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2016 : Bilan d’une année d’inventaires ichtyologiques subaquatiques en Méditerranée française.

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Abstract

Depuis quelques années, un petit groupe de plongeurs passionnés de poissons marins réalisent le long de la côte méditerranéenne française une quarantaine de plongées par an. L'objectif est d’inventorier la diversité spécifique et de dresser les listes les plus complètes possibles des poissons qu’ils détectent par observation directe, de jour ou de nuit, et ce dans le maximum d’habitats différents. Ce compte-rendu présente les données les plus intéressantes recueillies en 2016.
Les cahiers de la fondation
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NUMERO
2016 : Bilan d’une année d’inventaires ichtyologiques
subaquatiques en Méditerranée française.
octobre 2018
T. Tzélépoglou
Thomas Menut, Lucas Bérenger, Mathias Prat, Xavier Rufray
ISSN 2495-2540
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Les cahiers de la fondation
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INVENTAIRES & CONSERVATION
FONDATION
NUMERO
2016 : Bilan d’une année d’inventaires ichtyologiques
subaquatiques en Méditerranée française.
Thomas Menut / Fondation Biotope pour la Biodiversité, 22, boulevard du Maréchal-Foch, 34140 Mèze (France) ; tmenut@biotope.fr
Lucas Bérenger / lberenger@biotope.fr
Mathias Prat / mprat@biotope.fr
Xavier Rufray / xrufray@biotope.fr
Date de publication : 20 juillet 2018.
Citation : Menut T., Bérenger L., Prat M., & Rufray X. (2018) — 2016 : Bilan d’une année d’inventaires ichtyologiques subaquatiques
en Méditerranée française. Les cahiers de la fondation Biotope 25 : 1- 47 + Annexe.
Mer Méditerranée
FRANCE
CONTEXTE
Depuis quelques années, un petit groupe de plongeurs passionnés
de poissons marins réalisent le long de la côte méditerranéenne
française une quarantaine de plongées par an. L'objectif est
d’inventorier la diversité spécique et de dresser les listes les plus
complètes possibles des poissons qu’ils détectent par observation
directe, de jour ou de nuit, et ce dans le maximum d’habitats
différents.
Ce compte-rendu présente les données les plus intéressantes
recueillies en 2016.
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FONDATION
CHOIX DES LIEUX
Les lieux d’inventaire, sur le littoral méditerranéen français, ont
été le fait d’opportunités (missions de travail) ou de choix précis.
Dans ce dernier cas, il s’agissait de stations connues de poissons
particuliers (comme pour Speleogobius trigloides, ou Regalecus
glesne) ou bien de sites réputés diversiés. Parfois, ce sont les
accès facilités depuis la plage qui nous ont guidés. Parfois encore, il
s’agissait de sites ayant une particularité (grotte, herbier développé,
etc.). Enn, certaines plongées ciblaient des secteurs peu explorés.
Il reste bien sûr de nombreuses zones où il sera intéressant de
poursuivre ces inventaires.
MATÉRIEL ET MÉTHODE
Equipe et qualication
Huit plongeurs naturalistes qualiés et ayant souvent plus de
500 plongées à leur actif, ont participé très régulièrement à ces
inventaires :
- Thomas Menut,
- Lucas Bérenger,
- Catherine Roquefort,
- Mathias Prat,
- Rémy Dubas,
- Nicolas Adam,
- Xavier Rufray,
- Sylvain Le Bris.
Ponctuellement, quelques autres plongeurs possédant largement
les connaissances requises pour l’identication des poissons se
sont ajoutés à nos recherches et ont également pu participer à
l’écriture et la relecture de ce dossier :
- Patrick Louisy, éminent ichtyologue européen, auteur de
nombreuses publications sur les poissons marins de France, et
catalyseur de passion pour de la plupart des plongeurs mentionnés
plus haut !
- Frédéric Melki,
- Benjamin Adam,
- Nicolas Cimiterra,
- Céline Santarelli, Agnès Massoneau, Jean-Luc Coeurdacier,
Arnaud Abadie, Gilles Gomez, Vincent Rufray, Nancy Sibora,
Sylvie Louisy, Maëva Rince, Florent Beau, Philippe Geniez, Antoine
Auricoste, Evelyne Guibert.
Bibliographie et sources d’information
Les recherches bibliographiques effectuées lors de la rédaction
de ce texte, pour chaque espèce à partir de Google Scholar,
ont permis de d’afner certaines informations. Les principales
publications scientiques étudiées sont détaillées dans le chapitre
"Bibliographie consultée".
Par ailleurs, et c’est en grande partie l’objet de nos recherches,
certains sites internet participatifs, et traitant de la répartition des
poissons côtiers en France (voire en Europe) ont été assidument
consultés :
- Le Fish Watch Forum, projet collaboratif bénévole dirigé par
Patrick Louisy (Association Peau-Bleue) ne publie des observations
d’espèces qu’une fois les photographies validées par un comité de
validation. Les données sont peu nombreuses pour chaque espèce
(à la différence d’une base de données géographiques), mais elles
sont certaines. Des informations sur les habitats fréquentés sont
également disponibles ;
- Le site DORIS, de la FFESSM (Fédération Française d'Etudes
et de Spor ts Sous-Marins) publie des ches espèces (faune et
invertébrés) les plus renseignées possibles, ainsi que des photos
géolocalisées ;
- Le site BioObs est une suite logique de DORIS, centré sur la
compilation des milliers de données naturalistes postées par les
internautes plongeurs. D’un bon intérêt pour les espèces sans
difculté d’identication, certaines vérications manquent quand
il s’agit d’espèces difciles ;
- Fish Base (http://www.sh-watch.org) est également consulté pour
la synthèse de ses informations, tout comme quelques forums
de discussion italiens ou espagnols (par exemple : https://www.
naturamediterraneo.com).
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Outre le plaisir de capturer des instants uniques, la photographie est indispensable pour les identications délicates.
Pointe Escampobariou, Hyères.
Lucas Bérenger
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Date, météorologie et conditions sous-marines
Nous avons effectué 45 immersions, dont la première a été
effectuée le 10 mars 2016 et la dernière le 19 octobre 2016.
Le pic en termes d’effort de prospection se situe en été, ou des
week-end entiers ont pu être consacrés à nos recherches, en
groupes assez importants.
Nous avons toujours privilégié les bonnes conditions d’observation
et une météorologie marine compatible avec la plongée, avec des
visibilités variant de 1,5 à plus de 10 m.
La plupart du temps, nous avons plongé hors structure club pour
disposer d’une durée sous l’eau supérieure à 1 heure, et parfois
approchant les 2 heures. Lors de plongées supérieures à 20 m,
nous avions à disposition (location à l’année) deux bouteilles
d’oxygène en cas d’incident lors de la remontée.
Méthodologies des prospections
Il s’agit de réaliser des observations visuelles de toutes les espèces
possibles sur un site donné, lors d’une séance précise :
- soit en plongée bouteille ;
- soit en palmes-masques-tuba (ou snorkeling) ;
et de jour comme de nuit.
Les observations ne sont réalisées qu’à la vue ou à l’aide d’un
appareil photo, mais sans piège ou instrument de pêche, et sans
appâts.
A la n de la séance, de retour à terre, sont notés :
- le lieu de la plongée ou du snorkeling, la profondeur maximale ;
- l’heure et la durée moyenne de la séance ;
- le nombre de personnes ayant contribué activement à la
recherche ;
- la liste globale des espèces observées (qui peut être complétée
ou corrigée après examen des photos).
Figure 1 : Effort mensuel de prospection
RÉSULTATS
Voir Annexe 1 : données brutes
Lieux de prospection : description et habitats
37 plongées ont été effectuées, et 8 recherches en snorkeling.
34 explorations se sont déroulées de jour, et 14 de nuit (certaines
ont pu débuter de jour et se poursuivre la nuit).
Enn, ce sont au total 34 sites différents qui ont inventoriées,
certains l’ayant été plusieurs fois dans l’année.
Localisation de chaque site
Ces 34 sites exclusivement méditerranéens se répartissent entre
Port-Vendres (Pyrénées-Orientales) à l’ouest et Roquebrune
Cap-Martin (Alpes-Maritimes) à l’est.
Le littoral sableux du Languedoc n’a pas été visité cette année
2016, les choix de plongée y étant assez limités et les habitats très
homogènes.
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Carte 2 : Répartition générale des sites de plongée sur le littoral méditerranéen français.
Carte 3
Carte 3 : Détail des recherches sur le littoral languedocien et la côte.
Carte 2
Carte 1 : Région prospectée en 2016
Carte 4
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Milieux rocheux : la plupart des côtes explorées en Provence-
Alpes-Côte d’Azur sont rocheuses. Ces milieux sont plus ou
moins faillés. Nous les avons visités entre la surface et 40 m
de profondeur. Ils se présentent parfois sous forme de sec
(relief sous-marin remontant des fonds du large, parfois jusqu’à
seulement quelques mètres sous la surface). C’est ici qu’est
retrouvée la plus grande diversité de poisson est présente
notamment avec les sparidés, les labridés, les serranidés, etc.
Carte 3 : Détail des immersions sur le littoral de Provence-Alpes-Côte d’Azur
Sources ; Google Earth, Images Landsat : Copernicus
Data SIO, NOAA, U.S Navy, NGA, GEBCO.
Porticcio Punta Nave. Dans 10 m de profondeur, en alternance avec des plages de sables.
Quelques habitats
T. Menut.
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Cap Gros. Pointe rocheuse
Intertidal, St-Raphael Tortue. Petit fond côtier (infralittoral supérieur) très colonisé par les algues.
T. Menut. T. Menut.
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Porquerolles, Hyères. Petit fond côtier (infralittoral supérieur) battu par la houle.
Ste-Marie. Enrochement articiel, généralement plus pauvre qu’un habitat naturel de même nature, mais qui se bonie avec le temps.
L. Bérenger.
T. Menut.
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T. Menut. T. Menut.
Milieux sableux : rarement homogènes et strictement composés de sable, la majorité des sites que nous avons visités comportent
des habitats sableux plus ou moins étendus parmi les roches ou les cailloutis. C’est ici qu’il faut chercher l’essentiel des poissons
plats (soles, arnoglosses, Rombou), mais aussi les vives, le Poisson lézard et l’Uranoscope. Certains de ces poissons recherchent
des granulométries précises.
Sainte-Marie, Pyrénées-Orientales
Sainte-Marie, Pyrénées-Orientales
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T. Menut.
Milieux sablo-vaseux : leur forte charge sédimentaire est liée à des embouchures de rivière (le Var pour le Cros-de-Cagnes ou
à une faible exposition à la houle (tombant du lido de Nice, les avant-ports). Il faut les explorer de nuit. Ils accueillent souvent
une faune typiquement inféodée aux bancs de vase, et que l’on ne rencontre, de fait, pas souvent ailleurs : grondins, donzelles à
nageoire noire, gobie de Lesueur ou Gobie à quatre taches, et même le sabre argenté !
Tombant vaseux du Cros-de-Cagnes, de nuit.
Le coralligène, les anfractuosités et grottes : plusieurs sites (Tombant du Lido, Jardin du Sausset) possèdent des cavités
explorables, assez grandes et profondes et abritent sur leurs parois une faune d’invertébrés (éponges, anémones, octocoralliaires,
etc.) et une ore (algues rouges calcaires encroûtantes, principalement) que l’on rassemble sous le nom de coralligène. A cet
habitat, sont souvent associés des poissons particuliers comme certains gobies cavernicoles, Faufré noir, Rascasse rouge, Gobie
cavernicole de Steinitz, etc.
T. Menut.
Cavité rocheuse colonisée par de multiples invertébrés. Même à faible profondeur, la biocénose du coralligène liée aux faibles luminosités est présente en entrée
de grottes et un peu à l’intérieur pourvu qu’il reste un peu d’éclairage.
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A partir de 25-30 m dans les fonds à bonne visibilité, la faune xée devient prédominante par rapport aux algues (à l’exception des algues rouges encroutantes) ;
ici, l’abondance des gorgones rouge est caractéristique du coralligène. Escampobariou, Giens, Hyères
L. Bérenger T. Menut.
Un beau tombant coralligène, parcourue par le nudibranche Felimare fontandraui. Phare Couronne.
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T. Menut.
Herbiers de phanérogames : nous avons surtout observé des herbiers de Posidonie, par taches ou en grandes étendues dans
les sites de Provence-Alpes-Côte d’Azur où ces habitats sont encore bien représentés. Ils abritent de nombreux crénilabres, sars
et parfois donzelles et syngnathes. Dans les milieux à plus forte charge sédimentaires, on peut retrouver des herbiers plus épars
de Cymodocée et dans les lagunes littorales (ici, l’étang du Thau essentiellement prospecté), des herbiers de Zostère naine et
de Grande Zostère.
L. Bérenger
Champ de Posidonie, la voute nord.
Herbier de Petite et de Grande Zostère, Etang de Thau
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T. Menut. T. Menut.
Milieu pélagique : pour tenter de voir des poissons en pleine mer, il faut à la fois s’éloigner de plusieurs kilomètres de la côte, mais
aussi se rapprocher d’objets ottants (une bouée par exemple) an de bénécier de l’effet attractif de ceux-ci sur les poissons
pélagiques. Ce fut le cas avec la bouée météorologique au large d’Antibes, à la recherche du Régalec.
La pleine mer.
La pleine mer.
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L. Bérenger
Milieu articiel - les épaves : elles peuvent être abondamment colonisées, parce qu’elles concentrent parfois des micro-habitats
assez variés ; ssures, pièces très obscures, substrats durs plus ou moins exposés, etc., et reposent sur des fonds sableux ou
vaseux qui abritent des communautés à ne pas négliger.
La pleine mer, banc de Sphyraena viridensis, Gabinière, Hyères.
Epave Ulysse
L. Bérenger
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Richesse spécique
Les 37 plongées et les 8 explorations en snorkeling, réalisées le
plus souvent à plusieurs naturalistes (de 1 à 10 personnes), sont
équivalentes à 190 plongée-snorkeling/homme, soit un total de
228 heures de recherches sous l’eau.
- 150 taxons ont été identiés, toutes au niveau spécique, à
l’exception de 2 ou 3, uniquement au niveau générique (Solea sp.,
Pomatoschistus sp.).
- 1240 données ont été ainsi acquises et géoréférencées,
et seront versées dans la base de données Shuriken propre à
l’entreprise Biotope.
La diversité spécique comptabilisée chaque mois (Figure 2) est
assez proportionnelle à l’effort de prospection, et non à la saison
en cours ; l’échantillonnage reste trop faible pour limiter ce "biais".
Le mois de juillet, avec 108 espèces observées est le plus riche.
Figure 2 : Diversité spécique mensuelle recensée.
Notons que la diversité maximale enregistrée par site en une
immersion atteint presque 45 taxons, pour des secteurs de la
Côte bleue (Jardin de Sausset, commune de Sausset-les-Pins),
Port-Cros, ou des Alpes-Maritimes (Cap d’Antibes ou site « Le
lido » à Villefranche-sur-Mer).
Autre information intéressante, la fréquence d’observation des
espèces (Figure 3) est très variable : en regroupant dans un
unique ensemble des plongées aux paramètres très différents (qui
est le principal facteur limitant de cette analyse), il s’avère que
69 taxons, soit près de la moitié du total dénombré, présentent
une fréquence inférieure à 10%, et seulement 10 une fréquence
supérieure à 50%. Autrement dit, et sans postuler sur la rareté ou
l’abondance de certaines espèces, une bonne majorité est très
difcile à détecter et qu’il convient de faire des efforts particuliers
pour réaliser des inventaires de qualité : varier les habitats et ne
pas négliger les micro-habitats délicats (failles, les horaires de
prospection, mais aussi multiplier les observateurs et les visites
récurrentes sur certains sites aux habitats nombreux.
Nombre d'espèces Nombre d'heures de prospection
Fréquence d’observation relevée Nombre espèces
concernées
0 - 0,1 69
0,11 - 0,2 35
0,21 - 0,3 21
0,31 - 0,4 4
0,41 -0,5 10
> 0,51 11
Figure 3 : Fréquence d'observation des espèces
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Plongées récurrentes sur un site
L’exemple du Cros de Cagne, commune de Cagnes-sur-Mer
(Alpes-Maritimes)
Au cours de l'année 2016, 4 plongées ont été effectuées sur le site
du Cros de Cagne. Il est intéressant de constater, avec la simple
liste d’espèces contactées à chaque immersion, que la diversité
cumulée répond dans un premier temps au cumul d’heures de
prospection. Par ailleurs, en 4 plongées seulement, le nombre
total d’espèces identiées (46) est environ le double du nombre
d’espèces identiées en une seule plongée (entre 23 et 29
taxons). D’où l’intérêt d’être répétitif, sur les sites d’intérêt, pour
approcher la diversité spécique réelle. C’est aussi le meilleur
moyen d’observer des espèces à apparition ponctuelle, comme
nous l’avons montré précédemment. Cela a été le cas pour la
Raie torpille, la Blennie cornue, la Donzelles à nageoires noires,
l’Hippocampe moucheté et l’Hippocampe à nez court, ou encore
le Sabre argenté.
plongée 1 plongée 2 plongée 3 plongée 4
Richesse spécique 29 28 23 28
Richesse cumulée 29 36 40 46
Heures de prospection 5 5 3 3
Cumul heures prospection 5 10 13 16
Figure 4 : Cros de Cagne : richesse spécique
Nombre d'espèces
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LES ESPÈCES REMARQUABLES
L’observation des cinq espèces suivantes, en 2016, peut être
considérée comme assez notable en France pour mériter un
développement détaillé : dans quel contexte la découverte
s’est produite, comment a pu s’organiser la prospection, quel
comportement avons-nous observé sous l’eau, et quelles sont les
perspectives soulevées ?
LE RÉGALEC (REGALECUS GLESNE) en Méditerranée
Contexte, intérêt, statut
Cette espèce mythique est bien présente en Méditerranée,
malgré des données très parcellaires d’adultes, mais aussi de
jeunes individus, voire de larves. Des régions sont particulièrement
connues pour rassembler ces données, comme le Golfe de Gênes,
le Golfe de Naples ou le Détroit de Messine. Ainsi, la Méditerranée
possède très probablement une population de cette espèce
qui se reproduit isolément des centres plus attestés le long de
l’Atlantique nord, côté Etats-Unis (Roberts 2012).
Des signalements réguliers sont transmis depuis une quinzaine
d’années par David Luquet (plongeur scientique de l’Obser vatoire
Océanologique de Villefranche-sur-Mer) au niveau d’une bouée
météorologique située à plus de 80 km au large de Nice (et sur
plus de 2000 m de fond), et périodiquement visitée pour son
entretien. Même si des images existent déjà pour cette espèce
en ce lieu, nous avons voulu observer par nous-même cette
espèce fantastique (ne serait-ce que par sa taille) et mystérieuse,
et cumuler des informations comportementales.
Date, lieu, organisation, observateurs
Les informations collectées auprès du skipper Jean-Christophe
Cane (qui a accompagné plus de 10 missions d’observation de
cette espèce les années précédentes) nous ont permis d’établir le
prolage de la mission :
- Période semblant la plus favorable se situant au moment des
blooms planctoniques de printemps. Plusieurs dates ont été
arrêtées à l’avance, pour ne choisir au nal que celle les
conditions météorologiques au large sont parfaites (on ne peut
plonger dans une mer formée, au risque de se perdre !).
- 4 équipes de 2 plongeurs se relayant, 1 immersion par ½
heure environ. Maximum 25 mètres de profondeur environ,
an de ne pas accumuler trop d’azote dans le sang au fur et à
mesure de la journée.
- Début des immersions vers 10h du matin et enchainement
jusqu’à la nuit, arrêt maximum vers minuit, pour une durée
totale de la mission de 24h environ (comprenant le trajet en
bateau équipé hauturier).
- Observateurs : Nicolas Adam, Lucas Bérenger, Nicolas
Cimiterra, Remy Dubas, Thomas Menut, Mathias Prat, Catherine
Serval, Grégory Lecoeur.
Déroulement de la mission
Nous avions décidé d’axer nos 24h de mission (et de location de
bateau) de manière à démarrer nos explorations sous-marines de
jour, an de nous habituer aux conditions pélagiques. Par ailleurs,
nous voulions conserver une partie de nos explorations de nuit
sans être trop épuisés après un trop grand enchainement de
plongées en eau assez froide (14°C).
Ainsi, nous avons effectué 4 rotations complètes pour 3 à 4
binômes (entre 12 et 16 immersions de 30 minutes chacune)
avant de démarrer une plongée crépusculaire puis les plongées
nocturnes. La première réellement nocturne, vers 19h30-20h,
a été l’occasion d’observer le premier Régalec, par Nicolas
Cimiterra et Lucas Bérenger. Nous avions convenu, si l’évènement
se produisait, que les 2 chanceux plongeurs réaliseraient quelques
clichés pendant une dizaine de secondes avant que l’un d’entre
eux ne remonte prévenir les 6 autres, an qu’ils se mettent à l’eau.
Durant l’heure-et-demie qui suivit, les plongeurs ont évolué entre
la surface et -25 m, souvent par 2, et ont tous pu observer ce
poisson.
Vers 22h, les derniers sont sortis de l’eau, et le bateau a pris le
chemin du retour une heure plus tard au maximum.
Embarquement du matériel, 4h du matin.
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T. Menut
Arrivée sur la bouée ; Préparation et mise à l’eau des premiers plongeurs.
T. Menut.
Les plongées se succèdent le long du câble de la bouée
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Description des observations :
Comportement de nage et de fuite (faible). L’élément qui a le plus
frappé les plongeurs est le compor tement quasi atone des individus
observés de nuit : malgré l’excitation palpable des plongeurs (l’agitation
sous l’eau), les bulles émises, les mouvements saccadés, les lumières
émises par les lampes et les ashs des appareils photos, ce poisson,
toujours observé en position verticale, tête en haut, n’a pas montré de
fébrilité outre mesure : lorsque que nous découvrions un individu dans
le lointain, très souvent en train de monter lentement vers la surface (les
observations ont été faites entre -3, -4 m et -20 et plus profond, mais sans
les suivre), nous avons tous noté les éléments suivants : un changement
d’orientation pour présenter à la vue sa très faible épaisseur et côté
dorsal vers le plongeur, une inversion de sa progression vers le haut,
puis une descente toujours verticale (corps légèrement penché vers
l’avant) avec une vitesse de l’ordre de 30cm/sec. Il semble d’ailleurs que
les mouvements verticaux dans les deux sens soient essentiellement
liés à une ondulation de sa longue nageoire dorsale (bien visible sur les
vidéos prises), et peut-être une inversion du sens de l’ondulation quand
il y a changement de sens.
Autour de cette bouée, les observations ces dernières années se
sont surtout déroulées en plein jour, pour des raisons de sécurité des
plongeurs. Néanmoins, des observations de nuit existent, ce qui semble
tout à fait normal pour un poisson abyssal habitué à vivre dans le noir. A
la n de notre journée sans observations, notre skipper nous a proposé
de rallumer les moteurs du bateau, de réaliser quelques cercles autour
de la bouée, ayant l’impression que le bruit des moteurs avait une
inuence sur la venue de ce poisson d’après ses anciennes missions. Effet
de certaines ondes ? Il n’empêche que nous avons contacté ce poisson à
peine une heure après l’arrêt des moteurs, en début de nuit !
Nous avons séparément ou en binôme comptabilisé une petite dizaine
d’apparitions de Régalec lors de la séance nocturne. Après examen des
quelques images prises par chacun, il s’avère qu’un seul individu pourrait
avoir été observé.
Pistes de réexions et perspectives :
Forts de nos premières observations, nous avons tenté de revenir sur
le site en 2017 an de tenter d’observer et photographier à nouveau
cette espèce. Malheureusement, des 2 dates que nous avions arrêtées
en avril, la première fut annulée à cause d’une avarie bateau, et la 2ème ne
présenta pas une météorologie convenable. Nous tenterons à nouveau
en 2018, avec des objectifs suivants :
- comparer avec les images de 2016 pour savoir s’il s’agit du ou des
mêmes individus ;
- réaliser des macrophotographies de l’ensemble du corps de
l’animal ;compléter les observations compor tementales : nage,
comportement de fuite, réaction à diverses émissions sonores, utilisation
des rayons libres, variation individuelle de couleur, etc.
Du fait de notre début d’expérience en 2016, nous pourrions tenter de
laisser un spécimen se comporter sans inuence de plongeur : le skipper
Jean-Christophe nous a indiqué que ce poisson pouvait, s’il n’était pas
sollicité, remonter jusqu’à percer la surface. Dans quel but ? Pourrait-ce
être un comportement lié à la reproduction ?
De nombreuses questions resteront sans réponses pour le moment,
comme le comportement alimentaire, le déplacement quotidien
(vertical et horizontal), le compor tement sexuel, etc.
T. Menut.
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T. Menut
T. Menut.
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ENFIN LE SABRE ARGENTÉE !
LEPIDOPUS CAUDATUS
Contexte
Nous avons initié des plongées sur le site du Cros-de-Cagne en
2013, animés par le désir de voir cette espèce signalée depuis
une dizaine d’année dans le secteur. Depuis cette année 2013,
13 plongées auront été effectuées, cumulant plus de 50 heures
de recherches, pour enn croiser cette espèce très originale, très
rarement observée par les plongeurs du fait de son habitat se
situant le plus souvent hors des limites de la pratique de ce sport.
Date, lieu, organisation, observateurs
- 5 plongées nocturnes ont été programmées, en mars, avril et
juillet 2016 au niveau des tombants vaseux de Cagnes-sur-Mer
et Nice. Celle du 1er juillet (2016) à Cagnes-sur-Mer (Cros de
Cagnes) a été la bonne !
Observateurs : Lucas Bérenger, Thomas Menut, Xavier Rufray.
Description des observations
Les observations se sont déroulées entre 18 et 20 m de profondeur,
sur la pente vaseuse (environ 30°), vers 22h30. L'eau était très
chargée en sédiments, la visibilité d’environ 2,5 à 3 m. Aucune
algue ou phanérogame, aucune roche non plus. Quelques rares
Gobies à quatre taches étaient présents, et quelques cnidaires çà
et là dans un rayon de 25 m.
Deux individus ont été observés quasiment simultanément au
cours de cette plongée de nuit, le premier d’environ 45 cm s’est
vite enfui, le deuxième étant plus petit (35 cm environ) a été
beaucoup moins farouche. Le premier spécimen a été vu en
position subverticale, tête en haut, à environ 2 m du fond. Le 2ème
Sabre argenté stationnait juste au-dessus du fond sablo-vaseux et
très pentu. Nous l’avons photographié au ash à de nombreuses
reprises sans qu’il soit véritablement effrayé. Les lampes de
plongée, assez puissantes, semblaient attirer ou à minima maintenir
ce spécimen dans la lumière. Relativement mobile, il n’acceptait
pas une approche inférieure à 1 m environ. Sa position oscillait
entre le subvertical (quand il n’était pas dérangé) et le quasiment
horizontal quand il s’apprêtait à se déplacer. Le corps assez raide
semble se mouvoir grâce aux nageoires pectorales et dorsales
lors de petits déplacement ou positionnement, mais il peut aussi
se propulser avec vigueur avec sa caudale et une ondulation de la
partie inférieure de son corps. On peut supposer qu’il utilise ce
mode pour chasser.
Pistes de réexions et perspectives
Cette espèce magnique (qui porte bien son nom : un sabre
de combat, à la lame chromée !) possède une large distribution
atlantique et méditerranéenne. Elle est pêchée sur des fonds
de 60 à 600 m. Elle a été découverte en plongée à Cagnes-sur-
Mer au début des années 2000 par les plongeurs passionnés de
l’association "Les Aquanautes", basée dans les Alpes-Maritimes.
Ayant découvert cet étonnant tombant vaseux (une pente
vaseuse de plus de 30°, démarrant vers -12 m et descendant
jusqu’à plus de 100 m, accolé au canyon sous-marin du euve Var),
les membres de cette association ont multiplié les explorations
durant des mois entiers, essentiellement nocturnes et parfois
quotidiennes. Les données détaillées sur le site internet Doris font
état « d’apparition » plutôt entre mai et n juillet. C’est à ce jour
un lieu unique au monde pour l’observation en plongée de ce
poisson !
Certains plongeurs questionnés font l’hypothèse que cette espèce
vivant en profondeur remonterait chasser notamment lorsque le
euve (Var) possède un fort débit : en n de printemps et en été
lors de la fonte des glaces, ou bien après un fort épisode pluvieux.
Ce qui implique d’ailleurs une visibilité sous l’eau très mauvaise
(de l’ordre de 1 mètre), et des conditions de plongées délicates
(noir complet, aucun repère à part la pente vaseuse), et donc
accessible qu’à des pratiquants conrmés.
Les profondeurs où cette espèce a été notée varient entre -40 et
-7 m, soit sur la partie sableuse avant le début du tombant vaseux,
soit dans la pente vaseuse, et une observation plus étonnante
d’un pêcheur "du bord" au niveau d’un quai à Villefranche-sur-Mer
(environ 30km en ligne droite de Cagne-sur-Mer), dans un fond
de 3 m.
Outre nos observations décrite dans le paragraphe précédent,
conrmées par d’autres témoignages, notons que ce poisson a été
également vu en rassemblement de plusieurs dizaines d’individus.
Le plus grand individu observé ici ne semble pas dépasser les 70
cm, alors que les adultes pêchés peuvent mesurer plus de 2 m.
L. Bérenger
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Quelques données recueillies sur divers sites internet
(et attestés par photos)
Fish Watch Forum : 2 données
Villefranche-sur-Mer, Quai de l'Amiral Courbet, le 10 mars 2014, à 0h30,
pêché de nuit à partir du quai. « Le banc était à environ 5-10 m du bord
maximum. La profondeur, à cet endroit ne dépasse pas 3 m, le fond étant
probablement sableux avec des posidonies » ;
la présente donnée décrite à Cagnes-sur-Mer.
BioObs : 10 signalisations (pas d’accès aux données brutes, pas de précision
de date, de profondeur, etc.)
9 au niveau des plages du Cros-de-Cagne ;
1 au niveau du site des Cochon (commune de Nice, à l’est de la grande baie).
Site Doris : une che descriptive, faisant état de plusieurs mentions :
Saint-Mandrier, individu issu d’une pêche sur 300 m de fond, relâché et
photographié n décembre 2007 ;
Cagnes-sur-Mer, 7 et 12 m, 12 juin 2009 ;
Cagnes-sur-Mer, 40 m, 30 juin 2009 ;
Cagnes-sur-Mer, 40 m, 7 juillet 2009 ;
Cagnes-sur-Mer, 8 m, 10 mai 2013 ;
Cagnes-sur-Mer, 15 m, 4 juin 2013, une vingtaine de Sabres ensemble !
La grande majorité des individus illustrés sur Doris mesure entre 30 et 50 cm
maximum, alors qu’un autre individu pêché, sur un fond de 60 m (en 1998,
Tiboulen du Frioul, Marseille) approche les 2 m !
T. MenutT. Menut
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L’ÉNIGMATIQUE BLENNIE OCELLÉE
BLENNIUS OCELLARIS
Contexte
À chaque plongée de nuit, en milieu sableux ou sablo-vaseux,
chacun de nous rêve secrètement d’observer cette blennie
rarement signalée par les plongeurs… Sans organiser de mission
spéciquement orientée sur cette espèce, certaines de nos
plongées concentrent des paramètres favorables à sa découverte
(milieux homogènes sablo-vaseux, signalement local de l’espèce
par d’autres plongeurs, plongées nocturnes et en palanquée si
possible importante).
Date, lieu, organisation, observateurs
Ce sont les mêmes dates et lieux que ceux décrits pour le Sabre
argenté.
- 5 plongées nocturnes ont été programmées, en mars, avril et
juillet au niveau des tombants vaseux de Cagnes-sur-Mer et Nice.
Celle du 8 avril (2016) à Nice (tombant Saint-André, au niveau de
la Promenade des Anglais) a été la bonne !
Observateurs : Arnaud Abadie, Lucas Bérenger, Nicolas Cimiterra,
Catherine Serval.
Description des observations
Cette espèce a été observée en un unique exemplaire lors d’une
plongée nocturne à Nice (Promenade des Anglais), vers 22h30, à
environ 18 m de profondeur.
L’habitat est à prédominance sableuse, mais commence à s’envaser
un peu. La pente est loin d’être nulle, de l’ordre de 10% au moins.
Aucune phanérogame, bien que le site en accueille un peu entre
7 et 12 m (cymodocée).
Le comportement de ce poisson est notable pour une blennie,
en cela qu’il diffère assez des autres espèces de la famille : prostré,
posé sur le sable, il ne manifeste pas de crainte (comme le ferait
toute autre blennie), un peu à la manière des poissons plats qui
se sentent camoués, posés sur le sable. Ses nageoires (et surtout
la dorsale) sont repliées, le corps un peu courbé "en chien de
fusil" comme on le voit régulièrement sur les photos disponibles.
Après quelques minutes, un des plongeurs a approché l’individu
pour le faire réagir : la blennie a redressé sa dorsale et son corps,
pour nager quelques mètres et se reposer un peu plus droite que
précédemment. À première vue, on dirait presque un individu
malade qui a perdu sa réactivité et son instinct de fuite, mais il
semble en fait que ce comportement soit souvent celui observé.
Il est peut-être lié à son habitat semi-profond beaucoup moins
fréquenté que la zone littorale, où la compétitivité et la prédation
sont moindres.
Pistes de réexions et perspectives
La répartition de cette espèce est très grande d’après Louisy
(2015) : elle s’étire depuis la Manche, la façade Atlantique jusqu’au
nord du Maroc, puis couvre toutes les côtes du nord de la
Méditerranée jusqu’au Liban et l’Egypte, et une par tie de la Mer
Noire. Au sud de la Méditerranée, des données existent le long
des côtes algérienne et tunisienne. Pourtant, les données issues
d’observations directes par des plongeurs sont très rares si l’on en
croit la consultation des sites internet européens spécialisés (Fish
Watch Forum, FishBase, Natura, Mediterraneo, BioObs, Doris,
etc.).
Ses habitats sont les substrats meubles dégagés, ou rocheux mais
à forte charge sédimentaire. Elle ne serait pas médiolittorale ou de
l’infralittoral supérieur, mais plus souvent notée à des profondeurs
variant entre 15 et 50 m (donc dans l’infralittoral inférieur, en
Méditerranée au moins). Elle est même bathyale : connue jusqu’à
120 m de profondeur et à un maximum de mesuré de 400 m
(Tiralongo, 2015). En fait, c’est la seule blennie méditerranéenne
qui ne fréquente pas les petites profondeurs (0 à 10 m), et de ce
fait, la seule qui fréquente les profondeurs réelles ! Ces facteurs
expliquent que les plongeurs ne voient que très rarement cette
blennie, mais qu’en revanche il n’est pas rare de la croiser sur
des étals de poissonniers, en quelques exemplaires, vendus dans
la catégorie "petits poissons pour soupe ou bouillabaisse". Ils
proviennent de chalutages (par exemple, cette observation aux
halles de Mèze et de Sète (par exemple en janvier 2017, pêché
par chalutage probable dans le Golfe du Lion au droit des côtes
languedociennes).
Notre groupe de plongeurs naturalistes totalise 13 plongées sur
ces secteurs "favorables" (Nice et Cros-de-Cagnes) depuis 2013,
correspondant à plus de 50 heures de prospection. Si l’individu
observé à Nice n’est probablement pas un cas isolé à une telle
profondeur et en ce lieu, il doit tout de même correspondre à une
remontée en petit fond, peu habituelle pour cette espèce qui par
ailleurs semble peu abondante d’une manière générale.
Etant donné son habitat, il est très difcile de préparer et cibler
des recherches spéciques où les chances d’observer ce poisson
seraient supérieures… à celles liées au hasard ! Eventuellement
en questionnant des marins pêcheurs côtiers rapportant
régulièrement cette espèce, pour tenter de plonger sur un site de
chalutage abordable et prometteur… une plongée qui nécessite
une bonne préparation, surtout s’il s’agit d’opérer de nuit.
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Quelques données recueillies sur divers sites internet
(attestés par des photos)
Fish Watch Forum : 2 données
- à l’Espiguette (Grau-du-Roi) en juillet 2012, sur fond sablo-vaseux à 5 m (!)
de profondeur ;
- la présente donnée décrite à Nice.
BioObs = 0 observation.
Site Doris : pas de che descriptive.
Forum Doris : une seule donnée signalée : Patrick Vigier, à Nice, le 20 mai
2014, à 30 m.
FishBase :
Açores, Peter Wirtz, 2001 ;
Açores, Robert A. Patzner, 1991 ;
Italie sans précision, Gianni Neto, 2002 ;
Italie, Détroit de Messine, Gianni Neto, 20-25 m de nuit, 2006 ou avant ;
Italie, Isola del Giglio, Alessandro Falleni, 2006.
L. BérengerL. Bérenger
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A LA RECHERCHE D’UNE CURIOSITÉ...
LE GOBIE TRIGLOÏDE
SPELEOGOBIUS TRIGLOIDES
Contexte
Ce très petit gobie endémique de Méditerranée n’est connu
en Europe que par quelques signalements ponctuels en
Méditerranée. Le premier spécimen décrit ayant été capturé à
l’entrée d’une grotte, le nom de genre "Speleogobius" lui a été
attribué, la communauté scientique pensant que cet habitat était
préférentiel. Les données récoltées par la suite ont montré qu’il
était le plus souvent observé à découvert.
Après une première mission réalisée sur l’un des site connus
au nord de Port-Cros, sans succès, en compagnie de l’un de ses
découvreurs initial (Sylvain Le Bris), nous réitérons nos recherches
sur un 2ème site dans le Var sur la commune d’Agay où il était
également signalé.
Date, lieu, organisation, observateurs
2 journées ont été organisées :
- Le 30 juillet 2016, à Port-Cros (83), au niveau de la Pointe de
la Galère, où 13 plongeurs expérimentés (dont Sylvain Le Bris,
Lucas Bérenger, Thomas Menut, Rémy Dubas, Catherine Serval,
Patrick et Sylvie Louisy, Agnès Massonneau, Céline Santarelli et
Xavier Rufray) ont recherché sans succès cette espèce, après une
description de l’espèce et de son habitat.
- Le 18 septembre 2016, à Agay (83), sur le site "la Roche aux
serpents" avec les participants suivants : Lucas Bérenger, Céline
Santarelli, Thomas Menut, Nicolas Adam et Benjamin Adam.
Description des observations
Le premier site prospecté, sur l’Ile de Port-Cros est constitué d’un
éperon rocheux, au nord de l’île (donc un peu moins soumis à la
houle que le versant sud de l’île). Les profondeurs prospectées se
sont étagées entre 8 et 25 m (des observations précédentes ont
eu lieu entre 9 et 12 m), en privilégiant les petites dalles ou saillies
de la roche où la couverture algale n’était pas trop impor tante.
En particulier, nous avons recherché les petits tapis d’une algue
verte à l’allure de gazon, que semble particulièrement apprécier
ce poisson, si l’on en juge par les photos publiées. C’est dans cet
environnement que Sylvain Le Bris avait trouvé cette espèce
quelques années auparavant. Il n’a pu être retrouvé malgré les 13
plongeurs briefés juste avant sur cet objectif !
Le deuxième site est un sec au large d’une petite pointe (petit
cap) de la côte au lieu-dit "Agay", commune de Saint-Raphaël. Ce
poisson y est signalé (par Muriel Duhau) ainsi que sur d’autres secs
proches. Tomber précisément sur cette petite roche nécessite un
bateau et les bonnes coordonnées GPS. Ce sec est en effet assez
profond puisque le point haut est à plus de 30 m au-dessous
de la surface, et les points bas à plus de 42 m. Son diamètre
n’excède pas 50 m, et il est constitué d’un éperon rocheux et
de quelques éboulis de roche parfois assez petites (diamètre 10
cm). La couverture algale est variable mais jamais exubérante, et
on retrouve ce petit "gazon" décrit plus haut par endroits, sans
qu’il soit dominant. La diversité spécique nous a semblé faible,
avec 14 espèces de poissons recensées lors de ces 2 plongées à
5 personnes.
Après à peine quelques minutes d’immersion (en 2 palanquées de
3 puis 2 plongeurs), les premiers Gobies trigloïdes sont trouvés.
Nous estimons à une quinzaine d’individus différents observés,
ce qui évidemment ne reète en rien la taille de la population
de cette station. Les comportements de fuite sont faibles, et il
faut s’approcher à moins de 10 cm pour déclencher une courte
nage, sur quelques dizaines de centimètres et rarement dans un
trou ou une faille. Observés toujours posés, sur des substrats
rocheux recouvert d’algue verte en gazon ou des algues rouges
encroûtantes. Il partage son habitat avec Gobius vittatus, Thorogobius
macrolepis et Gobius auratus, ce dernier présent en nombre plus
important, et sur tout apparaissant comme 3 à 4 fois plus gros !
Pourtant, et malgré sa taille minime, le Gobie trigloïde ne semble
pas perturbé par ceux qui pourraient apparaître comme des
prédateurs.
Pistes de réexions et perspectives
Sur Agay, ce poisson nous est apparu comme assez commun sur
sa station. Il est par ailleurs connu d’autres secs profonds voisins
et proches les uns des autres. Sur Port-Cros, et malgré une
quantité innombrable de plongeurs chaque année, dotés pour
bon nombres d’entre eux d’appareils photo et d’une curiosité
naturaliste éprouvée, cette espèce n’est connue que d’un site,
et observé très irrégulièrement. Ainsi, la répartition connue de
cette espèce résiste aux explications les plus rationnelles… Les
apparitions de ce poisson seraient-elles liés à un comportement
particulier saisonnier alors que le reste du temps il vivrait dans les
interstices des roches faillées et des éboulis ? Mais quel type de
comportement, sachant qu’il a été vu en mai, août et septembre ?
Seule une multiplication des observations commentées nous
permettra de mieux appréhender cette espèce.
Notons que ce genre monospécique ne l’est plus depuis 2016,
puisque Dr Marcelo Kovacic a décrit une nouvelle espèce,
Speleogobius llorisi (Kovacic et al. 2016), recueillie non loin de la
côte de l’ile de Majorque (Baléares), sur des fonds de 46 à 69 m
recouverts en majorité d’algues rouges du genre Peyssonnelia. Les
2 espèces du genre ont été très récemment découvertes le long
des côtes turques dans la partie nord-est de la mer Egée (Engin
et al. 2016).
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Quelques données recueillies sur divers sites
internet (attestées par des photos)
Sites Doris et Fish Watch Forum :
Agay (Var), lieu-dit Les Portes de l’Atlantide, 34 m, 16 août 2016 ;
Agay (Var), lieu-dit JCC, 50 m, 17 août 2016 ;
Agay (Var), lieu-dit la Roche aux Serpents, 36 m, 11 août 2016 ;
Pointe de la Galère, Port-Cros, 9 m, 14 mai 2016 ;
Agay (Var), lieu-dit le Serpent, 42 m, 25 et 26 août 2014 ;
Pointe de la Galère, Port-Cros, 12 m, 19 mai 2013 ;
Pointe du vaisseau, Port-Cros, 12 m, 29 septembre 2009.
T. MenutB. Adam
L. Bérenger
T. Menut
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A LA RECHERCHE DU
REQUIN PEAU BLEUE
PRIONACE GLAUCA
Contexte
Le Requin peau bleue colonise la plupart des mers du globe, à
l’exception des eaux très froides au sud de l’Afrique du Sud, de
l’Australie ou du Cap Horn, et au nord de la Norvège. Malgré la
pêche dont il est victime, sa forte fécondité (jusqu’à 135 jeunes
pour cette espèce vivipare) permet un relatif maintien de ses
populations, même en Méditerranée où il serait encore commun
et présent partout (De Maddalena 2014). Toutefois, dans cette
mer, une diminution estimée à 40% des prises en trente ans
est corrélée à une diminution de la taille, signiant une atteinte
signicative de la population. Il est d’ailleurs classé Quasi menacé
(NT) dans la liste rouge UICN (statut mondial et statut nationale
pour la France).
Tolérant des températures comprises entre 13°C (certains auteurs
parlent de 5 à 6°C) et 27°C, c’est une espèce pélagique, rarement
côtière, et évoluant entre la surface et 400 à 610 m au moins.
Largement exploité en Méditerranée, des spécimens de grande
taille ont été capturés : 380 cm vers Nice en mer Ligure en 1899
(estimation à partir d’un condrocrane), 350 cm en Italie en 2002
(Pescara, Adriatique Occidentale). En France, il est régulièrement
observé par les pêcheurs sportifs, mais aussi certaines structures
professionnelles organisant des sorties d’observations de cétacés,
tortues marines et oiseaux de mer. Pour avoir les plus grandes
chances d’observer cet animal, il faut se déplacer jusqu’au bord
du plateau continental et dans la pente avant la plaine abyssale,
sur des fonds dont la profondeur varie entre 200 et 1000 m.
Les upwellings d’eaux froides provenant du fond sont à l’origine
d’une zone riche en ressources nutritives, attirant en bout de
chaîne les grands prédateurs que sont les requins, cachalots et
quelques autres cétacés. Le Peau bleu est connu pour se nourrir
de poissons pélagiques d’assez petite taille, et selon les périodes,
de céphalopodes. Si des mouvements migratoires existent et
sont assez bien documentés dans le Pacique et en Atlantique
(concernant surtout les adultes) (Nakano et al. 2003), ils ne
semblent pas prouvés en Méditerranée.
Date, lieu, organisation, observateurs
En Méditerranée, les plongeurs n’aperçoivent jamais cette espèce
qui ne fréquente pas la bande littorale et les faibles fonds. Une
seule et même donnée est recensée sur chacun des deux sites
participatifs (Fish Watch Forum, Bio Obs), plus de 50 km large de
Port-Cros.
Notre contact et grand observateur des espèces pélagiques en
Méditerranée, Thomas Roger de l’Association "Découverte du
Vivant", nous donne le cadre de la mission :
- Période favorable d’observation large, entre mai et octobre. Le
10 septembre est arrêté. Départ 7h, retour entre 18h.
- Parfaites conditions météorologiques nécessaires : vent faible,
houle inférieure à 1 m (voire nettement inférieure).
- 5 personnes maximum, 4 possible dans l’eau, 1 en surveillance
sur le bateau : Thomas Roger en tant que guide, son père comme
commandant de bord, Frédéric Melki, Mathias Prat et Thomas
Menut.
- Environ 70 litres d’une mixture qui jouera le rôle d’appât : sardine,
anchois + sang de porc (déshydraté) mélangé à de l’eau de mer.
Le choix du lieu : le bateau étant stationné au port de la Grande-
Motte (Hérault), il a été décidé d’aller explorer un site peu visité
lors de ce type de sorties, le canyon de Camargue, 80 km au large.
Description des observations
Une fois sur place, nous avons appâté environ 7h, créant, avec le
léger courant présent ce jour, un panache attractif de plusieurs
kilomètres de long. Vers 16h, un requin Peau bleue est venu faire
une rapide incursion examinant rapidement la tête de thon
et les quelques sardines proches du bateau. Il n’est resté que
quelques secondes, ne nous laissant pas le temps de nous mettre
à l’eau. C’est l’unique observation que nous avons pu faire de
cette espèce. C’est évidemment décevant, cette espèce n’étant
généralement pas farouche, une fois attirée par la nourriture.
Par ailleurs, une chasse de Thon rouge a été vue, un petit groupe
de 20 à 50 individus de taille modeste (50-70 cm, vu lors de sauts).
Un Espadon a également été aperçu lors d’une poursuite, suivie
d’un saut.
Commentaires
Le même jour, une excursion au large des îles d’Hyères apportait
son lot d’observations d’espèces pélagiques (dauphins, Cachalot,
et Tortue caouanne). Après discussion avec les organisateurs,
rompus à ces recherches puisqu’ils sont sur l’eau dans des
secteurs favorables au moins 30 jours par an, il apparait que les
canyons sous-marins au large de l’embouchure du Rhône sont
plus pauvres en poissons que ceux au large des côtes varoises.
Beaucoup plus pêchés (pêche sportive à la ligne et chalutages
non loin sur le plateau continental), les prises annuelles se seraient
progressivement réduites dans ce secteur. Là où les chances
d’apercevoir ce requin frôle les 50 % lors de bonnes conditions
de mer, au large d’Hyères, il semblerait que ce pourcentage soit
beaucoup plus faible au large de la Camargue.
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T. Roger / Regard du Vivant
Une tête de thon est
maintenue sous le bateau
durant toute la période
stationnaire
Quelques sorties en pleine eau, pour tromper l’attente...
Préparation du mélange attractif, et longues séances destinées à appâter le requin
Dans toute sa splendeur, le Requin peau bleue
(ici un individu observé lors d'une autre prospection
au large des côtes varoises)
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Carangidae
Poisson pilote
Naucrates ductor
En Méditerranée, cette espèce est rarement vue par les plongeurs, qui
pratiquent leur loisir depuis les côtes, en bordure d’île, ou quelquefois
sur des "secs" immergés. Ce poisson typiquement pélagique n’y est
que très rarement, voire jamais observé ! Il n’est peut-être pas rare
dès que l’on s’éloigne des côtes, mais son comportement particu-
lier nécessite encore quelques conditions précises pour l’observer :
la présence d’un gros poisson (souvent un requin) ou d’une tortue
que plusieurs individus suivent alors de près, ou d’un objet ottant
plus ou moins important jouant alors le rôle de DCP (Dispositif de
Concentration de Poissons).
Nous avons observé ce poisson lors d’une mission en pleine mer, au
large d’Antibes, à plus de 80 km des côtes. Un banc d’une cinquan-
taine d’individus tournait autour d’une bouée météorologique de 2-3
m de diamètre. Durant plus de 10 heures, nous avons noté que ce
banc ne s’éloignait guère de plus de 20 m de celle-ci. Effet comporte-
mental lié au regroupement en banc, ou effet "DCP", les poissons ne
semblaient pas très effrayés par les plongeurs, qui ont pu s’approcher
jusqu’à moins de 50 cm parfois.
Thomas Menut
QUELQUES ESPÈCES NOTABLES
Pour les 28 taxons qui suivent, observées lors de ces plongées en 2016, un commentaire est développé : rappel de la
répartition de l’espèce, quelles signalisations existent dans les sites de sciences participatives, dans quelles conditions nous
les avons observées et quel comportement intéressant peut être décrit.
Pour le déroulement de ces commentaires, nous avons suivi l’ordre des familles données dans le livre de Patrick Louisy sur
les poissons d’Europe (Louisy 2015).
Xavier Rufray
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Carangidae
Thon rouge
Thunnus thynus
Le Thon rouge, poisson migrateur (avec comportement de "homing")
essentiellement réparti entre la Méditerranée et l’Atlantique nord
(IFREMER 2016), n’est bien visible qu’au large des côtes en Méditer-
ranée, et notamment au niveau des têtes des canyons océaniques,
où les phénomènes d’upwelling sont sources de nourriture pour
l’ensemble de la chaîne alimentaire. C’est là qu’on a le plus de chance
de croiser, comme cela a été le cas lors d’une sortie "pélagique",
quelques bancs de jeunes thons en chasse en sub-surface. Ils sont
visibles grâce aux remous et éclaboussures que leurs accélérations
foudroyantes génèrent en surface, à la poursuite de bancs de poissons
tels que maquereaux, chinchards, sardines, etc.
Ces bancs sont aussi repérables par les rassemblements d’oiseaux de
mer juste au-dessus, fébriles, voulant proter eux-aussi des attaques
sur les proies et de leur panique. Evidemment, avoir le temps de
s’approcher en bateau de ces chasses, se mettre à l’eau et tenter de
réaliser des photos tient de la gageure…
Le site internet participatif BioObs relate des observations assez près
de la côte, entre Marseille et Fréjus.
Thomas Menut
Belonidae
Orphie
Belone belone
Au nal, sur 36 plongées réalisées en Méditerranée française cette
année 2016, nous n’avons noté que 2 fois l’Orphie, une espèce
pourtant réputée assez commune sur la côte méditerranéenne
française (site BioObs : données ponctuelles Carry-le-Rouet, Marseille,
Fréjus), où les bancs de juvéniles aiment à chasser en quasi surface,
en n de journée et de nuit. Une observation concerne le por t de
Frontignan (Hérault) (journée "nettoyage", avec autorisation de
plongée dans l’enceinte du port), et une en octobre à Sausset-les-Pins
(Bouches-du-Rhône), nageant bien sûr en surface au-dessus d’un fond
sableux avec herbier de Posidonies. Nous l’avions également vu dans
l’étang de Thau, où elle est régulière (cf. photo).
Rappelons qu’il existe 2 espèces très proches, Belone belone et Belone
svetovidovi, très difciles à différencier sans les avoir capturées au
préalable. Sur les 2 photos présentées (provenant de l’étang de Thau,
en 2015), et selon les approbateurs du site Fish Watch Forum (Menut
et col. 2016), "une bordure sombre au bord antérieur de la nageoire
est un caractère de Belone belone que l’on ne retrouve jamais chez B.
svetovidovi (au moins chez les spécimens de l’Atlantique)". Par ailleurs,
"Les dents, robustes et relativement peu nombreuses, on un aspect
typique de Belone belone, de même que l’os préorbitaire, à bord
sinueux".
Il n’y a pas de données de B. svetovidovi sur BioObs, FWF ou Doris.
Thomas Menut Thomas Menut
Les cahiers de la fondation
ISSN 2495-2540
32
Les cahiers de la fondation Biotope 25
FONDATION
http://www.biotope.fr/fondation-biotope-pour-la-biodiversite/
Xyphidae
Espadon
Xiphias gladus
L’Espadon est présent dans tous les océans (dont une grande partie
de la Méditerranée) à température comprise entre 18 et 22°C envi-
ron. Pélagique, il explore une grande colonne d’eau entre la surface
et 600 m de profondeur. Il a été observé dans les mêmes condi-
tions que le Thon rouge : très au large de la côte languedocienne, au
niveau des têtes de canyons. Une observation à environ 100 m du
bateau, lors d’un saut (corps entièrement hors de l’eau). L’apparition
fugace n’a pas empêché Thomas Roger de l’identier sans hésitation,
ayant l’habitude de le voir dans ce même type d’environnement, lors
des sorties au large qu’il effectue. La probabilité d’observation est
de l’ordre de 25 à 30% (1 sur 3 ou 4 sorties au large, vers les têtes
de canyons sous-marins). Comme pour le Thon rouge lors de cette
même sortie du 10 septembre 2016, l’individu était probablement
en chasse.
Pas de cliché
Molidae
Poisson lune
Mola mola
Sans être considéré comme une espèce rare, le Poisson-lune n’est
évidemment pas souvent observé par les plongeurs, parce qu’il s’agit
d’un animal pélagique strict, même s’il peut être vu à peu de distance
des côtes. Par ailleurs, de par sa taille et sa forme étrange immédi-
atement reconnaissable, les observations transmises par les pêcheurs
amateurs, les équipages des voiliers ou les observateurs de sor ties
naturalistes en mer sont assez nombreuses. L’espèce n’est pas très
farouche lorsqu’elle est en surface.
Notre unique observation a été réalisé lors de notre mission "Rega-
lec" en avril 2016, au large d’Antibes. De nuit, Catherine Roquefort a
photographié cette espèce à environ 25 m de profondeur, le temps
d’une apparition fantomatique (photo en vignette).
Ammodytidae
Cicerelle de Méditerranée
Gymnammodytes cicerelus
Deux espèces de cicerelles coexistent en Méditerranée, G. semisqua-
matus ayant été mise en évidence sur les côtes espagnoles (Sabates et
al. 1990). Un doute peut donc persister quant à notre identication,
même si celle-ci a été validée par les spécialistes du Fish Watch Forum
(Bérenger 2016).
Ces espèces restent occasionnelles pour les plongeurs malgré leur
tendance grégaire et leur fréquentation littorale : aucune donnée sur
les sites Doris et Bio Obs, et notre seule donnée sur le FWF. Cette
donnée provient de la baie de Portissol, à Sanary-sur-Mer (Var) : "Le
banc nageait dans un périmètre restreint au-dessus d'une bande de
sable, entre une barre rocheuse et un herbier de posidonies. Cette
espèce est observée depuis plusieurs années à cette période sur ce
même site."
Lucas Bérenger
C. Roquetfort
Mathias Prat
Les cahiers de la fondation
ISSN 2495-2540
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FONDATION
Labridae
Rason
Xyrichthys novacula
De répartition méditerranéenne et sud atlantique, le Rason a besoin
d’un sable assez n et léger pour s’enfoncer à loisir, dès qu’il se sent
menacé, ou pour y passer la nuit. Toutefois, certains auteurs pensent
au contraire qu’il a besoin de sable "bien trié, grossier à très grossier"
(Katsanevakis 2005). Il semble à ce sujet plus difcile quant au choix de
son habitat que le Poisson-lézard ou les vives. Son régime alimentaire
est spécialisé (copépodes et amphipodes tels que des gammares –
Castriota et al. 2005). Mais malgré la relative fréquence de ces habitats
(en apparence), le Rason n’est pas communément trouvé en France.
Nous l’avons vu 2 fois sur le site des Jardins du Sausset (Sausset-les-
Pins, Bouches-du-Rhône – vu également en 2015), jamais très loin
d’herbiers de Posidonies.
Les bases de données participatives sur Internet n’appor tent qu’une
dizaine de stations françaises, essentiellement en région Provence-
Alpes-Côte d’Azur (Saint-Raphaël, Cannes, Antibes, etc.) et en Corse,
alors que ce poisson à activité diurne est assez remarquable pour être
noté par la majorité des plongeurs.
Thomas Menut
Labridae
Crénilabre de Doderlein
Symphodus doderleini
Le Crénilabre de Doderlein n’est pas rare le long des côtes méditer-
ranéennes française, mais globalement moins abondant que la plupart
des autres Symphodus, puisqu’il est souvent trouvé en quelques indi-
vidus et très rarement en banc. Il semble fortement lié aux herbiers
de Posidonies (nous ne l’avons jamais vu loin d’un herbier, ou dans
une ambiance de rochers prédominant. D’ailleurs, on voit souvent
les jeunes fuyards se réfugier dans la masse épaisse des « herbes » à
l’approche des plongeurs.
Pour le distinguer des juvéniles des quelques autres crénilabres, le
meilleur critère est la ligne blanche latéro-centrale encadrée par des
couleurs plus sombres, notamment sous cette ligne.
Thomas Menut
Labridae
Crénilabre mélops
Symphodus melops
Alors qu’il est commun et largement visible de jour en façade atlan-
tique, le Crénilabre mélops est plus rare en Méditerranée. Des don-
nées sont plus abondantes en région Provence-Alpes-Côte d’Azur
qu’en région Occitanie, et les quelques données que nous ajoutons
effacent un doute : il est bien présent sur le littoral héraultais (avant-
port de Marseillan 2015 et 2016 ; Sète, 2016 ; Etang de Thau, 2016 ;
Palavas, 2011, Frontignan, 2013), ainsi que dans les calanques de Mar-
seille. Détail curieux : nous ne l’avons vu que de nuit, à une exception
près !
Thomas Menut
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FONDATION
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Gadidae
Capelan de Méditerranée
Trisopterus capelanus
Le Capelan de Méditerranée, sous-espèce élevée au rang d’espèce
très récemment (Delling et col., 2011) nous semble assez commun
au large des côtes d’Occitanie, entre la Camargue et Leucate. Mais de
rares données existent aussi vers Marseille (Fish Watch Forum, S. Le
bris). Les données de plongeurs peu nombreuses sont peut-être liées
au fait que l’espèce recherche préférentiellement des eaux froides, et
donc des fonds supérieurs à 20-30 m. Il est moins visible en pleine
eau qu’abrités par quelques roches (ou épaves). Nous l’avons tout de
même noté à environ 12 m de profondeur, au large de Frontignan, en
quelques petits bancs de moins de 10 individus sous des roches (un
ancien trait de côte).
Blenniidae
Blennie cornue
Parablennius tentacularis
La Blennie cornue est une des 4 blennies méditerranéenne assez dif-
ciles à voir (avec la Blennie ocellée Blennius ocellaris, la Blennie basilic
Salaria basilisca - peut-être même absente de France, et la Blennie
chevelue Scartella cristata). Les données indiquées sur les divers sites
de science participative sont éparses :
Fish Watch Forum : Cerbère, Nice, Port du Niel (Hyères), Marseille
Doris : Cerbère, Port-Vendres Marseille, Collioure, La Ciotat
BioObs : surtout les Pyrénées-Orientales, et la côte rocheuse en
région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, et rare sur la côte sableuse du
Languedoc-Roussillon (quelques points au Cap d’Agde et Palavas
(Hérault)
Chaque année, notre petite équipe collecte quelques nouvelles ob-
servations en plongées, qui contribuent à mieux comprendre ses
habitats un peu déroutants : trouvé dans l’avant-port de Marseillan
(Hérault), ainsi qu’en bordure de plage (petit éboulis rocheux) à
Cagnes-sur-Mer), il semble que cette espèce ne soit jamais très loin
de secteurs à forte charge organique sous forme de débris ou de
vase. Une fois trouvée, on peut s’approcher assez près, sans qu’elle ne
se montre farouche.
Thomas MenutThomas Menut
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FONDATION
Blenniidae
Blennie à tentacules touffus
Hypleurochilus bananensis
Cette blennie est un premier signalement pour la Principauté de Mo-
naco et pourrait-on dire par extension, pour la France. L’un de nous,
Lucas Bérenger, l’avait observée en 2015 lors d’inspections de Bio-
hut® (des structures complexes à armature métallique + coquilles
d’huitres, destinées à créer des micro-habitats "sécurisés" pour les
jeunes stades larvaires de poissons) dans le Port Hercule de Monaco.
En 2016, à nouveau en mission d’inspection dans le même port, nous
avons retrouvé un couple de cette espèce dans le même Biohut®.
Fixé sous un ponton ottant, à 30-50cm de profondeur (mais sur un
fond d’environ 5 m), seule la femelle était visible, installée et cachée
dans les interstices crées par les assemblages de coquilles. Des œufs
(une 70-100aine visibles) étaient xés sur une face d’une coquille.
Il s’agit donc de la conrmation de la seule signalisation française
(Bérenger, 2016) faite sur le Fish Watch Forum l’année précédente,
d’une espèce globalement mal connue dans son aire de répartition,
avec très peu d’observations, mais pourtant repérée d’un bout à
l’autre de la Méditerranée (de l’extérieur de Gibraltar aux côtes israé-
liennes, Tunisie, Italie - Langeneck, 2013). Tiralongo (2016) a produit
une synthèse des 2 seuls sites ou l’espèce est connue en Italie :
Mar Piccolo di Tarento dans le sud de la botte italienne espèce plutôt
de milieux lagunaires ; très peu d’individus observés, mais çà et là dans
cette lagune
Lac Miseno, près de Naples, où elle n’est connue que d’un canal reliant
cette lagune à la mer !
Notre découverte à Monaco est donc une première dans le Golfe
de Gênes.
Lucas BérengerLucas Bérenger
Lucas Bérenger
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FONDATION
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Gobiidae
Gobie-corail nain
Corcyrogobius liechtensteini
Ce petit gobiidae (3 cm environ) appartient à un genre ne com-
portant que 2 espèces : C. liechtensteini connu en mer Méditerranée,
et C. lubbocki de l’Atlantique est tropical. Les données rapportées du
premier sur des sites internet participatifs (Bio Obs, FWF) sont rares
ou absentes, mais des recherches ciblées sur ses habitats, les tombants
et dévers coralligères, les grottes ou failles profondes (peu exposées
aux houles et courants) nous incitent à penser que sa rareté est toute
relative (ce que pense aussi Herler et col., 1999, après des recher-
ches aux îles Baléares, où C. liechtensteini et Didogobius splechtnai
sont les poissons les plus fréquemment rencontrés, ou encore Ahnelt,
2004)
En 2016, nous rajoutons 2 localités pour ce poisson : Portissol (Sanary-
sur-mer-, Var) et au Cap d’Antibes (Alpes-Maritimes) dans des profon-
deurs comprises entre 9 et 20 m. Son comportement accentue la
difculté à le voir : il est craintif, n’aime ni les bulles ni un éclairage trop
direct ; il se cache alors dans l’une des multiples anfractuosités de son
habitat, mais ressort assez vite si les perturbations cessent.
Thomas Menut
Gobiidae
Gobie grêle zébré
Chromogobius zebratus
C’est une espèce endémique de la Méditerranée. Poisson très cryp-
tique, on peut le considérer comme un ssuricole : il passe le plus
clair de son temps au sein des roches creuses et circule au sein de
ces failles en s’exposant le moins possible. Il est donc très difcile de
le remarquer en plongée, et de le photographier pour conrmer son
identication. Plus observé de nuit que de jour, il n’est cependant pas
complètement nocturne. Les données recensées sur les sites partici-
patifs en France sont ultra ponctuelles et ne concernent que la région
Provence-Alpes-Côte d’Azur : La Ciotat (Bouches-du-Rhône), la baie
de Portissol (Sanary-sur-mer, Var). Notre observation : la Côte bleue,
commune du Sausset, en plein jour. Nous sommes restés presque
1heure devant son trou au sein d’une roche verticale, où il apparais-
sait de temps en temps, sans jamais en sortir complètement.
Thomas Menut
Gobiidae
Gobie nain à barres brunes
Didogobius splechtnai
Le Gobie nain à barres brunes est une espèce mal connue, de réparti-
tion probable à minima nord méditerranéenne (Italie, Croatie, France
et Espagne, Turquie). Comme l’ensemble du genre Didogobius, c’est
un poisson à afnité cavernicole. Mais en fait, il est observable, plutôt
de jour à l’entrée de failles difcile d’accès pour des prédateurs, où
la lumière est encore assez présente. Il semble indifférent au sub-
strat (sablo-vaseux ou sable grossier) mais reste posé "à l’endroit"
et non sur les parois verticales ou en surplomb. En revanche, il est
extrêmement farouche, et cela explique probablement le faible nom-
bre d’observations qui existe (Bio Obs : Fréjus, Cannes, Monaco et
étang de Thau, donnée douteuse à notre avis ; FWF : nos données
2016 uniquement !).
En 2016, nous avons contacté à 4 reprises cette espèce, quelque
fois en plusieurs exemplaires (Portissol, Var). Elle ne nous semble pas
rare, et elle est probablement bien représentée sur l’ensemble des
côtes rocheuses de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et dans les
Pyrénées-Orientales.
Thomas Menut
Les cahiers de la fondation
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FONDATION
Gobiidae
Gobie-lote
Zosterisessor ophiocephalus
Cette espèce très commune dans l’étang de Thau, … ne l’est peut-
être qu’ici en France ! Elle semble inféodée aux lagunes littorales à
fond sableux et vaseux, avec une couverture algale importante, ainsi
que des herbiers Petite et Grande Zostère. Avec le Gobie noir, c’est
un poisson abondant de l’étang Thau. Il nage rarement sur les par-
ties de sable nu, et à la moindre inquiétude, s’enfonce dans les tapis
d’algues brunes ou d’ulves. C’est un des plus gros gobies de France,
dont les spécimens de 15 cm sont courants. Connu pour se nourrir
de crustacé, annelides et autres invertébrés, nous l’avons souvent ob-
servé chassant à l’affut les poissons parfois d’un tiers de sa taille, com-
me les athérines Atherina cf boyeri. Nous ne l’avons jamais vu ailleurs
que dans cette lagune (en France), une donnée existe dans l’anse de
Figari (Corse du Sud) près de l’embouchure d’une rivière (Site Fish
Watch Forum). En revanche, certaines données marines du site Bio
Obs nous semble douteuses (ou très intéressantes !) et mériteraient
conrmation et photographies. Des recherches plus poussées dans
les lagunes du littoral méditerranéen français ainsi que dans d’autres
anses de Corse seront les bienvenues pour préciser le statut de cette
espèce et son degré d’isolement inter stations.
Thomas Menut
Gobiidae
Gobie à grandes écailles
Thorogobius macrolepis
Le Gobie à grandes écailles est un endémique de la Méditerranée, à
des profondeurs souvent supérieures à 30-35 m et sur des fonds dé-
tritiques (Bodilis,2016), au pied de petites roches ou d’éboulis. S’il est
connu en France depuis les années 1970 (Miller et al., 1973), sa mise
en évidence en Italie plus tardive (Guidetti et al., 2006) démontre as-
sez bien la difculté à le touver.
Sa taille assez importante pour un gobie, sa coloration assez vive, sa
relative abondance sur ses stations font qu’il est tout de même signalé
en France dans 6-8 stations, essentiellement en Provence-Alpes-Côte
d’Azur (Doris, Fish Watch Forum et Bio Obs) : Antibes, Saint-Jean-
Cap-Ferrat pour les Alpes-Maritimes, Saint-Raphaël, Marseille, la Cio-
tat. Elle n’est pas signalée des Pyrénées-Orientales, la charge sédimen-
taire des eaux ne lui convenant peut-être pas.
Nous l’avons noté à 4 reprises en 2016 sur 3 nouvelles stations dont
2 assez typiques (Villefranche sur mer, Tombant du lido et Agay (Var),
et une (Nice, Tombant Saint-André) plus intéressante : de nuit, sur
un tombant sablo-vaseux et à découvert, proche d’un afeurement
rocheux.
Thomas Menut
Gobiidae
Gobie nonnat
Aphia minuta
Ce curieux Gobie totalement transparent a une répartition assez
large entre Atlantique nord, Manche et Méditerranée. Il affectionne
particulièrement les habitats à substrat sédimentaires, les tombants
vaseux, voire les lagunes littorales. Les données sont rares sur les sites
participatifs (moins de 8 stations), du fait de la difculté à l’observer :
souvent assez vif et… transparent, sa détection est nalement plus
aisée de nuit, mais il n’est pas dit qu’il soit strictement nocturne.
Nos données en 2016 se concentrent sur 2 sites : le Cros-de-Cagnes
(Alpes-Maritimes) en mars, avril et juillet ; l’avant-port de Marseillan,
dans 3 m d’eau, où l’effet "anse fermée" crée une étendue calme et
vaseuse propice à ce poisson fragile.
Thomas Menut
Les cahiers de la fondation
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FONDATION
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Gobiidae
Gobie à quatre taches
Deltentosteus quadrimaculatus
Cette espèce des fonds sablo-vaseux est surtout connu de la Méditer-
ranée mais elle s’étend le long des côtes atlantiques vers l’Afrique. Elle
est plus souvent collectée lors de chalutages qu’elle n’est observée in
vivo par les plongeurs, pour des raisons déjà évoquées : visible surtout
de nuits, dans des fonds assez homogènes peu prospectés.
Nous l’avons observé à 6 reprises en 2016, mais uniquement dans
les Alpes-Maritimes (Cagnes-sur-Mer, Nice, Roquebrune-Cap-Martin).
Une donnée d’observation de plongeur existe plus à l’Ouest sur Mar-
seille (Le Bris, 2016). Globalement entre 8 et 25 m de profondeur,
soit assez profond au moins dans ses stations françaises, même si des
doutes seraient à lever sur certaines obser vations en avant-port, dans
très peu d’eau. R. Pillon l’a observé quant à lui en Sardaigne (iles Mad-
dalena) entre 4 et 6 m en pleine journée (Pillon 2016).
Thomas Menut
Gobiidae
Gobie quagga
Pomatoschistus quagga
Encore une espèce endémique de la mer Méditerranée. Sans être
considérée comme rare, elle est peu signalée ou attestée par les plon-
geurs. Pourtant, elle ne passe pas inaperçue formant le plus souvent
des bancs d’une petite centaine d’individus. Autre par ticularité, c’est
un Pomatoschistus "de pleine eau", se maintenant au-dessus des fonds
entre 0,5 et quelques mètres. Il semble apprécier les eaux claires sur
fond sableux et parsemée de Posidonies. Si les femelles mâtures sont
très reconnaissables avec leur ventre jaune, les mâles et les immatures
ressemblent beaucoup à Pseudaphya ferreri, et de bonnes photos sont
nécessaires pour prendre le temps de valider l’identication. Très peu
de données de plongeurs sont présentes dans les bases de données
participatives : la Côte bleu, Marseille et 2 données en Corse. Nos ob-
servations sont également rares : les 2 à Antibes, au niveau du Cap, en
avril et juillet, malgré les habitats favorables et nos recherches assidues.
Lucas Bérenger
Gobiidae
Gobie cavernicole de Steinitz
Gammogobius steinitzi
Ce petit gobie cavernicole de 3 à 4 centimètres de long est un médi-
terranéen strict. Décrit en 1971, il n’a longtemps été connu que par
les 3 spécimens type, et restait, en 1999 (Kovacic, 1999), une espèce
observée dans 3 localités !
Il partage souvent son habitat avec Corcyrogobius liechtensteini. Il af-
fectionne particulièrement les parois verticales ou les plafonds des
grottes où la lumière n’arrive plus que faiblement. Il circule parmi le
petit coralligène, probablement à la recherche de proies invertébrés.
En 2018, les données restent rares, surtout à cause de la faible ac-
cessibilité des plongeurs à ce type d’habitat : quelques mentions sur
la Côte d’Azur mais aussi la Côte bleue. Les données manques en
Languedoc-Roussillon (mais présent à l’Estartit un peu plus au sud
en Espagne) et il serait à rechercher dans le coralligène des Pyré-
nées-Orientales. Nous l’avons mis en évidence à 3 reprises en 2016,
dans les Alpes-Maritimes où il doit être assez fréquent étant donné
l’abondance des grottes et la structure karstique très faillées de la
côte. Plus intéressante est la donnée recueillie sur la commune de
Marseille (anse de la Maronaise) dans un habitat à première vue plus
homogène. Mais il faut raisonner en termes de micro-habitat (pas tou-
jours visible) avec cette espèce très petite et se contentant probable-
ment d’un territoire très restreint.
Thomas Menut
Les cahiers de la fondation
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FONDATION
Gobiidae
Gobie de Sarato
Gobius fallax
Le Gobie de Sarato est de répartition strictement méditerranéenne.
Quelques très rares données françaises émanent de plongeurs, mais
l’espèce est difcile à distinguer de Gobius buchichi et de Gobius
incognitus, d’où sa distribution mal connue. Les sites participatifs men-
tionnent la Corse (Figari), et surtout la région Provence-Alpes-Côte
d’Azur (Sanary-sur-mer et notre nouvelle donnée dans la baie de
Villefranche-sur-mer, le long de la Presqu’île de Saint-Jean-Cap-Ferrat.
Il semble partager l’habitat des Gobies mentionnés, habitats rocheux
peu profonds, plus ou moins recouverts d’algues, présence de fonds
sableux et de caches) sans que nous sachions ce qui le différencie
précisément dans sa niche écologique.
Xavier Rufray
Gobiidae
Gobie de Roule
Gobius roulei
Mal connue, ce gobie semble avoir une répartition essentiellement
méditerranéenne, quoique quelques données existent en Espagne
côté atlantique. Les données sont rares (Ahnelt 2004 ; Liu 2009 : pre-
mières donnée en mer de Ligurie), mais les connaissances augmentent
ces dernières années, avec l’afux de photographies provenant des
plongeurs amateurs. Ce gobie est difcile d’identication : il est proche
du Gobie noir, et il faut bien maitriser les critères admis pour être
sûr de son identication. Ou bien envoyer ses images sur un forum
d’identication pour partager l’analyse. Il recherche visiblement des
habitats moins sédimentaires que ce dernier, des sables grossiers plus
"propres". Nos données réalisées en 2016 concernent :
- la Corse, en côte ouest, où elle rejoint les rares signalements sur
cette île (Tarco) ; mais nous pensons qu’il y est assez répandu, étant
donné les habitats similaires sur de nombreux linéaires ;
- en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, au Cap d’Antibes
Une population existe aussi sur la Côte bleue (Méjean, Marseille), en
cohabitation avec le Gobie noir.
Thomas Menut
Clinidae
Cline argenté
Clinitrachus argentatus
Le Cline argenté est le seul représentant européen de cette famille
caractéristique des côtes rocheuses baignées par les eaux froides
(Afrique du Sud, Pacique nord). Poisson extrêmement cryptique, il
vit pourtant entre 0 et 1 m de profondeur, sur les rochers exposés
aux vagues, mais au sein des communautés algales abondantes,
notamment celles de Cystoseira mediterranea. Le chercher en
snorkeling ou en plongée relève de la gageure, alors qu’il est facile
de la capturer à l’aide d’une épuisette en fouillant ces rochers. Ainsi,
il nous semble que cette espèce est assez commune, malgré la quasi
absence de donnée sur les sites internet participatifs : en 2016, nous
l’avons noté à Saint-Raphaël (Var), et avant cela à Antibes (Alpes-
Maritimes), Banuyls (Pyrénées-Orientales – très commune), mais aussi
et c’est plus étonnant sur des épis rocheux à Frontignan (Hérault).
Dans son habitat ou lorsqu’elle est capturée, cette espèce est très
apathique, ne bougeant que lentement et en rythme avec la houle et
le mouvement des algues.
Thomas Menut
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Mullidae
Rouget de vase
Mullus barbatus
Observé entre avril et juillet, de nuit, sur les 2 sites sablo-vaseux de
Cagnes-sur-Mer et Nice (Plage du Lido).
Il y a quelques années, l’observation pour la première fois de cette
espèce à moins de 10 m de profondeur sur ces mêmes sites nous
avait favorablement impressionné : nous pensions que le Rouget de
vase n’était observable qu’à partir de 40 à 50 m, et dans les grandes
plaines littorales sableuses (c’est essentiellement ce rouget que l’on
retrouve sur les étals des poissonnerie, issus des chalutages). En
fait, sur ces deux sites des Alpes-Maritimes, l’espèce est abondante
et visible à tous les coups en plongée, remplacée dans les premiers
mètres de profondeur par M. surmuletus.
Pour le moment, le site participatif BioObs illustre une car te et des
points d’observation très nombreux dont la plupar t, s’ils sont issus de
plongées en secteur rocheux, nous semble douteux (et notamment
celles dans l’étang de Thau !) et nous ne pouvons pas nous er à la
répartition qui en est donnée. Nous pensons que les observations de
plongeurs sont possibles dans les départements où le talus continental
est assez proche de la côte (c’est le cas un peu partout dans les Alpes-
Maritimes). Mais des photos sont vraiment nécessaires pour valider
l’identication de cette espèce notamment pour les jeunes individus.
Triglidae
Grondin morrude
Chelidonichthys obscurus
Le Grondin morrude est très proche du Grondin-perlon, que ce soit
pour les habitats recherchés (sablo-vaseux), l’activité nocturne et le
mode de vie supposé. Les différences anatomiques visibles se situent
au niveau des nageoires, la longueur du premier rayon de la dorsale et
la coloration des nageoires pectorales.
Très peu de données existent et se concentrent dans les Alpes-
Maritimes (Villeneuve-Loubet, Cagnes-sur-Mer, Cannes) ainsi qu’une
dans l’Aude, le long de la digue Est du euve Aude (BioObs). Cette
mention mériterait d’être retrouvée.
Pour notre part, nous l’avons trouvé en 2016 à Nice (plage du Lido)
dans les conditions décrites en début de paragraphe. Il partage les
habitats avec le Grondin-perlon, peut-être en recherchant des proies
un peu différentes. Il est aussi à rechercher dans les avant-ports,
même peu profonds, le substrat sédimentaire étant certainement plus
déterminant que la profondeur.
Thomas Menut Thomas Menut
Thomas Menut
Les cahiers de la fondation
ISSN 2495-2540
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41
FONDATION
Triglidae
Grondin perlon
Chelidonichthys lucerna
Plus commun que le Grondin morrude (et à très vaste répartition
atlantique et méditerranéenne), le Grondin perlon reste délicat à dé-
couvrir si l’on ne le cherche pas préférentiellement sur des fonds
sablo-vaseux. Nous l’avons plus souvent observé de nuit, mais les
données d’observation du FWF (en Corse, en Sardaigne, dans les
Bouches-du-Rhône, Port-Camargue, etc.) montre aussi une activité
diurne. Il est presque commun à Cagnes-sur-Mer (en faible nombre,
mais vus 4 fois sur 5 plongées), mais aussi Nice ou Antibes (BioObs)
ou dans les zones calmes de type avant-port (Marseillan, en 2016 et
les années précédentes ; Frontignan, même conguration). Très peu
farouche, c’est à chaque fois un réel plaisir de contempler la "marche"
de ce poisson à l’aide de ses rayons libres des nageoires pectorales,
puis son "vol" plané laissant voir la très belle coloration de ces mêmes
nageoires. De jour en revanche, cette espèce est vraiment difcile à
découvrir, étant probablement enfouie dans les sédiments.
Callionymidae
Dragonnet élégant
Callionymus pusillus
Le Dragonnet élégant est un poisson magnique, injustement
méconnu des plongeurs, qui vit strictement sur les fonds sableux de
Méditerranée (et un peu les côtes sud-atlantique de l’Espagne), et
semble-t-il plutôt à faible profondeur. Nous ne l’avons jamais observé
sous les 10 m, alors qu’il peut parfaitement se plaire dans moins
d’1 mètre (Etang de Thau, à Mèze), si le ressac est faible. En prenant le
temps de bien rechercher dans cette partie peu explorée, les bords
de plages sableuses (en général, le plongeur cherche à vite atteindre
plus de profondeur), il n’est pas rare, en n de printemps et en été,
d’observer cette espèce très cryptique : aussi clair et moucheté que
le sable, et comptant aussi sur les reets uctuants de soleil sur l’eau
pour que disparaitre à la vue. Le mâle en couleurs nuptiales est un
joyau, ses nageoires surdimensionnées mêlant le jaune et le bleu.
3 données ont été récoltés par notre groupe cette année, dans
les Bouches-du-Rhône et le Var, s’ajoutant aux quelques données
des sites internet participatifs (Fréjus, Cagnes-sur-mer. Sur la côte
languedocienne, il pourrait être moins commun, alors qu’une espèce
cousine plus petite, Callionymus risso est peut-être plus adaptée à une
houle plus franche et des sables plus sédimentaires
Thomas Menut Thomas MenutThomas Menut
Les cahiers de la fondation
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FONDATION
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Iphidiidae
Donzelle à nageoire noire
Ophidion rochei / barbatum
Il existe deux Donzelles à nageoires noires, dont l’une serait
strictement méditerranéenne (Ophidion rochei) et l’autre également
atlantique. En 1996, Casadevall et al. publièrent un article expliquant
les différences anatomiques et morphométriques entre les 2 taxons,
et il est admis que le distinguo est très délicat à établir sur photo in
vivo, sans capturer l’animal. Les observations en plongée ne peuvent
donc être mentionnées que sous la dénomination Ophidion rochei/
barbatum. Uniquement visible de nuit, les données sont forcément
plus rares sur les sites participatifs (Nice, Antibes, Cros-de-Cagnes, la
Vesse – Côte Bleue).
Nous l’avons observée en juillet 2016, de nuit au Cros de Cagnes
(Alpes Maritimes) à 12 m de profondeur. L’individu n’était pas
spécialement farouche, et s’ensable en démarrant par l’arrière du
corps. Notons aussi que nous l’avions mis en évidence à Frontignan,
dans l’avant-port. L’habitat recherché semble donc être des fonds
sablo-vaseux, avec ou sans herbiers de phanérogames.
Scophthalmidae
Barbue
Scolphthalmus rhombus
Encore une espèce, la Barbue, très peu observée par les plongeurs
en Méditerranée, du fait de deux conditions à remplir pour avoir
une chance de la voir : plonger de nuit et dans des milieux sableux.
Les avant-ports sont conseillés, encore faut-il avoir l’autorisation de
le faire. En Méditerranée, la côte sableuse du Languedoc lui semble
propice, et nous l’avons observée en mars 2016 dans l’avant-port de
Marseillan, dans quelques mètres de profondeur, ainsi qu’en extérieur
du port de la Grande-Motte (mai 2016), le long de la jetée enrochée.
À chaque fois, il s’agit de subadultes (entre 20 et 30cm de longueur),
les adultes préférant certainement les zones plus profondes.
En plongée, l’espèce a également été vu à Nice et au Carro
(Bouches-du-Rhône), elle doit être présente tout le long de la côte
méditerranéenne française.
Elle peut cohabiter avec le Turbot (Scolphthalmus maximus), comme
nous l’avons noté en 2015 à Marseillan ; selon Vinagre et al. (2011), le
régime alimentaire de chaque espèce, plus orientée bivalves chez S.
maximus, et plus céphalopodes et Mysidacés chez l’autre permet un
chevauchement des niches assez faible.
Thomas Menut Thomas Menut
Soleidae
Sole-pôle
Pegusa lascaris / nasuta
Les soles-pôle sont, comme la plupart des poissons plats très mal
inventoriés par les plongeurs : il faut effectuer ses recherches de
nuit et dans les fonds sableux souvent trop homogènes pour être
considérés comme attractifs… De ce fait, les données sont rares voire
inexistantes en Méditerranée sur les sites participatifs. Pourtant, les
Soles-pôle (avec une distinction très délicate sur photo entre les 2
espèces de Pegusa, lié à l’emplacement et à l’aspect de la tache noire
de la nageoire "drapeau" - pectorale) ne sont pas des rencontres
exceptionnelles, pour peu qu’on les cherche dans les secteurs où le
sable est bien propre (sans sédiment), et assez souvent dans la partie
très peu profonde où les vagues créent un ressac et brassent le sable ;
ce qui leur permet d’évoluer à la recherche de proies tout en étant
peu visibles. 2 observations cette année, dans les conditions décrites
plus haut, à Nice et la Grande-Motte (Hérault).
Thomas Menut
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FONDATION
Soleidae
Sole du Sénégal
Solea senegalensis
La Sole du Sénégal est mal connue des plongeurs (pour preuve
l’absence de donnée sur les sites participatifs à l’exception du Fish
Watch Forum : Marseillan (voir commentaire ci-après), plage de Beau-
duc (Arles) et Marseille). Nous l’avions mis en évidence dans l’avant-
port de Marseillan en 2015, puis retrouvée cette année. Nous la
connaissions aussi de l’étang de Thau, où des juvéniles très ponctués
sont visibles dans les premiers cinquante mètres de profondeur, entre
sable, algues brunes et le début du fond vaseux. Dans l’avant-port de
Marseillan, elle est là encore partagée entre le strict fond sableux et
les endroits où les dépôts meubles commencent à être importants.
Plutôt nocturne, elle est quand même visible de jour dans l’étang de
Thau, mais alors elle est beaucoup plus farouche et l’approcher tient
de la gageure.
Gobiesocidae
Gouanie
Gouania wildenowi
Encore une espèce probablement pas si rare, mais dont le mode de
vie très particulier la fait totalement passer inaperçue (aucune donnée
sur BioObs, une donnée sur le Fish Watch Forum : à Agay-Var) si l’on
n’adopte pas une méthode particulière pour la découvrir : ce petit
poisson de quelques centimètres vit dans les interstices entre les ga-
lets de 3 à 15-20 cm, au niveau des hauts de plages possédant ce type
de granulométrie assez précise. Nous ne savons pas si son activité
est plutôt diurne ou nocturne, mais de jour, il n’est quasiment jamais
vu nageant librement. La méthode consiste donc, dans plus ou moins
40 cm d’eau, à retourner délicatement les galets sur une épaisseur de
10 cm ou plus, pour repérer ce poisson, collés sur les faces inférieures
des cailloux à l’aide de sa ventouse ventrale. Cet individu (photo) est
l’un des 4 que Philippe Geniez a collecté devant nous à Port-Vendres
(Pyrénées-Orientales), en moins de 30 minutes et sur une surface de
moins de 10 m². On ne peut imaginer l’abondance de ce poisson, mais
la démonstration a été éloquente.
Thomas Menut
Gobiesocidae
Porte-écuelle à deux tâches
Diplecogaster bimaculata
Cet autre Gobiesocidae a un mode de vie assez similaire à la Gouanie
et les autres porte-écuelle : il vit sur la face inférieure de roches ou de
galet, dans un environnement qui nous semble plus hétérogène que
pour la Gouanie : sable, roche, ou lit de graviers.
Là encore, il faut un mode de recherche bien particulier pour avoir
une chance de le découvrir (cela peut donner l’impression que c’est
une espèce rare), ce que maitrise très bien Dominique Horst, qui en
a découvert une belle population sur plusieurs sites de la commune
de Saint-Raphaël et Antibes.
Notre donnée à Six-Fours, à l’extérieur du port du Brusc est une
station bien nouvelle. Nous l’avons découvert (1 individu) dans moins
d’un mètre de fond, occupé par des petits cailloux entre des roches
en plaques.
Données principalement en Méditerranée française :
BioObs : 0 donnée
FWF : Six Fours (83), Agay (83), Saint-Raphaël (83), Antibes le Graillon
(06), Cagnes-sur-Mer (06)
Thomas Menut Thomas Menut
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Syngnathidae
Hippocampe moucheté
Hippocampus guttulatus
L’hippocampe moucheté est comme son cousin H. hippocampus,
un poisson qui recherche les eaux calmes, étant donné ses faibles
aptitudes à la nage. Le premier est assez fréquent dans un certain
nombre de lagunes littorales du littoral méditerranéen français, et
la population de l’étang de Thau que la plupar t des auteurs suivent
(en bénévolat pour le programme HippoThau mené par l’association
Peau Bleue) est la plus connue. Les graus entre étangs et mer, et
notamment lorsqu’ils sont partiellement aménagés en port, sont
très propices à ces animaux qui semblent nalement se déplacer
signicativement à la recherche de bonnes conditions. Nous en avons
ainsi observé dans le por t de Frontignan cette année 2016 et en
2014. Il a également été vu dans l’avant-port de Marseillan, ces deux
sites ayant en commun de posséder un chenal qui relie la mer à une
lagune arrière littorale.
Enn, la 3ème observation concerne le site du Cros de Cagnes ou la
2ème espèce est régulièrement notée.
Les données recensées pour cette espèce (dont BioObs et le Fish
Watch Forum) témoignent d’une répartition ponctuelle mais assez
régulière sur une trentaine de secteurs entre les Pyrénées-Orientales
et les Alpes-Maritimes.
Thomas Menut
Syngnathidae
Hippocampe à museau court
Hippocampus hippocampus
L’Hippocampe à museau court est quasi strictement marin, alors que
son "cousin" H. guttulatus se retrouve beaucoup plus volontiers en
lagune littorale.
Pour le premier et en Méditerranée française, les découvertes sont le
plus souvent fortuites et très ponctuelles en mer ou en lagune littorale
(Grau de Sète, grau de Marseillan pour l’étang de Thau, Cerbère -
voir site internet Bio Obs - Etang de Berre – plusieurs données Fish
Watch Forum, Marseille, La Ciotat…), à l’exception de quelques sites
où les données sont plus régulières (èche de l’Espiguette, commune
du Grau-du-Roi, Gard). C’est le cas de notre donnée, en mars 2016
au niveau du tombant sablo-vaseux de Cagnes-sur-Mer. Parfois
observé dans les 3-4 premiers mètres, au niveau des petits éboulis
rocheux, il est plus souvent vu dans 8-12 m au niveau des herbiers
de cymodocées, ou plus bas, dans la pente, accroché à quelque
branche échouée là. Sur ce site, nous n’avons pas connaissance de
rassemblements d’individus, mais une présence régulière. Pour notre
part, nous l’avons noté 2 fois en 9 plongées et plus de 30 heures
d’exploration cumulée.
Thomas Menut
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FONDATION
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
L’année 2016 a été pour notre groupe de plongeurs naturalistes
une année très faste :
Observer le Régalec est une expérience rare et inoubliable, et
persuade un peu plus tous les participants, si besoin était, des
trésors inestimables que recèle "notre" Méditerranée.
Nous avons réalisé quelques très belles observations d’espèces
rares ou rarement vues des plongeurs : le Sabre argenté, la Blennie
ocellée, le Gobie trigloïde ou la Blennie à tentacules touffus dont
c’est la première mention en France !
De même, les données accumulées sur plus de 25 autres espèces
peu souvent signalées méritaient un commentaire relatif à nos
observations.
La faune des poissons de mer est largement sous prospectée et
les "découvertes" à venir sont nombreuses ; c’est un facteur de
grande motivation pour les naturalistes passionnés. Néanmoins
pour rechercher une ichtyofaune peu connue, il faut parfois se
mettre dans des conditions de plongées atypiques, qui nécessitent
à la fois une bonne pratique, de la préparation et de la prudence.
Parmi les habitats que nous avons prospectés, plusieurs sont
encore très prometteurs en termes d’espèces peu illustrées in
natura et mal connues :
- les fonds sableux et vaseux homogènes, à parcourir de nuit et
à des profondeurs variant entre 1 et 40 m pour des espèces
comme la Cépole, le Limbert royal, de nombreux poissons plats
voire des raies
- le domaine pélagique, de jour comme de nuit, en recherchant
notamment aux abords des objets ottants ou dérivants faisant
ofce de DCP pour certaines espèces (Rouffe, Centrolophe,
Cernier, etc.)
- les profondeurs importantes (de l’ordre de -50 à -80 m), en
plongée Trimix (3 gaz : Hélium, Azote et Oxygène) pour tenter
d’approcher des espèces rarement vues au-dessus de -30 m
(Merlu, Raies, Roussettes, etc.).
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ANNEXES
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47
ANNEXES
48
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FONDATION
Etang de Thau
Marseillan
port
Cagne s/mer (0 6)
- Cr os
Cagne s/mer (0 6) -
Cros - M oana
Villefranche (06) -
Lido
Dates
cumul 2016 10/03/2016 18/03/2016 19/03/2016 19/03/2016
Nb Per sonnes
5 5 5 5
Nam es Thomas, Lucas,
Cat hy
Lucas, Pa tr ick ,
Remy, Xavier,
Thom
Thom, Lucas,
Mathias, Xavier,
Nico
Thom, Lucas,
Mathias, Xavier,
Nico
Xavier, Lucas,
Mathias, Nico
Espèce latin
Aidablennius sphinx 1
Anguilla anguil la 1
Ant hias anthi as 1
Aphia minuta 1 1 1
Apogon imberbis 1 1 1
Ariosoma balear icum 1
Arnoglossus thor i 1 1
At herina cf punctata
At herina cf boy eri 1
At herina hepsetus 1 1 1
Belone cf belone
Blennius ocellaris
Boops boops
Bothus podas
Buglossidium luteum 1 1
Callionymus pusillus 1
Callionymus risso 1
Chelidonichthys lucerna 1 1
Chelidonichthys obscurus
Chelon l abrosus
Chr omis chromis 1 1
Chromogobius zebratus
Clinitrachus argentatus
Conger conger 1
Corcyr ogobius liechtenst eini
Coris julis 1
Coryphoblennius galeri ta
Ctenol abrus rupestris
Deltentosteus quadrimaculatus 1 1
Dentex dentex
Dicent rachus labr ax 1 1
Didogobius spechtnai 1
Diplecogaster bimaculata
Diplodus annularis 1 1 1
Diplodus puntazzo 1 1
Diplodus sargus 1 1 1 1 1
Diplodus vulgar is 1 1 1 1
Echiichthys v ipera 1
Epinephelus margi natus
Gammogobius steinitzi 1
Gobius aur atus
Gobius bucchichi/incognitus 1
Gobius cobit is 1
Gobius crue ntatus 1 1
Gobius fallax 1
Gobius ge niporus
Gobius niger 1 1 1 1
Gobius pagane llus 1 1
Gobius r oulei
Gobius v ittatus 1
Gobius xanthocephalus 1
Gouania w ildenov i
Gy mnammody tes cice relus
Hippocampus gutt ulatus 1 1
Hippocampus hippocampus 1
Hypl eurochilus bananensis
Labrus bimaculatus
Labrus merula
Labrus viridi s
Lepadogaster candolle i 1
Lepadogaster lepadogaster ou cf 1
Lepadogaster purpur ea
Lepidopus caudat us
Lipophry s pholis
Lipophry s trigloides
Lithognat hus mormyrus
Liza aurat a
Liza ramada
Microl ipophrys canevae 1
Microl ipophrys dalmatinus 1 1
Microlipophrys nigriceps
Mola mola
Mugil cephalus 1
Mullus barbatus 1 1
Mullus surmulet us 1 1 1
Murae na helena
Naucrates ductor
Oblada melanur a 1 1
Oedalechilus labeo
Ophidion barbatum/rochei
Ophisaurus serpens 1 1 1
Pagellus acarne 1 1
Pagellus ery thri nus 1 1 1
Parable nnius gatt orugine 1
Parable nnius incognit us 1
Parable nnius pil icornis
Parable nnius rouxi 1
Parable nnius sanguinolentus 1
Parable nnius te ntaculari s
Parable nnius zvoni miri 1
Pegusa lascaris
Phycis phycis 1
Pomatoschistus sp 111
Pomatoschistus bathi
Pomatoschistus marmoratus
Pomatoschistus quagga
Prionace glauca
Re galecus gl esne
Salaria pav o 1
Sarpa salpa 1 1 1 1
Sciaena umbra
Scolpht halmus rhombus 1
Scorpae na maderensis
Scorpae na notat a 1 1 1
Scorpae na porcus 1 1
Scorpae na scrofa 1
Seriola dumerili
Serranus cabri lla 1 1
Serranus he patus 1 1
Serranus scri ba 1
Solea sp
Solea senegal ensis 1
Solea solea 1 1
Sparus aurata 1
Speleogobius t rigloide s
Sphy raena viride nsis
Spicara maena
Spicara smaris 1
Spondy liosoma cantharus
Sy mphodus doder leini 1
Sy mphodus cinereus 1
Sy mphodus mediterr aneus 1
Sy mphodus melanocercus 1
Sy mphodus melops 1
Sy mphodus ocellatus 1
Sy mphodus roissali 1
Sy mphodus rostratus 1
Sy mphodus tinca 1
Sy ngnathus abast er 1 1
Sy ngnathus acus 1
Sy ngnathus t aenionotus 1
Sy ngnathus t enuirost ris 1
Sy ngnathus ty phle rondeleti
Sy nodus saurus 1 1
Thalassoma pav o
Thorogobius macrolepis 1
Thorogobius ephippiatus 1
Thunnus thynnus
Torpedo marmorata
Trachinot us ovatus
Trachinus draco 1
Trachurus mediterraneus 1 1
Tripterygion delaisi 1
Tripterygion melanurum 1
Tripterygion tript eronotum 1
Trisopterus capelanus
Xiphias gladus
Xyrichthys novacula
Zebr us zebrus
Zosterisessor ophiocephalus 1
Richesse spé cifique 19 19 29 28 45
Ext Port du
Brusc - Six-
Fours (83)
Sanary -
Port issol
(83)
Nice - promena de Ang lai s Cagne s/mer (0 6) -
Cros
Cap d'Antibes - (06) -
le cap
Villefranche (06) -
Lido
80 km au large
d'A ntibe s
Marseillan
port
20/03/2016 20/03/2016 08/04/2016 09/04/2016 09/04/206 10/04/2016 16/04/2016 28/04/2016
4 2 10 3 7 4 7 2
Lucas,
Mathias,
Xavier,
Thomas
Lucas,
Thomas
Cathy, Remy, Thomas, Lucas,
Nico C, A rnaud, Xavi er, pui s
Remy, Mathias, Thomas
Lucas, Ni co C,
Ar naud
Mathias, Rémy,
Nico C, A rnaud,
Lucas, Xav ier, Thom
Cat hy, Lucas, Nico
C, A rnaud
Lucas, Remy,
Thomas, Nico C,
Nico A, Cathy,
Mathias
Lucas, Xavier
1
1 1 1
1 1
1 1 1 1
1
1 1 1
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1
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1 1
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1 1 1
1
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1 1
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1 1 1 1 1
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1 1
1 1 1
1 1
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1
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1 1 1
1 1
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1 1 1 1 1 1
1
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1
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1 1
1
1
1 1 1
1 1
1 1 1 1
1 1 1 1
1 1 1
1 1
18 40 30 23 43 35 415
Gra nde Mot te
(34)
Fr ontig nan -
Port
Corse - proche Ile
Rousse- Plage
Saleccia (nuit)
Corse - Baie
d'Algajo
(nuIt)
Corse - sud
Por ti ccio P te 7
Nave
Corse - sud
Porticcio Cala
Medea
Corse - sud
Por ti ccio P te 7
Nave
Monaco,
Port de
Fonvieille
ext - pmt
Monaco,
Port de
Fonvieille cul
- pmt
Monaco, Port
Hercules -
pmt
25/05/2016 05/06 2016 23/06/2016 24/06/2016 26/06/2016 28/06/2016 28/06/2016 30/06/2016 30/06/2016 30/06/2016
3 5 1 1 1 1 1 3 3 3
Xav ier R,
Lucas, Thom
Cathy, A gnès,
Céline, Lucas,
Thom
Thom Thom Thom Thom Thom
Lucas,
Xavier,
Thomas
Lucas,
Xavier,
Thomas
Lucas, Xavier,
Thomas
1
1 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 1
1 1 1
1
1 1 1
1
1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 1
1 1 1 1
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1 1 1
1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 1 1 1 1
1
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1 1
11 1 1
1
111 1
1
1
1
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1
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1 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1
1 1 1 1 1
1 1 1
1
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1
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1 1 1
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1
1
1 1 1 1 1
1 1
1 1 1
1
16 15 12 31 29 22 21 26 19 25
Cap
d'A ntibe s -
(06) - le cap
Cagnes/mer
(06) - Cro s
Ant ibes Por t,
quais 12-13
cul - pmt
Ant ibes Por t,
quais 20-23
ext - pmt
St-Raphaël
Plage de la
Tor tue (83) -
pmt
Port -Vendres
- Le môle
côté port
Por t-V endres -
Le môle côté
large
Port -Vendres
- Plage de
l'huile
Sète Brise
lame
01/07/2016 01/07/2016 01/07/2016 01/07/2016 02/07/2016 09/07/2016 09/07/2016 10/07/2016 28/07/2016
3 3 3 3 3 3 3 3 4
Lucas, Xavier,
Thomas
Lucas, Xavier,
Thomas
Lucas, Xavier,
Thomas
Lucas, Xavier,
Thomas
Lucas, Xavier,
Thomas
Lucas, Phil G,
Tom
Lucas, Phil G,
Tom
Lucas, Phil G,
Tom
Gilles, Xavier,
Remy , Thom
1 1 1 1
1
1 1
1
1 1
1 1
1 1 1
1 1 1
1 1 1
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1
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1 1 1 1 1
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1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 1 1
1
1 1 1 1 1 1
1 1 1 1
1
1 1
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1
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1 1
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1
1
1 1 1 1 1 1 1 1
1
1 1 1 1 1 1 1 1
1
1
1 1 1
1 1 1
1 1 1 1 1 1
1 1111
1 1 1
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1 1 1 1 1
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1 1 1 1 1
1 1 1
1 1 1 1 1 1 1
1
1 1
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1
1 1 1 1
1 1 1 1
1 1 1 1 1 1
40 28 10 19 38 41 32 35 15
Port Cros (83) - Pointe de la Galère Port Cros (83) - la Gabinière Jar din de S ausset (13)
Marseille -
Anse
Maronaise (13)
Marseille -
Anse
Maronaise (13)
30/07/2016 30/07/2016 31/07/2016 07/08/2016 07/08/2016
13 13 11 5 5
P et S Louisy, Agnès, JL Massoneau,
Céline, Xavier, Lucas, Nico A, Remy,
Sylvain LB, Thom, Cathy, Maeva,
Fl orent
P et S Louisy, Agnès, JL Massoneau,
Céline, Xavier, Lucas, Nico A, Remy,
Sylvain LB, Thom, Cathy, Maeva,
Fl orent
P et S Louisy, Agnès, JL
Massoneau, Céline, Xavier, Lucas,
Nico A, Remy, Sylvain LB, Thom,
Cat hy
Lucas, Rémy,
Sylvain,
Thomas, Nico
Lucas, Rémy,
Sylvain,
Thomas,
Xavier
1
1 1 1 1
1 1
1
1 1 1 1 1
1 1 1
1 1
1 1
1 1 1 1 1
1
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1 1 1
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1 1 1 1 1
1 1 1 1 1
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1 1
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1 1 1 1
1
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1 1 1 1 1
1 1
1 1 1
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1 1 1 1 1
1 1
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1
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1
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1 1 1
1 1 1 1
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1
1 1 1 1 1
1 1 1 1 1
1 1 1 1 1
1
1 1
45 44 43 39 33
Sète Lido vers
Prai a -Pmt
Fr ontig nan
(34) Zhomar ds
Canyon de
Cama rgue, 8 0k m
large Gde-Motte
(34)
Agay (8 3) -
Phare
Agay (8 3) -
Plage
d'A nthéor
Agay (83) - la
roche a ux
Ser pents
Ja rdin de Sausset (13) Phar e de la Couronne (13)
21/08/2016 03/09/2016 10/09/2016 17/09/2016 17/09/2016 18/09/2016 02/10/2016 02/10/2016
1 5 3 3 3 5 9 (6) 9 (6)
Thomas
JL M assonea u,
Xav R,
Céline+mari,
Thom
Fr ed M, M athi as,
Thom
Céline, Ben,
Thom
Céline, Ben,
Thom
Céline, Ben,
Thom, Lucas,
Nico
Xav ier, Vi ncent, Na ncy,
Nico A, Sylvain, Mathias,
Ant oine A urik os+femme
Xav ier, Vi ncent, Na ncy,
Nico A, Sylvain, Mathias,
Ant oine A urik os+femme
1 1
1
1 1 1 1
1 1 1
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1
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1
1
1
17 15 327 34 14 44 33
Roquebrune -
Tombant de la
piscine
TOTA L Données
espèce
19/10/2016
2
Lucas
9
1
6
6
124
3
7
2
16
12
2
1
113
10
4
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5
2
5
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2
1
9
2
26
1
8
1 6
1 4
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2
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22
9
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8
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7
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1
9
7
21
19
20
1
1
2
5
1
27 1240
... Pallaoro & Jardas, 1996;Kovacic, 1998;Tsagarakis et al., 2008;Maximov & Zaharia, 2010). Ophidion rochei is difficult to detect by UVC and can only be detected at night (Menut et al., 2018) owing to its nocturnal preferences. This sand-dwelling fish, however, can be easily detected through PAM. ...
... UVC provides data that are useful for biodiversity monitoring in shallow marine habitats; these data range from species distribution to fish abundances and size information (Murphy & Jenkins, 2010 (Murphy & Jenkins, 2010). The only report within the 'traditional' method category used in this case study highlighted that UVC can be effective for O. rochei only if carried out at night, and its presence is likely to be underestimated (Menut et al., 2018). ...
Article
Knowledge of the ecology, spatial distribution and conservation status of fish populations is achieved by fishery‐dependent techniques, and by more recently developed non‐invasive fishery‐independent techniques. Passive acoustic monitoring (PAM) is a fishery‐independent method that provides remote sensing of soniferous species, populations, communities and ecosystems by recording soundscapes and their components. A case study is presented to demonstrate how PAM can contribute to a dynamic understanding of fish distribution, ecological preferences and conservation status. This case study refers to the cusk‐eel Ophidion rochei (Ophidiiformes), a nocturnal, behaviourally cryptic, soniferous fish species, described as uncommon and rare in the scientific literature, and listed as Data Deficient in the IUCN Red List. A systematized literature review was carried out using Ophidion+rochei as the search term, and by grouping records into two main categories: (i) traditional techniques (including all fishery‐dependent techniques and underwater visual census); and (ii) PAM. This review highlights how PAM has provided new sightings of O. rochei at a rate three times higher than all other monitoring techniques combined. In contrast with the knowledge achieved to date by fishery‐dependent techniques, the reported acoustic mass phenomena indicate that this species can be very abundant. Ophidion rochei was found to inhabit a wide range of depths and ecosystems, at least throughout the Mediterranean basin. This paper supports the urgency and the importance of relying on the integration of different fishery‐independent techniques for multidisciplinary monitoring, in line with the Goal 14 requirements of the UN Decade of Ocean Science for Sustainable Development.
Article
Full-text available
Cryptobenthic fishes are bottom dwelling species that are easily overlooked because of their small size, their colouring similar to the surrounding, or because they live hidden. These species are also often difficult to identify. For these reasons, the diversity of cryptobenthic fishes is one of the least known of the marine world. This Notebook presents the observations of cryptobenthic fishes made in the Bay of Agay, in the French Mediterranean, by a group of naturalist divers, in particular during two missions targeting these species in 2021. Notably, we describe the first records for France of two species of gobies (Buenia massutii and Speleogobius llorisi), the first mention of Gobius gasteveni and the second of Lebetus guilleti for the French Mediterranean. These missions demonstrate that the marine cryptobenthic ichthyofauna of our territory is still understudied, including in the coastal zone accessible to recreational diving
Article
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The Mediterranean cusk eels Ophidion barbatum and O.rochei have often been mistaken for each other. Reviews of past work have not completely clarified the differentiation. Apart from the differences between this two species, the morphometric characters and the relative growth indices analysed have shown highly significant differences between males and females of both species.
Article
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Hypleurochilus bananensis is one of the rarest species of Blenniidae in the Mediterranean Sea. Only few records have been made in the whole Basin. Due to its rarity, H. bananensis is poorly studied and little is known about its biology. In this study, we provide additional data on this rare species. In particular, we describe its habitat, sexual dimorphism, presence and distribution with several new records in both Tyrrhenian and Ionian Sea. Studies were conducted in the period from 2011 to 2014. Observations were carried out both by snorkelling and SCUBA diving. In the natural environment, we observed the behavior and coloration in both sexes. For two mature sampled specimens of both sexes, we examined the morphology, providing the first detailed information about the differences between them. Sexual dimorphism is very pronounced and past descriptions of this species were based only on female specimens. This could lead to misidentification cases. Indeed, especially the morphology and chromatic pattern of the male are similar to those of other combtooth blennies species. Furthermore, we report data about reproduction, habitat preference and consideration about its presence in Italian seas. © 2016, Institute of Oceanography and Fisheries. All rights reserved.
Article
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Two specimens of Gammogobius steinitzi Bath, 1971 were caught during scuba diving, 16(th) October 1998, in a sea cave near Vrbnik, Island of Krk, northern Adriatic Sea. This provided the first positive record of the species in the Adriatic Sea, and one of the few records at all of this species.
Article
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SUMMARY The first record of the large-scaled goby, Thorogobius macrolepis, in Italian seas is here reported. This goby was observed in relatively deep waters (below 25 m depth) on coarse-organogenous sand patches within coralligenous formations in SE Apulia (southern Adriatic and Ionian Seas; density 0.1-1 ind. 100 m -2) and at the Tremiti Archipelago (central Adriatic Sea; ~2 ind. 100 m -2). These findings suggest that the distribution of T. macrolepis could be far wider in the Mediterra- nean than previously thought. The lack of previous records in the Italian waters is thus likely due to the scarcity of experts capable of identifying small gobids than to the actual rarity of the species in the past.
Article
Full-text available
New records and new depth ranges are given for the following gobiid species from the north-eastern Atlantic and the Mediterranean: Corcyrogobius liechtensteini, Didogobius splechtnai, Gobius niger, Gobius gasteveni, Gobius roulei, Lesueurigobius friesii, Lesueurigobius suerii, Odondebuenia balearica, Pomatoschistus norvégiens and Vanneaugobius dollfusi. Gobius gasteveni was found on the south and south-western coast of Spain and is a new faunal element for the Mediterranean. Vanneaugobius dollfusi, before known only from six specimens from the eastern Atlantic and the Adriatic, is reported from an additional 28 specimens from the Adriatic and Aegean.
Article
A new goby species, Speleogobius llorisi sp. nov. (Teleostei: Gobiidae) is described from the circalittoral sea bed at 46–69 m depth off the Balearic Islands, western Mediterranean. Six specimens, four females and two males, of the new species were collected from beam trawl samples carried out on the red algae beds off the south west coast of Mallorca Island. Among others, the main traits that differentiate the new species from the only congeneric species, S. trigloides, are the presence of preopercular head canal with pores γ, δ, ε vs. preopercular head canal absent; a longer snout, equal or longer than eye vs. shorter than eye; lower lip ending anteriorly slightly in front of upper lip vs. upper lip slightly protruding lower lip; scales in lateral series 28 or 29 vs. 26; scales in transverse series 6 vs.7–8. It also differs from S. trigloides in some non-overlapping morphometrics and in coloration. All individuals of the new species were collected from Peyssonnelia beds, beds of red algae dominated by species of the family Peyssonneliaceae. The generic diagnosis of Speleogobius is revised.