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Revue SOAO - N° 01 - 2015, pp. 46-52
G KOKI ET AL. 46
Revue SOAO N° 01- 2015, pp.46-52
© EDUCI 2015
PROFIL DES AFFECTIONS OCULAIRES EN MILIEU MILITAIRE AU CAMEROUN
PROFILE OF EYE DISEASES IN THE MILITARY IN CAMEROON.
G KOKI1-2, C MBOGOS NSOH1-2, E EPÉE1, A OMGBWA EBALLE3,
LA BELLA1, C EBANA MVOGO1
1- Faculté de Médecine et des Sciences Biomédicales de l’Université de Yaoundé I. Yaoundé, Cameroun.
2- Hôpital Militaire de Région n° I faisant ofce d’Hôpital d’Instruction et d’Application des Armées de Yaoundé,
Yaoundé, Cameroun.
3- Faculté de Médecine et des Sciences Pharmaceutiques de l’Université de Douala. Douala, Cameroun.
Correspondance : KOKI Godefroy
Chef de Service Spécialisé d’Ophtalmologie de l’HMR I / HIAAY
B P 12974 Yaoundé-Cameroun
E-mail : kok2002g@yahoo.fr
tionnelles était le plus fréquent (57,7 %), suivi de celui
des pathologies infectieuses et/ou inammatoires
(14%). Puis suivaient les affections dégénératives
(10,4%), et les traumatismes supposés spéciques
à ce milieu (8,9%). Les pathologies vasculaires, les
neuropathies et les tumeurs étaient observées respec-
tivement dans 6,8%, 2,1% et 0,1% des cas. Les neu-
ropathies optiques glaucomateuses, les rétinopathies
hypertensives et diabétiques étaient présentes à tous
les âges. Incompatible avec les objectifs de ce milieu
professionnel, la cécité était de 2,04% avec 17 cas.
Conclusion : Certaines affections dégénératives,
vasculaires (rétinopathie diabétique), neuropathiques
et traumatiques seraient incompatibles par leurs
complications, avec le métier des armes si des mesures
préventives ne sont pas prises par la hiérarchie.
Mots-clés : milieu militaire, affection oculaire, profil.
Conitd’intérêt : Aucun
RESUME
But : Déterminer les affections oculaires rencontrées
en milieu militaire.
Patients et Méthode : C’est une étude hospita-
lière, documentaire, transversale et descriptive. Etaient
inclus tous les militaires ou policiers encore profes-
sionnellement actifs, de tout grade ayant consulté
entre janvier 2008 et décembre 2010. Les retraités
étaient exclus. Les données colligées reposaient sur
l’interrogatoire et l’examen ophtalmologique complet
pouvant donner lieu à plus d’un diagnostic pour un
même malade.
Résultats : Parmi les 9321 malades reçus, 830
étaient militaires ou policier soit un militaire pour 10
malades. L’âge moyen était de 40,6 ans. Le sexe mas-
culin prédominait avec un ratio de 3H / 1F. L’armée
de terre représentait 42,3% avec 351 cas et les sous
ofciers 49,2% soit 408 cas. Mille trois cent soixante
affections oculaires étaient retrouvées et classées en
groupe de pathologie. Le groupe des pathologies fonc-
SUMMARY
Objective: To assess ocular disorders encountered
in the military environment.
Patients and Method: This is a hospital study
that is documentary, sectional and descriptive. Were
included all military or police ofcers still professionally
active, of all ranks who consulted between January
2008 and December 2010. Pensioners were excluded.
Data collected were based on the interview and complete
eye examination that could give more than one diagnosis
for the same patient.
Results: Among the 9321 patients received, 830
were military or police ofcers, that is one military
officer for 10 patients. The average age was 40.6
years. Males predominated with a ratio of 3M/1F. The
Army represented 42.3% with 351 cases and the NCOs
49.2%, that is 408 cases. One thousand three hundred
and sixty eye disorders were found and classied in
pathology group. Functional diseases group was the
most common (57.7%), followed by that of infectious
diseases and/or inammatory (14%). Then followed the
degenerative disorders (10.4%), and injuries supposedly
specic to this environment (8.9%). Vascular diseases,
neuropathies and tumors were observed respectively
in 6.8%, 2.1% and 0.1% of cases. Glaucomatous optic
neuropathies, diabetic and hypertensive retinopathies
were present at all age. Incompatible with the objectives
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of this professional environment, blindness was
2.04% with 17 cases.
Conclusion: Some degenerative disorders,
vascular (diabetic retinopathy), neuropathic and
traumatic may be incompatible with their compli-
cations, with the profession of arms if preventive
measures are not taken by the hierarchy.
Keywords: military environment, eye disorder, profile.
INTRODUCTION
La vie des militaires et policiers se singula-
rise par le fait qu’à un moment ou à un autre,
ils sont appelés à vivre dans des conditions
opérationnelles souvent très difciles1. La
santé de ses hommes est une préoccupation
majeure et permanente pour la hiérarchie
militaire. En général, peu d’études dans le
monde sont connues sur les pathologies
dont ils sont victimes en situation opération-
nelle ou non. Elles le sont encore moins en
Afrique au sud du Sahara et au Cameroun
en particulier, surtout dans le domaine de
l’ophtalmologie. Déterminer les affections
oculaires rencontrées en milieu militaire
pendant l’activité professionnelle était donc
l’objectif assigné à cette étude.
PATIENTS ET METHODE
PATIENTS
C’est une étude hospitalière mono-
centrique, documentaire, transversale et
descriptive réalisée dans le service spé-
cialisé d’ophtalmologie (SSO) de l’Hôpital
d’Instruction et d’Application des Armées
de Yaoundé (HIAAY). Etaient inclus tous les
militaires ou policiers de tout grade confon-
du, encore en activité, ayant consulté entre
janvier 2008 et décembre 2010. Les dossiers
des retraités étaient exclus.
MÉTHODE
Les données recueillies étaient celles de
l’interrogatoire et de l’examen ophtalmolo-
gique complet de chaque malade fait d’une
mesure d’acuité visuelle de loin et de près,
de la biomicroscopie, de la tonométrie et
du fond d’œil. Tous les diagnostics ophtal-
mologiques conrmés étaient retenus. Plus
d’un diagnostic pouvait être retenu pour
un même malade. La classication OMS de
l’acuité visuelle était utilisée2.
Les variables analysées étaient : l’âge, le
sexe, le corps (la gendarmerie, l’armée de terre,
de l’air, la marine nationale et le corps des
sapeurs pompiers), le grade (les équivalences
suivantes étaient établies : commissaires de
police et au-delà étaient inclus parmi les of-
ciers supérieurs, les ofciers de police parmi les
ofciers subalternes, les inspecteurs parmi les
sous ofciers et les gardiens de la paix parmi
les hommes de rang), le motif de consultation,
les antécédents, et le(s) diagnostic(s) retenu(s).
L’analyse des données était effectuée avec
le logiciel Epi-info version 3.5.1 et le test de
comparaison utilisé était celui du Chi² avec
une limite de conance à 95%.
RESULTATS
1-CARACTÉRISTIQUES
ÉPIDÉMIOLOGIQUES
Pendant la période d’étude, le service a été
visité par 9321 malades et 830 étaient des
militaires ou des policiers encore en activité,
soit un militaire pour 10 malades. Il y avait
49 policiers et 781 militaires.
L’âge moyen des patients retenus était
de 40,6 ans ± 9,6 (extrêmes : 21 - 70 ans).
La gure I fait le résumé des tranches d’âge
atteintes. Notre échantillon comportait 635
hommes (76,5%) et 195 femmes (23,5%) pour
un ratio de 3H / 1F.
L’armée de terre était le corps le plus
fréquent avec 351 cas soit 42,3%, suivie de
la gendarmerie nationale avec 239 cas soit
28,8%, de l’armée de l’air avec 90 cas soit
10,8%, de la marine nationale avec 73 cas
soit 8,8%, de la police nationale avec 49 cas
soit 5,9%, et du corps national des sapeurs
pompiers avec 28 cas soit 3,4%.
Les sous ofciers étaient les plus nom-
breux à fréquenter le service avec 49,2%
soit 408 patients, suivies des ofciers subal-
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ternes avec 19,4% soit 161 patients, puis
des ofciers supérieurs avec 17,9% soit 149
patients, des militaires du rang avec 9% soit
75 patients, des élèves ofciers avec 2,3%
soit 19 patients, des élèves sous ofciers
avec 1,7% soit 14 patients et des ofciers
généraux avec 0,5% soit 4 patients.
2- CARACTÉRISTIQUES CLINIQUES
La baisse d’acuité visuelle (BAV) en vision
de loin et de près était le principal motif
de consultation avec 37,4% (509 cas) et
20,3% (276 cas) respectivement. Elle était
suivie des céphalées (139 cas, soit 16,7%),
des larmoiements (116 cas, soit 14%), des
algies oculaires non traumatiques (91 cas,
soit 11%), de prurit (84 cas, soit 10,1%), des
yeux rouges non traumatiques (77 cas, soit
9,3%), des algies oculaires traumatiques (60
cas, soit 7,2%), de photophobie (56 cas, soit
6,7%), des yeux rouges traumatiques (51
cas, soit 6,1%) et des sensations de grains
de sable (50 cas, soit 6%). Il faut noter qu’un
malade pouvait présenter plusieurs plaintes.
Dans leurs antécédents, on dénombrait
108 traumatismes oculaires, 85 hyper-
tensions artérielles (HTA), 29 diabètes, 28
chirurgies oculaires, 16 glaucomes chro-
niques à angle ouvert et 4 infections à
virus de l’immunodécience humaine (VIH)
conrmées. Un patient pouvant présenter
plusieurs antécédents.
Le tableau I regroupe les causes de morbi-
dité oculaire retrouvées. Ces affections sou-
vent combinées chez un malade, étaient plus
fréquentes chez les sous ofciers avec une
fréquence de 42% (571 cas). Celle-ci était de
24% (326 cas) chez les Ofciers supérieurs,
de 20,1% (273 cas) chez les Ofciers subal-
ternes, de 11% (150 cas) chez les militaire
de rang, de 2,3% (31 cas) chez les élèves
Sous-ofciers et Ofciers et de 0,6% (9 cas)
chez les généraux. La pathologie vasculaire
(46/92 cas) était plus fréquente chez les
Ofciers supérieurs tandis que les trauma-
tismes (55/121 cas) l’étaient plus chez les
sous-ofciers. La fréquence du glaucome
était de 1,9% soit 25 cas.
Le taux de cécité était de 2,04% (17/830).
Les causes étaient : les traumatismes (2 trous
maculaires, 2 décollements de rétine, 2 atro-
phies optiques, 2 œdèmes maculaires, 2 leu-
comes adhérents, 2 hématocornées, 1 luxation
du cristallin et 1 hémorragie intravitréenne) ;
les inammations / infections (5 chorioré-
tinites, 2 endophtalmies) ; les neuropathies
optiques (4 glaucomes, 2 retrobulbaires) ; les
rétinopathies (3 diabétiques et 3 hypertensives)
et une tumeur (sarcome de Kaposi). Et celui de
la malvoyance était de 9,63% (80/830).
Dans la distribution des pathologies en fonc-
tion de l’âge au tableau II, on observe que 10,7%
de glaucome et 18,6% d’amétropie se retrouvent
chez les patients de moins de 30 ans.
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Figure I : Répartition des patients par tranche d’âge.
Tableau I : Fréquence des pathologies oculaires retrouvées.
(n=1360) %
Pathologie fonctionnelle
-Amétropie statique
785
509
57,7
37,4
-Presbytie 276 20,3
Pathologie infectieuse/inflam-
matoire
-Conjonctivite
-Uvéite
-Cellulite
-Blépharite
-Rétinites / immunodépression
191
98
55
20
15
3
14,0
7,2
4,0
1,5
1,1
0,2
Pathologie dégénérative
-Ptérygion
-Cataracte
Pathologie traumatique
142
96
46
121
10,4
7,0
3,4
8,9
-Contusion oculo-palpébrale
-Plaies palpébrales
-Plaies du globe oculaire
-Glaucome post traumatique
Pathologie vasculaire
-Rétinopathie hypertensive
-Rétinopathie diabétique
Neuropathies
-Glaucome
-Autres neuropathies
Pathologie tumorale
-Sarcome de Kaposi palpébral
51
35
33
2
92
52
40
28
25
3
1
1
3,8
2,6
2,4
0,1
6,8
3,8
3,0
2,1
1,9
0,2
0,1
0,1
Tableau II : Distribution des pathologies oculaires en fonction de l’âge
20-30 ans 30-40 ans 40-50 ans 50-60 ans >60ans Total
Pathologie fonctionnelle
(n=509, sans presbytie)
18,7%
(95)
21,4%
(109)
42,8%
(218)
16,7%
(85)
0,4%
(2)
100%
Pathologie infectieuse/
inammatoire
(n=191)
24,6%
(47)
38,7%
(74)
32,5%
(62)
4,2%
(8) - 100%
Pathologie dégénérative
(n=142)
Pathologie traumatique
(n=121)
Pathologie vasculaire
(n=92)
Pathologie héréditaire
(n=28)
Pathologie tumorale
(n=1)
25,4%
(36)
25,6%
(31)
4,4%
(4)
10,7%
(3)
34,5%
(49)
34,7%
(42)
13%
(12)
28,6%
(8)
100%
(1)
32,4%
(46)
30,6%
(37)
32,6%
(30)
39,3%
(11)
7,7%
(11)
8,3%
(10)
39,1%
(36)
17,9%
(5)
-
0,8%
(1)
10,9%
(10)
3,5%
(1)
100%
100%
100%
100%
100%
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DISCUSSION
1-CARACTÉRISTIQUES
ÉPIDÉMIOLOGIQUES
Fréquentation du service
Les civils et les militaires sont examinés
dans les structures hospitalières militaires.
Cependant, les militaires sont plus souvent
fréquents à l’hôpital quand ils sont de retour
d’une opération militaire1,3. En absence de
situation conictuelle qui mobilise le per-
sonnel militaire, la fréquentation du service
retrouvée dans ce travail serait donc normal.
Sexe et Age
La prédominance des hommes est expli-
quée par la faible proportion de femmes
incorporées dans le métier des armes. Les
militaires les plus affectés par la maladie
oculaire sont situés entre la quatrième et
la cinquième décade c›est-à-dire après au
moins 20 années de service armé. L’âge d’in-
corporation se situe autour de la deuxième
décennie. Les conditions de vie au cours des
entraînements et manœuvres militaires sont
rudes et difciles. Ce qui expliquerait peut
être la prévalence de la maladie autour de
la quatrième décade pour ces personnels
encore en activité (gure I).
Corps et grade
L’armée de terre est proportionnellement
plus affectée dans notre travail. Il en est de
même pour les sous ofciers qui sont les
plus malades. Cette armée et ce groupe de
personnel ont dans l’ensemble, des effectifs
en nombre plus important que les autres.
2-CARACTÉRISTIQUES CLINIQUES
Sur le plan clinique, la fréquence des
signes d’appel est superposable aux données
de la littérature1,3-6.
Les pathologies traumatiques et vascu-
laires chroniques constituaient l’essentiel
des antécédents retrouvés. Ces terrains sont
d’importants facteurs de risque de cécité et
de malvoyance, souvent incompatible avec
le métier des armes. Le nombre d’antécé-
dents traumatiques serait justié par les
multiples incidents et accidents sportifs et
professionnels. Cependant, le conit fron-
talier avec le Nigeria et le grand banditisme
des coupeurs de route contre lequel seuls les
militaires étaient efcaces au niveau national
y a contribué. Quant aux antécédents de
pathologies vasculaires, ils seraient liés à la
prévalence de ces affections dans les milieux
militaires africains au sud du Sahara7,8.
Les vices de réfraction selon le tableau
I représentent plus de la moitié des patho-
logies retrouvées. Cette fréquence est cor-
roborée par les données de la littérature
sur les pathologies les plus rencontrées en
ophtalmologie4-6. Cependant, pour ce milieu
professionnel assez spécique, cette fré-
quence reste élevée. Bien que les moyens de
correction constitués de lunettes essentielle-
ment, portées dans notre environnement ne
soient pas une gêne véritable au cours d’un
exercice militaire.
Les infections et inammations consti-
tuaient un groupe de pathologies dont la
tête de série était la conjonctivite qui pouvait
être infectieuse, allergique, immunologique
ou post-traumatique4. Elles sont souvent
favorisées par une mauvaise hygiène envi-
ronnementale, une faible luminosité, les
antécédents du patient, les microtrauma-
tismes et la vie en communauté regroupée
fréquente dans le milieu militaire.
La fréquence de la pathologie dégéné-
rative augmente dans un environnement
d’exposition permanente aux rayons ultra
violet (UV) et en altitude9. Les militaires,
continuellement soumis à cette exposition
dans notre contexte très ensoleillé au nord
Cameroun, doivent donc être informés des
dernières avancées dans ce domaine an
d’améliorer la prévention de la pathologie qui
pourraient altérer leur potentiel visuel à long
terme. Le port des lunettes optiques anti UV
et photochromiques dans cette zone devrait
être obligatoire9. La pathologie dégénérative
était absente après 60 ans selon le tableau
II, parce que les seuls encore en activité à ces
âges sont des Ofciers généraux dont la prise
en charge est particulière dans notre milieu.
Les traumatismes oculaires sont plus
souvent rencontrés au cours d’exercices
militaires1. Ils sont peu fréquents selon le
tableau I, justiant le caractère hospitalier
de notre étude. La fréquence des contusions
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oculaires est proche des 3% retrouvés par
Tchabi et al au Bénin en 200910 dans une
enquête hospitalière. Mineurs, modérés ou
sévères, les traumatismes sont un facteur
de risque de cécité qui peut être prévenu
pendant les exercices ou le sport militaire
par le port d’un équipement adapté. Une
étude de prévalence dans une unité ayant
une importante capacité d’entraînement à
l’exemple du bataillon d’intervention rapide
apporterait un meilleur éclairage.
Les militaires du rang et les sous ofciers
qui constituent la force manuelle de toute
armée performante présentaient plus de
traumatismes à la différence des Ofciers
qui étant la force de réexion développaient
plus de pathologie cardio-vasculaire et leurs
complications. Les fréquences au tableau
I des rétinopathies dues à l’hypertension
artérielle et au diabète sont sufsantes pour
attirer l’attention de la hiérarchie militaire,
au regard des prévalences du diabète de type
2 trouvées par Nkondjock et al soit 10,4%7
et Abodo et al soit 6,8%8 dans les forces de
défense camerounaises et ivoiriennes res-
pectivement. L’acuité visuelle de ces malades
dépend de leur mode de vie mais surtout de
l’équilibre glycémique et tensionnel au long
cours. Le risque de cécité potentiel dans ce
groupe de malade trouve son explication
dans une étude sur la rétinopathie diabé-
tique menée par Koki et al, dans laquelle ils
observaient qu’un diabétique camerounais
sur 6 serait aveugle11. Devant ces données,
la hiérarchie militaire devra ordonner une
modication des habitudes alimentaires et
sportives de sa population7.
La neuropathie optique glaucomateuse
est une affection cécitante redoutable selon
l’OMS12, et sa recherche avant l’incorpora-
tion dans le métier des armes devrait être
systématique chez tout candidat. Notre fré-
quence est inférieure à celle rapportée par
Ellong et al dans une enquête hospitalière
réalisée au Cameroun en 2006 en milieu
civil13. Le tableau II montre que la jeunesse
âgée de moins de 30 ans, constituant la force
d’exercice et d’entraînement pendant les
manœuvres militaires n’est pas indemne de
cette neuropathie.
Si certaines affections oculaires infec-
tieuses, dégénératives, traumatiques, vas-
culaires et les neuropathies nécessitent
une approche de groupe par la hiérarchie
militaire, les autres entités retrouvées, sans
être négligeables, doivent faire l’objet d’une
attention individuelle.
CONCLUSION
Les affections oculaires en milieu mili-
taire sont multiples et variées. Cependant,
certaines seraient incompatibles par leur
complications, avec le métier des armes si
des mesures préventives ne sont pas prises
par la hiérarchie. C’est le cas des affections
dégénératives, des neuropathies, des trau-
matismes et de certaines rétinopathies (dia-
bétiques). La performance de nos forces de
défense en dépend.
Si les Ofciers sont une force de réexion,
les militaires du rang et les sous officiers
constituent la force manuelle de toute armée
performante. Par conséquent, ils doivent tous
être en bonne santé visuelle et de manière
permanente dès leur incorporation. Ainsi, il
est recommander à toute hiérarchie militaire
de dépister périodiquement les affections ocu-
laires potentiellement cécitantes, an d’éviter
une reconversion des malades parfois encore
jeunes.
Revue SOAO - N° 01 - 2015, pp. 46-52
G KOKI ET AL. 52
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