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Le Club Francophone d’Information
Brevet a 30 ans !
Frederic Baudour1, Muriel Bourgeois Tassanary1
Acte 1
C’est l’histoire d’une association professionnelle, c’est l’histoire d’un métier intimement relié à son
environnement, c’est l’histoire du Club Francophone d’Information Brevet, le CFIB [1], [2].
Cette année, le CFIB fête ses trente ans d’existence.
Et pourtant, revenez donc quelques instants en 1988 et personne n'a jamais entendu parler de cette
association.
Notre jeunesse des années 2010 serait en effet bien perdue si elle se retrouvait catapultée dans les
années ’80. Des premiers ordinateurs ne ressemblant en rien aux actuels, des systèmes d’exploitation
rudimentaires (Windows, connait pas !), et pas d’internet ! Ah oui les jeunes, pas de téléphones
portables non plus.
En ces années 80, quelques bases de données contenant de l’information brevets deviennent
timidement accessibles aux entreprises. Il faut comprendre que l’on entre très lentement dans un âge
de démocratisation des ordinateurs, et qu’auparavant n'existaient que des systèmes via bandes
magnétiques, microfiches et autres.
Issu moi-même du milieu de la chimie j’aurais tendance à dire que les seuls acteurs dans le domaine des
bases de données brevets sont Chemical Abstracts [ 3] et Derwent [4]. Si la première se veut spécifique à la
chimie, la seconde aborde les brevets, tous domaines confondus.
La logique veut donc que l’association qui nait dans les locaux d’Elf-Aquitaine en ce 14 décembre 1988
s’intitule le « Club Derwent ».
Un club, association de fait, qui se distingue par la nationalité de ses membres : ce sont des français
exclusivement, issus de quelques grandes entreprises; c'est un club dont on devient membre sur
invitation.
1 Club Francophone d’Information Brevet, France
2
A l’époque existent deux autres associations professionnelles similaires : le Patent Documentation
Group (PDG) [ 5] né plusieurs décennies auparavant et le « Werkgemeenschap Octrooi-informatie
Nederland » (WON) [6], association néerlandophone ainée du « Club Derwent ».
La première se distingue par le fait qu’il s’agit d’une institution internationale, nécessitant des moyens
de participation (cotisations, déplacements en Europe,…) qui la limite dès lors aux grosses sociétés.
La seconde, comme indiqué ci-dessus, est néerlandophone.
Les conditions sont réunies pour la création d’une association en France !
C’est qu’il s’agit de faire connaître la voix des entreprises françaises pour ce qui concerne les
développements requis dans la base de données proposée par Derwent : échanger les expériences des
membres, transmettre à Derwent les questions et demandes d’amélioration, être un « groupe de
pression ».
Pour se faire, le club va fonctionner via des demi-journées de réunions, qui se succèderont d’année en
année, à raison d’une ou maximum deux par an. Exceptionnellement, les réunions hors Paris se
tiendront pendant une journée complète. Chacune est hébergée par l’un des membres et accueille
parfois des représentants de Derwent pour des discussions directes. A tour de rôle, chaque membre
rédige le compte-rendu de ces rencontres.
Acte 2
Le temps passe, le monde évolue, l’informatique se développe, le club évolue !
L’association regroupe désormais des documentalistes, issus de services de documentation chargés de
fournir aux chercheurs toutes les recherches bibliographiques, mais aussi des membres de services de
Propriété Industrielle.
La base de données Derwent n’est plus seule sur le marché. D’autres apparaissent, par exemple QPat
chez Questel [7]. I: il devient donc nécessaire d’élargir les thématiques abordées.
En 1996, le club refocalise ses centres d’intérêt sur « tout ce qui touche à l’information brevet ».
Avec le temps, le Club Derwent se rebaptise «Club d’Information Brevet » (CIB).
Fin des années 90, avec le départ d’Yves Dubosc, une période « creuse » commence. Une association,
c’est avant tout une histoire d’hommes et de femmes, volontaires et déterminés, et parfois une seule
personne vous manque et tout le moteur s’enraye.
3
Mais l’aventure continue bien vite sous l’impulsion de Colette Hedon qui reprend le flambeau début des
années 2000. L’association adopte son acronyme actuel de CFIB, avec une définition qui n’est pas
encore celle d'aujourd'hui, le « Club Français d’Information Brevets ».
Cette nouvelle appellation tiendra peu de temps : en 2005 une dernière modification élargit les horizons
du club qui abandonne le « français » pour le « francophone » ouvrant ainsi la porte aux voisins suisses,
luxembourgeois, belges et autres.
Le nombre de membres commence à augmenter significativement : 91 adhérents en 2005. Tout
professionnel du domaine peut désormais demander à participer, exception faite des représentants des
fournisseurs d’accès à l’information brevets.
A cette époque, la notion de réseau de professionnels se dessine et chaque rencontre est l’occasion de
nombreux échanges individuels ou en groupes, toujours avec cette notion de convivialité, marque de
fabrique de l’association.
Acte 3
2009, Anne-Gaëlle Darmont et Colette Hedon, accompagnées d’une petite bande de motivés décident
de passer à la vitesse supérieure et de transformer le CFIB d’une association de fait en une association
de droit.
Tout est revu, de A à Z : l’association se dote de statuts enregistrés auprès de la Préfecture.
Ces statuts impliquent entre autres l’existence d’un Bureau Exécutif. Anne-Gaëlle Darmont en sera sa
présidente, Colette Hedon sa vice-présidente.
Six autres membres complètent ce premier bureau avec Fabienne Piron, Cécile Boyer-Joubert, Muriel
Bourgeois-Tassanary, Didier Bernard, Philippe Bodart et Fréderic Baudour.
L’association se dote également d’un budget grâce à une très modeste participation demandée aux
membres : très modeste, car le but est clairement de se présenter comme une communauté pour les
membres et par les membres, et non comme une association d'entreprises.
Ce changement de structure est à nouveau lié à l’évolution du Monde et de notre métier. A cette
époque en effet, en 2008 pour être précis, est créée la « Confederacy of European Patent Information
User Group » (CEPIUG) [8] dont le CFIB devient un membre fondateur et où Anne-Gaëlle Darmont siège
au Bureau.
L’avènement du CEPIUG se justifie principalement par le projet de Certification des Professionnels de
l’information brevet [9] qui prend son envol à partir de cette époque.
Ce nouvel environnement sera propice aux échanges entre associations : présentations du CFIB auprès
du WON, présentation du projet de Certification auprès du CFIB, mais aussi à la reconnaissance
4
extérieure, par exemple via des présentations et posters lors de IPI Confex [10] ainsi que l’opportunité d’y
présider certaines sessions.
Acte 4
Le CFIB devient proactif dans cette nouvelle configuration : des groupes de travail sont formés,
initialement focalisés sur les outils utilisés pour la recherche d’information brevet, la cartographie et la
formation.
Cette dernière composante deviendra un cheval de bataille de l’association : un accord de partenariat
est signé avec l’Institut Français de la Propriété Industrielle (INPI) [11] en 2014 et un autre avec l’Institut
Européen Entreprise et Propriété Intellectuelle (IEEPI) [12] en 2016. Les membres du CFIB ayant une
expertise reconnue peuvent ainsi la partager lors de sessions de formation sous l’égide de ces deux
instituts.
Autre pierre angulaire de notre association, le Courrier du CFIB, un e-journal créé au début des années
2010 et publié environ tous les deux mois. Il est à destination exclusive des membres, contenant de
l’information spécifique à la vie de l’association mais aussi des retours des membres concernant des
tests d’outils, des conférences, etc. A l’occasion des 30 ans du CFIB, le Courrier est rebaptisé « e-Mag ».
De même, le principe de « réseautage » est depuis lors clairement un des atouts majeurs de notre Club,
que ce soit via les offres d’emploi relayées par le site web13, les questions posés sur la liste de diffusion
ou encore de pair à pair.
Plusieurs membres vont et viennent dans le Bureau, qui voit notamment en 2014 le départ d’Anne-
Gaëlle Darmont vers d’autres horizons. La présidence est assumée depuis lors par Frédéric Baudour.
Le CFIB continue à se positionner comme un acteur désormais incontournable dans le monde des
professionnels de l’information brevet avec des représentations auprès du « Standing Advisory
Committee before the European Patent Office » (SACEPO) [14], de l’ « International Standards Board for
Qualified Patent Information Professionals » (ISBQPIP) [15], et encore et toujours au CEPIUG dont Muriel
Bourgeois-Tassanary est désormais la présidente.
L’association se veut promotrice de la profession des membres qu’elle représente, et n’hésitera jamais à
le faire savoir. A titre d’exemple, le CFIB et le BEPIUG (Belgian Patent Information User Group) [16] seront
les porte-drapeaux de leurs membres pour demander des corrections significatives dans un projet de
certification qui n’avait jusque-là soulevé aucune question dans le monde.
5
Conclusion
En fait, ce n’est pas une conclusion car tout ne s’arrête pas là, loin s’en faut. En cette année 2018, le CFIB
compte désormais 160 membres, ce qui en fait la seconde association européenne dans notre
métier [17], un peu derrière le WON, dont les statuts diffèrent.
Graphique 1 : Nombre de membres par associations affiliées au CEPIUG en Octobre 2017 (données
aimablement fournies par le CEPIUG)
Des membres de tous sexes, de tous milieux professionnels, de différents pays qui font du CFIB ce que
cette association est devenue aujourd’hui :
Graphique 2 : Répartition des membres du CFIB
par sexe
Graphique 3 : Répartition des membres du CFIB par
secteur d’activité
0
50
100
150
200
250
55%
45%
Femme Homme
Entreprise
69%
Association
1%
Autre
[PERCENTA
GE]
Cabinet de
PI
9%
Agent
sous-
traitant
[PERCENTA
GE]
Secteur
Public
[PERCENTA
GE]
6
Graphique 4 : Répartition des membres du CFIB par pays d’origine
Les projets foisonnent en interne, souvent plus nombreux que les ressources disponibles.
La reconnaissance suit, avec des invitations à participer à l’organisation d’événements importants tels
que la première conférence organisée par le CEPIUG à Milan en septembre 2018, ou encore à celle
d’EPOPIC (European Patent Office Information Patent Conference) [18] en suivant, à Bruxelles.
Cette histoire, c’est l’histoire d’une association qui a évolué avec son environnement, c’est l’histoire
d’une association qui continuera à évoluer par et pour ses membres.
Remerciements
Nous remercions Mesdames Colette Hedon et Anne-Gaëlle Darmont, ainsi que Messieurs Yves Dubosc
et Luc Petitpas pour leurs aimables contributions à la réalisation de cet article. Plus généralement, je
remercie l’ensemble des membres du CFIB sans qui cette aventure n’aurait pu naitre et perdurer.
Bibliographie
[1] “CFIB, the French Speaking Patent Information User Group”, World Patent Information, Volume 32,
Issue 2, 2010, Pages 145-146, Anne-Gaëlle Darmont, Colette Hedon
18%
71%
1%
10%
Belgique
France
Luxembourg
Suisse
7
[2] “Update on the CFIB, the French Speaking Patent Information User Group, World Patent
Information”, Volume 41, 2015, Pages 45-48, Frederic Baudour, Philippe Bodart, Emmanuelle Bourbon,
Muriel Bourgeois-Tassanary, Pierre-Olivier Bourge, Cecile Boyer-Joubert, Samuel Hutsebaut, Fabienne
Windels
[3] “Processing of patent bibliographic data at Chemical Abstracts service”, World Patent Information,
Volume 3, Issue 3, 1981, Page 139
[4] http://www.stn-international.de/uploads/tx_ptgsarelatedfiles/hod.pdf (dernier accès le 9.07.2018)
[5] “Half a century of the Patent Documentation Group (PDG) 1957–2007”, World Patent Information,
Volume 29, Issue 2, 2007, Pages 148-153, Minoo Philipp & Bob Appleton
[6] “WON, the Dutch patent information users group”, World Patent Information, Volume 14, Issue 3,
1992, Pages 173-174, W. G. Vijvers
[7 ] “Questel - Orbit”, World Patent Information, Volume 19, Issue 1, 1997, Pages 69-73
[8] “Patent Information User Groups in Europe join together: Foundation of the Confederacy of
European Patent Information User Groups (CEPIUG)”, World Patent Information, Volume 31, Issue 3,
2009, Pages 216-218, Anne-Gaëlle Darmont, Michele Fattori, Gerben Gieling, Aalt van de Kuilen
[9] “A proposed framework for the certification of the patent information professional”, World Patent
Information, Volume 33, Issue 4, 2011, Pages 352-354, Susanne Hantos
[10] https://www.ipi-confex.com
[11] “Convention de partenariat entre le CFIB (Club Francophone d’Information Brevet) et l’INPI, BASES,
juin 2014
[12] “Partnership Convention between IEEPI and CFIB”, World Patent Information, Volume 49,
2017, Pages 66-68, Aurélie Tamisier, Muriel Bourgeois-Tassanary, Frederic Baudour
[13] https://lecfib.net/
[14] https://www.epo.org/about-us/services-and-activities/Consultingourusers/sacepo.html
[15] https://www.qpip.org
[16] https://www.bepiug.org