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L'APPORT DU SIG DANS LA GESTION DES ESPACES PUBLICS DU DISTRICT DE BAMAKO

Authors:
  • Université des Sciences Sociales et de Gestion de Bamako

Abstract and Figures

Avec plus de deux millions d'habitants et un taux d'accroissement démographique d'environ 5,4%, Bamako est l'une des villes du monde où la croissance démographique est la plus forte. Pour mieux faire face à cette croissance, l'Etat malien a transféré des compétences en gestion urbaine à des collectivités décentralisées appuyées par des services techniques. Cette émergence de nouveaux acteurs politiques dans la gestion urbaine a suscité une confrontation entre l'intérêt général et les logiques individuelles dans la gestion des espaces.La réalisation du SIG dédié à la gestion des espaces publics s'est appuyée sur une approche orientée vers les besoins des acteurs. A l'issue des travaux de recherche, près de 1600 espaces ont été recensés, cartographiés et décrits. Les résultats montrent que ces espaces qui doivent recevoir les équipements collectifs de nature économique, sociale ou d'amélioration du cadre de vie, sont inégalement répartis entre les communes. L'étude a démontré que l'outil juridique qu'est le classement par décret du Président de la République, ne préserve plus les espaces publics car SYLLABUS Revue scientifique interdisciplinaire de l'École Normale Supérieure Série Lettres et sciences humaines Numéro spécial volume VII N° 1 2016 DEMBELE Samba & Dr. SOUMARE Mamy / SYLLABUS NUMERO SPECIAL VOL VII N° 1, 2016 : 173-189 L'APPORT DU SIG DANS LA GESTION DES ESPACES PUBLICS DU DISTRICT DE BAMAKO 174 plus de 10 à 50% des espaces classés changent de vocation. L'utilisation du SIG améliore la gestion des espaces en assurant un suivi à temps plus ou moins réels des espaces à travers le couplage entre la base de données géographique et internet.
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L’APPORT DU SIG DANS LA GESTION DES
ESPACES PUBLICS DU DISTRICT DE BAMAKO
DEMBELE Samba
Doctorant en géographie, Géographe et géomaticien, Institut
d’Economie Rurale
CRRA Sotuba BP 262 Bamako, samdem_22@yahoo.fr
Dr. SOUMARE Mamy
Enseignant-Chercheur, Géographe, DER Géographie,
Université des Sciences Sociales, BP 2575,
soumare_mamy@hotmail.com
Résumé
Avec plus de deux millions d’habitants et un taux d’accroissement
démographique d’environ 5,4%, Bamako est l’une des villes du monde où la
croissance démographique est la plus forte. Pour mieux faire face à cette
croissance, l’Etat malien a transféré des compétences en gestion urbaine à
des collectivités décentralisées appuyées par des services techniques. Cette
émergence de nouveaux acteurs politiques dans la gestion urbaine a suscité
une confrontation entre l’intérêt général et les logiques individuelles dans la
gestion des espaces.La réalisation du SIG dédié à la gestion des espaces
publics s’est appuyée sur une approche orientée vers les besoins des acteurs.
A l’issue des travaux de recherche, près de 1600 espaces ont été recensés,
cartographiés et décrits. Les résultats montrent que ces espaces qui doivent
recevoir les équipements collectifs de nature économique, sociale ou
d’amélioration du cadre de vie, sont inégalement répartis entre les
communes. L’étude a démontré que l’outil juridique qu’est le classement par
décret du Président de la République, ne préserve plus les espaces publics car
SYLLABUS
Revue scientifique interdisciplinaire de
l’École Normale Supérieure
Série Lettres et sciences humaines
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Numéro spécial volume VII
N° 1 2016
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DEMBELE Samba & Dr. SOUMARE Mamy / SYLLABUS NUMERO SPECIAL VOL VII 1, 2016 : 173 - 189
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plus de 10 à 50% des espaces classés changent de vocation. L’utilisation du
SIG améliore la gestion des espaces en assurant un suivi à temps plus ou
moins réels des espaces à travers le couplage entre la base de données
géographique et internet.
Mots-clés : Bamako, Espace public, Gestion, SIG, Ville
1. Introduction
L’urbanisation est au ur des problématiques du monde, et
plus singulièrement, d’Afrique subsaharienne. Avec une population
de plus de deux millions d’habitants (RGPH, 2009) et un taux
d’accroissement démographique d’environ 5,4%, Bamako est la ville
d’Afrique dont la population croît le plus rapidement, et la 6ème au
monde (Mairie du District, AFRICITE, 2012). Son gain
démographique est estimé à 790.000 habitants en dix ans. La ville est
bâtie sur une superficie de 24.000 ha, ce qui lui confère une densité
d’environ 76 habitants/ha, un chiffre en permanente augmentation.
D’après les prévisions de la Direction Nationale de la Statistique et de
l’Informatique, près d’un habitant sur deux vivra en ville en 2024
contre 1 sur 3 aujourd’hui (INS, 2009).
Une telle situation a conduit les autorités maliennes à opter
pour une politique de décentralisation qui s’est traduite par le
transfert des compétences de l’Etat central aux les communes.
Cependant, la politique de gestion urbaine déployée n’arrive toujours
pas à maîtriser cette forte croissance et a du mal à offrir aux habitants
des services urbains de base. De plus, la multitude d’acteurs induite
par le processus de décentralisation multiplie les collusions et conflits
de compétences, ce qui rend d’avantage difficile la gestion des
espaces publics, entendus comme tout espace programmé dans les
documents d’urbanisme pour servir d’équipement public. Cette
forme d’équipement dédié pour offrir des services aux citoyens doit
être accessible et ouvert à tout le monde (Dorian, 2010). Dans le
contexte Bamakois, il s’est avéré que ces espaces publics changent de
vocation première au profit d’intérêt personnel (Dembélé, 2012), sans
aucun acte légale autorisant le changement. Cette situation a conduit
à la prise du décret N°02-327/P-RM du 05 juin 2002 visant à protéger
ces espaces. Malgré ce décret, les espaces continuent de subir des
changements de vocation. Comme la si bien souligné Mayer et
Soumahoro (2014), « en contexte du vivre-ensemble malgré soi, la
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porosité entre les espaces privés et publics s’inscrit dans la logique du
tout est permis en aménagement du territoire » C’est pour faire face à
la mutation frauduleuse de ces espaces que la présente étude se
propose de mettre en place un Système d’Information Urbain pour
une gestion concertée et efficace des espaces publics dans le district
de Bamako.
2. Présentation de la zone d’étude
Bamako, capitale Malienne, est située entre 7° 59ʹde longitude
Ouest et 12° 40ʹ de latitude Nord. Elle est composée de deux rives qui
sont la rive Nord et la rive Sud qui s’étendent sur une superficie de
24.000 ha. Il s’agit du centre administratif du pays, qui regroupe en
son sein la plupart des services et institutions. Bamako est érigée en
District et subdivisée en six communes dirigées par des maires élus
(Fig. 1). Aujourd’hui, la tache urbaine de la ville rattrape ses
frontières administratives et physiques et s’étend sur les communes
voisines du cercle de Kati.
3. Matériel et méthodes
L’approche méthodologique adoptée pour cette étude
s’articule autour de deux axes. Le premier porte sur la
conceptualisation. Il s’agit ici de définir les concepts, les objets
observés, les unités d’observations et les nomenclatures pour
envisager une vision commune et appropriée par l’ensemble des
acteurs et les utilisateurs du système d’information. Cet exercice
aboutira à la création de dictionnaires et de modèles conceptuels de
données (MCD) du SIG. Le second axe porte sur l’opérationnalisation
du système. Sur la base des résultats du travail de conceptualisation,
la phase terrain a été organisée pour identifier, géo référencer et
décrire l’état des espaces (équipements) publics.
3.1 Le Modèle conceptuel des données
La mise en place d’un véritable Système d’Information Géographique
nécessite au préalable un travail de conceptualisation (Chesnais,
Saint-Gérand, 2005). Cette phase ne se résume pas seulement à un
travail technique. D’après Medjkane (2011), « la modélisation
territoriale de la zone d’étude, implique plusieurs réflexions d’ordres
[…] Épistémologique (quels sont les fondements sur lesquels
s’appuient les concepts d’Espace, de Temps, de Territoire, etc.),
méthodologique (comment formaliser ce cadre spatio-temporel) et
technique (comment le représenter dans un SIG), mais aussi
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thématique et ceci dans une optique pluridisciplinaire ». Chaque
étape nécessite une longue réflexion au préalable pour mieux abordé
le phénomène complexe à étudié. C’est une forme de représentation
graphique qui décrit l’interconnexion qui existe entre les différents
phénomènes spatiaux afin de les retranscrire dans le Système
d’information Géographique (Fig. 2). En d’autres termes le modèle
peut être considéré comme une « locomotive » à laquelle sont
accrochés des wagons, l’ensemble pouvant être modifié, amélioré au
fur et à mesure de l’objectif recherché.
Figure 1 : Carte de présentation de la zone d’étude
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Figure 2 : Le modèle conceptuel des données
A l’issus d’une longue réflexion sur la mise en place de notre modèle
conceptuel de données, quatre grandes classes ont été retenus pour
servir de support à ce modèle. Il s’agit : :
Le territoire qui est décliné en trois élément, (1) l’occupation
du sol (bâti et non bâti), (2) les éléments physiques et (3) les
limites administratives ;
Les infrastructures qui résultent des aménagements se
résument en six éléments (le réseau routier, le réseau
ferroviaire, le réseau d’assainissement, le réseau hydraulique,
le réseau d’électricité et enfin le réseau de
télécommunication) ;
L’organisation urbaine qui regroupe les supports de
planification urbaine de la ville se décline en deux principaux
éléments, (1) la planification urbaine et (2) la temporalité ;
La population et les acteurs qui sont les principaux
responsables (décideur, réalisateurs et bénéficiaire).
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3.2 La définition des indicateurs et des nomenclatures
Malgré l’insuffisance du système mis en place, des tentatives
d’organisations des informations relatives à la gestion des espaces
publics ont vu le jour, avec notamment la classification par le décret
N°02-327/P-RM du 05 juin 2002. Ce décret a posé les jalons pour la
sauvegarde de certains de ces espaces. Cette étape de définition des
indicateurs et des nomenclatures a été vitale pour le suivi,
l’alimentation du système d’information et surtout son exploitation
pour répondre aux exigences de l’approche orientée vers les besoins
des utilisateurs.
Pour mieux prendre en compte tous les paramètres, l’équipe a eu
plusieurs séances de travail avec le STAFF de la DRUH, puis avec les
chefs d’antennes. L’ensemble des besoins, des nomenclatures, des
formats de données ont été étayés. Les équipes se sont retrouvées en
atelier de validation et de formation.
Au final, nous avons définis sept domaines: l’économique ; la
formation, l’animation-sport et culture, l’administration, la santé, la
religion et les équipements collectifs. Pour chaque domaine, nous
avons des sous-groupes d’équipements (Tab. 1). A titre d’exemple, le
domaine de la formation comprend les écoles, médersas, centres
d’alphabétisation et les jardins d’enfants. Pour le cas du domaine des
équipements collectifs, on a les dépôts d’ordures, espaces verts,
jardins collectifs, parkings et les places publiques. Cette
nomenclature nous sert de socle commun, de base à l’intégration des
données. Il y a un code unique pour chaque domaine et espace, ce qui
permet de minimiser les marges d’erreurs.
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Tableau 1: La nomenclature de la base
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Code_Domaine
Nom_Type
Désignation
ECO
Boulangerie
Toute Boulangerie
ECO
Centre artisanal
Tout centre artisanal
ECO
Centre
commercial
Tout centre commercial,
peut contenir un marché
en plus de d’autres
services
ECO
Centre de couture
Tout centre de couture
ECO
Garage
Tout garage
ECO
Gares
Toute gare (voiture,
camion)
ECO
Dépôt
Hydrocarbure
Tout dépôt
d’hydrocarbure différent
des stations
ECO
Parc à bétail
Tout Parc à bétail,
différent de marché à
bétail
ECO
Abattoir
Tout abattoir
ECO
Hôtel
Tout hôtel ou restaurant,
bar
ECO
Centre
multifonctionnel
Tout centre abriant une
série d’activité à la fois
(artisanat, formation,
vente de produits)
ECO
Marché
Tout Marché
ECO
Station d'essence
Toute station d’essence
SCO
Centre
d'alphabétisation
Tout Centre
D’alphabétisation
SCO
Ecole
Toute école
(Fondamentale,
secondaire ou supérieure)
SCO
Jardin d'enfants
Tout jardin d’enfant
SCO
Medersa
Toute medersa (Primaire,
secondaire ou supérieure)
ANI
Centre culturel
Tout Centre Culturel
ANI
Musée
Tout Musée
ANI
Champ hippique
Tout Champ Hippique
ANI
Parc d'attraction
Tout Parc d’attraction,
espace aménagé de jeu,
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Code_Domaine
Nom_Type
Désignation
différente des centres
d’animation de jeunes
ANI
Cinéma
Toute salle de cinéma
ANI
Maison des
jeunes
Toute maison des jeunes,
Tout foyer des jeunes
ANI
Terrain de sport
Tout terrain de sport
ADM
Centre d'état civil
Tout Centre d’état civil
ADM
Poste forestier
Tout Poste forestier
ADM
Maison de Parti
Toute maison de u partir
(ancien siège des
représentations de
l’UDPM, parti Unique)
ADM
Centre
administratif
Tout espace dédié a
abrité des services de
l’état en dehors de ceux
expressément cités dans
cette liste
SOC
Centre sanitaire
Tout espace destiné à la
Santé
SOC
Centre de secours
Tout Centre de secours
ou d’aide sociale.
SOC
Centre social
Tout centre social
SOC
Cimetière
Tout cimetière
SOC
Centre d'accueil
Tout Centre d’accueil
CUL
Culte chrétien
Catholique
Toute église chrétienne
catholique
CUL
Culte chrétien
Protestant
Toute église chrétienne
protestante
CUL
Bois Sacrés
Tout bois sacré
CUL
Mosquée
Toute moquée
CUL
Temple
Tout Temple
EQU
Dépôt d'ordure
Tout dépôt d’ordure
(transit, définitif, etc.)
EQU
Espace vert
Tout espace vert
EQU
Jardin collectif
Tout jardin collectif ou
parc
EQU
Parking
Tout parking
EQU
Place publique
Toute place publique
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3.3 La collecte des données
Notre travail part de la localisation des espaces publics. Pour
cela, nous avons utilisé une démarche classique de la géographie qui
est la répartition spatiale des phénomènes qui, d’après M.Gasmi
(2006), permet de traduire la localisation dans l'espace des activités et
de mettre en évidence la répartition, c'est-à-dire les formes spatiales
qui en découlent : concentrations, dispersions et spécialisations. La
marche préconisée est la géo-localisation des établissements à
travers les récepteurs GPS, l’objectif recherché étant d’identifier, de
géo-référencer et de décrire les différents établissements. Cette étape
a été déterminante dans la réalisation du système d’information. Les
données créées ont été structurées et stockées dans une base de
données relationnelle sous Access.
3.4 Analyse des données
Le principal résultat attendu était la constitution de la base de
données géographique sur les équipements collectifs. Nous nous
sommes tout de même posé quelques questions sur l’état
d’occupation des espaces, l’ampleur des occupations, les
changements de vocation et surtout la couverture des besoins des
populations. Pour cela, des traitements cartographiques qualitatifs et
quantitatifs ont été réalisés, en termes de représentations à travers
des méthodes d’analyse spatiale. Il s’agit de l’ensemble de démarches
qui visent à décrire l’organisation des structures matérielles de
l’espace et les manières dont il est occupé (Arnaud, 2008). A ceux-là,
s’ajoutent des traitements graphiques et statistiques effectués sous
Excel.
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4. Résultats
4.1 L’inventaire des espaces
A la suite de la mission de levés sur le terrain, 1.598 espaces
collectifs ont été recensés, renseignés et décrits (Fig. 3).
Figure 3 : Carte de l’inventaire des espaces
Cette figure illustre la répartition des espaces sur l’ensemble
du District. Mais il est à retenir que les espaces publics de quelques
quartiers tels que Lassa et une partie de Kalabanbougou en
Commune IV, et Sénou en commune VI, n’ont pas été recensés pour
des raisons socio-administratives.
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4.2 La couverture en équipement
Cette répartition des équipements a été abordée à deux
niveaux, la commune et le domaine. S’agissant de la répartition par
commune, on remarque une très grande disparité entre les
communes en matière d’équipement (Fig. 4). En effet, tandis qu’on a
enregistré 396 équipements dans la Commune VI, la Commune II en
a 198. Cette forte disparité entre la commune II, la Commune III et les
autres s’explique par le fait que ces deux communes sont les plus
anciennes, et n’ont pas été planifiées à une même époque que les
autres.
Les équipements identifiés (1598) ont été regroupés en 7 domaines :
Administration (ADM) ;
Animation, sport et culture (ANI) ;
Religion (CUL) ;
Economie (ECO),
Equipements collectifs (EQU),
Formation (SCO),
Santé (SOC).
La répartition des équipements par domaines et par communes
permet d’observer que les équipements collectifs sont les plus
nombreux (Fig. 5). D’autres paramètres émergent de cette répartition,
notamment le changement de vocation première de certains espaces.
Ces questions de changement de vocation vont être abordées
ultérieurement.
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Source : Enquêtes de terrain, 2015
Figure 4: Répartition des équipements parcommune
Source : Enquêtes de terrain, 2015
Figure 5: Part des domaines par commune dans le district
4.3 La densité des équipements
La densité par noyau ou Kernel Density permet d’avoir une
vision homogène des phénomènes répandus sur l’étendue terrestre,
par un lissage des éléments et évènements voisins présentant des
caractéristiques communes, ou simplement par le fait de leur
proximité spatiale. Il s’agit ainsi, à partir d’un semi de points, ici les
équipements (Fig. 3), d’obtenir en sortie un raster (Fig. 6).
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La densité des noyaux fait ressortir la concentration spatiale
des espaces publics qui figurent sur les plans de lotissement de la
ville de Bamako. On remarque en effet des concentrations de part et
d’autres de la ville. Plusieurs paramètres interviennent dans cette
concentration, notamment l’étendue de la commune et le type de
quartier. On remarque une forte concentration d’équipements dans
les communes II (l’une des plus petites), VI, notamment dans la
partie Faladié-Banankabougou commercial, IV et V, notamment dans
les parties ACI 2000 constituées de quartiers résidentiels. En
commune I, on remarque aussi des concentrations, notamment dans
la partie Nord entre Djoumanzana et Banconi, à la commune III où la
concentration d’équipement est beaucoup plus faible.
4.4 Les changements de vocation
Les cas de changement de vocation concernent les espaces qui
ont été détournés de leurs vocations initiales ou premières. C’est un
phénomène très récurent à Bamako, avec un taux de changement qui
varie entre 12 et 33% (Fig. 7). Ce qui témoigne de l’ampleur du fléau
qui constitue une menace pour ces espaces.
Les communes les plus touchées par ces cas de changement
de vocation sont la Commune IV avec un taux de changement de
33%, contre 32 % pour les communes V et VI. Dans la planification
malienne, il n’existe pas de processus légal de changement de
vocation des espaces. Pourtant ce phénomène est récurent, et aboutit
parfois à des conflits entre la population et les structures chargées de
la gestion de ces espaces. Dans cette optique de protection des
espaces, le gouvernement a fixé des décrets de protection visant à
classé certains d’entre eux. Mais parfois ces décrets s’avèrent
inefficaces dans la protection de ces espaces. En effet, parmi les
espaces classés par décret, 34% ont changés de vocation.
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Figure 6 : Carte de la densité des équipements
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Source : Enquêtes de terrain, 2015
Figure 7: Changement de vocation par commune
La principale cause de changement de vocation des espaces
est la forte demande en parcelles d’habitation. Suite à la
consommation de toute les réserves foncières de la ville, les
spéculateurs ont tendance à se dirigés vers ces espaces publics, ce qui
occasionne le changement massif de leur vocation. En Commune IV
du district par exemple on a plus d’espaces non conformes, les
habitations représentent 38 % des cas de changement de vocation,
suivies des mosquées avec un taux de 19 %. A l’échelle du District, les
habitations représentent 32 % des cas de changement de vocation
suivies des équipements marchands et des lieux de culte, plus
particulièrement les mosquées (Fig.8).
Source : Enquêtes de terrain, 2015
Figure 8 : Domaines affectés par le Changement
Parmi les 7 domaines (sept) que nous avons retenus, le
domaine des équipements collectifs est le plus touché par les
changements de vocation, avec un taux de 48 %. Ces espaces font
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l’objet d’une grande convoitise. La plupart d’entre eux sont des
places publiques et des espaces verts non aménagés. Au départ
soumis à une occupation provisoire, ces espaces ont fini par muté
définitivement au profit d’autres formes de mise en valeur, le bâti en
l’occurrence. Vient ensuite le domaine des espaces de formation avec
un taux de transformation de 18 % et, en troisième position, les
espaces sanitaires avec 9 %.
5. Conclusion
Les résultats de cette étude montrent une fois de plus l’intérêt du
Système d’Information Géographique dans la gestion urbaine. Elle a
permis d’identifier de façon exhaustive l’ensemble des équipements
dans le district de Bamako. La première conclusion à tirer est le
nombre impressionnant des espaces : environ 1600 contre une
prévision de moins de 1000. De l’analyse du rapport entre l’offre
d’espace et les besoins des populations, il ressort qu’il y a des
disparités spatiales à l’intérieur de la ville, tant du point de vue de
leur répartition que du domaine concerné par l’offre en espaces.
L’étude a enfin montré les limites de classement par décret avec
plusieurs cas de changement de vocation parmi les espaces classés.
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!
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... between residents and the agencies responsible for managing these areas. In order to protect these areas, the government has enacted protection regulations aimed at classifying some of them, although these regulations are not effective for the protection of these areas [60]. The city of Sikasso and its surrounding areas have serious environmental concerns even though natural resource development is controlled by nature conservation services. ...
... According to [53,60], neighborhoods ("Communes"; see Appendix A Figure A1) in Bamako were affected in 2013 by changes in the use of public spaces, including green spaces, where Commune IV (33%) was the most affected, while 32% of Communes V and VI were affected. There is no legal procedure for changing the use of space in Mali's urban planning. ...
... However, this phenomenon occurs repeatedly, sometimes leading to conflicts between residents and the agencies responsible for managing these areas. In order to protect these areas, the government has enacted protection regulations aimed at classifying some of them, although these regulations are not effective for the protection of these areas [60]. ...
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Increasing land use and land cover change and climate change have considerable impacts on urban green spaces and their ecosystem services. These impacts result in a loss of urban green space and particularly weaken the climate resilience of urban populations. Landsat imagery data from 1990 to 2020 were used to track the spatio-temporal dynamics of urban sprawl and its influence on the loss of urban green space in Bamako and Sikasso in Mali. Furthermore, a survey of local stakeholders was conducted to capture the perceptions of the status of urban green space. The results of the land use/land cover analysis of the cities between 1990 and 2020 showed that most of the vegetation classes, mainly urban green spaces, have been converted into built-up and bare land in both cities during the last 30 years. In Bamako, built-up land has risen from 5421 hectares in 1990 to 13,350 hectares in 2020, and in Sikasso, from 929 hectares in 1990 to 2213 hectares in 2020. Respondents mentioned street trees as the prevalent type of urban green spaces in both cities (20% of the respondents in Bamako and 24% in Sikasso). In addition, the majority of respondents perceived urban green spaces in Sikasso as having a good status and in Bamako as having a good or moderate status. This study recommends improving the number and quality of urban green spaces, which are crucial for the provision of ecosystem services and for the resilience of cities against climate change.
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Concilier conservation dans les aires protégées et développement des populations locales exige une bonne connaissance de la dynamique des systèmes naturels et sociaux. Issu d’un séminaire interdisciplinaire qui a réuni les partenaires de 16 pays, en majorité africains, ce CD-ROM présente les données biologiques et sociales permettant de questionner les pratiques en cours dans les aires protégées d’Afrique de l’Ouest. Il s’adresse aux scientifiques, aux gestionnaires et aux décideurs.
Espaces urbains africains sub-sahariens, changements et conflits spatiaux», Revue canadienne de géographie tropicale
  • Mayer R E Soumahoro M
MAYER R.E, SOUMAHORO M, 2014 « Espaces urbains africains sub-sahariens, changements et conflits spatiaux», Revue canadienne de géographie tropicale/Canadian journal of tropical geography, 1 -7p.
Recensement de la faune sur le sanctuaire de gorilles de Lossi, zone affectée par le virus Ebola », Groupement Agreco GEIE -SECA -CIRAD Forêt
  • Bermejo M
BERMEJO M, 2003, « Recensement de la faune sur le sanctuaire de gorilles de Lossi, zone affectée par le virus Ebola », Groupement Agreco GEIE -SECA -CIRAD Forêt, 18 p.
Utilisation d'un GPS et d'un logiciel de SIG pour évaluer les variations saisonnières des superficies exploitées des sites de maraîchage dans le tissu urbain de Ouagadougou
  • Cisse G
CISSE G, et al 1999, « Utilisation d'un GPS et d'un logiciel de SIG pour évaluer les variations saisonnières des superficies exploitées des sites de maraîchage dans le tissu urbain de Ouagadougou » Science et changements planétaires/Sécheresse, 10(2), 123-128.
« Conception d'une base de données départementale des équipements publics de Loire Atlantique
  • Lhabitant Dorian
LHABITANT Dorian, 2010 « Conception d'une base de données départementale des équipements publics de Loire Atlantique », 2010, 83p.
« Plan d'actions du premier forum de développement urbain de Bamako
  • District Mairie Du
Mairie du District, 2010 « Plan d'actions du premier forum de développement urbain de Bamako » 23 p.