Suicides des infirmières, démissions en bloc de médecins urgentistes à bout de nerfs, grèves pour protester contre l’état de leurs conditions de travail ont fait régulièrement la une de l’actualité en 2017. L’hôpital va mal, la santé du personnel semble être oubliée alors même que sa vocation première est de prendre soin.
Durant ces dernières années le secteur hospitalier, n’a cessé d’évoluer à travers des réformes successives visant, entre autres, à maîtriser les dépenses (Gheorghiu et Moatty, 2014). Ainsi, un nouveau management public basé sur des outils de gestion issus du secteur privé et portant attention aux résultats ainsi qu’aux moyens engagés pour les atteindre (Burelier, 2011) a pris son essor. Concrètement, à l’hôpital, cela s’est traduit par la transformation des modes d’organisation de l’activité, une nouvelle gouvernance, la réorganisation de la politique de santé sur le territoire ou encore l’introduction d’un nouveau système de financement. Malgré son succès apparent, le NMP est, aujourd’hui, largement interrogé (Pollitt, 2000) notamment parce qu’il impose de nouvelles exigences aux agents publics (Noblet et al., 2006). Le nombre de recherches traitant du malaise des soignants lié au contexte prônant l’efficacité et la performance est d’ailleurs, relativement élevé (Georgescu et Naro, 2012 ; Georgescu et Commeiras, 2011 ; Grévin, 2011). L’objectif de cette communication est de montrer les effets des conditions de travail sur la santé au travail des personnels soignants et d’évaluer l’efficacité des démarches de prévention des RPS mises en place par les établissements hospitaliers, en mobilisant le modèle « Job Demands-Resources » de Demerouti et al. (2001, 2007). Pour répondre à cette problématique, deux études ont été réalisées : une étude qualitative auprès de 63 individus de six établissements hospitaliers et une étude quantitative auprès de 1868 salariés (base de données couplé sur les conditions de travail/DARES). Les résultats de ces études montrent que les établissements hospitaliers mettent en place des actions de prévention des RPS, souvent par mimétisme. Toutefois, ces dernières ont du mal à respecter la complexité de chaque métier, de chaque unité de soins. Elles paraissent donc totalement artificielles pour les acteurs de base et semblent alors « glisser » sur l’organisation sans affecter l’activité quotidienne. Paradoxalement, dans un sursaut de survie, ce sont au sein des services qu’émergent des évolutions qui parviennent à limiter la souffrance des soignants.