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M.PROA/Spécimens ostéopathologiques et avec anomalies osseuses dans les collections du Muséum d’Angers
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Spécimens ostéopathologiques et avec des anomalies osseuses
dans les collections du Muséum des sciences naturelles d’Angers
Miguel PRÔA *
* Muséum des sciences naturelles d’Angers, 43 rue Jules Guitton, 49100 Angers, France
Résumé
Dans cet article je signale les spécimens ostéopathologiques et avec des anomalies osseuses se
trouvant au Muséum des sciences naturelles d’Angers.
Mots-clés : santé ; pathologie ; ostéologie ; espèces menacées ; zoologie
Abstract
In this article I draw attention to some osteopathological specimens and specimens with bone
anomalies present in the collections of the Muséum des sciences naturelles d’Angers.
Key-words: health; pathology; osteology; endangered species; zoology
Introduction
L’importance des collections muséologiques pour l’étude et recherche des
pathologies osseuses est reconnue (ex. Degueurce, 2006 ; Ortner, 2003).
D’importantes collections de pathologie vétérinaire se trouvent, par exemple, à
Maisons-Alfort, Lyon ou Vienne d’Autriche, mais d’intéressants spécimens
pathologiques sont souvent trouvés dans des collections non pathologiques. Dans
cet article je signale les spécimens ostéopathologiques et avec des anomalies
osseuses qui se trouvent au Muséum des sciences naturelles d’Angers. Le
diagnostic des pathologies proposé est seulement indicatif et aucune analyse
particulière n’a été effectuée.
1. Pathologie nutritionnelle chez une tortue
MHNAn.2001.578, Chelonoidis carbonaria (Spix, 1824)
Taxonomie : Sauropsida (Reptilia), Testudines, Testudinidae
Une carapace de tortue présente des anomalies de forme, probablement due à
une alimentation déficiente : la carapace est déformée par une fourniture de
calcium insuffisant, commune à des tortues en captivité (Highfield, 2000). Très
peu ossifiée, elle est très légère, les écailles semblent remonter en forme de
pyramide et l’écaille nucale n’a jamais été formée (Figure 1).
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Figure 1 : Évidence de déséquilibre nutritionnelle chez une tortue. A, le spécimen anormal, déformé. B, un
spécimen normal de la même espèce, spécimen MHNAn.2001.574 des collections du Muséum d’Angers,
pour comparaison. Photos Muséum d’Angers.
2. Pathologie articulaire chez un boa
MHNAn.2004.012, Boa constrictor Linnaeus, 1758
Taxonomie : Sauropsida (Reptilia), Squamata, Boidae
.
Figure 2 : Pathologie articulaire chez un
.
3. Anomalies dentaires chez un lapin
Sans numéro d’inventaire, Oryctolagus cuniculus (Linnaeus, 1758)
Taxonomie : Mammalia, Lagomorpha, Leporidae
Un crâne de lapin avec mandibule, ayant appartenu aux collections de
l’Université Catholique de l’Ouest (toujours non inventorié), présente des
Le squelette monté et exposé (Figure 2) d’un
spécimen mâle de boa, né en captivité,
présente des pathologies articulaires avec
hypertrophie osseuse dans une grande partie
des vertèbres du mi-corps. Il s’agît
probablement d’osteitis deformans, une
maladie souvent décrite chez cette espèce en
captivité (Zwart et al., 2001)
Figure 2 : Pathologie articulaire chez un boa.
A, spécimen complet en vitrine.
B, détail montrant l’ossification anormale des vertèbres.
Photos Muséum d’Angers
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anomalies dentaires bien évidentes (Figure 3). Les dents incisives, supérieures et
inférieures, sont courbées pathologiquement, ayant grandi dans le mauvais sens
de rongement (Miles, Grigson, 1990) ; l’incisive inférieure droite est cassée.
Malgré ça, la dentition est complète et les cornets nasaux sont intacts ; le
zygomatique droite, étant cassée, est disparu ; la branche droite de la mandibule
est cassée ; les ptérygoïdes sont abîmés. Probablement un individu sous-adulte
(synchondrose sphéno-occipitale non fermée).
Figure 3 : Crâne de lapin avec des incisives supérieures et inférieures ayant grandi dans le mauvais sens de
rongement. A, vue latérale droite, montrant surtout la courbe des incisives supérieures vers l’intérieur et la
gauche ; la mandibule a été attachée au crâne au fil de fer pour garantir l’intégrité du spécimen. B, vue
frontale, la courbe des incisives inférieures vers la droite est remarquable ; l’incisive inférieure droite est
cassée. Photos Muséum d’Angers.
4. Pathologie hypertrophique appendiculaire chez un maki
MHNAn.2016.185, Varecia rubra É. Geoffroy, 1812
Taxonomie : Mammalia, Primates, Lemuridae
Un individu mâle de maki roux, mort au Bioparc-Zoo de Doué-la-Fontaine,
présentait une exostose symétrique de la diaphyse des fémurs, des tibias et des
humérus (Figure 4). La lésion cesse abruptement à la métaphyse distale et est
constitué d’os spongieux anormale, ce qu’indique une périostite ostéomyélite ou
une ostéopathie hypertrophique (R. Wedlarski, communication personnelle). Les
rotules, attaquées aussi, ont sa face externe largement défigurée. N’ayant pas été
noté pendant la nécropsie au zoo, la pathologie n’a été remarquée que pendant la
préparation taxidermique, trop tard pour un diagnostic plus précis par
histopathologie.
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Figure 4 : Pathologie hypertrophique chez un maki roux. A, fémurs droit et gauche, vue postérieure, montrant
l’extension de la tumeur. B, extrémité proximale du fémur droite, montrant des masses tumorales affectant les
deux trochanters et des spicules osseuses anormales (flèche). C, diaphyse du fémur droite, vue latérale,
montrant des coups longitudinaux occasionnés durant la préparation taxidermique, exposant l’os spongieux
interne anormale (flèche). D, extrémité distale du fémur droite, vue médiale, montrant de la croissance
osseuse anormale dans l’épicondyle médial (flèche). E, rotules droite et gauche, vue antérieure, montrant des
masses tumorales défigurantes. F, rotules gauche et droite, vue postérieure.
5. Pathologie ostéoclastique chez un singe
MHNAn.2010.505, Chlorocebus aethiops (Linnaeus, 1758)
Taxonomie : Mammalia, Primates, Cercopithecidae
Un crâne de grivet présente un possible processus ostéoclastique (Figure 5) :
le maxillaire gauche se trouve trouée possiblement à cause d’une néoplasie ou
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d’une infection (abcès dentaire de la canine gauche). Ne pas confondre avec le
trou dans la calotte, artificiellement fait pour le montage taxidermique.
Figure 5 : Possibles signes d’un processus ostéoclastique chez un grivet. Le maxillaire gauche présente des
trous pathologiques à l’endroit de la racine de la canine (flèche). Photo Muséum d’Angers.
6. Modification artificielle du crâne chez l’homme
MHNAn.2010.515, Homo sapiens Linnaeus, 1758
Taxonomie : Mammalia, Primates, Hominidae
Possible déformation volontaire du crâne par contraint post-natal dans un
individu masculin de provenance archéologique daté du moyen âge (Figure 6).
Des modifications crâniennes aboutissant à une forme trop ovoïde du neurocrâne
ont été communes en Europe au moyen âge (V. Toro-Ibacache, communication
personnelle). Ce spécimen a été mentionné par Muffang et de Lapouge (1907)
qui semble le décrire comme un brachycéphale naturel, ce qui n’est probablement
pas le cas.
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Figure 6 : Possible modification artificielle du crâne. La forme trop ovoïde du neurocrâne semble indiquer une
contrainte du développement osseux normal par un bandeau de tissu (flèches et lignes schématiques) porté
durant l’enfance de l’individu. Photo Muséum d’Angers.
7. Maladie de Paget chez l’homme
Sans numéro d’inventaire, Homo sapiens Linnaeus, 1758
Taxonomie : Mammalia, Primates, Hominidae
Une calotte crânienne (Figure 7), don récent de J. Mornand au Muséum
d’Angers (toujours non inventorié), montre de signes de la maladie de Paget
(Paget’s disease), dont le plus évident est l’épaisseur excessive des os de la voûte
crânienne (Ortner, 2003). Le spécimen porte une inscription écrite directement
sur l’os à l’encre d’archive : « Calotte crânienne [sic] ayant / appartenu [sic] au
Dr Pillet / vers 1950 / Don de son père en 1965 / Ossification anormale / Maladie
de Paget / J. MORNAND ». Cet individu a probablement été diagnostiqué de son
vivant, confirmé par autopsie.
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Figure 7 : Maladie de Paget chez l’homme. Calotte crânienne préparée, où l’énorme épaisseur des os de la
voûte crânienne est bien visible. A, vue intérieure. B, vue extérieure. C, inscription. Photos Muséum d’Angers.
8. Pathologie dégénérative chez une tigresse
MHNAn.2004.031, Panthera tigris (Linnaeus, 1758) ; P. t. sumatrae Pocock,
1929
Taxonomie : Mammalia, Carnivora, Felidae
Le squelette complet d’une femelle de tigre, âgé de 16 ans et venant du Zoo de
Doué-la-Fontaine, présente quelques des signes discernables de pathologies
dégénératives, dont enthésopathies et arthropathies sur les membres (Figure 8),
vertèbres et côtes. Bien que mort de cancer généralisé (selon le rapport de
nécropsie), des signes néoplasiques ne sont pas visibles sur le squelette.
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Figure 8 : Signes de pathologie dégénérative chez une tigresse. A, enthésopathie ou exostose sur la diaphyse
du tibia gauche. B, arthropathie et enthésopathie du grand trochanter du fémur droit. C, comparaison entre les
extrémités proximales des fémurs (vue postérieure), la gauche étant normale, la droite pathologique.
9. Pathologie développementale du crâne chez un rhinocéros
MHNAn.2010.439, Rhinoceros sondaicus Desmarest, 1822 ; R. s. sondaicus
Desmarest, 1822
Taxonomie : Mammalia, Perissodactyla, Rhinocerotidae
Un crâne incomplet de rhinocéros présente des caractères pathologiques
(Figure 9), bien qu’un diagnostic ne soit pas proposé ici. L’occiput présent une
déformation latérale de tout l’axe sagittal vers la gauche. Des fosses régulières et
sans remodelage osseux sont visibles dans la partie supérieure du crâne (os
pariétaux et occipital), ainsi comme une excroissance osseuse anormale dans la
cavité cérébrale, à peine visible à travers le foramen magnum. Ce spécimen a été
décrit dans l’article de Prôa et al. (2017) dans ce tome du Bulletin de la SESA.
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Figure 9 : Pathologie développementale du crâne chez un rhinocéros. A, vue postéro-inférieure, où la
déformation latérale de l’axe sagittal du crâne est mise en évidence. B, vue postérieure, où la déformation est
aussi visible, ainsi que des fosses sans remodelage osseux (flèches). C, l’excroissance osseuse dans la
cavité cérébrale, visible à travers le foramen magnum.
10. Pathologie néoplasique axiale chez un okapi
MHNAn.2014.1113, Okapia johnstoni (P.L. Sclater, 1901)
Taxonomie : Mammalia, Artiodactyla, Giraffidae
Un okapi femelle est mort d’une pathologie néoplasique (cancer) bien décrite
dans le rapport de nécropsie du Bioparc-Zoo de Doué-la-Fontaine. Le squelette
étant préparé et monté hors la peau, la pathologie est facilement remarquable sur
les os, surtout au niveau des vertèbres thoraciques (Figure 10), où une
hypertrophie anormale de l’os (hyperostose) a fusionné les vertèbres T3 à T8
ensemble. Le cancer a aussi créé des ossifications anormales sur le sternum.
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Figure 10 : Pathologie néoplasique (cancer) chez un okapi. A, vertèbres thoraciques, vue ventrale, montrant
la tumeur osseuse qui fusionne toutes les vertèbres ensemble. B, vertèbres thoraciques, vue latérale. C,
sternum, vue latéro-ventrale, où une excroissance osseuse anormale est clairement visible (flèche).
Discussion
Cet article signale des spécimens ostéopathologiques et avec des
anomalies osseuses se trouvant dans les collections du Muséum des sciences
naturelles d’Angers. Chacun de ses spécimens mérite une attention plus ciblée
vers le diagnostique correct des pathologies. Comme ça, ces spécimens peuvent
être des objets didactiques importants pour l’éducation du grand public aux
problématiques de la santé. Du coté scientifique, ces spécimens sont à la
disposition des chercheurs.
Remerciements
Je remercie Benoît Mellier, Michel Beucher, Viviana Toro-Ibacache et Rudy
Wedlarski pour leurs renseignements sur certains spécimens ou ses pathologies,
et aussi Thomas Rouillard pour son aide à l’édition et la mise en page de cet
article.
Bibliographie
DEGUEURCE, Christophe, 2006. Les collections de l’École nationale
vétérinaire d’Alfort : rappels historiques, actualité et perspectives. In : Bulletin de
la Société française d’histoire de la médecine et des sciences vétérinaires. 2006.
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Vol. 6, p. 3‑24.
HIGHFIELD, Andy C, 2000. The tortoise and turtle feeding manual. S.l. :
Carapace. ISBN 1873943237.
MILES, A E W et GRIGSON, Caroline, 1990. Colyer’s Variations and
Diseases of the Teeth of Animals. Revised ed. S.l. : Cambridge University Press.
ISBN 0521544076.
MUFFANG, H et DE LAPOUGE, G, 1907. Note sur des crânes Angevins
mérovingiens et du moyen âge. In : Bulletin de la Société d’études scientifiques
d’Angers. 1907. Vol. 26, p. 123‑133.
ORTNER, Donald J, 2003. Identification of Pathological Conditions in
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PRÔA, Miguel, BEUCHER, Michel et MELLIER, Benoît, 2017. Notice et
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d’Études Scientifiques de l’Anjou. 2017. Vol. 28, p. 000‑000.
ZWART, P, HETZEL, U et DIK, K J, 2001. Osteitis deformans and
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Ber. Erkrk. Zootiere. 2001. Vol. 40, p. 61‑66.
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