On estime qu’au moins 1% des femmes s’identifient comme lesbiennes et qu’entre 3 et 6% ont eu une partenaire féminine, ce qui, au niveau suisse représenterait au moins 30'000 lesbiennes et entre 100'000 et 200'000 femmes ayant du sexe avec des femmes (FSF). De nombreuses recherches montrent que les lesbiennes recourent moins régulièrement au contrôle gynécologique que les autres femmes et qu’une partie d’entre elles rapportent des expériences de lesbophobie lors des consultations. Ceci peut entraîner un sous-dépistage, des traitements tardifs et des complications, notamment en ce qui concerne le cancer du col de l’utérus et les infections sexuellement transmissibles (IST). L’objectif principal de cette recherche était, à l’aide de groupes focus menés avec des lesbiennes et d’entretiens auprès de gynécologues, d’identifier ce qui pourrait encourager les femmes homosexuelles à effectuer des contrôles gynécologiques réguliers et à améliorer leur expérience de consultation. Il en ressort que les lesbiennes ne perçoivent pas toujours l’utilité des contrôles gynécologiques perçus comme fortement liés aux rapports hétérosexuels et qu’elles ont souvent l’impression que les gynécologues sont mal informés sur la thématique de l’homosexualité féminine et notamment sur les risques d’IST entre femmes. Le manque de signes explicites d’ouverture à l’homosexualité féminine est également jugé problématique. Les gynécologues rencontrées ont confirmé que l’orientation sexuelle faisait très rarement partie de l’anamnèse et qu’il serait nécessaire d’inclure le thème de l’homosexualité féminine dans la formation des gynécologues, les guidelines et les congrès de gynécologie.