Pendant longtemps, le Gabon a eu tendance à dissimuler son littoral. Mais aujourd’hui, tout à changé, et les analyses comme les nombreuses cartes de cet ouvrage affichent l’évidence de cet espace littoral déjà bien conquis. Á présent, le Gabon lumineux visible de l’espace et révélé de nuit par les satellites, est celui des territoires d’exploitation du pétrole, en majorité maritimes mais aussi développés dans le bassin sédimentaire côtier. Les lumières viennent également des implantations humaines, tout particulièrement dans les régions littorales qui concentrent 61 % de la population totale du pays, sur 18 % de son territoire. Des deux pôles majeurs de l’intégration nationale à l’espace-monde, développés sur le trait de côte, Libreville (la capitale politique et administrative) domine par son poids démographique (800 000 habitants, soit 46 % de la population nationale) et ses fonctions urbaines, Port-Gentil (135 000 habitants) par son poids économique.
Les régions littorales sont ainsi devenues les territoires les plus sollicités du Gabon par rapport au reste du pays. Leur développement a souvent été rapide et anarchique, si bien que les pressions humaines qui s’exercent sur ces écosystèmes fragiles et remarquables représentent à présent des risques pour l’avenir. Ces risques sont d’ordre anthropique, avec les pollutions, les crises urbaines dans des villes sous-équipées ou encore les difficultés des autorités à réguler les dynamiques, mais aussi naturels, avec l’érosion du trait de côte, les inondations et submersions, ou encore les changements climatiques.
Le Gabon semble pourtant avoir pris conscience des enjeux pour l’avenir d’un développement réellement durable de ses espaces littoraux fragiles. Á la recherche d’outils de gestion et de contrôle, le pays s’est déjà doté d’un certain nombre de dispositifs, dont les parcs nationaux et les périmètres d’aires protégées qui couvrent 53 % des régions littorales. Mais beaucoup reste à faire, et c’est pour cette raison que le Conseil National de la Mer a été mis en place en 2014 dans le cadre du Plan Stratégique Gabon Émergent (2012) et de son volet littoral Gabon bleu. Beaucoup d’espoir reposent sur ce cadre intégré d’une approche des espaces littoraux gabonais, qui, avec l’étendue du bassin sédimentaire côtier, de la ZEE et les projets d’extension des droits souverains sur le plateau continental, pourraient couvrir une surface totale de 283 000 km², plus que la stricte superficie continentale du Gabon (267 667 km²).