversité des agricultures ; Pratiques ; Variétés ; Facteurs de diversité ; Filières ;
Questions de recherche
Barbottin A. et al.
40 Innovations Agronomiques 68 (2018), 39-77
Abstract : Agricultural diversity –the cereals, the oleaginous and the grain-legumes supply
chains
The objective of this article is to describe, without being exhaustive, the diversity of agriculture through
examples of cropping systems and cultural practices, for metropolitan France and for three crop
production sectors: cereals, oilseeds and legumes.
The analysis of the diversity reveals ways of diversification of technical systems and cultural practices,
that are strongly dependent on the diversity of added values of the sectors. With a few notable
exceptions, the recommendations on the practices are vast enough to allow a diversity of cropping and
farming systems, once the technological criteria of the sector have been met. Then, it is worth
considering the weighting allocated to these technological criteria on the technical choices of the
farmers. It also seems necessary to question the value given to the diversity by the various actors, from
farmers to consumers, by estimating, in particular, the economic performance of the most diversified
agricultural systems as well as the levers to increase the performances of a diversified agriculture. To
strengthen resilience, it seems necessary to widen the core of knowledge on which the actors can
devise new forms of diversity and to open the debate on the agricultural diversity.
Keywords : Agricultural diversity ; Agricultural practices ; Genotype ; Way to diversify practices ;
Production network ; Research questions
Préambule
Ce travail est issu d’une commande faite aux groupes filières céréales, oléagineux et légumineuses à
graines de s’interroger sur la diversité des agricultures dans ces filières. L’objectif de cet article est de
décrire, au travers d’exemples, la diversité des agricultures, les freins qu’elle rencontre et les leviers qui
la favorise. L’hypothèse préalable est que la diversité est un facteur de résilience des systèmes de
production et des filières pour faire face aux changements d’ordre socio-économique ou
environnementaux.
Nous avons retenu plusieurs clés d’entrée pour décrire la diversité des agricultures, sans prétendre à
l’exhaustivité: la structure économico-sociale des exploitations, l’orientation des débouchés, les
techniques de production, les objectifs et les valeurs qui sous-tendent les pratiques des acteurs… Ces
multiples entrées peuvent se combiner pour analyser les types de diversité d’agricultures rencontrées,
comme cela a été conduit dans d’autres travaux sur la diversité des modèles agricoles (Plumecocq et
al., 2018 ; Thérond et al., 2017). Cette diversité s’apprécie également au travers du vocable utilisé par
les acteurs (par exemple, agriculture paysanne, agriculture familiale, agriculture de subsistance,
agriculture marchande, agriculture collaborative…) ou de la manière dont leurs pratiques sont qualifiées
(par exemple, agriculture raisonnée, intégrée, biologique, intensive…), tout en sachant que, là aussi,
des recoupements s’opèrent entre ces caractéristiques. Nous renvoyons aussi à l’article Barbottin et al.
(2018) du présent numéro dans lequel un certain nombre de qualificatifs sont présentés pour compléter
notre analyse.
Le choix de l’échelle d’analyse est également fondamental. Différentes échelles peuvent être mobilisées
pour caractériser la diversité des agricultures. L’échelle de l’exploitation agricole, où se définissent les
objectifs de production en fonction d’un débouché visé, les choix techniques et économiques associés ;
l’échelle du système technique où l’organisation des techniques mises en œuvre sur les cultures
cherche à répondre au mieux aux objectifs fixés à l’échelle de l’exploitation en fonction des contraintes
pédoclimatiques ; l’échelle de la technique elle-même où les différentes déclinaisons peuvent être
mises en œuvre. Ce choix de l’échelle d’analyse de la diversité tient compte donc, d’une part des
objectifs attendus de l’exercice de « typologie », et d’autre part des données disponibles aux différents
niveaux d’échelle pour renseigner la diversité. Dans cet article, nous cherchons à caractériser la
diversité des agricultures en mobilisant des exemples principalement à deux niveaux : l’orientation des
Diversité des agricultures : filière céréales, oléagineux et protéagineux
Innovations Agronomiques 68 (2018), 39-77 41
débouchés et des filières aval ; le système technique et les pratiques culturales de l’exploitation, en
nous concentrant sur la France métropolitaine.
Appréhender la diversité des agricultures reste une tâche complexe. Nous espérons que cet article
contribuera à éclairer la question posée et à alimenter un futur agenda de recherche pour poursuivre
ces réflexions. La première partie de cet article est consacré à la description des filières céréales,
oléagineux et légumineuses à graines ; la seconde partie traite de la diversité des structures et modèles
d’exploitation, des systèmes techniques et des pratiques en grandes cultures en France métropolitaine ;
la troisième partie s’intéresse à la valorisation de la diversité des agricultures au sein des trois filières.
1. Filières céréales, oléagineux et protéagineux : volumes et débouchés
Les surfaces de grandes cultures céréales, oléagineux et légumineuses à graines en France
représentent plus de 12 millions d’hectares en 2016 (9,6 Mha pour les céréales, 2,3 Mha pour les
oléagineux – soja inclus, 0,3 Mha pour les légumineuses à graines) (statistiques agricoles annuelles,
2015-2016, Agreste). Ces grandes cultures représentent plus de 40% des 29,5 Mha de la surface
agricole utile en France métropolitaine.
Une particularité de ces trois groupes de cultures est qu’elles sont cultivées aussi bien dans des
exploitations spécialisées en grandes cultures (orientées pour le commerce des grains à destination de
l’alimentation humaine ou animale), que dans des exploitations tournées vers l’élevage (alimentation
directe des animaux de l’exploitation en polyculture-élevage ou non). 45% de la production française de
céréales et plus de 50% de la production de légumineuses à graines sont aujourd’hui destinés à
l’alimentation animale.
1.1 Quelques chiffres clés de la production mondiale
La production de céréales est fortement poussée par les besoins de l’alimentation humaine et animale,
mais aussi par les débouchés industriels et les exportations mondiales. A l’échelle mondiale, les
principaux groupes de céréales (blé, maïs, orge et riz) représentent presque 1,8 milliards de tonnes, en
augmentation de 30 Mt par an depuis 2000 (Tableau 1, source FAO stats, 2014). Au total, plus de 3
milliards de tonnes de graines de céréales, oléagineuses ou protéagineuses sont produites, dont 85%
de graines de céréales, 14% de graines oléagineuses et 1% de graines protéagineuses.
Tableau 1 : Évolution de la consommation mondiale en céréales, oléagineux et protéagineux (millions de tonnes)
(source FAO stats, 2014)
Consommation mondiale (million
de tonnes)
2000
2014
Blé
585
729
Maïs
592
1038
Orge
133
144
Riz
599
741
Total céréales
1909
2652
Colza
40
74
Tournesol
27
41
Soja
161
307
Total oléagineux
228
422
Pois
11
11
Féverole
4
4
Lupin
1
1
Total protéagineux
16
16
Barbottin A. et al.
42 Innovations Agronomiques 68 (2018), 39-77
En 2016, la production mondiale de graines d’oléagineux représentait 518Mt dans le Monde et 32Mt en
EU (source : Oil World et Fédération des producteurs d’oléagineux). Les surfaces en légumineuses à
graines ont elles, connu de fortes variations en fonction notamment des politiques européennes de
soutien à leur production. Ces productions, en forte concurrence avec le soja pour l’alimentation
animale, peinent à stabiliser leurs parts de marché (voir Magrini et al., 2015 pour un rappel historique).
Au plan européen, les légumineuses à graines représentent moins de 4% des surfaces de grandes
cultures. A l’échelle mondiale, la production de légumineuses à graines hors soja représente moins de
60 Mt annuelles, alors que la production de soja se situe à plus de 300 Mt à elle seule (FAO stats,
2016).
1.2 La production française
1.2.1 Les céréales
Les principales espèces valorisées dans la filière française des céréales sont le blé tendre, le maïs,
l’orge le blé dur et le triticale ; les autres céréales comme le sorgho, l’avoine, le riz, l’épeautre ou le petit
épeautre représentent des volumes très faibles, ou sont peu ou pas utilisées en alimentation humaine.
Nous nous concentrerons ici principalement sur les filières blé tendre, blé dur, maïs, riz et orge de
brasserie, ainsi que sur la filière amidon (blé tendre et maïs) (Tableau 2).
Une des caractéristiques des filières céréales est qu’elles brassent de gros volumes pour des produits
qui ne sont pas, à l’exception du riz, directement consommables, et subissent un nombre parfois
important de transformations. Les destinations de ces productions sont diverses : export (produits bruts
ou transformés), alimentation animale (y compris animaux de compagnie), chimie, bio-raffinerie, en plus
de la transformation pour l’alimentation humaine.
Tableau 2 : Volumes collectés et principales voies d’utilisation des céréales en France (en millions de tonnes
équivalent grains) (source : FranceAgriMer, campagne 2015/2016)
Blé tendre
Blé dur
Maïs (grain)
Orge
Riz (2014)
Récolte /
production
41 Mt
1,8 Mt
13 Mt
13 Mt
83 000 t
Collecte
37 Mt
1,7 Mt
12 Mt
11 Mt
81 000 t
Export
21 Mt
1,2 Mt
63 Mt
9,1 Mt (dont 1,4
Mt malt)
47 350 t (2013)
Alimentation
humaine
Meunerie
5 Mt
Semoulerie
466 000 t
Semoulerie
126 000 t
Malterie
1,6 Mt (259 000 t
marché intérieur)
Riz blanchi
42 300 t
Alimentation
animale
5,2 Mt
2 000 t
2,8 Mt
1 Mt
Non alimentaire
1,5 Mt
474 000 t
Filière
amidonnerie
2,8 Mt
2,2 Mt
Pour les céréales, les quantités récoltées sont nettement supérieures aux besoins des industries
françaises de l’alimentation humaine. La France exporte la moitié de sa production céréalière.
Lors des opérations de collecte et de stockage, les opérations d’allotement sont très importantes pour
Diversité des agricultures : filière céréales, oléagineux et protéagineux
Innovations Agronomiques 68 (2018), 39-77 43
répondre à la diversité des critères de qualité exigés par les différents débouchés (voir Magrini et al.,
2013) pour un exemple des critères d’agréage dans le blé dur). Les principaux critères sont :
- D’ordre technologique, selon les débouchés (protéines, force boulangère, variétés…), et
doivent être rapidement mesurables à la collecte.
- Liés à la santé et à la sécurité du consommateur (contaminants) avant l’entrée en
transformation.
Ces contrôles en amont permettent d’orienter les lots non conformes vers des débouchés non
alimentaires : alimentation animale, bio-raffinerie (Juin, 2015). Ces opérations d’allotement existent
aussi dans les autres filières des oléagineux et des légumineuses à graines.
1.2.2 Les oléagineux
Les principaux oléagineux produits et collectés en France sont le colza, le tournesol et le soja. Ces
espèces servent à la fabrication d’huiles pour des usages alimentaires et non alimentaires. Une des
particularités de ces filières est le développement croissant de leurs coproduits pour l’alimentation
animale, au travers des tourteaux d’oléagineux très riches en protéines. Certains experts avancent
même le fait que désormais ce serait plus la composante « tourteau » que « huile », la clé de
valorisation des oléagineux, de par la demande mondiale croissante pour les produits animaux (Pilorgé
et Muel, 2016). La consommation d’huiles brutes et raffinées, en France, est en très forte augmentation
depuis le développement des biocarburants, conduisant à une augmentation de la production de plus
de 2,3Mt depuis 2012 (source : Huileries et Margarineries de France). Le Tableau 3 présente les
volumes collectés et les voies d’utilisation de ces espèces.
Tableau 3 : Volumes collectés et principales voies d’utilisation des oléagineux en France (en millions de tonnes
équivalent grains) (Source : Agreste & FranceAgrimer 2015/2016)
1.2.3 Les légumineuses à graines
Comparativement aux deux autres groupes, les légumineuses à graines concentrent les plus petits
volumes. Les volumes de production des légumineuses à graines sont variables d’une espèce à l’autre
Colza
Tournesol
Soja
Récolte / Production
5,3 Mt
1,2 Mt
334 000 t
Collecte
5,2 Mt
1,1 Mt
268 000 t
Export
1,5 Mt
328 000 t
96 000 t
Import
1,2 Mt
235 000 t
846 000 t
Trituration
4,65 Mt
1,08 Mt
678 000 t
Production huiles
1,96 Mt
530 000 t
120 000 t
Production tourteaux
2,53 Mt
680 000 t
510 000t
Import huiles
0,03 Mt
80 000 t
60 000t
Import tourteaux
0,50 Mt
98 000 t
3,47Mt
Alimentation humaine : huiles
0,5Mt
400 000 t
100 000t
Alimentation animale :
tourteaux
2,5 Mt
1,4 Mt
3,91Mt
Non alimentaire : huiles
1,5Mt
-
-
Barbottin A. et al.
44 Innovations Agronomiques 68 (2018), 39-77
(Tableau 4). En particulier, le volume des protéagineux (pois, féverole et lupin) traditionnellement
utilisés en alimentation animale, est de l’ordre de 900 000t en moyenne annuelle sur les 5 dernières
campagnes, alors que les volumes de légumes secs (traditionnellement utilisés pour l’alimentation
humaine) sont de l’ordre de 90000 t. Ces derniers sont en légère progression depuis le début des
années 2000. Ainsi, malgré les plans de relance en faveur des protéagineux, les superficies françaises
en légumineuses à graines ont fortement diminué (- 68 %) sur la période 1989-2013, passant d’un peu
moins de 800 000 ha à 258 000 ha. Au total, les légumineuses à graines représentent aujourd’hui
moins de 3% de l’assolement des grandes cultures en France : les pois et féveroles 1,8%, le soja 0,6%
et les légumes secs 0,2% (d’après Agreste, 2014). La France reste très déficitaire en légumes secs,
avec une production nationale ne couvrant que 27 % de la consommation : la consommation annuelle
de légumes secs est de 1,7 kg/an/habitant en France contre une moyenne mondiale d’environ 7
kg/an/hab. (Denhartigh, 2015).
Tableau 4 : Production de légumineuses à graines en France (moyenne 2011-2015, source Statistiques
Agricoles Annuelles Agreste)
Pois
Féverole
Lupin
Lentille
Haricots
secs
Haricots
demi-sec
et à
écosser
Pois
cassé
Pois chiches
(Données
France AgriMer
2014)
Surface
(ha)
150 465
76 281
4 263
15 127
3 862
5 698
5 311
8 600
Rendement
(q/ha)
38,8
37
24,8
15,6
20,4
62,5
17,8
Entre 10 et 20
Production
récoltée (t)
578 919
278 988
10 704
23 105
7 826
35 495
9 445
Environ 12 000t
Les débouchés des légumineuses à graines se partagent entre l’alimentation animale et humaine. Le
Tableau 5 présente les principaux débouchés selon les espèces.
Tableau 5 : Principaux usages des légumineuses à graines hors tourteaux de soja (sources : Bilan PROLEA,
données FNLS – moyennes pour 2011 - 2015)
Principaux
débouchés
Alimentation animale
Alimentation humaine
Volume moyen des
5 dernières années
(2015-2011)
Graines entières
Graines entières
Graines Entières
Fractionnement-
ingrédients
410 000 t
consommation à la
ferme ou FAB ;
180 000 t exportés UE
300 000 t exportées
hors UE
100 000 t
consommation (dont
80 000 t importées)
Environ 130 000 t
(dont 122 000 t pour
pois et féverole)
Part de marché
ingrédients exportée
inconnue,
Principales
espèces
concernées
Pois, Féverole
Pois, Féverole
Lentilles, Haricots,
Pois cassé, Pois
chiche…
Pois, féverole ;
marchés de niche sur
lupin, pois chiche…
Diversité des agricultures : filière céréales, oléagineux et protéagineux
Innovations Agronomiques 68 (2018), 39-77 45
2. Diversité des structures et modèles d’exploitation, des systèmes techniques
et des pratiques en grandes cultures en France métropolitaine
2.1 Diversité des structures et des modèles d’exploitation
Près des deux tiers des exploitations en France métropolitaine cultivent des grandes cultures. La part
des grandes cultures dans les surfaces cultivées est variable en fonction de la taille des exploitations.
Ainsi, 95% des exploitations de plus de 200 ha cultivent des grandes cultures alors que seulement un
tiers des exploitations de 20 ha ou moins en cultivent (Agreste, 2012). La surface moyenne des
exploitations spécialisées en grandes cultures était de 76 ha en 2010, en augmentation de 20% par
rapport à 2000.
Sur la période 2010-2013, au regard du produit brut standard (indicateur de la dimension économique
des exploitations) le nombre d’exploitations de grande dimension (PBS>100 000€) a augmenté (+9%)
alors que celui des exploitations de petite et moyenne taille (PBS<100 000€) a diminué (respectivement
de -20% et -12%). Ces exploitations de grande dimension valorisent 69% de la Surface Agricole Utile
(SAU) de la France métropolitaine et dégagent 84 % de la production brute standard. 26% des grandes
et moyennes exploitations, qui représentent la majorité des surfaces cultivées, valorisent des grandes
cultures.
Pour les exploitations de grandes cultures, en 2010, 37% des exploitations relevaient d’une exploitation
individuelle (100% du capital détenu par l’exploitant), 9% d’un GAEC, 31% d’une EARL, 22% d’une
entreprise sociétale commerciale/coopérative et 1% étaient sous un autre statut (Agreste, 2014).
2.2 Diversité des pratiques, quelques exemples disponibles à l’échelle
nationale ou régionale
La classification des systèmes techniques s’appuie sur la mise en œuvre ou non d’un ensemble de
pratiques telles que la durée des rotations de culture, le type de travail du sol, le nombre de variétés
cultivées au sein de l’exploitation et au sein de la parcelle, la gestion de la fertilisation azotée… Ces
pratiques individuelles sont principalement renseignées à l’échelle nationale ou régionale pour décrire la
diversité des agricultures, notamment à travers le Recensement Général Agricole tous les 10 ans, les
Enquêtes pratiques culturales ou les enquêtes spécifiques de Terres Inovia sur le colza et le tournesol
par exemple (suivi tous les 2-3 ans des pratiques culturales pour ces 2 cultures). Si elles apportent une
information sur la diversité des agricultures, celle-ci n’est que partielle, compte tenu des combinaisons
de pratiques et des logiques qui permettent de décrire les systèmes techniques. Ces systèmes
techniques étant eux-mêmes choisis par les agriculteurs en fonction des débouchés qui leur semblent
les plus rémunérateurs dans une certaine échelle de temps (i.e. en blé tendre, optimiser la stratégie de
gestion des apports azotés pour optimiser le taux de protéines en fonction du débouché envisagés :
meunerie ou alimentation animale).
Trois exemples sont présentés ici pour illustrer la diversité qui peut être renseignée à travers les
données recueillies à l’échelle nationale ou régionale : la diversité des cultures mises en œuvre dans
les successions et les assolements, la diversité variétale cultivée, en prenant comme exemple le
blé tendre, et la diversité des stratégies de gestion phytosanitaires, en prenant comme exemple
le blé tendre et le colza. Pour chacun de ces points, une ouverture sur les leviers pour aller vers des
systèmes plus diversifiés du point de vue de ces pratiques sera évoquée. De plus amples exemples
sont disponibles dans l’étude de Duc et al. (2013).
2.2.1 Diversité des assolements et des successions de culture impliquant les céréales,
oléagineux et légumineuses à graines
Les résultats du dernier recensement agricole (2010) montrent un accroissement du nombre
Barbottin A. et al.
46 Innovations Agronomiques 68 (2018), 39-77
d’exploitations spécialisées en grandes cultures, qui représentent 24 % de l’ensemble des exploitations
métropolitaines en 2010 contre 19 % en 2000. On observe une spécialisation des systèmes de grandes
cultures autour de 4 classes de cultures majoritaires : les céréales à paille (blé tendre, blé dur et orge
principalement), maïs, colza et tournesol qui représentent 70% de la sole cultivée en France
métropolitaine (Fuzeau et al., 2012), les successions impliquant des céréales à paille représentant 90%
des successions observées (Enquête pratiques culturales 2011) (Figure 1). Cette spécialisation centrée
sur quelques cultures s’est faite au détriment des surfaces en herbe et en légumineuses (voir Schott et
al., 2010 ; Mignolet et al., 2012 pour le bassin de la Seine par exemple). La spécialisation des
assolements et des successions sur un petit nombre d’espèces s’est accompagnée d’une augmentation
de la consommation en intrants (en volume global) (Tristant et al., 2009) dont les conséquences
environnementales négatives sont largement commentées.
Figure 1 : Part des surfaces suivant les types de successions de cultures (Agreste, 2014)
L’indicateur de diversité des assolements calculé à partir des données du recensement agricole 2010
montre une répartition géographique structurée de la diversité des assolements pour les régions
productrices de céréales (Figure 2). La diversité des assolements est faible, voire très faible dans le
Sud-Ouest et la région Alsace, zones principalement productrices de maïs et en Languedoc-Roussillon,
zone de production du blé dur (Fuzeau et al., 2012).
Cette diversité des assolements a des conséquences sur les successions de cultures qui sont réalisées
sur les parcelles. Le développement continu depuis 20 ans des surfaces implantées en céréales s’est
accompagné d’une simplification des rotations, les espèces cultivées étant choisies pour leur rentabilité,
souvent calculée annuellement. Ainsi un petit nombre de séquences de cultures au niveau régional
représente plus de 50% des surfaces cultivées. Au niveau national, parmi les séquences les plus
fréquentes, la succession colza / blé tendre / orge est la plus pratiquée (9 % de la sole cultivée
française). La monoculture de maïs et les rotations courtes blé tendre / maïs expliquent respectivement
de 6 % et 5 % de la sole cultivée (Fuzeau et al., 2012). La monoculture du maïs est très présente dans
Diversité des agricultures : filière céréales, oléagineux et protéagineux
Innovations Agronomiques 68 (2018), 39-77 47
les régions de production de maïs grain. Les surfaces de maïs considérées par les statistiques en
monoculture représentent environ 600 000 ha (dont 350 à 400 000 en culture non irriguée). Cette
succession du maïs par lui-même se retrouve également dans les exploitations d’élevage disposant de
peu de terres, en complément des surfaces pâturées. Au total, le quart des surfaces de maïs est en
monoculture depuis 2001.
Figure 2 : Indicateur de diversité de l’assolement en France métropolitaine (Agreste, 2010)
Un score est établi pour chaque exploitation (de 1 à 10) selon l’importance relative des cultures dans son
assolement, rapporté à la superficie de l’exploitation. Les prairies permanentes ainsi que les cultures faiblement
représentées (<10% de la SAU) ne diminuent pas le score. Une exploitation dont toutes les surfaces sont en
herbe ou dont aucune culture ne dépasse 10% de la SAU aura un score de 10. Une exploitation qui consacre
l’ensemble de ses sols à une seule culture autre que la prairie (maïs ou vigne par exemple) aura un score de 1.
Dans les systèmes de production céréaliers, les céréales rentrent dans des rotations plus ou moins
longues suivant la diversité des cultures qui peuvent être implantées compte tenu des contraintes
pédoclimatiques et des filières existantes sur le territoire. Si la diversité des espèces qui peuvent être
implantées sur une même parcelle peut parfois être importante, les céréales, et notamment les céréales
à paille, sont présentes en général au moins un an sur deux sur une même parcelle. Les successions
« céréales à pailles – céréales à paille » représentent environ 2% des successions mises en œuvre
(données pratiques culturales, Agreste 2014).
Pour les zones où le choix cultural est plus large et permet de diversifier les assolements (Nord-Ouest
et Sud de la France), la succession peut intégrer des légumineuses, des légumes secs, des plantes à
fibre ou des oléagineux tels que le soja (Figure 3). Par contre en zone intermédiaire (axe Charente-
Maritime-Moselle), le colza reste la seule tête d’assolement disponible (39% des surfaces en colza en
2014). Le retour fréquent du colza sur une même parcelle augmente alors la présence des
bioagresseurs (insectes, champignon, adventices) et induit des coûts en engrais et en produits
phytosanitaires plus élevés que dans les deux autres zones dont l’assolement est plus diversifié.
Barbottin A. et al.
48 Innovations Agronomiques 68 (2018), 39-77
Figure 3 : Zones géographiques d’implantation de cultures permettant la diversification des assolements et des
successions (Fuzeau et al., 2012)
Dans les principales régions productrices, Lorraine, Bourgogne, Centre, Picardie et Île-de-France, les
successions de plus de trois céréales à paille sur cinq ans touchent plus de 60 % de la surface
implantée en céréales à paille. Ces céréales à paille rentrent généralement dans des rotations avec des
oléagineux ou des plantes sarclées. Dans le Sud-Ouest, 50 % des surfaces de tournesol sont cultivées
dans le cadre de rotations courtes tournesol-blé (dur ou tendre). En Poitou-Charentes, le tournesol
revient 1 à 2 fois sur 6 ans dans 84 % des parcelles et dans 97 % des parcelles en région Centre
(Lecomte et Nolot, 2011 ; Charbonnaud, 2014 ; Palleau, 2014). Ainsi, selon les régions, le tournesol
contribue ou non à diversifier les successions. Au Sud, le tournesol, assez tolérant à la sécheresse, est
souvent incontournable dans l’assolement des exploitations non irriguées en sols argilo-calcaires
moyennement profonds ; il est moins présent dans la sole irriguée (sols de vallées et terrasses) où le
maïs est dominant. Plus au nord, le tournesol est un levier pour la diversification des assolements car il
permet de rompre les successions chargées en cultures d’hiver (blé, orge, colza) et peut constituer un
atout croissant dans le cadre d’EcoPhyto (http://agriculture.gouv.fr/ecophyto). Néanmoins, dans ces
zones, la surface en tournesol dépend essentiellement de l’écart de marge avec le colza, de l’intensité
des problèmes parasitaires en colza et des conditions climatiques automnales et hivernales qui jouent
sur la réussite des implantations de blé et de colza (Lecomte et Nolot, 2011).
Le soja est principalement cultivé dans deux grands bassins (Sud-Ouest et Bourgogne). Dans ces deux
zones, 62% des surfaces de soja sont destinées à l’alimentation animale et 31% à l’alimentation
humaine avec peu d’écarts entre les deux bassins. Dans le Sud-Ouest, le soja est principalement
conduit dans les systèmes de culture irriguée et dans les systèmes de culture en agriculture
biologique (1/3 des cas). Dans l’Est, le soja n’est pas irrigué et seules 10 % des surfaces sont en
conduites en Agriculture Biologique (Lieven et Wagner, 2013 ; Lecomte et Wagner, 2017). Ces
différences de contribution du soja biologique entre les 2 régions reflètent également la part de la SAU
conduite en bio (12 % en Occitanie, 1ère rang vs 5 % en Bourgogne-Franche-Comté, 7ème rang) et
l’importance des opérateurs aval en AB (1900 vs 700) (Agence Bio, 2017). Le soja peut également être
cultivé en dérobé (après l’orge ou colza) avec une irrigation d’appoint. Dans une majorité de parcelles,
le délai de retour du soja dans les parcelles est long (1 an sur 6), en particulier dans le bassin nord-est ;
en revanche, en système biologique, des rotations courtes avec le soja sont assez fréquentes
(soja/soja/maïs, soja/maïs/blé, soja/maïs/maïs, soja/céréales à paille). Compte tenu de sa capacité à
s’insérer dans une large gamme de systèmes de production et de la croissance de la demande pour un
Diversité des agricultures : filière céréales, oléagineux et protéagineux
Innovations Agronomiques 68 (2018), 39-77 49
soja métropolitain, le soja constitue une culture de diversification en forte croissance. Néanmoins, le
nombre de variétés de soja reste assez réduit malgré des efforts remarquables au cours des dernières
années (voir plus loin dans ce chapitre). Afin de soutenir le développement de cette culture, une charte
« soja de France » a été adoptée par l’interprofession Terres Univia (Lecomte et Wagner, 2017).
Dans les systèmes de polyculture-élevage et les systèmes d’élevage, deux modalités
d’assolements et de rotations sont observées :
- La fabrication de l’aliment du bétail est réalisée à la ferme à partir, pour partie, des cultures
cultivées sur l’exploitation ; les céréales s’insèrent dans des rotations alternant une céréale
principale (maïs, blé tendre ou orge), une culture fourragère voire une culture tête de rotation
(colza par exemple dont la valorisation n’est pas évidente au sein de l’élevage). Ces céréales
peuvent également être cultivées en association avec une légumineuse comme par exemple
les associations pois-blé ou le méteil. Dans les régions où le maïs fourrage occupe des
surfaces importantes, l’introduction d’autres cultures dans la rotation est presque systématique.
Ce sont alors les successions maïs-blé qui sont observées. Le fabricant à la ferme peut aussi
intégrer dans ses rotations des légumineuses à graines qu’il peut valoriser pour l’alimentation
de son troupeau (ces situations sont notamment favorables à l’implantation d’associations
d’espèces telles légumineuses-céréales au sein d’une même parcelle).
- Les animaux sont nourris avec des aliments du bétail achetés sur le marché. La gestion des
successions est alors réalisée indépendamment de l’atelier d’élevage et des successions
similaires à celles observées dans des exploitations céréalières spécialisées sont observées.
Ce sont pratiquement deux systèmes indépendants, mis à part les effluents d’élevage qui
passent du système animal au système végétal. En retour, les pailles des céréales sont
valorisées dans l’atelier élevage.
Une modalité intermédiaire parfois observée s’appuie sur l’organisation de complémentarités
entre groupes d’exploitations (exemple d’échanges paille-fumier). La proximité géographique de
ces exploitations sur un territoire sera un paramètre décisif de ces choix.
2.2.2 Voies de diversification des assolements et des successions
Les travaux réalisés dans le cadre de l’étude des freins et leviers à la diversification des cultures ont
montré que la diversification des assolements et des successions peut être réalisée de différentes
manières : en augmentant le nombre d’espèces dans la succession culturale, mais cette voie reste
dépendante des filières de valorisation des cultures de diversification (Meynard et al., 2013) ; en
associant des espèces en couverts plurispécifiques ou en cultures associées, donnant lieu au nouveau
vocable de CIMS « cultures intermédiaires multi-services » (voir le volume 62 de la revue Innovations
Agronomiques, 2017) ; ou, plus récemment, en implantant des cultures dérobées. Nous présentons ici
quelques exemples.
Des espèces oléagineuses en culture dérobée, une opportunité pour la diversification
des successions
Les cultures dérobées ont pour objectifs la valorisation d’une culture supplémentaire implantée (i) dans
les systèmes grande culture en cycle court entre une culture à récolte précoce et une culture d’hiver ou
de printemps ou (ii) dans les systèmes polyculture-élevage, comme culture fourragère fauchée ou
ensilée ou pâturée entre deux cultures de printemps.
Dans les systèmes de grandes cultures, il s’agit de réaliser trois cultures en deux ans, avec la nécessité
de semis début juillet pour récolte au plus tard mi-octobre. Le potentiel de production (rendement et
valeur économique) de ce type de culture est dépendant de l’adaptation à la zone de culture,
notamment de la disponibilité en eau, et du prix contextuel des intrants. L’intérêt agronomique est un
apport de matières organiques supplémentaires, par restitution des pailles avec toutefois un risque de
Barbottin A. et al.
50 Innovations Agronomiques 68 (2018), 39-77
dégradation de la structure du sol si la récolte de la culture en dérobée est faite en mauvaises
conditions. L’introduction de cette culture, surtout si elle appartient à une espèce peu ou pas présente
dans la succession conduit également à une réduction de la pression de sélection sur les bio-
agresseurs. Elle permet également une gestion différente des adventices par un travail et une
couverture du sol en dehors des périodes habituellement pratiquées dans des successions centrées sur
quelques espèces. Les cultures dérobées contribuent également à un meilleur stockage du carbone
dans les sols et une limitation des fuites de nitrate et indirectement du N2O.
Des espèces de céréales et d’oléagineux adaptées à la demande de marchés des biocarburants
avancés, (biokérosène), de l’oléochimie (moutarde d’Ethiopie et cameline
1
) ou encore de la
méthanisation (avoine de printemps, maïs par exemple) peuvent être intégrées en cultures dérobées.
Des essais sont par exemple réalisés depuis 2008 par l’Agro-transfert Ressources et Territoires et la
Chambre d’Agriculture de Picardie pour évaluer différentes cultures dérobées (projet et consortium
OPTABIOM).
Des cultures et des couverts associés pour diversifier les assolements et réduire la
dépendance aux intrants
Les associations de culture et couverts associés sont reconnus pour les services écosystémiques
rendus, comme leurs effets positifs sur le contrôle des bio-agresseurs (Trenbath, 1993), la réduction
des attaques d’insectes (Theunissen et al.,1995) ou de l’enherbement par des adventices (Corre-Hellou
et al., 2011), ainsi que pour l’augmentation de la productivité à l‘échelle de la parcelle (Malézieux et al.,
2008). Parmi les différentes façons d’associer des espèces, ce sont les associations de cultures et tout
particulièrement les associations céréales-légumineuses, qui ont été le plus étudiées. Ces associations
inter-espèces (pois-blé tendre ou pois chiche-blé dur par exemple) permettent de limiter la diffusion de
maladies au sein du couvert en associant culture hôte et non hôte et en valorisant la fixation de l’azote
par les légumineuses. Ces associations, en plus de réduire les risques associés aux bio-agresseurs
permettent une meilleure valorisation de l’azote par les céréales et des taux de protéines plus élevés
pour les blés conduits en association en comparaison des cultures pures sans apport azoté (Chan,
2012). En France, on estime à 50 000 hectares la surface des associations céréales – légumineuses.
Elles sont principalement destinées à l’autoconsommation dans les élevages en agriculture biologique.
En 2014, 3,5% des parcelles de pois étaient semées en mélanges de culture : 2,8% avec le triticale,
0,4% avec l’orge, 0,3% avec le colza et 0,1% avec le blé et le maïs (Agreste – enquête pratiques
culturales 2014).
Des expérimentations sur des associations de colza avec des plantes légumineuses de service, non
récoltées, ont été réalisées dans le cadre de deux projets Casdar depuis 2009 : Picoblé et Redusol.
Ces expérimentations en parcelles agricoles et en stations expérimentales Terres-Innovia sont
actuellement poursuivies. Les résultats des essais réalisés en Chambre d’Agriculture ou au sein
d’instituts techniques montrent des résultats prometteurs (Sauzet et Cadoux, 2014).
Diversifier les assolements et les couverts en mobilisant les légumineuses, intérêts et
limites : l’exemple des légumineuses dans les systèmes en Agriculture Biologique
Les légumineuses apportent un intérêt réel dans les modes de production en AB, car la fertilité des sols
et la maîtrise des adventices sont les principales préoccupations agronomiques (systèmes céréaliers) et
la recherche de l’autonomie alimentaire (systèmes en polyculture-élevage) un facteur de durabilité.
Dans un contexte où les engrais organiques sont rares et chers, l’entrée d’azote via la fixation
symbiotique de l’azote atmosphérique par les légumineuses présente un avantage certain dans les
systèmes d’agriculture biologique, en particulier les systèmes spécialisés ne disposant pas d’effluents
d’élevage.
1
Cette plante donne une huile particulièrement riche en oméga 3 (que l’on trouve dans le marché AB) offrant des
perspectives en alimentation humaine.
Diversité des agricultures : filière céréales, oléagineux et protéagineux
Innovations Agronomiques 68 (2018), 39-77 51
En systèmes de grandes cultures, des enquêtes menées en 2010 à l’échelle nationale montrent que 30
à 55% des cultures implantées sont des légumineuses, en y incluant les cultures intermédiaires
(Fontaine et al., 2012). L’insertion des légumineuses, au-delà de leurs avantages agronomiques (entrée
d’azote atmosphérique dans le système, structuration du sol…), est recherchée car elle participe à la
construction d’assolements et rotations diversifiés, où l’alternance de familles de culture est l’un des
premiers leviers activés pour limiter la pression des maladies, ravageurs et flore adventice ; la
succession deux ans de suite d’une même culture annuelle y est extrêmement rare.
Parmi les légumineuses à grosses graines, le soja est très cultivé en AB en France (en 2015, il
représentait près de 15% des surfaces totales cultivées en soja, bien au-dessus des 2.5% de surfaces
en grande culture cultivées en AB) (Agence Bio, 2016). La féverole, malgré des rendements aléatoires
selon les années climatiques, est assez présente, plus fréquente en AB qu’en conventionnel. Elle est
cultivée à destination des fabricants d’aliments pour le bétail lorsqu’introduite dans les systèmes
céréaliers spécialisés (par exemple en précédent d’un second blé dans la rotation). Le pois
(protéagineux et fourrager) est moins développé, certainement car plus sensible aux adventices,
maladies et ravageurs, mais néanmoins présent ; il connait des utilisations semblables à la féverole.
Enfin, on peut citer la part importante, en comparaison à l’agriculture conventionnelle, consacrée à la
culture de légumes secs, lentilles et pois chiches en particulier. Ces cultures répondent aux demandes
des consommateurs Bio, intégrant plus de protéines végétales dans leur alimentation.
Il est important de signaler que nombre de ces cultures sont cultivées en association. L’association de
culture pour produire des légumineuses est en effet un mode de culture particulièrement adapté à l’AB
où les facteurs de croissance sont le plus souvent très limitants (Corre-Hellou et al., 2013) ; elle
participe à sécuriser la production en limitant les adventices, les maladies et la verse. Enfin, la pratique
de cultures intermédiaires se répand, malgré les limites de la destruction du couvert par le gel ou des
moyens mécaniques. Les objectifs recherchés sont la restitution d’azote à la culture suivante (une
culture d’été par exemple, comme le maïs), la couverture du sol pour concurrencer la flore adventice, la
structuration du sol. Les légumineuses sont très présentes dans ces couverts pratiqués en AB, qu’ils
soient semés en post-récolte, ou en relais dans la culture précédente. On trouve des exemples de
culture en pur (exemple : trèfle blanc semé après récolte ou en relais sous couvert d’une céréale), mais
aussi de nombreux cas d’implantation de couverts associés comprenant des légumineuses.
D’un point de vue économique, le fait que les systèmes Bio soient globalement diversifiés, et ceci en
profitant de la diversification apportée par les légumineuses, apporte de la résilience économique
(sécurisation des rendements ; multiplication/diversification de débouchés, notamment avec des
légumineuses à forte valeur ajoutée – soja, légumes secs), d’autant plus que les écarts de rendements
entre céréales et légumineuses sont plus réduits en AB qu’en conventionnel.
Les limites rencontrées pour l’insertion de légumineuses dans les systèmes AB
Un frein important à l’insertion d’une partie des légumineuses réside, dans la sensibilité des espèces
aux maladies, ravageurs ou à la concurrence des adventices. Un levier essentiel se situe au niveau du
choix variétal, peu de cultivars étant adaptés aux conditions spécifiques de production en AB. Il est clair
que des sélections plus adaptées à ce mode de production, mais aussi aux demandes des utilisateurs
(transformateurs, consommateurs) conforteraient la place des légumineuses dans ces systèmes. Dans
le secteur des couverts végétaux, on regrette d’ailleurs aussi le manque de caractérisation des
variétés (par exemple des diverses espèces de trèfle) pour faciliter leur choix dans des conduites en
AB. Si les associations de cultures sont très présentes chez les éleveurs Bio (petites et grosses
graines) et participent à leur recherche d’autonomie, leur développement dans les systèmes spécialisés
est encore limité. Des marges de progression existent dans les règles d’assemblage des associations
de cultures (notamment graminées-légumineuses et en particulier céréales-protéagineux), sur les choix
d’espèces en fonction des objectifs de production poursuivis, et les choix variétaux. Les itinéraires
techniques de conduite sont aussi perfectibles, notamment à la récolte pour limiter la casse des grains.
Barbottin A. et al.
52 Innovations Agronomiques 68 (2018), 39-77
En termes de collecte, triage et stockage (que ce soit à la ferme et/ou chez un collecteur), la qualité des
équipements et le coût des opérations constituent également un frein au développement des cultures
associées, bien qu’on constate leur progression régulière en AB.
L’acceptation par les transformateurs de productions issues de cultures associées est un autre levier
qui peut contribuer à faire évoluer l’ensemble des filières de production (protéagineux, légumes secs).
Sans oublier bien sûr le levier majeur que constitue la demande des consommateurs ou des fabricants
d’aliments pour bétail.
Enfin, si la diversification des systèmes peut être un atout économique pour limiter les risques en multipliant les
débouchés, elle peut s’avérer parfois facteur de risque pour des marchés restreints, de niche (exemple :
cameline associée à la lentille). La forte progression des marchés et surfaces en bio à laquelle on assiste depuis
deux ans peut participer à limiter ces risques, via l’organisation des filières.
2.2.3 Diversité variétale disponible et exploitée – l’exemple du blé tendre d’hiver
De nombreuses variétés sont disponibles pour les différentes espèces de céréales. Il y a par exemple
358 variétés de blé tendre d’hiver inscrites au catalogue français en 2015 (toutefois seules une
quarantaine sont cultivées sur des surfaces significatives) et 929 variétés de maïs.
Le blé tendre est la céréale pour laquelle la diversité variétale exploitée est la plus importante. Si l’on
s’intéresse au type de variétés implantées en France au cours des 20 dernières années, on observe
que c’est principalement le débouché qui pilote le choix variétal (panification, alimentation animale ou
biscuiterie). Les surfaces en blé implantées avec des variétés destinées à la panification sont largement
majoritaires, elles occupent 91 % de l’emblavement. Les 9% restant sont occupés par des blés
fourragers et des blés biscuitiers (regroupés sous le terme Blé Autres Usages, BAU). Jusqu’en 2005, on
notait une faible diversité des variétés implantées : six variétés (ou moins) représentaient 50% des
emblavements. On observe aujourd’hui une augmentation de la diversité variétale cultivée à l’échelle
nationale, aucune variété ne dépassant 10 % de la sole nationale et les dix premiers cultivars ne
dépassant pas 50 % de la sole en 2017 (Tableau 6, données pour l’année 2017, source
FranceAgriMer).
Tableau 6 : Diversité des variétés de blé tendre en France en 2017 (Source : FranceAgriMer)
Variété
Année
d'inscription
Classe
technologique
Arvalis
% des surfaces
nationales
Surfaces
cumulées
RUBISKO
2012
BP
9.47
9.47
FRUCTIDOR
2014
BPS
7.85
17.32
CELLULE
2012
BPS
7.45
24.77
BOREGAR
2008
BPS
5.00
29.77
OREGRAIN
2012
BPS
4.81
34.58
MELANGES VARIETAUX
4.75
39.33
APACHE
1998
BPS
2.94
42.28
BERGAMO
2012
BP
2.83
45.11
AREZZO
2008
BPS
2.72
47.83
NEMO
2015
BPS/BP
2.07
49.90
Autres variétés
50.10
100.00
Diversité des agricultures : filière céréales, oléagineux et protéagineux
Innovations Agronomiques 68 (2018), 39-77 53
Cette diversité variétale exploitée est variable à l’échelle nationale. Perronne et al. (2017) montrent
qu’au cours de la période 1980-2006, les départements du quart nord-est de la France se caractérisent
par une forte augmentation du nombre de variétés assolées et de la diversité spatiale des variétés. Au
contraire, sur la même période, les départements du quart sud de la France se caractérisent par une
augmentation beaucoup plus modérée, voire une stagnation du nombre de variétés assolées et de la
diversité spatiale des variétés. Ceci s’explique à la fois par une offre variétale plus étoffée pour la région
Nord (cf. inscriptions CTPS zone nord vs zone sud), et sans doute une plus grande volonté des
distributeurs (souvent des groupes de coopératives) de renouveler la gamme variétale pour limiter
l’usage de semences de ferme (Perronne et al., 2017). Dans la zone sud, le blé tendre est moins
important et les facteurs limitants sont plus nombreux ne permettant pas toujours l’expression du
potentiel génétique : on observe alors davantage de conservatisme dans le choix variétal.
L’augmentation de la diversité variétale cultivée, observée cette dernière décennie, n’est cependant pas
associée à une augmentation de la diversité génétique (Perronne et al., 2017 ; Gallais, 2013). Cette
différenciation entre diversité variétale et diversité génétique est le fait du processus historique de
sélection qui sur les espèces autogames tel que le blé tendre a conduit à la transition de populations
cultivées à des variétés en lignées pures (absence de diversité intra-variétale). Mais elle est également
la conséquence de processus de sélection sur un nombre restreint de critères, principalement le
rendement, l’adaptation au milieu au sens large (incluant les techniques culturales), ainsi que des
critères de qualité des produits récoltés, entrainant une utilisation intensive d’un petit nombre de
géniteurs apportant au départ les caractéristiques souhaitées (Perronne et al., 2016 ; Gallais, 2013).
Néanmoins, la diversification récente de l’offre variétale, mais aussi l’utilisation plus large de géniteurs
anciens ou exotiques dans les programmes de sélection a permis de stabiliser, voire de faire remonter
la diversité globale, qui avait fortement baissé dans les années 1960-1980 suite à des effets de
« goulots d’étranglement » dus à la sélection (par exemple pour réduire la hauteur des plantes lors de la
« révolution verte »).
2.2.4 Voies de diversification des variétés
Des variétés rustiques pour valoriser des systèmes moins dépendants aux intrants
Les critères de sélection et d’inscription au catalogue variétal se sont historiquement concentrés sur la
productivité et l’adaptation aux critères de la meunerie des variétés (Gauffreteau et al., 2014). A ces
critères, la résistance aux maladies fait également partie des dispositifs d’évaluation des variétés depuis
les années 80, puisque deux conduites sont testées en dispositif d’homologation : avec et sans
fongicides. Des bonifications et pénalités selon l’écart entre les rendements mesurés aux deux
modalités ont été instaurées en 1990 et renforcées en 1994 (Boulineau et Leclerc, 2013). Cela s’est
traduit par des résultats sensibles sur l’accroissement du niveau de résistance des variétés inscrites.
Depuis 1995, des variétés dites « rustiques » sont donc disponibles au catalogue. Ces variétés
présentent une plus grande résistance aux maladies et à la verse avec des niveaux de productivité
comparables aux autres variétés. La diffusion de ces variétés est, de plus, très dépendante du prix du
blé et du verrouillage dû au conseil technique dominant lié à la distribution des produits phytosanitaires
qui a longtemps prévalu (Butault et al., 2010). En 2000, les variétés rustiques représentaient à peine 5
% de la sole française de blé. Leur part dans l’offre variétale ne cesse cependant de progresser (Figure
4) et elles trouvent un écho particulièrement favorable en agriculture biologique (Renan, blé améliorant
de force inscrit en 1989 occupait 23 % des surfaces de blé biologique en 2011 et reste la variété la plus
cultivée en agriculture biologique en 2017). Toutefois, les activités de conseil et de distribution sont de
plus en plus découplées dans certains groupes coopératifs, qui semblent avoir reçu les messages liés à
EcoPhyto ou aux CEPP (https://alim.agriculture.gouv.fr/cepp/#/content/ap-dispositif). La rédaction de
fiches CEPP « variétés », coordonnée par Arvalis, devrait en principe renforcer l’attractivité des variétés
rustiques.
Barbottin A. et al.
54 Innovations Agronomiques 68 (2018), 39-77
Figure 4 : Part estimée des variétés rustiques dans la multiplication de semences certifiées de blé tendre d’hiver
en France (D’après Gauffreteau et al., 2014)
Les mélanges variétaux pour réduire la dépendance aux intrants – un exemple de
verrouillage technologique
L’augmentation de la diversité génétique dans les parcelles par le développement des mélanges
variétaux au champ apparait comme une alternative permettant de réduire l’utilisation d’intrants
chimiques (Meynard et al., 2014). Des études montrent que les performances agronomiques et
écologiques des mélanges variétaux sont égales voire supérieures aux variétés pures, notamment dans
les systèmes techniques s’appuyant sur les principes de l’agroécologie. Ces performances portent
principalement sur une meilleure tolérance aux maladies (De Vallavieille-Pope, 2004), une sécurisation
du comportement vis-à-vis d’accidents agronomiques ou climatiques (Ostergard et al., 2009) et une
stabilisation du rendement pluriannuel (Bousseau, 2009). Un programme ANR récent, WHEATAMIX
(https://www6.Inra.fr/wheatamix/) a permis d’inventorier l’intérêt agronomique des mélanges, ainsi que
les services écosystémiques rendus. Pourtant, les mélanges variétaux ne sont pas ou peu utilisés en
France aujourd’hui. Le développement des mélanges variétaux se heurte principalement à des
problèmes organisationnels à l’aval de la filière liés à la différenciation des marchés (Salazar, 2015) :
- Les critères technologiques d’évaluation de la qualité meunière des blés récoltés ne sont pas
pensés pour des mélanges variétaux. Bien que la majorité des volumes de blé récoltés soit à
destination de l’export où les critères variétaux ne sont pas sélectifs, ce sont les critères des
marchés meuniers qui portent les contraintes de valorisation des blés entre exploitants et
coopératives car c’est ce marché qui porte la valeur ajoutée sur la production. Les coopératives
encouragent donc leurs adhérents à cultiver des variétés pures, recommandées par la
meunerie.
- La gestion du stockage s’organise avant moisson sur la base des informations disponibles
telles que les achats de semences et les informations sur les assolements. Les allottements se
font en fonction des critères technologiques, blé standard (exportation), blé pour la meunerie
française, variété pure, etc. L’homogénéisation des lots est alors recherchée.
Ainsi, les filières agro-industrielles n’ont pas investi sur des techniques alternatives permettant à la fois
la mesure et la transformation de lots fondés sur des mélanges variétaux, et continuent d’orienter les
choix technologiques en faveur d’une grande stabilité des caractéristiques des matières premières.
2.2.5 Céréales, oléagineux, légumineuses à graines : une offre variétale contrastée
Les céréales, oléagineux et légumineuses à graines recouvrent une diversité d’espèces cultivées,
certaines représentant des marchés à fort volumes (ex, le blé tendre d’hiver – 40,9 Mt produites en
Diversité des agricultures : filière céréales, oléagineux et protéagineux
Innovations Agronomiques 68 (2018), 39-77 55
2015), d’autres de faibles volumes (ex, avoine tous types – 0,40 Mt produites en 2015). Pour ce qui
concerne les céréales, nous traiterons ici des principales céréales à paille (blé et orge), le maïs et le riz.
Pour les oléagineux, nous avons regroupé l’information concernant principalement le colza, le tournesol
et le soja tout en donnant un éclairage pour certains points sur des productions mineures (olivier, lin).
Les légumineuses à graines couvrent une diversité d’espèces cultivées comme cultures de rente ou
plantes de service du fait principalement de leur propriété biologique de fixer l’azote de l’air. Les pois et
féveroles restent les cultures les plus importantes, couvrant 90% des surfaces de légumineuses à
graines, le lupin et autres légumineuses comme les lentilles, haricots-grains, pois chiche couvrant le
reste.
Ces grandes familles d’espèces présentent une plus ou moins grande diversité de variétés inscrites au
catalogue français. Les espèces pour lesquelles le nombre de variétés inscrites au catalogue est le plus
élevées sont également celles pour lesquelles les surfaces cultivées sont les plus importantes (Figure
5). Ainsi, le maïs et le blé disposent respectivement de 929 et 358 variétés inscrites au catalogue
français en 2015 contre 16 et 7 variétés pour respectivement le riz et le lupin (types printemps et hiver
confondus (http://cat,geves,info/Page/ListeNationale). Cette dichotomie entre espèces « majeures » et
espèces « mineures » du point de vue de l’effort de sélection se retrouve également à l’échelle
Européenne. 2 234 variétés de blé tendre étant inscrites au catalogue européen contre respectivement
392 et 134 variétés pour les pois et soja (Magrini et al., 2016).
Figure 5 : Nombre de variétés inscrites au catalogue officiel français en fonction des surfaces associées à
chaque espèce (p : printemps ; h : hiver)
Le nombre variable de variétés inscrites ne rend pas seulement compte des différences de proportion
dans l’assolement, et donc de potentiels retours économiques pour les obtenteurs de ces variétés ; il
rend compte aussi de dynamiques de filières variables. Par exemple, des variétés récentes ont été
inscrites pour le soja pour le débouché de l’alimentation humaine alors que ce débouché reste peu
élevé (5 variétés inscrites par an depuis 2015) (Figure 6). Mais ce débouché est très soutenu par les
filières concernées afin par exemple de valoriser des variétés ayant des propriétés organoleptiques
améliorées et une teneur réduite en facteurs indésirables (par exemple les isoflavones du soja).
Barbottin A. et al.
56 Innovations Agronomiques 68 (2018), 39-77
2.2.6 Diversité des stratégies de protection phytosanitaire – exemples du blé et du colza
Les enquêtes « pratiques culturales » montrent que les systèmes de culture en place aujourd’hui sont
fortement dépendants des produits phytosanitaires. La France est aujourd’hui le quatrième utilisateur
mondial de pesticides à usage agricole, après les Etats-Unis, le Brésil et le Japon. Le poids des
produits phytosanitaires dans les systèmes de grandes cultures céréaliers est d’autant plus important
que les cultures qui les constituent (céréales et colza par exemple) couvrent une grande partie des
surfaces agricoles françaises (Butault et al., 2010 ; Figure 7) et représentent une part importante des
ventes de produits phytosanitaires (39% du chiffre d’affaire des entreprises productrices de produits
phytosanitaires) (source UIPP, repères 2013).
Figure 7 : Superficies et parts des substances actives utilisées associées aux principales cultures en France
(source Agreste – Enquêtes pratiques culturales, 2011)
L'objectif de la protection des cultures est de réduire les pertes de récoltes occasionnées par les bio-
agresseurs. Le terme produits phytosanitaires recouvre une diversité d’usages, de produits, de
molécules et de modes d’action. On distingue classiquement les herbicides, les fongicides, les
insecticides, les nématicides, les substances de croissance (ou régulateurs de croissance), les
rodonticides, les acaricides, les molluscicides et les produits divers. Il existe un très grand nombre de
matières actives (et encore plus de produits commerciaux) s’adressant aux grandes cultures. En 2012,
Figure 6 : Nombre de variétés de
soja inscrites sur la liste A du
catalogue officiel depuis 2000
(Source : Geves)
Diversité des agricultures : filière céréales, oléagineux et protéagineux
Innovations Agronomiques 68 (2018), 39-77 57
309 substances actives phytopharmaceutiques étaient autorisées pour un usage en France. Ces
substances actives concernent majoritairement des herbicides, des fongicides et des insecticides
(Expertise collective INSERM – Pesticides-Effets sur la santé, 2013). A titre de comparaison, l’index
phytosanitaire de l’ACTA enregistrait 489 substances actives autorisées en 2004 et 520 en 2000
(Aubertot et al., 2005).
Le nombre et la nature des traitements réalisés dépendent de l’espèce. Pour les principales céréales
cultivées, le blé tendre est l’espèce qui reçoit le plus de traitements (5,8 traitements en moyenne) contre
3 traitements en moyenne pour le maïs fourrage (Tableau 7). Ce sont les herbicides et les fongicides
qui constituent les principaux types de traitement réalisés sur les céréales à paille. Les régulateurs de
croissance concernent spécifiquement les céréales à paille. Ils sont utilisés plus fréquemment pour le
blé et l’orge (47 % des surfaces en blé et 58 % des surfaces en orge), et dans une moindre mesure le
blé dur et le triticale.
Tableau 7 : Nombre moyen de traitements phytosanitaires (traitement : un produit appliqué en un passage) pour
les principales espèces céréalières cultivées en France (source Agreste – Enquête Pratiques Culturales, 2011).
Herbicide
Fongicide
Insecticide
Régulateur
de
croissance
Molluscicide
Total
Blé tendre
2,1
2,6
0,4
0,6
0,1
5,8
Blé dur
1,8
1,7
0,2
0,2
0,1
3,9
Orge
2,0
2,3
0,1
0,8
0,1
5,3
Triticale
1,5
0,8
0,1
0,1
0,0
2,6
Maïs
fourrag
e
fourra
ge
3,0
0,0
0,1
0,0
3,0
Maïs grain
2,9
0,0
0,3
0,1
3,2
Le nombre et la nature des traitements réalisés dépendent également de la zone de culture en lien avec
le potentiel pédoclimatique de celle-ci. Le niveau de traitement des cultures par les pesticides peut être
approché, bien que de façon insatisfaisante, par l’indice de fréquence de traitement (IFT). L’IFT permet
d’évaluer la « pression phytosanitaire » exercée sur une parcelle. Il est exprimé en « nombre de doses
homologuées par hectare » appliquées sur la parcelle pendant une campagne culturale. Les régions du
nord de la France montrent des niveaux de traitements phytosanitaires plutôt supérieurs à la moyenne
nationale quelle que soit la culture. À l’opposé, les régions du sud de la France appliquent plutôt moins
de traitements phytosanitaires (Figure 8). Des conditions pédoclimatiques, des pressions sanitaires et
des pratiques différentes contribuent à expliquer cette variabilité qui peut être importante pour certaines
espèces. Ces conditions sont directement en lien avec le potentiel de rendement qui peut être attendu
dans ces différentes zones, les zones à plus fort potentiel étant celles où les pressions sanitaires sont
potentiellement les plus élevées (Agreste, 2013).
Pour une même région, des variations interannuelles et entre exploitations des indices de fréquence de
traitement et du nombre de traitements réalisés existent. Elles concernent principalement les postes
insecticides et fongicides qui font l’objet d’ajustements annuels en fonction du niveau de pression qui
est lié au climat. En revanche, l’ensemble des cultures céréalières présente le même niveau d’IFT
moyen sur les herbicides, cet IFT restant globalement stable entre années. Cette homogénéité
correspond au fait que la maîtrise de l’enherbement reste un facteur problématique dans l’itinéraire
technique pour tous les types de cultures et que sa gestion s’effectue à l’échelle pluriannuelle de la
succession des cultures, avec des rotations de plus en plus courtes.
Barbottin A. et al.
58 Innovations Agronomiques 68 (2018), 39-77
Figure 8 : Niveaux de traitements phytosanitaires par poste et par région (source Enquêtes pratiques culturales.
Agreste, 2011)
L’analyse des résultats des enquêtes « Pratiques culturales » montrent que les systèmes techniques
sont principalement basés sur le recours aux intrants, dans des systèmes dominés par un nombre
restreint de cultures et s’appuyant sur des variétés dont le choix est majoritairement piloté par le
débouché. Il n’est pas possible, si on considère chaque pratique prise indépendamment, de distinguer
la diversité des systèmes. A partir de ces enquêtes « Pratiques culturales », Guichard et al. (2013) se
sont intéressés à la combinaison des pratiques mises en œuvre dans les systèmes techniques
associant céréales et colza. Les auteurs distinguent six types de conduites du colza variant par le
niveau de dépendance aux produits phytosanitaires (IFT), le niveau de fertilisation azotée, le travail du
sol, la nature des semences utilisées… Par exemple, les niveaux de couverture phytosanitaire
caractérisant chacun des types sont très variables, jusqu’aux itinéraires techniques à très faibles
niveaux d’intrants. La majorité des systèmes techniques mobilisant peu d’intrants se retrouve dans des
exploitations de polyculture /élevage alors que les systèmes les plus « intensifs » sont principalement
mobilisés dans des systèmes céréaliers spécialisés sur un petit nombre d’espèces dans la rotation. Les
auteurs notent là aussi de fortes disparités régionales dans la part relative des différents systèmes
techniques sur colza.
2.2.7 Voie de réduction des pesticides
Diversifier les systèmes techniques en développant les conduites à bas niveau d’intrants
ou intégrés
Il s’agit ici de combiner au sein d’un même itinéraire technique un ensemble de solutions agronomiques
: valoriser le potentiel génétique et s’appuyer sur les outils d’aide à la décision. Les itinéraires
économes en intrants chimiques sont principalement mis en œuvre sur le blé tendre mais existent
également pour l’orge, le maïs ou le triticale en Picardie par exemple (Mischler et al., 2009). Ces
itinéraires techniques sont basés sur une réduction cohérente car coordonnée des intrants : un retard
Diversité des agricultures : filière céréales, oléagineux et protéagineux
Innovations Agronomiques 68 (2018), 39-77 59
du semis, une réduction de la densité de semis et la suppression des apports précoces d’azote. Les
adventices sont contrôlées par l’application d’herbicides, la fertilisation azotée est réduite à la
montaison, les régulateurs de croissance sont exclus et l’utilisation de fongicides est limitée (Felix et al.,
2012 ; Loyce et al., 2012). Ces choix techniques réduisent de 30% les intrants et le rendement de 5 à
10% mais aussi les risques et, de fait, autorisent une réduction forte du nombre de traitements. Ces
solutions sont mises en œuvre chez certains agriculteurs mais leur diffusion est cependant limitée.
Parmi les freins identifiés à l’adoption de ces itinéraires techniques, la perception du risque associé à un
niveau réduit d’intrants est mise en avant, notamment le risque d’irrégularité du rendement.
D’autres solutions peuvent être trouvées intégrant les cultures intermédiaires, les périodes de semis,
des associations d’espèces ou de cultures, de variétés ou le paysage et qui permettent de réviser les
itinéraires techniques (protection phytosanitaire et azote) sans modifications drastiques des rotations.
Les travaux réalisés dans le cadre du programme EcoPhyto 2018 ont permis de montrer que ces
systèmes de culture étaient performants pour réduire le recours aux pesticides sur les cultures testées
par rapport au modèle de référence et que leurs performances économiques étaient globalement
satisfaisantes (Emonet et al., 2016). Néanmoins, face à la fluctuation peu prévisible des prix des
produits agricoles, un agriculteur pourra hésiter à se lancer dans un itinéraire à bas niveau d’intrants sur
blé tendre qui s’accompagne en moyenne d’une réduction de 10 % du rendement (Verjux, 2011), le
rendement étant souvent perçu comme un estimateur de la marge brute.
Le verrouillage technologique est la clé principale d’une faible diffusion des itinéraires techniques
intégrés. En effet la logique de mise en œuvre des plans EcoPhyto doit être restituée dans le contexte
sociotechnique de l’usage des pesticides : la faible place de la reconception des systèmes de culture,
l’évolution des objectifs du réseau DEPHY, ou les ambiguïtés concernant les indicateurs, peuvent être
expliquées par l’existence d’un verrouillage sociotechnique impliquant une grande partie des acteurs du
monde agricole (Meynard et al., 2010 ; 2014).
Substituer les intrants, un premier pas pour aller vers des systèmes agroécologiques : la
lutte biologique en substitution de la lutte chimique
Il s’agit généralement de lutter contre les parasites des céréales via l’utilisation d’auxiliaires de culture
introduits dans les parcelles par lâchers. Très peu d’exemples existent en grande cultures sur céréales.
La principale application porte sur la gestion de la pyrale du maïs par des lâchers de trichogrammes
et/ou de Macrocentrus cingulum. En céréales à paille, le bio-contrôle n’offre à court terme aucune
solution de remplacement.
S’appuyer sur le travail du sol pour lutter contre les bio-agresseurs
Parmi les recommandations visant à réduire l’usage des intrants, la gestion des adventices à travers
une modification du travail du sol est préconisée par exemple par les instituts techniques (cf. Arvalis -
Produire plus et mieux : 53 solutions concrètes pour réduire l’impact des produits phytosanitaires,
2012). Il s’agit généralement 1) de réaliser des faux semis sur les céréales d’automne avant
implantation, ces faux semis étant rendus possibles par un décalage des dates de semis des céréales
d’automne ; 2) de réaliser des désherbages mécaniques comme pratiqués en agriculture biologique,
cette solution nécessite alors d’augmenter les écartements inter-rangs ou 3) de recourir au labour. Cette
dernière solution au regard du développement des techniques culturales simplifiées et de leur intérêt
dans la préservation de la macrofaune du sol et du stockage de la matière organique a pu être
largement débattue. Néanmoins avec la perspective de l’interdiction du glyphosate d’ici trois ans, le
recours au moins partiel au labour (agronomique plus que profond et facultatif plus qu’obligatoire) ne
fait guère de doute. Notons que dans le cadre d’une évolution vers des systèmes s’appuyant sur les
principes de l’agroécologie il est, dans une première phase, impossible de produire plus et mieux, en
effet pour produire mieux, il faut produire moins.
Peu de données quantitatives sont disponibles sur la diversité des modes de production et des
Barbottin A. et al.
60 Innovations Agronomiques 68 (2018), 39-77
pratiques mises en œuvre dans les exploitations. Les données disponibles permettent à travers
quelques informations sur une pratique ou un élément du système de culture de dresser un bilan des
grandes tendances observées, tendances qui ne traduisent pas la diversité locale.
3. Valorisation de la diversité des agricultures au sein des filières
Pour rendre compte de la prise en compte par les filières de la diversité des formes d’agricultures, nous
avons choisi d’analyser un ensemble de dispositifs de valorisation de ces productions (charte, cahiers
des charges privés, signes officiels de qualité…). A partir des informations collectées sur ces dispositifs,
nous avons caractérisé : leurs objectifs, les volumes concernés, les dispositions relatives aux pratiques
agricoles et le gain de valeur associé si celui-ci était indiqué. Trente-deux dispositifs ont été analysés
(12 relatifs aux céréales, 7 aux oléagineux et 12 aux légumineuses à graines), 30 des 32 dispositifs
analysés sont orientés pour la production de produits destinés à l’alimentation humaine (dont 2
situations associant des débouchés industriels spécifiques), un dispositif est exclusivement dédié aux
débouchés industriels et un dispositif s’adresse à la labellisation des exploitations. Quatorze dispositifs
relèvent de cahiers des charges privés (dont 5 adossés à une certification par un organisme tiers
2
) et 19
dispositifs relèvent d’un signe officiel de qualité (10 appellations AOC, AOP et IGP et 9 appellations
Label Rouge ou Label Agriculture Biologique). Le tableau présentant les grandes caractéristiques de
ces dispositifs est présenté en Annexe 1. Un focus est aussi proposé sur le développement de produits
bio-sourcés (cf. 3.1.3).
3.1 Des dispositifs variés pour valoriser la diversité des systèmes de
production en grandes cultures
Pour la plupart des dispositifs, il a été possible d’estimer les volumes concernés par les filières, soit
directement en volume de produit brut, soit indirectement par une estimation des surfaces ou des
exploitations engagées dans les filières associées (Tableau 8). Quatre catégories de volumes ont été
définies : collecte de moins de 50 000 t de produit/an ; de 50 000 à 100 000 t de produit/an ; de 100 000
à 200 000 t de produit/an et plus de 200 000t de produit/an. Les pratiques spécifiées dans les dispositifs
ont été classées en quatre groupes : Recommandations variétales, lorsque le dispositif spécifiait une
liste de variétés sans indiquer plus d’élément sur les pratiques ; Recommandations sur le
raisonnement des pratiques, lorsque le dispositif spécifiait l’emploi d’outil d’aide à la décision et/ou de
seuil pour les interventions ainsi qu’une liste de variétés recommandées ; Valorisant l’agronomie,
lorsque le dispositif indiquait une volonté de réduire les intrants (engrais et/ou produits phytosanitaires)
en s’appuyant sur des solutions agronomiques ainsi qu’une liste de variétés recommandées et
Pratiques fixées par cahier des charges (CC), lorsque les caractéristiques de l’itinéraire technique
sont fixées par le cahier des charges du produit.
Les objectifs poursuivis par les différents dispositifs visent pour une grande partie d’entre eux à
développer des filières valorisant des produits locaux (signes d’officiels de qualité) ou à favoriser la
diversification des cultures dans des zones dominées par la monoculture de maïs (ex. Blé Herriko). Les
volumes associés à ces dispositifs sont alors restreints (< 50 000 t de produit brut). Les dispositifs
mobilisant des volumes plus conséquents cherchent principalement à créer une valeur ajoutée en
s’adossant à un cahier des charges valorisant des produits dont les modes de production sont plus
respectueux de l’environnement (valorisant des solutions agronomiques ou s’appuyant sur des
recommandations d’usage de pratiques raisonnées, ex. Charte LU’Harmony) ou valorisant un territoire
de production (ex. Blé Alpina Savoie). Pour l’ensemble des dispositifs analysés, des critères de tri/
d’acceptation à l’entrée dans la filière sont spécifiés. Ceux-ci font référence à des caractéristiques
2
Les autres dispositifs n’indiquant pas explicitement la certification par un tiers dans les documents disponibles.
Diversité des agricultures : filière céréales, oléagineux et protéagineux
Innovations Agronomiques 68 (2018), 39-77 61
technologiques (tailles des grains, aspect, taux d’impuretés, d’humidité, taux d’oméga 3…) et sanitaires
(taux de contamination en mycotoxines).
Tableau 8 : Nombre de dispositifs analysés en fonction du volume traité et types de pratiques spécifiées par le
dispositif (CC : Cahier des Charges)
Volume de produit
estimé/an (France
entière)
Nombre de
dispositifs de
valorisation associés
Type de pratiques spécifiées
Nombre de
dispositifs
associés aux
types de pratiques
200 000t ou plus
7
Recommandation raisonnement
des pratiques
2
Valorisation agronomie
3
Recommandations variétales
2
De 100 000 à 200 000t
1
Pratiques fixées par CC
1
De 50 000 à 100 000t
2
Recommandation raisonnement
des pratiques
2
Moins de 50 000t
22
Recommandation raisonnement
des pratiques
1
Pratiques fixées par CC
12
Valorisation agronomie
5
Recommandations variétales
3
Non indiqué
1
Les recommandations sur les pratiques présentes dans les cahiers des charges portent sur le
raisonnement à la marge des pratiques agrochimiques sans réelle remise en cause de celles-ci (par ex.
« utiliser une méthode de raisonnement des fumures… », « ne pas traiter un mois avant la récolte »,
« le recours aux produits phytosanitaires est autorisé et doit être raisonné… ») le délai de retour de la
culture cible dans la rotation ou le type de précédent cultural, la distance à une parcelle de la même
culture ou la proximité à une route. Lorsque ces recommandations portent sur la valorisation des leviers
agronomiques, celles-ci sont généralement englobantes (par ex. « incitation à tester des pratiques plus
agroécologiques », « prise en compte de l’empreinte écologique ») et peu précises quant aux éléments
qui permettent de différencier ces pratiques de pratiques « raisonnées ». Les spécifications relatives
aux moyens à mettre en œuvre sont, dans 5 cas sur 32, faibles et limitées au choix variétal. Une liste de
variétés à implanter est alors proposée.
Pour les dispositifs relevant de signes officiels de qualité, dans 12 cas sur 19, l’itinéraire technique
associé à la production est défini par le cahier des charges. Les préconisations portent alors
principalement sur les moyens techniques permettant d’atteindre les critères technologiques et
sanitaires attendus par la règlementation. Pour les autres dispositifs relevant de label ou signe officiel
de qualité, les préconisations portent sur le respect d’engagements généraux (ex. Agriculture
Biologique), obligation de moyens en dehors de critères technologiques, et permettent une plus grande
diversité de pratiques.
Six dispositifs sur les 32 préconisent ou imposent la mise en œuvre de pratiques valorisant les
connaissances agronomiques pour substituer/réduire le recours aux intrants. Ces dispositifs se
retrouvent à la fois dans des filières de tailles importantes (>2 000 000 t/an) et de faible volume
(<50 000 t/an). Huit dispositifs sur les 32 indiquent une valeur ajoutée associée à la valorisation du
Barbottin A. et al.
62 Innovations Agronomiques 68 (2018), 39-77
produit dans la filière. Cette valeur ajoutée varie de 2 à 50 euros par tonne de produit brut et peut être
plus élevée par exemple en agriculture biologique (blé tendre AB >350 €/t vs conventionnel 150€/t) par
rapport au prix du marché ou propose un prix payé indiqué sur une culture de référence (ex. lin
oléagineux). Un dispositif spécifie une prime pour le respect des principes agroécologiques. Cette prime
(15 euros par tonne) intègre notamment l’obligation de tester des pratiques innovantes ou de calculer
des indicateurs.
L’analyse de quelques dispositifs de valorisation des productions montre que dans le cas de quelques
dispositifs sous signes officiels de qualité, les pratiques à mettre en œuvre sur la culture ou sur la
rotation sont globalement restrictive de la diversité. Cette spécification se fait en lien avec la typicité du
produit et a vocation à satisfaire les critères technologiques qui la définissent. Pour les dispositifs ne
relevant pas de SOQ (Signe Officiel de la Qualité) ou relevant de dispositifs tels que l’Agriculture
Biologique, les recommandations sont suffisamment vastes pour inclure une diversité de pratiques et de
modes de production dès lors que ceux-ci permettent d’atteindre les critères technologiques
ciblés pour l’insertion dans la filière. Ils n’apparaissent pas en soi restrictifs de la diversité des
modes de production. Certains dispositifs enfin affichent le souhait de promouvoir des modes de
production plus respectueux de l’environnement et s’appuyant sur les principes de l’agroécologie, qui a
plusieurs définitions en France. Il faut cependant noter que la plupart des dispositifs, à l’exception de
l’agriculture biologique, sont des marques commerciales avec des cahiers des charges assez peu
contraignants donc sans impact significatif sur la diversité. Il s’agit principalement de démarche
permettant une démarcation commerciale.
3.1.1 La transformation/les transformateurs : frein ou levier pour la diversité des agricultures
Les céréales, oléagineux et protéagineux produits dans les exploitations de grandes cultures sont
principalement destinés à l’alimentation animale et humaine (on fera abstraction ici des usages non
alimentaires). Les critères qualitatifs pour l’alimentation animale sont principalement ciblés sur la valeur
énergétique (blé, oléagineux) et l’apport protéique (protéagineux) ramené à un prix le plus faible
possible. Dans le cas du blé, on est par exemple amené à utiliser des blés déclassés ou des issus de
meunerie (sons, remoulage, germe) et pour les oléagineux les co-produits de l’huilerie (tourteaux par
exemple). Les traitements thermiques comme le toastage sont effectués sur les protéagineux et sont
indispensables afin de détruire les facteurs anti-nutritionnels (important surtout pour les
monogastriques) et d’empêcher la dégradation par les bactéries du rumen (essentiellement pour les
ruminants). Pour les oléagineux, les traitements thermiques sont nécessaires afin d’obtenir un
rendement satisfaisant d’extraction d’huile.
Dans le contexte de la diversité des agricultures, le cas des mélanges d’espèces (par exemple blé-
féverole, orge-pois et triticale-pois-féverole) réalisés afin de diminuer les apports d’intrants, suppose
une organisation logistique adaptée. En effet, pour ces productions, il est nécessaire de trier et de
nettoyer les graines avant d’appliquer des traitements thermiques. Le tri est d’autant plus indispensable
qu’un décorticage peut être nécessaire (cas des fèveroles riches en tanins) et qu’il faut contrôler la
balance énergie-protéines dans la composition des aliments pour animaux. Les mélanges céréales-
protéagineux nécessitent donc des installations de tri dont le coût, appliqué à l’agriculteur, peut être un
frein au développement de ces associations d’espèces. Le débouché de l’alimentation humaine, plus
rémunérateur, est en revanche susceptible de mieux amortir ce coût du triage.
Dans le cas des mélanges variétaux, on est dans une situation plutôt favorable pour l’alimentation
animale, sachant qu’on pourra aisément corriger des défauts énergie-protéines dans la formulation des
aliments en jouant par exemple sur les proportions des différentes sources végétales (ce qui se fait
actuellement) sans recourir à un tri qui serait par ailleurs impossible.
Pour la nutrition humaine, la majeure partie des grains de céréales et de protéagineux nécessite, pour
Diversité des agricultures : filière céréales, oléagineux et protéagineux
Innovations Agronomiques 68 (2018), 39-77 63
être consommés, d’être transformés, pour isoler les fractions les plus adaptées à la consommation
humaine, c’est-à-dire permettant de fabriquer des aliments sains, sûrs, de bonne qualité organoleptique
et technologique. Ces procédés de transformation permettent, par exemple, la diminution de
contaminants de type spores, bactéries, moisissures, toxines fongiques, pesticides, métaux lourds,
composés phénoliques ou fibres insolubles qui posent des problèmes d’amertume ou d’indigestibilité,
diminution de facteurs antinutritionnels, etc. Ces procédés ont souvent été développés sur la base de
savoirs ancestraux, tels que les industries de la meunerie, de la malterie, de l’huilerie…, qui ont été
standardisés et normés pour garantir un minimum de risques lors de la transformation des matières
premières en aliments et pour garantir la qualité sanitaire, nutritionnelle et organoleptique de ces
produits.
Une modification drastique de la nature des ressources végétales peut entrainer une remise en cause
de ces procédés. Dans le cas des mélanges d’espèces, le tri est indispensable afin de générer des
fractions nutritionnellement et technologiquement acceptables. Ce tri est d’autant plus important qu’on
ne maîtrise pas les proportions des espèces à la récolte, proportions qui vont conditionner la qualité des
produits à transformer. Le tri d’un mélange blé-pois par exemple n’est pas acceptable en termes de
fractionnement ultérieur de ces grains en raison de contaminations interspécifiques résiduelles trop
importantes ; ces contaminations résiduelles peuvent être incompatibles avec les débouchés visés, par
exemple le pois en alimentation humaine est en partie à destination des marchés « sans gluten »
spécifiant dans les cahiers des charges 0% de présence de céréales.
Le développement de procédés efficaces de tri s’avère aujourd’hui un frein important pour le
développement de ces co-cultures pour l’alimentation humaine. Quand bien mêmes les trieurs optiques
offrent des performances de tri élevées, le coût associé peut rendre l’intérêt du tri rédhibitoire.
En ce qui concerne les mélanges variétaux le meunier adapte les mélanges afin d’uniformiser la qualité
des farines en fonction du cahier des charges des utilisateurs. Si demain il ne dispose que de mélanges
déjà constitués, sa marge de manœuvre sera plus limitée pour garantir la qualité du produit. Le meunier
en amont pourra être confronté à des disparités de qualité de ces mélanges de grains issus de
différentes variétés, et ne pourra pas les transformer avec les équipements actuels (disparité de taille,
forme, résistance mécanique des grains, hétérogénéité de la distribution des contaminants…), sachant
que la mise en œuvre de tri ne peut se faire pour certains mélanges de variétés. Ceci peut amener (i) à
des correctifs tels qu’ajout de gluten vital ou d’additifs (tensioactifs, enzymes, oxydo-réducteurs…) et/ou
(ii) à réaliser à nouveau des mélanges avec d’autres farines. Ces modifications entrainent des coûts
significatifs, des changements dans les quantités et qualités des produits. Les filières de valorisation
des co-produits associés peuvent être aussi revues en conséquence.
A ce stade, il apparait qu’une diversification des agricultures vers les co-cultures d’espèces (céréales-
légumineuses notamment) ou de mélanges variétaux nécessite des adaptations importantes des
procédés de transformation. Pour des usages en alimentation animale, ces adaptations pourraient
s’avérer réalisables à moyen terme, à condition que les surcoûts soient acceptables. Il ne faut pas
négliger des problèmes de règlementation quant aux usages alimentaires des mélanges d’espèces
végétales notamment en ce qui concerne la définition actuelle des produits céréaliers (pains, pâtes
alimentaires notamment). Bien que non évoqués, des freins similaires et particuliers seront rencontrés
pour les autres filières céréalières, orge de brasserie et amidonnerie en particulier. Il conviendra donc
d’analyser ces freins technologiques pour chacune de ces filières.
3.1.2 Les consommateurs/modes de consommation frein ou levier à la diversité des agricultures
Le but premier de l’agriculture est de fournir des produits de bonne qualité tant sur les plans sanitaires
et nutritionnels, aux consommateurs mais aussi aux animaux d’élevage. Avec la raréfaction annoncée
des matières fossiles, l’agriculture devient également une source de biens destinés à des usages non
Barbottin A. et al.
64 Innovations Agronomiques 68 (2018), 39-77
alimentaires (biocarburants, plastiques, etc.). Aujourd’hui, elle se doit d’être aussi la plus durable sur le
plan environnemental tout en préservant la sécurité alimentaire.
Depuis un peu plus de 50 ans, l’agriculture a évolué en même temps que les procédés de
transformation des productions agricoles et de fabrication des aliments et que nos modes de
consommation. Nous consommons de plus en plus d’aliments transformés industriellement, de peu
transformés à ultra-transformés
3
comme les boissons et desserts sucrés, plats cuisinés industriels,
céréales pour petit-déjeuner (Fardet et al., 2017, 2018 ; Monteiro et al., 2016). Par exemple, en France
les produits ultra-transformés constituent au moins 36% des calories ingérés quotidiennement chez les
adultes (Julia et al., 2018) et dépasse les 50% au Canada (Moubarac et al., 2014). Les aliments
transformés peuvent être issus d’une transformation artisanale ou industrielle, cette dernière étant
associée à la notion d’industrie agroalimentaire.
L’essor des industries agroalimentaires et le changement du mode de vie des sociétés occidentales
(industrielles et aujourd’hui post-industrielles) a conduit à la production d’aliments ultra-transformés en
masse, standardisés répondant à des normes sanitaires et organoleptiques précises tout en apportant
un gain de temps (aliments de service) aux consommateurs. Cette standardisation des aliments a été
rendue possible par la rationalisation des formulations à base d’ingrédients (agents de texture,
conservateurs, aromes, etc..) et de matières premières issues du « cracking » industriel des productions
agricoles tels que les amidons de maïs, de blé et de pomme de terre, gluten, lécithines de soja, poudres
de lait, de blanc d’œuf, gélatine, etc...
Au niveau mondial, l’expansion de l’industrie agroalimentaire a entrainé une réduction de la diversité
des espèces cultivées. Depuis un siècle, quelques 75 % des espèces de plantes cultivées ont disparu
selon les estimations de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO,
2011)
4
et aujourd’hui seules 150 espèces de plantes servent de support à l’alimentation de la planète,
dont seulement 12 plantes et 5 espèces animales représentent 75 % de l’alimentation mondiale. La
mondialisation de la production agricole, de concert avec celle de l’industrie agroalimentaire, a par
ailleurs conduit à diminuer les cultures vivrières locales dans les pays du sud au profit de cultures
destinées à l’alimentation animale ou au secteur non alimentaire des pays développés (soja, maïs,
coton, palme, etc.).
Au-delà de l’industrialisation, les évolutions des régimes alimentaires vers plus de produits d’origine
carnée ont impacté la diversité des espèces cultivées dans les successions de culture, notamment la
place des espèces de légumineuses. Majoritairement cultivées en tant que source de protéines pour
l'alimentation humaine les légumineuses à graines représentaient 161 000 ha au début des années
1960. Pour les seuls haricots secs plus de 150 000 ha étaient cultivés avant le milieu du 20ème siècle.
1950 marque le début d’une phase de déclin des surfaces avec 110 000 ha en 1960, puis 38 000 ha en
1970, 12 000 ha en 1980 et seulement 4 074 ha en 2013 (Denhartigh, 2015). Entre 1950 et 1985, la
consommation annuelle de légumineuses à graines est ainsi passée de 7,3 à 1,4 kg par personne
(Voisin et al., 2013). Les légumineuses cultivées sont aujourd’hui majoritairement destinées à
l’alimentation animale comme une part importante de la production céréalière (maïs, blé, orge).
Pour répondre aux critères des procédés industriels, des critères de qualité technologique ont été
définis au niveau des matières premières agricoles. En ce qui concerne les céréales, ce point peut être
illustré à travers la teneur en protéines des lots de blé tendre et d’orge destinés respectivement à la
3
Le concept d’aliment ultra-transformé a été défini en 2009 par des épidémiologistes brésiliens : « Ce sont des
formulations par ajout d’ingrédients et/ou d’additifs à usage principalement industriel pour imiter, exacerber ou
restaurer des propriétés sensorielles (texture, goût et couleur) ». Ils sont peu rassasiants, souvent enrichis en
sucres, sel et gras, et sont donc majoritairement sources de sucres « rapides » (hyperglycémiants) et de calories
« vides » (c’est-à-dire pauvres en composés bioactifs protecteurs tels que fibres, vitamines, minéraux et phyto-
nutriments antioxydants)
4
D’après : http://www.geo.fr/environnement/actualite-durable/agriculture-alimentation-fao-50744 et
http://www.fao.org/docrep/x0171e/x0171e03.htm
Diversité des agricultures : filière céréales, oléagineux et protéagineux
Innovations Agronomiques 68 (2018), 39-77 65
boulangerie et à la malterie. Afin de favoriser l’atteinte de ces critères technologiques, des pratiques
agricoles peuvent être recommandées au niveau des bassins d’approvisionnement des coopératives
agricoles (voir par exemple pour l’orge de brasserie Le Bail et Meynard (2003) et des listes de variétés
recommandées par la meunerie proposées aux agriculteurs (voir paragraphe 2.2.3). Ainsi, les procédés
de transformation des productions agricoles en aliments transformés sont un facteur d’influence des
modes de conduite des cultures et des systèmes de production qui leur sont associés.
Les modes de consommation basés massivement sur les produits issus de l’industrie agroalimentaire,
notamment de produits très ou ultra-transformés, associés à la sédentarisation des sociétés sont
aujourd’hui largement décriés quant à leur impact sur la santé (Monteiro et al., 2017). En réponse à ce
constat, l’essor de nouveaux modèles de consommation, en réponse ou non à des impératifs de santé,
a pu être observé à l’échelle française et européenne : flexitarien (réduction de la consommation en
viande), végétarien, végan, sans gluten, biologique, circuits courts…Ces changements sont également
alimentés par les successions d’accidents sanitaires de l’industrie alimentaire et notamment de
l’industrie des produits carnés (lait, viande) qui sont intervenus ces dernières années.
Ces nouveaux modes de consommation peuvent participer d’une évolution des pratiques agricoles. Par
exemple l’évolution des surfaces en grandes cultures en Agriculture Biologique ne cesse de croitre
depuis 2005 avec un gain de 20% entre 2015 et 2016 (Agencebio.org) afin de répondre à la demande
alimentaire, notamment de la meunerie et de l’alimentation animale. Cette dynamique des nouveaux
modes de consommation permet également le développement de céréales secondaires, favorables à la
diversification des assolements comme l’épeautre (environ 12 000 ha en 2016 contre moins de 2 000
ha en 2002) ou des légumineuses à graines comme la lentille (moins de 5 000 ha en 1997 contre 16
500 ha en 2014) ou le pois chiche en expansion. L’émergence d’une alimentation sans gluten permet
également un regain d’intérêt pour les céréales telles que maïs et de pseudo-céréales telles que le
quinoa et sarrasin.
Modes de consommation et agriculture sont donc intimement liés à travers les procédés de
transformation des aliments et leurs impacts sur les choix d’espèces, de variétés et de modes de
conduite. Les consommateurs peuvent être des leviers de diversification de l’agriculture à travers une
demande en forte croissance de produits issus de l’agriculture biologique, conduisant parallèlement à
l’émergence de marchés comme l’épeautre ou le petit épeautre (ce dernier bénéficie d’une IGP). La
substitution des produits carnés par des produits végétaux est un comportement qui s’accroit
notamment dans les classes sociales élevées des milieux urbains et qui a déjà entrainé des innovations
de l’industrie alimentaire et des productions alimentaires artisanales. Mais ces changements peuvent
entraîner un recours à de nouvelles formulations alimentaires et par conséquent à l’utilisation de
nouveaux ingrédients fonctionnels issus du cracking des matières premières végétales et donc à un
risque d’homogénéisation des critères technologiques et des pratiques culturales associées.
3.1.3 Bioéconomie et produits biosourcés, opportunités et leviers de la diversité des agricultures
dans la filière des oléagineux
La bioéconomie est un concept émergent, qui se définit comme l’économie de la photosynthèse, du
vivant. Selon l’OCDE, la bioéconomie est l’ensemble des filières fondées sur le vivant qui produisent et
valorisent des bioressources, de l’amont jusqu’à l’aval en intégrant la valorisation des co-produits et des
déchets. Cette définition rassemble plusieurs filières, les filières matures et les filières émergentes avec
l’idée de créer des interfaces.
La volonté du gouvernement français est de passer d’une économie linéaire à une économie circulaire
dans laquelle les produits biosourcés peuvent avoir une place s’ils reposent (i) sur une utilisation des
ressources naturelles renouvelables gérées durablement, (ii) sur la minimisation des impacts
environnementaux dès la conception via l’écoconception, (iii) sur le recyclage des différentes matières.
Barbottin A. et al.
66 Innovations Agronomiques 68 (2018), 39-77
Le benchmark international des dispositifs de soutien aux produits biosourcés et applicabilité à la
France réalisé par BIO by Deloitte et Nomadeis pour le compte de l’Ademe en juin 2015 trace les outils
et leviers pour soutenir le développement des produits biosourcés dans les usages « matériaux » :
plastiques, isolants, bétons, composites… et les usages « chimie » de la biomasse : cosmétiques,
détergents, encres, peintures, adhésifs, lubrifiants… La plupart de ces matériaux et usages pouvant
être produits à partir des céréales et oléagineux (Figure 9).
Figure 9 : Chaine de valeur retenue dans le cadre de l’étude réalisée par BIO by Deloitte et Nomadeis pour le
compte de l’Ademe (2015)
La vision intégrée de la production à l'utilisation à partir des plantes oléoprotéagineuses adaptées à la
chimie de spécialité et de commodité peut contribuer à ancrer durablement la chimie du végétal dans
les industries grâce au nouveau paradigme proposé par des filières lipidiques de la biomasse
oléagineuse. Ces atouts sont à exploiter et ces défis sont à relever pour améliorer le taux de
pénétration des produits biosourcés dans la chimie totale. Le taux de pénétration des bioproduits est
estimé à 30% en Europe à horizon 2030 et à 90% aux USA à horizon 2090.
Il faut aussi noter une demande croissante de produits d’origine renouvelable pour différentes
applications visant à remplacer les composés similaires actuellement utilisés d'origine fossile. Cette
tendance est mise en évidence par l'existence d'étiquettes biologiques récentes telles que BioPreferred
(USA), Blue Angel (Allemagne) pour divers produits de commodité, et aussi par de nouvelles
réglementations telles que REACH (EU) pour les produits chimiques. Cependant l’essor de cette bio-
économie est très dépendante de la présence et de la vitalité d’industries utilisatrices des produits de
première transformation.
Diversité des agricultures : filière céréales, oléagineux et protéagineux
Innovations Agronomiques 68 (2018), 39-77 67
4. Éléments de discussion
Les céréales, oléagineux et légumineuses à graines sont souvent présents simultanément dans les
exploitations et, pour partie, les critères de diversité des agricultures leur sont communs.
La notion de « diversité » des agricultures renvoie implicitement à la reconnaissance de différences
dans les processus de production et/ou de valorisation des produits agricoles, et donc à la recherche
d’une manière de caractériser ces différences, voire de proposer une typologie des formes de mise en
œuvre et de valorisation de la production agricole. Il apparait qu’une multitude d’entrées sont
envisageables pour caractériser les types d’agriculture (voir Barbottin et al. (a) dans ce numéro), ce qui
complexifie l’analyse : entrée environnementale, entrée sociale, entrée économique, entrée
agronomique, entrée technique… La diversité des agricultures renvoie nécessairement à un regard
multifactoriel et multi-échelle.
Notre analyse porte avant tout sur la diversité des modes de production agricoles, en illustrant leur
dépendance vis-à-vis de la diversité des voies de valorisation dans les filières (au travers des activités
de commercialisation, de transformation, de distribution…). Nous ouvrons ici le débat sur quelques
éléments de réflexion qui nous sont apparus lors de la réalisation de ce travail.
4.1 L’échelle de la diversité
Suivant le grain auquel on caractérise la diversité des agricultures, celle-ci peut être un facteur de
résilience, par exemple la diversité des cultures pour faire face aux aléas climatiques et économiques et
s’adapter à l’implantation des filières et leur demande en produits (ex. structuration des bassins de
production par rapport à l’élevage et aux grandes cultures).
L’analyse des données disponibles pour caractériser la diversité des agricultures montre que cet
exercice est rendu difficile par l’absence de données à l’échelle des systèmes de production. Les
données sur les pratiques sont disponibles, pratique par pratique, ou par culture lorsqu’il est possible
d’accéder à l’ensemble de l’itinéraire technique (Guichard et al., 2013) mais rarement à l’échelle de
l’exploitation agricole. Une caractérisation de la diversité telle que proposée par Therond et al. (2017)
ou Duru et al. (2016) est alors restreinte à quelques cas d’étude pour lesquels on dispose d’indicateurs.
Les travaux du GIS GCHP2E ont montré que l’accès aux données pour caractériser les pratiques et les
systèmes de culture ainsi que l’exploitation de ces données demeuraient un enjeu fort pour la recherche
agronomique (Séminaire « L’amélioration de la connaissance des pratiques en Grandes Cultures » du 7
mars 2017
5
).
4.2 La valeur et le coût de la diversité
L’analyse des dispositifs de valorisation de la production montre qu’hormis ceux relevant des signes
officiels de qualité, les recommandations sur les pratiques sont suffisamment vastes pour permettre une
diversité de systèmes de culture et de production, dès lors que les critères technologiques d’accès à la
filière sont atteints. On peut alors s’interroger sur le poids de ces critères technologiques sur les choix
techniques des agriculteurs, que ces choix soient intentionnels (pilotage de la stratégie de désherbage
pour éviter la réfaction des lots du fait de présence de graines d’adventices) ou issus d’une construction
collective au sein des filières (conseil aux agriculteurs, formation…). Si les travaux sur l’adoption des
variétés résistantes aux bioagresseurs ont montré un fort frein au sein même des filières (Lamine et al.,
2010), les filières peuvent également être le moteur d’incitation à l’évolution des pratiques par le biais
de primes, comme c’est le cas par exemple de la filière blé MacDonald ou de la démarche Lu Harmony.
5
https://www.gchp2e.fr/Actions-thematiques/Connaissance-des-pratiques-pour-l-evaluation-des-performances/7-
03-2017-Pratiques-et-performances-en-Grandes-Cultures
Barbottin A. et al.
68 Innovations Agronomiques 68 (2018), 39-77
On ne peut dès lors s’interroger sur la question de la diversité sans aborder celle de la valeur que
donnent les acteurs à cette diversité. Quelle est la performance économique des systèmes agricoles
plus diversifiés ? Quels sont les leviers pour augmenter les performances d’une agriculture diversifiée ?
Si les filières ne brident pas explicitement la diversité, pourquoi celle-ci n’est-elle pas plus développée ?
A qui revient la tâche de contrôler et d’actionner les leviers de diversification ? Par exemple, les
principaux acteurs semenciers concentrent leurs efforts d’innovation sur des espèces dites majeures,
au détriment de celles dites mineures : existe-t-il un niveau de développement d’une activité ou d’une
filière à partir duquel la diversité est considérée comme viable ? Y a-t-il un niveau critique au-dessous
duquel la diversité n’est pas valorisée/valorisable ? Ce niveau est-il défini uniquement par des
considérations et des acteurs économiques ou d’autres facteurs et acteurs interviennent-ils (facteurs
technologiques de transformation par exemple) ?
La disponibilité des connaissances et des outils de gestion et/ou d’aide à la décision peut-elle contribuer
à la diversité des agricultures ? Par exemple, toujours dans l’univers des semences, la création d’outils
polyvalents pour gérer des problèmes technologiques de transformation, d’évaluation de la qualité des
mélanges et de réorganisation de la filière accélérerait-elle le développement de la diversification par la
voie des mélanges et des combinaisons variétales ? Plus largement, la mobilisation de connaissances
dans la conception innovante d’outils et d’instruments pour gérer, par exemple, les questions logistiques
(calendrier de récoltes, stockage, traçabilité...) de la diversité variétale, et inter-espèce, par les
organismes économiques (coopératives, organismes stockeurs) ouvrirait-elle de nouvelles perspectives
en matière de viabilité de la diversité variétale ?
Si d’une manière générale, les connaissances, produites entre autres par la recherche, constituent un
input dans le processus d’instrumentation managériale de la diversité, l’utilisation même de ces
instruments est à l’origine d’apprentissages et de production de nouvelles connaissances. Par exemple,
la production de connaissances sur les effets positifs des acides gras oméga 3 sur la production
animale et la santé humaine a donné lieu à la mise en place progressive de dispositifs de différenciation
des produits par leur composition lipidique générant de nouveaux apprentissages (techniques
d’élevage, procédés de fabrication industrielle…), de nouvelles relations entre les acteurs impliqués
(agriculteurs, industriels, semenciers, restauration hors foyer, etc.), de nouvelles modalités
d’organisation managériale (associations d’acteurs, formalisation de cahiers des charges, marketing
collectif, procédures de suivi et de traçabilité) et de nouvelles recherches (mise en place de réseaux
d’expérimentation…), tout en ouvrant l’appétit des consommateurs pour cette nouvelle offre.
Les cahiers des charges sont devenus des instruments essentiels pour gérer cette différenciation et la
segmentation du marché. Leur élaboration a nécessité d’une part des expérimentations et, d’autre part,
des échanges de connaissances et de savoir-faire entre les acteurs impliqués. Les apprentissages
croisés (Hatchuel, 1994) et les prescriptions réciproques entre les acteurs (Hatchuel, 1996) sont
devenus essentiels, entre autres, pour comprendre le rôle des apports de chacun dans le processus
global d’obtention du produit final, pour se former à des nouvelles techniques, pour construire le
nouveau concept commercial du produit. Ainsi, les effets des utilisations de ces cahiers des charges par
les acteurs modifient la manière dont ils perçoivent le réel, « transforment effectivement les relations et
les apprentissages entre acteurs » et donnent lieu à des choix et à des comportements qui n’étaient pas
envisageables auparavant (Aggeri et Labatut, 2014). Dans cette perspective, le travail d’élaboration de
pistes de recherche, aussi bien pour la production de connaissances que pour leur mobilisation dans
des processus de conception et de suivi d’innovations est un enjeu de taille pour la recherche en
matière de contribution au développement de la diversité des agricultures.
La question de la diversité amène aussi à s’interroger sur les dispositifs de recherche pouvant
accompagner cette diversité. Les trajectoires de recherche tendent à favoriser la spécialisation autour
de certaines pratiques ou espèces qui sont plus étudiées que d’autres, de par des logiques de
rendements croissants largement mis en avant par les économistes de l’innovation. Le changement de
trajectoire des recherches pour favoriser l’exploration de nouveaux paradigmes qui alimenteront et
Diversité des agricultures : filière céréales, oléagineux et protéagineux
Innovations Agronomiques 68 (2018), 39-77 69
renouvelleront la diversité des agricultures est souvent freiné par des heuristiques de recherche en
place. En termes plus simples, chacun poursuit dans ce qu’il sait déjà faire. Elargir le socle de
connaissances sur lequel les acteurs pourront concevoir eux-mêmes de nouvelles formes de diversité
est donc un challenge.
Ouvrir le débat avec les acteurs des filières sur la préservation ou le développement des formes de
diversité des agricultures comme potentiel de résilience est aussi un autre challenge. Le dialogue entre
les opérateurs est aussi nécessaire pour favoriser le consensus sur la définition de cahiers des charges
et leur évolution.
Remerciements
Les auteurs tiennent à remercier pour leur contribution à ce document :
Marie-Jo Amiot (Inra), Marc Anton (Inra), Laetitia Authenac (Union Française des Semenciers), Alain
Baranger (Inra), Laurent Bedoussac (ENSFEA), Michel Bertrand (Inra), Adeline Boire (Inra), Sylvie
Bonny (Inra), Adeline Buitink (Inra), Frédéric Capel (Inra), Sébastien Chatre (RAGT), François Coléno
(Inra), Bernard de Verneuil (ex président de Terres Inovia), Yves Dronne (ex. Inra), Dominique Dutartre
(président d’honneur du pôle IAR), Karine Gallardo (Inra), Philippe Gate (Arvalis – Institut du végétal),
Anne Joseau (FranceAgriMer), Hervé Juin (Inra), Marianne Le Bail (AgroParisTech), Olivia Le Lamer
(FranceAgriMer), Céline Le Guillou (Terres Univia), Michel Lessire (Inra), Olivier Lepiller (CIRAD),
Michel Lessire (Inra), Luc Ozanne (Sofiproteol), Christophe N’Guyen-Thé (Inra), André Pouzet (ex
directeur de Terres Inovia), Yann Raoul (Oléon), Aude Ridier (AgroCampusOuest), Bernard Rolland
(Inra), Thierry Rouxel (Inra), Gilles Ravot (Pivert), Perrine Tonin (Groupe Avril), Valérie Uyttewaal
(GEVES), Francis Valter (Groupe Avril), Bernard Valluis (ANMF), Anne-Sophie Voisin (Inra), Stéphane
Wallerand (Inra).
Barbottin A. et al
Annexe 1 : Rapide descriptif des 32 dispositifs analysés dans le cadre de ce travail
Dispositif
Démarche
Culture
Volumes
Spécifications sur les pratiques
Type de
spécification
Débouchés
Valorisation financière
Limagrain
contrat filière
Cahier des
charges privé
Blé tendre, maïs
semoulerie
>200 000t
Recommandations sur choix variétal, préconisation
fertilisation/traitements.
Recommandation
raisonnement des
pratiques + variétés
Alimentation
humaine
+5 à 40 € /t selon variétés et teneur
en protéines pour le blé.
Blé HERRIKO
Cahier des
charges privé
Blé tendre
<50 000t
Recommandations variétales (les mélanges variétaux
sont autorisés - semences fermières autorisées) ;
valorisation des engrais de ferme et introduction de
légumineuses. Engrais minéraux en complément
suivant critères. Fractionnement des apports.
Interdiction des boues, des régulateurs de croissance.
Pas d'intervention moins d'1 mois avant la récolte.
Valorisation
Agronomie + variétés
Alimentation
humaine
20 €/t – prix minimum d’achat fixé à
200€ HT/t
Farine et pain du
Luberon
Cahier des
charges privé
Blé tendre
<50 000t
Recommandations variétales (variétés anciennes) ;
fertilisation azotée modérée.
Recommandation
raisonnement des
pratiques + variétés
Alimentation
humaine
Charte
LU'HARMONY
Cahier des
charges privé
Blé tendre
>200 000t
Choix des parcelles suivant précédent et travail du sol
; rotation sur 3 à 4 cultures ; interventions
phytosanitaires en lutte raisonnée, voire intégrée ;
implantation de bandes mellifères et non traitement à
proximité de cette zone.
Valorisation
Agronomie + variétés
Alimentation
humaine
Farine de Meule
Label Rouge
Label rouge
Blé tendre
50 000 à
100 000t
Pas d’insecticide de stockage depuis la récolte ;
recommandations variétales ; Semences certifiées ou
issues de certifiées ; fertilisation azotée, maitrisée et
fractionnée ; traitements phytosanitaires maitrisés.
Recommandation
raisonnement des
pratiques + variétés
Alimentation
humaine
Blé CRC
(Cultures
Raisonnées
Contrôlées)
Cahier des
charges privé
– certification
par tiers
Blé tendre
>200 000t
Recommandations variétales ; préconisation
d’applications rationnelles de mesures préventives ou
curatives, privilégiant les interventions mécaniques et
biologiques, et dans laquelle l’emploi des pesticides
est un dernier recours.
Valorisation
Agronomie + variété
Alimentation
humaine
+ 10€/t pour l’agriculteur
Barbottin A. et al
Blé Alpina savoie
100% français
Cahier des
charges privé
– certification
par tiers
Blé dur
50 000 à
100 000t
Recommandations variétales ; choix de parcelles
éloignées à plus de 300m de toute source de
pollution ; application raisonnée des traitements ;
absence de traitement après récolte.
Recommandation
raisonnement des
pratiques + variétés
Alimentation
humaine
Riz de Camargue
IGP
Riz
100 000 à
200 000t
Recommandations variétales ; Recommandation sur la
gestion de l'eau (pour immersion des parcelles) et du
travail du sol en interculture,
Pratiques fixées par
CC
Alimentation
humaine
Cahier des
charges orges
brassicoles
Cahier des
charges privé
orge
>200 000t
Recommandations variétales
Variétés
Alimentation
humaine
+50€/t par rapport aux orges
fourragères
Moutarde de
Bourgogne
IGP
Moutarde
<50 000t
Recommandations variétales
Variétés
Alimentation
humaine
Fleur de colza
Cahier des
charges privé
– certification
par tiers
Colza
<50 000t
Recommandations variétales ; interdiction des
épandages ; l'apport d'azote au semis est interdit pour
respecter la charte environnementale du Cetiom ;
respect de pratiques culturales raisonnées combinant
la qualité, le rendement et la prise en compte de leur
empreinte écologique.
Valorisation
Agronomie + variétés
Alimentation
humaine
Prime de 2€/t (en 2006)
Tournesol
Oléique
Cahier des
charges privé
Tournesol
>200 000t
Recommandations variétales ; isolation des parcelles /
d'autres tournesol.
Variétés
Alimentation
humaine et
industrie
Prime "oléique" fluctuante (110 €/t
en 2014, mais entre 20 et 30 €/t les
années précédentes).
IGP Petit
Epeautre de
Haute –
Provence
IGP
Petit Epeautre
<50 000t
Une seule variété utilisable ; rotation des cultures
autorisant l’implantation du petit épeautre une fois au
maximum
tous les 3 ans ; la culture précédente doit être
différente d’une céréale à paille ; interdiction des
désherbants et autres produits chimiques de synthèse
; fertilisation de janvier à mars limitée à un apport de
60-60-60 unités de NPK au maximum ; désherbage
exclusivement mécanique si nécessaire.
Pratiques fixées par
CC
Alimentation
humaine
Lentille verte du
Puy
AOP
Lentille
<50 000t
Recommandations variétales ; itinéraire technique et
successions spécifiées dans le cahier des charge (CC)
Pratiques fixées par
CC
Alimentation
humaine
Lentille verte du
Berry
Label Rouge
Lentille
<50 000t
Recommandations variétales ; itinéraire technique et
successions spécifiées dans le CC.
Pratiques fixées par
CC
Alimentation
humaine
Barbottin A. et al
Lentille verte du
Berry
IGP
Lentille
<50 000t
Recommandations variétales ; itinéraire technique et
successions spécifiées dans le CC.
Pratiques fixées par
CC
Alimentation
humaine
Coco de Paimpol
AOP
Haricots
<50 000t
Recommandations variétales ; itinéraire technique et
successions spécifiées dans le CC.
Pratiques fixées par
CC
Alimentation
humaine
Flageolet vert
(Verdelys)
Label rouge
Haricots
<50 000t
1 seule variété autorisée ; itinéraire technique et
successions spécifiées dans le CC.
Pratiques fixées par
CC
Alimentation
humaine
Haricot tarbais
Label Rouge
Haricots
<50 000t
Pratiques fixées par
CC
Alimentation
humaine
Haricot tarbais
IGP
Haricots
<50 000t
Recommandations variétales ; itinéraire technique et
successions spécifiées dans le CC.
Pratiques fixées par
CC
Alimentation
humaine
Lingot du Nord
Label Rouge
Haricots
<50 000t
Recommandations variétales ; itinéraire technique et
successions spécifiées dans le CC.
Pratiques fixées par
CC
Alimentation
humaine
Lingot du Nord
IGP
Haricots
<50 000t
Recommandations variétales ; itinéraire technique et
successions spécifiées dans le CC.
Pratiques fixées par
CC
Alimentation
humaine
Mogette de
Vendée
Label Rouge
Haricots
<50 000t
Recommandations variétales ; itinéraire technique et
successions spécifiées dans le CC.
Pratiques fixées par
CC
Alimentation
humaine
Mogette de
Vendée
IGP
Haricots
<50 000t
Recommandations variétales ; itinéraire technique et
successions spécifiées dans le CC.
Pratiques fixées par
CC
Alimentation
humaine
MacDonald
Filière blé
Cahier des
charges privé
Blé tendre
<50 000t
Recommandations variétales ; incitation à tester des
pratiques plus agroécologiques (prime)
Variétés + incitation
Agronomie
Alimentation
humaine
Achat à prix fixe jusqu'en 2018
(185€/t départ coopératives) - +15€/t
pour le respect des principes
agroécologiques (intègre
notamment l’obligation de tester des
pratiques innovantes ou de calculer
des indicateurs).
Agriconfiance
Charte privée
– certification
par tiers
Céréales -
oléagineux
(semences et
grains)
>200 000t
Dispositif qui s’appuie sur le respect de 16 exigences
relatives à la biodiversité́, à la stratégie phytosanitaire,
à la gestion de l’eau et de la fertilisation. Les
démarches environnementales existantes peuvent être
reconnues à ce niveau par la CNCE.
Recommandation
Bonnes pratiques
Colza Oléique
Cahier des
charges privé
Colza
<50 000t
Recommandations variétales
Variétés
Alimentation
Humaine,
Lipochimie
Barbottin A. et al
Colza Erucique
Cahier des
charges privé
Colza
<50 000t
Recommandations variétales
Variétés
Lipochimie
Contractualisation sur plusieurs
années (majorité à 3 ans) avec
engagement sur une prime
moyenne minimale.
Céréales AB
Label
Agriculture
Biologique
Céréales
>200 000t
Cahier des charges de l’agriculture biologique
Alimentation
humaine,
industrie
(cosmétique par
ex.)
Blé tendre AB >350€/t vs
conventionnel 150€/t
Oléagineux AB
Label
Agriculture
Biologique
Oléagineux
<50 000t
Cahier des charges de l’agriculture biologique
Alimentation
Humaine et
Animale
Légumineuses
AB
Label
Agriculture
Biologique
Légumineuses
<50 000t
Cahier des charges de l’agriculture biologique
Alimentation
Humaine et
Animale
Lin Oléagineux
Cahier des
charges privé
Lin
<50 000t
Non indiqué dans les documents
Alimentation
Humaine et
Animale
Le contrat engage le producteur
pour une même surface pendant
trois ans. Le prix est compris entre
450 et 550 €/t.
Barbottin A. et al
74 Innovations Agronomiques 68 (2018), 39-77
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