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Conséquences de la concomitance des troubles liés à l’utilisation de substances et à l’état de stress post-traumatique sur le traitement

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Abstract

Résumé Depuis une quinzaine d’années, la forte prévalence de la co-morbidité des « troubles liés à l’utilisation d’une substance et à l’état de stress post-traumatique » a amené un nombre croissant d’auteurs à s’intéresser aux conséquences de celle-ci sur le traitement. Les données empiriques issues de ces études mettent d’abord en relief que la clientèle qui consulte pour alcoolisme et toxicomanie présente un tableau clinique à l’entrée en traitement nettement plus détérioré lorsque le trouble lié à l’utilisation d’une substance s’accompagne de l’état de stress post-traumatique. En plus de se présenter avec un profil clinique plus complexe, les usagers avec ces troubles concomitants retirent généralement moins de bénéfices du traitement de la toxicomanie. Des programmes de traitement intégré s’avèrent prometteurs pour accroître les bénéfices lorsque les deux troubles sont présents simultanément, mais ne semblent pas contrer le problème de l’abandon prématuré du traitement. Bien qu’aucune étude n’ait été élaborée spécifiquement dans le but d’identifier les facteurs impliqués dans ce processus, la recension des écrits révèle plusieurs indices qui suggèrent trois hypothèses explicatives : l’hypothèse d’automédication, la faiblesse de l’alliance thérapeutique et le manque de soutien social sans compter la contribution potentielle d’obstacles pratiques tels que des difficultés de transport ou des contraintes financières. Ces hypothèses devraient orienter la recherche et ainsi fournir des éléments essentiels à la conception de traitements mieux adaptés à la réalité des survivants de trauma.
... Un autre pattern facilitant que rapportent les écrits concerne l'intérêt marqué des jeunes adultes à l'égard de soins individualisés et qui reconnaissent l'unicité de la personne (21,36,39,43,54,58,60,62). Aussi, recevoir des soins sensibles et compréhensifs qui répondent aux besoins quotidiens du jeune adulte réduit l'anxiété associée au traitement et représente un premier pas vers la gestion de son trouble concomitant et la réduction potentielle de sa consommation (39,46,54,63). ...
... Par cette persistance, le jeune adulte comprend que l'intervenant ne veut pas l'abandonner, et qu'il souhaite vraiment l'aider et apprendre à le connaître, ce qui est bénéfique pour le processus thérapeutique (18,41,46,54,60). D'après les écrits portant sur les perspectives des intervenants, ces derniers souhaitent que la personne décrive elle-même ses attentes à l'égard des soins, car le succès du traitement dépend de ses objectifs (43,51,53,59,62). En effet, les intervenants questionnés dans l'étude de Carey et al. (51, p.193) rapportent qu'ils doivent être sensibles au discours des personnes : « ils [les jeunes] n'ont pas à voir le monde de la même façon que leurs intervenants ». ...
... Plusieurs écrits évoquent l'importance d'établir et de maintenir une relation de confiance entre la personne et l'intervenant dans le cadre du processus thérapeutique (43,47,(51)(52)(53)59,62,(65)(66)(67)(68)(69)(70). Cette relation se traduit par une forte connexion entre les deux personnes, où l'ouverture, la compréhension et la confiance à l'égard de l'autre sont mises à l'avant-plan (47,51,71). ...
Article
Introduction : plusieurs écrits soulignent l’importance de la qualité de la relation entre de jeunes adultes présentant un trouble concomitant de santé mentale et lié aux substances, et leurs intervenants. Contexte : ce phénomène complexe a toutefois été étudié surtout dans une perspective individuelle, alors que plusieurs résultats soutiennent le caractère systémique de cette relation. Objectif : mieux comprendre, selon une perspective systémique, le phénomène de la relation entre ces jeunes adultes et leurs intervenants. Méthode : une revue intégrative, encadrée par une approche systémique, a été effectuée à partir de six bases de données, d’une recherche manuelle de la littérature grise et d’une vérification des références. Résultats : 532 écrits ont été recensés, et 44 d’entre eux ont servi pour l’analyse thématique qui a fait ressortir deux thèmes : l’environnement contraignant du système de santé et la relation au cœur des soins. Discussion : cette étude corrobore le rôle conjoint joué par le jeune et l’intervenant dans le développement et le maintien de leur relation, en reconnaissant l’importance des soins, de la confiance réciproque et de la relation hiérarchique. Conclusion : les résultats peuvent constituer l’assise pour le développement d’interventions infirmières mettant à l’avant-plan la relation selon une perspective systémique.
... font état d'un clivage historique entre le système de soins psychiatriques et le système de soins en addictologie. Il en résulte un manque de dissémination croisée des connaissances acquises dans les deux champs d'études, car les chercheurs du champ du TSPT et ceux du champ du trouble addictif oeuvrent traditionnellement au sein d'organisations et de programmes mutuellement exclusifs, du fait de la compartimentation des soins(Simoneau & Guay, 2008). En France, ce clivage semble être présent à tous les niveaux, ainsi, les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS, 2001) concernant le repérage, le diagnostic et la prise en charge du trouble addictif n'incluent pas d'information concernant la recherche et le traitement du TSPT. ...
Thesis
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Ce projet de thèse vise à étudier la pertinence d’utiliser la médiation équine en thérapie, auprès de personnes ayant des troubles addictifs. Dans un premier temps, il s’agira d’étudier l’influence du style d’attachement des patients sur leur niveau d’autonomie ; en s’appuyant sur des modèles théoriques tels que la théorie de l’attachement (Bowlby, 1969-82 ; Hazan, 1987) et la théorie de la motivation autonome (Decy et Ryan, 2000). Dans un deuxième temps, l’objectif sera d’explorer, de décrire et d’évaluer les processus à l’œuvre durant l’intervention à visée thérapeutique avec le cheval. Cette recherche s’inscrit dans le cadre de la compréhension et de l’évaluation des interventions complexes, axe fort de recherche du laboratoire APEMAC. Le questionnement principal de ce projet de thèse est d'interroger la place de la théorie de l’attachement dans les interventions en psychologie de la santé, notamment dans les programmes de prévention de la reconsommation et de la rechute. Quels liens la motivation et l’attachement entretiennent-ils ? En quoi les troubles de l’attachement peuvent-ils entraver le processus de guérison et la tenue de l’abstinence chez ces patients ? L’utilisation du cheval en thérapie peut-elle permettre d’augmenter le sentiment de sécurité interne des personnes et favoriser le développement de leurs compétences d’auto-régulation et de la motivation autonome ? En somme, peut-on augmenter l’autonomie des patients en leur proposant une intervention qui cible les troubles de l’attachement ? Le recueil des données sera réalisé au Centre de Soins de Suite et de Réadaptation en Addictologie « la Fontenelle ». Tout au long de cette recherche, nous prévoyons d’effectuer différentes évaluations quantitatives à l’aide d’outils psychométriques. Nous utiliserons également des méthodes qualitatives en réalisant des entretiens cliniques.
... La comorbidité ÉSPT-TUS soulève un intérêt croissant (Najavits & Hien, 2013 ;Simoneau & Guay, 2008 ;Skinner et al., 2004). En lien avec la prestation de soins sensibles (trauma informed care), la population générale a notamment été sensibilisée aux troubles traumatiques et à la présence de comorbidité. ...
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Cet article porte sur le trouble concomitant état de stress post-traumatique (ÉSPT) et trouble lié à l’utilisation d’une substance (TUS) ; une réalité clinique fréquemment retrouvée chez les adultes où les traitements intégrés sont à privilégier comme modalité d’intervention. Parmi ceux-ci, le programme Seeking Safety (SS) est le plus validé empiriquement. Les preuves de son efficacité sont maintenant solides chez l’adulte et il est le seul traitement à surpasser le traitement contrôle pour l’ÉSPT et le TUS. Les travaux sur la version française sont aussi encourageants. Les jeunes, quant à eux, sont tout aussi à risque pour le type ÉSPT/TUS ; la prévalence étant estimée entre 11 % et 47 % (population générale et clinique). Bien que les impacts psychosociaux soient importants, peu de recherches portent sur les traitements intégrés pour cette clientèle. Deux études récentes mettent toutefois en évidence l’efficacité du programme SS pour les jeunes américains. Des ajustements sont d’ailleurs en cours pour adapter le programme à la réalité des adolescents et de leurs parents et pour en faciliter l’implantation. Des données préliminaires ont été récoltées auprès de jeunes canadiens-français (18 à 25 ans) qui ont bénéficié de séances d’entretien motivationnel combinées au programme SS offertes en groupe (n=6) ou en séances individuelles (n=3). Les résultats suggèrent que la version francophone du programme SS semble efficace en contexte de groupe, puisque des améliorations significatives ont été notées au niveau de la symptomatologie traumatique, de la consommation d’alcool et du fonctionnement selon l’axe 5 du DSM-IV-TR (grandes tailles d’effet). Aucune amélioration significative n’a cependant été notée pour la prestation de soins individuels et pour la consommation de drogues (DAST-20) en contexte de groupe ; bien que ces mesures semblent avoir évolué dans le sens d’un mieux-être. Cette étude suggère que la version française du programme SS est prometteuse dans le traitement de l’ÉSPT-TUS pour une population clinique de jeunes canadien-français. Des études avec groupe contrôle et un plus grand nombre de participants devront toutefois être menées pour confirmer son efficacité.
... La comorbidité ÉSPT-TUS soulève un intérêt croissant (Najavits & Hien, 2013 ;Simoneau & Guay, 2008 ;Skinner et al., 2004). En lien avec la prestation de soins sensibles (trauma informed care), la population générale a notamment été sensibilisée aux troubles traumatiques et à la présence de comorbidité. ...
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Over several years, an increasing number of studies have shown a link between weight gain and sleep disorders. Furthermore, we have seen an increase in body weight accompanied by a parallel decrease in the duration of sleep in the population. In our study, we wished to demonstrate this relationship between obesity and sleep in the patient population at the sleep laboratory at Montfort Hospital. Our hypothesis was that the Body Mass Index (BMI) of the patients followed in the laboratory would show the following correlations: - BMI is proportional to lack of sleep. - BMI is directly related to the number of apnoeic episodes during sleep. - BMI is directly related to the number of limb movements during sleep. - BMI increases as sleep efficiency (SE) decreases. This study was conducted at the Sleep Laboratory at Montfort Hospital. All data used in this study were drawn from patients who underwent sleep studies from 2008 to 2010. Our sample was randomly selected from the Sleep Laboratory's database. After the exclusion of patients not meeting participation criteria, our sample size was reduced from 350 to 314 patients. We made the following observations: BMI was proportional to a decrease in SE (-0.13, p = 0.018), an increase in N1 (0.18, p = 0.001), and an increase in R1 (0.24, p <0.0001). In addition, BMI was directly proportional to the number of apnoeic/hypopnoeic episodes (0.25, p <0.0001) and partial airway obstructions (0.31, p <0.0001). These results verified our research hypothesis by confirming the correlations between BMI and several polysomnographic parameters. Despite its small sample size, our study was able to confirm the results of other similar previous studies on this subject by Powered by Editorial Manager® and Preprint Manager® from Aries Systems Corporation demonstrating similar patterns. We recommend that subsequent studies of this subject at Montfort Hospital be conducted with larger sample sizes, taking into account other sociodemographic, professional and ethnocultural factors.
... La comorbidité ÉSPT-TUS soulève un intérêt croissant (Najavits & Hien, 2013 ;Simoneau & Guay, 2008 ;Skinner et al., 2004). En lien avec la prestation de soins sensibles (trauma informed care), la population générale a notamment été sensibilisée aux troubles traumatiques et à la présence de comorbidité. ...
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This article focuses on post-traumatic stress disorder (PTSD) and substance use disorder (SUD) as a concurrent disorder; a clinical reality frequently found in adults where integrated treatments are recommended as a method of intervention. Among them, the Seeking Safety program (SS) is the most empirically validated. Evidence of its efficacy is now established in an adult population and it is the only treatment that exceeds the control treatment for PTSD and SUD. The work on the French version is also encouraging. Youth, meanwhile, is equally at risk for this type of disorder; the prevalence is estimated between 11% and 47% (community and clinical population). Although psychosocial impacts are important, there is little research on integrated treatment for this population. However, two recent studies demonstrate the efficacy of the SS program for American youth. Adjustments are underway to adapt the program to the reality of adolescents and their parents and facilitate its implementation. Preliminary data were collected from French Canadian youth (18-25 years) who received motivational interviewing sessions combined with SS offered in group (n=6 ) or in individual sessions (n=3). The results show that the French version of the SS program appears to be effective in a group context as significant improvements were noted in the PCL-S, the MAST-22 and also according to the axis 5 of the DSM-IV-TR (large effect sizes). However, no significant improvement was noted for individual care and the DAST-20 in group context; although these measures appear to have evolved in the direction of wellness. This study suggests that the French version of the SS program is promising in the treatment of PTSD-SUD for French-Canadian youth in a clinical context. Keywords: post-traumatic stress disorder, substance use disorders, comorbidity, integrated treatment, youth, French
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This study examined influences of trauma awareness and preparedness on the development of posttraumatic stress disorder (PTSD) in civilian and military personnel with exposure to the civil war. Participants were 302 people with exposure to civil war in the Democratic Republic of Congo (civilians = 68%; females = 47%; age range = 16 to 76 years old, SD = 13.58 years). Participants completed the Posttraumatic Checklist Scale, General Self-Efficacy Scale, and Traumatic Events List. The data were analysed to predict PTSD development from trauma awareness and preparedness, taking exposure to multiple traumas into account as a risk factor. Findings suggest that trauma awareness and preparedness play an important role among military personnel in moderating the risk of developing PTSD, more so than among the civilian population. Mental health professionals working with civil war survivors should seek to explore trauma awareness and preparedness as resources for minimising risk for PTSD in armed conflict situations.
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Fifty-eight women with posttraumatic stress disorder (PTSD) related to childhood abuse were randomly assigned to a 2-phase cognitive-behavioral treatment or a minimal attention wait list. Phase 1 of treatment included 8 weekly sessions of skills training in affect and interpersonal regulation; Phase 2 included 8 sessions of modified prolonged exposure. Compared with those on wait list, participants in active treatment showed significant improvement in affect regulation problems, interpersonal skills deficits, and PTSD symptoms. Gains were maintained at 3- and 9-month follow-up. Phase 1 therapeutic alliance and negative mood regulation skills predicted Phase 2 exposure success in reducing PTSD, suggesting the value of establishing a strong therapeutic relationship and emotion regulation skills before exposure work among chronic PTSD populations.
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This chapter reviews studies using psychosocial research methods to investigate potential causal-maintenance relations, and underlying functional associations, that may explain the comorbidity of posttraumatic stress disorder (PTSD) and substance use disorder (SUD) among victims of various types of trauma. Based on their review, the authors are able to draw a number of conclusions regarding the nature of the relationship between these two disorders. It is suggested that alternative approaches to treatment of dually diagnosed SUD-PTSD patients explore the efficacy of providing brief motivational interventions for SUD in combination with PTSD treatment. (PsycINFO Database Record (c) 2015 APA, all rights reserved)
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The major purpose of this chapter is to examine gender as a potentially important individual-difference variable with respect to the co-occurrence of posttraumatic stress disorder (PTSD) and substance use disorders (SUDs). We begin with a review of studies that have examined comorbidity rates in both general and patient populations to demonstrate that PTSD-SUD comorbidity is an important issue in both nonclinical and clinical samples of both genders. We then examine similarities and differences in the predictors of comorbidity in male and female samples. We review the research examining potential functional relations between these two forms of behavioral pathology to determine whether there may be gender differences in the ways that PTSD and SUDs are interrelated. For example, we look at evidence suggesting that women may be more susceptible than men to a form of comorbidity in which the PTSD precedes the development of the SUD. We present new data from treatment-seeking men and women with SUDs to demonstrate that gender moderates PTSD status effects on aspects of service utilization and treatment course. We conclude with a section on the implications of observed gender differences for the treatment of women versus men with comorbid PTSD-SUDs. (PsycINFO Database Record (c) 2012 APA, all rights reserved)
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Child physical abuse (CPA) and child sexual abuse (CSA) were hypothesized to be associated with revictimization and interpersonal resource loss in adulthood. These adulthood experiences were, in turn, hypothesized to increase risk for current posttraumatic stress disorder (PTSD). High‐risk women were recruited from an innercity drug and alcohol treatment center (N = 105). Interpersonal resource losses, partner‐produced physical assault, adulthood rape, CPA, and CSA had direct effects on PTSD. CPA and CSA also had indirect effects on PTSD through rape, which, in turn, predicted PTSD. Results suggest that the traumatic origins of current PTSD among substance‐using women are multifaceted and support the importance of considering interpersonal coping resources in evaluating and treating female substance users.
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Starting from the discovery of the sudden gain/critical session, a series of empirical studies were conducted on the mechanism of change in cognitive behavioral therapy for depression (CBT). The findings offer empirical support for the cognitive mediation hypothesis, especially for its core principle that CBT interventions lead to cognitive changes, and cognitive changes lead to much of the observed symptom improvements. The findings also highlight several aspects of the change process that have previously been neglected, like the idea that therapeutic progress tends to concentrate in a few critical sessions, that symptom improvement tends to concentrate in a few sudden gains, that therapeutic alliance and cognitive interventions interact in complex ways, and that different patients might recover through fundamentally different mechanisms.