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JEUX DE HASARD ET D’ARGENT CHEZ LE SUJET ADULTE, QUAND
LA PASSION DEVIENT MORTIFÈRE
Céline Bonnaire
De Boeck Supérieur | « Psychotropes »
2015/2 Vol. 21 | pages 23 à 35
ISSN 1245-2092
ISBN 9782807301016
Article disponible en ligne à l'adresse :
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http://www.cairn.info/revue-psychotropes-2015-2-page-23.htm
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Pour citer cet article :
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Céline Bonnaire, « Jeux de hasard et d’argent chez le sujet adulte, quand la passion
devient mortifère », Psychotropes 2015/2 (Vol. 21), p. 23-35.
DOI 10.3917/psyt.212.0023
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Psychotropes – Vol. 21 no 2-3 23
Jeux de hasard et d’argent
chez le sujet adulte,
quand la passion devient mortifère
Gambling in the adult subject,
when passion becomes deadly
Céline Bonnaire
Maître de conférences
Université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité
Laboratoire de Psychopathologie et Processus de Santé
71 avenue Édouard Vaillant – F 92100 Boulogne-Billancourt ;
et Psychologue clinicienne
CJC Pierre Nicole
27 avenue Pierre Nicole – F 75005 Paris
E-mail : celinebonnaire@gmail.com
Résumé : Les jeux de hasard et d’argent sont une pratique très
ancienne dont la popularité ne cesse de croître. Comment expliquer
cet engouement pour cette activité ? Quelle est sa fonction dans
l’économie psychique du sujet qui s’y adonne ? Poser la question de
la fonction des jeux de hasard et d’argent renvoie pour partie à la
question de la motivation du sujet à s’adonner à cette activité (qu’il
s’agisse de la motivation consciente ou inconsciente du joueur). Or
la motivation sera différente selon le type de joueur (qu’il s’agisse
du joueur social, du tricheur, du professionnel ou du joueur patho-
logique). De plus, la motivation sera également différente selon le
type de joueur pathologique et selon le type de jeu auquel il joue. En
effet, plusieurs études récentes (la plupart menées chez des joueurs
pathologiques) ont montré que le profil des joueurs variait selon
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24 Psychotropes – Vol. 21 no 2-3
Jeux de hasard et d’argent chez le sujet adulte, quand la passion devient mortifère
le type de jeu auquel ils s’adonnaient et ce, en termes de données
sociodémographiques, de traits de personnalité et de dimensions
psychopathologiques. L’étude de la fonction du jeu ou encore de la
motivation du joueur offre des perspectives intéressantes en termes
de recherches et d’application pratique. En effet, cela permet d’une
part d’améliorer la typologie des joueurs et ainsi d’adapter au
mieux les modalités de prise en charge de ces sujets. Par ailleurs, la
compréhension de la motivation et du lien avec l’implication dans
le jeu peut également contribuer à améliorer les messages de pré-
vention en matière de jeux de hasard et d’argent.
Abstract: Gambling is a very ancient practice whose popularity
continues to grow. How can we explain the craze for this activity?
What is its function in the psychic economy of the subject? The
question of the function of gambling refers in part to the issue of
motivation of the subject to indulge in this activity (both conscious
and unconscious motivation of the player). However, the motivation
will be different according to the type of player (either the social
gambler, cheat, professional or pathological gambler). In addition,
the motivation will also be different depending on the pathological
gambler and the type of game he plays. Indeed, several recent stud-
ies (mostly conducted on pathological gamblers) showed that the
profile of players varied by the type of game they engaged in and
in terms of socio-demographic data, personality traits and psycho-
pathological dimensions. The study of the function of the game or
the motivation of the player offers interesting perspectives in terms
of research and practical application. Indeed, it allows one hand
to improve the typology of players and so to better adapt the proce-
dure for taking charge of these matters. Moreover, understanding
the motivation and the link with the involvement in the game can
also help improve prevention messages for gambling and money.
Mots clés : jeux de hasard et d’argent, motivation, jeux stratégiques,
jeux non stratégiques
Keywords: gambling, motivation, strategic games, non-strategic
games
Les jeux de hasard et d’argent sont une pratique très ancienne, aussi
vieille que l’humanité. En effet, on en trouve des traces dans l’ancienne
Babylone (chez les Suméro-Babyloniens), c’est-à-dire 3000 ans av. J.-C.
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Psychotropes – Vol. 21 no 2-3 25
Ainsi, de tout temps les êtres humains ont « joué ». Cependant, au départ,
la notion de hasard n’existait pas et les puissances divines étaient inter-
rogées, via les osselets et les dés, pour prendre des décisions ou émettre
un jugement. C’est au XIIIe siècle avec saint Thomas d’Aquin que le
hasard va prendre ses droits (bien que l’on fasse remonter ses origines
à Pascal au XVIIe siècle avec ce qui constituera la base du calcul des
probabilités (cf. la méthode de résolution du « problème des partis »)).
Selon lui, le résultat du sort ne provient pas uniquement d’une influence
spirituelle mais également du hasard. Cette reconnaissance a permis de
mettre fin à la sollicitation abusive de la puissance divine et l’outrage à
la Providence. Cette référence au hasard est également présente dans le
traité, très novateur, de Pascasius (médecin flamand) datant de 1561 sur
la compréhension et le traitement du joueur pathologique (Nadeau et
Valleur, 2014). En effet, il précise que le hasard n’est pas Dieu mais bien
le hasard. Dans ce traité, il décrit de façon très contemporaine l’addic-
tion aux jeux de hasard et d’argent alors que sa reconnaissance scienti-
fique date de 1980 lors de son introduction dans la troisième version du
manuel statistique et diagnostique des troubles mentaux (DSM-III), ce
qui n’est pas sans mettre en lumière la réticence de la reconnaissance de
ce trouble (classé généralement dans les « nouvelles addictions »).
Depuis de nombreuses années, les jeux de hasard et d’argent n’ont
cessé de se développer et leur popularité est constamment grandissante
dans la population générale. En effet, en 2014, 74 % des Français âgés
de 15 à 75 ans déclaraient avoir joué au moins une fois à un jeu de hasard
et d’argent dans leur vie et 56,2 % au moins une fois au cours de l’année
écoulée (Costes, Eroukmanoff, Richard et Tovar, 2015).
Les jeux de hasard et d’argent : définitions
Le jeu de hasard et d’argent est une activité dont l’issue repose principa-
lement ou totalement sur le hasard et implique au préalable une mise irré-
versible d’argent ou celle d’un objet de valeur (Arseneault, Ladouceur et
Vitaro, 2001). C’est « l’acte de parier » qui spécifie la pratique des jeux
aléatoires et se caractérise par l’engagement d’une mise. Ainsi, le jeu de
hasard et d’argent est considéré comme une activité à risque.
Trois conditions doivent être réunies pour qu’on ait affaire à un jeu
de hasard et d’argent (Ladouceur, Sylvain, Boutin et Doucet, 2000) : le
joueur mise de l’argent ou un objet de valeur ; cette mise, une fois placée,
ne peut être reprise ; et l’issue du jeu repose sur le hasard.
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Jeux de hasard et d’argent chez le sujet adulte, quand la passion devient mortifère
La possibilité de gagner, si mince soit-elle, est la condition sine qua
non de tout jeu de hasard et d’argent. Cet élément essentiel de la défini-
tion montre que le joueur tente de gagner en jouant. Mais que recherche-
t-il à travers cette victoire ? Dans son ouvrage consacré à l’influence du
jeu sur la culture européenne Homo Ludens, Huizinga (1938) (historien
néerlandais, spécialiste de l’histoire culturelle) répond à cette question :
« La victoire suppose toujours quelque valeur au vainqueur : au jeu de
stratégie, l’intelligence ; au jeu d’habileté, le talent ; au jeu de hasard, la
fortune. Aussi est-il naturel de vouloir gagner. Il semble qu’il touche à
une fibre secrète du sujet, il atteint l’estime de soi. Gagner est toujours
valorisant, une douce façon de flatter l’orgueil. [En effet,] Qu’est-ce que
gagner ? Et que gagne-t-on ? Gagner c’est manifester sa supériorité à
l’issue du jeu. Toutefois, la validité de cette supériorité bien établie a
tendance à prendre l’apparence d’une supériorité en général. Et par là, le
fait de gagner dépasse le jeu en soi. Il attire la considération, l’honneur »
(p. 90). Ainsi, selon Huizinga, l’argent est une des motivations centrales
dans le fait de s’adonner à un jeu de hasard et d’argent. Nonobstant, au
travers de l’argent, le joueur semble chercher bien autre chose.
Fonctions des jeux selon le type de joueur
Poser la question de la fonction des jeux de hasard et d’argent renvoie
pour partie à la question de la motivation du sujet à s’adonner à cette
activité (qu’il s’agisse de la motivation consciente ou inconsciente du
joueur).
D’une façon générale et au-delà du facteur financier, les joueurs
jouent pour de nombreuses raisons : pour le plaisir, pour rêver, pour lut-
ter contre l’ennui (Lam, 2007 ; Back et al., 2011 ; Burlacu et al., 2013),
pour les sensations, l’excitation (Platz et Millar, 2001), pour échapper à
la routine (Loroz, 2004), pour se défouler ou se détendre (Burlacu et al.,
2013), pour se socialiser (Lee et al., 2006), etc. Néanmoins, les joueurs
n’étant pas une population homogène, la motivation diffère selon le type
de joueur. Selon la classification de Kusyszyn (1972), on peut distinguer
plusieurs types de joueurs.
Tout d’abord, on trouve les joueurs dits sociaux qui représentent
la très grande majorité des joueurs. En termes de prévalence, si l’on se
réfère à l’étude menée par l’Observatoire des Jeux et l’Inpes (Costes et
al., 2015), cela représente plus de 95 % des 56,2 % des Français qui ont
joué au moins une fois dans l’année écoulée. Le joueur social joue soit
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Psychotropes – Vol. 21 no 2-3 27
occasionnellement soit régulièrement, mais le jeu garde dans sa vie une
place limitée, à savoir celle d’un loisir. Le sujet peut cesser de jouer à
tout moment lorsqu’il le désire : le jeu garde une place non centrale dans
son existence.
Le jeu permet au joueur de se divertir, se délasser, se reposer, éprou-
ver du plaisir (Caillois, 1956), se socialiser mais aussi rêver et espérer
une vie meilleure. Il n’est d’ailleurs pas étonnant de constater le nombre
grandissant de Français qui jouent (la proportion de Français ayant joué
dans l’année écoulée est passée de 46,4 % en 2010 à 56,2 % en 2014),
notamment depuis la crise financière. Dès 1958, Caillois avait déjà noté
que le recours à la chance aide à supporter l’injustice d’une compétition
faussée ou trop rude au plan social. La réussite sociale par le travail deve-
nant plus aléatoire, pourquoi, en effet, ne pas s’en remettre au hasard ?
Ainsi, les jeux de hasard et d’argent représentent aujourd’hui une possibi-
lité d’ascension sociale que le travail permet moins, voire ne permet plus.
Au sein de ce groupe de joueurs, on observe déjà des différences
selon la fréquence de jeu. Ainsi, les joueurs les moins fréquents jouent
principalement pour la socialisation (Abarbanel, 2014) et choisissent des
jeux socialement orientés (McGrath, Stewart, Klein et Barrett, 2010). À
l’inverse, les joueurs les plus fréquents jouent pour s’échapper et/ou le
plaisir, le challenge (Abarbanel, 2014).
Le deuxième type de joueurs est le tricheur, autrement dit le pro-
fessionnel de l’arnaque. Jouant souvent aux cartes, il risque à la fois de
perdre de l’argent et de se faire démasquer. Il peut vivre de ses revenus
du jeu car sa motivation première est de gagner de l’argent. Au-delà de
l’aspect financier, la prise de risque et la dimension transgressive étant au
premier plan, on peut se poser la question d’une conduite quasi ordalique
chez le tricheur. Ainsi, on peut penser qu’à travers cette conduite, le sujet
chercherait à prouver son droit à l’existence, sa valeur propre, voire sa
supériorité.
Le troisième type est le joueur professionnel qui n’est pas réelle-
ment un joueur mais plutôt un homme de métier (Caillois, 1956). Et
tandis que le joueur social joue de manière récréative, le joueur pro-
fessionnel, lui, joue de manière purement professionnelle. En effet, il
considère le jeu comme son travail, celui-ci étant sa source principale
de revenus (Radburn et Horsley, 2011 ; McCormack et Griffiths, 2012 ;
Parke et Griffiths, 2012 ; Biolcati, Passini et Griffiths, 2015). Le jeu
occupe d’ailleurs une place importante dans sa vie. Aux purs jeux de
hasard et d’argent, il préfère les jeux qui nécessitent du savoir-faire (ex. :
poker) ou certaines connaissances (ex. : pronostics, bourse).
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28 Psychotropes – Vol. 21 no 2-3
Jeux de hasard et d’argent chez le sujet adulte, quand la passion devient mortifère
Le joueur professionnel est décrit comme sérieux, logique, contrôlé,
discipliné, peu superstitieux, peu impulsif et ayant une grande confiance
en lui (Rosecrance, 1986, 1988 ; Griffths et al., 2009 ; McCormack et
Griffiths, 2009). En effet, contrairement au joueur pathologique, il a une
forte estime de lui-même qui apparaît soit comme une conséquence des
gains financiers importants du jeu, soit comme un trait de personnalité
inhérent au joueur (Biolcati et al., 2015). Nous pouvons donner comme
exemple le poker, qui nécessite une confiance en soi et un contrôle impor-
tant pour bluffer (Parke et al., 2005). De plus, le joueur professionnel se
comporte différemment face aux pertes financières dans le sens où il sera
beaucoup moins dans la « chasse » des pertes, c’est-à-dire qu’il ne cher-
chera pas nécessairement à se refaire (Rosecrance, 1986 ; McCormack et
Griffiths, 2012). Cela est en partie lié au fait que le joueur professionnel
est bien plus à même que le joueur pathologique de se détacher émotion-
nellement du jeu. Le joueur pathologique est plus dans l’émotion, ce qui
affecte sa capacité à jouer de façon logique et rationnelle.
Pour le joueur professionnel, la principale motivation est de gagner
de l’argent (Smith et Preston, 1984 ; Wood et al., 2007 ; Biocalti et al.,
2015) et cette motivation médiatise d’autres motivations comme le fait
d’échapper à la réalité (Lee et al., 2009). De plus, le jeu répond sûrement
ici à un besoin de satisfaire une intellectualisation massive.
Dans la dernière catégorie, on trouve le joueur pathologique qui est
« dépendant » du jeu. Il a perdu le contrôle de l’activité ludique et ne
peut s’arrêter avant d’avoir tout perdu. Le jeu occupe une place centrale
dans son existence, et ce au détriment d’autres investissements affectifs
et sociaux. La prévalence des joueurs pathologiques en France en 2014
est estimée à 0,5 % de la population générale (soit 200 000 Français) et
celle des joueurs à risque modéré à 2,2 % (soit 1 million de Français)
(Costes et al., 2015).
Plusieurs études ont investigué la motivation des joueurs patholo-
giques. Le modèle de motivation le plus souvent utilisé est la théorie de
l’autodétermination de Deci et Ryan (1985, 2000). À partir de cette théo-
rie, plusieurs types de motivation ont émergé : le coping ou l’adaptation
qui est une motivation intrinsèque et qui fournit un renforcement néga-
tif (ex. : jouer pour l’excitation) ; l’amélioration qui est une motivation
intrinsèque et qui fournit un renforcement positif (ex. : jouer pour essayer
de comprendre quelque chose de nouveau) ; la socialisation qui est une
motivation extrinsèque et qui fournit un renforcement positif (ex. : jouer
pour se socialiser avec les autres) ; ou encore la motivation financière qui
est une motivation extrinsèque (ex. : jouer pour devenir riche).
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Psychotropes – Vol. 21 no 2-3 29
Les résultats des différentes recherches montrent que l’amélioration
et le coping prédiraient la fréquence du comportement de jeu contraire-
ment à la socialisation (Stewart et Zack, 2008 ; Dechant, 2014). L’aspect
financier, bien que significatif, n’apporte pas grand-chose lorsqu’il est
intégré dans les modèles statistiques. La motivation financière est telle-
ment au cœur de cette activité (Binde, 2009 ; Burlacu, Romo, Lucas et
Legauffre, 2013) qu’elle ne permet pas de différencier de façon solide les
joueurs ayant une forte ou une faible implication dans le jeu (Dechant,
2014). Ce résultat fait d’ailleurs écho à diverses théories psychanaly-
tiques qui montrent que les joueurs pathologiques désirent consciemment
gagner mais inconsciemment perdre (Freud, 1928 ; Bergler, 1957). Ainsi,
le joueur chercherait à travers le jeu, et plus spécifiquement à travers
les pertes, à satisfaire un besoin inconscient de culpabilité. D’ailleurs,
les joueurs dont la motivation est l’argent semblent avoir moins de pro-
blèmes de jeu que les joueurs dont la motivation principale est le coping
(McGrath et al., 2010 ; Dechant, 2014) ou l’échappatoire (Biocalti et al.,
2015). En effet, chez les joueurs pathologiques, le jeu permet d’échap-
per au stress, aux frustrations, aux responsabilités de la vie quotidienne
(Back et al., 2011 ; Kusyszyn, 1990) et de faire face aux problèmes, à la
dépression et à l’anxiété (Neighbors et al., 2002 ; Nower et Blaszczynski,
2010). Cependant, le type de motivation n’est pas le même chez tous les
joueurs pathologiques.
Fonctions des jeux chez les joueurs pathologiques :
spécificités selon le type de jeu
Après avoir longtemps considéré les joueurs pathologiques comme un
groupe homogène présentant des caractéristiques communes, plusieurs
auteurs ont montré qu’il existait différents types de joueurs patholo-
giques, chacun ayant des caractéristiques psychopathologiques spé-
cifiques. Les premiers à avoir initié ce mouvement sont deux auteurs
australiens, Blaszczynski et Nower (2002), qui, à partir du parcours
de différents joueurs pathologiques, ont identifié trois sous-groupes
de joueurs pathologiques : les joueurs emotionaly vulnerable ou « vul-
nérables émotionnellement », antisocial impulsivist ou « antisociaux
impulsifs », behaviorally conditionned ou « conditionnés ».
Le profil des deux premiers sous-groupes illustre bien dans quelle
mesure la fonction du jeu dans l’économie psychique du joueur varie
selon le type de joueur pathologique. En effet, les joueurs antisocial
impulsivist ou « antisociaux impulsifs » présentent des caractéristiques
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30 Psychotropes – Vol. 21 no 2-3
Jeux de hasard et d’argent chez le sujet adulte, quand la passion devient mortifère
d’impulsivité et de recherche de sensations, qui sont primaires à la
conduite addictive. Ce sont des chercheurs de nouveauté et des trans-
gresseurs (cf. personnalité antisociale) (Valleur et al., 2015). Chez ces
joueurs, le jeu permet d’éprouver des sensations fortes, l’excitation du
jeu étant ici au premier plan. À l’inverse, les joueurs emotionaly vulne-
rable ou « vulnérables émotionnellement » présentent comme caractéris-
tiques prémorbides l’anxiété et/ou une dépression, ainsi qu’une pauvreté
des mécanismes de coping et de résolution de problème, des expériences
familiales et des événements de vie difficiles. Le jeu permet à ces joueurs
de moduler et soulager des états affectifs aversifs en produisant de l’exci-
tation ou une échappatoire. Le jeu a ainsi une fonction d’automédication.
Ce que recherche le joueur à travers le jeu est un état de dissociation
(c’est-à-dire se couper de sa conflictualité psychique).
Cette typologie des joueurs pathologiques apparaît comme insuf-
fisante. En effet, plusieurs études récentes (la plupart menées chez des
joueurs pathologiques) ont montré que le profil des joueurs variait selon
le type de jeu auquel ils s’adonnaient (Petry, 2005 ; Bonnaire et al., 2009 ;
Fang et Mowen, 2009), et ce en termes de données sociodémographiques
(Odlaug et al., 2011 ; Stevens et Young, 2010), de traits de personnalité
et de dimensions psychopathologiques (Bonnaire et al., 2009 ; Moragas
et al., 2015).
Ces études reposent sur le fait qu’il existe différents types de jeu
de hasard et d’argent, notamment quant à la part de chance et d’habileté
impliquée dans le jeu. Le premier auteur à avoir différencié les jeux de
chance (aléa) et les jeux d’habileté (agon) est Caillois (1958).
On peut en effet distinguer trois catégories de jeu selon la part d’ha-
bileté requise (Larkey et al., 1997) : les jeux de hasard purs que l’on
appelle également les jeux non stratégiques ou passifs (ex. : loteries,
roulette, Amigo, machines à sous) dans lesquels le joueur s’affronte au
hasard sur lequel il n’a aucune influence ; les jeux de hasard et d’habileté
ou encore les jeux stratégiques ou actifs (ex. : poker, paris hippiques,
blackjack) dans lesquels l’aléatoire se combine à une part d’habileté ; et
les jeux de pures habiletés (ex. : échec) dans lesquels la probabilité de
gagner est principalement due aux compétences et à la supériorité des
compétences du joueur comparées à celles de son adversaire. Le dernier
type n’étant donc pas un jeu de hasard.
De façon générale, les hommes préfèrent les jeux d’habileté comme
les paris hippiques et les jeux de tables de casino (cf. cartes) alors que
les femmes préfèrent les jeux de hasard purs comme les machines à
sous (Delfabbro, 2000 ; Volberg, 2003). Les joueurs de plus de 35 ans
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Psychotropes – Vol. 21 no 2-3 31
préfèrent les jeux non stratégiques tandis que les joueurs de moins de
35 ans préfèrent les jeux stratégiques (Odlaug et al., 2011). Ainsi, les
joueurs de jeux stratégiques sont généralement des hommes plutôt
jeunes, le haut niveau de compétition dans cette tranche d’âge pouvant
expliquer en partie l’attrait pour ce type de jeu (Chalmers et Willoughby,
2006 ; Griffiths et al., 2009 ; Svensson et Romild, 2014 ; Moragas et
al., 2015). La faible proportion de femmes s’adonnant à des jeux straté-
giques peut s’expliquer par le lien entre ce type de jeu et la prise de risque
qui est une caractéristique moins commune chez les femmes (Delfabbro,
King et Griffiths, 2014).
La différence entre jeux d’habileté et jeux de chance est donc liée
au genre et à l’âge. Cependant, il existe également des différences entre
les différents types de jeu en termes de pouvoir addictif et de profil de
motivation.
Ainsi, le risque de développer des problèmes de jeu est significative-
ment plus important pour les joueurs de poker, jeux de casino (machines
à sous), paris sportifs et hippiques, que pour les joueurs de loterie (Costes
et al., 2015). Ce n’est pas tant la distinction jeux stratégiques/non straté-
giques qui est liée au pouvoir addictif mais le fait d’avoir d’une part des
jeux dits continus qui activent fortement le système de récompense du
joueur du fait de petits gains répétés (cf. machines à sous). Dans ces jeux,
la fréquence de jeu est très élevée (cf. nombre d’opportunités de jouer
dans un temps donné) et le temps entre la mise et le résultat très court. Or
l’addiction est toujours liée à la récompense et à la rapidité de la récom-
pense. D’autre part, on trouve des jeux qui nécessitent des compétences
(cf. paris sportifs, poker) pour lesquels le joueur aura tendance à sures-
timer sa part d’habileté et sous-estimer la part de hasard. Le joueur aura
alors une confiance exagérée en lui-même et développera des cognitions
erronées qui entretiendront le comportement de jeu.
Les joueurs qui s’adonnent à des jeux stratégiques ont également
tendance à présenter des niveaux de psychopathologie plus élevés que
les joueurs de jeux non stratégiques (Moragas et al., 2015).
De plus, les joueurs pathologiques qui cherchent l’excitation, l’adré-
naline préfèrent les jeux d’habileté et les jeux actifs alors que ceux qui
jouent pour éviter les émotions négatives choisissent des jeux de hasard
purs et des jeux passifs (Potenza et al., 2001 ; Ledgerwood et Petry,
2006 ; Bonnaire et al., 2009, 2013). Une étude française récente menée
sur 372 joueurs à problème (cherchant et ne cherchant pas de traite-
ment) a validé la typologie de Blaszczynski et Nower (2002) (Valleur
et al., 2015). Cette recherche a également permis de montrer que les
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32 Psychotropes – Vol. 21 no 2-3
Jeux de hasard et d’argent chez le sujet adulte, quand la passion devient mortifère
joueurs antisociaux impulsifs choisissent plutôt des jeux mêlant habi-
letés et chances (paris sportifs et hippiques) alors que les joueurs vul-
nérables émotionnellement sont plus attirés par des jeux de chance purs
(machines à sous).
Combiné à la différence de genre, il semble que les jeux stratégiques
(les cartes ou les paris sportifs) sont associés à des hauts niveaux d’exci-
tation ou de sensations chez les hommes. Chez les femmes, qui préfèrent
les jeux non stratégiques comme les machines à sous, le jeu apparaît
comme une échappatoire et est lié à la régulation des émotions et à l’évi-
tement ou à la régulation des émotions négatives (Delfabbro, 2000 ; Hing
et Breen, 2001 ; Ariyabuddhiphongd, 2006 ; Potenza, Maciejewski et
Mazure, 2006 ; Bonnaire et al., 2010 ; Grant et al., 2012 ; Moragas et
al., 2015).
Conclusion
L’étude de la fonction du jeu ou encore de la motivation du joueur offre
des perspectives intéressantes en termes de recherches et d’application
pratique. En effet, cela permettrait d’une part d’améliorer la typologie
des joueurs et ainsi d’adapter au mieux les modalités de prise en charge
de ces sujets. Par exemple, le rôle de la régulation des émotions et de la
dépression dans le maintien du comportement de jeu et à l’inverse le rôle
protecteur de la socialisation et du soutien social mettent en avant l’effi-
cacité de certaines thérapies comme la psychothérapie interpersonnelle
(Moragas et al., 2015). D’autre part, la compréhension des motivations
et leur lien avec l’implication dans le jeu pourraient également contribuer
à améliorer les messages de prévention en matière de jeux de hasard et
d’argent.
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