ArticlePDF Available

L'IDH municipal pour observer les inégalités de développement au Brésil

Authors:
L'IDH municipal pour observer les
inégalités de développement au Brésil
Nous laissons aujourd'hui les colonnes de notre veille d'actualité à Sébastien
Bourdin, qui nous présente une carte sur les inégalités au Brésil.
Carte. Géographie des inégalités de développement humain à l’échelle des municipalités
Le Brésil a connu de profonds changements socio-économiques depuis la Grande
Dépression des années 1930, en particulier depuis la Seconde Guerre mondiale. Son
économie, qui pendant des siècles avait été orientée vers l'exportation d'un petit
nombre de produits primaires, a été dominée par un secteur industriel important et
diversifié. Dans le même temps, la société brésilienne, essentiellement rurale, s'est
urbanisée de plus en plus.
Cette transformation socioéconomique rapide peut être illustrée par quelques
chiffres. La population totale du Brésil est passée de 17,4 millions en 1900 à 186,8
millions en 2007 et a passé la barre des 200 millions en 2012. En 1940, seulement
30 % de la population du pays vivait en milieu urbain contre 85 % en 2016, la
contribution de l'agriculture au produit intérieur brut (PIB, mesuré aux prix courants)
est tombée de 28 % en 1947 à 5,8 % en 2010, tandis que celle de l'industrie et des
services continuent d’augmenter (respectivement 26,8 % et 67,4 % du total du PIB).
Ces réalisations n'ont cependant pas transformé le Brésil en une société où les
inégalités sont relativement plus faibles. Certes le PIB par habitant soit passé de 1102
€ en 1980 à 7 578 € en 2016, mais ce chiffre n'est pas un bon indicateur du bien-être
général, car la répartition des revenus est très concentrée entre les classes de revenus
et entre les régions du pays. Au début du XXIe siècle, le revenu moyen d'une famille
dans les 10 % supérieurs de la distribution des revenus était 60 fois plus élevé que le
revenu d'une famille dans les 10 % inférieurs. Le coefficient de Gini reste très élevé
et a peu évolué au cours des vingt dernières années (0,60 en 2010). Par ailleurs, le
revenu par habitant varie significativement d'une région à l'autre, si bien que dans de
nombreux États du nord-est du Brésil, il représentait moins de la moitié de la
moyenne nationale et 34 % du Sud-Est, région la plus développée du pays.
En termes de bien-être de ses nombreux citoyens, le Brésil reste un pays traversé par
de nombreuses inégalités, même si la forte croissance de son économie a entraî
une amélioration effective des conditions de vie de ses habitants. Dans le temps long
(tableau 1), on observe une croissance importante et significative de l’Indice de
Développement Humain Municipal (IDHM voir encadré), avec toutefois
des disparités dans son évolution entre les régions du Nord (inférieures à la
moyenne) et celles du Sud (supérieures à la moyenne). Sans surprise, on retrouve
l’IDHM le plus élevé dans les grandes villes du Brésil notamment (tableau 2 et carte
1) alors que les villes plus au Nord enregistrent un IDHM beaucoup moins important
(tableau 2 et carte 1). Mais, paradoxalement, alors que l’on aurait pu s’attendre à un
indice de Gini plus élevé dans les grandes villes brésiliennes, il n’en n’est rien.
Encadré. La construction de l’Indice de Développement Humain Municipal
L’IDHM qui représente la moyenne géométrique des indices de revenu, d'éducation et de longévité, avec des poids
égaux. L’indice de revenu est obtenu à partir de l'indicateur du revenu par habitant, en utilisant la formule: [ln
(valeur observée de l'indicateur) - ln (valeur minimale)] / [ln (valeur maximale) - ln (valeur minimale)], où les
valeurs minimales et maximales vont de 2,10 et 1 063,10 (aux prix d'août 2010). L’indice d’éducation est
obtenu en calculant la moyenne géométrique de l'indice de fréquence des enfants allant à l'école, avec un poids de
2/3, et de l'indice d'éducation de la population à l’âge adulte, pesant pour 1/3. Enfin, la dimension de la longévité
est obtenu à partir de l'indicateur d’espérance de vie à la naissance, en utilisant la formule: [(valeur observée de
l'indicateur) - (valeur minimale)] / [(valeur maximale) - (valeur minimale)], où les valeurs minimales et maximales
sont de 25 ans et 85 ans, respectivement.
Tableau 1. Inégalités régionales au Brésil (1991-2010)
IDHM
2000
Gini
1991
Gini
2000
Gini
2010
Nord (Norte)
0,54
0,62
0,63
0,61
Nord-Est (Nordeste)
0,51
0,64
0,65
0,62
Sud-Est (Sudeste)
0,66
0,59
0,60
0,57
Sud (Sul)
0,66
0,58
0,58
0,52
Centre-Ouest (Centro-Oeste)
0,64
0,60
0,62
0,57
Brésil
0,61
0,63
0,64
0,60
Tableau 2. Inégalités municipales au Brésil (1991-2010)
Municipalité
Région
Gini
2010
IDHM
2010
Les cinq municipalités avec l'IDHM le plus
élevé
Distrito
Federal
Centre-
Ouest
0,63
0,824
São Paulo
Sud-
Est
0,56
0,783
Santa
Catarina
Sud
0,46
0,774
Rio de
Janeiro
Sud-
Est
0,59
0,761
Paraná
Sud
0,53
0,749
Les cinq municipalités avec l'IDHM le plus
bas
Alagoas
Nord-
Est
0,63
0,631
Maranhão
Nord-
Est
0,62
0,639
Pará
Nord
0,62
0,646
Piauí
Nord-
Est
0,61
0,646
Paraíba
Nord-
Est
0,61
0,658
Voir aussi
Le Brésil : ressources sur Géoconfluences
Le glossaire des dossiers « Le Brésil, ferme du monde ? » et « De villes en
métropoles »
Dossier : Le Brésil, ferme du monde ?
Dossier : De villes en métropoles
Pascal Gillon, « Les Jeux Olympiques de Rio 2016, un héritage mais au profit
de qui ? », juillet 2016.
Hervé Théry, « Brasília, de la vitrine à la métropole », Géoconfluences,
octobre 2017.
Hervé Théry, « Portrait de São Paulo (1) : une capitale du Brésil ? »,
Géoconfluences, novembre 2016
Hervé Théry, « Portrait de São Paulo (2) : contrastes, problèmes, défis »,
Géoconfluences, 10 novembre 2016
Sébastien Bourdin
Professeur associé, École de Management de Normandie
Pour Géoconfluences, mars 2018.
ResearchGate has not been able to resolve any citations for this publication.
ResearchGate has not been able to resolve any references for this publication.