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Nouvelles controverses du développement territorial. Quelle gouvernance et quelles innovations

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Le développement territorial revient à l’ordre du jour et s’impose dans les agendas des décideurs et les débats théoriques, sur le terrain et dans la littérature. L’objectif de cet article est de contribuer au renouvellement de la réflexion sur ces questions, en portant un intérêt particulier aux nouvelles controverses, dans le but d’en préciser les frontières et les limites. Nous commençons par une brève histoire de la notion de développement territorial, avant d’aborder successivement les processus de gouvernance des territoires, les dimensions foncières et les apprentissages territoriaux, ainsi que les expériences d’écologie industrielle ou d’économie circulaire et de bio-économie, pour terminer, en guise de conclusion provisoire, en soulignant la grande diversité des systèmes territoriaux.
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CJRS/RCSR 40(2) 2017 9191
Reproduit avec la permission du détenteur du copyright. Toute autre reproduction est interdite.
Le développement territorial revient à
l’ordre du jour et s’impose dans les
agendas des décideurs et les débats
théoriques. Sur le terrain d’abord,
avec la mise en oeuvre de différentes
modalités de politiques et d’actions
locales, décidées à partir des
territoires ou commandées par des
niveaux supérieurs de gouvernement.
Aménagement du territoire, décen-
tralisation, réforme des territoires,
gestion des ressources naturelles,
pilotage des systèmes locaux de
production, implication des popu-
lations les territoires se voient
reconnus comme des lieux importants
de décision et de coordination entre
les acteurs, mais surtout comme des
places centrales et des moteurs
essentiels des processus de déve-
loppement.
Ce mouvement se ressent
également dans la littérature, en
particulier francophone, avec la
multiplication récente des publications
sur le sujet (Campagne & Pecqueur
2014 ; Jean 2008 ; Kahn 2010). La
notion de développement territorial
joue maintenant un rôle central dans
l’explication des dynamiques
économiques et sociales, en particulier
dans leurs composantes spatiales, et
se trouve en mesure de supplanter les
approches plus traditionnelles du
développement régional ou local
(Torre 2015). Le regard nouveau sur les
espaces infra régionaux ne tient pas
seulement au fait que l’on peut s’y
intéresser à la vie des acteurs
économiques et sociaux, à leurs
relations, à leur bien être, au-delà de
l’analyse des grands flux
macroéconomiques caractéristiques
des approches régionales, mais
également à la possibilité ou au
sentiment de pouvoir agir sur le réel,
au plus près de la vie des personnes ou
des entreprises.
Cet intérêt pour le fait local ou
teritorial ne doit pas pour autant faire
penser que l’on retourne aux
anciennes approches ou aux vieilles
recettes du développement local ou
par le bas. En effet, si le
développement territorial revient
d’actualité il le fait de manière
différente, ou renouvelée, sans
mépriser ou oublier les acquis plus
anciens, mais en prenant en compte
de nouvelles dimensions, peu traitées
par le passé, avec les questions de
gouvernance, de foncier, de bien-être,
les apprentissages territoriaux, la prise
en considération des volontés des
populations…..ainsi que les
problématiques environnementales.
En effet, les principes qui guidaient les
acteurs économiques comme les
politiques publiques démontrent
aujourd’hui leurs limites face à
l’émergence de nouveaux enjeux de
développement. Mais dans le même
temps les acteurs des territoires
innovent pour continuer à exister dans
les villes, les campagnes ou les
espaces périurbains.
Les innovations techniques,
institutionelles, organisationnelles ou
sociales auxquelles ils donnent
naissance, les nouvelles formes
participatives de gouvernance ou la
résistance conflictuelle aux décisions
des instances publiques et des
entreprises privées doivent être prises
en compte dans une approche du
développement territorial. Il est temps
de théoriser cette révolution et de
jeter les bases d’une approche du
développement territorial qui intègre
les dimensions productives, techno-
logiques et industrielles, mais accorde
également un rôle important aux
problématiques d’occupation des sols
et de régulations environnementales,
afin de donner toute leur place aux
parties prenantes des territoires
(pouvoirs publics, collectivités
territoriales, entreprises, asso-
ciations…).
Cet article entend contribuer au
renouvellement de la réflexion sur les
questions de développement terri-
torial, en portant un intérêt particulier
Nouvelles controverses du développement territorial : Quelle
gouvernance et quelles innovations ?
André Torre 1 et Eduardo Chia2
1UMR SAD-APT, INRA, Université Paris Saclay; 2UMR Innovation, INRA,
Montpellier. Adressez vos commentaires à torre@agroparistech.fr.
Soumis le 8 mars 2017 Accepté le 3 aôut 2017
© Canadian Regional Science Association / Association canadienne des sciences régio-
nales 2017.
Torre, A, & Chia, E. 2017. Nouvelles controverses du développement territorial : Quelle
gouvernance et quelles innovations. Canadian Journal of Regional Science / Revue cana-
dienne des sciences régionales 40(2), 91-102.
Le développement territorial revient à l’ordre du jour et s’impose dans les agendas des
décideurs et les débats théoriques, sur le terrain et dans la littérature. L’objectif de cet
article est de contribuer au renouvellement de la réflexion sur ces questions, en portant
un intérêt particulier aux nouvelles controverses, dans le but d’en préciser les frontières
et les limites. Nous commençons par une brève histoire de la notion de développement
territorial, avant d’aborder successivement les processus de gouvernance des
territoires, les dimensions foncières et les apprentissages territoriaux, ainsi que les
expériences d’écologie industrielle ou d’économie circulaire et de bio-économie, pour
terminer, en guise de conclusion provisoire, en soulignant la grande diversité des
systèmes territoriaux.
Numéro spécial : Nouvelles controverses du développement territorial.
Rédacteurs invités : André Torre, Eduardo Chia et Frederic Wallet
92 Torre et Chia Controverses du développement territorial
Reproduit avec la permission du détenteur du copyright. Toute autre reproduction est interdite.
aux nouvelles controverses sur ce
sujet, dans le but d’en préciser les
frontières et les limites. Nous
proposons de discuter différentes
controverses actuelles, en portant un
regard particulier sur quelques objets
majeurs du processus de développe-
ment territorial comme la
gouvernance, le foncier, les
apprentissages, l’écologie industrielle,
l’économie circulaire, la bio-économie,
tout en restant attentifs au
renouvellement des concepts de
clusters et de systèmes locaux, avec
les systèmes d’affaires par exemple.
Nous commençons par une brève
histoire de la notion de
développement territorial, avant
d’aborder successivement les
processus de gouvernance des
territoires, les dimensions foncières et
les apprentissages territoriaux, ainsi
que les expérience d’écologie
industrielle ou d’économie circulaire et
de bio-économie, pour terminer, en
guise de conclusion provisoire, en
soulignant la grande diversité des
systèmes territoriaux.
Une brève histoire de la notion de
développement territorial
Le terme de développement territorial
est plutôt récent, et longtemps les
auteurs lui ont préféré ceux de
développement local (Aydalot 1986 ;
Greffe 2002) ou par le bas (Stohr &
Taylor 1981), qui traduisaient la
volonté d’implication des populations
et de prise en compte des spécificités
locales, allant à l’encontre des
politiques macro-économiques dé-
cidées par les Etat et plaquées sur des
milieux possédant des ressources et
un esprit souvent très divers
(Campagne & Pecqueur 2014).
Différentes politiques décentralisées
ont ainsi été mises en place pour
favoriser le développement
économique des villes ou des
campagnes, qu’il s’agisse des
initiatives en faveur du développe-
ment des systèmes productifs locaux
et des technopoles ou d’opérations
d’aménagement du territoire comme
la création des Parcs Naturels
Régionaux ou des Pays, voire des
programmes Leader au niveau
européen (Alvergne & Taulelle 2002).
Nous allons ici brièvement retracer
l’histoire des débats qui ont conduit
de l’intérêt pour le développement
régional à la naissance d’une véritable
approche du développement
territorial.
Avant le développement territorial était
le développement régional
Inspirée par de grands auteurs comme
Isard (1960), l’approche du
développement régional, qui a
précédé celle du développement local
ou territorial, considère la région
comme une unité d’observation
économique légitimée avant tout par
ses caractéristiques politiques ou
institutionnelle.
Certains travaux se sont attachés à
l’équilibre des intérêts et profits
retirés par les acteurs du
développement et aux principes leur
permettant d’atteindre un maximum
de satisfaction. L’approche standard
cherche à maximiser l’utilité des
agents, dotés d’une rationalité plus ou
moins parfaite ou complète, ainsi qu’à
satisfaire leurs besoins sans nuire à
ceux de leurs voisins (Romer 1990),
intégrant éventuellement des
contraintes de nature économique et
environnementale (Bourgeron,
Humphries, & Riboli-Sasco 2009).
L’idée d’une convergence des taux de
croissance et des niveaux de richesse
des régions, ainsi que la possibilité
d’élimination à terme des disparités
interrégionales, ont connu un succès
important mais relatif, principalement
en raison de leur incapacité à rendre
compte des déséquilibres de
croissance constatés dans la réalité.
Les théories de la base (Alexander
1954), qui décomposent l’économie
régionale selon un secteur basique,
produisant des biens et services à
destination de l’exportation, et un
secteur domestique à la production
destinée à la consommation locale,
défendent au fond une idée voisine.
L’expansion du secteur basique est à
l’origine du développement,
provoquant des effets de multi-
plicateur keynésien sur l’ensemble de
l’économie régionale par capture des
revenus extérieurs et accroissement
des salaires locaux, suivis par une
augmentation du niveau de
consommation et une croissance du
secteur de production domestique.
Une autre catégorie de travaux,
ritiers des analyses des pôles de
croissance de Perroux (1969) ou
Hirschman (1974), promeut l’idée que
le développement ne peut pas
survenir partout, au même moment,
et avec la même intensité, mais repose
plutôt sur la polarisation spatiale des
activités. La Nouvelle Economie
Géographique (NEG) (Krugman 1991 ;
Fujita & Thisse 1997) considère que les
phénomènes de concentration
spatiale des activités peuvent profiter
à une région au détriment de ses
concurrentes. S’appuyant sur les
rendements croissants industriels et
sur la préférence supposée des
consommateurs pour la variété et les
produits différenciés, elle conclut à la
probabilité de phénomènes de
divergence, et donc à la spécialisation
productive et l’enrichissement de
certaines régions, au détriment des
autres. La polarisation va croissante,
en particulier au profit des villes, dans
lesquelles se co-localisent entreprises
et salariés/consommateurs. Le
développement des activités
productives se réalise ainsi au niveau
de grandes zones, par effets
d’entraînement réciproques des
productions et de la consommation.
L’économie résidentielle propose une
autre explication des disparités
interrégionales, en montrant que
certaines régions qui ne possèdent pas
de capacités de production suffisantes
pour servir de base pour l’exportation
se développent en bénéficiant de
l’apport de revenus extérieurs
(Davezies 2008). Ces territoires
profitent ainsi des séjours touristiques
ou des transferts de revenus procurés
par l’arrivée de nouveaux retraités, et
leur développement repose sur une
économie de services, générée par les
aides de l’Etat et la consommation des
migrants, souvent au détriment
d’autres régions, qui retirent peu de
bénéfices de leur activité productive.
CJRS/RCSR 40(2) 2017 9393
Reproduit avec la permission du détenteur du copyright. Toute autre reproduction est interdite.
Les systèmes productifs locaux aux
origines du développement territorial
Depuis les années 80, les jalons d’une
approche du développement
territorial ont été posés par des
travaux qui ont fait la part belle aux
dimensions locales, avec un accent
fort sur les processus de production,
puis sur l’innovation et la technologie.
C’est en particulier le cas des analyses
des systèmes productifs locaux, dont
le modèle canonique s’est imposé en
plusieurs temps.
Dans une première phase apparait
le mythe des districts industriels
(Brusco 1982), déjà présents chez
Marshall (1919), regroupement localisé
de personnes et d’entreprises
compétitives sur le marché mondial en
dépit de leur (très) petite taille.
Sociologues et économistes insistent
sur les dynamiques sociales et le
caractère très répandu de ces
communautés de firmes
historiquement liées par une division
du travail au sein d’un même secteur
(Becattini 1991), qui échangent
produits et main-d'œuvre dans un
mélange de relations de concurrence
et de coopération. Il apparait
rapidement qu’il importe d’étendre la
flexion à d’autres types de
regroupements localisés de
producteurs, impliquant des
laboratoires de R&D et des firmes de
tailles différentes, n’appartenant pas
toujours au même secteur (Markusen
1996). Les approches des milieux et
des SPL (Systèmes Productifs Locaux)
mettent ainsi l’accent sur un modèle
plus générique, davantage axé sur les
relations formelles et les échanges,
dans lequel la production de
connaissances est essentielle au
développement territorial, (Camagni &
Maillat 2006). Les entreprises, liées
par des relations de coopération,
partagent des activités complé-
mentaires au sein d’un ensemble
spécialisé (Courlet 2002), de plus en
plus souvent marq par une
dimension technologique forte.
Porter (1985, 2003) impose enfin le
terme canonique de clusters, par sa
souplesse analytique et sa plastivité en
termes d’applications, aidé du mythe
organisationnel de la Silicon Valley. On
retrouve l’idée d’un regroupement de
firmes et de laboratoires travaillant
dans des industries liées, au sein d’un
environnement proche, et dont les
interactions en termes de
technologies et de savoir-faire
permettent d’augmenter les
performances, la compétitivité et le
niveau d’innovation. Positionnée à
l’origine du côté du management,
cette approche dépasse rapidement
son champ d’origine, en dépit ou peut-
être grâce à son flou analytique
(Vicente 2016). Elle s’étend vers des
systèmes moins axés sur les activités
high tech ou au degré de performance
plus faible (Giuliani et Bell, 2005), puis
s’impose comme un outil de politiques
de développement, au niveau local ou
national (OCDE, 2001 ; Banque
Mondiale), comme le montre la
multiplication des approches en
termes de technopoles, pôles de
compétitivité, parcs scientifiques,
grappes d’entreprises…
Le développement territorial s’impose
Suite à ces travaux s’impose l’idée que
le développement est profondément
lié à des processus d’innovation ou de
création, qui provoquent des ruptures,
génèrent des transformations des
systèmes productifs et conduisent à la
concentration spatiale des personnes
et des richesses. Innovations
endogènes, dépenses de R&D ou
incitations à innover jouent un rôle
important dans la mise en œuvre et le
succès des dynamiques de croissance,
tout comme le transfert et la diffusion
des innovations au niveau local
(Feldman 1994 ; Autant-Bernard,
Mairesse,& Massard 2007), les
relations de face à face et les phases
d’essaimage par installations de spin
offs ou l’accompagnement de l’effort
de création (nurseries, hôtels de
projets). Les spillovers localisés
d’innovation ou de connaissance (ou
effets de débordement), qui se
diffusent au sein du système local,
sont considérés comme les moteurs
du développement.
Dans ce cadre, les théories
évolutionnistes (Frenken & Boschma
2007) accordent une place
prépondérante à la dimension
entrepreneuriale. L’accent est mis sur
le rôle joué par les spin-offs et la
mobilité de la main d’œuvre (Maskell
2001), ainsi que sur la réplication des
routines au sein du tissu industriel
local. Tirant avantage des proximités
géographique, industrielle et
technologique entre secteurs
d’activités (Torre 2014) comme des
dispositifs institutionnels et des
réseaux, les techniques se diffusent
entre les entreprises et les industries.
La propagation des connaissances et
des innovations détermine ainsi les
sentiers de croissance des systèmes
locaux, en particulier quand les
industries sont émergentes ou
reposent sur des technologies
connexes, à faible distance cognitive
(Nooteboom 2000).
Enfin, et plus récemment, se
manifeste la nécessité de prendre en
considération l’ensemble des acteurs –
ou parties prenantes des territoires,
avec l’idée que le seul développement
économique ou technologique ne peut
suffire et qu’un processus de
développement se pilote et se
négocie, si bien qu’il est nécessaire
d’impliquer les populations locales
dans les processus de prise de
décision. Les recherches sur la
gouvernance des territoires révèlent
ainsi comment les mobilisations
collaboratives et conflictuelles des
populations locales ainsi que les
mobilités résidentielles modèlent les
processus de développement
territorial (Torre & Beuret 2012 ;
Vodoz, Thévoz, & Faure 2013). Le
tournant citoyen s’affirme, avec la
volonté de sortir des seules
dimensions productives, et de prendre
en compte les avis des populations
locales.
Les conceptions du territoire ont
ainsi évolué, d’une approche
essentiellement régionale vers une
vision du territoire comme objet des
relations de production, puis comme
espace de vie et de production,
jusqu’à faire finalement émerger
l’approche du développement
territorial. Se posent aujourd’hui des
questions de construction des
territoires, avec des entrées majeures,
en termes d’innovation, de
gouvernance, de dimensions foncières
et d’apprentissages territoriaux. De
94 Torre et Chia Controverses du développement territorial
Reproduit avec la permission du détenteur du copyright. Toute autre reproduction est interdite.
nouvelles approches voient également
le jour, comme l’écologie industrielle
ou l’économie circulaire.
Les processus de gouvernance des
territoires
Alors que l’idée de gouvernement
réfère à l’idée d’une hiérarchie
descendante et contraignante, celle
de gouvernance désigne des formes
plus souples de pouvoir, avec une
coordination d’acteurs, de groupes
sociaux et d’institutions en vue
d’atteindre des objectifs communs (Le
Galés 2014). Cette notion souvent
polysémique, qui conditionne une
implication croissante des acteurs
locaux, s’inscrit dans un contexte de
différentiation (et d’autonomisation)
de plus en plus poussée de la société
et de multiplication des parties
prenantes (Pasquier 2012). Suite aux
évolutions sociétales et aux processus
de décentralisation et de
contractualisation, les acteurs sont
conduits à expérimenter de nouvelles
formes d’action publique et de
participation aux décisions. Ils passent
d’une organisation pyramidale ou
hiérarchique, fondée sur les
institutions publiques, à des relations
davantage résiliaires (Kooiman 2000)
intégrant des partenariats public-privé
(Wettenhall 2003), des parties
prenantes très différentes (Pierre
2000) et faisant appel à des niveaux
territoriaux multiples (Hooghe &
Marks 2001).
Le passage à la gouvernance
territoriale semble évident (Bertrand
& Moquay 2004 ; Leloup, Moyart, &
Pecqueur 2005 ; Leroux 2006 ; Chia,
Dulcire, & Piraux 2008 ; Torre &
Traversac 2011), et cette question
s’inscrit dans l’évolution des
recherches autour des territoires
comme lieux de projet collectif et
d’articulation des relations global/local
(Simard & Chiasson 2008). Différents
travaux ont montré la nécessité d’une
territorialisation de la norme et
l’inadaptation des territoires
administratifs. Ils se partagent entre
l’évaluation ex post des dispositifs ou
des politiques publiques, et des
recherches sur la gouvernance en train
de se faire, qui ciblent les modes de
construction d’une représentation ou
d’un projet commun (Beuret 2010 ;
Rey-Valette et al. 2014) dans une
logique de renforcement des
processus de démocratie et de
passage à une démocratie
délibérative, voire coopérative (Beuret
& Cadoret 2010). Se manifeste ainsi
d’une part la rupture avec les
approches du gouvernement par des
appareils administratifs et politiques
hermétiques, et d’autre part l’irruption
des questions de démocratie de
Proximité dans les procédures de
gestion des hommes et des
organisations ainsi que de gestion des
territoires.
On peut définir la gouvernance
territoriale comme un processus
dynamique de coordination entre des
acteurs publics et privés aux identités
multiples et aux ressources
asymétriques, réunis autour d’enjeux
territorialisés, qui poursuivent
quelques objectifs simples :
contribuer à l’élaboration ou
favoriser la mise en œuvre des
projets de développement
territorial ;
faciliter la coordination entre les
acteurs hétérogènes au sein des
territoires ;
éviter que certains acteurs ne
quittent le territoire (processus de
désertification ou d’abandon) ;
éviter des affrontements
bloquants ;
décider des chemins de
développement.
Pour se coordonner, les acteurs
ont besoin de fabriquer un langage
commun (nécessaire pour travailler
ensemble, pour développer la capacité
d’agir), un projet collectif, des règles
de fonctionnement mais aussi des
instruments, outils et dispositifs qui
permettent d’assurer ces actions
(Chia, Torre, & Rey-Valette 2008). Il
ressort de nos observations que la
gouvernance territoriale repose sur
des systèmes sociaux non-
hiérarchiques et complexes, ainsi que
sur une multitude de dispositifs (par
exemple une Communauté de
Communes), d’instruments (un Plan
local d’Urbanisme…) et d’outils (des
contrats, des chartes…), qui non
seulement structurent les
comportements des acteurs mais
parfois, dans leur construction ou leur
appropriation, deviennent l’objet
même des relations de pouvoir. Par
ailleurs, pour que fonctionnent les
instruments, outils et dispositifs de la
gouvernance, c’est-à-dire pour qu’ils
assurent la coordination, facilitent la
production d’un langage commun,
permettent d’explorer de « nouveaux
mondes » etc. il faut que les acteurs
participent à leur fabrication ou à leur
contextualisation : la participation
devient l’enjeu central de la
gouvernance (Vitry & Chia 2016).
Destiné à faciliter la prise et
l’adoption des décisions publiques,
l’arsenal participatif et informatif
provoque toutefois un alourdissement
considérable des procédures et induit
des réactions contrastées de la part
des populations, qui tendent parfois à
réagir et à s’opposer fortement aux
projets publics, en particulier en
matière de construction
d’infrastructures. On observe ainsi une
montée de la contestation et de la
conflictualité, qui se porte tout
particulièrement sur les projets
impulsés par les autorités publiques en
termes d’infrastructures de transport
(routes, autoroutes, lignes de train à
grande vitesse…), d’énergie
(centrales électriques ou nucléaires,
éoliennes) et de déchets
(installations de traitement de déchets
ultimes, décharges). Se pose alors
un problème de bien-être collectif,
puisque ces infrastructures sont
nécessaires à la vie des populations,
en particulier en milieu périurbain,
mais également en partie refusées ou
contestées par ces dernières.
Les recherches sur les conflits dans
les espaces ruraux et périurbains
révèlent que la prise en compte de
cette dimension est essentielle dans
les processus d’aménagement du
territoire, de développement régional
ou de gouvernance territoriale ; elle
s’impose, sous forme de recours aux
tribunaux, de manifestations
médiatiques ou de démonstration de
violence. Les conflits d’usage de
l’espace constituent une forme de
résistance et d’expression des
CJRS/RCSR 40(2) 2017 9595
Reproduit avec la permission du détenteur du copyright. Toute autre reproduction est interdite.
oppositions à des décisions qui
laissent insatisfaite une partie de la
population locale (Darly & Torre 2013 ;
Pham, Kirat, & Torre 2013 ; Hirschman
1970). Certaines innovations locales,
de nature technique ou
organisationnelle, provoquent une
résistance, qui peut donner naissance
à des conflits. Les changements
majeurs, qui impliquent une
reconfiguration des usages de l’espace
(installation d’infrastructures de
transport ou de déchets, nouveaux
plan locaux d’urbanismes, zonages
territoriaux ou environnementaux)
génèrent des conflits dont l’étendue
spatiale et sociale peut prendre
beaucoup d’ampleur.
Les conflits constituent ainsi une
manière d’entrer dans la discussion sur
les enjeux et les chemins du
développement territorial, et
d’infléchir les décisions en prenant
part au processus dont on avait été
exclu (Dowding et al. 2000) ; ils
portent sur les décisions prises en
matière d’aménagement (négociation
arbitrée), ou sur la composition et la
représentativité des instances en
charge de la décision (négociation
arbitrale). Le conflit fait partie
intégrante du processus de
délibération au niveau local, en
permettant une expression de la
démocratie locale, ainsi que la
réintégration de parties prenantes
oubliées ou lésées dans une phase
antérieure d’élaboration des projets.
La gouvernance des territoires ne
se limite donc pas à une vision
idyllique des relations économiques et
sociales, i.e. aux formes de
coopération et de constructions
communes (Torre & Traversac 2011). Il
s’agit également d’une interaction
entre des forces poussant à la
coopération et d’autres forces, qui
poussent au conflit. Les processus de
développement territorial et leur
déroulement dans le temps ne
ressemblent en aucun cas à un long
fleuve tranquille. Ils sont faits de
phases de négociations, de
collaboration ou d’apaisement, mais
également de périodes beaucoup plus
animées, ou conflictuelles, au cours
desquelles certains groupes ou
catégories d’acteurs s’opposent,
parfois avec violence, pour définir les
marches à suivre et les options à
retenir. Le processus de gouvernance
des territoires présente ainsi deux
faces complémentaires, dont
l’importance réciproque varie selon les
périodes et les situations. Il se nourrit
de ces tendances opposées, (Glazer &
Konrad 2005), dont la synthèse
conduit à la définition de sentiers de
développement.
Les dimensions foncières du
développement
Traiter de la question du
développement territorial renvoie
directement à la problématique
foncière. En effet, la prise en
considération de ces niveaux
territoriaux implique de descendre à
une échelle infrarégionale,
n’importent plus seulement les
politiques macro-économiques, les
grands flux et les pouvoirs publics
(fussent-ils décentralisés) mais
également des acteurs et
préoccupations plus locales. Ce
mouvement, qui rapproche du terrain,
contraint également à tenir compte de
la question des terres et de leur
disponibilité, des sols et de leur
qualité, et donc de la dimension
foncière. En effet, le raisonnement sur
un espace de petite taille conduit à
réfléchir les choix d’utilisation des
terres et leur destination, leurs usages
et leur valeur également. Campagne &
Pecqueur (2014) notent ainsi
l’assimilation entre « terroir » et
« territoire », et situent l’émergence
du développement territorial dans la
continuité historique du
développement agricole et du
développement rural, en lien avec la
problématique des sols.
La problématique foncière s’avère
essentielle au niveau territorial,
comme le montrent les opérations et
projets d’aménagement ou de
développement du territoire :
acquisitions, zonages, changements
d’usage ou de statut du sol, etc.
L’utilisation et la disponibilité de la
ressource foncière occupent
également une place centrale, posant
la question de la concurrence, des
conflits et des arbitrages entre usages
du foncier (Torre & Darly 2013), avec
les choix de développement qui en
découlent ou leur sont subordonnés.
Est-il préférable de favoriser un mode
de développement fondé sur une
activité agricole, sur un tourisme de
loisir, sur la construction de bureaux,
de grandes surfaces, sur l’étalement
urbain, ou sur quelque combinaison
que ce soit de ces différentes
activités ? Dans tous les cas la
ressource foncière et son utilisation
sont en question, impliquant des choix
mais aussi des oppositions ou des
controverses.
La disponibilité de foncier et la
présence d’aménités constituent des
ressources clés pour les territoires, en
particulier de faible densité. Y réfléchir
conduit à se poser des questions en
termes de modes d’appropriation du
sol et d’intérêt public (Ruegg 2000 ;
Feildel 2010), de répartition de la rente
foncière (Cavailhs, Mesrine, &
Rouquette 2012 ; Dachary-Bernard et
al. 2012), de propriété ou de
déterminants des choix des
propriétaires (Gueringer 2008 ;
Duvillard 2001), ainsi que d’analyse des
marchés fonciers avec les
problématiques de préférences
résidentielles, aménités, valeurs
patrimoniales, zonages, carac-
téristiques environnementales, etc.
(Géniaux & Napoleone 2005 ; Dachary-
Bernard et al. 2012).
Du coup, la problématique de la
gouvernance du foncier s’avère
cruciale (Guéringer 2008 ; Chia 2013),
car elle pose la question de la
coordination des objectifs, des plans
et des intentions d’usage des acteurs
et donne lieu à des jeux complexes, à
l’interface entre logiques collectives et
privatives. La question foncière est
contingente au lieu, au système
d’acteur, aux traditions… et les
mécanismes, instruments et dispositifs
de la gouvernance territoriale le sont
également, donnant naissance à des
processus d’innovation inédits.
Gouvernance foncière et
veloppement territorial appa-
raissent ainsi intrinsèquement liés,
(Bertrand 2013 ; Torre & Wallet 2013),
ce que souligne par exemple en
France la refonte des outils de
planification spatiale (Schéma de
96 Torre et Chia Controverses du développement territorial
Reproduit avec la permission du détenteur du copyright. Toute autre reproduction est interdite.
Cohérence Territoriale, Plan Local
d’Urbanisme…) et leur rôle central en
termes d’aménagement et de projets
de territoires. Elle interroge les
modalités de l’action publique et
collective, avec le renouvellement des
outils, (Souchard 2013), les innovations
territoriales en matière de gestion du
foncier (Barthès & Veyrat 2013), la
définition des logiques et jeux
d’acteurs (Léger & Alavoine-Mornas
2013) ou le rôle joué par les conflits
dans les dynamiques de gouvernance
(Kirat & Torre 2008).
L’un des enjeux actuels est
d’intégrer les caractéristiques des sols
et leur préservation, ainsi que leur rôle
dans le maintien de la biodiversité et le
changement climatique. Le caractère
polymorphe du foncier, reconnu
comme une ressource pour le
développement à travers la
reconnaissance de la diversité des
services qu’il rend, renvoie également
à sa vulnérabilité face à l’évolution des
usages et aux changements globaux
(évolution climatique, acquisition et
exploitation à grande échelle de
nouvelles terres cultivables,
urbanisation et artificialisation des
espaces à marche forcée, etc.)
(Gueringer, Hamdouch, & Wallet
2016). Différents modèles de
gouvernance s’avèrent possibles,
selon les contextes territoriaux, les
localisations géographiques, les
dimensions sociales, culturelles,
institutionnelles et les problématiques
environnementales, ainsi que les
niveaux de développement des
territoires, comme le montrent par
exemple les problématiques de land
grabbing.
Ces réflexions sont souvent
fortement marquées par une
focalisation sur les territoires
périurbains (Gueringer, Hamdouch, &
Wallet 2016), liée à la rareté des terres
disponibles dans ces espaces, mais
également à la volonté d’arbitrer les
intentions parfois divergentes des
populations, des pouvoirs publics et
des acteurs privés. Il s’est agi, dans un
premier temps, de trouver l’espace
suffisant pour permettre l’étalement
urbain, la construction de banlieues
pavillonnaires et la mise en place des
infrastructures pour la ville (transport,
traitement des déchets, production
d’énergie, grandes surfaces…), puis
de l’intérêt pour la préservation du
foncier agricole autour des villes,
facteur d’aménités et source de
produits alimentaires. Aujourd’hui, et
de manière de plus en plus explicite,
se pose la question de l’étalement
urbain, avec les inégalités qu’il
implique, ses problématiques
environnementales et en termes de
mobilités, ainsi que l’arrêt éventuel de
son expansion (Charmes 2013 ; Piron
2015 ; Cavailhes 2015).
Les apprentissages territoriaux
Les travaux sur le développement et la
gouvernance des territoires suggèrent
que ces derniers peuvent être
considérés comme des organisations
où les acteurs se coordonnent pour
décider ensemble de leur futur, en
particulier sur la base des innovations.
Permettant l’acquisition des nouvelles
compétences et des nouveaux savoirs,
les apprentissages sont à la base du
processus de coordination et de
fabrication des instruments et
dispositifs permettant d’assurer le
fonctionnement de territoires. Ils peu-
vent être mobilisés pour participer aux
changements ou pour les bloquer : ca-
pacités d’innovation et apprentissages
s’avèrent donc essentiels au niveau
des territoires.
Si différentes disciplines, comme
les sciences de l’éducation, la
sociologie avec les travaux sur les
réseaux, l’agronomie ou les sciences
cognitives se sont interessées aux
apprentissages, les travaux des
économistes (Favereau 2002), des
géographes (Giraut 2009) et des
sciences de l’organisation intègrent
d’emblée la dimension collective
(Raulet-Croset 2008 ; Koenig 2015).
Argyris, dès les années 50, puis avec
Schön, a souligné leur importance
dans les changements et les
innovations organisationnelles
(Argyris & Schön 2001), en les
considérant non seulement comme
une façon d’analyser les
transformations dans les organisations
mais aussi comme un objet
d’intervention et d’accompagnement
du changement (March 1991 ; Chanal &
Mothe 2005).
L’apprentissage est traditionnel-
lement pensé comme se produisant
lorsque les acteurs détectent une dif-
férence entre ce qui devrait selon eux
se produire et ce qui se produit réel-
lement, et résulte de l’ajustement
entre ces deux situations. Kolbs
(1984), a montré qu’une idée est mo-
difiée et remaniée au cours d’un chan-
gement, avec l’expérience. Il s’agit
d’un processus pendant lequel les ac-
teurs cherchent à augmenter leur ca-
pacité, à poser des questions et à ob-
tenir des informations leur permettant
d’orienter l’action. Nonaka & Takeuchi
(1997) identifient ainsi quatre modes
liés de conversion des connaissances,
selon leurs origines (tacite ou impli-
cite) et le résultat (tacite et implicite) :
la socialisation (tacite/tacite) ;
l’extériorisation (tacite/implicite) ;
l’intériorisation (implicite/tacite) et la
combinaison (implicite/implicite). Ar-
gyris et Schön ont également mis en
évidence la différence entre
l’apprentissage en simple boucle, lors-
que les acteurs changent seulement
leurs pratiques, et celui en double
boucle, lorsqu’ils modifient la stratégie
et/ou les « valeurs » (objectifs, para-
digme…) qui les sous-tendent.
Les travaux qui considèrent le ter-
ritoire comme lieu d’apprentissage
sont en émergence et privilégient
l’entrée par la gouvernance (Vitry &
Chia 2016 ; Lamari 2010 ; Rey-Valette et
al. 2014). Pour certains auteurs, un ap-
prentissage collectif peut conduire à
une intensification des échanges entre
acteurs, notamment au sujet de leurs
compétences, et donc à une intensifi-
cation et à une centralisation du ré-
seau d’acteurs, l’apprentissage collec-
tif constituant également le processus
de formation des acteurs (Hatchuel
1994). Les apprentissages permettent
ainsi de faire émerger de nouvelles
formes de coordination et de déci-
sions au niveau local. Processus adap-
tatif, la gouvernance met en jeu de
nouvelles pratiques, comme de nou-
velles formes de mise en réseau, de
mutualisation, de mise en œuvre de la
participation (Chia 2013), dont
l’ensemble des acteurs participant au
processus doit faire l’apprentissage.
CJRS/RCSR 40(2) 2017 9797
Reproduit avec la permission du détenteur du copyright. Toute autre reproduction est interdite.
Nous définissons l’apprentissage
de gouvernance comme tout change-
ment cognitif ou comportemental, in-
dividuel ou collectif, qui vise la coopé-
ration et la participation des acteurs
dans la définition des nouvelles op-
tions ou de la gestion d’un territoire
donné (Vitry & Chia 2016). Il s’agit (de
comprendre, d’analyser, d’accompa-
gner) les processus qui modifient les
modèles mentaux partagés, la défini-
tion d'une vision commune du terri-
toire, l’établissement de la confiance,
mais aussi les capacités organi-
sationnelles telles que les compé-
tences de participation aux réunions
ou la capacité à travailler ensemble.
Bref, ce sont les processus cognitifs et
comportementaux qui permettent aux
acteurs du territoire de produire une
vision partagée de ce dernier, de dé-
velopper une stratégie et des objectifs
communs, ainsi que de former et de
légitimer l’action collective.
Vitry & Chia (2016) proposent 9
types d’apprentissages de gouver-
nance territoriale, correspondant à
différentes phases ou activités de
gouvernance (voir tableau 1). Il s’agit
principalement des apprentissages
pour produire une vision partagée du
territoire (ce qu’il convient de faire),
fabriquer un collectif ou un territoire
(l’organisation) et adapter la stratégie
(l’évaluation et la planification).
Les apprentissages dans les terri-
toires sont facilités par l’existence
d’outils et d’instruments, qui jouent un
rôle structurant dans les comporte-
ments des acteurs et les dynamiques
des organisations. Afin de réfléchir aux
types d’apprentissages nécessaires
pour accompagner la gouvernance des
territoires nous avons croisé deux di-
mensions : : la modification des instru-
ments par les acteurs et celle du com-
portement des acteurs par les instru-
ments. Nous obtenons 3 types
d’apprentissages qui vont de la simple
boucle (faible X faible) à
l’apprentissage d’exploration (forte X
forte), en passant par l’apprentissage
d’exploitation (faible X forte). Tout
l’art des gestionnaires des territoires
serait alors de combiner ces trois
types d’apprentissages, en les mettant
au service des processus de dévelop-
pement !!!
De nouvelles approches : :
Economie circulaire, écologie
industrielle, bio-économie…
Face aux limites économiques, sociales
et environnementales des modèles
économiques actuels et à l’avènement
des problématiques de développe-
ment durable, de nouvelles façons
d’analyser et de définir les actions en
matière de développement territorial
ont vu le jour depuis une quinzaine
d’années, avec un souci marqué pour
les dimensions environnementales ou
écologiques. C’est le cas des courants
d’analyse ou d’action que l’on peut re-
grouper sous les termes d’Economie
Circulaire, d’écologie Industrielle et de
bioéconomie. Ces nouvelles ap-
proches, qui représentent une source
d’innovation du point de vue des théo-
ries du développement, reposent sur
un ancrage territorial fort et contri-
buent à bouleverser la vision du dé-
veloppement territorial, en le réorien-
tant vers un lien plus fort aux dimen-
sions de nature, ainsi qu’en contri-
buant à créer de nouveaux outils, ins-
truments et dispositifs pour sa mise en
œuvre.
L’Economie Circulaire, évoquée
pour la première fois par Boulding
(1966), s’inspire du fonctionnement
des écosystèmes naturels et part du
constat d’une phase de transition
entre une situation d’abondance des
ressources et la situation - actuelle et
future - de limites à leur disponibilité. Il
n’existe pas encore de définition aca-
démique reconnue du concept, qui a
pour l’instant plus une orientation
opérationnelle et dont l’appropriation
par le monde universitaire est récente
(Sauvé, Normandin, & McDonald
2016 ; Levy & Aurez 2013 ; ADEME
2014). Les organismes qui en font la
promotion le considèrent comme un «
système industriel » ou un « système
économique d’échange et de produc-
tion », et mettent en avant les straté-
gies permettant de renforcer la circu-
larité d’une économie ou les finalités
de sa mise en œuvre (Beulque & Agge-
ri 2015).
Partant d’un modèle de dévelop-
pement fondé notamment sur une ré-
duction et une meilleure réutilisation
des déchets pour épargner les res-
sources naturelles l’Economie Circu-
laire prend en compte la phase de
conception, le « recyclage » et la répa-
ration des produits comme leur « fonc-
tionnalité » (Vaileanu-Paun & Boutillier
2012), rejoignant ainsi les travaux des
chercheurs qui se réclament de
l’économie fonctionnelle et prolon-
geant les réflexions sur l’économie de
service, c’est-à-dire de vendre avant
tout le service que procure un produit
au client en prenant en charge la tota-
lité de son existence (réparation,
transformation, recyclage, etc.).
D’autres recherches s’intéressent da-
vantage aux comportements des ac-
teurs et surtout à l’opportunité pour
les territoires de gérer leurs res-
sources, en termes de consommation
ou de politiques publiques. Pour les
entreprises un regard particulier est
porté sur le changement, avec
l’adaptation des business models, dans
le but de réaliser des bénéfices com-
merciaux découplés de la con-
sommation des ressources, tout
créant des emplois et minimisant les
impacts environnementaux (Van Niel
2007).
L’Ecologie Industrielle et territo-
riale (au sens du système économique
Tableau 1. Classification des apprentissages selon leur rôle dans la gouvernance
Produire une vision par-
tagée
Former, légitimer un collectif
Développer (réviser) une stratégie et des objectifs
communs
Sensemaking
Interconnaissance
Sensegiving
Travailler ensemble Intéressement
Intégrer les principes de gouver-
nance
Instrument seizing
Réviser sa stratégie
Négocier un objectif
98 Torre et Chia Controverses du développement territorial
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territorialisé) part du même constat
que l’Economie circulaire. Dévelop-
pant une approche davantage axée
sur les flux de matière et d’énergie,
elle partage l’idée que le système in-
dustriel peut être assimilé à un écosys-
tème, introduisant la notion de localité
dès sa définition et entretenant des
liens privilégiés avec les recherches sur
l’écoconception (Abrassart & Aggeri
2002). Dès la fin des années 1980 des
chercheurs suggèrent la mise en
œuvre d’écosystèmes industriels, où
les déchets d’un procédé industriel
puissent servir de ressources dans un
autre procédé, afin de réduire les ex-
ternalités négatives de la production
sur l’environnement (Le Moigne 2014).
Il s’agit également de comprendre les
phénomènes de concentration territo-
riale des acteurs partageant des objec-
tifs communs (cluster, plateformes,
systèmes agroalimentaires localisés,
etc.), l’opérationnalité ne prenant son
sens qu’à l’échelle d’un territoire, au
périmètre variable (Beaurain & Brullot
2011).
S’intéressant aux questions de
coordination des acteurs (Callois 2017),
l’Ecologie Industrielle devrait contri-
buer, à partir d’études de cas, à préci-
ser le concept de gouvernance territo-
riale, en particulier les modalités de sa
mise en place, à identifier innovations
et apprentissages territoriaux et con-
tribuer ainsi à une théorie du dévelop-
pement territorial intégrant les dimen-
sions environnementales ou de recy-
clage des outputs. Les travaux de Brul-
lot, Maillefert, & Joubert (2014), par
exemple, étudient la façon dont les
acteurs se coordonnent pour mu-
tualiser et échanger des ressources
(matière et énergie), afin de dématé-
rialiser et relocaliser l’économie et as-
surer une gestion efficace des res-
sources et de l’énergie ainsi que la va-
lorisation locale des chets (Sana
2014). Si l’Écologie Industrielle ne
s'intéresse pas au seul secteur de
l'industrie, mais à une pluralité d'ac-
teurs, situés, industriels, urbains ou
agricoles (), des chercheurs se récla-
ment du champ de l'Écologie Territo-
riale (Barles 2010 ; Buclet 2011), fondé
sur les notions de métabolisme terri-
torial, qui aborde des perspectives
spatiales et sociales plus larges, impli-
quant un territoire, ses acteurs et ses
modes de gouvernance (Buclet 2015).
Proche de l’agriculture par son ob-
jet, les biotechnologies, la Bio-éco-
nomie s’intéresse au séquençage des
génomes animal et végétal ainsi
qu’aux relations nouées par les ac-
teurs à ce propos. Englobant l'en-
semble des activités de production et
de transformation de la biomasse (fo-
restière, agricole ou aquacole) à des
fins de production alimentaire, de ma-
tériaux biosourcés et d'énergies re-
nouvelables, elle est davantage cen-
trée sur le développement rural (Segar
& Harayama 2013). Face aux défis envi-
ronnementaux et alimentaires (pour
tous et de qualité) elle représente un
facteur d’innovation et développe-
ment, en particulier pour les pays du
Sud (OCDE 2009). En France, la mise
en place des SRADDET (Schémas ré-
gionaux d'aménagement, de dévelop-
pement durable et d'égalité des terri-
toires, documents d’urbanisme instau-
rés par la loi de 2016) et des schémas
régionaux biomasse constitue une op-
portunité pour réaliser dans chaque
région un schéma de la Bio-économie,
à partir d’expérimentations sur des
territoires ciblés ayant un « potentiel
bioéconomique ».
Conclusion provisoire : : la grande
variété des systèmes territoriaux
La notion de cluster (ou de système
localisé de production et d’innovation)
et ses multiples déclinaisons ont
longtemps incarné le principe même
du développement territorial, qu’il
s’agisse de l’important volume de
littérature consacré à ces questions,
ou des nombreuses politiques
décidées en leur faveur, au niveau
régional ou parfois national, quand il
ne s’est pas agi d’acteurs supra
nationaux. Ces approches ont
toutefois connu des développements
et des modifications importantes ces
dernières années, conduisant à un
approfondissement et à une
relativisation, ainsi qu’à leur extension
à des domaines rarement ou non
considérés par l’analyse à l’origine. On
peut en conclure maintenant à une
grande diversité des systèmes
territoriaux, qui sort largement de
l’épure initiale en termes de groupes
de firmes co-localisées et interreliées
autour de technologies similaires ou
compatibles, parfois le long d’une
chaine de valeur.
La première évolution s’est
traduite par la reconnaissance du
caractère relatif et contingent des
clusters ou, en d’autres termes, par la
prise en compte d’une diversité de
formes de regroupements productifs,
en fonction des caractéristiques
locales ou des relations entretenues
par les firmes avec leur environne-
ment. Elle a correspondu à une rapide
extension de la notion à des cas assez
éloignés de la seule dimension high
tech (le plus célèbre exemple est celui
de l’analyse du cluster du vin au Chili
(Giuliani & Bell 2005)), ainsi qu’à la
floraison et à l’identification de
nombreuses catégories de systèmes
locaux, que ce soit dans la littérature
ou dans les différents types de
politiques publiques (Torre & Tanguy
2014).
Du point de vue analytique sont
ainsi apparus de nombreux avatars de
la définition initiale, qui étendent à la
fois le domaine d’action et les
caractéristiques propres de la notion
de cluster, jusqu’à l’amener parfois
assez loin de l’épure initiale. C’est par
exemple le cas des SYAL, ou Systèmes
Agroalimentaires Localisés (Muchnik &
de Sainte Marie 2010), dédiés à la
production agroalimentaire, qui jouent
un rôle central dans les économies en
émergence comme dans les systèmes
de production agricole à proximité des
villes du Nord, et dont l’organisation
résiliaire entre producteurs et
consommateurs ainsi que la mise en
commun de techniques et de savoir-
faire locaux jouent un rôle central
dans les zones rurales. Ou des APL
(Arrangements Productifs Locaux), qui
renvoient au caractère parfois
incomplet ou naissant des interactions
productives dans les pays émergeants
et donnent lieu, en particulier au Brésil
(Joyal 2008), à des politiques
d’innovation visant à consolider ces
liens dans des territoires
l’agglomération et le regroupement
des producteurs sont parfois plus
importants que leurs interactions
(Cassiolato, Lastres, & Maciel 2003). La
CJRS/RCSR 40(2) 2017 9999
Reproduit avec la permission du détenteur du copyright. Toute autre reproduction est interdite.
notion de Systèmes productivo-
résidentiels défendue par Davezies &
Talandier (2014), marque une autre
phase d’élargissement, vers
l’économie résidentielle cette fois.
Mais les extensions apportées à la
notion première de cluster vont
aujourd’hui bien plus loin. C’est ce que
traduisent les approches en termes
d’écosystèmes industriels et
d’écosystèmes d’affaires, qui
proposent de nouvelles visions
paradigmatiques de la systémique
territoriale. Elles tentent ainsi de
répondre à de nouveaux enjeux, en
termes d’extension de la notion
d’innovation, d’ouverture aux
populations et d’intégration des
dimensions écologiques et
environnementales.
L’approche par les écosystèmes
d’affaires, venue des sciences de
gestion, présente quelques similitudes
avec celle des clusters, dans sa volonté
de dépassement du périmètre de la
firme et de prise en considération des
réseaux d’échanges ou d’interactions
complexes dans lesquels s’insère cette
dernière (Thorelli 1985). L’enjeu est
celui de la création de valeur et de la
capture de valeur ajoutée à l’extérieur
de la firme (Attour & Burger-Helmchen
2014). Cette opération passe par la
structuration d’un modèle
d’innovation ouverte qui peut
s’incarner au niveau local, grâce
auquel l’entreprise se trouve en
mesure d’exploiter des innovations
externes et de les combiner avec ses
propres capacités de création de
technologie (Chesbrough 2003 ;
Leroux et al. 2014). Le rôle joué par les
intermédiaires devient évidemment
crucial, tant il est important d’accorder
les intérêts, les cartes cognitives, les
rationalités, les savoirs, les
connaissances et les compétences de
ces multiples acteurs hétérogènes et
de « boucher » les trous structuraux.
Les caractéristiques systémiques
de cette approche (Koenig 2012)
renvoient largement à celles des
clusters, d’autant que les relations
invoquées peuvent se situer au niveau
local (sans négliger les liens externes
au territoire), et que les structures
d’interactions incitent à penser
différemment les limites de la firme et
ses modes de coordination avec ses
partenaires. On retrouve des
invariants communs aux deux
concepts, tels que les réseaux, les
modes de coordination, les
coopérations ou concurrences, les
chaînes de valeur, les intermédiaires,
la mythique de l’innovation (Teece
2010)… avec un rôle central attribué à
l’analyse des stratégies des firmes et
tout particulièrement de leurs liens
avec les consommateurs industriels.
La dimension locale est également
fréquemment convoquée, ne serait-ce
que pour vanter les possibilités
d’interface ou le rôle des gatekeepers.
Une rupture plus radicale se
manifeste avec la prise en compte des
dimensions environnementales, vues
plus haut. Les problématiques de
gestion durable des ressources
fondent ainsi l’approche des Systèmes
Socio Ecologiques (Anderies, Janssen,
& Ostrom 2004), issue des recherches
sur les arrangements institutionnels
(Ostrom 1990), qui considère les
relations entre acteurs locaux et
entités biophysiques et biologiques
non-humaines, ainsi que les usages et
la gestion collective des ressources et
les exclusions qui en découlent.
L’analyse des écosystèmes industriels
intègre, quant à elle, le recyclage des
outputs (Decouzon & Maillefert 2012)
et propose de substituer, à la
succession d’opérations de
transformation conduisant de
l’utilisation des matières premières à la
vente des produits, un modèle
circulaire de recyclage des déchets
dans le cycle de production.
Les ambitions et les implications
s’avèrent alors plus fortes en termes
de reformulation des enjeux sur les
territoires. En effet, alors que les
systèmes industriels traditionnels se
définissent par une succession
d’opérations de transformation, cette
méthode « simpliste » et linéaire
(Frosch & Gallopoulos 1989) est
remplacée par un modèle intégré.
Apparait ainsi la notion d’écosystème
industriel, qui cherche à se rapprocher
du fonctionnement des écosystèmes
naturels et, à contre-courant de
l’image des effets négatifs de
l’industrie sur l’environnement, à
montrer que non seulement cette
dernière pourrait produire des effets
positifs sous réserve de
transformations importantes mais
encore que des synergies sont
possibles avec les dimensions
environnementales (Beaurain &
Brullot 2011).
Il devient ainsi possible de penser
de nouveaux territoires de projets, qui
ne sont pas sans présenter certaines
ressemblances avec les clusters et
procurent des retombées
économiques allant au-delà des
bénéfices individuels, puisqu’elles sont
liées aux économies
d’approvisionnement d’énergie, de
ressources, de traitement de déchets,
ou encore aux rendements d’échelle
générés par les mutualisations de
service. Ces nouveaux modèles cher-
chent à concilier la croissance écono-
mique alternative, le développement
social, et une limitation de l’impact
environnemental. On retrouve tout
particulièrement cette dimension dans
le cas des éco-parcs industriels, au
premier rang desquels la fameuse
symbiose de Kalundborg (Jacobsen
2006), qui a valeur de modèle pour de
nombreux chercheurs ou praticiens, et
constitue en quelque sorte la preuve
de la possibilité de mise en œuvre des
principes de l’écologie industrielle. A
elle seule, elle porte témoignage que
le développement territorial est un
processus sans cesse renouvelé, qui se
nourrit des transformations de son
environnement pour inventer de
nouvelles formes, au gré des
innovations technologiques et des
évolutions de comportements des
acteurs et populations.
100 Torre et Chia Controverses du développement territorial
Reproduit avec la permission du détenteur du copyright. Toute autre reproduction est interdite.
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... Other factors of disparity have also been put forward, notably innovation capacity, human capital, and geographical factors (Ostermeyer, 2023). Capello (2009) and Torre (2015) have highlighted environmental issues (climate change) (Torre & Chia, 2017) as factors in disparities. Climate change thus appears to be a predominant factor affecting the economies of regions within countries (Yang & Tang, 2022). ...
Article
Full-text available
Despite numerous studies on the impacts of climate change in developing economies, scarce research focuses on these spatial effects in the internal regions of these countries. To shed light on this concern, this study aims to analyze the spatial effect of climate change on regional economic disparities in the context of Benin. The secondary data are extracted from the World Bank’s Climate Knowledge Portal and a Beninese local finance database covering the period from 2010 to 2019. A random-effects panel model and a dynamic spatial Durbin model of endogenous growth are used. The results reveal that, in the absence of spatial effects, average temperature reinforces economic disparities by 4.4 points within regions. A one-point increase in precipitation increases economic disparities by 0.001 points. The spatial model reveals both short- and long-term positive spatial externalities. Thus, a one-point positive variation in precipitation in neighboring regions leads to a 0.005% increase in a given region’s own revenue per capita. Similarly, a one-point increase in precipitation in a given region induces a 0.004% rise in own revenues in neighboring regions. Damage caused by climate change in one area encourages positive economic dynamics in neighboring areas. These spatial interactions reinforce economic differences and maintain economic disparities between Benin’s regions.
... […] As coexistence is not self-evident, it is necessary to clarify the positions of each party and to establish or re-establish the conditions for dialogue between them, and to identify the obstacles that need to be overcome'. Looking beyond the nuances of the polysemous and controversial concept of governance (Torre & Chia, 2017), we note that the governance of the coexistence of agricultural and food models in a territory is therefore also that of their confrontation, or even their hybridisation, in order that new forms of organisation adapted to territorial development issues can be developed. ...
... […] As coexistence is not self-evident, it is necessary to clarify the positions of each party and to establish or re-establish the conditions for dialogue between them, and to identify the obstacles that need to be overcome'. Looking beyond the nuances of the polysemous and controversial concept of governance (Torre & Chia, 2017), we note that the governance of the coexistence of agricultural and food models in a territory is therefore also that of their confrontation, or even their hybridisation, in order that new forms of organisation adapted to territorial development issues can be developed. ...
Book
This book analyses situations of coexistence and confrontation of agricultural and food models according to four major dimensions of territorial development: the tension between specialisation and diversification; innovation; adaptation; and food transition. New agricultural and food models are being deployed in territories around the world in response to criticisms of the old forms of agriculture and food production, and in order to meet new challenges. These models embody archetypes of the observed diversity, actors’ projects or new norms. A number of conceptual studies and case studies from France and other countries allow us to understand the interactions between these models (confrontation, complementarity, co-evolution, hybridisation, etc.), taking us well beyond the characterisation of their diversity and the evaluation of their relative performances. The coexistence and confrontation of these models build up their capacity for radical change. The book asks original questions about the analytical framework, its methodological challenges and the expected outcomes for the support of agricultural and food development in rural and urban territories. It is intended for researchers, teachers, students and professionals interested in territorial development.
... […] As coexistence is not self-evident, it is necessary to clarify the positions of each party and to establish or re-establish the conditions for dialogue between them, and to identify the obstacles that need to be overcome'. Looking beyond the nuances of the polysemous and controversial concept of governance (Torre & Chia, 2017), we note that the governance of the coexistence of agricultural and food models in a territory is therefore also that of their confrontation, or even their hybridisation, in order that new forms of organisation adapted to territorial development issues can be developed. ...
Chapter
This book is based on the premise that an improved understanding of the coexistence and confrontation of agricultural and food models, and thus of their interactions at different spatial and organisational scales, facilitates recognition and support for combinations of these models that can potentially be useful for sustainable territorial development.
... En nous appuyant sur plusieurs cas de territoires, nous avons mis au jour des configurations d'empowerment territorial qui révèlent des degrés d'intensité variés d'implication des réseaux d'entreprises dans l'action publique locale. Nous contribuons ainsi à mettre en évidence la diversité des écosystèmes territoriaux par de nouvelles formes participatives de gouvernance (Torre et Chia, 2017). ...
Article
L'objectif principal de notre recherche consiste à rendre compte du rôle charnière des réseaux éco-nomiques locaux en tant que vecteur d'empowerment des dirigeants d'entreprise dans la conception des politiques publiques et, plus largement, dans le processus de décision publique. Autrement dit, l'action collective, qui passe notamment par l'infl uence sur les décisions publiques, serait facilitée par les réseaux d'entreprises. Dans ce cadre, nous privilégions une approche compréhensive au sens où notre point de départ naît de l'observation des interactions entre réseaux et sphère publique, avec comme perspective de la relier au concept d'empowerment. Nous contribuons ainsi à une meilleure compréhension de l'encastrement des dirigeants dans les réseaux locaux dont l'empowerment territorial , comme processus conduisant les communautés d'un territoire à infl uencer les conditions d'actions ou les actions elles-mêmes, constitue l'une des dimensions. En termes de résultats, nos travaux montrent l'intérêt à mobiliser le concept d'empowerment, souvent appliqué aux groupes sociaux comme des minorités ethniques ou religieuses, pour étudier les clubs et les réseaux locaux d'entreprises. En effet, sous certaines conditions individuelles et collectives, ces réseaux constituent des lieux d'échanges et d'actions infl uençant le projet de territoire et contribuant à la fabrique des politiques publiques. The main objective of our research is to account the major role of economic networks as empowerment vector for local business leaders in public policy-making and more largely in public decision process. Networks of firms reinforce collective action, including when it influences public decision. In this context, we adopt a comprehensive approach in the sense that our starting point is born with observing interactions between networks and the public sphere in connection with the concept of empowerment. We contribute to a better understanding of the embeddedness of business leaders in social networks. In this respect, local empowerment is defined as a process influencing public action. In terms of results, our work shows the benefit of transferring the concept of empowerment, traditionally applied to social groups such as ethnic or religious minorities, to business clubs. According to individual and collective characteristics, these networks are places for exchanges and actions influencing the local project and contributing to public policy making.
... En nous appuyant sur plusieurs cas de territoires, nous avons mis au jour des configurations d'empowerment territorial qui révèlent des degrés d'intensité variés d'implication des réseaux d'entreprises dans l'action publique locale. Nous contribuons ainsi à mettre en évidence la diversité des écosystèmes territoriaux par de nouvelles formes participatives de gouvernance (Torre et Chia, 2017). ...
Article
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The main objective of our research is to account the major role of economic networks as empowerment vector for local business leaders in public policy-making and more largely in public decision process. Networks of firms reinforce collective action, including when it influences public decision. In this context, we adopt a comprehensive approach in the sense that our starting point is born with observing interactions between networks and the public sphere in connection with the concept of empowerment. We contribute to a better understanding of the embeddedness of business leaders in social networks. In this respect, local empowerment is defined as a process influencing public action. In terms of results, our work shows the benefit of transferring the concept of empowerment, traditionally applied to social groups such as ethnic or religious minorities, to business clubs. According to individual and collective characteristics, these networks are places for exchanges and actions influencing the local project and contributing to public policy making.
... En nous appuyant sur plusieurs cas de territoires, nous avons mis au jour des configurations d'empowerment territorial qui révèlent des degrés d'intensité variés d'implication des réseaux d'entreprises dans l'action publique locale. Nous contribuons ainsi à mettre en évidence la diversité des écosystèmes territoriaux par de nouvelles formes participatives de gouvernance (Torre et Chia, 2017). ...
Article
L’objectif principal de notre recherche consiste à rendre compte du rôle charnière des réseaux économiques locaux en tant que vecteur d’empowerment des dirigeants d’entreprise dans la conception des politiques publiques et, plus largement, dans le processus de décision publique. Autrement dit, l’action collective, qui passe notamment par l’influence sur les décisions publiques, serait facilitée par les réseaux d’entreprises. Dans ce cadre, nous privilégions une approche compréhensive au sens où notre point de départ naît de l’observation des interactions entre réseaux et sphère publique, avec comme perspective de la relier au concept d’empowerment. Nous contribuons ainsi à une meilleure compréhension de l’encastrement des dirigeants dans les réseaux locaux dont l’empowerment ter- ritorial, comme processus conduisant les communautés d’un territoire à influencer les conditions d’actions ou les actions elles-mêmes, constitue l’une des dimensions. En termes de résultats, nos travaux montrent l’intérêt à mobiliser le concept d’empowerment, souvent appliqué aux groupes sociaux comme des minorités ethniques ou religieuses, pour étudier les clubs et les réseaux locaux d’entreprises. En effet, sous certaines conditions individuelles et collectives, ces réseaux constituent des lieux d’échanges et d’actions influençant le projet de territoire et contribuant à la fabrique des politiques publiques.
Article
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Alors qu’elle avait été relativement délaissée dans les années 1980, la thématique foncière fait l’objet d’un regain d’intérêt dans le champ des sciences humaines et sociales. Si les recherches récentes sont marquées par les préoccupations de préservation de l’espace agricole, et focalisent l’attention sur les espaces périurbains, traiter de foncier ouvre sur une grande diversité de questionnements, d’approches, et concerne peu ou prou toutes les disciplines interrogées par le développement territorial. Nous proposons ici un tour d’horizon sur la manière dont la question foncière a été abordée par la recherche ces dernières décennies, ouvrant sur une mise en perspective des travaux menés récemment en France, dans le cadre de la troisième génération du programme « Pour et sur le développement régional (Psdr) ».
Chapter
Leading scholars in the field of governance examine the effectiveness of the different non-institutional strategies at the disposal of modern governments in tackling issues of urban decline, public administrations, governmental regionalization, budget deficits and global economics. The governance approach to political science yields a new perspective on the role of the state, domestically as well as in the international arena. Globalization, internationalization, and the growing influence of networks in domestic politics means that the notions of state strength and the role of the state in society must be re-examined.
Article
Alors que la « consommation » des terres agricoles par l’urbanisation est un sujet sensible, l’évaluation de cette consommation peut varier du simple au double selon les définitions et les nomenclatures que l’on utilise.
Book
Les mutations de l'occupation de l'espace et les conflits qu'elles provoquent deviennent aujourd'huiune question importante pour les sciences sociales. Les résistances liées aux processus depériurbanisation et d'étalement résidentiel, les débats sur la conservation des espaces naturels, despaysages ou de la biodiversité, les nuisances des installations industrielles, des infrastructures deproduction ou de transport d'énergie, les pollutions d'origine agricole, constituent autant demanifestations de tensions et de conflits portant sur ce qu'il est convenu d'appeler les usages des espaces.Cet ouvrage se propose de faire le point sur les problématiques de territorialisation des conflitsd'usage, qui se posent dans différentes sciences sociales : en géographie et aménagement, en urbanisme,mais aussi en sociologie, en anthropologie et en économie.Les mutations de l'occupation de l'espace et les conflits qu'elles provoquent deviennent aujourd'hui une question importante pour les sciences sociales. Les résistances liées aux processus de périurbanisation et d'étalement résidentiel, les débats sur la conservation des espaces naturels, des paysages ou de la biodiversité, les nuisances des installations industrielles, des infrastructures deproduction ou de transport d'énergie, les pollutions d'origine agricole, constituent autant de manifestations de tensions et de conflits portant sur ce qu'il est convenu d'appeler les usages des espaces. Cet ouvrage se propose de faire le point sur les problématiques de territorialisation des conflits d'usage, qui se posent dans différentes sciences sociales : en géographie et aménagement, en urbanisme, mais aussi en sociologie, en anthropologie et en économie.