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L’OSTRACISME. AVANCÉES SCIENTIFIQUES SUR LA THÉMATIQUE
D’UNE MENACE QUOTIDIENNE
Anthony Cursan, Alexandre Pascual, Marie-Line Félonneau
Groupe d'études de psychologie | « Bulletin de psychologie »
2017/5 Numéro 551 | pages 383 à 397
ISSN 0007-4403
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-bulletin-de-psychologie-2017-5-page-383.htm
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Pour citer cet article :
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Anthony Cursan et al., « L’ostracisme. Avancées scientifiques sur la thématique
d’une menace quotidienne », Bulletin de psychologie 2017/5 (Numéro 551),
p. 383-397.
DOI 10.3917/bupsy.551.0383
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bulletin de psychologie
/ tome 70 (5) / 551 / septembre-octobre 2017 383
a Université de Rouen-Normandie, France.
b Université de Bordeaux, France.
Correspondance : Anthony Cursan, Université de
Rouen-Normandie, Département de psychologie,
rue Lavoisier, 76821 Mont-Saint-Aignan Cedex,
France.
Courriel : anthony.cursan@univ-rouen.fr
Texte reçu le 14 mars 2016 et accepté le 10 oc-
tobre 2016
http://www.bulletindepsychologie.net
Résumé : Cet article présente une revue de littérature des principaux tra-
vaux sur l’ostracisme (le fait d’être exclus ou ignoré) parus ces vingt dernières
années. D’une manière générale, les résultats sont très concordants sur le fait
que l’ostracisme constitue une menace des besoins d’appartenance, de contrôle,
de maintien d’une estime de soi élevée et d’être reconnu comme existant de
manière signicative. Il peut conduire à un sentiment de douleur, à des com-
portements inadaptés et, s’il devient chronique, à un sentiment d’aliénation et
d’impuissance acquise. Cet article présente également l’effet de plusieurs va-
riables dispositionnelles et situationnelles pouvant modérer la menace induite
par l’ostracisme. Enn, nous proposons une réexion sur les différents résultats
présentés en matière d’applicabilité.
Ostracism: Scientic Advances in the Study of an Everyday Threat
Abstract: This article offers a literature review of the most important research
on ostracism (being excluded or ignored) published over the last twenty years.
In general, the results of this research are very much in agreement on the fact
that ostracism constitutes a threat to human needs for belonging, control, self-
esteem, and meaningful existence. It can lead to a sense of pain, maladaptive
behaviors, and, if it persists chronically, feelings of alienation and learned hel-
plessness. The article also addresses the effect of a number of dispositional and
situational variables that may moderate the threat posed by ostracism. Finally,
we offer a reection on the results of the various studies in regard to their ap-
plicability.
L’ostracisme. Avancées scientiques sur la thématique d’une menace
quotidienne
C Anthony a
P Alexandre b
F Marie-Line b
BULLETIN_551.indb 383 14/09/17 21:30:20
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bulletin de psychologie
Depuis une vingtaine d’années environ, on
constate, dans le domaine de la psychologie scien-
tique, un intérêt particulier porté à l’étude de
l’ostracisme social. Sous sa forme la plus simple,
ce terme désigne le fait d’être exclu ou ignoré par
autrui (Williams, 2007). Bien que cette dénition
puisse paraître vague de prime abord, nous verrons
qu’elle englobe une multitude de comportements
sociaux subtils, que l’individu peut être amené à
rencontrer dans la vie quotidienne, lui signalant
qu’il n’est pas « désiré » dans une situation sociale
donnée. Du fait de sa relative banalité dans la vie
quotidienne, l’ostracisme constitue un objet d’étude
particulièrement intéressant en sciences humaines
et peut susciter de nombreuses réexions en matière
d’applicabilité. L’objectif de cette revue de littéra-
ture est de sensibiliser le lecteur, que celui-ci soit
praticien, chercheur ou étudiant, sur cette question
sociétale importante que constitue l’ostracisme, en
particulier sur la menace que celui-ci peut entraîner
sur l’individu qui en fait l’expérience.
Plusieurs aspects seront abordés au cours de cet
article. Dans un premier temps, nous dénirons la
notion d’ostracisme. Nous expliquerons également
de quelle manière celui-ci a été étudié scientique-
ment. Les causes, puis les conséquences de l’os-
tracisme sur l’individu seront ensuite développées.
Enn, seront présentés différents facteurs pouvant
modérer l’impact de l’ostracisme.
INTRODUCTION AU CONCEPT
D’OSTRACISME
Dénition et description du phénomène
Le terme « ostracisme » a son origine dans la
Grèce antique (du grec ostrakismos). Il était utilisé
lorsque les Athéniens votaient pour choisir les
personnes jugées dangereuses pour la cité et devant
être bannies pour une période de dix ans. Le plus
souvent, il s’agissait d’anciens dirigeants politi-
ques, dont on soupçonnait des ambitions tyranni-
ques. Le mot « ostracisme » était utilisé, car le nom
des personnes à bannir était inscrit sur un ostracon
(substitut de céramique, dont le nom provient de sa
ressemblance avec une coquille d’huitre, élément
pouvant aussi être utilisé pour le recueil des
suffrages). En psychologie, le sens du mot évolue
quelque peu par rapport à la dénition originale,
puisqu’il désigne un comportement plutôt implicite
de distanciation, d’ignorance ou d’indifférence,
à distinguer du rejet, désignant une mise à l’écart
explicite (Williams, 2007). L’ostracisme peut se
manifester dans la vie quotidienne de nombreuses
manières : lorsqu’un enfant n’est pas choisi pour
participer à un jeu, lorsqu’une personne n’est pas
invitée à une soirée de gens qu’elle connaît, ou
encore lorsqu’un interlocuteur ne répond pas à
nos appels téléphoniques, nos messages ou nos
SMS. Parfois, l’ostracisme peut aussi provenir de
personnes proches (conjoint, parent, enfant). Il se
manifeste alors par l’intermédiaire de compor-
tements distants et par un refus implicite de l’in-
teraction, que Williams (2001) nomme « Silent
Treatment »
1
.
Une situation d’ostracisme met en scène deux
ou plusieurs individus. Le terme « source d’ostra-
cisme » est employé pour désigner les individus
ayant un comportement d’ignorance et le terme
« cible d’ostracisme » est utilisé pour désigner la ou
les personnes mises à l’écart ou « ostracisée(s) ». Il
semble important de mentionner que l’ostracisme
est un comportement subi et non un comportement
choisi. Un individu peut, bien évidemment, choisir
d’être seul ou de vivre en ermite, mais on ne peut,
dans ce cas, parler d’ostracisme. L’ostracisme ne
doit également pas être confondu avec la discri-
mination, dans le sens où la discrimination est le
plus souvent fondée sur une identité (par rapport au
groupe d’appartenance), ayant une mauvaise répu-
tation dans un domaine particulier. La spécicité
de l’ostracisme est qu’il peut frapper tous les indi-
vidus, qu’ils appartiennent ou non à des groupes
sociaux stigmatisés ou dominés. Enn, l’ostracisme
est à distinguer du harcèlement (ou intimidation ou
encore bullying ; Williams, Nida, 2009), consistant à
persécuter, le plus souvent en groupe, une personne
par le recours à des intimidations, des menaces ou
des moqueries explicites. En effet, alors que harcè-
lement constitue un renforcement « positif », visant
ouvertement à nuire à autrui, l’ostracisme est un
renforcement « négatif », en ce sens qu’il consiste
en une privation d’interaction sociale.
L’ostracisme dans le champ de la psychologie
scientique
À l’échelle de l’histoire des sciences humaines et
sociales, on constate que l’ostracisme, en tant que
comportement spécique, a commencé à être étudié
assez tardivement. En effet, si l’intérêt porté à la
perte de lien social n’est pas nouveau, notamment en
référence aux travaux de Harlow (1958) ou Bowlby
(1969, 1973), considérés comme des auteurs clas-
siques de la psychologie, on constate que ceux-ci
étaient globalement focalisés sur l’enfant et son
attachement à une gure maternelle. Il était néces-
saire, d’un point de vue théorique, d’identier des
facteurs de lien social pouvant inuencer le bien-
1. Traitement par le silence, ou, selon le contexte,
placardisation.
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être de l’individu « ici et maintenant », sans faire
nécessairement référence à son histoire.
L’ostracisme a, dans un premier temps, été décrit
par Gruter et Masters (1986), selon une perspec-
tive éthologique et sociobiologique. Ces auteurs
avaient, notamment, relevé l’existence, dans de
très nombreuses cultures du monde et chez de
nombreuses espèces animales, de comportements
visant à exclure et rejeter des individus d’une
communauté. Ainsi, selon Gruter et Masters, l’os-
tracisme est un phénomène social et biologique,
dont la fonction première est le maintien de la cohé-
sion au sein d’un groupe. Quelques années plus tard,
Baumeister et Leary (1995) publient une revue de
littérature sur le besoin d’appartenance, semblant
avoir beaucoup contribué au développement de la
recherche sur l’ostracisme. Selon ces auteurs, tout
individu éprouverait un fort besoin d’appartenance,
de contact avec autrui et d’attachement, qui le
conduirait à rechercher l’afliation à d’autres indi-
vidus. Ainsi, alors que la formation de liens sociaux
conduit généralement à des émotions positives, la
perte de liens sociaux conduit, au contraire, à des
émotions négatives et à un sentiment de détresse.
C’est l’étude de cette détresse, qui a motivé les
psychologues à se pencher sur la question de l’os-
tracisme social et de ses conséquences sur l’indi-
vidu qui en est la cible.
L’étude d’un sujet comme l’ostracisme a permis
d’enrichir la compréhension des interactions inte-
rindividuelles en psychologie sociale en y inté-
grant une dimension affective (aspect jusqu’alors
quelque peu délaissé de la discipline). L’objectif
principal des premiers travaux sur l’ostracisme
était d’apporter une preuve empirique que celui-ci
constitue une menace profonde pour l’individu et
de montrer que celui-ci peut conduire la cible à une
recherche active de lien social sur le court terme, et
à un sentiment général d’impuissance sur le long
terme (Williams, 1997).
L’OPÉRATIONNALISATION
SCIENTIFIQUE DE L’OSTRACISME
L’étude scientique d’un phénomène comme l’os-
tracisme social semble offrir au chercheur un large
panel de techniques et de méthode. En examinant
de près la littérature sur l’ostracisme, on constate
que ce phénomène a surtout été étudié en labora-
toire, selon une méthodologie expérimentale. Dans
la plupart de ces recherches, il s’agit d’insérer un
individu dans une situation d’exclusion (en compa-
raison à une situation d’inclusion) et de mesurer
ensuite la variable dépendante correspondante au
phénomène étudié. D’un point de vue déontologique
et de par l’hypothèse de départ selon laquelle l’os-
tracisme affecte l’individu sur diverses dimensions
psychologiques, il est nécessaire que la manipula-
tion expérimentale de l’ostracisme se fasse toujours
sur le court terme avec une explication détaillée de
la manipulation à la suite de l’expérience.
L’une des premières méthodes d’opérationnalisa-
tion de l’ostracisme est le paradigme « Ball Toss »
(Williams, Sommer, 1997), mettant en scène un
participant naïf et deux compères dans un jeu de
lancer de balle. Alors qu’en condition d’inclusion
les compères envoient la balle au sujet naïf tout au
long du jeu, ils se mettent à l’ignorer totalement
après quelques lancers en condition d’exclusion.
Parmi les premiers paradigmes d’opérationnali-
sation de l’ostracisme, on note également le para-
digme « Get Acquainted » (Nezlek, Kowalski,
Leary, Blevins, Holgate, 1997), avec lequel on
propose à des participants de discuter entre eux sur
des sujets précis. Ceux-ci sont ensuite séparés et on
leur demande de mentionner avec qui ils aimeraient
travailler par la suite. Dans la situation d’inclusion,
on annonce au participant qu’il a été choisi par la
majorité, alors que, dans la situation d’exclusion,
on lui annonce qu’il n’a été choisi par personne. Un
autre paradigme, le YIPS (pour « Yale InterPersonal
Stressor »), proposé par Stroud, Tanofsky-Kraff,
Wiley et Salovey (2000), se présente sous la forme
d’une simulation de discussion à trois personnes,
parmi lesquelles deux compères ont pour consigne
d’exclure le participant par diverses techniques,
aussi bien non verbales que verbales.
Par la suite, ont été mises au point des méthodes
de passation individuelle et ne nécessitant pas de
compères humains, très certainement dans le but
de simplier au maximum l’opérationnalisation.
Ainsi naquit le « Cyberball »
2
(Williams, Cheung,
Choi, 2000 ; Williams, Jarvis, 2006), l’un des para-
digmes les plus utilisés à ce jour dans la recherche
sur l’ostracisme. On propose au participant de jouer
à un jeu de lancer de balle sur ordinateur en réseau
avec deux ou trois autres joueurs (en réalité des
compères virtuels). L’expérience est décrite comme
un programme pour entraîner sa visualisation
mentale. On demande notamment au participant
de se représenter mentalement les autres joueurs,
ainsi que l’environnement dans lequel ils jouent. En
condition d’inclusion, le participant reçoit la balle
régulièrement, alors qu’en condition d’exclusion, il
la reçoit beaucoup plus rarement.
2. Cyberball est un outil actuellement téléchargeable
gratuitement sur la page http://williams.socialpsychology.
org/research
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Parmi les méthodes d’opérationnalisation de l’os-
tracisme, le paradigme « Life Alone » (Baumeister,
Twenge, Nuss, 2002 ; Twenge, Baumeister, Tice,
Stucke, 2001) est également régulièrement utilisé.
Celui-ci consiste à faire passer un test de personna-
lité ctif à un participant et à lui donner un compte
rendu arbitraire. Dans une condition (la condition
d’acceptation future), on annonce au participant
qu’il développera une forte capacité à nouer et à
entretenir des contacts sociaux stables avec autrui.
Dans une autre condition (la condition d’exclusion
future), on annonce, au contraire, au participant,
qu’il aura, dans le futur, beaucoup de difculté à
entretenir des contacts sociaux stables avec autrui.
En général, une autre condition, où il est annoncé
au participant qu’il vivra des événements négatifs
(sans lien avec l’exclusion) est également présente
(condition malchance), pour comparer l’effet d’un
événement socialement douloureux à celui d’un
événement négatif non social. L’inconvénient
principal de ce paradigme, par ailleurs simple à
mettre en œuvre, est son manque de validité écolo-
gique (le type de situation proposé ayant peu de
chance de se rencontrer dans la vie quotidienne).
Celui-ci est également discutable d’un point de vue
déontologique.
Il existe de nombreux autres paradigmes expéri-
mentaux d’opérationnalisation de l’ostracisme : par
l’intermédiaire de messages écrits sur ordinateur
(Williams, Govan, Croker, Tynan, Cruickshank,
Lam, 2002), par SMS (Smith, Williams, 2004), par
l’intermédiaire du jeu de rôle (Zadro, Williams,
Richardson, 2005), par l’intermédiaire d’un rappel
manuscrit d’une situation d’ostracisme (Molden,
Lucas, Gardner, Dean, Knowles, 2009), par la non-
information (Jones, Carter-Sowell, Kelly, Williams,
2009), par le regard (Wirth, Sacco, Hugenberg,
Williams, 2010), par visioconférence (Goodacre,
Zadro, 2010), par une simulation de « non-sélec-
tion » pour la participation à un jeu en ligne (Wirth,
Turchan, Zimmerman, Bernstein, 2014) ou encore
par une simulation de réseau social (de type Face-
book) dans laquelle l’ostracisme est manipulé par
le nombre de « Like » (J’aime) que le participant
reçoit sur son prol (Wolf, Levordashka, Ruff,
Kraaijeveld, Lueckmann, Williams, 2015).
Outre la méthode expérimentale, l’ostracisme
a été étudié selon d’autres méthodes, notamment
qualitatives (entretiens) et psychométriques (ques-
tionnaires et échelles). Ces méthodes ont, toute-
fois, donné lieu à un faible nombre de recherches,
comparé aux études expérimentales. Zadro (2004),
dans sa thèse de doctorat, a étudié l’impact de l’os-
tracisme par l’intermédiaire d’entretiens avec des
personnes qui en avaient été la cible. Elle a réalisé
une analyse du discours et relevé les grands thèmes
abordés par les personnes. De la même manière, il
existe des échelles pour évaluer les conséquences de
l’ostracisme chronique (par exemple, Ferris, Brown,
Berry, Lian, 2008 ; Gilman, Carter-Sowell, DeWall,
Adams, Carboni, 2013), mais, à notre connaissance,
aucune d’entre elles n’a encore été traduite et validée
en langue française. Ce type d’échelle peut consti-
tuer une base pour des études corrélationnelles.
POURQUOI UN INDIVIDU
EST-IL OSTRACISÉ ?
En psychologie sociale, on sait, depuis long-
temps, que le fonctionnement des groupes opère
selon une logique qui leur est propre et ne peut, en
aucun cas, être réduit à la somme des individus qui
les composent (Lewin, 1951). Comme nous l’avons
précédemment mentionné, l’ostracisme a un rôle
adaptatif de l’individu et permet au groupe d’aug-
menter sa cohésion (Gruter, Masters, 1986). On
peut, toutefois, se demander comment sont choisies
les cibles d’ostracisme. D’un point de vue évolu-
tionniste, on peut penser que les membres les moins
adaptés au fonctionnement du groupe sont ceux
ayant le plus de probabilité d’en être exclus. Les
travaux de Schachter (1951) semblent conrmer
cette hypothèse. Ce chercheur a observé que, dans
une discussion, le fait de proposer un point de vue
radical et à l’encontre de la norme d’un groupe
pouvait conduire le sujet à se faire progressivement
exclure de cette discussion. La déviance aux normes
collectives semble donc être une caractéristique
pouvant motiver l’exclusion d’un individu. L’ostra-
cisme peut également être utilisé lorsque la source
a un reproche à formuler à la cible. Il pourrait ainsi
être pratiqué plus ou moins consciemment comme
une punition, particulièrement lorsqu’il provient de
personnes proches ou que la cible connaît person-
nellement, comme le conjoint (Williams, 2001).
Enn, il semble que certains prols psychologi-
ques soient davantage susceptibles de connaître le
rejet de la part d’autrui. Ce serait particulièrement
le cas pour les individus déprimés (Coyne, 1976a,
1976b) ou socialement anxieux
3
(Blöte, Bokhorst,
Miers, Westenberg, 2012). On notera également
que, d’après Starr et Davila (2008), les individus
en recherche excessive de réconfort seraient plus
enclins à se faire rejeter par autrui que les autres.
Ainsi, la nalité de l’ostracisme serait d’éliminer
les individus « problématiques », pouvant entraver
la bonne marche d’un groupe, de manière à ce que
celui-ci fonctionne plus efcacement.
3. Ce résultat a été essentiellement mis en évidence chez
des adolescents.
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LES CONSÉQUENCES
DE L’OSTRACISME SUR L’INDIVIDU
Le fait d’être exclu ou ignoré peut avoir de
très nombreuses conséquences psychologiques.
Certaines sont immédiates et d’autres s’expriment
de manière différée. D’après Williams (2009), le
processus d’ostracisme opère selon trois phases.
La première phase de l’ostracisme est la phase dite
« réexive ». Elle se traduit notamment par un éveil
physiologique (Kelly, Mcdonald, Rushby, 2012) et
un sentiment de menace (Williams et coll., 2000).
L’individu mettrait ensuite en place des compor-
tements adaptatifs. Cette phase est appelée phase
« réective ». Enn, si l’ostracisme est vécu de
manière répétée et devient chronique, les capa-
cités d’ajustement diminuent progressivement et
un sentiment d’impuissance peut alors se mani-
fester chez l’individu. On parle alors de phase de
résignation.
Nous allons à présent décrire les principaux
résultats mis en évidence à ce jour sur l’impact de
l’ostracisme sur l’individu qui est la cible.
Ostracisme et réactions physiologiques
immédiates
Dès les premiers instants où il est perçu, l’os-
tracisme constitue un message d’alerte pouvant
se traduire par une multitude de réactions physio-
logiques. L’ostracisme entraîne notamment une
augmentation de la tension artérielle, du niveau de
cortisol (Stroud et coll., 2000, expérience 2) et du
rythme cardiaque (Ifand, Sansen, Catani, Neuner,
2014), mais ce sont surtout les études de neuroi-
magerie qui ont fourni les données les plus intéres-
santes sur les réactions physiologiques émises par
un individu ostracisé. Eisenberger, Lieberman et
Williams (2003) ont notamment montré que l’os-
tracisme entraînait une plus grande activation de
certaines zones cérébrales, dont la plus marquée
se situe au niveau du cortex cingulaire antérieur,
une zone habituellement activée pendant le ressenti
d’une douleur physique. Cela semble traduire le
caractère particulièrement primaire de l’ostracisme.
En effet, la douleur constitue un message nerveux
signalant au corps que celui-ci est en danger et doit
agir rapidement pour atténuer la menace. De la
même manière, la douleur sociale induite par l’os-
tracisme constitue un message signalant la nécessité
de s’aflier à autrui pour davantage de sécurité.
Outre le fait que l’ostracisme entraîne des réac-
tions de stress et de douleur morale, certains travaux
ont mis en évidence un impact de l’ostracisme sur
d’autres dimensions physiologiques. Zhong et
Leonardelli (2008) ont, par exemple, observé que
le fait de se sentir exclu amenait les participants à
avoir plus froid que lorsqu’ils se sentaient inclus.
Une étude de IJzerman et coll. (2012, expérience
1) a corroboré ce résultat. Ils ont connecté les parti-
cipants à un appareil mesurant la température de
leur peau (à l’extrémité d’un de leur doigt) pendant
qu’ils jouaient au Cyberball et ont mis en évidence
que celle-ci diminuait signicativement chez les
participants exclus en comparaison des participants
inclus.
Au vu de ces quelques résultats, il semblerait
que la perception de l’exclusion soit un processus
cognitif de bas niveau. Dans la mesure où, pour la
survie de l’espèce, il est nécessaire, pour l’individu,
de s’aflier à autrui ; le fait que l’exclusion puisse
conduire à des conséquences physiologiques consti-
tuerait une alerte et aurait pour fonction principale
de pousser l’individu à recréer du lien social.
L’ostracisme comme une menace
Nous développerons maintenant l’idée selon
laquelle l’ostracisme constitue une menace pour
l’individu qui en est la cible. Pour évaluer cela,
Williams et coll. (2000) proposent d’évaluer à quel
degré quatre besoins fondamentaux sont menacés :
appartenance (besoin d’entretenir des liens avec
autrui et d’appartenir à des groupes), contrôle
(besoin de sentir que l’on a un certain niveau de
maîtrise de l’interaction sociale), estime de soi
(besoin de maintenir une image de soi positive)
et sentiment d’existence signicative (besoin de
sentir que l’on est perceptible, visible et remarqué
par autrui). Une évaluation de l’humeur est égale-
ment souvent proposée. Cette évaluation se fait par
l’intermédiaire d’un court questionnaire proposé au
participant en suite d’une situation d’ostracisme ou
d’inclusion induite expérimentalement. La menace
est le plus souvent évaluée à l’aide d’un score
composite, incluant les quatre besoins simultané-
ment. Il est à noter que certains travaux ont égale-
ment réévalué la menace après un léger délai pour
voir à quel point celle-ci était persistante dans la
phase dite « réective ».
De très nombreux travaux ont pu montrer que les
sentiments d’appartenance, de contrôle, d’estime
de soi et d’existence diminuaient signicativement
après un épisode d’ostracisme. Williams et coll.
(2000, expérience 1) ont proposé à des participants
de jouer au Cyberball selon quatre conditions expé-
rimentales, chacune représentant un degré d’ostra-
cisme : surinclusion, inclusion standard, ostracisme
partiel et ostracisme total. Ils ont ensuite évalué la
menace des quatre besoins mentionnés plus haut.
Les auteurs ont observé une relation linéaire entre
l’intensité de l’ostracisme et la menace des besoins
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sociaux fondamentaux. En d’autres termes, plus
l’ostracisme était fort et plus les besoins étaient
menacés. À la suite de cette expérience, la plupart
des recherches n’ont eu recours qu’à deux condi-
tions : une d’inclusion et une d’exclusion. L’effet
menaçant de l’ostracisme sur les besoins sociaux
fondamentaux a été répliqué de nombreuses fois et
avec plusieurs paradigmes expérimentaux. Celui-ci
semble, par conséquent, particulièrement robuste.
L’effet menaçant de l’ostracisme a également été
mis en évidence dans des situations diverses. Ainsi,
il a été montré que l’ostracisme constituait une
menace, même s’il était mentionné que les sources
étaient gérées par ordinateur (Zadro, Williams,
Richardson, 2004). L’ostracisme est également tout
aussi menaçant s’il entraîne des gains et que l’inclu-
sion entraîne des pertes (van Beest, Williams, 2006).
Enn, la menace induite par l’ostracisme persiste si
elle provient de membres d’un exogroupe, même
si celui-ci est réputé négativement (Gonsalkorale,
Williams, 2007).
L’évaluation de la menace des besoins sociaux
fondamentaux et de l’humeur est parmi les varia-
bles dépendantes les plus étudiées dans les travaux
sur l’ostracisme. Cette mesure n’est cependant pas
sufsante pour évaluer la menace occasionnée. Il
semble, notamment, particulièrement important
de connaître les conséquences de l’ostracisme en
termes cognitif et comportemental.
Ostracisme et régulations des cognitions et
des comportements
L’ostracisme est également source d’altérations
cognitivo-comportementales diverses. Twenge,
Catanese et Baumeister (2003) ont notamment
montré que l’ostracisme entraînait, chez le sujet,
un état de « déconstruction cognitive », proche de
l’état précédant le suicide. Il conduirait particuliè-
rement à une distorsion de la perception du temps
(se traduisant par une estimation du temps plus
long, une plus grande difculté à se projeter dans
le futur et une plus grande difculté à retarder la
gratication). Il entraînerait également une certaine
léthargie (voir aussi Barkley, Salvy, Roemmich,
2012), un ralentissement cognitif, une moindre
réactivité émotionnelle et des comportements de
fuite de l’image de soi. L’ostracisme conduit égale-
ment à des cognitions liées à la mort (Steele, Kidd,
Castano, 2015).
D’un point de vue comportemental, l’ostra-
cisme entraîne une diminution de l’autorégulation
(Baumeister, DeWall, Ciarocco, Twenge, 2005),
pouvant se dénir comme la capacité à réguler ses
comportements dans le but de s’adapter à la situa-
tion sociale présente. Baumeister et coll. (2005)
ont mis en place plusieurs expérimentations dans
lesquelles ils ont montré que les participants exclus
régulaient moins leurs comportements. Ceux-ci
étaient, par exemple, plus réticents à s’alimenter
sainement (voir aussi Oaten, Williams, Jones,
Zadro, 2008), étaient plus disposés à abandonner
une tâche de résolution de problèmes insolubles ou
encore parvenaient moins à réguler leur attention.
Il a également été montré que l’ostracisme pouvait
conduire à des comportements autodestructeurs
et particulièrement à davantage de prise de risque
irraisonnée (Twenge, Catanese, Baumeister, 2002).
Ainsi, l’ostracisme semble conduire l’individu à un
moindre contrôle de soi et de ses impulsions.
Des recherches expérimentales ont également pu
montrer que l’ostracisme avait un impact négatif
sur la performance intellectuelle (Baumeister
et coll., 2002) et cognitive (Jamieson, Harkins,
Williams, 2010, expérience 1 ; Lustenberger, Jaga-
cinski, 2010), tout particulièrement sur les tâches
difciles (Baumeister et coll., 2002, expérience
2 ; Chen, Williams, Fitness, Newton, 2008, expé-
riences 3 et 4) faisant appel aux processus contrôlés
(Baumeister et coll., 2002, expérience 3). La dimi-
nution de performances semble pouvoir être inter-
prétée en partie par une diminution de l’autorégula-
tion comme le suggèrent Baumeister et coll. (2002),
principalement du fait que les processus contrôlés
sont les plus altérés.
Ostracisme et rapport à autrui
Nous allons maintenant développer l’idée selon
laquelle l’ostracisme peut conduire à deux types
de comportements sociaux contradictoires : les
comportements antisociaux et les comportements
prosociaux.
Plusieurs recherches ont observé un impact de
l’ostracisme sur le comportement antisocial (et
notamment l’agressivité). Aux États-Unis d’Amé-
rique, on observe périodiquement un phénomène
appelé « Mass Shooting »
4
. Il s’agit d’individus, le
plus souvent jeunes, se rendant dans des écoles ou
des universités (souvent la leur) avec une arme et
ouvrant le feu sur un maximum de personnes. Selon
Leary, Kowalski, Smith et Phillips (2003), dans la
grande majorité des cas, les auteurs de ces actes
se sentaient exclus. Le fait d’agresser quelqu’un
permettrait ainsi de rétablir un sentiment de
contrôle et d’existence. Des études expérimentales
ont également observé l’existence d’un lien entre
exclusion et agressivité. Twenge et coll. (2001)
ont proposé diverses tâches à des participants qui
avaient été inclus ou exclus moyennant différents
4. Homicide de masse (avec une arme à feu).
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bulletin de psychologie
389
paradigmes. D’une manière générale, les partici-
pants exclus manifestaient des comportements plus
agressifs envers autrui. Ils étaient, par exemple,
plus enclins à envoyer un signal sonore désagréable
à un compère ctif que les inclus.
DeWall et Baumeister (2006, expériences 4
et 5) ont également montré que les individus qui
avaient fait l’objet d’une exclusion expérimentale
se montraient moins empathiques à l’égard de la
souffrance d’autrui, que celle-ci soit physique ou
psychologique. L’ostracisme conduit également
à une baisse du comportement altruiste (Twenge,
Baumeister, DeWall, Ciarocco, Bartels, 2007) et à
davantage de comportements malhonnêtes (Poon,
Chen, DeWall, 2013).
Bien que de nombreux travaux aient pu montrer
que l’ostracisme pouvait conduire à des comporte-
ments antisociaux (et à une diminution des compor-
tements prosociaux), plusieurs auteurs ont, à l’in-
verse, observé que l’ostracisme pouvait entraîner
des comportements prosociaux. Certains travaux
ont notamment pu montrer que l’ostracisme pouvait
rendre les individus plus sensibles à diverses tech-
niques d’inuence sociale. Williams et coll. (2000,
expérience 2) ont fait passer, à la suite du Cyber-
ball, une tâche inspirée du paradigme du confor-
misme de Asch (1956). Ils ont ainsi constaté que
les participants exclus avaient davantage tendance
à se conformer à l’opinion d’autrui que les inclus.
Carter-Sowell, Chen et Williams (2008) ont observé
une sensibilité accrue des participants exclus par
rapport aux inclus à diverses techniques d’inuence
sociale (pied dans la porte et porte au nez). Enn,
Riva, Williams, Torstrick et Montali (2014) ont mis
en évidence que les participants exclus par l’inter-
médiaire du Cyberball se soumettaient davantage à
une requête demandée par l’expérimentateur que
les participants inclus. Nous l’avons vu, le fait de
se sentir exclu ou ignoré entraîne une diminution
du sentiment d’appartenance, besoin fondamental
pour l’individu (Baumeister, Leary, 1995). Par
conséquent et dans un but adaptatif, celui-ci conduit
à un désir de renouer des liens (DeWall, Richman,
2011), pouvant se traduire en partie par une sensi-
bilité accrue aux stimuli sociaux. Ainsi, il a été
montré que les individus en situation d’exclusion
se remémoraient les informations sociales avec plus
de facilité que les inclus (Gardner, Pickett, Brewer,
2000), qu’ils identiaient mieux les émotions
subtiles, véhiculées par les expressions faciales
ou le ton de la voix (Pickett, Gardner, Knowles,
2004), et qu’ils avaient une attention sélective plus
prononcée vers les stimuli évoquant une accepta-
tion sociale comme les sourires (Dewall, Maner,
Rouby, 2009). L’ostracisme entraîne également des
comportements de mimétisme inconscient. Lakin,
Chartrand et Arkin (2008) ont ainsi montré que les
personnes ostracisées étaient plus disposées à imiter
le comportement non verbal d’une personne avec
qui ils interagissent (notamment si cette personne
est membre d’un endogroupe). D’une manière
générale, il semble que les comportements proso-
ciaux observés en suite d’une situation d’ostracisme
aient un rôle adaptatif, pour permettre à l’individu
de recréer plus facilement du lien social.
L’ambivalence des résultats, quant à l’impact
de l’ostracisme sur le comportement prosocial
versus antisocial a toujours fait l’objet d’une vive
interrogation dans la communauté scientique
(par exemple, Wesselmann, Ren, Williams, 2015).
D’après Williams (2007), les comportements
prosociaux résulteraient surtout d’une menace des
besoins d’appartenance et d’estime de soi, alors que
les comportements antisociaux seraient surtout la
conséquence d’une menace des besoins de contrôle
et de reconnaissance. Balliet et Ferris (2013) ont,
quant à eux, fait l’hypothèse que la différence
de réponse par augmentation ou diminution des
comportements prosociaux, mis en place après un
épisode d’ostracisme, pourrait s’expliquer en partie
par la manière dont l’individu gère le conit, entre
la tentation immédiate d’une réaction hostile après
avoir été exclu et le bénéce qu’il peut retirer sur le
long terme à ne pas agir de la sorte. Ces auteurs ont
ainsi montré que les sujets manifestaient d’autant
moins de comportements prosociaux après avoir
été exclus qu’ils anticipaient peu les conséquences
futures de leurs actes.
Ostracisme et afliations idéologiques
L’ostracisme peut avoir un effet sur la propension
à adhérer à certaines valeurs et idéologies. Celui-ci
semble par exemple avoir un fort impact sur les
comportements religieux. Aydin, Fischer et Frey
(2010) ont pu mettre en évidence que les personnes
exclues rapportaient de plus hauts niveaux d’af-
liation religieuse et qu’elles se déclaraient plus
enclines à s’engager dans des comportements pieux.
Schaafsma et Williams (2012) ont également montré
que le fait d’être expérimentalement exclus condui-
sait les individus pratiquants à adhérer davantage
à des idées relevant du fondamentalisme religieux
(cet effet était d’autant plus marqué que l’exclusion
provenait d’un membre de l’endogroupe). Enn,
Gómez, Morales, Hart, Vázquez et Swann (2011) ont
montré que, chez les individus fortement identiés
à un groupe, l’ostracisme (notamment de la part de
membres de l’endogroupe) pouvait induire davan-
tage d’idées d’actions extrêmes pro-endogroupe (par
exemple combattre pour l’honneur du groupe).
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bulletin de psychologie
Il a également été montré que l’ostracisme entraî-
nait une attirance plus prononcée vers les individus
et les groupes déviants (Wheaton, 2001), ainsi
qu’une plus grande propension à rejoindre des
groupes idéologiques extrêmes comme des sectes
(Hales, 2014). Il semble que la fonction première
de ces comportements soit de restaurer une image
de soi endommagée par l’ostracisme et de retrouver
un groupe social auquel s’identier. Les groupes
extrêmes semblent, en effet, bien plus que tout
autre groupe, proposer un substitut à des groupes
comme la famille, les amis, etc. Cela pourrait, en
partie, expliquer pourquoi certaines personnes sont
prêtes à s’engager dans des groupes aux actions
ouvertement antisociales, mais offrant un fort esprit
fraternel.
Chronicité de l’ostracisme et résignation
Nous allons maintenant nous intéresser aux
conséquences de l’ostracisme chronique. Ainsi,
nous verrons que le fait, pour un individu, de vivre
des épisodes d’ostracisme de manière répétée et sur
le long terme peut avoir des conséquences particu-
lièrement néfastes quant au bien-être et à la santé.
Depuis longtemps, divers auteurs ont émis l’hy-
pothèse selon laquelle l’ostracisme constituait une
source de troubles psychologiques divers comme
l’anxiété et la dépression (Baumeister, Tice, 1990 ;
Leary, 1990). DeWall, Gilman, Sharif, Carboni et
Rice (2012) ont conrmé le lien entre sentiment
d’exclusion et symptomatologie dépressive par l’in-
termédiaire d’une méthode corrélationnelle et ont,
en outre, mis en évidence que l’effet était médiatisé
par le degré d’autocontrôle du participant.
Zadro (2004) a réalisé des entretiens avec des
personnes victimes d’ostracisme chronique. Elle a
ainsi mis en évidence que ces personnes avaient une
tendance à se résigner et à nir par « accepter leur
sort ». Cette idée a été reprise par Williams (2009),
qui a émis l’hypothèse que lorsque l’ostracisme
devenait chronique, les victimes avaient tendance à
se résigner et à ne plus tenter de restaurer les besoins
menacés. Elles développeraient ainsi des symp-
tômes de résignation acquise (Seligman, 1975) et
chercheraient à éviter, dans la mesure du possible,
les interactions sociales pouvant être source de
souffrance (Smart Richman, Leary, 2009 ; Vange-
listi, Young, Carpenter-Theune, Alexander, 2005).
Nous l’avons vu, l’ostracisme peut avoir de lourdes
conséquences sur l’individu qui en est la cible, aussi
bien à court terme qu’à long terme. Toutefois, on
peut se demander s’il existe des facteurs pouvant
modérer la menace induite par celui-ci.
LES VARIABLES MODÉRATRICES
DES EFFETS DE L’OSTRACISME
Si l’on en croit Williams (2007), l’ostracisme
constituerait un comportement social particulière-
ment puissant et résistant à de nombreux facteurs,
tout particulièrement durant la phase réexive
(Williams, 2009). On peut, toutefois, identier,
dans la littérature scientique, quelques travaux
ayant montré que l’ostracisme pouvait être régulé
par certaines variables, aussi bien dispositionnelles
que situationnelles.
Effet modérateur des caractéristiques
des sources et des cibles
On constate qu’un certain nombre de travaux se
sont intéressés à l’effet modérateur du statut des
sources d’ostracisme. Parmi ceux-ci, les études
sur l’effet de l’ostracisme de la part de membres
de l’endogroupe par rapport aux membres de
l’exogroupe, semblent être les plus nombreuses. Il
semblait plutôt aisé de faire l’hypothèse que l’ex-
clusion par des individus d’appartenance différente
de la sienne serait moins menaçant que l’exclusion
par des individus de même appartenance que soi,
d’autant que les travaux sur la notion d’identité
sociale (Tajfel, Turner, 1979 ; 1986) ont bien montré
l’importance, pour l’individu, de se dénir comme
membre de groupes sociaux avec une propen-
sion implicite à favoriser les individus de l’endo-
groupe (Tajfel, Billig, Bundy, Flament, 1971). Les
premiers travaux sur ce phénomène n’ont toutefois
pas permis de valider cette hypothèse et n’ont pas
mis en évidence d’effet modérateur de la variable
endogroupe/exogroupe dans l’impact de l’ostra-
cisme sur la menace des besoins sociaux fonda-
mentaux (par exemple, Gonsalkorale, Williams,
2007 ; Smith, Williams, 2004) ou sur le confor-
misme (Williams et coll., 2000, expérience 2).
Cependant, on constate, depuis le début des années
2010, que plusieurs études sont parvenues à mettre
en évidence un effet modérateur de cette variable.
Cela semble être particulièrement le cas pour les
groupes, pour lesquels l’identité est saillante,
comme, par exemple, le sexe ou l’origine ethnique.
Wittenbaum, Shulman et Braz (2010) ont ainsi
montré qu’il était plus menaçant d’être exclu, à la
fois, par une personne de même sexe que soi et une
personne de sexe opposé, que par deux personnes de
sexe opposé. Bernstein, Sacco, Young, Hugenberg
et Cook (2010) ont mis en évidence qu’en mani-
pulant l’ostracisme endogroupe/exogroupe (avec
le Cyberball), sur la base de groupes fortement
essentialisés (comme l’origine ethnique), les effets
néfastes de l’ostracisme et les effets bénéques de
l’inclusion sur la menace des besoins fondamen-
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bulletin de psychologie
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taux étaient ampliés en condition endogroupe,
par rapport à la condition exogroupe. Au vu de ces
quelques résultats, il semble que, pour des groupes
fortement essentialisés, l’ostracisme ait des effets
d’autant plus puissants que celui-ci provient de
membres de l’endogroupe. Ces résultats doivent,
toutefois, être conrmés par d’autres travaux.
Outre le statut endogroupe/exogroupe, le nombre
de sources et leur lien affectif perçu peuvent
modérer l’impact de l’ostracisme sur la menace.
Ainsi, Abayhan et Aydin (2014), en utilisant le para-
digme « Get Acquainted », ont montré que l’ostra-
cisme était d’autant plus menaçant que les sources
étaient nombreuses (voir aussi Tobin, McDer-
mott, French, 2016) et les cibles peu nombreuses.
Iannone, McCarty, Kelly et Williams (2014) ont,
quant à eux, observé que le fait d’être exclu (avec
le Cyberball) par deux personnes qui se connaissent
et sont amies est moins menaçant pour les besoins
fondamentaux que d’être exclu par des personnes
qui ne se connaissent pas entre elles.
Le nombre de cibles, ainsi que leur lien affectif,
constituent également un modérateur. Van Beest,
Carter-Sowell, van Dijk et Williams (2012, expé-
rience 2) ont ainsi montré que le fait de jouer au
Cyberball par groupes de deux permettait un
meilleur ajustement à la menace induite par l’os-
tracisme. Enn, Teng et Chen (2012) ont mis en
évidence que la présence d’une personne proche
(ami), pendant un épisode d’ostracisme, réduit la
menace induite par celui-ci (même si cet effet a été
essentiellement observé chez les personnes ayant
une estime de soi élevée et non chez les personnes
ayant une faible estime de soi).
Parmi les variables modératrices de l’ostracisme,
le statut des sources et des cibles semble être impor-
tant à prendre en compte pour une validité écolo-
gique sufsante. En effet, l’étude d’un ostracisme
« brut » (sans prise en compte des identités ou des
statuts des sources et des cibles) semble atteindre
rapidement ses limites, en raison de la rareté de ce
type de situation dans la vie quotidienne.
Le rôle modérateur des variables
sociodémographiques
Les appartenances sociales effectives de la cible
d’ostracisme semblent (dans certains cas) consti-
tuer un modérateur. Williams et Sommer (1997)
ont, par exemple, étudié l’impact de l’ostracisme
sur la compensation/paresse sociale et ont mis en
évidence des résultats différents chez les hommes
et les femmes dans cette dimension. Les auteurs ont
montré que, dès lors que l’on proposait une tâche
collective aux participants, les femmes exclues
participaient davantage, alors que cet effet ne se
manifestait pas chez les hommes. Pour les auteurs,
la participation à une tâche collective témoigne
de la volonté de réintégrer un groupe après un
épisode d’ostracisme et les hommes et les femmes
n’auraient pas la même stratégie d’ajustement face
à l’ostracisme. Toujours pour ce qui touche à la
variable sexe, Hawes et coll. (2012) se sont inté-
ressés à l’impact de l’ostracisme sur la mémoire de
travail des enfants de 8 à 12 ans, garçons et lles.
Ces auteurs ont observé un déclin de la mémoire de
travail en situation d’ostracisme, mais uniquement
chez les lles. Les auteurs pensent que ces résultats
peuvent s’expliquer par la plus grande propension
des lles à avoir recours à la rumination mentale.
L’ostracisme semble également avoir des effets
différents selon l’âge de la cible. Pharo, Gross,
Richardson et Hayne (2011) ont étudié l’impact
de l’ostracisme sur des participants de trois tran-
ches d’âge (13-17 ans, 18-22 ans et 23-27 ans).
Ces auteurs ont montré que si l’ostracisme consti-
tuait une menace des besoins fondamentaux pour
tous les groupes, la magnitude de l’effet était plus
importante sur les deux groupes les plus jeunes que
sur le groupe le plus âgé. De la même manière,
Abrams, Weick, Thomas, Colbe et Franklin (2011)
ont montré que l’ostracisme menaçait davantage le
besoin d’estime de soi chez les enfants par rapport
aux autres tranches d’âge et que, chez les adoles-
cents, le besoin d’appartenance était plus menacé
que les autres besoins. Enn, l’ostracisme semble
avoir un impact plus important sur les minorités
ethniques. Goodwin, Williams et Carter-Sowell
(2010) ont ainsi observé que, lors d’une situation
d’ostracisme, les participants noirs se sentaient légè-
rement plus menacés que les participants blancs.
D’une manière générale, au vu des quelques
travaux cités, on pourrait se demander si les
groupes socialement dominés (minorités ethniques,
femmes…) ne seraient pas plus affectés par l’os-
tracisme que les individus des groupes dominants.
Cette hypothèse serait toutefois à conrmer par de
futurs travaux expérimentaux.
Le rôle modérateur des variables
dispositionnelles et de personnalité
Bien que relativement peu nombreux à ce jour,
certains travaux ont permis de mettre en évidence le
rôle modérateur de variables dispositionnelles sur
les effets de l’ostracisme.
Onoda et coll. (2010) ont étudié l’effet de l’es-
time de soi « trait » sur la réaction neurologique
à l’ostracisme et également sur la menace des
besoins fondamentaux. Ces auteurs ont montré que
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bulletin de psychologie
les individus ayant une faible estime de soi étaient
davantage menacés par l’ostracisme que les indi-
vidus ayant une estime de soi plus forte (voir aussi
Nezlek et coll., 1997, expérience 2). On notera
enn que Ren, Wesselmann et Williams (2013) ont
montré qu’un concept de soi interdépendant (en
relation avec autrui plutôt qu’individuel) facilitait
la restauration des besoins menacés en suite d’un
épisode d’ostracisme (mais n’avait aucun effet sur
la menace initiale).
D’un point de vue psychopathologique, il semble
que certains troubles puissent modérer l’impact de
l’ostracisme sur l’individu. Plusieurs travaux ont,
par exemple, pu montrer que les effets de l’ostra-
cisme pouvaient être accentués chez les personnes
socialement anxieuses. En effet, Zadro, Boland et
Richardson (2006) ont montré que les personnes
socialement anxieuses restauraient plus lentement
leurs besoins menacés après un épisode d’ostracisme
(alors qu’aucune différence entre les anxieux et non
anxieux n’était apparue durant la phase réexive).
De la même manière, Oaten et coll. (2008) ont
montré que la baisse de l’autorégulation, générale-
ment observée en suite d’un épisode d’ostracisme,
persistait davantage chez les personnes sociale-
ment anxieuses que chez les non anxieuses. Outre
l’anxiété sociale, la dépression semble modérer
l’impact psychologique de l’ostracisme. En effet,
Jobst et coll. (2014) ont montré que les personnes
souffrant de dépression chronique réagissaient plus
fortement à l’ostracisme (voir aussi Nezlek et coll.,
1997, expérience 1). Leurs besoins sociaux fonda-
mentaux étaient légèrement plus menacés (l’effet
n’était toutefois que tendanciel) et leur humeur était
davantage altérée.
Si certains troubles semblent renforcer les effets
négatifs de l’exclusion, il semble que d’autres trou-
bles soient, en revanche, associés à une moindre
menace durant un épisode d’ostracisme. Wirth,
Lynam et Williams (2010) ont ainsi pu montrer
que les troubles de la personnalité du groupe A
(personnalité paranoïaque, schizoïde ou schizoty-
pique) semblaient être associés à une plus grande
résistance à la menace induite par l’ostracisme, ce
qui n’était pas le cas pour les troubles des groupes
B (personnalité antisociale, borderline, histrionique
ou narcissique) et C (personnalité évitante, dépen-
dante, ou obsessive-compulsive). Si l’on en croit
ces auteurs, les individus souffrant des troubles de
groupe A ressentent les interactions sociales comme
aversives et, par conséquent, l’exclusion pourrait
être vue comme une échappatoire potentielle.
Comme nous pouvons le constater, malgré le fait
que l’ostracisme constitue une menace très puis-
sante pour l’individu, il semble que certains para-
mètres inhérents aux sources et aux cibles soient à
prendre en compte pour évaluer de manière précise
la menace induite par celui-ci. Cependant, on peut
également se demander si la personne ostracisée ne
peut pas mettre en place des stratégies d’ajustement
cognitives ou comportementales pour faire face à
l’ostracisme.
Ostracisme et stratégies d’ajustement
Bien que les recherches sur ce sujet soient encore
à leur début, il semble que certaines stratégies
soient plus efcaces que d’autres dans l’ajustement
de l’individu à une situation d’ostracisme.
Molet, Macquet, Lefebvre et Williams (2013) ont
observé que le fait d’entraîner des participants à
une focalisation attentionnelle « ici et maintenant »
permettait un meilleur ajustement à une exclusion
expérimentale via le Cyberball. Schnabel et Asen-
dorpf (2015) ont également montré que le fait de
proposer un entraînement cognitif à des associa-
tions entre des situations sociales et l’acceptation
(par l’intermédiaire d’un Implicit Association
Test adapté) permettait de réduire les associations
implicites entre le soi et le rejet chez des individus
socialement anxieux. En revanche, Wesselmann,
Ren, Swim et Williams (2013) ont observé que le
fait d’induire expérimentalement un phénomène de
rumination mentale (versus de distraction) permet-
tait une moins bonne restauration des besoins
menacés par l’ostracisme.
Certaines stratégies semblent également ef-
caces pour atténuer l’effet de l’ostracisme sur
l’agressivité. Par exemple, Warburton, Williams et
Cairns (2006) ont montré que le fait de restaurer
un sentiment de contrôle chez l’individu ostracisé
lui permettait d’être moins agressif. Twenge et coll.
(2007) ont également mis en évidence que le fait
de proposer au participant une interaction amicale
(versus neutre) avec un expérimentateur ou de lui
permettre d’écrire à propos d’une personne chère
permettait également d’éliminer les effets de l’ostra-
cisme sur l’agressivité. Enn, Aydin et coll. (2010,
expérience 5) ont montré, chez des participants de
confession chrétienne, que le fait de leur permettre
de s’exprimer à propos de leur religion et de leur
foi (en comparaison à un thème moins important
pour eux) permettait d’éliminer le lien traditionnel-
lement observé entre ostracisme et agressivité.
Les travaux sur les stratégies d’ajustement mises en
place par l’individu dans une situation d’ostracisme,
bien que peu nombreux à ce jour, semblent particu-
lièrement utiles quant à l’applicabilité. Ils semblent,
en effet, pouvoir fournir des données intéressantes
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bulletin de psychologie
393
A (Yasemin), A (Orthan).– Ostracism
in the context of the social impact theory: The effect of
numbers of source and target on four fundamental needs,
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EN CONCLUSION
Nous avons, dans cet article, abordé le phéno-
mène d’ostracisme de façon assez large et présenté
les recherches parmi les plus importantes ayant été
réalisés à ce jour sur ce sujet. Ce que nous pouvons
principalement en retenir, c’est que la grande majo-
rité de ces travaux ont bien mis en évidence le fait
que l’ostracisme constitue une menace majeure
pour le bien-être de l’individu. Ce malaise peut
se traduire aussi bien au niveau affectif, par une
baisse signicative de l’estime de soi et des senti-
ments d’appartenance, de contrôle et d’existence
signicative, mais, également, au niveau compor-
temental, puisque l’ostracisme peut entraîner des
comportements sociaux problématiques, sociale-
ment inadaptés et, pire encore, qui peuvent conduire
l’individu à se faire exclure encore davantage. Il
peut ainsi induire, s’il est vécu de manière répétée et
sur le long terme, un sentiment d’impuissance chro-
nique. Nous pensons que ce champ d’étude, encore
peu connu en dehors de la psychologie sociale,
devrait être pris en compte dans d’autres champs de
la psychologie. Il semble, par exemple, que celui-ci
puisse être particulièrement utile dans les pratiques
thérapeutiques. Il pourrait être également intéressant
de sensibiliser les personnels des institutions comme
les écoles, les entreprises ou les hôpitaux quant aux
méfaits que ce sentiment peut causer sur l’individu
cible en proposant, par exemple, des formations sur
le sujet. Le thème de l’ostracisme a donné lieu à un
nombre croissant de publications en psychologie
sociale ces dix dernières années et nous pensons
que ce champ d’étude a encore de nouvelles pistes à
explorer à l’heure actuelle, tout particulièrement en
matière d’applicabilité. C’est pour cela qu’il semble
important que ce champ de connaissance soit plus
largement connu, notamment par les psychologues
praticiens et les travailleurs sociaux.
RÉFÉRENCES
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