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géographie
économie
société
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éco
nomie
soc
iété
*Auteur correspondant : sbourdin@em-normandie.fr
doi:10.3166/ges.19.2017.0001 © 2017 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.
Géographie, Économie, Société 19 (2017) 3-31
Au-delà de la mesure du bien-être en milieu
urbain : quelle perception de la qualité de vie
dans les villes européennes ?
Sébastien Bourdina* et Thomas Cornierb
a École de Management de Normandie – Laboratoire Métis
Institut du Développement Territorial, 9 rue Claude Bloch, 14000 Caen
b UMR IDEES 6266, Rouen
Résumé
Alors que de nombreuses études dans la littérature traitent de la question du bien-être en ville
à partir d’indicateurs objectifs, peu de travaux encore aujourd’hui s’intéressent à la dimension
subjective de la satisfaction des habitants vis-à-vis de leur environnement urbain. L’objectif de
cet article est de proposer une étude comparative de la qualité de vie urbaine à l’échelle des
villes de l’UE à partir des données issues de l’Audit Urbain. Notre article interroge l’existence
d’une différenciation spatiale de la qualité de vie perçue par les habitants en proposant une lec-
ture multidimensionnelle de celle-ci. La construction successive d’un indice synthétique puis
d’une typologie des villes européennes pour les années 2006 et 2012 montre très clairement une
géographie de la qualité de vie des villes à l’échelle européenne et l’inuence du contexte socio-
économique et territorial dans sa perception. En revanche, on retrouve également un ensemble de
villes de notre échantillon qui enregistrent dans certains domaines de très bons résultats et dans
d’autres des indicateurs moins satisfaisants interrogeant ainsi le rôle des politiques publiques de
développement urbain. © 2017 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés
Mots clés : qualité de vie, attractivité, perception, villes européennes.
Sébastien Bourdin et Thomas Cornier / Géographie, Économie, Société 19 (2017) 3-314
Summary
Beyond the measurement of the urban well-being: which perception of quality of life in the
European cities? While numerous researches in the scientic literature are focused on the well-being
subject in cities using objective indicators, there is still few published works today focusing on the
subjective dimension concerning the local people’s satisfaction towards their urban environment. The
issue of quality of life plays an increasing role in a context of growing competition between cities. The
latter are regularly assert their strengths on it to attract new residents. The objective of this article is
to propose a comparative study of the urban quality of life across EU cities based on the Urban Audit.
More precisely, our article analyses the existence of a spatial differentiation of the perceived quality
of life by the inhabitants by proposing a multi-dimensional approach of this question. The subsequent
construction of a composite index and a typology of European cities for 2006 and 2012 clearly shows
a geography of the quality of life at European level and the inuence of the socio-economic and ter-
ritorial condition in that perception. However, there are also a number of cities in our sample with
good results for some indicators and non-performing results for others raising questions as to the role
of public policies for urban development. © 2017 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés
Keywords: quality of life, attractiveness, perception, European cities.
Introduction
Les citadins sont de plus en plus concernés par leur qualité de vie et se posent la
question « suis-je satisfait de vivre en ville et vis-je mieux, au regard des standards que
j’ai choisis ? ». L’émergence du champ de l’économie du bonheur (voir Guillen-Royo et
Velasco, 2009) témoigne de l’intérêt croissant de cette thématique en particulier pour les
villes et leurs résidents. Aussi, dans un contexte de concurrence accrue entre les terri-
toires, ces derniers doivent offrir des emplois et une qualité de vie qui puissent répondre
aux attentes des habitants (Roy-Valex, 2006). De fait, les espaces urbains doivent conti-
nuellement stimuler leur compétitivité et leur attractivité pour survivre (Camagni, 2005).
Dans ce cadre concurrentiel entre les espaces urbains, le rôle des pouvoirs publics est
transformé (Lamarche, 2003). Ils appréhendent les territoires en termes de rivalité et
doivent renforcer leurs avantages concurrentiels pour attirer les capitaux. Parmi ces avan-
tages concurrentiels, la question du bien-être en ville a toute sa place et constitue un
argument de plus en plus récurrent. Bourdeau-Lepage (2015) défend ainsi l’idée qu’il est
essentiel d’envisager l’attractivité des territoires à travers la qualité de vie et les aménités
qu’ils offrent.
L’Union européenne prête de plus en plus d’importance à la qualité de vie. Ainsi, le
6 juin 2015, dans un communiqué de presse de la DG Politique Régionale et Urbaine, la
Commissaire européenne Corina Creţu annonçait « nous voulons améliorer durablement
la situation économique et la qualité de vie de tous ses habitants, où qu’ils vivent ».
L’émergence d’une politique urbaine à l’échelle européenne1 a donné un nouvel élan
sur la nécessité de surveiller le développement et la mise en œuvre de cette politique
via notamment des indicateurs comparables sur la qualité de vie. C’est dans ce cadre
1 Avec des instruments nanciers mobilisés par les villes tels que les Fonds FEDER ou encore les Fonds
d’Initiative URBAN
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que la Commission européenne a porté le projet de la création d’un Audit Urbain dont
l’objectif est d’évaluer les perceptions de la qualité de vie en ville par les habitants. Cette
enquête aborde plusieurs domaines tels que l’emploi, le logement, l’environnement, les
transports, la culture et les services urbains. Les variables choisies rejoignent en partie
les travaux de Sen (1993) selon lesquels un territoire doit être en mesure d’offrir à la fois
une « capacité d’être » (la liberté de se loger aisément, de se maintenir en bonne santé,
de bénécier de la sécurité et d’un cadre de vie agréable) et une « capacité d’agir » (la
liberté de se déplacer, d’accéder à l’éducation, au marché du travail et à des loisirs variés).
Beaucoup d’études sur les questions de la qualité de vie utilisent indépendamment
les termes de bien-être et de qualité de vie, menant alors à des ambiguïtés. Pourtant, les
travaux séminaux de Smith (1973) proposaient une distinction de ceux-ci. Alors que le
bien-être fait référence à des conditions de vie objectives applicables à une population, la
qualité de vie doit être plus correctement limitée à l’évaluation subjective par les indivi-
dus de leur vie. L’objet de notre article est justement de partir de cette distinction, an de
se concentrer sur la mesure de la qualité de vie à l’échelle de plusieurs villes européennes.
Il s’agit alors de prendre en compte les expériences et les aspirations des habitants en
termes de qualité de vie plutôt que de s’intéresser à la mesure objective des besoins des
individus et des ressources qu’ils ont à leur disposition.
Par ailleurs, de nombreux travaux scientiques ont traité de cette problématique au
sein d’une ville ou à l’échelle d’un pays mais on ne retrouve pas dans la littérature d’étude
comparative à l’échelle des villes de l’UE proposant une étude de leurs prols. Aussi,
grâce aux données issues de l’Audit Urbain, l’objectif de cet article est de fournir un cadre
d’analyse de la perception de la qualité de vie des villes à l’échelle européenne. Au-delà,
nous souhaitons également nous interroger sur l’existence d’une différenciation spatiale
de la qualité de vie perçue par les habitants. An de répondre à ces questions, dans un
premier temps, nous construirons un indice synthétique puis, nous procèderons à une
analyse typologique des villes européennes à partir des données de l’enquête de l’Audit
Urbain pour 2006 et 2012.
L’article est organisé comme suit : dans la section 2, nous présenterons le cadre théo-
rique et conceptuel de notre analyse ; la troisième section exposera les questionnements
méthodologiques, les choix effectués ainsi que les données ; enn, la quatrième section
s’attachera à mettre en lumière et analyser les principaux résultats.
1. Qualité de vie et perception des habitants : une approche par la science régionale
1.1. Dénir et mesurer la qualité de vie en milieu urbain : de la nécessité d’une
approche territorialisée
Dans la littérature scientique, on retrouve de nombreux classements des villes traitant
de la qualité de vie. Des études ont également été menées par diverses organisations natio-
nales et internationales qui publient des classements de villes en fonction d’indicateurs
de qualité de vie plus ou moins pondérés, notamment autour de thématiques générales
liées à l’environnement ou au développement durable. On retrouve une large produc-
tion d’indices et classements effectués par les ONG et les revues anglophones, l’objectif
étant souvent de faire du marketing territorial. Aussi, les premières places obtenues dans
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ces classements sont révélatrices d’une certaine attractivité territoriale et restent un atout
considérable qu’elles tentent de valoriser auprès des investisseurs, des médias mais aussi
du grand public.
La qualité de vie est au croisement de plusieurs disciplines dont la santé, le bien-être
au travail, l’environnement ou les sciences humaines et sociales (Ruzevicius, 2013).
En économie, la qualité de vie en ville – et de manière non distinctive le bien-être – a
commencé à être abordée au cours des années 1960-1970 avec des mesures quantita-
tives liées au PIB, PNB et au taux de chômage (Liu, 1976). En réponse à cette approche
quantitative, des chercheurs ont commencé à s’intéresser aux expériences individuelles
et par nature subjectives des habitants en associant des facteurs monétaires tels que le
PIB, le niveau des prix et le coût de la vie à la notion de bien-être social (Lambiri et
al., 2007). Cependant, la pensée économique s’est peu à peu éloignée de cette vision
de la qualité de vie qui était encore trop simpliste vers des dénitions plus complexes
et multidimensionnelles. À cet effet, une contribution majeure provient des travaux
du prix Nobel Amartya Sen (1987, 1993, 1997). Il reconnaît le revenu et la consom-
mation en tant que composants de la qualité de vie, mais place au centre du concept
la possibilité et la liberté (ce qu’il appelle « capabilité ») des individus à mobiliser les
opportunités qui s’offrent à eux concernant la vie qu’ils souhaitent mener. Au début des
années 2000, en élaborant des mesures de la qualité de vie, Dasgupta (2001) accorde
une attention particulière à l’environnement naturel, illustrant la façon dont il peut être
incorporé plus généralement dans le raisonnement économique. Une autre contribution
importante et plus récente (Stiglitz et al., 2009) renforce cette nouvelle tendance dans
les sciences sociales, prônant la nécessité de nouveaux indicateurs pour mesurer la
richesse autrement que par le PIB.
C’est ainsi qu’aujourd’hui, des chercheurs s’intéressent davantage au bien-être à partir
des travaux « séniens » (tels que Slottje, 1991 ; Chiappero Martinetti, 2000 ; Bourdeau-
Lepage et Tovar, 2011 et 2013 ; Benjamin et al., 2014 ; Bourdeau-Lepage et Carré, 2016).
Ils y incluent une approche territoriale et davantage multidimensionnelle du bien-être et
tentent de l’opérationnaliser par l’utilisation d’indicateurs et la construction d’indices
composites (Jany-Catrice, 2016). Loubet et al. (2011) introduisent la notion de capacités
territoriales comme des « opportunités individuelles liées à l’inscription des individus
dans le territoire ». Bourdeau-Lepage et al. (2015) vont plus loin en produisant un indice
de bien-être subjectif qui prend en compte les éléments territoriaux constitutifs du bien-
être des individus (liés à l’environnement, aux services disponibles, à l’activité écono-
mique, à l’emploi, à la sécurité, à la vie sociale, etc.), à partir des déclarations des indivi-
dus. Ainsi, ils sont capables de déterminer les préférences des individus (pour atteindre
le niveau de bien-être optimal) et d’évaluer la capacité d’adaptation des individus en
matière de préférences. Plus récemment, la production par l’OCDE d’un indicateur de
qualité de vie à l’échelle des États (2011) et des régions (2014) constitue un nouveau pas
vers les mesures territorialisées et objectives de la qualité de vie.
D’autres études scientiques ont inclus la dimension environnementale dans la qualité
de vie. On pense notamment aux travaux séminaux de Dasgupta (2001) qui introduisent
la notion de capital naturel dans le concept de qualité de vie. Dans le modèle conceptuel
développé par Mitchell (2000), la qualité de vie renvoie à la santé, à l’environnement, aux
ressources naturelles, au développement personnel et à la sécurité. Il faut noter que dans
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son approche, la dimension économique est complètement exclue alors qu’elle peut être
considérée comme l’un des trois principaux piliers si l’on reprend les travaux de Shafer
et al. (2000).
Malgré le consensus académique sur le fait que la qualité de vie doit être appréhen-
dée sous différents angles thématiques, les indicateurs et variables utilisées dépendent
beaucoup de l’échelle d’analyse, de la méthodologie, de la disponibilité des données. Les
études mesurant la qualité de vie urbaine, existent en grande quantité et il serait vain d’en
avoir une vision synoptique. Néanmoins, il ressort de ces analyses que les variables de
qualité de vie sont ajoutées aux variables économiques comme facteurs inuant sur les
décisions d’implantation du capital mobile et sur la croissance urbaine. Il est possible de
regrouper les différents indicateurs identiés en six catégories principales : (i) l’environ-
nement naturel (climat, état de l›environnement naturel, etc.), (ii) l’environnement bâti
(type et état du bâtiment, etc.), (iii) l’environnement socio-politique (vie communautaire,
participation citoyenne, etc.), (iv) l’environnement économique local (revenu, chômage,
etc.), (v) l’environnement culturel et des loisirs (musées, restaurants, etc.), (vi) l’environ-
nement des politiques publiques (sécurité, santé, éducation, etc.).
Figure 1 : Modèle conceptuel de la qualité de vie : une approche par la science régionale
Aussi, notre proposition s’inscrit dans des préoccupations qui ont commencé à faire
leur apparition au sein de la littérature en science régionale. Ces dernières mettent en évi-
dence la nécessité d’une approche multidisciplinaire, multidimensionnelle et territoriali-
sée de la réexion actuelle sur le concept de qualité de vie. Ce dernier inclus des compo-
santes environnementales et la qualité des lieux d’une part, la prise en compte du capital
économique et social des individus d’autre part (Figure 1). L’approche de la qualité de
vie en science régionale a la particularité d’intégrer à la fois les aspirations et les expé-
riences (sphère subjective), et les besoins et les ressources (sphère objective) dans une
perspective territoriale. Aussi, nous dénissons la qualité de vie comme la congruence
entre des ressources offertes par l’environnement d’un individu et les besoins exprimés
par celui-ci. Cette congruence est conditionnée par les capacités et les libertés qu’ont les
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individus de mobiliser les ressources disponibles et par les expériences qu’ils ont de leur
environnement. Dans ce cadre, cette approche peut consister à évaluer la perception de
la qualité de vie et à s’interroger sur sa dimension territoriale, c’est l’objet même de cet
article.
Dans notre approche, nous nous intéresserons aux mobilités géographiques et non aux
mobilités sociales2. Les mobilités géographiques font référence à des trajectoires d’indi-
vidus qui sont conditionnées par leur capital social et économique. Ainsi, si la capabilité
d’un habitant lui permet de changer de ville et qu’il estime par ailleurs que sa qualité de
vie pourrait-être meilleure dans une autre ville – autrement dit dans un autre milieu dans
lequel la qualité des lieux serait supérieure –, alors il va activer son capital en vue d’amé-
liorer sa satisfaction personnelle. Un individu peut décider du style de vie qu’il veut vivre
(Dreze et Sen, 1995) et donc de là où il veut vivre. Ceci renforce l’idée de l’importance
pour les pouvoirs publics de mettre en œuvre des politiques visant à maintenir voire atti-
rer sur leurs territoires les individus en jouant sur leur perception.
1.2. Le contexte socio-économique et le territoire comptent dans l’évaluation de la
qualité de vie
La plupart des études empiriques sur la qualité de vie utilisent deux types d’indicateurs
(qualitatifs et/ou quantitatifs) pour l’évaluer (Pacione, 2003 ; Santos et Martins, 2007).
Plusieurs approches ont été développées et dépendent bien souvent des champs disciplinaires
des auteurs ayant produit des indices et/ou modèles sur la qualité de vie. L’approche métho-
dologique la plus commune pour mesurer la qualité de vie est l’approche sociale des indica-
teurs (Allardt, 1976 ; Erikson, 1987 ; Noll, 2004 ; Andrews et Withey, 2012). Dans ce type de
travaux, plusieurs indicateurs sont identiés an d’englober les multiples dimensions de la
qualité de vie. Ces différents indicateurs sont ensuite agrégés en un indice unique de qualité de
vie. Les économistes quant à eux utilisent une approche selon la méthode des prix hédoniques
(Van Praag et Ferrer-i-Carbonel, 2008 ; Andreoli et Michelangeli, 2015). Ils cherchent alors à
identier quelles sont les préférences des agents économiques – pour un ensemble d’attributs
et de ressources disponibles caractérisant une zone urbaine – qui prévalent à la décision d’im-
plantation. La principale hypothèse est que les ménages sont en compétition pour se localiser
dans des zones dotées d’un certain nombre d’aménités et sont prêts à payer plus cher pour
habiter dans des villes où la qualité de vie est meilleure. Une approche alternative, plus com-
munément adoptée par les psychologues, est basée sur une évaluation subjective de la qualité
de vie (Argyle, 1996 ; Diener et al., 2015). Il s’agit alors de demander directement aux habi-
tants de noter leur propre qualité de vie au regard des domaines privilégiés qui la composent.
Dans notre étude, nous avons prêté attention non pas aux attributs des lieux (données locales
quantiables – variables objectives rattachées au concept de bien-être) mais à la conception
individuelle de la qualité de lieux par les habitants (données à partir d’une enquête – variables
subjectives rattachées au concept de qualité de vie). Comme l’ont démontré Diener et Suh
(1999), les indicateurs subjectifs constituent des mesures valides de ce que les habitants per-
çoivent comme important pour leur bonheur et leur bien-être.
2 La mobilité sociale peut être considérée comme un moyen qu’a un individu pour améliorer ses conditions
de vie et pour mieux exploiter les ressources que l’environnement lui met à sa disposition.
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La qualité de vie est un concept normatif. Elle peut être vue comme bonne ou mau-
vaise, s’améliorant ou se détériorant, devenir meilleure dans certains cas que dans d’autres
(Wingo et Evans, 2013). On ne trouve pas dans la littérature académique d’accord sur la
dénition de variables représentant la qualité de vie (Mitchell et al., 2001 ; Pacione,
2005). La plupart des études l’évaluant adoptent un grand nombre d’indicateurs sur des
questions telles que la santé, le logement, le travail, les loisirs ou encore la sécurité. Mais,
ces recherches révèlent bien souvent que la qualité de vie est difcilement objectivable et
que le choix des indicateurs, leur traitement et leur interprétation impliquent une forme
de jugement puisqu’elles font référence à des perceptions.
De même, plusieurs travaux (Allardt, 1976 ; Diener et Suh, 1997 ; Andrews et Withey,
2012) ont montré comment la qualité de vie pouvait être à la fois objective et subjective
pour les citoyens et dépendait beaucoup du contexte. Par exemple, une personne peut
vivre dans de bonnes conditions objectives, mais percevoir subjectivement sa qualité de
vie comme mauvaise. À l’inverse, une personne peut considérer sa qualité de vie bonne
d’un point de vue subjectif, en dépit de mauvaises conditions de vie objectives. C’est le
cas notamment des personnes vivant dans un environnement social défavorable qui ont
tendance à être moins exigeantes en termes de préférences et d’objectifs (Hagerty, 1999 ;
Bourdeau-Lepage et Tovar, 2011). Lorsque les conditions objectives et le sentiment sub-
jectif sont bons, on peut parler de bien-être. Ainsi, la qualité de vie est dépendante du
contexte, qu’il soit social ou culturel, et sa perception varie dans le temps (Mitchell,
2000). Elle est le produit d’une comparaison de situations, une comparaison entre le réel
et la situation désirée et une comparaison avec la situation des autres.
Bien que les besoins exprimés en termes de qualité de vie soient relativement simi-
laires – au moins dans les pays développés à économie de marché –, chaque contexte
territorial inue sur la manière de les prioriser. Ainsi, au-delà des variations dans les
conceptions individuelles de la qualité de vie en fonction du contexte socio-économique
(abordées dans le précédant paragraphe), la conception de la qualité de vie varie égale-
ment dans l’espace. D’une part, on relève des variations d’ordre géographique comme
l’ont notamment montré Pittau et al. (2010) sur le cas de l’UE. Les auteurs expliquent
que la satisfaction de la vie est davantage conditionnée par des facteurs économiques
dans les régions moins développées alors que dans les régions riches les habitants se
focalisent davantage sur les facteurs culturels. D’autre part, deux études récentes (Berry
et Okulicz-Kozaryn, 2009 et 2011 ; Lenzi et Perucca, 2016) montrent que les disparités en
termes de satisfaction que les habitants tirent de leur vie varient selon que l’on habite en
(i) ville ou à la campagne ou (ii) dans une plus ou moins grande ville. Enn, Rodríguez-
Pose et Maslauskaite (2012) montrent quant à eux que les facteurs contribuant au niveau
de bonheur varient peu entre les pays de l’Europe de l’Ouest et de l’Est malgré quelques
inmes différences.
1.3. De la justication de la prise en compte de la qualité de vie : entre aspirations
individuelles des habitants, attractivité territoriale et considérations politiques
La mondialisation – et la libéralisation du commerce international qui y est associée
– a intensié la concurrence entre les villes (Taylor, 1997 ; Ewers, 2007 ; Sassen, 2011).
Cependant, comme le montrent les travaux de Gibbs (1997) sur une centaine de villes au
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Royaume-Uni, cette concurrence interurbaine s’est souvent réalisée sous l’angle de la
recherche d’une plus grande compétitivité économique au détriment de la promotion de
facteurs liés à la qualité de vie, qu’elle soit considérée d’un point de vue environnemental
ou social. Dans un contexte de mobilité accrue du capital, Rogerson (1999) a montré
comment la qualité de vie avait été trop souvent réduite à un outil de marketing urbain
au service de la compétitivité économique. La qualité de vie est alors perçue comme un
élément favorisant l’attractivité3 des villes. Les investissements de plus en plus consé-
quents aujourd’hui consentis par les villes au service du marketing urbain (Tremblay et
Tremblay, 2006 ; Cusin et Damon, 2010 ; Bourdeau-Lepage et Gollain, 2015) témoignent
de l’intérêt des villes dans les classements et palmarès qui dominent les médias (Hall,
1998). Ceci renforce l’hypothèse que les facteurs concourant à la qualité de vie font
partie intégrante des déterminants des choix de localisation du capital mobile. Ainsi,
de nombreuses études ont montré comment la qualité de vie et le niveau de durabilité
d’une ville inuençaient en partie la décision de localisation dans une ville plutôt qu’une
autre. Plusieurs chercheurs (Olszak, 2010 ; Deisting et Paumard, 2012 ; Musson, 2015)
expliquent ainsi que les politiques de développement durable qui touchent à la qualité des
territoires peuvent inuencer les facteurs de d’implantation et l’attractivité territoriale.
En conséquence, augmenter le niveau de satisfaction des habitants constitue une vraie
stratégie pour attirer de nouveaux investissements et de nouvelles personnes. Glaeser
et al. (2001) ont mis en exergue le rôle joué par les « forces hors du marché » telles que
les aménités urbaines4 pour expliquer la croissance urbaine. De son côté, Florida (2002)
explique quant à lui l’importance pour une ville d’offrir de nombreux services et biens de
qualité pour faire venir une main-d’œuvre hautement qualiée. Dans un contexte actuel
d’économie mondialisée, attirer de nouveaux « talents »5 (Florida, 2000) est déterminant
pour développer une économie à forte valeur ajoutée. Or, ces « talents » ont des capabi-
lités importantes. Il s’agit de personnes particulièrement mobiles et attirées par les villes
qui offrent un environnement urbain et des opportunités économiques en conséquence
(Florida, 2002). Les travaux de Richard Florida ont néanmoins été critiqués (Trembay et
Chicoine, 2008) notamment sur le fait qu’il n’y ait pas forcément de distinction de classes
(créative ou autres) dans la recherche de quartiers/de villes où la qualité de vie est élevée.
Une autre raison à l’origine de l’intérêt croissant pour la question de la qualité de vie en
ville est liée à des considérations politiques. En effet, les décideurs et les aménageurs sont bien
3 Encore absente des discours à la n des années 1980, la problématique de l’attractivité s’est imposée
au cours des années 1990 (Hatem, 2004). Depuis, l’attractivité est devenue une problématique majeure des
politiques urbaines. Houllier-Guibert (2012) relève que « depuis les années 2000, la recension de ce terme
explose dans la littérature scientique et journalistique ce qui explique que les services de développement éco-
nomique des villes s’emparent si vivement de cette thématique ». Nous reprenons ici l’acception de Gérardin et
Poirot (2010) qui appréhendent l’attractivité comme étant « la capacité d’un territoire à être choisi par un acteur
comme zone de localisation - temporaire ou durable - pour tout ou partie de ses activités ». La notion d’attracti-
vité est donc un construit relatif. Elle a transformé la ville en objet stratégique qui doit développer une politique
d’image, une stratégie de différentiation/spécialisation et valoriser ses qualités.
4 Perçues comme un ensemble de biens demandés par les « consommateurs » de l’espace urbain.
5 Un « talent » est un travailleur au salaire élevé, (hautement) qualié qui met sa créativité et son imagination
au service de la production et de l’innovation.
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souvent confrontés à des problèmes relatifs à la conciliation entre les activités économiques,
l’environnement et la cohésion sociale (Dissart et Deller, 2000 ; Massam, 2002 ; Higgins et
Campanera, 2011 ; Khalil, 2012). De ce point de vue, la possibilité de mesurer la qualité de
vie et de réaliser des comparaisons de villes à différentes échelles – locales, nationales, euro-
péennes, mondiales – est perçue comme un outil politique. Parmi les objectifs poursuivis par
l’UE, on retrouve dès 1997 une publication de la Commission « Vers une stratégie urbaine
intégrée dans l’UE » qui rappelait l’intérêt de prendre en compte la qualité de vie des citoyens.
Deux ans plus tard, le Comité des Régions publiait un rapport soulignant la nécessité de mettre
en place un système d’indicateurs locaux et régionaux de la qualité de vie destinés à informer
les décideurs politiques. Dans la même perspective, l’objectif de la stratégie de l’UE pour le
développement durable, adoptée en 2001, était d’améliorer la qualité de vie des générations
actuelles et futures. En particulier, elle visait à assurer que la croissance économique, la pro-
tection de l’environnement et l’intégration sociale allaient de pair. Cette stratégie ajoutait la
dimension environnementale à la Stratégie de Lisbonne. Il s’en est suivi des politiques euro-
péennes spéciques pour les villes avec les programmes URBAN I (1994-1999), URBAN
II (2000-2006), URBAN III (2007-2013) et la politique urbaine pour des villes intelligentes,
durables et inclusives (2014-2020). Ces programmes sont liés à des Fonds structurels euro-
péens, et visent à résoudre non seulement les problèmes économiques, sociaux et environ-
nementaux. C’est dans ce cadre qu’a été produit le programme de l’Audit urbain6 visant à
collecter des données comparables sur la qualité de vie.
2. Choix méthodologiques et données
2.1. Une approche méthodologique en deux temps : construction d’un indice synthé-
tique et réalisation d’une analyse typologique
Comme nous l’avons déjà souligné, la qualité de vie est un concept qui peut être
mesuré par la synthèse de plusieurs indicateurs qui sont bien souvent fortement corrélés
entre eux. Nous reprenons l’acception de Wingo et al. (1979) selon laquelle la qualité de
vie à un niveau individuel est le niveau de satisfaction d’un individu atteint à la suite de
la consommation de produits du marché, de loisirs, de biens publics et d’autres caracté-
ristiques (physiques et sociales) de l’environnement dans lequel il se trouve. La mise en
place d’une enquête sur la qualité de vie en milieu urbain trouve un intérêt pour les déci-
deurs politiques dans le sens où elle permet de recueillir des retours/réactions des citoyens
sur les politiques publiques déployées en faveur de l’amélioration de la qualité de vie en
ville (Santos et Martins, 2007). Elles facilitent également la dénition des politiques et
l’établissement d’objectifs à long terme partagée par la communauté. Outre ce type de
valeur ajoutée, il est important de mettre en évidence la pertinence d’utiliser des mesures
subjectives dans les cas où les indicateurs objectifs sont limités dans leur capacité à capter
les réalités. Par exemple, lorsque l’on s’intéresse à la qualité du logement, il semble plus
facile de mesurer le degré de satisfaction exprimé par les habitants que de tenter de la
6 Voir http://ec.europa.eu/eurostat/fr/web/cities - Les principaux champs de cet Audit Urbain sont les sui-
vants : la démographie, les aspects sociaux et économiques, la formation et l’éducation, l’environnement, les
transports, la société de l’information, la participation citoyenne, la culture et des loisirs.
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mesurer par l’intermédiaire d’un ou plusieurs paramètres liés à l’habitat.
À partir des données récoltées (cf. partie II.2.), nous avons développé une métho-
dologie en deux temps. Premièrement, nous avons construit un indicateur synthé-
tique de qualité de vie avec les données disponibles aux deux dates (2006 et 2012).
Deuxièmement, une analyse typologique a été menée an de caractériser les différentes
villes européennes.
Tout d’abord, une cartographie de l’indice synthétique a été réalisée et a permis de
déterminer s’il existait une conguration spatiale particulière de la qualité de vie dans les
villes européennes. L’indicateur composite est un outil utile lorsque l’objectif est d’exa-
miner la qualité de vie des villes dans une démarche comparative. Par exemple, dans la
perspective de l’Union européenne, cet indicateur composite peut être utile pour identier
là où une intervention en termes de politiques publiques européennes (ou locales) semble
la plus nécessaire pour augmenter la qualité de vie des villes concernées (Hagerty, 2001).
Enn, la comparaison à deux dates a permis d’identier des trajectoires de villes (déclin
relatif, stabilité, progression).
Néanmoins, même si un indicateur composite a le mérite de fournir une représenta-
tion simpliée et donc plus facilement communicable, Reynard (2016) rappelle qu’il
comporte des limites. Premièrement, le risque est de considérer que les composantes
de l’indicateur sont interchangeables, autrement dit, qu’une dimension peut compenser
une autre. Or, la dimension territoriale compte ; de nombreuses villes peuvent être en
retard sur certaines thématiques et très en avance sur d’autres. Deuxièmement, une
autre limite est d’interpréter l’indicateur composite comme une forme de classement au
risque de masquer des réalités complexes et une diversité des situations entre les villes.
Enn, l’indicateur synthétique ne nous dit rien sur les mécanismes qui participent à
la formation d’un sentiment de bien-être ou de mal-être des habitants. C’est pour cela
que, dans un second temps, nous avons procédé à une analyse typologique constituée
d’une ACP (Analyse en Composantes Principales) suivie par une CAH (Classication à
Ascendante Hiérarchique) pour l’année 2012. La disponibilité de données supplémen-
taires pour 2012 (Tableau 2) nous a permis d’enrichir l’étude. En effet, de nouvelles
questions de l’enquête portaient spéciquement sur le degré de satisfaction quant aux
aménités proposées. Or, comme le souligne Bourdeau-Lepage (2015), l’attractivité des
territoires doit être appréhendée à travers la qualité de vie et les aménités qu’ils offrent.
Pour notre analyse typologique, nous avons retenu les modalités de réponse concernant
un degré de satisfaction très élevé (tout à fait d’accord ou très satisfait). Nous avons
donc pu proposer une géographie de l’attractivité des villes européennes par rapport à
leur qualité de vie.
2.2. Les données : les dimensions de la qualité de vie choisies et les villes européennes
concernées
Plusieurs études comparatives existent sur la qualité de vie et ce à différentes échelles.
On citera pour les plus récentes par exemple celles concernant les bassins de vie français
(Reynard, 2016), les régions ou les États (cf. OCDE, 2011 et 2014), les villes américaines
(Portney, 2013) ou bien encore les grandes métropoles mondiales (le classement annuel
de Mercer). Néanmoins, à notre connaissance, une seule étude (Morais et al., 2013) pro-
Sébastien Bourdin et Thomas Cornier / Géographie, Économie, Société 19 (2017) 3-31 13
pose une telle perspective comparative pour les villes européennes. Nous allons d’ailleurs
plus loin que les travaux de Morais et al., (ibid.)7 en proposant une analyse typologique et
territorialisée de la qualité de vie dans les villes européennes.
Les traitements ont été réalisés à partir des données de l’Audit Urbain8 pour deux dates
(2006 et 2012), et plus spéciquement de l’enquête de perception des citoyens. Environ 500
citoyens ont été interrogés dans chaque ville. L’enquête a été menée dans toutes les capitales de
l’Union Européenne ainsi que dans une à six autres villes. Le nombre de ces villes est propor-
tionnel à la taille du pays an que cette enquête soit la plus représentative possible. Le choix
de ces villes est lié à trois variables, à savoir le poids de cette ville au sein de l’État concerné, la
répartition homogène sur le territoire mais également le taux de retour sur les différents ques-
tionnaires. Les individus interrogés sont les citoyens résidents de ces villes et ayant une maîtrise
sufsante de la langue nationale pour répondre au questionnaire. Le principe d’échantillonnage
appliqué dans toutes les villes est probabiliste. Dans chaque ménage, le répondant était une per-
sonne âgée de 18 ans et plus, choisie aléatoirement selon la méthode de la date d’anniversaire la
plus récente. L’institut de production de l’enquête (TNS) a développé ses propres capacités de
production d’échantillon basée sur la génération aléatoire de numéros de téléphone.
Au regard des données disponibles et complètes, notre échantillon porte sur 70 villes
européennes (Tableau 1). Au travers des questions posées, il s’agissait de proposer des
indicateurs qui tentent de mesurer la qualité de vie – et par là l’attractivité des villes – en
dehors des paramètres habituels économiques et démographiques, en particulier parce
que les statistiques macro-économiques ne représentent pas toujours ce que les personnes
perçoivent vraiment de l’état de leur situation/vie.
Tableau 1 : Échantillon des villes européennes
7 qui propose uniquement la construction d’un indice synthétique qui est ensuite comparé à l’indice produit
par Mercer
8 Co-réalisé et co-nancé par la Commission Européenne (et plus spéciquement la DG Politique Régionale
et Urbaine) et Eurostat.
Sébastien Bourdin et Thomas Cornier / Géographie, Économie, Société 19 (2017) 3-3114
Les variables utilisées dans
l’enquête de perception de la
qualité de vie sont décrites dans
le tableau 2. Nous les avons
regroupées en cinq grandes
dimensions résultant des six
catégories évoquées dans la
partie I.1. Elles font référence
aux « capacités d’être » et/ou
« d’agir » (Sen, 1993). Pour
certaines de ces variables, il
s’agit de ressources mises à
disposition de chaque habitant
qu’il va pouvoir ensuite action-
ner en fonction de ses propres
capabilités (commerce de proxi-
mités, espaces verts, aménités
sportives ou culturelles). Par
référence aux mobilités géo-
graphiques et à l’accessibilité
(Figure 1), lorsqu’il en a les
capacités et la liberté, un indi-
vidu va pouvoir parcourir une
plus ou moins grande distance
pour y parvenir. Pour d’autres
variables, il s’agit davantage de
perceptions que les habitants ont
vis-à-vis de leur environnement,
autrement dit faisant référence à
leur vécu (beauté des rues, état
des rues et des bâtiments, qualité
de l’air, niveau de bruit) et leurs
pratiques socio-spatiales (utili-
sation des transports publics).
D’autres variables font davan-
tage référence au capital social et
économique (logement, emploi,
éducation, santé) et sont déter-
minants pour les habitants pour
actionner leurs capacités. Enn,
d’autres variables relèvent du
niveau de satisfaction des habi-
tants face aux actions des poli-
tiques publiques (sécurité, santé,
éducation, engagement dans le
Tableau 2 : Variables de l’analyse (source : Eurostat, Audit Urbain, 2006 et 2012)
Sébastien Bourdin et Thomas Cornier / Géographie, Économie, Société 19 (2017) 3-31 15
développement durable, transports). Ces dernières sont particulièrement importantes car
elles révèlent la capacité qu’ont les politiques publiques et urbaines mises en place à
satisfaire les besoins exprimés par les habitants (principe de congruence). Elles sont à
mettre en lien avec l’évaluation de l’administration publique par les habitants (service
administratifs, conance). À ce sujet, Rodríguez-Pose et Maslauskaite (2012) ont montré
que pour les régions d’Europe centrale et orientale, le niveau de bonheur dépendait de
facteurs institutionnels tels que le degré de corruption des institutions.
3. Une différenciation spatiale de la qualité de vie dans les villes européennes
3.1. Une meilleure perception de la qualité de vie dans les villes du Nord et de
l’Ouest de l’Europe
Les premières recherches produisant un classement statistique de villes sur des facteurs
liés à la qualité de vie et dénissant l’« habitabilité d’un lieu » remontent aux travaux de
Smith (1973) et Liu (1976) sur les aires métropolitaines américaines. Ces classements
sont à l’origine d’une compétition accrue entre les villes. Cette dernière reète non seule-
ment leur capacité actuelle à s’engager dans un monde globalisé, mais est également une
fonction de leur héritage, produisant ainsi un modèle spatialement différencié de la com-
pétitivité et de l’attractivité (Rogerson, 1999). La construction d’un indicateur composite
synthétique s’explique par le besoin de disposer d’une information simple, facile à retenir
ou à communiquer et qui permet de faire des comparaisons ou d’établir des palmarès
entre les pays et les villes (Gadrey et Jany-Catrice, 2005).
An de rendre compte d’un indice de qualité de vie robuste et signicatif, il est indis-
pensable de procéder en trois étapes (Parris et Kates, 2003). D’abord, la normalisation est
classiquement utilisée an de rendre les variables comparables. Ensuite, les indicateurs
normalisés sont ensuite agrégés à l’aide de formules spéciques (moyenne arithmétique
par exemple). Enn, ils sont éventuellement pondérés si l’on estime que certains d’entre
eux doivent avoir un poids plus important que d’autres. Pour notre étude, nous avons
normalisé chaque indicateur en transformant les valeurs des variables sur une nouvelle
échelle unique (de 0 = pire à 100 = meilleur) à partir d’une procédure de normalisation
min-max. Nous avons préféré cette procédure à celle du Z-score9 dans le sens où elle
constitue une approche normative, autrement dit les valeurs maximales correspondent à
des objectifs à atteindre en termes de qualité de vie.
Soit la valeur d’un indicateur pour une ville ; la valeur la plus faible pour
un indicateur ; la valeur maximale pour un indicateur et le score
obtenu par une ville pour un indicateur .
9 La procédure de Z-score transforme les valeurs de la série avec une distribution de moyenne nulle et un
écart-type égale à 1. On a alors
Sébastien Bourdin et Thomas Cornier / Géographie, Économie, Société 19 (2017) 3-3116
Une autre interrogation méthodologique souvent soulevée lors de la construction d’un
indice synthétique concerne l’importance à accorder aux différentes dimensions qui le
composent. De sorte que le choix ne soit pas arbitraire, une possibilité qui aurait pu s’of-
frir à nous aurait été de considérer l’avis des enquêtés sur l’importance qu’ils accordent
aux différentes dimensions (Afsa et Marcus, 2008). Mais cette technique peut se révéler
également instable dans le sens où les perceptions des individus changent dans le temps
et selon les situations/contextes. Nous avons fait le choix d’une équipondération. Pour
agréger les données, nous avons réalisé une moyenne arithmétique simple des indicateurs
normalisés. Les composantes étant comprises sur une échelle de 0 à 100 et la pondération
étant égale à 1 par défaut, l’indice synthétique de qualité de vie est centré-réduit de sorte
à ce qu’il soit compris entre 0 et 100 et qu’il soit comparable aux deux dates ; un score
élevé de cet indice correspond à une ville où les habitants sont en situation de bien-être.
Tableau 3 : Classement des villes de l’UE en fonction de la qualité de vie perçue par les habitants
En 2006 En 2012
Ville Indice Ville Indice Ville Indice Ville Indice
Groningen (Pays-Bas) 100 Madrid (Espagne) 22 Aalbo rg (Danemark) 100 Sofia (Bulgarie) 19
Vienne ( Autriche) 95 Vilnius (Lituanie) 22 Groningen Pays-Bas) 87 Cracovie (Pologne ) 16
Munich (Allemagne) 92 Rome (Italie) 21 Cardiff (Royaume-Uni) 86 Athènes (Grèce) 15
Aalbo rg (Danemark) 91 Lisbonne (Portugal) 18 Munich (Allemagne) 81 Lisbonne (Portugal) 15
Cardiff (Royaume-Uni) 88 Kosice (Slovaquie) 17 Vienne (Autriche) 81 Brati slava (Sl ovaquie) 13
Luxembourg (Luxembourg) 86 Sofia (Bulgarie) 9Luxembourg (Luxembourg) 75 Kosice (Slovaquie) 11
Glasgow ( Royaume-Uni ) 86 Bratislav a (Slovaqui e) 8Glasgow ( Royaume-Uni ) 73 Bucarest (Roumanie) 8
Helsinki (Finlande) 82 Bucarest (Roumanie) 7Be lfast (Roy aume-Uni) 67 Rome (Italie) 7
Belf ast (Royaume -Uni) 81 Palerme (Italie) 6Oulu ( Finlande) 67 Naples (Italie) 2
Amste rdam (Pays-Bas ) 80 Naples (Italie) 0Copenhague (Danemark) 67 Palerme (Italie) 0
Haut du classement
Bas du classement
Haut du classement
Bas du classement
Le tableau 3 représente le classement des dix premières et dix dernières villes du clas-
sement réalisé à deux dates. Au-delà des similitudes entre la première et dernière partie du
classement entre 2006 et 2012, la cartographie (Figure 2) de l’indice composite corrobore
l’idée de l’existence d’une différenciation spatiale de la perception de la qualité de vie
en Europe. On retrouve en tête des villes plutôt localisées dans l’Europe du Nord-Ouest.
Ceci s’explique en partie par leur antériorité dans leur investissement sur les questions de
durabilité urbaine et de prise en compte de la qualité de vie des citoyens.
À l’inverse, en n de classement, on retrouve les villes d’Europe centrale et orientale
et de l’Europe du Sud. Les villes de l’Est en pleine reconversion industrielle et en r(é)
aménagement urbain post-chute du mur de Berlin n’ont jamais mis au cœur de leurs
préoccupations politiques la qualité de vie urbaine. Néanmoins, aujourd’hui, des poli-
tiques embryonnaires mais ambitieuses se dessinent. Elles sont souvent abondées par
des Fonds européens de type URBAN ou JESSICA10. Par exemple, dans son projet de
revitalisation et de développement urbain déposé en 2014, Budapest touchera 200 mil-
lions d’euros sur un budget d’un milliard d’euros. L’amélioration et la modernisation
des infrastructures municipales sont des conditions préalables à la poursuite du déve-
loppement économique de la ville et une condition préalable pour augmenter son attrac-
10 Joint European Support for Sustainable Investment in City Areas – Soutien européen conjoint à l’investis-
sement durable dans les zones urbaines
Sébastien Bourdin et Thomas Cornier / Géographie, Économie, Société 19 (2017) 3-31 17
tivité pour les investisseurs. Le projet devrait à la fois améliorer la qualité de vie de ses
citoyens, améliorer l’environnement urbain et aider à valoriser les ressources existantes
telles que les sites culturels et historiques. On peut cependant souligner qu’au-delà de
ces « effets vitrines », les villes des pays d’Europe Centrale et Orientale (PECO) ont
encore du chemin à faire, surtout dans la gestion des déchets, la qualité de l’air et les
aménagements urbains verts. Une des difcultés également souvent rencontrée pour
ces villes est le manque d’infrastructures sanitaires et un sentiment d’insécurité élevé.
Les villes situées en n de classement sont aussi celles où les habitants ont été parti-
culièrement touchés par la crise économique en Europe ; on soulignera par exemple
l’entrée en 2012 dans le bas du classement d’Athènes.
Il est également possible de conclure à une géographie de l’évolution de la qualité de
vie lorsque l’on compare les évolutions positives ou négatives dans le classement des villes
(Tableau 4). En effet, les villes ayant connu la plus forte dégradation en termes de qualité
de vie sont celles situées dans les pays ayant été le plus sévèrement touchés par la crise.
Ceci rejoint ainsi les travaux identiés dans la littérature mettant en avant l’inuence de la
perception de leur environnement extérieur sur la situation personnelle des individus. À cet
effet, le Prix Nobel d’économie Angus Deaton a également expliqué comment la qualité de
vie des Américains a été affectée par la crise économique (Deaton, 2012).
L’interprétation de l’indice synthétique peut être envisagée de manière plus ne et
décomposée de celui-ci. Il s’agit là de tester l’hypothèse selon laquelle les villes enregis-
trant des scores similaires ont des prols similaires et si l’effet territorial compte. Pour
cela, nous avons décomposé l’indice synthétique en fonction des différentes variables pour
deux villes situées dans le haut du classement d’Europe de l’Ouest, d’Europe centrale et
orientale et d’Europe méditerranéenne (Figure 3). Il semblerait tout d’abord que les prols
Figure 2 : Cartographie de l’indice synthétique de la perception individuelle de la qualité de vie
En 2006 En 2012
Sébastien Bourdin et Thomas Cornier / Géographie, Économie, Société 19 (2017) 3-3118
sont globalement similaires et que les mêmes facteurs inuencent le score élevé enregistré
des six villes. On retrouve ainsi que l’environnement culturel et de loisirs, la qualité des
transports, le niveau d’offre de santé, le sentiment de sécurité et la présence d’espaces verts
jouent un rôle important. Pour ce dernier facteur, Burls (2007) et Bourdeau-Lepage (2013)
ont notamment montré comment l’accès à des espaces verts était un élément déterminant
du bien-être et de la santé des habitants. À ce stade de l’analyse, il semble difcile d’en tirer
des généralités et ces remarques sont à prendre avec précaution. Pour cela, il aurait fallu
systématiser la méthode (sous forme d’une régression linéaire par exemple).
Tableau 4 : Évolution du classement des villes en fonction de la qualité de vie perçue par les
habitants entre 2006 et 2012
3.2. Des prols des villes européennes qui varient dans l’espace
Une des limites de l’indice synthétique (en plus de celles évoquées dans la partie II.1.) est
qu’il ne prend pas en compte les corrélations entre les différentes dimensions de la qualité de
vie. Une analyse en termes de prols de villes permettrait donc d’apporter des éclairages sup-
plémentaires en mettant en évidence la ou les dimension(s) de la qualité de vie dans lesquelles
la ville enregistre une bonne performance, distinguant ainsi les possibles axes d’amélioration
pour chaque ville. Pour cela, nous proposons une analyse typologique de la qualité de vie
dans les villes européennes. Elle porte sur un ensemble de variables (Tableau 2) pour l’année
2012 et permet à la fois de mettre en évidence les dimensions qui structurent la différenciation
de la qualité de vie dans les villes. Aussi, l’ACP normée est une première étape qui permet
d’identier des ressemblances/proximités entre villes selon plusieurs axes factoriels qui ne
sont pas corrélés. Au nal, l’ACP nous permet de systématiser les principales tendances expli-
catives de la distribution spatiale de la perception de la qualité de vie observée via notre indice
synthétique. La seconde étape de notre analyse typologique consiste en la réalisation d’une
CAH dont l’objectif est de réaliser une taxonomie des villes européennes en fonction de leurs
coordonnées sur les principaux axes factoriels identiés.
3.2.1. Les facteurs structurant les différents prols des villes européennes
L’ACP menée sur les 70 villes et les 22 variables qui les caractérisent révèle une struc-
turation selon deux facteurs principaux. Les deux axes principaux qui ressortent de l’ana-
lyse expliquent 44 % de la variance totale. La quantité d’information récupérée dans l’axe
Sébastien Bourdin et Thomas Cornier / Géographie, Économie, Société 19 (2017) 3-31 19
décroît lentement (Tableau 1 et 2 en Annexes) laissant signier qu’il n’y a pas d’angle de
vue privilégié qui permette de saisir la qualité de vie dans les villes de manière satisfaisante.
Le premier facteur (variance expliquée = 25 %) est unipolaire et révèle les villes où les
habitants sont satisfaits des politiques urbaines locales en faveur de la qualité de vie. On
retrouve un niveau de satisfaction élevé quant à la qualité des infrastructures scolaires, de
Figure 3 : Quelques prols de villes concernant leur qualité de vie
Sébastien Bourdin et Thomas Cornier / Géographie, Économie, Société 19 (2017) 3-3120
santé et de transports. Le sentiment de sécurité y est plus élevé que la moyenne. Il s’agit
également de villes dans lesquelles les habitants sont très satisfaits de l’offre en aménités
(sportives, culturelles et de loisirs). Ces villes sont également caractérisées par une sur-
représentation des personnes ne se plaignant pas des nuisances (bruit, pollution de l’air).
Le deuxième facteur (variance expliquée = 19 %) est bipolaire. Il permet de différen-
cier les villes qui sont engagées dans le développement durable à celles dont ce n’est pas
la priorité. Dans les villes perçues comme plus durables, les habitants ont conance en
l’administration publique, sont satisfaits de la propreté de leur ville, sont conscients de
l’engagement de la ville pour lutter contre le changement climatique et dans la gestion
de ses ressources. Dans ce type de villes, les habitants apprécient également la beauté et
la qualité des rues, des édices et des espaces publics tels que les squares ou les zones
piétonnières. Plusieurs chercheurs ont déjà démontré l’incidence de ces considérations
sur le caractère durable des villes (Gehl, 2013) et le désir de nature croissant des habitants
(Bourdeau-Lepage et Vidal, 2014). À l’opposé, on retrouve des villes qui ne consacrent
pas leurs ressources de manière responsable selon les habitants.
Le troisième facteur (variance expliquée = 9 %) est bipolaire et a trait à l’environne-
ment économique local. Il oppose les villes où il est facile de trouver du travail à celles
où il est plutôt plus facile que la moyenne de trouver un bon logement à prix raisonnable.
3.2.2. Une géographie de la qualité de vie dans les villes européennes
À partir de cette première analyse, il est possible de dresser une typologie des villes
européennes à l’aide d’une CAH (selon la méthode de Ward). Nous avons pu ainsi pro-
duire un dendrogramme (voir annexes) grâce à cette technique réalisée sur les coordon-
nées factorielles des villes. Quatre axes se sont dégagés à l’issue de cette classication.
(a) Les villes offrant de nombreuses aménités et proposant des services répondant
aux besoins de leurs habitants
Nous aurions pu nommer les villes de ce groupe les « villes de l’homo qualitus » pour
reprendre l’expression développée par Bailly et Bourdeau-Lepage (2011) pour désigner les
villes dans lesquelles les habitants ne cherchent pas uniquement à maximiser leur niveau
de satisfaction matérielle, mais aussi leur niveau de bien-être immatériel. Dans ces villes,
l’accessibilité élevée aux aménités (espaces verts, infrastructures sportives, théâtres, ciné-
mas, musées, bibliothèques, etc.) inuence de manière importante le ressenti des habitants
concernant leur qualité de vie. Ceci rejoint les travaux antérieurs de Moro et al. (2008) sur
l’Irlande ou encore ceux de Rappaport (2009) sur les États-Unis sur l’importance de la
qualité des aménités. Par ailleurs, l’environnement des politiques publiques est très appré-
cié dans ces villes. On y retrouve une offre de soins (médecins et hôpitaux) correspondant
aux attentes de la population. Les habitants sont plus satisfaits que la moyenne des infras-
tructures scolaires. La politique de transports publics de la ville (développement des trans-
ports collectifs tels que le tram, le métro ou les réseaux de bus) répond également à leurs
besoins. Il en résulte une utilisation des transports publics par les habitants plus intensive
que la moyenne. Les citoyens semblent également satisfaits de leurs expériences concer-
nant l’environnement naturel et l’environnement bâti. La population se réjouit d’habiter
dans des villes à l’architecture plaisante. Cette classe est composée de capitales d’Europe
septentrionale (Stockholm, Helsinki, Londres) et centrale (Vienne, Budapest) mais aussi de
métropoles fortement engagées dans le développement urbain durable (Groningen, Malmö,
Sébastien Bourdin et Thomas Cornier / Géographie, Économie, Société 19 (2017) 3-31 21
Graz). Notons qu’aucune ville de l’Europe méditerranéenne n’est présente dans ce groupe
de villes conrmant les travaux de Deaton (2012) sur l’inuence de la crise économique sur
la perception de la qualité de vie par les habitants.
(b) Les villes bien équipées mais chères, où il est difcile de se loger et offrant de
nombreuses opportunités d’emploi
Les villes concernées par cette classe sont globalement en avance en termes de qualité
de vie. Néanmoins, ce qui les caractérise le plus concerne l’environnement économique
local. Il s’agit de villes attractives en termes d’emploi mais où il est difcile de trouver
un logement à prix raisonnable. Sur les 27 capitales présentes dans notre échantillon, 7
se retrouvent dans ce groupe. On retrouve là souvent l’effet de taille des villes comme l’a
montré Albouy (2008). Par exemple, dans une capitale telle que Paris, il est plutôt plus
facile d’avoir un emploi mais en revanche beaucoup plus difcile de se loger à bon prix
(Trannoy et Wasmer, 2013). À l’inverse, dans les villes de moins grande taille le marché
de l’immobilier sera plus favorable mais les opportunités d’embauche seront moindres.
Il en découle un processus de gentrication comme on peut l’observer dans des villes
comme Barcelone (Minassian, 2009), Prague (Sýkora, 2005), Bruxelles (Van Criekingen
et Fleury, 2006 ; Van Criekingen, 2013) ou encore Belfast (Murtagh, 2010). Ces villes
sont souvent très attractives et les habitants, lorsqu’ils n’étaient pas originaires de celles-
ci, ont choisi d’activer leur capital socio-économique pour s’y installer. Dans ce cadre,
les perspectives d’emplois inuencent plus que les autres facteurs la qualité de vie, quitte
à habiter un logement de taille plus modeste étant donné les prix élevés de l’immobilier.
(c) Les villes à la qualité de vie hétérogène
Ce groupe de villes est hétéroclite tant les facteurs inuant sur le ressenti des habitants
sont très diversiés. Les villes de ce groupe ont une qualité de vie qui reste perfectible.
En d’autres termes, les habitants y perçoivent très bien certains aspects de leur qualité de
vie, tandis qu’ils la déplorent dans d’autres domaines. Pour autant, le contexte socio-éco-
nomique et territorial semble jouer dans l’inuence des différentes variables concourant
le plus à la qualité de vie des villes de ce groupe. C’est le cas notamment de Berlin où les
habitants sont satisfaits de l’offre de transports publics, où les infrastructures de santé sont
très appréciées et où l’offre culturelle et de loisirs correspond aux attentes. En revanche, les
Berlinois ne s’y sentent pas forcément en sécurité et trouvent que les prix du logement sont
excessifs. L’effet « capitale » semble ici jouer puisque dans la ville d’Essen (pourtant située
aussi en Allemagne et ayant un score similaire à Berlin) les habitants ne sont pas satisfaits
de l’offre de santé et des espaces culturels (théâtres, salles de concert) alors que les Berlinois
en sont contents. À l’inverse, les Essenois trouvent qu’il est plus facile de trouver un loge-
ment à prix abordable. Nous rejoignons ainsi les travaux d’autres auteurs indiquant que la
taille des villes et le contexte territorial inuent sur la satisfaction des habitants.
D’une manière générale, les habitants de nombreuses villes de ce groupe semblent
très satisfaits de l’environnement culturel et de loisirs qui les entoure. Des villes comme
Amsterdam, Anvers, Bologne ou encore Berlin accueillent de manière régulière des évène-
ments culturels majeurs (festivals, concerts, opéras, expositions). Enn, dans cet échantillon
de villes, l’environnement naturel y est agréable, certaines d’entre elles sont bien pourvues
en parcs, jardins et autres espaces verts ce qui explique le degré élevé de satisfaction des
habitants des villes, à l’instar d’Amsterdam, Dortmund, Bologne et surtout Oviedo, qui se
démarque sur ce point en Espagne par rapport aux autres villes ibériques.
Sébastien Bourdin et Thomas Cornier / Géographie, Économie, Société 19 (2017) 3-3122
(d) Les villes peu attractives avec des conditions de vie détériorées et proposant
peu d’aménités
Dans les villes de ce groupe, l’accessibilité des habitants aux ressources qui leur
sont proposées est faible. Ces dernières sont par ailleurs en faible disponibilité. Dans
ces villes, les habitants vivent mal (au sens de l’espace vécu) le fait d’habiter dans ces
villes. Ils ne sont pas satisfaits de leur environnement naturel et critiquent le manque
d’engagement de leur ville dans la lutte contre le changement climatique. Les habitants
trouvent leur ville polluée, sont mécontents de la propreté des rues et jugent négative-
ment l’état des rues et des bâtiments. De plus, les personnes résidant dans ces villes
considèrent mal l’environnement des politiques publiques. Ils déprécient l’administra-
tion locale, son efcacité et les services qui leur sont proposés pour les aider. Enn, le
sentiment d’insécurité est prévalant dans ces agglomérations. Il s’agit essentiellement
de villes du Sud de l’Europe (Rome, Athènes, Naples, Palerme, Zagreb, Braga) ou de
l’Est (Bucarest, Soa, Riga, Tallinn, Vilnius, Ostrava). Les revenus relativement plus
faibles des habitants de ces villes les empêchent de déménager dans des métropoles à
la qualité de vie meilleure, leur potentiel de mobilité géographique étant de facto peu
élevé. Il s’agit également de villes dont les pays ont été les plus durement touchés par
la crise. Ce contexte socio-économique défavorable a pour conséquence une déprécia-
tion de la satisfaction de leurs habitants comme Deaton (2012) l’a déjà expliqué dans
le contexte étatsunien.
Il semble intéressant également de s’interroger sur la possibilité de pouvoir différen-
cier spatialement les villes ainsi classées (Figure 4). Autrement dit, existe-t-il une géo-
graphie de la perception de la qualité de vie dans les villes européennes ? La cartographie
des résultats de notre CAH permet de dégager quelques tendances. D’abord, comme nous
l’avons relevé plus haut, aucune ville méditerranéenne et d’Europe centrale et orientale
(à l’exception de Budapest) ne fait partie du groupe A. À l’inverse, parmi les villes les
moins bien considérées par rapport à leur qualité de vie, on ne retrouve pas de villes de la
moitié Nord de l’Europe et on retrouve beaucoup, à l’inverse, de villes d’Europe centrale
et orientale (Riga, Vilnius, Zagreb, Ostrava) ou du Sud (Italie, Grèce).
Pour le reste, une très forte hétérogénéité caractérise les villes européennes sur
l’ensemble des indicateurs. En dehors des villes du groupe A et des villes du groupe
D au sein desquelles on retrouve une cohérence géographique et politico-culturelle
avec des capabilités des habitants qui sont respectivement soit élevées, soit faibles,
les deux autres classes révèlent une certaine discontinuité. Les villes du groupe B sont
visibles dans toute l’Europe avec une surreprésentation de capitales (où le coût de la vie
demeure souvent plus élevé que sur le reste du territoire). Il s’agit également de villes
où le développement économique (Madrid, Barcelone, Prague, Varsovie), les boule-
versements politiques (Belfast) mais aussi l’attractivité économique récente (Lille) ont
participé à attirer de nouveaux habitants et des investisseurs. Cela a permis de créer des
emplois mais en contrepartie a induit une augmentation du coût de la vie et notamment
du logement. Le capital socio-économique des habitants de ces villes est élevé mais
leurs aspirations en termes de logements ne sont pas satisfaites (car l’accessibilité à
un logement est faible (disponibilité et prix très élevés). En revanche, pour les villes
du groupe C, il ne nous est pas possible de distinguer une quelconque conguration
géographique particulière.
Sébastien Bourdin et Thomas Cornier / Géographie, Économie, Société 19 (2017) 3-31 23
Figure 4 : Typologie cartographiée de la qualité de vie individuelle
Conclusion
L’objectif de cet article était d’interroger l’existence d’une différenciation spatiale de
la perception de la qualité de vie des villes à l’échelle européenne. Il présentait un triple
intérêt dans son approche (multidimensionnelle, basée sur la perception des habitants
(critères qualitatifs) et territorialisée). Les résultats montrent très clairement une géo-
graphie des villes où la qualité de vie est mauvaise ou au contraire bonne. En effet, sur
ces deux caractéristiques, les villes situées sur une dynamique plutôt négative sont loca-
lisées au Sud et à l’Est de l’Europe (de l’Italie à l’espace balte) alors qu’à l’inverse, les
villes caractérisées par une haute qualité de vie sont situées davantage en Europe centrale
ou septentrionale (Royaume-Uni, Allemagne, Scandinavie). Dans cette catégorie, nous
retrouvons les villes réputées pour leur action positive dans le domaine du développement
durable et du bien-être des citoyens, ce qui est en adéquation avec les résultats obtenus.
En revanche, d’autres villes ont une qualité de vie plutôt intermédiaire dont il est difcile
de déduire une conguration géographique à l’échelle européenne. À plusieurs égards
cette recherche conrme ainsi des recherches antérieures sur l’inuence du contexte
socio-économique et territorial sur la perception de la qualité de vie par les habitants.
Layard (2005) recommandait que l’amélioration de la qualité de vie pour les générations
présentes et futures soit un objectif premier des politiques urbaines et sociales. La prise
en compte de la perception de la qualité de vie des habitants d’une ville est une question
Sébastien Bourdin et Thomas Cornier / Géographie, Économie, Société 19 (2017) 3-3124
d’importance indéniable pour les décideurs locaux. Des améliorations dans ce domaine
peuvent conduire à une attractivité plus importante de la ville considérée. Ainsi, l’analyse
comparative et typologique réalisée ici est une opportunité pour les villes de pouvoir identi-
er leur positionnement dans le but d’améliorer la qualité de vie des citoyens.
La recherche menée dans cet article pourrait être approfondie en comparant des indica-
teurs quantitatifs mesurant le bien-être avec les données issues de la perception de la qua-
lité de vie par les habitants utilisés dans cet article. Il serait alors possible de déterminer
des décalages entre les politiques urbaines menées et leurs impacts sur la perception de la
qualité de vie des citoyens. Par exemple, une ville peut disposer de nombreuses aménités
sans qu’elles correspondent aux attentes des habitants, traduisant ainsi une inadéquation
entre l’offre (les ressources) et la demande (les besoins). Cette approche pourrait être
envisagée dans une perspective capabiliste où l’intérêt serait de voir dans quelle mesure
ces décalages entre l’offre et la demande résultent des capabilités plus ou moins limitées
dont disposent les habitants.
Enn, notre étude porte sur un échantillon de 70 villes et 22 variables. On ne peut
qu’encourager Eurostat à poursuivre ses efforts pour auditer un nombre plus large de
villes européennes et d’enrichir la liste des variables disponibles de sorte de pouvoir
afner les analyses menées et d’interroger plus en détail les hypothèses soulevées sur
l’inuence du territoire sur la qualité de vie.
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Annexes
Tableau 1 : Tableau des valeurs propres
F1 F2 F3 F4 F5
Valeur propre 5,706 4,464 2,068 1,586 1,532
Variabilité ( %) 24,808 19,409 8,992 6,895 6,661
% cumulé 24,808 44,217 53,209 60,104 66,765
Figure 1 : Histogramme des valeurs propres
Sébastien Bourdin et Thomas Cornier / Géographie, Économie, Société 19 (2017) 3-3130
Figure 2 : Plan factoriel 1-2
Sébastien Bourdin et Thomas Cornier / Géographie, Économie, Société 19 (2017) 3-31 31
Figure 3 : Arbre de classication des villes européennes