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Habiter au Portugal un littoral exposé aux tsunamis : de l'importance du paysage dans les perceptions sociales du risque

Authors:
  • Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne / Institut Universitaire de France (IUF)

Abstract and Figures

ASTARTE is a research program that aims to improve the resilience of European populations to tsunamis. A survey at the European scale was conducted during 2014- 2015 on several coastal sites at risk of tsunamis. This article presents a few results by questioning the role that a regular, even daily, perception of a rough sea landscape - here the Atlantic Ocean, on the Portuguese coast of Sines - can play in the identification of a "tsunami landscape" and in the spontaneous behavior of people. The role of the landscape in the social perception of the risk was assessed by questioning a sample of individuals - directly on the littoral field - putting them into situation by showing multiple pictures of maritime scenes (tsunamis, storms and low tide). People inquired were asked to assess the level of risk they perceived on each picture. The main conclusion is that tsunamis' waves apprehended through pictures during the survey were perceived as a less risky situation than those showing storm waves. Thus in Portugal, the importance of precursor signs should be better considered in awareness campaigns rather than the height of the waves. This article aims to show why it is important to take the «landscape» factor into consideration for awareness campaigns.
Site of Sines and zone of the survey. Le fait que la ville de sines soit le seul site du programme astarte en contexte océanique nous a, de surcroît, permis d' étudier le rôle joué par le paysage dans l'appréhension d'un danger imminent. en effet, d'une manière générale les tsunamis sont appréhendés comme des évènements spectaculaires associés au chaos ou à un cataclysme. Les nombreux filtres culturels véhiculés par l'art et le cinéma participent aussi à cette construction (tibballs, 2005; Hamblyn, 2014). n'appelle-t-on pas « montagnes » (kai e' e) les tsunamis sur l'île de Hawaï, très exposée à ce risque ? Les plaquettes d'information existantes, bien que ludiques et abordant clairement l' essentiel pour se prémunir des tsunamis, représentent elles aussi l'aléa sous forme de vague géante (santos, fernandes, & Carvalho, 2015; santos, Machado, & fernandes, 2013). néanmoins, les tsunamis ne se matérialisent pas toujours dans le paysage par une vague géante. D'ailleurs, la signification du terme japonais tsunami qui peut se traduire par « vague au port montre toute l'ambiguïté qui existe autour de ce risque – comme l'a d'ailleurs mentionné la presse au lendemain du tsunami japonais pour décrire le tsunami matérialisé par un soudain « débordement de la mer » qui a déferlé sur l'est du Japon iv. en effet, les pêcheurs au large ne perçoivent pas forcément l'occurrence du phénomène mais s'en rendent compte une fois de retour au port, par la constatation manifeste des dégâts. D'autre part, les signes précurseurs n'impliquent pas systématiquement un retrait des eaux. enfin, un tsunami peut prendre la forme d'une rapide montée des eaux avec inondation du littoral, à l'instar d'une submersion marine (Lavigne & Paris, 2011; Heintz & Mahoney, 2008). Partant de ce constat, l'appréhension
… 
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LA PERCEPTION DU RISQUE TSUNAMI À SINES, PORTUGAL:
DE L’IMPORTANCE DU PAYSAGE DANS LA PERCEPTION
SOCIALE DU RISQUE
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RÉSUMÉ – ASTARTE est un programme de recherche qui vise à améliorer la résilience
des populations européennes aux tsunamis. Une enquête à léchelle européenne a été
conduite en 2014 -2015 dans des secteurs littoraux exposés à ce risque. Cet article en pré-
sente quelques résultats, en s’interrogeant sur le rôle que la perception récurrente, voire
quotidienne, d’un paysage de mer agitée – en l’occurrence l’Océan atlantique, sur la côte
portugaise de Sines – peut jouer dans l’identication d’un paysage de tsunami et, dans les
comportements spontanés adoptés par les usagers. Le rôle du paysage dans la perception
sociale du risque a été évalué en interrogeant un échantillon d’individus – directement sur
le littoral –, en les mettant en situation à l’aide de photographies de divers contextes littoraux
(tsunamis, tempêtes et marée basse). Il a été demandé aux populations interrogées d’évaluer
le niveau de risque qu’ils percevaient sur chaque photographie. Les principales conclusions
révèlent que les tsunamis appréhendés à travers des photos pendant l’enquête ont été perçus
comme des situations moins risquées que celles montrant des ondes de tempêtes. Ainsi, au
Portugal il faudrait sensibiliser davantage les populations à l’importance des signes précur-
Recebido: janeiro, 2016. Aceite: abril, 2017.
1 Scientic Research Assistant, Laboratory of Physical Geography – UMR 8591, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 92360
Meudon, France. E-mail: alan.liotard@gmail.com
2 Professor in Environmental Geography, Laboratory of Physical Geography – UMR 8591, Université Paris 1 Panthéon-Sor-
bonne, 92360 Meudon, France. E-mail: lydie.goeldner-gianella@univ-paris1.fr
3 Research Engineer, CNRS, Laboratory of Physical Geography – UMR 8591, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 92360
Meudon, France. E-mail: delphine.grancher@lgp.cnrs.fr; daniel.brunstein@lgp.cnrs.fr
4 Professor in Physical Geography, Laboratory of Physical Geography – UMR 8591, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne,
92360 Meudon, France. E-mail: franck.lavigne@univ-paris1.fr
Finisterra, LII, 105, 2017, pp. 29 ‑47
doi: 10.18055/Finis8561
Artigo
30 Alan Liotard, Lydie Goeldner -Gianella, Delphine Grancher, Daniel Brunstein, Franck Lavigne
seurs et non à la simple hauteur des vagues. Lobjectif de cet article est de démontrer
pourquoi il est important de prendre en compte le facteur paysager dans les campagnes
de sensibilisation au risque.
Mots clés: Tsunami; risque; paysage; perception; Portugal.
RESUMOA PERCEÇÃO DE RISCO DE TSUNAMIS EM SINES, PORTUGAL:
A IMPOR TÂNCIA DA PAISAGEM NA PERCEÇÃO DE RISCO SOCIAL. ASTARTE é
um projeto de investigação que tem como objetivo melhorar a resiliência da população
Europeia em relação aos tsunamis. Durante 2014 -2015, foi realizado a nível Europeu um
inquérito em diversos locais costeiros sob risco de tsunamis. Este artigo apresenta alguns
resultados, questionando qual o papel que a perceção regular, ou diária, de uma paisagem
de mar agitado – Oceano Atlântico, na zona litoral portuguesa de Sines – pode ter na
identicação de uma “paisagem de tsunami” bem como no comportamento espontâneo
que os indivíduos poderão adotar neste tipo de perigo. O papel da paisagem na perceção
social do risco foi avaliado através da realização de inquéritos a um grupo de indivíduos
– diretamente na zona litoral – apresentando -lhes imagens de vários cenários marítimos
(tsunamis, tempestades e baixa -mar). Foi requerido a cada inquirido que avaliasse o nível
do risco que percecionava em cada imagem. A conclusão principal foi que as imagens que
apresentavam ondas de tsunami foram interpretadas como uma situação menos perigosa
que as ondas de tempestade. Assim em Portugal, a importância de sinais percussores deve
ser mais considerada em campanhas de sensibilização ao invés da altura das ondas. Este
artigo tem como objetivo mostrar como é importante ter em conta o fator «paisagem» nas
campanhas de sensibilização.
Palavras ‑chave: Tsunami; risco; paisagem; perceção; Portugal.
ABSTRACTRISK PERCEPTION OF TSUNAMIS AT SINES, PORTUGAL: THE
IMPORTANCE OF LANDSCAPE IN SOCIAL RISK PERCEPTION. ASTARTE is a
research program that aims to improve the resilience of European populations to tsunamis.
A survey at the European scale was conducted during 2014 -2015 on several coastal sites at
risk of tsunamis. is article presents a few results by questioning the role that a regular,
even daily, perception of a rough sea landscape – here the Atlantic Ocean, on the Portuguese
coast of Sines – can play in the identication of a “tsunami landscape” and in the spontaneous
behavior of people. e role of the landscape in the social perception of the risk was assessed
by questioning a sample of individuals – directly on the littoral eld – putting them into
situation by showing multiple pictures of maritime scenes (tsunamis, storms and low tide).
People inquired were asked to assess the level of risk they perceived on each picture. e
main conclusion is that tsunamis’ waves apprehended through pictures during the survey
were perceived as a less risky situation than those showing storm waves. us in Portugal,
the importance of precursor signs should be better considered in awareness campaigns
rather than the height of the waves. is article aims to show why it is important to take the
« landscape » factor into consideration for awareness campaigns.
Keywords: Tsunami; risk; landscape; perception; Portugal.
31La perception du risque tsunami à Sines, Portugal: de l'importance du paysage dans la perception sociale du risque
I. INTRODUCTION
Si l’Asie semble plus régulièrement et fortement exposée au risque de tsunamii, il
convient de ne pas sous -estimer ce risque sur le littoral européen, bien que les tsunamis y
soient peu fréquents et de faible intensité (Dawson, Lockett, & Shi, 2004). Celui de Lis-
bonne, en 1755, en constitue un exemple connu (Santos & Koshimura, 2015; Mendes-
-Victor, Oliveira, Azevedo, & Ribeiro, 2008), mais on peut noter qu’un dixième des tsu-
namis répertoriés dans le monde depuis 1840 se sont produits en Méditerranée (Tinti,
Maramai, & Graziani, 2001), en particulier sur ses côtes européennes. Pour remédier à la
sous -estimation par la société du risque de tsunami en Europe, un programme de
recherches associant huit pays et intitulé ASTARTE (Assessment, STrategy And Risk
reduction for Tsunamis in Europe), tente depuis 2013 d’améliorer la connaissance et la
gestion de ce risque grâce à l’association des géosciences et des sciences humaines. Le
programme sappuie sur plusieurs sites d’étude, tous exposés par le passé à des tsunamis
causés par des séismes, des éruptions volcaniques ou des glissements de terrain. Ces sites
sont des stations balnéaires aux Baléares (Espagne) et en Turquie, des villes touristiques
de la Côte d’Azur (France), de Sicile (Italie) et de Crète (Grèce), des villes portuaires telles
qu’Istanbul (Turquie), Tanger (Maroc) ou Sines (Portugal), et un village dans un ord en
Norvège (Goeldner -Gianella, Grancher, Robertsen, Anselme, & Brunstein, 2017). Par-
tant de l’hypothèse d’une culture insusante de ce risque, et souhaitant la développer, les
chercheurs en sciences sociales ont déployé en Europe une enquête auprès de 1 373 indi-
vidus (g. 1), an d’étudier le degré de connaissance des populations littorales, de même
que leur comportement dévacuation spontanée en cas de perception d’un tsunami ou
d’une alerte publique. Si l’enquête met en exergue des niveaux de sensibilité diérents
selon les pays, elle souligne aussi les particularismes du site portugais.
En eet, le séisme de 1755 et le tsunami associé sont toujours présents dans les mémoires
portugaises (Santos & Koshimura, 2015), mais ce dernier risque reste sous -estimé du fait de
sa faible probabilité d’occurrence (Rebelo, 2004). Pour améliorer la connaissance et la
préparation face au risque, des eorts conséquents ont été réalisés par la Protection Civile
portugaise et l’Instituto Português do Mar e da Atmosfera (IPMA), an d’introduire un
système national d’alerte dédié aux tsunamis. Ce dispositif a d’ailleurs déjà été formalisé
à l’échelle municipale dans les communes de Cascais, Setubal et Lagos. Néanmoins, ce
système d’alerte n’est pas encore tout à fait opérationnel ni connu des populations (Ribeiro,
Silva, & Leitao, 2011). En guise d’exemple, la fausse alerte tsunami relayée par un garde côte
en Algarve pendant l’été 1999ii – qui a été suivie d’un mouvement de panique sur les
plages – a contribué à montrer la nécessité d’une meilleure préparation des populations
face à ce risque. De plus, il est intéressant de noter que cette erreur est issue d’une mauvaise
interprétation paysagère du risque. En eet, lorigine de l’alerte viendrait du fait qu’un garde
côte aurait vu un mur deau géant vers le large lamenant à penser à un tsunami, alors qu’il
s’agissait en réalité d’une illusion d’optique liée à un mirage. C’est pourquoi une meilleure
connaissance de l’aléa tsunami et de ses signes avant -coureurs et une représentation plus
juste et nuancée du caractère paysager du risque pourraient contribuer à une meilleure
identication de cet aléa, le risque étant bien réel sur les côtes portugaises.
32
Fig. 1 – Localisation des zones d’études du programme ASTARTE.
Fig. 1 – Localization of the study areas within the ASTARTE program.
1) Lyngen, Norway; 2) Sines, Portugal; 3) Tanger, Morocco; 4) Colonia Sant Jordi, Spain; 5) Nice,
France; 6) Syracusa, Italy; 7) Heraklion, Greece; 8) Gulluk bay, Turkey; 9) Haydaparsa (Istanbul),
Turkey; n= number of surveyed people on beaches and in their surroundings in 2014 & 2015.
Source: Goeldner -Gianella et al. (2015). Deliverable 9.7 (www.astarte -project.eu/index/deliverables.html)
Les organismes de la Protection Civile, chargés de prévenir les risques et dalerter les
populations, travaillent en étroite collaboration avec les organismes de sécurité civile
(pompiers, police, etc.) et des laboratoires de recherche en charge de modéliser et prévoir
les conséquences des catastrophes. D’ailleurs, les nombreuses modélisations et études sur
le tsunami de 1755 ont permis de mieux comprendre ce phénomène, pour anticiper quels
seraient les impacts d’un tel scénario en prenant compte les enjeux actuels (Mendes-
-Victor et al., 2008). A Sines, les équipes de l’IPMA du projet ASTARTE (Wronna, Omira,
& Baptista, 2015) ont modélisé les conséquences d’un tsunami comparable au scénario de
1755 : les scénarios modélisés montrent que les limites d’inondation n’atteignent jamais le
centre -ville mais qu’elles ont un fort impact sur les plages et l’ensemble des ports de Sines.
Ces zones sont donc très vulnérables au risque de tsunami et nécessitent des politiques de
sensibilisation adaptées. Toutefois, le port en eaux profondes de Sines ne devrait pas rece-
voir de «vagues géantes», sachant que plus les littoraux sont profonds, moins le run up
attendu des vagues est important.
Alan Liotard, Lydie Goeldner -Gianella, Delphine Grancher, Daniel Brunstein, Franck Lavigne
33
L’intérêt du site de Sines pour létude du risque de tsunami réside dans le fait que
des enjeux humains et économiques conséquents sont exposés à ce risque. Si le centre
historique de la ville surplombant locéan de 25 à 30 m était à l’abri du risque de tsu-
nami – comme il l’a d’ailleurs été en 1755iii (Falcão, 1987) –, ce ne serait pas le cas de la
zone industrialo -portuaire et des plages touristiques situées en contrebas (g. 2). En
eet, la ville de Sines est connue pour son port industrialo -commercial, d’un trac
annuel d’environ 25 millions de tonnes : premier plus grand port du Portugal après
Lisbonne, il abrite plusieurs terminauxdédiés à laccueil des conteneurs, du gaz naturel,
du charbon et du pétrole, et contribue fortement aux échanges et à l’économie du pays
(g. 3). Les conséquences d’un tsunami sur les infrastructures du port pourraient être
importantes et générer des eets en cascade non négligeables. Enn, la municipalité a
beaucoup investi ces dernières années pour attirer toujours plus de monde sur ses
plages. Le réaménagement de l’avenue Vasco de Gama (g. 2) et l’organisation annuelle
du Festival Músicas do Mundo (FMM) qui se déroule depuis 2013 sur la plage de Sines
témoignent de cette stratégie. En eet, d’après les données disponibles sur le site du
FMM, depuis l’été 2013 ce festival a attiré près de 940000 spectateurs entre 1999 et
2015, soit près de 67 fois la population de Sines composée de 14 000 habitants (INE,
2011). Ce sont donc les enjeux liés aux activités touristiques et portuaires de Sines qui
expliquent la vulnérabilité de cette commune.
© Alan Liotard
Fig. 2 – Vue générale sur le site de Sines depuis le Château : la photographie,
par une vue plongeante vers l’Est, montre la plage et lavenue Vasco de Gama (15/03/2014).
Figure en couleur disponible en ligne.
Fig. 2 – General view of Sines taken from the Castle: this picture, taken from a height looks
toward the East, showing the beach and the Avenue Vasco da Gama (15/03/2014).
Colour gure available online.
La perception du risque tsunami à Sines, Portugal: de l'importance du paysage dans la perception sociale du risque
34
Fig. 3 – Site de Sines et lieux de l’enquête.
Fig. 3 – Site of Sines and zone of the survey.
Le fait que la ville de Sines soit le seul site du programme ASTARTE en contexte
océanique nous a, de surcroît, permis d’étudier le rôle joué par le paysage dans l’appréhen-
sion d’un danger imminent. En eet, d’une manière générale les tsunamis sont appréhendés
comme des évènements spectaculaires associés au chaos ou à un cataclysme. Les nom-
breux ltres culturels véhiculés par l’art et le cinéma participent aussi à cette construction
(Tibballs, 2005; Hamblyn, 2014). Nappelle -t -on pas « montagnes » (kai ee) les tsunamis
sur l’île de Hawaï, très exposée à ce risque ? Les plaquettes d’information existantes, bien
que ludiques et abordant clairement lessentiel pour se prémunir des tsunamis, représen-
tent elles aussi laléa sous forme de vague géante (Santos, Fernandes, & Carvalho, 2015;
Santos, Machado, & Fernandes, 2013). Néanmoins, les tsunamis ne se matérialisent pas
toujours dans le paysage par une vague géante. Dailleurs, la signication du terme japo-
nais tsunami qui peut se traduire par « vague au port montre toute l’ambiguïté qui existe
autour de ce risque – comme la d’ailleurs mentionné la presse au lendemain du tsunami
japonais pour décrire le tsunami matérialisé par un soudain « débordement de la mer »
qui a déferlé sur l’est du Japoniv. En eet, les pêcheurs au large ne perçoivent pas forcément
l’occurrence du phénomène mais s’en rendent compte une fois de retour au port, par la
constatation manifeste des dégâts. D’autre part, les signes précurseurs n’impliquent pas
systématiquement un retrait des eaux. Enn, un tsunami peut prendre la forme d’une
rapide montée des eaux avec inondation du littoral, à l’instar d’une submersion marine
(Lavigne & Paris, 2011; Heintz & Mahoney, 2008). Partant de ce constat, l’appréhension
Alan Liotard, Lydie Goeldner -Gianella, Delphine Grancher, Daniel Brunstein, Franck Lavigne
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du risque tsunami nous paraît moins aisée pour les populations littorales qui sont régu-
lièrement exposées à un paysage maritime sujet aux « grosses vagues », si l’on considère
que le paysage du quotidien peut inuencer la perception du risque.
Le principal objectif de cette recherche est de s’interroger sur le rôle que la perception
récurrente, voire quotidienne, d’un paysage de mer agitée – en l’occurrence l’Océan atlan-
tique - peut jouer dans l’identication d’un « paysage de tsunami». Une enquête focalisée
sur la perception de paysages marins montrant des situations à risques contrastées a ainsi
été mise en œuvre dans ce site. Sines est le site du programme ASTARTE le plus approprié
pour vérier cette hypothèse : bordant l’océan Atlantique, la ville est régulièrement exposée
à l’impétuosité des vagues lors des dépressions hivernales, notamment au niveau de Costa
do Norte (g. 4). En eet, les vagues issues de ces tempêtes peuvent impacter le littoral d’une
façon similaire à celle d’un tsunami d’origine sismique (Santos, Mendes -Victor, & Corte-
-Real, 2014). De plus, au quotidien, le caractère changeant des marées pourrait également
inuencer la perception des signes précurseurs du risque de tsunami, de même que la pré-
sence d’une ligne blanche – régulièrement visible depuis la plage Vasco da Gama – résultant
de l’éclatement des vagues sur les rochers émergents du cap de Sines.
Fig. 4 – Photographie de Costa do Norte (Sines),pendant la tempête « Hercules »
le 06/01/014. Figure en couleur disponible en ligne.
Fig. 4 – Picture of Costa do Norte (Sines), during the storm “Hercules”
on the 06/02/2014. Colour gure available online.
Source: ©Unknown authors (2014) Sines – Costa do Norte 06 Janeiro 2014 from Facebook pagev
Après une présentation de la méthode denquête et de la méthode de l’analyse paysa-
gère du risque utilisées à Sines, nous nous pencherons sur la perception du risque de
tsunami dans ce site, de même que sur ses particularités au regard des résultats généraux
de l’enquête ASTARTE. Ceci nous conduira à discuter du fait que résider à proximité d’un
littoral agité inuence la perception du risque de tsunami, et qu’il serait possible d’amé-
liorer la connaissance du risque en y intégrant la variable paysagère, car elle peut aider à
favoriser une approche plus pragmatique du risque.
La perception du risque tsunami à Sines, Portugal: de l'importance du paysage dans la perception sociale du risque
36
Table I – Structuration et contenu du questionnaire du programme ASTARTE.
Table I – Structuring and content of the ASTARTE program questionnaire.
Parties
de l’enquête
ASTARTE
Questions
Questions supplémentaires
concernant uniquement
Sines
Relations de la
personne avec
le site d’étude
Q1. Depuis combien de temps êtes -vous ou vivez -vous à Sines?
Q2. A quelle fréquence vous rendez -vous à Sines?
Q3. Pourquoi êtes -vous à Sines actuellement?
Q4. Quelle est votre activité principale, ici à Sines ?
Connaissance
du risque de
tsunami
Q5. Quels sont les risques qui peuvent potentiellement aecter la
ville de Sines ?
Q6. Le niveau de la mer s’est abaissé – ceci est surprenant parce
que cela ne correspondant pas forcément au mouvement habituel
des marées – et vous voyez une onde blanche se dessiner au large:
que faites -vous? 1) Je me rapproche pour observer,
2) Je quitte la plage, 3) Je recherche un endroit surélevé.
Q7. Vous ressentez un séisme et vous êtes sur le littoral : vous
restez sur place car il n’y a pas de risque ou vous quittez la plage ?
Q8. D’après vous, qu’est -ce qu’un tsunami ?
Q9. … et comment un tsunami est -il créé?
Q10. Où avez -vous entendu ou appris le terme tsunami?
Q11. D’après vous, le site de Sines a -t -il déjà été aecté par un
tsunami?
Q12. Si oui, quand?
Q13. Est -ce que vous pensez que Sines pourrait être aecté par un
tsunami, à l’avenir?
Q14. Si Sines était aecté par un tsunami, doù pourrait -il
provenir?
Q15. D’après vous, quelle taille maximale pourrait atteindre la
vague d’un tsunamiici à Sines ?
Q16. Qu’est ce qui indique qu’un tsunami pourrait se produire
rapidement, quels sont les signes précurseurs d’un tsunami ?
Photo (Fig. 5a): Lorsque
vous voyez des vagues
comme celles -ci,
pensez -vous qu’il s’agisse
d’une situation risquée, ou
peu risquée?
Photo (Fig. 5b): même
question que pour la photo
5a.
Photo (Fig. 5c): même
question que pour la photo
5a.
Photo (Fig. 5d): même
question que pour la photo
5a.
Comportement
et évacuation
Q17. Par quel(s) moyen(s), évacueriez -vous?
Q18. Qu’est -ce qui pourrait -vous empêcher d’évacuer ou ralentir
votre évacuation?
Q19. Si vous étiez sur la plage, où iriez -vous?
Q20. Carte: Pouvez -vous identiez un site sûr sur cette carte?
Q21. Carte: Quel chemin emprunteriez -vous en cas d’alerte au
tsunami?
Système d’alerte
et information
Q22. D’après -vous existe -il un système d’alerte pour les tsunamis
à Sines?
Les autres questions relatives au système d’alerte n’ont pas été
abordées dans l’article.
Prol de
l’enquêté
Q23. Nationalité
Q25. Pays de résidence
Q26. Commune de résidence
Q27. Année de naissance
Q28. Genre
Q29. Avez -vous votre propre voiture?
Q30. Avez -vous des personnes à charge?
Q31. Quel est votre niveau d’étude?
Q32. Quel est votre métier?
Q33. Lieu de l’enquête
Alan Liotard, Lydie Goeldner -Gianella, Delphine Grancher, Daniel Brunstein, Franck Lavigne
37
II. METHODOLOGIE
1. Une vaste enquête sur les tsunamis en Europe
Cet article présente l’enquête ASTARTE, réalisée auprès de populations exposées au
risque de tsunami dans le site de Sines. S’inspirant de Bird et Dominey -Howes (2007), un
questionnaire général, mais comprenant aussi des questions propres à chaque site, a été
déployé auprès de 1 373 personnes en 2014 -2015 dans huit pays européens (g. 1), sur les
plages et leurs abords. Le questionnaire, d’une durée de 15 à 30 minutes, se compose
d’une cinquantaine de questions, majoritairement fermées. Elles portent sur la relation de
la personne interrogée avec le site d’étude, sa connaissance du risque de tsunami, son
comportement en cas de tsunami, ses connaissances et opinions sur l’alerte éventuellement
donnée et son prol personnel (table I). Trois catégories de personnes ont été interrogées
dans l’enquête : des personnes vivant, travaillant ou en vacances dans le site d’étude. L’en-
quête, dans le cas de Sines, a aussi comporté 4 questions supplémentaires relatives aux
paysages de tempête et de tsunami (table I), pour nous permettre de tester les liens que
nous avions présupposés entre la perception des paysages marins et celle du risque de
tsunami. En eet, 86% des individus interrogés vivent dans une ville littorale océanique
(Sines comprise), et connaissent donc bien a priori les paysages marins et les aléas liés à
la mer. De ce fait, pour préciser la méthode d’enquête employée, il convient dapprofondir
la notion de paysage et le rôle de lanalyse paysagère dans l’appréhension d’un risque.
2. Le rôle de l’analyse paysagère dans l’appréhension d’un risque
Le paysage est déni par la Convention européenne du paysage de Florence comme
« une partie de territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de
l’action de facteurs naturels et/ou humains et de leur interrelations » (www.coe.int/fr/
web/convention/full -list/ -/conventions/treaty/176). Le paysage est donc une réalité
visible, voire audible, mais qui savère également soumise à la perception des individus et
donc à diérentes interprétations. Dans le cas de Sines, nous nous intéressons au rôle de
la perception sociale du paysage dans l’appréhension du risque. Le débat existant autour
de l’estampe japonaise de La Grande Vague de Kanagawa d’Hokusai, tantôt appréhendée
comme un tsunami, tantôt comme une vague scélérate (Cartwright & Nakamura, 2009),
montre en l’occurrence que la représentation paysagère d’un danger peut être soumise à
diérentes interprétations. Dans Les Cicatrices du Paysage, P. -F. Mourier (2000) évoque
des paysages potentiellement bouleversés par un désordre de type catastrophe naturelle.
J. Cloarec (1989) parle directement, pour sa part, de « paysage catastrophe ». Il diérencie
le « paysage du chaos », associé au spectaculaire et à la transformation du paysage en
temps réel, simultanément à l’aléa dont il découle, du « paysage évènement », plus durable
et associé aux conséquences d’une catastrophe sur les composantes paysagères. En pre-
nant l’exemple d’une tempête, il démontre que la création d’un paysage -chaos, puis d’un
paysage -événement, inuencent lopinion publique et donc la perception du risque de
La perception du risque tsunami à Sines, Portugal: de l'importance du paysage dans la perception sociale du risque
38
tempête. Le paysage est donc vecteur d’une certaine information sur le risque. Dans le cas
de notre étude le «paysage de tsunami» correspond à la première étape du « paysage
catastrophe », celle qui montre une transformation du paysage associé à l’occurrence de
l’aléa – avant création d’un « paysage du chaos ». Cette transformation peut prendre dif-
férentes formes telles que l’apparition d’une onde blanche vers le large ou une vague
géante à l’horizon ou à l’inverse un rapide retrait de la mer.
Allant plus loin, dautres chercheurs considèrent que l’étude de la relation entre pay-
sage et risque pourrait permettre de rendre compte des spécicités paysagères attribuées
à un risque, pour améliorer la connaissance et la prévention de ce risque (Tolle, 2005).
LAssociation Internationale pour l’Écologie du Paysage prônait, en l’occurrence, dès 2003
de passer par l’écologie du paysage ou la modélisation du paysage pour favoriser lévalua-
tion et la gestion du risque : c’est ce que font, par exemple, les chercheurs qui travaillent
sur la transmission d’un parasite par les renards en lien avec la distribution des prairies
permanentes dans un paysage ou, à l’inverse, sur la compréhension de l’évolution d’un
paysage végétal à travers lanalyse des risques auxquels il est soumis – comme dans le cas
des incendies dans les garrigues catalanes (Vanpeene -Bruhier, 2003).
Dans le cas de Sines, nous avons cherché à mesurer concrètement cette relation entre
perception d’un paysage et perception d’un risque, en la proposant aux enquêtés. En eet,
dès l’arrivée à Sines et avant la conduite de lenquête, des échanges informels avec les
populations locales sur leur perception de la mer et du littoral portugais, laissaient déjà
transparaître que les individus interrogés étaient habitués aux « grosses vagues » (Liotard,
2014). En présentant des photographies d’ondes de tsunamis mais aussi de tempêtes, lob-
jectif principal était de vérier si les aléas étaient clairement identiés par les populations
et distinguées les uns des autres.
3. Utiliser des photographies de paysage pour appréhender le risque de tsunami
Pour ce faire, nous nous sommes inspirés de la méthode de la photo -élicitation (Le
Lay, Piegay, & Cossin, 2005; Bigando, 2013), en lappliquant à quatre photographies de
milieux littoraux plus ou moins soumis à des aléas venus de la mer.
La première photographie montre une vague de 10 mètres ayant touché le littoral de
Sendaï au Japon en 2011 (g. 5a) : l’utilisation d’une prise de vue plongeante, comme dans
ce cas, paraît bien adaptée à une enquête conduite à Sines car il est possible d’avoir une
vue comparable de la mer depuis la ville haute (g. 2). La deuxième photo montre un
tsunami (Heintz & Mahoney, 2008, p. 15) ayant touché les plages touristiques de aïlande
en 2014 (g. 5b). Si la présence de touristes pourrait laisser entendre, aux personnes
interrogées, que la situation n’est pas risquée, la zone de sable humide devait toutefois
susciter la crainte car elle montre que le niveau de la mer est récemment descendu. De
plus, cette photographie matérialise très bien le tsunami prenant la forme d’un grand
mascaret (ou bore), qui ne semble pas s’apparenter à une vague géante de tsunami. Or, ce
prol de vague de tsunami se retrouve régulièrement au niveau des littoraux océaniques
profonds (comme c’est le cas à Sines) avec des hauteurs de vagues paraissant moins
Alan Liotard, Lydie Goeldner -Gianella, Delphine Grancher, Daniel Brunstein, Franck Lavigne
39
importantes. Les deux autres photos sont dorigine locale : la première est celle d’une onde
de tempête dans le site à risque de Costa do Norte, photographiée peu avant la tempête
Hercules de 2014 (g. 5c); la seconde montre la plage de San Torpes, très fréquentée par
les touristes et les résidents locaux pour des activités nautiques (g. 5d). Il sagit d’une
plage photographiée à marée basse. L’utilisation de ces photographies locales nous a per-
mis de montrer la réalité du terrain, sur le littoral de Sines.
n=43
n=59
n=72
n=7
n=90
n=74
n=61
n=126
0
25
50
75
100
a. Tsunami, Japan, 03/2011 b. Tsunami, Thailand, 12/2004 c. Winter storm, Costa do Norte
(Sines), 01/2014
d. Low tide, San Torpes (Sines),
01/2014
% of answers by pictures
High risky situation Low risky situation
n=43
n=59
n=72
n=7
n=90
n=74
n=61
n=126
0
25
50
75
100
a. Tsunami, Japan, 03/2011 b. Tsunami, Thailand, 12/2004 c. Winter storm, Costa do Norte
(Sines), 01/2014
d. Low tide, San Torpes (Sines),
01/2014
% of answers by pictures
High risky situation Low risky situation
↓↓↓↓
Fig. 5 a, b, c, d – Evaluation de la perception du risque de «submersion marine»
sur la base de photographies (n = 133), enquête réalisée à Sines de mars à avril 2014.vi
Figures en couleur disponible en ligne.
Fig. 5 a, b, c, d – Assessment of the perception of the risk of «marinesubmersion»
on the basis of pictures (n = 133), survey conducted in Sines from March to April 2014.
Colour gures available online.
La question suivante était posée quatre fois aux individus interrogés, en même
temps qu’étaient successivement montrées les quatre photos : lorsque vous voyez des
vagues comme celles -ci, pensez -vous qu’il s’agit d’une situation risquée, ou peu risquée?
La perception du risque tsunami à Sines, Portugal: de l'importance du paysage dans la perception sociale du risque
40
Pour limiter les biais relatifs aux photographies, nous avons présenté lensemble de
celles -ci dans un grand format (A4) et en noir et blanc (Collot, 1986), mais également
au début de l’enquête, avant les questions portant sur le risque tsunami, sujet principal
de l’enquête.
III. RESULTATS
1. Résultats généraux de l’enquête : la perception du risque de tsunami à Sines
Au Portugal, ce sont 133 personnes qui ont été interrogées, parmi lesquelles la
grande majorité travaille à Sines sans y vivre (77%) et 10% et 13% respectivement y
vivent ou y font du tourisme (Q3). Léchantillon se compose d’une population assez
jeune, avec 82% des enquêtés de moins de 49 ans (Q27). Les hommes sont surrepré-
sentés (Q28, 58%) et la majorité des individus est plutôt surdiplômée (Q31, 40% d’entre
eux ayant un diplôme de l’enseignement supérieur) – mais les personnes faiblement
diplômées sont également très nombreuses. La catégorie socioprofessionnelle la plus
représentée (Q32) est celle des employés (30%), suivie de très près par celles des sans
emploi (étudiants, chômeurs, à 23%) et des cadres et professions intellectuelles supé-
rieures (17%). La majorité des répondants se trouvait dans le port (49%) lors de
l’enquête, les autres ont été interrogés sur la plage (39%) et au centre -ville (12%) (g. 3,
Q33). La plupart des individus interrogés connaissent très bien la ville de Sines (Q2) :
ils y viennent chaque jour (pour 60% d’entre eux) ou depuis plus de 10 ans (38%).
Enn, 86% des individus interrogés vivent dans une ville littorale océanique (Sines
comprise) (Q26), et connaissent donc bien a priori les paysages marins et les aléas liés
à la mer.
En début d’enquête – et là encore avant d’évoquer explicitement les tsunamis –, il était
demandé aux personnes interrogées de citer les risques pouvant potentiellement aecter
la zone d’enquête (Q5). Le risque tsunami n’a été spontanément cité quen 5e position au
Portugal, derrière dautres risques d’origine naturelle ou anthropique. Pour autant, le risque
de tsunami est relativement bien connu à Sines : près de 8 individus sur 10 dénissent
le mot comme une « vague », « grande » ou « destructrice » (Q8), et 9 sur 10 attribuent ce
phénomène à un tremblement de terre (Q9). Les signes précurseurs d’un tsunami sont
également clairement mentionnés (Q16) : le retrait de la mer, un séisme ou une grande
vague à l’horizon. La connaissance de ces signes est très importante car elle met les
individus en alerte et peut déclencher un processus spontané d’évacuation – au contraire
de ce qui s’est passé en 2004 en aïlande et en Indonésie, du fait d’une mauvaise connais-
sance de ces signes. Si la connaissance de laléa tsunami paraît donc globalement bonne,
ce nest pas le cas de celle du système d’alerte (Q22) : les deux tiers des enquêtés ne savent
pas si un système d’alerte existe à Sines. Seul un quart considère qu’il nexiste pas – ce qui
est la bonne réponse.
Alan Liotard, Lydie Goeldner -Gianella, Delphine Grancher, Daniel Brunstein, Franck Lavigne
41
Plus de la moitié des enquêtés ont appris la signication du terme tsunami (ou mare-
moto en portugais) à l’école (Q10). En 1755, le Portugal a fait face à un important trem-
blement de terre suivi d’un tsunami (Santos & Koshimura, 2015). Cette double catastrophe
fait partie intégrante de l’histoire nationale et est évoquée à lécole. Lenquête montre que
cet événement n’a pas été complètement oublié à Sines, bien que la mémoire du risque
tende généralement à sestomper avec le temps. En eet, 71% des enquêtés pensent qu’un
tsunami pourrait de nouveau aecter le secteur de Sines (Q13), mais seuls 15% font
spéciquement référence au tsunami de 1755, survenu il y a deux siècles et demi, lorsquon
leur demande à quelle date un tsunami sest déjà produit à Sines (Q11, Q12).
La population interrogée a également été sensibilisée à ce risque par le biais des
médias, en particulier lors des tsunamis de 2004 et 2011 (Q10). L’utilisation de supports
visuels marquants, propre aux médias, a ainsi pu contribuer à diuser une vision exa-
cerbée du risque, comme on le constate sur un dessin d’enfant réalisé à l’occasion de
l’enquêtevii (g. 6) : le tsunami y est représenté de façon « spectaculaire », reprenant peu
ou prou la vision dramatique de l’événement telle qu’elle est véhiculée par les médias. La
hauteur disproportionnée de la vague, en comparaison de celle des maisons tradition-
nelles d’un étage de lAlentejo, et la représentation des nuages noirs et des éclairs viennent
corroborer cette idée. Cette exagération du risque ressort aussi de l’enquête : 46% des
personnes interrogées sattendraient à une vague supérieure à 10 mètres (Q15), soit une
vague beaucoup plus haute que ce que laissent attendre les modélisations eectuées par
l’IPMA (Wronna et al., 2015).
Fig. 6 – Dessin de tsunami réalisé par une adolescente de 12 ans habitant Sines, avril 2014.
Figure en couleur disponible en ligne.
Fig. 6 – Drawing of a tsunami by a 12 -year -old from Sines, April 2014.
Colour gure available online.
La perception du risque tsunami à Sines, Portugal: de l'importance du paysage dans la perception sociale du risque
42
Cette connaissance ou exagération du phénomène sont sans doute à lorigine d’un
comportement majoritairement prudent des personnes interrogées : près de 9 personnes
sur 10 évacueraient la plage après avoir ressenti un séisme (Q7). Il faut dire qu’à Sines, la
relative faible hauteur des constructions du centre -ville et la présence de nombreux espa-
ces ouverts contribuent à ce que la plage ne soit pas considérée comme l’unique lieu de
refuge post -séisme – alors qu’elle est souvent perçue ainsi – à tort – dans des villes plus
importantes, comme Nice (France). Sur les 133 personnes interrogées, 39% ont précisé
qu’elles trouveraient refuge dans le centre de Sines – dont un peu moins de la moitié dans
le Château – et 30% iraient jusqu’au Monte Chãos, point culminant à l’est du centre -ville
(Q19, Q20, Q21, g. 3).
2. Les particularités des résultats du site portugais dans l’enquête ASTARTE
Certaines spécicités du cas portugais sont particulièrement mises en exergue si on
les compare aux résultats obtenus dans d’autres sites d’enquête du programme ASTARTE,
en particulier en Méditerranée (Lavigne, 2014; Goeldner -Gianella et al., 2015). Ainsi le
classement du risque de tsunami en 5e position des risques spontanément cités à Sines
(Q5) ne paraît pas si alarmant au regard du classement obtenu dans les autres pays du
programme, où, rappelons -le, le risque tsunami est systématiquement avéré. Ce risque a
été spontanément cité en 4e position en France, mais seulement en 7e, 9e et 11e positions
respectivement en Turquie, Espagne et Italie.
Un autre résultat à retenir dans le cas portugais concerne le rôle important de l’école.
En l’occurrence, 51% des personnes interrogées à Sines mentionnent l’école comme
source de connaissance sur le risque de tsunami (Q10), alors que ce taux ne s’élève qu’à
une fourchette comprise entre 15 et 23% dans les autres pays d’Europe du Sud du
programme. En contrepartie, le rôle de la télévision est quelque peu amoindri au Portugal,
au regard de son importance ailleurs.
Mentionnons, enn, la bonne connaissance des signes précurseurs d’un tsunami, à
Sines (Q16). Certes, en Europe du Sud, les réponses montrent en général un certain
niveau de connaissance de ces signes : sur les cinq premières réponses mentionnées, 32%
des personnes interrogées citent un séisme, 28,6% un retrait de la mer et 17,1% un com-
portement animal inhabituel (table I). Toutefois, à comparer les réponses, on constate
que celles qui ont été obtenues à Sines tranchent quelque peu (table II). En eet, personne
à Sines n’a mentionné qu’il ne savait pas répondre à cette question – ce qui corrobore
l’idée d’une bonne connaissance du risque de tsunami dans ce secteur. Par ailleurs, le
retrait de la mer est, de loin, le premier des signes mentionnés. Pour autant un autre signe
lié à la mer, comme la présence d’une grande vague à l’horizon, est lui très en retrait : les
enquêtés de Sines sont ceux qui mentionnent le moins ce signe spécique, en Europe du
Sud.
Alan Liotard, Lydie Goeldner -Gianella, Delphine Grancher, Daniel Brunstein, Franck Lavigne
43
Table II – Réponses à la question : Qu’est ce qui indique qu’un tsunami pourrait se
produire rapidement (les signes précurseurs) ? , parmi les cinq premières réponses mentionnées
(Enquête ASTARTE, Q16, 2014 -15, en %).
Table II – Answers to the question: What indicates that a tsunami could happen quickly
(early signs)?, among the rst ve responses mentioned (ASTARTE survey, Q16, 2014 -15, in %).
Total Portugal Turquie France Italie Espagne
Séisme 32,0 34,2 37,3 32,5 27,6 16,6
Retrait de la mer 28,6 44,5 23,2 23,9 33,7 41,2
Comportement animal 17,1 9,6 20,0 17,8 14,8 13,3
Grande vague 15,4 11,6 14,4 14,6 19,8 18,0
Ne sait pas 6,9 0,0 5,1 11,2 4,1 10,9
3. Une insusante reconnaissance des « paysages de tsunamis » dans un
contexte maritime agité
L’étude des relations entre la perception des paysages marins et la perception du
risque de tsunami permettra d’éclairer ce dernier point. L’analyse du commentaire des
photographies montre, en eet, que les individus ont généralement sous -estimé le risque
lorsqu’il était associé à un paysage de tsunami, alors qu’ils l’ont surestimé pour des paysa-
ges de tempête, localement plus fréquents et davantage « vécus ». Ainsi, la photographie
représentant une onde de tempête à Costa do Norte (g. 5c) a suscité une perception du
risque plus marquée que celles des tsunamis de 2004 et 2011 (g. 5a et 5b). Par ailleurs,
alors que de nombreux individus ont cité le retrait de la mer comme signe précurseur
potentiel (table II), la photographie de la plage à marée basse (g. 5d) a été très largement
perçue comme peu risquée, en partie du fait du caractère habituel des marées basses sur
ce littoral.
Le croisement des réponses obtenues pour chaque photographie avec d’autres don-
nées du questionnaire a permis de corroborer ces hypothèses, en identiant plusieurs
relations signicatives, validées par le test du khi2. Parmi les personnes qui ont jugé la
photographie du tsunami japonais (g. 5a) comme peu risquée, on constate que 63%
d’entre elles vivent à Sines depuis plus de 10 ans et que 64% travaillent à Sines. Celles qui
jugent la photographie du tsunami thaïlandais (g. 5b) comme peu risquée vivent aussi
davantage sur le littoral que dans l’arrière -pays. En parallèle, 95% des personnes qui
vivent sur le littoral assimilent la photographie de marée basse (g. 5d) à une situation
peu risquée alors que 77% des personnes qui vivent à Sines jugent risquée la situation
présentant la tempête Hercules (g. 5c). Ainsi, nous pouvons considérer que le rapport
régulier au paysage océanique – quon peut même qualier de paysage quotidien – a
rendu l’exposition aux « grosses vagues » tellement habituelle qu’une image de tsunami
(sous la forme d’une grosse vague) est moins perçue, ici, par la population de travailleurs
ou de résidents comme une situation risquée.
Il reste à discuter de cette spécicité locale et à émettre quelques préconisations en
matière d’information sur le risque, adaptées au cas portugais.
La perception du risque tsunami à Sines, Portugal: de l'importance du paysage dans la perception sociale du risque
44
IV. DISCUSSION/CONCLUSION
1. Une lecture dicile du paysage de tsunami, se vériant sur le littoral de Sines
A l’image de la figure 6, la synthèse des entretiens que nous avons menés à Sines,
en plus du questionnaire, auprès dhabitants et de travailleurs du Port montre que les
tsunamis sont appréhendés comme des évènements spectaculaires et qu’ils sont de
fait souvent attendus comme étant plus conséquents que les submersions liées aux
tempêtes hivernales. Habiter à proximité du littoral atlantique et percevoir régulière-
ment un paysage de mer agitée, voire un paysage de tempête matérialisé par de
grosses vagues, rendrait lappréhension du risque tsunami plus difficile pour les Por-
tugais. A Sines, en particulier, l’agitation des flots vers le large pourrait être d’autant
plus difficile à interpréter que, par beau temps, il est possible d’observer une ligne
blanche à l’horizon pouvant faire penser à l’arrivée d’un tsunami. Enfin, si la Com-
mission Intergouvernementale Océanique de l’UNESCO (2013) tolère l’utilisation du
concept de « météo -tsunami » pour décrire de fortes vagues associées à certaines
tempêtes comme Hercules en janvier 2014, il semble que cette tolérance sémantique
ajoute de la confusion à la compréhension de cet aléa par la société portugaise. De
plus, les effets des submersions marines risquent d’être accentués dans le futur en
considérant les impacts du changement climatique et de la montée du niveau marin.
Par conséquent, les tempêtes hivernales pourraient avoir des effets de plus en plus
redoutables et connus des populations, en particulier sur la façade atlantique de l’Eu-
rope. En considérant cette tendance déjà d’actualité et les similitudes en termes d’im-
pacts entre tsunamis et ondes de tempêtes (Santos et al., 2014), il est fort possible que
dans le futur la confusion entre ces aléas soit encore plus importante. C’est pourquoi
il conviendrait de bien informer les populations sur les spécificités propres à chacun
des aléas maritimes. En effet, si les grosses vagues associées à des tsunamis évoquent
moins le danger que celles des ondes de tempêtes, on peut parler d’un biais majeur
dans la perception du risque tsunami en contexte océanique. Par extension, il pour-
rait s’agir d’une limitation applicable à lensemble des populations européennes qui
nécessiterait d’être davantage et plus largement étudiée, surtout dans le contexte de la
montée du niveau des océans.
L’appréhension paysagère du risque de tsunami nous semble donc sous -estimée sur
les littoraux océaniques agités, en particulier par les résidents permanents. En outre, il
est fort probable que les personnes de passage tels les touristes aient une méconnais-
sance de l’environnement maritime océanique et des phénomènes physiques qui le
régissent (heures des marées, processus de formation des « grosses vagues », etc.) et
qu’ils ne soient pas en mesure d’identier dans quelles circonstances le retrait des eaux
serait un signe précurseur. C’est notamment ce qui sest produit lors du tsunami de 2004
en aïlande, lorsque certains touristes ont tardé à évacuer malgré le retrait de la mer
et l’observation d’une onde blanche au large (Lavigne & Paris, 2011).
Alan Liotard, Lydie Goeldner -Gianella, Delphine Grancher, Daniel Brunstein, Franck Lavigne
45
2. Préconisations pour améliorer la prévention du risque tsunamien Europe ?
2.1. Porter plus dattention au paysage quotidien de mer agitée
Pour améliorer la prévention du risque de tsunami à Sines, et plus généralement en
Europe, une première préconisation serait de déconstruire l’image d’un tsunami systéma-
tiquement spectaculaire, car celle -ci conduit les populations à ne plus porter susam-
ment attention à des vagues moins hautes, qui demeurent pourtant dangereuses, du fait
de leur forte énergie, et peuvent être à lorigine de submersions spatialement étendues et
de pertes humaines. La constitution d’une plaquette ludique et dédiée aux «submersions
marines», qui proposerait diérentes mises en scène basées sur le paysage local en cas de
tsunami, pourrait palier ces dicultés, de même que l’utilisation de photographies non
spectaculaires. Envisager des dessins de paysages de tsunami plus conformes aux réalités
locales, séparant donc les cas des mers fermées calmes de ceux des océans quotidienne-
ment agités, nous paraît aussi à prôner.
2.2. Communiquer autrement sur les tsunamis
Une préconisation majeure pour faire face au risque tsunami en Europe serait d’adop-
ter une approche globale dans les campagnes de sensibilisation au risque et dans l’identi-
cation des sites sûrs. Malgré une origine physique bien distincte, les submersions de
tempêtes et les tsunamis peuvent avoir des conséquences comparables (Santos et al.,
2014). Ainsi, il pourrait être intéressant de communiquer sur ces risques en parlant plutôt
de submersion marine dans le but d’approcher conjointement ces deux aléas. D’ailleurs,
appréhender les risques en considérant une approche par leurs conséquences plutôt que
de leurs origines physiques est une stratégie de prévention qui permet dêtre plus globale,
générique et synthétique. Spécialiste des plans de gestion de crise, Heiderich (2010) pré-
conise ce type d’approche, notamment dans les entreprises, de manière à rendre plus
opérationnelles les procédures en cas de crise. Enn, l’utilisation du terme « submersion
marine » pourrait être plus facilement accessible pour un large auditoire et permettrait de
capter plus facilement l’attention des Européens qui pourraient, à tort, négliger une che
dédiée aux tsunamis, du fait d’une fausse certitude que ce risque ne concernerait pas les
littoraux européens.
FINANCEMENT
Ce travail a été nancé dans le cadre du programme ASTARTE – Assessment, Strategy And Risk
Reduction for Tsunamis in Europe – FP7 -ENV2013 6.4 -3, Grant 603839.
La perception du risque tsunami à Sines, Portugal: de l'importance du paysage dans la perception sociale du risque
46
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i Un tsunami peut se dénir comme une élévation anormale et rapide du niveau de la mer, suivie d’une submersion des terres
basses littorales sous l’eet d’une ou de plusieurs vagues de forte énergie.
ii Vidéo publiée par l’Université de l’Algarve retraçant l’alerte tsunami de lété 1999 au Portugal: Retrieved from: https://www.
youtube.com/watch?v=KoBeKEne3yw
iii Un extrait des mémoires paroissiales de la municipalité de Sines daté de 1758 fait référence au tremblement de terre de 1755
et au tsunami associé. Il est spécié que « [la ville de Sines] est située sur une plaine si hauteque les grands ux d’eau générés par le
tremblement de terre n’ont pas atteint la ville, même si les eaux sont montées à des hauteurs encore jamais franchies auparavant »
(Falcão, 1987, p. 32).
iv Quelle est la diérence entre un tsunami et un raz -de -marée? (2011, March). Slate.fr Newspaper. Retrieved from: http://
www.slate.fr/story/36093/dierence-tsunami-raz-de-maree
v Sines em imagen Retrieved from: https://www.facebook.com/125962224099871/photos/a.757169827645771.1073741834.12
5962224099871/757276290968458/?type=3&theater
vi a) © Tuxboard (2011) Japan Earthquake, 2011 Retrieved from: http://www.tuxboard.com/seisme-au-japon-tsunami-
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b) © Radarheinrich (2004) Tsunami Archive, ailand Retrieved from: For accessing the picture, go to the 6th slide by access-
ing the following website: http://fr.slideshare.net/know4drr/01-welcome-introductionszarzynski
c) © A. Santos (2014) Sines – Costa do norte 02 Fevereiro 2014 in Facebook’s page: Sines em imagen Retrieved from: https://
www.facebook.com/125962224099871/photos/a.757169827645771.1073741834.125962224099871/772818846080869/?type=3&theater
d) © C. Batalha (2014) Praia de S. Torpes 27 Janeiro 2014 in Facebook’s page: Sines em imagen Retrieved from: https://www.
facebook.com/125962224099871/photos/a.757169827645771.1073741834.125962224099871/768989409797146/?type=3&theater
vii La représentation graphique de ce que pourrait représenter un tsunami à Sines a été demandée à un échantillon de 14 élèves
suivant un cours d’anglais et âgés de 10 à 16 ans.
La perception du risque tsunami à Sines, Portugal: de l'importance du paysage dans la perception sociale du risque
... Recent research has been carried out in the NEAM area (North-eastern Atlantic, the Mediterranean and connected seas) by the EU project ASTARTE, which has investigated tsunami risk perception and community preparedness, through the collection of 1159 questionnaires in six coastal areas of France, Greece, Norway, Portugal, Spain and Turkey. The survey was based on a standardised questionnaire (about 50 questions) and random faceto-face interviews being administered on main beaches, on boats, in ports and in city centres (Papageorgiou et al., 2015;Goeldner-Gianella et al., 2017;Liotard et al., 2017). Despite the precious insights coming from this investigation, such as the perception of negligible tsunami hazard along European shores, the method was based on interviews of a convenience sample (also known as accidental sampling). ...
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The Italian Tsunami Alert Centre of the Istituto Nazionale di Geofisica e Vulcanologia (Centro di Allerta Tsunami, hereinafter CAT-INGV) supported a computer-assisted telephone interview (CATI) survey to investigate tsunami risk perception in two pilot regions of southern Italy. The survey was carried out on a stratified sample of 1021 interviewees representing about 3.2 million people living in 183 coastal municipalities of the two regions, namely Calabria and Apulia. The main goal of this research is to verify whether and how people's perception of tsunami hazard compares to the results of (PTHA) – probabilistic tsunami hazard assessment (TSUMAPS-NEAM project; Basili et al., 2018). As shown by the results of this project, both investigated regions are characterised by high tsunami hazard. Nonetheless, the long return time of such events could lead people to consider the occurrence of a tsunami in the Mediterranean Sea to be very unlikely. The survey results reveal that people's risk perception is low: for almost half of the whole sample the occurrence of a tsunami in the Mediterranean Sea is considered quite unlikely, with a clear difference between Apulia and Calabria. In the latter region the risk perception is much higher than in the former, probably due to the shorter time elapsed since the last event. Also, belonging to different coastal areas appears to have a significant influence on the way tsunami hazard is conceived, having a stronger effect on risk characterisation: the interviewees of Tyrrhenian Calabria are indeed more likely to associate tsunami risk with volcanoes than the Ionian citizens. This is coherent considering the presence of active volcanoes and related tsunami precedents in the Tyrrhenian. Television emerged as the most relevant source of knowledge for almost 90 % of the sample, and the influence of media also results in the way tsunami risk is characterised. In particular, the survey showed that people's perception and understanding of tsunamis are affected by media accounts of large events, such as the 2004 Sumatra and the 2011 Japan tsunamis. At the same time, it is evident that the risk posed by smaller events is underrated. Furthermore, the survey's results show that the word “tsunami” occupies a different semantic space in comparison to the Italian traditional headword maremoto, with differences among sample strata. In other words, the same physical phenomenon would be understood in two different ways by younger, educated people and elders with a low education level. The results of this study, although limited to two regions, provide a first assessment of tsunami risk perception in Italy, also entailing important consequences for both risk communication practice and mitigation policies.
... Recent research has been carried out in the NEAM area (North-eastern Atlantic, the Mediterranean and connected seas) by the EU project ASTARTE, which has investigated tsunami risk perception and community preparedness, through the collection of 1159 questionnaires in six coastal areas of France, Greece, Norway, Portugal, Spain and Turkey. The survey was based on a standardised questionnaire (about 50 questions) and random faceto-face interviews being administered on main beaches, on boats, in ports and in city centres (Papageorgiou et al., 2015;Goeldner-Gianella et al., 2017;Liotard et al., 2017). Despite the precious insights coming from this investigation, such as the perception of negligible tsunami hazard along European shores, the method was based on interviews of a convenience sample (also known as accidental sampling). ...
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According to a deep-rooted conviction, the occurrence of a tsunami in the Mediterranean Sea would be very rare. However, in addition to the catastrophic event of Messina and Reggio Calabria (1908) and the saved danger for the tsunami occurred on Cycladic sea in 1956, 44 events are reported in the Mediterranean Sea between 1951 and 2003, and other smaller tsunamis occurred off Morocco, Aegean and Ionian seashores between 2017 and 2018. Such events, that are just a little part of the over 200 historically events reported for the Mediterranean (Maramai, Brizuela & Graziani, 2014) should remind geoscientists, civil protection officers, media and citizens that 1) tsunami hazard in the Mediterranean is not negligible, and 2) tsunamis come in all shapes and colours, and even a small event can result in serious damages and loss of lives and properties. Recently, a project funded by the European Commission (TSUMAPS-NEAM, Basili et al., 2018) has estimated the tsunami hazard due to seismic sources in the NEAM region (one of the four ICG coordinated by the UNESCO IOC) finding that a significant hazard is present in most coasts of the area, particularly in those of Greece and Italy. In such a scenario, where low probability and high uncertainty match with poor knowledge and familiarity with tsunami hazard, risk mitigation strategies and risk communicators should avoid undue assumptions about public’s supposed attitudes and preparedness, as these may results in serious consequences for the exposed population, geoscientists, and civil protection officers. Hence, scientists must carefully shape their messages and rely on well-researched principled practices rather than on good intuitions (Bostrom, & Löfstedt, 2003). For these reasons, the Centro Allerta Tsunami of the Istituto Nazionale di Geofisica e Vulcanologia (hereinafter CAT-INGV) promoted a survey to investigate tsunami’s risk perception in two pilot regions of Southern Italy, Calabria and Apulia, providing a stratified sample of 1021 interviewees representing about 3.2mln people living in 183 coastal municipalities of two regions subjected (along with Sicily) to relatively high probability to be hit by a tsunami. Results show that people’s perception and understanding of tsunami are affected by media accounts of large tsunamis of 2004 (Sumatra) and 2011 (Tohoku, North East Japan): television emerged as the most relevant source of knowledge for almost 90 % of the sample, and the influence of media also results in the way tsunami risk is characterized. Risk perception appears to be low: for almost half of the sample the occurrence of a tsunami in the Mediterranean sea is considered quite unlikely. Furthermore, the survey’s results show that the word tsunami occupies a different semantic space with respect to the Italian traditional headword maremoto, with differences among sample strata. In other words, the same physical phenomenon would be understood in two different ways by younger, educated people and elders with low education level. Also belonging to different coastal areas appears to have a significant influence on the way tsunami hazard is conceived, having a stronger effect on risk characterization, for instance the interviewees of Tyrrhenian Calabria are more likely to associate tsunami risk to volcanoes with respect to other considered coastlines. The results of this study provide a relevant account of the issues at a stake, also entailing important implication both for risk communication and mitigation policies.
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Large-scale coastal urban sprawl, development of tourist accommodations and industrial maritime poles have highly increased the tsunami risk to people living and/or traveling along the coasts of our planet. The disastrous tsunamis in the Indian Ocean (2004) and in the Pacific Ocean (2011), as well as a suite of other damaging events worldwide, have encouraged International Institutions, first of all UNESCO Intergovernmental Oceanographic Commission, National Governments and Local Communities to implement Tsunami Warning Systems (TWS), to raise awareness on tsunami risk, and to create a multilevel risk governance. In this framework, research on tsunami risk perception plays a key role. The results of these studies should be taken into account in designing risk mitigation programs and tools (such as drills, activities with local communities, emergency plans, etc.). This paper presents a review of such studies, carried out in several countries worldwide through many thousands of interviews performed with different techniques. Most tsunami risk perception studies were carried out in the regions where the Indian Ocean Tsunami Warning System and the Pacific Ocean one (PTWS) operate. In the NEAMTWS (North-East Atlantic, Mediterranean and connected seas Tsunami Warning Systems) region, only few specific studies were conducted, mostly within the EU-funded ASTARTE project (2013–2017) and more recently in a few extensive surveys on tsunami risk perception conducted in Italy between 2019 and 2021. Although the twenty-three studies analyzed in our review show a strong heterogeneity of methodological approaches and population samples, they allow us to outline some general considerations on tsunami risk as perceived by people in the different regions of the world. With the help of a table, we schematically summarized the emerging strengths, weaknesses and lessons learned in the twenty-three papers, noting an increase in the number of such studies in the last 5 years. The surveys were mostly concentrated in high-risk areas and focused on local residents. Some differences emerged depending on the memory of past tsunamis, education level, and local cultures. This provides useful hints for sound citizen-based tsunami risk reduction actions, including improved risk communication aimed at increasing the resilience of tsunami-prone populations. The need for increasing the assessment of tourists’ tsunami risk perception, and for a more homogeneous survey strategy also emerge from our analysis.
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Background North Norway, the banks of the fjord Lyngen are highly exposed to a rockslide tsunami hazard. However, the local municipality believes that the coastal community is well-informed about the risk and ready to evacuate, should a warning be issued. Accordingly, the social survey we conducted in this municipality was a matter of exploring three main questions: is the Lyngen population well-informed about the tsunami risk in general and about the potential evacuation time in particular? Is the local population as confident as the local municipality hope? Is there enough information on the tsunami risk for tourists, given their growing number?. ResultsThe survey shows that the local population has a clear perception of the tsunami hazard, but that warning and evacuation conditions are not sufficiently well-known, despite the local and national communication work. Moreover confidence in the municipal authorities seems to be imperfect, although confidence concerning hazard surveillance is higher than confidence in the information provided on risk and management. As often, tourists are less informed on natural hazards or evacuation conditions. Conclusions The municipal authorities have to improve the information locally delivered. Authorities must also disseminate information to the tourists, especially on a possible evacuation during their stay, so as not to raise anxiety or trigger a decline in the area's touristic appeal.
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In this paper, we present a scenario-based approach for tsunami hazard assessment for the city and harbour of Sines – Portugal, one of the test-sites of project ASTARTE. Sines holds one of the most important deep-water ports which contains oil-bearing, petrochemical, liquid bulk, coal and container terminals. The port and its industrial infrastructures are facing the ocean southwest towards the main seismogenic sources. This work considers two different seismic zones: the Southwest Iberian Margin and the Gloria Fault. Within these two regions, we selected a total of six scenarios to assess the tsunami impact at the test site. The tsunami simulations are computed using NSWING a Non-linear Shallow Water Model With Nested Grids. In this study, the static effect of tides is analysed for three different tidal stages MLLW (mean lower low water), MSL (mean sea level) and MHHW (mean higher high water). For each scenario, inundation is described by maximum values of wave height, flow depth, drawback, runup and inundation distance. Synthetic waveforms are computed at virtual tide gauges at specific locations outside and inside the harbour. The final results describe the impact at Sines test site considering the single scenarios at mean sea level, the aggregate scenario and the influence of the tide on the aggregate scenario. The results confirm the composite of Horseshoe and Marques Pombal fault as the worst case scenario. It governs the aggregate scenario with about 60 % and inundates an area of 3.5 km2.
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The great wave off Kanagawa by Katsushika Hokusai is probably the most famous image in Japanese art. It depicts three boats in heavy seas on the point of encountering the eponymous wave, while Mount Fuji is glimpsed in the distance. The print is today often reproduced as the artistic depiction of a tsunami. Did Hokusai really have a tsunami in mind when he composed this work? We examine that hypothesis together with the alternatives, by discussing the image itself and the circumstances surrounding its composition, and by evaluating the wave in terms of the fluid dynamics of breaking waves and in particular of the species termed plunging breakers, of which The great wave is a member, and conclude that it is more probable that Hokusai intended to depict an exceptionally large storm wave. There is a great deal of scientific interest at present in such abnormally high waves, which are often termed freak or rogue waves.
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The use of high resolution hydrodynamic modelling to simulate the potential effects of tsunami events can provide relevant information about the most probable inundation areas. Moreover, the consideration of complementary data such as the type of buildings, location of priority equipment, type of roads, enables mapping of the most vulnerable zones, computing of the expected damage on man-made structures, constrain of the definition of rescue areas and escape routes, adaptation of emergency plans and proper evaluation of the vulnerability associated with different areas and/or equipment. Such an approach was used to evaluate the specific risks associated with a potential occurrence of a tsunami event in the region of Setúbal (Portugal), which was one of the areas most seriously affected by the 1755 tsunami. In order to perform an evaluation of the hazard associated with the occurrence of a similar event, high resolution wave propagation simulations were performed considering different potential earthquake sources with different magnitudes. Based on these simulations, detailed inundation maps associated with the different events were produced. These results were combined with the available information on the vulnerability of the local infrastructures (building types, roads and streets characteristics, priority buildings) in order to impose restrictions in the production of high-scale potential damage maps, escape routes and emergency routes maps.
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The Indian Ocean tsunami (IOT) of December 2004 has demonstrated that the coasts of Australia are vulnerable to tsunami flooding. As a consequence of the IOT, the Australian Federal Treasurer announced in 2005 that the Bureau of Meteorology and Geoscience Australia will jointly develop and implement the Australian Tsunami Warning System. Effective response to tsunami warnings is highly dependent on public awareness and perception of tsunami hazard and risk. At present, no efforts have been made to investigate and publish public awareness of tsunami hazard and risk and as such, emergency managers have little idea of the likely challenges to effecting appropriate tsunami risk management. We develop a short questionnaire survey instrument and trial that instrument in order to investigate its suitability for generating information about the perceptions of tsunami hazard and risk in the Sydney region. We found that the design, layout and format of the questionnaire were suitable for our purpose and should be useful for generating information appropriate to emergency management agencies tasked with the responsibility of developing tsunami education campaigns and risk mitigation strategies in Australia. However, certain limitations, such as individual question design and format, should be considered before a much larger survey of various stakeholders is conducted.
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Le paysage est etudie a partir de sa perception qui ne se borne pas a recevoir passivement les donnees sensorielles, mais les organise pour leur donner un sens. L'auteur tente de degager les caracteristiques majeures de cette organisation perceptive a la lumiere des enseignements de la psycho-physiologie de la vision, puis de montrer, dans une perspective phenomenologique et psychanalytique, comment cette structure s'investit de significations liees a l'existence et a l'inconscient du sujet qui percoit le paysage.
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This article examines the use of a research method coming from Visual studies (photo elicitation interview) in a particular geographical field research (everyday landscapes discussed in terms of resident experience). The paper argues that photo elicitation interview is an appropriate technique to produce a different kind of information by driving informants in a thinking process about their relationship with their everyday landscapes. First of all, methodological insights and practical considerations about using photographs in interviews are presented and discussed. Whereafter, the paper shows, based on concrete examples, how this technique is able to promote more direct and stronger involvement of the informants in the research process and also provide access to a quantitatively and qualitatively different information to that obtained in conventional interviews.
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The 1755 earthquake and tsunami were influential not only in Portugal but in all European and North African countries where the devastating effects were felt. The entire world was deeply impressed and the discussion of its causes generated a large amount of scientific and metaphysical speculation. It inspired philosophers, poets and writers. The socio-economic consequences of the event were great and affected the future organization and development of Portugal. The possibility of a similar occurence urges society and the scientific community to reflect on its lessons. Audience This work is of interest to experts in seismology, earthquake engineering, civil protection, urban planning and it is a reference book for doctoral students.