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Essais de lutte chimique contre les ligneux en savane, Côte-d'Ivoire (1975-1976)

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Des essais de lutte au moyen de débroussaillants chimiques ont été réalisés à des fins pastorales dans diverses formations embroussaillées de Côte-d'Ivoire. Le mode d'action, la technique d'application et la spécificité des produits sont étudiés ainsi que les modalités pratiques d'application et leurs coûts respectifs. Ce qui limite l'utilisation de ces techniques est presque toujours le coût trop élevé du produit. Elles peuvent toutefois devenir intéressantes dans certains cas particuliers d'exploitation très intense des formations naturelles où la lutte traditionnelle par le feu n'est plus possible ou lorsque la main-d'ouvre est rare ou trop onéreuse.
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Rcv. Elev. M&d. vCt. Pays trop., 1977, 30 (1) : 85-99
Essais de lutte chimique contre les ligneux
en savane, Côte-d’Ivoire (1975 1976)
par J. CESAR (*)
Des essais de lutte au moyen de débroussaillants chimiques ont été r&&sés
A des fins pastorales dans diverses formatuns embroussaillées de Côte-d’Ivoire.
Le mode d’actmn, la technique d’application et la sp&icité des produits
sont btudiés ainsi que IR modalités pratuwes d’applicalion et leurs coiits
respectifs.
Ce qui Imite l’utilisation de ces techniques est prerque toujours le coût trop
&levé du produit. Elles peuvent toutefois devenir intéressantes dans certains cas
particuliers d’exploitation très intense
des
formations nalurelles la lutte tra-
ditionnelle par le feu n’est olus Dossible ou lorsque la main-d’<~uvre est rare
0” trop onéreuse.
INTRODUCTION
LES FORMATIONS EMBROUSSAILLÉES
Les savanes comprennent des ligneux de taille
et de densité variables mais dont les effectifs
semblent constants dans le temps pour une for-
mation donnée.
On trouve, dans ces milieux entretenus par les
feux, une répartition bimodale des individus en
classe de taille (6) (fig. la). La classe des jeunes,
généralement la plus importante, est composée
d’individus dont la partie aérienne annuelle dis-
paraît à chaque feu. Ceci a pour conséquence de
limiter les classes moyennes ; «les individus qui
échappent au feu passent dans la classe su@-
rieure dont l’importance augmente car la morta-
lité y est faible et la croissance ralentie (6) ».
Ce phénomène s’autorégule. Le feu, les adultes
tant qu’ils sont vivants, les herbacées, par le jeu
de la compétition, empêchent les jeunes de pro-
gresser et le spectre démographique de la popula-
tion reste le même. La formation est en équilibre.
La densité des ligneux dépend alors :
(*) Cadre de
Recherches zootechniques, B.P.
1152.
Minankm-Bouaké (Côte-d’Ivoire).
- de la fertilité du substrat (en Côte-
d’Ivotie, généralement liée à la teneur en argile) ;
- de I’hydromorphie, qui limite le dévelop-
pement des ligneux par asphyxie racinaire ;
- de la présence d’horizons indurés ou gra-
villonnaires denses.
On rencontre, dans les zones exploitées par le
bétail, des formations tout à fait différentes
(fig. lb et c). Une seule génération domine. Il y a
eu rupture de l’équilibre en faveur des jeunes
ligneux et cette classe dominante progresse (se
déplace vers la droite sur l’histogramme) à
mesure que la population vieillit. La compétition
entre herbacées et ligneux ne joue plus : le désé-
quilibre provient de I’épuisement des graminées.
LES CAUSES DE L’EMBROUSSAULE-
MENT
La cause de l’épuisement des graminées est
presque toujours le surpâturage et surtout
l’absence de temps de repos ou un temps de repos
trop court. Au cours d’un essai réalisé au
C. R. Z., les recrus ligneux ont été recensés
9 mois après un débroussaillement chimique. On
notait 2 630 rejets à l’ha sur la parcelle pâturée,
alors que celle mise en défens n’en comptait
que 600.
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N
0
50
II
25
C
h
5 h
Fig. 1. - Structure démographique b) Formation
pâturée
à embroussaillement r&xnt
par
du peuplement ligneux en classes de hauteur. Afrormosia /axiYkm (C!. R. Z.).
a) Savane non pâmée à espèce5 multiples d’après
C) Formation pâturée à embroussaillement ancien par
MENA”T).
Afiormosia laiflora (Ranch d’Abokouamékro).
Très souvent, le déséquilibre entre ligneux 1. PRINCIPES D’ACTION
et herbacés est accentué par la faiblesse du feu
ou son absence totale par défaut de combustible Les traitements réalisés en 1975 sur le C. R. Z.,
herbacé. les Ranch-d’Abokouamékro et de Sipilou, à
Dans tous les cas, le terme de l’embroussaille- Boundiali et Korhogo avaient pour but d’étudier
ment est la disparition complète des graminées.
successivement :
1) le mode d’action du produit SUI la plante ;
TYPES D’EMBROUSSAILLEMENT 2) l’influence de la taille de l’arbre ;
En fonction des conditions du milieu, divers 3) diverses techniques d’application adaptées
types d’embroussaillement sont possibles. à chaque type d’embroussaillements ;
1) Ranch de Sipilou et région de Biankouma 4) la sensibilité des principales espèces enva-
hissantes,
(Région ouest). L’embroussaillement se fait à
partir d’espèces foresiières de recrus : Solarium Dans un premier temps, nous avons utilisé une
cf rugosum, Harungam madagascariensis, Trema méthode simple et unique qui consistait à badi-
guineensis. geonner au pinceau le produit pur sur une seule
2) Partout ailleurs, les essences envahissantes entaille faite à la machette à la base du tronc
sont des espèces de savane. et atteignant l’aubier,
a) Région Centre (Ranch d’Abokouamékro-
C. R. Z.).
Sur sol sableux : Parinari curatellifolia et
Hymenocardia aida.
Sur sol sablo-argileux :
Afrormosia
laxi$ora,
Daniellia oliveri, Lophira lanceolata.
Sur sol gravillonnaire : peu d’embroussaille-
ment, excepté par le rônier BO~~SSUS aethiopum.
b) Région Nord - (Korhogo - Boundiali -
Bouna).
Sur sol sableux : Parinari curatellifolia.
Sur sol sabla-argileux : Uapaca togoensis,
Detarium microcaupum, Swartzia madagasca-
riensis, Isoberlinia doka.
c) Zones humifères enrichies en déjections
animales : Nauclea latifolia, nitrophiles diverses.
1. MODE D’ACTION DU PRODUIT ET
SA RÉPARTITION DANS LE VÉGÉTAL
L’observation de sujets traités par une seule
entaille permet de comprendre le mode d’action
du produit.
1) Lorsque l’efficacité du traitement est par-
tielle, les branches ou les parties atteintes se trou-
vent toujours sur le trajet des faisceaux touchés
par l’entaille. Le produit circule peu latérale-
ment. Il est donc nécessaire, pour des individus
de gros diamètre (15 cm), de répartir les appli-
cations tout autour du tronc. En revanche, il
n’est pas utile de superposer plusieurs entailles
à différents niveaux sur l’arbre.
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7
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ARBXS TRAITES :
.,1-245T
2,.2<D+245T
b
b
l o
\
0
2)
Les parties situées au-dessus de l’entaille
sont facilement détruites et l’action du produit est
pratiquement la même jusqu’à la cime de l’arbre.
Par contre, les branches situées sous l’entaille
sont rarement atteintes et on observe souvent,
après le traitement, un démarrage de bourgeons
latents entre la souche et l’entaille. Le produit
circule bien dans le sens ascendant (sève brute),
mais mal dans le sens descendant (sève élaborée),
fait déjà remarqué par BILLE (3) en R. C. A.
II y a donc intérêt, notamment dans le cas
d’espèces, à rejets ou à drageons, à effectuer les
entailles le plus près possible du sol.
Dans les meilleures conditions, l’efficacité sur
le système souterrain ne dépasse pas un rayon
de 0,5 m à 1 m autour du pied traité.
2. INFLUENCE DE LA TAKLE DE
L’ARBRE
Quelle que. soit la taille du sujet, une seule
entaille est pratiquée sur environ
113 de
la cir-
conférence du tronc.
Les courbes d’efficacité des produits en fonc-
tion de la taille des ligneux peuvent ainsi être
tracées (fig. 2).
Elles permettent de comparer divers produits
et également de déterminer pour chaque espèce
le diamètre au-delà duquel plusieurs entailles
sont nécessaires.
Par exemple, une seule entaille est instisante
pour des .4fiormosia de plus de 5 cm de diamètre
et de
3
m de haut même avec le produit le plus
efficace.
IL TECHNIQUES D’APPLICATION
ET STADE D’EMBROUSSAILLEMENT
Les techniques d’application diffèrent sensi-
blement suivant le type de végétation à traiter.
Dans le cas d’embroussaillement récent constitué
par des rejets ou des jeunes buissons de moins de
1,50 m, la technique par pulvérisation sur feuil-
lage est applicable avec des moyens réduits. S’il
s’agit d’une formation ancienne composée
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d’arbres et d’arbustes à tronc développé pouvant
atteindre 4 m ou plus, on devra se limiter aux
traitements par badigeonnage, SUT écorce, sur
entaille, ou sur souche aprés abattage.
1. TRAITEMENT DES FORMATIONS
JEUNES
Les pulvérisations sur feuillage ont été restées
aux concentrations de l-2 et 5 p. 100. Seul 5 p. 100
peut être retenu car les doses inférieures produi-
sent un flétrissement partiel sans provoquer la
mort du sujet. La dilution du produit dans du
gaz-oil, méthode qui, au Cameroun, s’était révé-
lée infërieure à la dilution dans l’eau (9) nous a
semblé d’emblée trop onéreuse et n’a pas été
retenue. Le badigeonnage au pinceau s’effectue
directement sur l’écorce des jeunes rameaux
non aoûtés. Chaque branche doit être
traitée sur
une longueur de 5 à 10 cm. Sur les sujets plus
âgés, on pratique une légère ataille au couteau.
Le produit est employé pur cm mélangé à un peu
de gaz-oil. Le traitement est un peu plus long
que par pulvérisation mais il permet une écono-
mie sensible de produit. Les coûts de ces
méthodes seront comparés dans le tableau III
(p. 95) pour une formation embroussaillée à
25 p. 100 de couvert ligneux, traitée au 245 T.
Cependant, le principal avantage de la technique
par badigeonnage est une efficacité plus régu-
lière. En effet, assez souvent, la pulvérisation
entraîne un flétrissement et une chute rapide des
feuilles. Cette action foudroyante n’est pas à sou-
haiter car la matière
active
disparaît avec les
feuilles et les pieds reprennent dans un délai
d’un mois. L’action est plus longue par badigeon-
nage (souvent pas d’effet visible avant 1 mois)
mais le produit agit en profondeur et la mortalité
est accrue.
Dans ces conditions, il faut attendre plusieurs
mois avant d’observer les résultats définitifs.
2. TRAITEMENT DES FORMATIONS
AGÉES
La méthode la plus simple consiste à appliquer
le produit sur des entailles faites à la base du
tronc. Le produit doit être employé pur ou
mélangé à un peu de gaz-oil pour éviter le lessi-
vage en cas de pluie. Si les entailles sont suffisam-
ment nombreuses et rapprochées, l’abattage de
l’arbre n’est pas nécessaire. Cependant, pour les
espèces les plus résistantes (Afiormosia laxipora),
il est préférable de pratiquer une annellation
ou de badigeonner la
souche
après abattage
du tronc.
3. CONCLUSION
En pratique, les traitements peuvent toujours
être faits par badigeonnage au pinceau avec le
produit pur :
- soit directement sur kxce dans le cas de
jeunes buissons ;
- soit sur entaille au couteau ou à la
machette, selon la taille des ligneux ;
- soit sur souche après abattage.
Les entailles doivent avoir 5 à 15 cm de large et
être espacées de 5 à 10 cm au maximum.
Ainsi, pour un arbre de 10 cm de diamètre,
2 ou 3 entailles suffisent alors que 4 ou 5 seront
nécessaires pour un diamètre de 20 cm. Les
entailles doivent atteindre le bois (Aubier) être
horizontales et de préférence aménagées en gout-
tière de maniére à conserver le maximum de
produit. II est préférable de les faire le plus près
possible du sol surtout pour les espèces à rejet
(Daniellia, Piliostigma, Afrormosia, etc.). Enfin,
si le tronc est ramifié dès la base, chaque branche
doit être traitée séparément.
Pour des espèces très résistantes (Afrormosia),
il peut être plus rapide et plus efficace d’abattre
l’arbre à la main ou à la tronçonneuse et
de
trai-
ter la souche aussitôt après. Des résultats encou-
rageants ont été obtenus par cette méthode.
III. SPÉCIFICITÉ
DES PRODUITS UTILISÉS
Six produits, disponibles à Abidjan ont été
testés :
245 T. Matière active = 710 g/l (nom commer-
cial : P 80 chez Procida).
Mélange 245 T + 24 D. Matière active = 200 g/l
245 T, 400 g/l
de
24 D (nom commercial :
Débroussaillant 600 chez Rhône Poulenc).
Mélange 245 T+ MCPP. Matière active=245 T,
100 g/l, MCPP 250 g/l (nom commercial :
U 46 KVT chez BASF).
Mélangz 24 D + Piclorame. Matière ac-
twe = 24 D, 240 g/l, Piclorame 60 g/l (nom
commercial : Spica 100 (Procida)).
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Mélange 245 T + Piclorame. Matière ac-
tive = 245 T, 480 g/l, Piclorame 120 g/l (nom
commercial : Tordon 155 chez Dow chemical).
Mélange Aminotriazole et Thiocyanate de
Sodium. Matière active = Aminotriazole
42.5 p. 100,Thiocyanate de Sodium 37,5 p. 100
(nom commercial : Weedazol TS chez Ciba-
Geigy).
1. EMBROUSSAIILEMENT RÉCENT (buiç
son.9 et jeunes rejets)
A Bouaké, les meilleurs rés’ultats ont été
obtenus par badigeonnage sur écorce ou légère
entaille au couteau avec le produit pur ou
mélangé à 1/3 de gaz-oil.
La zone traitée était une parcelle défrichée
en 1968 et réembroussaillée par diverses espèces
maintenues en buisson de moins de 1 m par
gyrobroyage. Le couvert ligneux initial variait
entre 15 et 20 p. 100 sui- l’ensemble de la parcelle.
Le tableau 1 résume les résultats 1 an après le
traitement.
Trois produits donnent de bons résultats puis-
qu’ils détruisent en un seul passage environ
90 p. 100 du peuplement : ce sont le 245 T et les
mélanges renfermant du Piclorame. Le mélange
24 D-245 T se révèle un peu inférieur. Mais de
prix moins élevé, il pourrait toutefois convenir
à un premier passage, éliminant 75 p. 100 des
ligneux et réduisant d’autant le coût du second
passage avec un produit plus cher.
Parmi les 3 meilleurs produits, ceux contenant
du piclorame ont été nettement plus actifs sur le
Daniellia oliveri.
En revanche, le 245 T semble le plus poly-
valent. Afrormosia lan~@va est l’espèce la plus
résistante - les 2 produits les plus efficaces sur
au piclorame. Malheureusement, ce dernier pré-
sente l’inconvénient d’être peu actif contre
diverses espèces secondaires parmi lesquelles
Bridelia ferruginea. Quant au Lophira lanceolata,
espèce peu gênante à Bouaké mais très envahis-
sante vers Yamoussokro, il s’est révélé très
sensible au mélange 24 D + 245 T à Abokoua-
mékro le taux de mortalité atteint 90 p. 100.
Dans la pratique, on conseillera le mélange
24 D + Piclorame dans le cas d’envahissement
par Daniellia oliueri et le 245 T pur, plus écono-
mique dans tous les autres cas.
Quel que soit le produit utilisé, un second
passage est nécessaire au bout de 4 à 6 mois
pour obtenir la disparition quasi totale des
ligneux.
2. EMBROUSSAILLEMENT ANCIEN
(Arbres et
arbustes)
Pour les ligneux bien développés, la technique
du badigeonnage sur entaille à la base du tronc a
été la plus utilisée.
Les essais dont les résultats sont présentés
ci-après étaient destinés à comparer l’efficacité
des divers produits plutôt qu’à obtenir un effet
maximal. C’est pourquoi, dans la plupart des
traitements, une seule entaille a été faite par
sujet. On étudiera séparément chaque espèce.
Afuormosia laxiflora = Pericopsis lasipora
(Papilionaceaej.
C’est l’espèce la plus envahissante des pâtu-
rages du centre de la Côte-d’Ivoire. Elle peut être
aussi très gênante dans le Nord. Elle s’installe
sur tous les terrains sableargileux ferrugineux
ou ferralitiques, soit environ 70 p, 100 des
cette espèce ont été le 245 T pur et mélangé savanes
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C’est une des essences les plus résistantes
et l’action des produits est très inégale.
Par entaille, la mortalité varie entre 60
et 80 p. 100 pour des formations de 4 à 5 m
de haut. Le meilleur produit serait le mélange
245 T - Piclorame. Sur des arbres plus grands,
aucun produit n’a donné de résultat satisfaisant.
La technique par badigeonnage sur souche a
alors été essayée. Les résultats sont encoura-
geants mais tout aussi irréguliers. Le produit le
plus efficace serait dans ce cas le 245 T. 2 traite-
ments ont été effectués simultanément, en mars
1976, l’un au C. R. Z., l’autre à Abokouamékro
sur des arbres de 1 à 6 m.
On notait en août 1976 moins de 10 p. 100
de reprise à Abokouamékro alors qu’au C. R. Z.,
sur des arbres de même taille après le traitement
on constatait une repousse sur souche dans
80 p. 100 des cas. Ces différences peuvent peut-
être s’expliquer par le passage d’un feu en février
à Abokouamékro, qui n’a pas eu lieu au C. R. Z.
(savanes protégées).
Daniellia oliveri (Caesalpiniaceae).
Ce grand arbre des savanes arborées émet de
longues racines horizontales drageonnantes. Elles
sont la cause de l’envahissement de nombreux
pâturages du centre et du nord de la Côte-
d’ivoire.
Trois traitements ont été réalisés de décembre
1974 à avril 1975, l’un à Abokouamékro, les
2 autres au C. R. Z. Le pourcentage
de morta-
lité
varie entre 90 et 100 p. 100 pour presque
tous les débroussaillants.
Mais le produit le plus intéressant est de toute
kvidence le mélange 24 D + Piclorame, spécia-
lement pour son action sur les rejets. Ces résul-
tats concordent parfaitement avec ceux obtenus
sur les jeunes rejets.
Ce produit a été choisi pour le traitement
expérimental par entailles multiples, au C. R. Z.
et à Abokouamékro, d’arbres de 14 à 33 cm de
diamètre et atteignant 10 m de haut. La réussite
a été totale.
Detarium microcarpum (Caesalpiniaceae)
Arbuste fréquent en zones surpâturées dans
le Nord (Korhogo, Boundiali) spécialement sur
les terrains sableux ou gravillonnaircs appauvris
des terroirs densement exploités.
La réaction aux phytohormes de cette autre
caesalpiniacée est semblable à celle de Daniellia.
Les arbustes traités à Nyanyo (région de Boun-
diali) avaient entre 2 et 12 cm de diamè:re et
atteignaient 3 à 6 m. Le traitement a eu lieu
en juillet 1975 par entailles à la base du tronc.
Deux produits ont été testés.
Le 245 T a une action partielle et n’em-
pêche pas la repousse des rejets. Le mélange
24 D - Piclorame provoque la mort du sujet
et l’inhibition des rejets.
Harungana madagascariemis (H,vpericaceae)
Espèce forestière, envahissant les savanes
de la
région de Biankouma et Touba et parfois les
zones subforestières
du
centre. Les traitements
par entaille unique ont eu lieu au ranch de
Sipilou sur des arbres de 6 à 18 cm de diamètre.
L’espèce est particulièrement résistante
puisque la mortalité n’excède pas 20 p. 100
avec le produit le plus efficace (245 T).
Rappelons toutefois que cette essence à affi-
nité forestière est parriculièrement sensible aux
feux. Le moyen de lutte le plus facile et le plus
efficace est donc le feu de brousse mais, à condl-
tion qu’il soit suffisamment violent et donc
convenablement
alimenté. Si
l’envahissement par
les ligneux n’est pas excessif (couvert SO p. 100)
et permet un développement normal des grami-
nées, le feu peut détruire des troncs d’tlauungana
de 6 m de haut et de 10 cm de diamètre. Il suffit
de
respecter un défens sur les formations à
traiter pendant toute la saison des pluies pré-
cédente. Ces conditions ne sont pas partout
réalisables.
Hymenocardia acida (Euphorbiaceae)
Cet arbuste est parfois envahissant sur les
pâturages sableux
de
bas de pente. Il développe
des
petits buissons à souche puissante.
Aucun résultat au C. R. Z. ni à Abokoua-
mékro par traitement aux hormones, sauf g des
stages très jeunes. Le seul produit actif sur des
arbres développés a été le mélange d’Amino-
triazole + Thiocyanate de Sodium, produit
d’ailleurs inefficace sur les autres espèces.
On a obtenu, à Abokouamékro, par entaille
unique, 50 p. 100 de mortalité et 33 p. 100 de
dessèchement partiel sur des sujets de 1 à 4 m.
Ce produit, bien que n’étant pas une hormone,
reste d’une toxicité faible.
- 91 -
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Lophira lanceolata (Ochnnceae)
Grand arbre des savanes arborées du Centre de
Côte-d’Ivoire, il s’installe indifféremment sur sol
sableux profond, gravillonnaire ou sur cuirasse.
Il envahit parfois les zones surpâturées par des
semis abondants pouvant couvrir 80 p, 100 de la
surface. Les jeunes pousses sont parfois appétées.
La plupart des débroussaillants sont efficaces
à 100 p. 100 SUI- cette espèce. C’est le mélange
24 D + 245 T qui est préconisé du fait de son
prix le moins élevé.
Mezoneuron benthamianum (Caesalpiniaceae)
Liane épineuse des forêts secondaires et des
fourrés dégradés aux abords des villages. Elle
envahit les pâturages à partir de buissons sar-
menteux installés sur d’anciennes termitières.
Le traitement par badigeonnage sur écorce
a don”& de bons résultats au C. R. Z. avec le
245 T et les mélanges de Piclorame. Le mélange
24 D - 245 Ta une action un peu moins rapide,
mais tout aussi efficace.
Espèces de sols sableux en bas de pente et
dépression. Elle peut devenir envahissante par
ses nombreux drageons. Les feuilles sont géné-
ralement appétées.
Les traitements réalisés au C. R. Z. et à Abo-
kouamékro, par entaille unique sur des arbres
de 4 à 20 cm de diamètre et 2 à 6 m de haut, ont
montré la supériorité du 245 T sur les autres
produits (65 à 70 p. 100 de mortalité).
A Boundiali, les 3 produits testés
(245 T, mélange 24 D + Piclorame, mélange
245 T + Piclorane) appliqués en mélange dans
du gaz-ail sur des arbres de 2 à 3 m, ont eu une
efficacité parfaite.
En conclusion, on conseillera pour cette
espèce le 245 T, plus actif et moins cher.
Piliostigma thonningii (Caesalpinaceae)
Cet arbuste est fréquent dans toutes les for-
mations mais n’est abondant que sur les sols
argileux, argile-limoneux ou argile-sableux. Il
peut alors devenir envahissant. II est surtout
gênant par sa forme buissonnante.
Au C. R. Z., comme Abokouamékro, le
meilleur produit est le mélange 24 D - Piclo-
rame, qui a provoqué, par entaille unique, une
mortalité de 40 p. 100 avec “ne action parfaite
sur les drageons.
Arbuste d’origine américaine, envahissant
avec une agressivité exceptionnelle, les recrus
forestiers, jachère et savanes surpâturées de
l’ouest de la Côte-d’Ivoire de Danané à Touba.
Il crée, dans la région de Man, seul ou en
association avec Harungana madagascariensis,
des formations arbustives denses aboutissant à
l’élimination de la strate herbacée savanicole.
Les essais par entaille unique ont été réalisés au
ranch de Sipilou S”T un peuplement de 3 à 4 m
de haut.
Le produit à retenir est le mélange
24 D - Piclorame. Les arbustes traités avaient
entre 2 et 17 cm de diamètre, mais seuls les indi-
vidus de moins de 6 an (60 p. 100) ont été
atteints. Pour accroître l’efficacité, il est néces-
saire de pratiquer au moins 2 entailles à partir
d’un diamètre de 4 cm.
Arbres des forêts secondaires, pionnier de
reforestation SUT les meilleurs sols dz savane,
particulièrement dans l’Ouest de la Côte-
d’ivoire.
Les arbres traités à Sipilou avaient entre 4
et 13 cm de diamètre. On a obtenu 50 p. 100
de réussite avec le 245 T et 75 p. 100 avec le
mélange 24 D - Piclorame.
Uapaca togoemis (Euphorbiaceae)
Arbres fréquents dans les savanes et forêts
claires du Centre et du Nord. Il embroussaille
très souvent les terrains épuisés aux abords
des villages.
Les traitements ont eu lieu dans la région de
Boundiali sur des arbres de 10 à 30 cm de dia-
mètre et de 8 à 10 m de haut, par entailles mul-
tiples. Les résultats sont très satisfaisants avec le
mélange 245 T + Piclorame (90 p. 100 de mer-
talité). Le mélange 24 D-Piclorame provoque le
dessèchement dans 60 p. 100 des cas mais les
arbres repoussent 10 mois après le traitement.
Le 245 T s’est révélé totalement inefficace.
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I
3. CONCLUSION. RÉSULTATS d’arbre. Toutefois dans le nord de la Côte-
d’ivoire et particulihement dans les zones à
L’efficacité d’un produit est très variable forte densité de cheptel, beaucoup d’espèces
suivant les espèces, par contre, pour une même ligneuses participent au régime de saison sèche
espèce,
les essais
à divers stades de croissance ont des taurins.
On citera
parmi les mieux a&tées :
donné des résultats
similaires.
La sensibilité
aux produits utilisés peut être résumée dans -
Pferocarpus erinaceus
bien connus des bou-
le tableau II. viers peuls,
- Erythrina senegalensis,
Cussonia barteri,
IV. MODALITÉS D’APPLICATION
~ Gardenia spp,
- Piliosiigma rhonningii
(fruit surtout),
1. L’UTILITÉ DES LIGNEUX
~ Parinari curarellifolia.
II est important d’attirer l’attention sur le fait Selon D. LAGRUE (communication person-
que les végétaux ligneux ne sont pas toujours nelle), les zébus de la région de Korhogo consom-
indésirables sur un pâturage. II ne faudrait ment fréquemment les feuilles de :
surtout pas conclure de cette note que l’exploi-
~ Ficu9 capenîis,
tant a avantage à pratiquer une lutte inconsidérée
- Vite~ donniann,
contre les ligneux.
- Annona senrgolensis,
a) Intérêt fourrager
De nombreux auteurs (4, 11) ont montré
~ Ficus gluntoso,
-
fsoberlinia doka.
l’intérêt du feuillage des ligneux comme fourrage les jeunes Pousses de :
arrivant en complémentatmn des pailles de
gra- - Daniellia oliueri,
minées pendant la saison sèche et de nombreuses
- Cochlosoermum vlanchonii.
analyses bromatologiques ont souligné la richesse
des feuilles d’arbres spécialement en m. a. d. et le et les fruits de
Gardenia
spp
bien-fondé de ces knarques. Ceci est parfaite- Plus on descend vers la zone guinéenne, plus les
ment valable pour les troupeaux zébus mais aussi animaux refusent le feuillage. Ceci peut s’expli-
pour les races taurines, bien que ces dernières qua simplement par le fait que les repousses
soient plus réticentes à consommer les feuilles graminéennes sont plus abondantes. Sur le ranch
- 93 -
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d’Abokouamékro, seules les feuilles de Parinari
curalellifolia et parfois les très jeunes pousses de
Lophira lanceolata sont
appétées.
Au C. R. Z.,
les animaux sont remarquablement alimentés en
toute saison, la consommation de failles de
ligneux est exceptionnelle.
Quant aux ovins et surtout aux caprins, la
gamme de leurs goûts est encore plus élcndue :
la plupart des espèces arbustives de savanes sont
consommées, même en zone guinéenne. Le
rabattage est simplement nécessaire. L’élevage
en association de bovins et de petits ruminants,
très possible dans beaucoup de milieux est peut-
être une solution aux problèmes d’embroussaille-
ment.
L’enrichissement du sol en matière organique
par la chute des feuilles n’est pas non plus à
négliger (7). Les meilleures quali:és physiques
et surtout la plus forte teneur en humus du sol
dans les bosquets et groupes d’arbres isolés de
savane ne sont pas à démon?rer. De la même
façon, dans une savane arbustive ou boisée, les
qualités du sol (structure, matière organique)
s’améliorent à mesure que le couvert ligneux
augmente. Ceci provient du fait que la densité
des ligneux croît avec la teneur en éléments fins
du substrat mais aussi de l’apport par les ligneux
de matière organique. L’amélioration du sol
dépend alors beaucoup de l’espèce ligneuse. II
n’est pas rare de voir se développer sous certaines
essences un tapis graminéen plus abondant. Dans
les formations à Purin& curatellzj%lia et Hyme-
nocardia acida, l’enrichissement du sol sableux
en matière nrganique est souvent net sous la pre-
mière espèce et apparemment nul sous la seconde.
Tout ceci pourrait expliquer que le sol des pâtu-
rages défrichés du C. R. Z. se soit appauvri plus
vite que celui des formations les ligneux ont
été conservés.
Enfin, les arbres peuvent avoir un rôle non
négligeable dans le micro-climat et aussi favo-
riser la remontée d’éléments nutritifs que les
racines de graminées n’atteignent pas.
2. LA MULTIPLICATION DES LIGNEUX
EN SAVANE
Ce point est important à connaître pour assu-
rer le maximum d’efficacité à un traitement. En
effet, il existe essentiellement 2 modes de multi-
plication des espèces ligneuses : le semis et le
drageonnage.
Certaines espèces se reproduisent exclusive-
ment par semis. Chez Cussonia barteri la germi-
nalion sciaphile explique le regroupement fré-
quent de jeunes Cussonia sous un grand arbre de
savane. D’après nos observadons, Lophiva km-
ceolatn se multiplierait aussi uniquement par
semis, de même que Bridelia ferruginea. Ekau-
coup d’autres émettent dis drageons sur des
racines situées à des distances variables du pied-
mère. Les drageons, multiples et grêles au début,
forment rapidement un tronc unique,
résistant au
feu, et capable de régénérer un arbre entier. C’est
notamment le cas de Parinari cura~ellifolia,
Daniellia olioeri et Afrormosia laxifom Alors
que chez ce dernier, les
drageons
naissent à une
faible distance du pied-mère, chez Daniellia
olineri, les racines horizontales grêles sc rami-
fient et forment, dans un rayon de 40 m ou plus
autour du pied-mère, un réseau dense à partir
duquel naîtront les jeunes arbres. Assez
souvent,
le
drageon
s’isole rapidement
du
pied-mère par
rupture de la racine émettrice qui n’a que 3
ou 4 mm
de
diamètre. Sur Parinari curatellifolia,
Afrormosia laxipora,
la
distance entre 2 drageons
est de l’ordre du mètre. Chez Daniellia oliueri,
elle peut atteindre 5 à 10 ru. On voit que, dans ces
conditions, aucun produit ne saurait pénétrer
dans la racine drageonnante aussi loin
du rejet
traité. Non seulement il est indispensable de
traiter chaque drageon, mais on risque toujours
de nouvelles repousses à partir des portions de
racines encore vivantes.
3. LE COÛT DES TRAITEMENTS
Le problème majeur concernant l’usage des
débroussaillants chimiques est celui de la renta-
bilité. On sait que le défrichement manuel est
souvent difficilement justifiable pour les pâtu-
rages naturels (cas des ranchs de Côte-d’Ivoire)
et que le défrichement mécanisé doit être renta-
bilisé par une culture (Ranch de Sipilou).
a) Le prix du dPbroussaillant
Ce qui limite les défrichements chimiques est,
dans tous les cas, le prix de l’herbicide. On peut
s’en rendre compte sur le tableau III nous
avons comparé les coûts de divers traitements
réalisés au C. R. Z. sur des formations basses
à 25 p. 100 de couvert ligneux. Le produit choisi
était de 245 T, le moins cher des produits les plus
efficaces.
- 94 -
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Quelle que soit la méthode, c’est le prix du
produit (et aussi du gaz41 par pulvérisation) c,
qui élève le coût global. On aura donc toujours 500D0
intérêt à opter pour la méthode qui économise au
mieux les produits. C’est pourquoi, dans toute
cette étude, nous avons insisté sur les techmques
par badigeonnage qui ont l’avantage de ne pas
disperser le produit comme par pulvérisation.
A titre indicatif, les prix en francs CFA
des herbicides utilisés en Côte-d’Ivoire étalent
au ler semestre 1976 :
2A D .......................
245 T ......................
Mélanee 24
lxPiclorame
....... 15
-
Mélange aminotriazole - Thio le kg
Sur la figure 3, nous avons tenté
de
représenter
le coût des traitements réalisés au C. R. Z. en
fonction du couvert et de la taille
des ligneux.
Le coût du traitement est proportionnel au
couvert pour une
même classe d’âge et décroît
avec la taille de l’arbre à cowert égal. Cela
s’explique par le fait que plus une formation
vieillit, plus la densité des ligneux diminue. Or, on
utilise proportionnellement moins de produit
pour tuer un gros arbre que pour en tuer plu-
sieurs petits. Les traitements par abattage et
pulvérisation sur souche semblent en outre un
peu plus économiques que les traitements par
entaille (environ 30 p. 100).
Fig. 3. - Relations entre le coût des traitements 0,
le couvert ligneux Cv et la taille des arbres.
Traitements par entaille : 0,5 à 2 m. +
4 à6rn..
6 à*m.*
Traitements par abattage : 2 m.
4 à6rn. ci
6
à8m.
A
c) Comparaisons de divers types de défrichement
II est intéressant
de comparer les divers tratte-
ments par voie chimique à d’autres techniques de
défrichement :
- Cas des formations basses
Si le
coût
des traitements chimiques, de même
que celui des traitements manuels, est propor-
tionnel au couvert ligneux, il n’en
est
pas ainsi de
certains traitements mécaniques. Un gyro-
broyage revient approximativement au même
prix quel que soit le couvert ligneux. On aura
donc intérêt à défricher manuellement pour
des
formations embroussaillées à moins de 33 p. 100
et à utiliser
un gyrobroyeur au-delà (fig. 4).
- 95 -
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Fig. 4. - Comparairon du coût des défrichements
mécaniques (a) et manuels (b) en fonction du convert.
Mais ces 2 techniques sont insuffisantes dans
le cas de pârurages, à moins d’être répétées 1
ou 2 fois par an, car elles n’empêchent pas la
repousse. Nous leur préférons des méthodes qui
entraînent la mort du buisson.
Le défrichement traditionnel par le feu n’est
pas applicable aux jeunes rejets, mais il est facile
d’extirper !es souches à main. Pour des forma-
tions analogues à celles traitées dans le tableau III
(p. 95) un défrichement manuel avec extirpation
des souches et des plus grosses racines revient
approximativement à 10 000 F à 12 000 F l’ha.
Dans les conditions actuelles, le défrichement
manuel est donc moins onéreux que le défriche-
ment chimique, mais il demande une disponi-
bilité en main-d’œuvre beaucoup plus grande (*).
s’il s’agit d’espèces résistante nécessitant des
produits chers, le coût sera encore plus élevé. On
pourra toutefois le réduire en effectuant un
1s’ passage à l’aide d’un produit polyvalent qui
détruira environ 70 à 95 p. 100 du couvert et
réduira d’autant la dépense en produit cher du
second passage (tabl. IV).
(*) Ces conditions peuvent changer très rapidement
par augmentation du tarif de la main-d’oeuvre et baisse du
prix des herbicides.
L’association des mélanges 24 D + 245 T
et 24 D + Piclorame a donné au C. R. Z. des
résultats satisfaisants sur Daniellia oliveri et
Ajhmnosia IaxiJora.
- Cas des formations hautes
Le coût du défrichement chimique décroît
avec la taille des ligneux beaucoup plus vite que
celui du défrichement manuel (fig. 5). Le
tableau V permet de comparer les résultats
obtenus au C. R. Z. sur des formations ramenées
à 50 p. 100 de couvert ligneux. Les méthodes
chimiques sont plus avantageuses pour le traite-
ment des grands arbres.
c,
50 000 f
Fig. 5. - Coïit de divers défrichements
en fonction de la taille des arbres (h) :
a) défrichement manuel,
b) traitement ~LT entaille (245 T),
c) traaxnent après abattage (245 T).
Le défrichement traditionnel consiste à brûler
la base des arbres par un feu de bois. L’etlkacité
est assurée,
mais
la technique est longue, surtout
à cause de la récolte de bois morts nécessaire
pour alimenter les foyers. Elle convient parfai-
tement pour de petites surfaces mais ne peut
guère être appliquée sur de vastes pâturages, à
moins d’une disponibilité en main-d’œuvre
- 96 -
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considkrable. II en est de même du défrichement
manuel avec extirpation des souches.
Les traitements chimiques dewennent très
intkressants si l’on peut employer la technique
par badigeonnage sur souche après abattage
et l’un des 2 produits : 245 T ou mélange 24 D-
Piclorame. Dans la plupart des cas, le traitement
du produit le plus cher ne s’impose pas suc toute
la formation mais seulement sur 1 ou 2 espèces.
On aura alors intérêt à utiliser plusieurs produits
qui seront appliqués spécifiquement. Ceci ne
pose aucun problème pratique car les utilisateurs,
paysans ou employés d’exploitation, savent
toujours reconnaître les espèces ligneuses.
4. LE CONTRÔLE DE LA VÉGÉTATION
Il ressort de ce que nous venons de voir que la
lutte chimique pourra se révéler utile à l’éleveur
dans le cas manifeste d’embroussaillement pro-
voqué artificiellement par le bétail et dans
quelques cas plus rares d’éclaircissage dz forma-
tion naturelle dense.
Dans le premier cas, on aura T~~OUTS aux
débroussailla& chimiques si la pâture est trop
intensive pour permettre une mise en défens
périodique (tous les 2 ou 3 ans) suivie d’un feu
de fin de saison sèche. On pourra alors tenter
d’éliminer la totalité des jeunes ligneux, dans le
but de se rapprocher des conditions naturelles
d’équilibre.
Dans le second cas, il faudra éviter de provo-
quer un déséquilibre trop artificiel et conserver
?u minimum 20 à 50 p. 100 de couvert en arbres
adultes. Il est à craindre, en effet, que la dispari-
tion des gros arbres ne favorise l’apparition de
broussailles dont le développement est beaucoup
plus gênant pour le pâturage que les arbres
adultes.
En outre, on n’omettra jamais de préserver les
essences utiles, soit à des fins de cueillette, Parkia
biglobosa (Néré). Butyrospermum parkii = Vifel-
laria paradons (Karité) soit pour leur appétibi-
lité - Pterocarpus erinaceus, Cussonia barteri-
Erylhrina senegalemis, etc.
CONCLUSION
De nombreux points restent à compléter de
cet important sujet.
1) En matière de connaissance des ligneux :
- l’action humificatrice de leur matière orga-
mque ;
- les densités optimales dans les formations
naturelles consacrées à l’élevage et selon le type
de sol.
2) En matière de lutte :
- l’influence de la date du traitement et des
traitements antérieurs (feux, en partxuher) ;
- l’action d’autres Produi!s ou de leurs
associations ;
~ l’étude de concentrations plus écono-
nuques :
- l’utilisation de mouillants ;
- la comparaison à d’autres types de défri-
chement (mécanique ou au treuil) ;
- les réactions à long terme de la végétation
aux défrichements chimiques.
Et ce dernier point est peut-être le plus impor-
- 97 -
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tant de tous. Mais ces expérimentations sont
longues, car nous avons vit que l’action d’un
produit, pour être durable, doit être lente.
Chez Afrormosia laxifora, on compte 3
à 6 mois, chez Soianum rugosum, les premiers
symptômes apparaissant 6 mois après le traite-
ment. Mais, ce qui est plus grave, des cas de
repousse
ont été observés chez
Daniellia oliueri,
Parinnri cuuafell<filia
et
Uapaca togoensis
après
1 an de défoliaison complète. Ceci pose le pro-
blème des critères de mortalité : le seul certain
est l’attaque par des organismes étrangers (cham-
pignons, insectes) mais ici encore, il faut se
méfier des termites qui peuvent attaquer le ccwr
d’un arbre dont l’aubier est parfaitement sain.
Dans l’immédiat, que peut-on conclure sur
l’utilisation des débroussaillants chimiques à des
fins pastorales ? Partout l’on constatera un
envahissement gênant par les ligneux, on s’effor-
cera d’abord de le réduire par la méthode clas-
sique du feu de brousse qui reste encore la plus
économique. Les expériences du C. T. F. T. à
Kokondékro ont montré qu’un feu de fin de
saison sèche (mars) contrôlait correctement le
peuplement ligneux, à condition toutefois de
mettre en défens, pendant la saison des pluies
précédente, pour assurer une combustion efficace.
On peut alors détruire les jeunes rameaux de la
plupart des espèces jusqu’à 3 ou 4 cm de diamètre.
Si l’exploitation du pâturage est trop intensive
pour permettre la mise en défens ou si la forma-
tion ligneuse est déjà trop dense, on pourra
recourir aux méthodes chimiques. Mais ces
méthodes restent coûteuses et ne se justifient,
dans le cas d’aménagement de pâturage, que si
les sols de bonne qualité peuvent permettre une
réinstallation rapide des graminées ou si l’exploi-
tant peut réaliser enruite l’implantation d’une
plante fourragère. Nous savons que ces condi-
tions ne constituent pas le cas général. En outre,
l’éleveur devra modifier son système de gestion,
faute de quo, le pâturage serait très rapidement
réembroussaillé et le bénéfice de l’opération
quasiment nul.
SUMMARY
Tri& of chemical controt of woody plants in savammh, Ivary Coast (1975-76)
Tri& of control of bushes by use of chemicals were undertake” in view
of improving grazing in various enaoached vegetation types of the Ivory Coast.
The way by which the chemical induced its effect, method of application
and selectivity of thcse chemicals were studied, together with means of practical
use and costs.
The
limiting factor to the use of these chemicals is almost always their COS~.
They cari however be rewarding in particular cases of intensive use of natural
range, where control by fie is net possible and when labour is scarce OI too
expensive.
RESUMEN
Se realizaron CO” propositos pastorales ensayos de lucha mediante desbro-
zantes quimicos en varias formaçiones Ilenas de malezas en Costa de M&il.
Se estudian el modo de accih, la técnica de aplicacibn y la calidad de especifico
de 10s prodnctos asi como las modalidades pr&zticas de aplicxibn y sus cmtos
respectives.
El co~to demariado elevado del producto cari siempre limita la utilicaci6”
de estas técnicas. Sin embargo pueden volverse interesantes en ciertas casas
particulares de explotaci~” muy intensa de formaciones “aturales donde la jucha
traditianal par el fuego ya n” es posible o cuando la ma”” de obra es escasa o
demaniado onerosa.
BIBLIOGRAPHIE
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=3f litike par les ligneux dans une sawne préfores- Pays trop., 1970,23 (4) : 503-517.
;er&e Côte-d’Ivoire. Bull. Soc. Ecol., 1974, 5 (1) :
La
nomenclature des espèces botaniques est celle de la
8. PEYRE DE FABREGUES (B.). Problèmes posés Flora of West Tropical Africa, par J. HUTCHINSON
par I’évaluation du potentiel du « Pâturage aérien 1) et J. M. DALZIEL, ed. 2 ; pour Solarium rrrgosum,
en zone Sahélienne. In : Inventaire et cartographie des voir
W.
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pâturages tropicaux africamn. Actes du colloque sièmeespècedeSo/anumsection BrevantherumenAfri~“ue,
ILCA, Bamako, 3-S mars 1975, pp. 281.284.
Bull. 1. F. A. N., sér. A. 1974, 36 (2) : 392.393.
-99-
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... Dans les travaux pionniers, César (1977) et Hoffmann (1983) observent succinctement, en relation avec l'embroussaillement, des contraintes écologiques plus ou moins assimilables à la texture sableuse des sols après des perturbations liées au surpâturage et au feu. Les travaux actuels, s'ils ont porté trop peu exclusivement sur le Nord-Est ivoirien, ajoutent la concurrence entre les espèces. ...
Article
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L’objectif de ces travaux est d’étudier la géologie et l’évolution géomorphologique afin de déterminer le cadre dans lequel s’inscrit la répartition de l’embroussaillement des savanes du Nord-Est ivoirien. On espère, grâce à l’exploitation statistique des divers facteurs d’embroussaillement, aux divers niveaux de l’espace, fournir des éléments de réflexion sur les tendances actuelles du changement dans l’exploitation pastorale des Lobi, ainsi que les blocages ressentis par les aménageurs. L’effet du surpâturage et du feu est mis en évidence dans des parcelles expérimentales à l’échelle toposéquentielle. On notait 2807 rejets sur granite et 1092 sur roches birrimiennes en parcelles surpâturées et protégées contre le feu alors que les parcelles non pâturées mais livrées au feu et celles mises en défens n’en comptaient que moins de 200 dans les deux types de substrat. Le taux des recrus embroussaillants était deux fois plus élevé sur pente que sur sommet et trois fois plus fort sur pente granitique que sur pente en roches birrimiennes. Study of geology and geomorphological evolution was undertaken in view of distribution of the various encroached vegetation at the scale of landscapes. Statistics in the various factors of encroached vegetation types, at the various levels of space, induce elements for reflection on the current trends of change in the Lobi grazing as well as the blockages felt by the developers. Effects of overgrazing and fires were studied in experimental plots established on the typical catenas of the Bouna region. There were, on average, 2807 shoots of plants on granite and 1092 on phyllitious rocks in the plots grazed and protected from fire, while the plots not grazed but exposed to fire and those protected had less than 200 in both groups of substrates. Rate of brush growth is twice as high on slopes as summits as and three times higher on granite slopes than on slopes on birrimian rocks.
Article
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Les savanes soudaniennes sont caractérisées par les groupements d’arbres utiles protégés, organisés en vergers ou en parcs. Ces ligneux conduisent à un retour remarquable à la physionomie originelle des divers faciès de végétation profondément modifiés à travers l’apparition et la chute de leurs feuilles, fleurs et fruits. On peut alors s’interroger sur le rôle de ces phases phénologiques dans la restauration des milieux transformés par l’activité anthropique. Cette étude vise à montrer le processus de régénération des milieux transformés par l’homme à partir des cycles phénologiques des ligneux épargnés par les défrichements. Elle contribue à améliorer la capacité des communautés rurales à planifier et à gérer durablement les ressources environnementales en savanes soudaniennes. Elle repose sur le postulat d’une restauration des faciès des milieux végétaux modifiés à partir de la dissémination du stock au sol des organes des diverses espèces protégées. L’analyse des stades phénologiques de ces espèces ligneuses est effectuée à partir de relevés réalisés tous les 15 jours du début de la saison sèche à la fin de l’hivernage. Les résultats indiquent que leurs recrûs verts, à partir des fruits disséminés ou des racines, permettent la reconquête ligneuse des milieux abandonnés à la jachère. The sudanese savannahs are characterized by useful protected species of trees, organized in orchards or parks. This woody stand involves remarkable modifications of the physiognomy of the different facies of the vegetation by appearance and fall of their leaves, flowers and fruits. We can therefore wonder about the role of these phenological modifications in restoring the environments modified by humans. This study aims to show the process of regeneration of environments transformed by humans from the phenological cycles of the ligneous species spared by clearing. It contributes to improving the capacity of rural communities to plan and sustainably manage environmental resources in the sudanese savannahs. It is based on postulate of a restoration of facies of transmormed plant environments from dissemination of the stock on soil of the organs of the various protected species. The phenological stages of these woody species are analyzed on the basis of surveys carried out every two weeks from the start of the dry season to the end of the rainy season. The results show that their green regrowth, from scattered fruits or roots, allow the woody reconquest of environments abandoned to fallow.
Article
In several dryland African countries, forest management process is expansive, even when it is simplified. To find out the allowable cut, forest management inventories should be conducted, taking into account not only the natural regeneration by seeds but also the sprout by various vegetative means. As of today, only two categories, the stump sprouts and the “seedlings”, are accounted for. For numerous species, rejuvenation through terrestrial layering and root suckering is not enough considered by forest managers and /or by rural communities in charge of forest management. In countries with very low forest cover, we have to manage the open woodlands and also the trees outside forest, which are used for various purposes by farmers and breeders of semi-arid and arid tropical zones. In some cases, open woodlands and trees outside forest have an important potential for root suckering or terrestrial layering. Thanks to the natural processes, some species (more than 360) manage to survive in a threatened environment. Sometimes they may colonize the ecosystem during the rainy season by producing adventive stems from the root system through suckering and from aerial system (branch or stem) for the layering. In some cases, reiterates appear on trunks blown down by the wind and take roots.Several factors may have an effect on the ability to produce sprouts from the basis of the stem (basal sprout, root crown), from the branches (layer, rhizome, runner) or from roots (sucker). In most cases, a stress is necessary (ploughing, fire, illness, cyclone, drought, cold, etc). For the trees growing just at the border of their altitudinal or longitudinal natural area, the seedling survival becomes a problem, and as a consequence certain types of sprouts and terrestrial layering may become more frequent. This process should be developed especially in poorest developing countries for trees outside forest regeneration in or around fields, as well as for enrichment and forest management.
Article
Full-text available
De graves problèmes d'envahissements ligneux sur les pâturages de l'Adamaoua en général rendent d'actualité cette étude des savanes arbustives et arborées qui couvrent le plateau. L'auteur étudie trois aspects essentiels de cette vaste question. 1¼ action des feux sur la végétation ligneuse; 2¼ rôle de l'intensité de la charge en bétail sur cette même végétation; 3¼ valeur pastorale des éléments ligneux des terrains de parcours. Des conclusions sont données visant à définir une politique des feux en matière forestière, et surtout pastorale et également sont proposées des bases d'aménagement sylvo-pastoral dans l'optique de l'inévitable évolution de l'élevage vers des formes moins extensives
Aperçu quantitatif sur les formade 1'Adamaoua au Cameroun. Rev. Eh. Méd. vét. dons ligneuses des savanes de Lamto
  • J C Menaut
MENAUT (J. C.). Aperçu quantitatif sur les formade 1'Adamaoua au Cameroun. Rev. Eh. Méd. vét. dons ligneuses des savanes de Lamto. C. R. Colloque Pays,rop., 1969, 22 (4) : 541.559.
  • P E Ann
P. E. 1. Ann. " kv. Abidjan, 1973 E, 6 (2) : 19-23. 11. PIOT (J.). Pâturages aériens au Cameroun. Utilisa
Chute des feuilles et apport au sol tien des ligneux par les bovins. Rev. Elev. Méd. véf. =3f litike par les ligneux dans une sawne préforesPays trop. ;er&e Côte-d'Ivoire
MENAUT (J. C.). Chute des feuilles et apport au sol tien des ligneux par les bovins. Rev. Elev. Méd. véf. =3f litike par les ligneux dans une sawne préforesPays trop., 1970,23 (4) : 503-517. ;er&e Côte-d'Ivoire. Bull. Soc. Ecol., 1974, 5 (1) : La nomenclature des espèces botaniques est celle de la
Problèmes posés Flora of West Tropical Africa, par J. HUTCHINSON par I'évaluation du potentiel du « Pâturage aérien 1) et
  • Peyre De Fabregues
PEYRE DE FABREGUES (B.). Problèmes posés Flora of West Tropical Africa, par J. HUTCHINSON par I'évaluation du potentiel du « Pâturage aérien 1) et J. M. DALZIEL, ed. 2 ; pour Solarium rrrgosum, en zone Sahélienne. In : Inventaire et cartographie des voir W. G. d'ARCY, Solanunt rugosum Du "., une troipâturages tropicaux africamn. Actes du colloque sièmeespècedeSo/anumsection BrevantherumenAfri~ " ue, ILCA, Bamako, 3-S mars 1975, pp. 281.284.
Chute des feuilles et apport au sol tien des ligneux par les bovins. Rev. Elev. Méd. véf. =3f litike par les ligneux dans une sawne préfores-Pays trop
  • J C Menaut
MENAUT (J. C.). Chute des feuilles et apport au sol tien des ligneux par les bovins. Rev. Elev. Méd. véf. =3f litike par les ligneux dans une sawne préfores-Pays trop., 1970,23 (4) : 503-517. ;er&e Côte-d'Ivoire. Bull. Soc. Ecol., 1974, 5 (1) : La nomenclature des espèces botaniques est celle de la