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Association Revue Française de Sociologie
Review
Reviewed Work(s): Structural Holes: The Social Structure of Competition by Ronald S. Burt
Review by: Emmanuel Lazega
Source:
Revue française de sociologie,
Vol. 36, No. 4, Analyses de réseaux et structures
relationnelles (Oct. - Dec., 1995), pp. 779-781
Published by: Sciences Po University Press on behalf of the Association Revue Française de
Sociologie
Stable URL: https://www.jstor.org/stable/3322456
Accessed: 06-04-2020 20:01 UTC
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LES LIVRES
Ronald S. Burt. - Structural
holes : the social structure of
competition.
Harvard University Press, Cambridge,
310 p. 1992.
Structural Holes est l'une des contri-
butions les plus originales de la socio-
logie structurale a la sociologie
g6nerale. Cet ouvrage, pr6sente l'une
des premieres theories de l'action so-
ciale fond6e sur l'analyse de r6seaux,
coupl6e avec une approche du compor-
tement en termes de choix rationnel. On
y trouve une mesure nouvelle et robuste
du capital social, une theorie de la rela-
tion entre capital social et performance,
ainsi qu'une integration de l'analyse
structurale proprement dite dans celle
des r6seaux personnels.
A la suite de Harrison White et de
Mark Granovetter, Burt met l'accent sur
l'importance, dans une structure sociale,
des absences de relations entre acteurs.
Un trou structural est d6fini comme une
absence de relations entre autrui <<redon-
dants>> (cette redondance 6tant mesur6e
par l'6quivalence structurale entre eux).
Dans Toward a structural theory of ac-
tion (1982), Burt avait d6j~ utilis6 cette
id6e pour proposer le concept d'autono-
mie structurale. Un acteur est donc auto-
nome dans la mesure oui ses relations ne
sont pas reli6es entre elles - pour des
raisons tres diverses - et ne peuvent
donc s'entendre pour faire peser sur lui
des contraintes fortes. II est autonome en
ceci qu'il dispose d'une marge de ma-
noeuvre dans ses relations avec ses
contacts. Un exemple simple est celui de
deux fournisseurs concurrents qu'une
entreprise peut jouer l'un contre l'autre.
Avec l'id6e de trou structural, Burt g6-
n6ralise sa th6orie de l'autonomie en
ajoutant qu'elle procure des b6n6fices en
information et en contr1le, des ressources
potentielles, des opportunit6s qu'un ac-
teur <<entrepreneur>> peut saisir. Les ab-
sences de relations entre autrui sont
exploitables par un tertius gaudens (a
comprendre au sens simm61ien du troi-
sieme larron qui tire les marrons du feu).
A partir de ces pr6misses, Burt d6ve-
loppe une theorie de cet entrepreneur
aux accents schump6t6riens. Un acteur
dont le r6seau est riche en trous struc-
turaux peut d'autant plus en b6n6ficier
qu'il joue l'interm6diaire ou qu'il joue
les concurrents l'un contre l'autre. Sur
la base de cette theorie de l'entrepre-
neur, I'auteur d6veloppe une th6orie
structurale de la s61ectivit6 des systemes
sociaux et des in6galit6s et discrimina-
tions sociales. Un acteur disposant d'un
grand reseau oui l'on detecte de nom-
breux trous structuraux b6ndficiera da-
vantage de son capital social qu'un
acteur ayant un r6seau tout aussi grand,
mais moins riche en trous et donc en oc-
casions d'entreprendre.
Les deux premiers chapitres pr6sen-
tent la th6orie des trous structuraux et
la formalisent. Les chapitres 3 et 4 tes-
tent cette theorie dans deux contextes
diff6rents : un march6 et une organisa-
tion, sur deux type de donn6es 6gale-
ment diff6rents. Dans un contexte de
march6, I'auteur mesure les b6n6fices
que les trous structuraux procurent aux
producteurs dans leurs relations avec
clients et fournisseurs. Cette premiere
etude permet de repenser la structure so-
ciale des marches. Dans le contexte or-
ganisationnel fortement hi6rarchis6, ces
b6n6fices sont en termes de promotion
plus ou moins rapide de cadres sup6-
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Revue frangaise de sociologie
rieurs d'une grande entreprise. Les re-
sultats renforcent l'hypothese de base et
permettent ' Burt de d6velopper la th6o-
rie de maniere inductive. Les trois der-
niers chapitres explorent des domaines
dans lesquels la notion de trou structural
s'applique et constituent un apport a des
theories sociologiques plus ou moins g6-
n6rales. Dans le chapitre 5, Burt 6tend
sa perspective a la question de la rela-
tion individu-structure et aux relations
micro-macro. Dans le chapitre 6, dans
une partie remarquablement synth6tique,
il articule sa th6orie des trous structu-
raux au module du march6 de Harrison
White et a l'id6e de niche 6cologique de
Hannan et Freeman (la mortalit6 organi-
sationnelle est directement influenc6e
par l'autonomie structurale des acteurs
dans le systeme ou champ inter-organi-
sationnel). Dans le chapitre 7, Burt d6-
veloppe une th6orie structurale de la
personnalit6, qui apparait comme un ef-
fet du r6seau dans lequel l'acteur est in-
s6r6. La fin de l'ouvrage avance des
propositions th6oriques sur des sujets
tels que les diff6rentes strategies dispo-
nibles pour un tertius dont le r6seau est
pauvre en trous structuraux.
Dans la mesure oui le trou structural
devient un 616ment standard d'une struc-
ture sociale quelle qu'elle soit, il devient
aussi un 616ment constitutif de tous les
processus de concurrence, puisque des
concurrents concentrent d'habitude leur
attention sur une troisieme partie (par
exemple un client) sans &tre le plus sou-
vent en contact direct l'un avec l'autre.
C'est ici que la g6n6ralit6 de la theorie
de Burt reste encore 'a d6montrer,
comme il le reconnaft lui-meme. Dans
les contextes empiriques d6crits dans
son livre, I'auteur voit surtout des ac-
teurs individuels et collectifs manceu-
vrant strat6giquement autour de trous
structuraux. Bien qu'extremement effi-
cace, cette theorie de l'action collective
peut 8tre r6ductrice. II faudra la mettre
a l'6preuve de bien d'autres r6seaux
comme, par exemple, ceux de migrants
ou de parent6.
La clart6 et le caractere abstrait des
concepts utilis6s permettront certaine-
ment de tester cette theorie et sa g6n6-
ralisation dans des contextes tres
diff6rents. Elle s'applique avec perti-
nence au monde des affaires et de la
concurrence 6conomique, mais peut-elle
convenir de la meme maniere ' d'autres
univers ? Les acteurs mettent-ils si faci-
lement un terme a leurs relations avec
des amis ?redondants >>? Les jouent-ils
si syst6matiquement les uns contre les
autres ? La these suivant laquelle un re-
seau optimal est un r6seau riche en
trous structuraux depend probablement
du type de contexte et des relations 6tu-
di6es. Dans des r6seaux tres multiplexes,
qui sont souvent - plus que d'autres -
sources d'identit6, d'appartenance, de
solidarit6 et de transmission de normes,
oii les relations sont 6tablies a plus long
terme, les acteurs cr6ent et d6truisent
peut-8tre moins facilement leurs rela-
tions par pur volontarisme. II peut &tre
tres r6ducteur de pr6supposer qu'une lo-
gique de march6 et de concurrence, bien
que toujours pr6sente, y est n6cessaire-
ment dominante. Plut6t qu'un avantage,
un grand nombre de trous structuraux
dans de tels r6seaux pourrait constituer
une source suppl6mentaire de conflits et
de tensions pour l'acteur. Ceci apparait
peut-&tre plus clairement lorsque l'on
consacre plus d'attention que ne le fait
l'auteur a la n6gociation par les acteurs
des regles de leurs 6changes et a la di-
mension culturelle des actions et trans-
actions.
L'apport essentiel de Structural holes
est d'offrir une theorie de la concurrence
fond6e sur une mesure nouvelle du ca-
pital social et des avantages structuraux
de l'acteur, ainsi qu'une relation forte
entre ce capital et la performance de
l'acteur. Techniquement, I'auteur pro-
pose aussi une solution pour faire le lien
entre r6seaux complets et r6seaux per-
sonnels. A cet 6gard, les r6sultats de ses
analyses dependent beaucoup de la ca-
pacit6 des acteurs ' percevoir avec pr6-
cision et exactitude l'existence de
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Les livres
relations entre tous les membres de leur
reseau personnel. Sans cette confiance
dans les capacites de l'acteur, il devient
presque impossible de mesurer la ri-
chesse de ce reseau en trous structuraux.
Conscients de ce probleme (surtout pour
les acteurs dont le r6seau personnel est
vaste), l'auteur et ses collaborateurs pren-
nent beaucoup de precautions dans la
construction des questionnaires et dans
leur mise en circulation. Une th6orie des
biais possibles ainsi introduits dans les
observations reste cependant a d6velopper.
Burt pousse aussi loin que possible
le presuppos6 de la sociologie structu-
rale : les effets de l'action sont lies aux
relations entre acteurs, plus qu'a leurs
attributs personnels. II ajoute aux theo-
ries du capital social de Pierre Bourdieu,
James Coleman, Henk Flap, Nan Lin et
Peter Marsden une mesure et une
comprehension originale de la producti-
vite de ce capital, de la maniere dont
fonctionne sa gestion. Repetons-le, ce li-
vre, d'une grande virtuosit6 m6thodolo-
gique et theorique, represente avec
prudence et modestie l'une des meil-
leures contribution de la sociologie
structurale contemporaine a la sociolo-
gie gendrale.
Emmanuel Lazega
Universite de Versailles et LASMAS - CNRS
Wasserman (Stanley), Faust (Ka-
therine). - Social network ana-
lysis : methods and applications.
Cambridge, Cambridge University Press,
1994, 825 p.
Toute personne s6rieusement int6res-
see par l'analyse de donn es relation-
nelles - que ce soit pour evaluer la
pertinence de leur utilisation dans le ca-
dre d'une recherche, pour s'initier, I'ap-
pliquer, en faire l'histoire ou la critique -
devrait ranger en bonne place le livre de
Wasserman et Faust. Il s'agit sans aucun
doute de l'ouvrage de ref6rence le plus
complet et le plus utile sur la m thode,
pour le d6butant comme pour l'utilisa-
teur averti. Son parti pris est de presen-
ter les grandes techniques de maniere
quasi exhaustive et de consacrer moins
d'attention a la diversit6 des objets et
des problematiques sociologiques qui
ont benefici6 de ce type d'analyse. Les
illustrations d'applications se limitent '
quatre principaux fichiers de donnees de
r6seaux: les managers de Krackhardt,
les familles florentines de Padgett et An-
sell, les chercheurs en conf6rences 61ec-
troniques de Freeman et les PDG (et
leurs conjoints) de Galaskiewicz.
Le contenu de base necessaire a la
comprehension du reste de l'ouvrage est
pr6sent6 dans les deux premieres parties.
Les auteurs exposent brievement la pers-
pective g6nerale de l'analyse de reseaux
sociaux (les fondements theoriques, les
principaux concepts, les pr6supposes de
la methode, des exemples de sujets di-
vers auxquels elle est appliqure, un
contexte historique), mais on entre dans
le vif du sujet a partir du deuxieme cha-
pitre qui decrit les types de reseaux 6tu-
dies, les donn es de reseau, les
questions de definition de la population,
de sp6cification de frontieres, la ques-
tion d6licate de l'chantillonnage. On
notera une section qui passe en revue
critique les techniques de recolte de don-
nees et les g6nerateurs de noms usuels.
Les trois notations diff6rentes utilisees
dans les travaux sur les reseaux sociaux
sont clairement pos es : celle de la th o-
rie des graphes, celle de la sociometrie
et celle de la notation algebrique parti-
culibrement utile pour l'6tude de reseaux
multi-relationnels. II faut notamment si-
gnaler le guide offert par le chapitre 4
(6crit par Dawn lacobucci), qui est en
soi une sorte de livre dans le livre, des-
tine6 presenter de maniere r6sumre les
fondements math6matiques n6cessaires
(theorie des graphes et calcul matriciel).
Les concepts 616mentaires de la m thode
sont pratiquement tous detailles, avec de
solides exemples et une remarquable vue
d'ensemble.
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