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1 La vulnérabilité, un concept fondamental au cœur des méthodes
d’évaluation des risques naturels
Frédéric Leone et Freddy Vinet
Équipe d’accueil GESTER (Gestion des sociétés, des terri-
toires et des risques), université Paul-Valéry, Montpellier III
Frederic.Leone@univ-montp3.fr
Freddy.Vinet@univ-montp3.fr
Résumé. — L’évaluation des risques implique par défini-
tion de considérer à la fois les aléas, les enjeux exposés et
leurs vulnérabilités. Depuis une dizaine d’année le concept
de vulnérabilité fait l’objet d’une appropriation progressive
par les sciences humaines qui lui donnent une dimension
plus large que la simple vulnérabilité technique des in-
frastructures qui prévalait jusqu’alors dans les démarches
d’évaluation des risques. Après avoir rappelé les termes de
définition de ce concept et en se basant sur une importante
analyse bibliographique, cet article dresse un premier bi-
lan de la richesse, de la diversité et de l’importance des
méthodes et des outils d’évaluation des vulnérabilités aux
menaces naturelles. Il en ressort un essai de synthèse de
ces approches d’évaluation assortie d’un état provisoire de
leur disponibilité, travail indispensable pour mener de fu-
turs transferts d’expériences et pour asseoir définitivement
ce concept au cœur des analyses de risque.
Mots-clés. — Vulnérabilité, risque naturel, catastrophe,
évaluation, méthodologie, disponibilité.
Title. — The vulnerability, a fundamental concept at the
core of natural risk assessment methods
Abstract. — By definition, risk assessment considers the
hazards, the elements at risk, and their vulnerabilities. For
the past ten years, the concept of vulnerability has been
progressively used by social sciences, giving it a larger
dimension than the simple technical approach of the infra-
structures’ vulnerability which was prevailing in risk assess-
ment methods. This article reviews the definitions, based on
an extensive bibliographical study. Then it strives to create
a synthesis of the richness, the diversity and importance of
the methods and assessment tools developed to analyse the
vulnerabilities to natural threats. By highlighting a provi-
sional state of the availability of the various methodologies,
this synthesis is critical to conduct prospective experience
transfers, and to definitely set the concept of vulnerability
at the core of risk assessment.
Key-words. — Vulnerability, natural risk, disaster, assess-
ment, methodology, availability.
1.1 La vulnérabilité, un concept qui s’affirme
1.1.1 La catastrophe, révélateur de vulnérabilités
humaines et territoriales
Si lerisque s’exprime virtuellement, la catastrophe dite«na-
turelle» le concrétise quant à elle par l’expression d’un en-
dommagement, résultatde l’impactde phénomènes natu-
rels sur les sociétés et leursterritoires.C’estune notion
trèsrelative en fonction du lieu d’oùestperçul’événement
jugécatastrophique,une construction psychosociale dont la
cause «naturelle»estsouventàrechercherbien loin des
effets constatés(Gaillard, 2001). Pour les spécialistes de
l’approche systémique, la catastrophe se définit comme la
« rupture dans une trajectoire,dans lareproduction d’un
système [...] suivie par l’émergence ou la bifurcation d’une
nouvelletrajectoire et la mise en place d’un nouveau sys-
tème » (Brunetetal., 1993). On conçoit dèslors que cette
notion est trèsliéeà la notion de seuil d’endommagement
et que le franchissement ou non de ces seuils est largement
conditionnépar la capacité de réponse des sociétés concer-
nées,autrementdit leur résilience (Klein Richard, 2003), ou
a contrario leur vulnérabilité.
En effet, les bilans socio-économiques et les nombreux re-
tours d’expérience menés ces dernières années,nous en-
seignent que les catastrophes sont de véritables révélateurs
de vulnérabilités humaines et territoriales au sein des com-
munautés etsociétésfrappées.En analysantparexemplela
distribution socio-géographique des victimes mondiales de
catastrophes naturelles sur la période 1973-2002 (Thouret
& Leone, 2003), il apparaît des différences très significatives
suivant l’étatde pauvreté des paystouchés. Les paysles
moins développés et les plus pauvres,c’est-à-dire présentant
un Indice de DéveloppementHumain(IDH) inférieur à 0,8
(= Mexique), ontenregistré surcette période de 30 ans
96 % des décèsimputables àdes phénomènes naturels,ce
qui fait indiscutablementde la pauvreté la première cause
profonde de vulnérabilité. Maisles dégâts du cyclone Ka-
trina ont montré que le développement technologique et la
richesse s’ils permettaientde réduirelavulnérabilité de nos
sociétés ne mettentpas à l’abri de catastrophes de grande
ampleur. Lavulnérabilité n’estdonc pas la strictefonction
inverse du degré de développement économique.
À l’échelle mondiale, la densification des enjeuxdans les
zones de danger apparaît comme un autre grand catalyseur
de vulnérabilités. Il s’agit d’un processus trèsrarement réver-
10 La vulnérabilité, un concept fondamental
sible dont les causes premières sontàrechercherdans une
attirance pourcertains territoires fertiles ou stratégiques,
maisà risque élevé, tels que les volcans, les littoraux, les
deltas, les vallées, les cônes de déjection etparfois même
les replats de glissements de terrain anciens. La croissance
démographique,souventcoupléeàun exode ruralmassif et
encore actif dans certains pays en développement, a contri-
bué à urbaniserde plus en plus ces sites à risque. À titre
d’exemple,on estime actuellement à près de 402 millions
le nombre de personnes vivantau pied de volcans actifs1.
De nombreuses agglomérations urbaines multimillionnaires,
comme Arequipa,Quito,Managua,Kagoshima ou Naples,
se situent à moins de 25 km de volcans en activité.
On comprend dèslors que laréduction des risques, faute
de pouvoir contenir la plupart des phénomènes en cause,
estavant toutune question de réduction des facteurs qui
font les vulnérabilités,qu’ils soientd’origine démographique,
institutionnelle, organisationnelle, politique, conjoncturelle,
technique,socio-économique,culturelle ou psycho-sociale
(D’Ercole, 1994). Mais cette réduction passe préalablement
par la maîtrise d’un concept émergeant, encoretrès débattu
etauxacceptations différentes,et la mise àdisposition de
méthodes d’évaluation jusqu’alorstrop dispersées.Nous pro-
posons icide formaliserdavantage ce conceptetses ap-
proches, touten tirantun premierbilan bibliographique des
efforts consentis pour l’évaluer.
1.1.2 Vers l’élaboration d’un corpus sémantique propre à
la géographie des risques
Depuis une dizaine d’années, les géographes ontdéfinitive-
ment investi le champ des risques naturels.Cela s’est traduit
par l’émergence de cette question dans les programmes des
concours de l’enseignementsecondaire etsa percolation pro-
gressive dans les manuels scolaires.Pourtant lavisibilité
du concept de risque dans la bibliographie géographique et
dans la société en générals’accompagne d’un double mou-
vement. D’un côté, le succès de termes comme risque, vul-
nérabilité, résilience est telqu’ils sontparfois galvaudés et
entendus dans un sens large quisape toutetentative de clari-
fication sémantique.Del’autre,des conceptsjadisflous (vul-
nérabilité) font l’objetde définitions de plus en plus claires
et intégrées.Ainsis’élaborelentementmais sûrementun cor-
pus théorique, terminologique et méthodologique propre à
la géographie du risque où les concepts,au sens où l’entend
Dauphiné (2001) prennent un sens bien précis. Si le terme
d’aléa est réservé auxphénomènes naturels, les géographes
français se sontappropriés celuide vulnérabilité pour le
développeret luidonnerune dimension plus large que la
simplevulnérabilité structurelle quiprévalait jusque-là (vul-
nérabilité structurelle des bâtimentsface à l’aléa sismique
parexemple). En revanche, il convientde bien distinguer
les enjeuxde leur vulnérabilité alors qu’une tendance à la
confusion englobait toutce quine relevait pas de l’aléa
Vivant plus précisément à moins de 50 km des 1 521 volcans actifs émergés
1
du globe (source Leone, inédit).
sous levocable« les vulnérabilités». De même,exposition
et vulnérabilités,parfois confondues,sont théoriquement
indépendantes. L’exposition est la coïncidence spatiale entre
les enjeuxet l’aléa d’où la notion de zone à risque.Mais
un bien,une usine parexemple peut êtrevulnérable aux
inondations sans y être exposée si laroute qui l’alimente en
pièces détachées ou en matières premières estcoupée par
le débordementd’un cours d’eau. L’exposition peut être en-
tendue au sens temporelnotammentpour les phénomènes
saisonniers comme les cyclones. Les enjeuxsontexposés
auxaléas cycloniques lors d’une certaine période de l’an-
néevariable selon les lieux. Lavulnérabilité ne se limite
donc pas auxzones exposées. L’analyse de lavulnérabilité
ne doit donc pas s’arrêter aux espaces directement touchés
par l’aléa. L’exemple de l’usine située hors zone inondable
mais affectée par l’inondation démontrel’intérêt d’une ap-
proche territorialisée du risque où leterritoirevulnérable ne
se confond pas avec l’espace touché par l’aléa.
Parailleurs,si la conceptualisation progresse,elletarde àse
traduire dans laréalité. Plus que l’aléa, lavulnérabilité bute
sur les problèmes de quantification etsur les limites de la
modélisation en ce domaine.
1.2 La vulnérabilité, composante fondamentale
de l’appréciation du risque
1.2.1 La prise en compte tardive de la vulnérabilité dans
l’équation des risques
S’il estdésormais admis que lerisque naît de la conjonction
d’une menace (l’aléa)etd’enjeuxplus ou moins vulnérables,
la prise en compte des vulnérabilités comme composante
fondamentale du risque au même titre que l’aléatarde à
entrerdans les mœurs.En effet lerisque a été longtemps
étudié sous l’angle de l’aléa. Tantpour les risques sismique
qu’hydroclimatiques, l’opinion des décideurs, les finance-
ments et le savoir faire scientifique se sont longtemps tour-
nésversl’aléa(modélisation hydraulique etsismique en
particulier). En géographie, les spécialistes de la géographie
des risques se sont pour la plupart formés au départ sur les
aléas (géoclimatologues,géomorphologues,hydrologues).
Ils ont « glissé » vers une approche plus globale,parfois an-
thropocentrée de la notion de risque.
La vulnérabilité des territoires et des sociétés exposées aux
menaces d’origine naturelle estpourtantune composante
fondamentale de l’appréciation du risque. Nombreuses sont
les définitions,officielles ou non,de lavulnérabilité. Mais
en règle générale,deuxgrandes distinctions apparaissent
selon que l’on appréhende lavulnérabilité d’un pointde vue
social — en tantque propension à l’endommagement, ou
d’un pointde vue technique —en tantque mesure de l’en-
dommagement (D’Ercole, 1994 et 1996). Le problème des
définitions « techniques » est qu’elles confondent souvent le
sens même de ce conceptavec ses modalités d’évaluation.
Aussi, pour bien marquer cette distinction, la définition qui
nous semble la plus appropriée est celle « d’une propension
Frédéric Leone et Freddy Vinet 11
à l’endommagementou au dysfonctionnementde différents
éléments exposés(biens,personnes,activités, fonctions,sys-
tèmes) constitutifs d’un territoire et d’une société donnés ».
1.2.2 Approche analytique ou synthétique de la
vulnérabilité
Une approche analytique envisageralavulnérabilité par
nature d’enjeux :
−structurale : pour les infrastructures physiques (bâti, ré-
seaux physiques, ouvrages d’arts, etc.) ;
−corporelle:pour les personnes physiques (dommages
corporels) ;
−humaine ou sociale pour les populations (approches so-
ciale ou psycho-sociales) ;
−institutionnelle : pour les institutions ;
−environnementale:pour les différentes composantes du
milieu naturel (végétation, ressources en eau, etc.) ;
−fonctionnelle:pour les fonctions etactivités diverses
(économiques notamment) supportés par les éléments
précédents.
Mais comme nous l’enseigne l’approche systémique, lavul-
nérabilité d’un territoire n’estpas réductibleà la somme des
vulnérabilités des enjeuxexposés.Une approche holiste de la
vulnérabilité s’impose pour décrire et analyser les systèmes
complexes (territoriaux, sociaux, organisations, institutions,
etc.) supportés par l’ensemble des éléments précédents. On
parlera dans ce cas là de vulnérabilité systémique.
Ces différentes formes de vulnérabilité se déclinentdans des
échelles de temps et d’espace, qui leur sont propres suivant
la nature des élémentsvulnérables, leurniveau d’organisa-
tion, leur implantation géographique et la période analysée
(avant, pendant ou après une crise). Il apparaît donc claire-
mentque lavulnérabilité estun système dynamique,articulé
autourd’une multitude de facteurs directs et indirects,en
interaction souvent complexe.
1.2.3 L’acceptabilité du risque, aspect fondamental de la
vulnérabilité
La notion d’acceptabilité du risque estpeu débattue chez
les géographes.Pourtant, la notion d’acceptabilité estselon
nous au cœurdu débatsur les risques en tantque variable
d’ajustementdu seuil de réduction du risque etdonc des vul-
nérabilités.Elle esten quelque sorte une mesure en creuxde
lavulnérabilité. La question politique de premierordre est
bien celle du niveau de risque que les populations exposées
sontprêtes àsupporter. Une des approches de lavulnéra-
bilité consisterait à déterminer le degré d’acceptation d’un
risque parune population donnée afin d’en déduirelavul-
nérabilité. La méthode « Inondabilité » développée par le
Cemagref réduit d’ailleursla mesure de lavulnérabilité à
l’acceptabilité de l’aléa. La« vulnérabilité » y estdéfinie par
un niveau d’aléa acceptable expriméen intensité etpériode
de retourpourchaque type d’enjeu (Gendreau, 1999). Le
problème estque ce niveau d’acceptabilité de l’aléa ou du
niveau de risque en généraldépend de facteurs difficilement
quantifiables comme l’ontmontré les psychosociologues et
sociologues etque sa quantification estdifficile(Peretti-
Watel, 2001). Dauphiné (2001, p. 26) esquisse un tableau
des facteurs de perception des risques naturels:compréhen-
sion du phénomène,concentration spatiale et temporelle
des victimes..., pourne retenir que quelques exemples. Le
contrôle personnel (réelou perçu)estun facteurde plus
grande acceptabilité du risque.Ainsi les homicides ou les
accidents de laroute, infinimentplus meurtriers que les
catastrophes naturelles sont mieux tolérés.
Pour Theys(1991), l’acceptabilité du risque est étroitement
liée aux valeurs associées au dangeretauxenjeux. En ce
sens, la perte de considération pour les valeursvéhiculées
par l’ancienne société rurale expliquerait l’intolérance crois-
sante des populations pour les excès(sécheresse, inonda-
tions,avalanches)d’une nature quine fait plus partie des va-
leurs quotidiennes maisrelégués dans les horizons ludiques
de sociétés de plus en plus urbanisées. À contrario, lava-
leur croissante accordée aux enjeux (matériels et humains)
abaisse le niveau d’acceptabilité et rend plus intolérable
toute perturbation venantd’une nature dontde moins en
moins de personnes tirent directement leur subsistance.
L’acceptabilité d’un aléa est liée à la perception de l’aléa et
des vulnérabilités elle-mêmes par les populations potentiel-
lementsinistrées.Parexemplela non perception de leur
proprevulnérabilité pardes populations exposées àdes
risques naturels estelle-même un facteurde vulnérabilité
qui va contrarier la mise en place de mesures de préven-
tions.C’estce que montre Peltierdans ce volume pour les
campings des Hautes-Pyrénées.
Dans leurapproche des risques, les Suisses (Planat, 2003)
distinguent l’analyse des vulnérabilités de leur évaluation.
En effet, au-delà de l’analyse des vulnérabilitésil convient
dans une démarche opérationnelle de déterminer le niveau
de vulnérabilité acceptable ou par défaut les vulnérabilités
inacceptables sur lesquelles se portera prioritairement la pré-
vention. Lavulnérabilité structurelle peut être considérée
comme indépendante de l’acceptabilité du risque maislavul-
nérabilité politique etsociale est trèsliéeà l’acceptabilité du
risque.C’estce qui rend lavulnérabilité d’une société dans
son ensemble difficilement quantifiable et « modélisable ».
L’acceptabilité du risque est liéeà l’aléa etses paramètres
de fréquence, intensité... mais aussi et surtout à l’état de la
société quidésigne la capacité d’un organisme,d’un être,
et par extension d’un groupe social à dépasser une épreuve
voire à s’appuyer dessus pour progresser et reconstruire.
1.3 Un aperçu des travaux portant sur les
vulnérabilités
Ce paragraphe tente de dresser un premier bilan, mais non
exhaustif, des travaux et des recherches internationales por-
tantsur les vulnérabilités auxcatastrophes naturelles.Cette
synthèse repose surune analyse bibliographique détaillée
dont le contenu et les références sontprésentés dans une
étude effectuée pour le compte du ministère de l’Équipe-
12 La vulnérabilité, un concept fondamental
ment, du Transport et du Logement (Leone, 2003).
Les travauxsur les vulnérabilités ont été analysés selon
différents critères (type d’approche,nature des éléments
vulnérables,nature des aléas, types de traitements carto-
graphiques, nature des critères de vulnérabilité retenus, dis-
ciplines mobilisées, région géographique étudiée, échelle
d’analyse,mise au pointde protocoles méthodologiques
transposables,outils utilisés,etc.). Letableau 1p. 14 re-
cense parexemple quelques travauxayantporté sur les
diagnostics de vulnérabilité. L’objectif principalde cette ana-
lyse a été d’estimer le niveau de disponibilité opérationnelle
des méthodes d’évaluation des vulnérabilités auxmenaces
naturelles.Dans les lignes quisuiventnous retranscrivons
quelques conclusions de cette analyse quia porté surprès
de 250 références bibliographiques ne traitantque de vulné-
rabilité à des phénomènes naturels.
1.3.1 Des approches sectorielles souvent empiriques
1.3.1.1 La vulnérabilité structurelle et corporelle
Les travaux la concernantsont les plus abondants, tant à
traversles retours d’expérience,que les diagnostics de vul-
nérabilité qui fontpartieintégrante des très nombreuses
simulations de dommages fournies par lalittérature en dif-
férents points du globe.C’estmajoritairement le bâti qui
estconcernéeten particulierau regard des séismes. Il sert
généralementde base à l’élaboration des scénarii d’endom-
magement. Les réseauxphysiques fontquant à eux l’objet
de nombreuxconstats d’endommagementaprès sollicita-
tion sismique.Pour les aspectstechniques, les recherches
sontsouventmenées par les architectes notammentceux
de l’InstituteforResearch in Construction au Canada etdu
CSTB en France (voir la contribution de Salagnac &Bessis
dans ce volume)ou l’Université de Cambridge en Grande-
Bretagne (Kelman &Spence, 2002). L’objectif de ces études
est de déterminer les fragilités techniques des bâtiments ou
infrastructures face au risque inondation afin d’en diminuer
lavulnérabilité ou celle de leuroccupants en cas de sinistre.
Le programme européen EUROFLOOD II (1994-1997) avait
pourbutde déterminerdes fonctions de dommage dues
aux inondations pluviales urbaines.Dans les États partici-
pants(Royaume-Uni, France...) des méthodes ont émergé
de ce programme comme la méthode « Inondabilité » en
France qui n’est que partiellement centrée sur la vulnérabi-
lité comme nous l’avons vu plus haut.
Lavulnérabilité corporelle estprise en compte surtoutdans
le cadre des scénarii sismiques dont le butestaussid’esti-
mer les pertes humaines potentielles en fonction du niveau
d’endommagement du bâti (vulnérabilité structurale).
1.3.1.2 La vulnérabilité humaine ou sociale
Elle estessentiellement traitée sous laforme de retours
d’expérience sur les réponses, les adaptations, les comporte-
mentsface aux évènements dommageables et leurs consé-
quences socio-économiques et territoriales. Les recherches
la concernants’inscriventaussidans une démarche d’éva-
luation des risques lorsque les auteurs cherchent à diagnos-
tiquer lavulnérabilité humaine en étudiant la qualité de la
perception des menaces ou de la mémoire, la connaissance
des moyens de protection, les types de comportements po-
tentiels,etc. (cf. tableau 1p. 14). Ces études conduisent
assez souvent, pour ce qui est des équipes françaises, à des
cartographies utiles pourdéfinir des stratégies de prévention
prenant en compte la dimension psycho-sociale des risques.
Detelstravaux, basés surdes campagnes d’enquêtes,ont
notamment été menés pardes géographes français en Équa-
teur, auxPhilippines,en Colombie etauxAntilles. Ils suivent
tous des protocoles méthodologiques similaires impulsés par
le géographe Robert D’Ercolelors de sa thèse sur levolcan
Cotopaxi (D’Ercole, 1991). Dans ce domaine de la cartogra-
phie des « facteurs de vulnérabilités humaines », on peut
réellement parler d’« école française ».
1.3.1.3 La vulnérabilité institutionnelle
Les travauxapparaissentessentiellementdans le cadre des
retours d’expérience avec pour thème principal l’analyse de
la capacité de réponse des institutions face à la crise.Notons
qu’ils sont très liés à ceux traitant de vulnérabilité humaine
ou sociale, lavulnérabilité institutionnelleétantun facteur
indirectde cette dernière.Des travauxde cette nature ont
été menés pardes équipes françaises en France (Gilbert C.,
1992) notammentpar leretourd’expérience (Gilbert, 1999 ;
Gilbert & Bourdeaux, 1999), mais aussiau Japon,auxPhilip-
pines, en Colombie, au Salvador, aux Antilles, en Equateur.
1.3.1.4 La vulnérabilité environnementale et patrimoniale
Ils concernent majoritairement l’analyse des dommages sur
lavégétation, les cultures, les sols et lafaune provoqués par
les éruptions volcaniques, les tempêtes ou les inondations.
Ces approches restentpour l’essentielqualitatives,avec une
simple description de dommages.Notons égalementune
référence sur les effets des tornades sur les forêts du Min-
nesota(U.S.A.). Des travauxsimilaires existentsuite aux
tempêtes quise sontabattues sur l’Europe de l’Ouesten
décembre1999. Cependant, il apparaît clairementqu’au
regard des impacts environnementauxetagricoles,ce sont
les éruptions volcaniques quioffrent la plus grande diver-
sité de modes d’endommagement. Parcontre, rares sont les
références portant sur l’endommagement potentiel des res-
sources naturelles (eau,minerais,etc.). En Italie, les études
portantsur lavulnérabilité patrimoniale partentdes retours
d’expérience effectués suite auxgrandes inondations de
l’Arno à Florence en 1966 (Avramidou, 2003).
1.3.1.5 La vulnérabilité fonctionnelle et économique
L’analyse des dysfonctionnements divers,notammentdes
activitéséconomiques,souventconsécutivementaux rup-
tures des réseauxde communication,a surtout fait l’objet
de recherches suite auxséismes,parexemple de Los An-
geles (1994) etde Kobe (1995). Des travauxconcernentdes
secteurs d’activité particuliers.C’est le cas parexemple du
secteur touristique aprèsle séisme d’Italie de 1998, dont
Frédéric Leone et Freddy Vinet 13
la baisse d’activité aété évaluéeà travers une modélisa-
tion à posteriori de la baisse de fréquentation (Mazzochi &
Montini, 2001).
La modélisation de ces dysfonctionnements dans le cadre
d’évènementsfuturs estquant à elle beaucoup moins dé-
veloppée etsuit généralement l’approche classique des mo-
dèles « input-output » des économistes servant à évaluer les
pertes potentielles indirectes en se basant sur l’analyse des
liaisons économiques entre les différents secteurs d’activité.
Là encore,c’estessentiellementdans le domaine du sismique
que l’on a pu identifierdes travaux, menés au Japon,aux
États-Unis, en Russie et en France dans les régions de Lam-
besc et de Nice.
L’approche des vulnérabilités(ou plutôt des enjeux) par
le coût potentieldes catastrophes estpratiquédepuislong-
temps.Dèslafin des années 1950 des auteurs se posent
la question des mesures de protection àenvisagerpour
diminuer les enjeuxexposés.En France, les études d’es-
timation des coûts des inondations existentau moins de-
puisles années 1960. Dans les années 1970, des bureaux
d’étude avaiententreprisla mesure des impactsécono-
miques des inondations dans différentes régions françaises.
Aprèsl’échec de leurprise en compte(Ledouxconsultant,
1995 ; Hubert etal, 2001), une nouvelle génération d’études
avulejouret tend à être généralisénotammentcelles me-
nées par l’équipe pluridisciplinaire Plan Loire(De Blois&
Wind, 1996 ; Barbutetal., 2004). Les grands bassins ver-
sants européens (Loire,Rhin)ont fait l’objetd’études d’en-
jeuxetde vulnérabilités. Les approches de simulation de
dommages sontassez nombreuses pour les entreprises. Le
MEDD afinancédes programmes de recherche visant à défi-
nir des méthodologies d’évaluation de lavulnérabilité des
PME/PMI. Le plan Loire grandeurnaturereprenant les tra-
vaux de B. Ledoux Consultant & Sageris (2001), a mené de
nombreuses évaluations de lavulnérabilité des entreprises
face au risque d’inondation quisont reprises pard’autres
structures de bassin versant dans une optique de réduction
de cettevulnérabilité. Berthelieretal. nous livrentdans
ce volume un exemple d’évaluation fine de la vulnérabilité
d’entreprises face au risque d’inondation lente.
1.3.2 Les difficultés d’une approche globale et systémique
de la vulnérabilité
L’étude de lavulnérabilité face aux risques naturels a
d’énormes difficultésàsortir des diagnostics sectoriels.Ces
approches sectorielles se fontgénéralementdans le cadre
de recherches appliquées destinées àdégagerdes mesures
de prévention possibles de lavulnérabilité désignées sous le
terme de «mitigation »par le ministère de l’Écologie etdu
Développementdurable.Rares sont les études approchant
lavulnérabilité sous l’angle de la systémique,c’est-à-dire
en travaillantsimultanémentsur les dommages structuraux,
socio-économiques et fonctionnels etdonc sur toutes les
réactions en chaîne induites par l’impact initial d’un phéno-
mène naturel ; ce quinécessite de considérersimultanément
de multiples enjeux.
Parmi les objets d’étude pouvant justifierune telle approche,
le système territorial, notamment urbain, semble le plus ap-
proprié. À ce titre etau regard de l’évaluation des risques
(diagnostics suivis de scénarii), quelques travauxs’inscrivent
dans cette démarche :ceuxmenés par le BRGM surNice (Lu-
toff, 2000) dans le cadre du programme Gémitis(risque sis-
mique) et ceux menés par l’IRDsur le district métropolitain
de Quito(Équateur) dans le cadre de l’élaboration d’un «sys-
tème d’information et risques » (volcaniques notamment)
(D’Ercole&Metzger, 2004). Lavulnérabilité des systèmes
urbains face aux risques naturels, technologiques ou sociaux
afait l’objetd’autres études (Hardy, 2003 ; Bonnet, 2005 ;
Chardon, 1996 ; Mitchell, 1999).
Cependant, d’autres travaux, s’inscrivantquant à euxdans
le cadre de retours d’expérience,ont tenté d’évaluer lavul-
nérabilité de systèmes urbains et territoriauxen s’intéres-
santd’une part à la notion de chaîne de dommages,no-
tamment induite par les ruptures de réseauxaprès séisme
(Kobé, Japon, 1995) ou éruption volcanique (Quito, 1999)
ou d’autres part aux recompositions territoriales consécu-
tives àune catastrophe comme celle du Pinatubo, (Gaillard,
2001).
1.3.3 Les territoires étudiés et leur contexte
socio-éconosmique
Dans le cadre des diagnostics de vulnérabilité humaine ou
sociale, l’essentieldes travauxconcerne des communautés
appartenant à des pays en développement. Les raisons de
ces choix sontdirectementdéterminées par les objectifs
poursuivis parces études, à savoir laréduction des risques
par laréduction des vulnérabilités,notammentsociales et
institutionnelles,particulièrementexacerbées dans ces pays.
Pour les mêmes raisons, les scénarios sismiques semblentse
développerde plus en plus dans ces régions pauvres,notam-
mentdans le cadre du programme Radius de l’ISDR (Éthio-
pie,Chili, Équateur, Indonésie, Turquie,Ouzbékistan,Chine,
Mexique). On semble donc assister à un véritabletransfert
d’expériences dans ce domaine après plusieurs décennies de
scénarii sismiques menés dans les paysindustrialisés depuis
le début des années 1970.
1.3.4 Les échelles spatiales d’analyse
Les études consultées se fontgénéralement à l’échellelocale
(urbaine,bassin de risque)etplus rarement à l’échelleré-
gionale(volcan, région). Notons cependantque quelques
réflexions et tentatives d’évaluation àdes échelles nationales
(Turquie,Chine), internationales (Amérique centrale), voire
mondiales,ont été engagées en particulierdans le domaine
de scénarii sismiques basés sur le calculdes pertes écono-
miques potentielles exprimées en réduction de PIB ou de
PNB des pays ou régions concernées.
À la même échelle,mais sous l’angle du diagnostic,certains
auteurs ont tenté de hiérarchiser lavulnérabilité de diffé-
rents pays du bassin caraïbe etde l’Asieà l’aide de macro-
indicateurs socio-économiques représentatifs d’une part de
leur étatde pauvreté (IDH), des retards en équipements
14 La vulnérabilité, un concept fondamental
Tableau 1.1 Exemples de diagnostics de vulnérabilité humaine ou sociale (modifié d’après Leone, 2003)
Zone géographique
concernée et type de
population concernée
si particulière
Références Principaux critères de vulnérabilité humaine retenus1Approche qualitative
ou quantitative2
Représentations
cartographiques
et géocode3
Séismes
Martinique — Antilles —
France (établissements
scolaires)
D’Ercole et al., 1993 Perceptions des menaces — Connaissances des moyens de protection — Sources d’information —
Niveau de préparation — Qualité des systèmes d’alerte — Accessibilité des zones de refuge —
Vulnérabilité des bâtiments — Vulnérabilité corporelle
Qualitative et quantitative Non
Martinique — Antilles —
France (population en
train de faire construire
une maison)
Mavoungo, en préparation Perception des menaces — Représentations — Comportements potentiels — Connaissance des
moyens de protection — Vulnérabilité institutionnelle —
Qualitative et quantitative Oui (quartier)
Martinique — France Mavoungo, 2000 Perceptions — Connaissance — Information — Pratiques Quantitative Non
Tokyo — Japon (sans
abris)
Wisner, 1998 Ressources économiques — Accès aux soins — Accès aux services — Assistance sociale Qualitative Non
Popayan — Colombie D’Ercole, 1996 Perceptions et représentations Qualitative et quantitative Oui (quartier)
Éruptions volcaniques
Région du Cotopaxi —
Equateur (lahars)
D’Ercole, 1991 Perceptions — Représentations — Comportements potentiels — Connaissance des moyens de
protection — Niveaux de confiance — Accessibilité/Localisation — Niveau socio-économique —
Type d’habitat — Sexe — Age — Nombre de personnes dans le ménage — Temps de résidence —
Confiance — Mémoire — Sources d’information
Quantitative Oui (paroisse=commune)
Vallée de la
Pasig-Potrero — Luzon
— Philippines (lahars)
Gaillard et al., 2001 Perception du risque — Comportements potentiels — Attitudes en cas d’ordre d’évacuation Quantitative Oui (infra-communal)
Martinique — France
(populations proches du
volcan)
D’Ercole & Rançon, 1999 Comportements potentiels en cas d’évacuation — Perception de la nature des menaces —
Perception des espaces menacés
Quantitative Oui (île)
Furnas — Sao Miguel —
Açores
Dibben & Chester, 1999 Durée de résidence — Attachement au village — Niveau de perception des menaces — Niveau de
préparation — Caractéristiques sociales — Vulnérabilité technique du village
Qualitative Non
Mérapi — Indonésie Lavigne, 1999 Critères socio-démographiques et socio-culturels (Densité de population — Part des moins de 15
ans — Part des plus de 50 ans — Taux d’analphabétisme) . Critères techniques et fonctionnels
(Nombre de téléphones pour 1000 habitants — Nombre de bus et camions de capacité supérieure à
10 passagers pour 100 00 habitants — Nombre de minibus et de voitures de capacité inférieure à
10 passagers pour 10 000 habitants — Densité communale de routes bitumées au km2 — Nombre
d’écoles pour 1000 habitants — Proportion de maisons en pierre — Nombre d’hôpitaux, de
cliniques, de dispensaires et de médecins pour 10 000 habitants)
Quantitative Oui (commune)
Quito — Equateur D’Ercole & Metzger, 2000 Perception du risque — La connaissance des alertes volcaniques et de leurs différents niveaux —
La représentation des caractéristiques d’une éventuelle éruption — La perception du risque
personnel (au lieu de résidence de la personne interrogée) — Variables explicatives (critères de
sélection des PSE ou facteurs indirects de vulnérabilité) : Niveau socio-économique — Niveau
d’éducation — Crédibilité accordée aux autorités — Distance au volcan — L’exposition au risque
volcanique
Quantitative Oui (quartier)
Petites Antilles Lesales, 2005 Perceptions — Représentations — Vulnérabilité institutionnelle — IDH — PIB Qualitative et quantitative Oui (îles)
Ibagué — Colombie
(lahars)
Laforge & Thouret, 1991 Perceptions — Représentations — Vulnérabilité institutionnelle — IDH — PIB Qualitative et quantitative Oui (îles)
Montserrat — BWI Lesales, 1999 Perception du danger Qualitative et
Quantitative
Oui (districts)
Frédéric Leone et Freddy Vinet 15
Mouvements de terrain
Antilles (maires, ...) Cospar, en préparation Vulnérabilité institutionnelle — Connaissance — Perceptions — Niveau de préparation Qualitative ?
Vents forts
Saintes — Guadeloupe —
Antilles — France
Pagney & Suédois, 1999 Perception des menaces — Connaissances — Expériences — Niveau de préparation Quantitative Non
Antilles — France Bonfanti, 2004 Vulnérabilité structurale du bâti — Perceptions — Comportements potentiels — Expérience Qualitative et quantitative ?
Multi-aléas
Manizales — Colombie
(séismes, glissements,
inondations)
Chardon, 1996 Niveau socio-économique — Densité — Moyens de secours — Accessibilité — Organisation communautaire
— Établissements scolaires et universitaires
Quantitative (pondération) Oui (quartier)
Cairns — Australie
(cyclones, tempêtes,
houles, inondations)
King, 2001 Indicateurs socio-économiques Quantitative Oui (quartier)
Longhurst, 1995
Caraïbe, Amérique
centrale et Asie
D’Ercole & Pigeon, 1999 ;
D’Ercole et al., 1997,
PIB — IDH — Taux de croissance urbaine Quantitative Non
Vallée des Ormonts —
Préalpes vaudoises —
Suisse
Schoeneich &
Busset-Henchoz, 1998
Perceptions — Capacité d’adaptation ? ?
Marée de tempête
Revere – Massachusetts –
USA
Clark et al., 1998 Indicateurs socio économiques (âge, culture, niveau de vie, structure familiale, niveau d’éducation) – Mobilité
— Temps de résidence
Quantitative Oui (quartier)
Changements climatiques
Xuan Thuy – Vietnam
(littoral)
Adger & Kelly, 1999 Pauvreté – Inégalités – Capacité d’adaptation des institutions Qualitative Non
Avalanches
Valais — Suisse Herold-Revaz et al., 1998 Perceptions – Capacité d’adaptation ? ?
Inondations
France Cemagref (Gilard O.
Givone P., 1998)
Niveau d’acceptabilité de l’aléa — modélisation
Angleterre DEFRA, 2003 Type de population (âge, pers. handicapées), type d’habitat, efficacité du système d’alerte et d’évacuation Semi-quantitative
Angleterre Kelman & Spence, 2002 Vulnérabilité du bâti face aux inondations
Suisse Planat, 2003
USA HAZUS-MH/FEMA Vulnérabilité du bâti, Type d’occupation des immeubles. Fonction de perte Quantitative
France Ledoux & Sageris 1999 ;
Equipe pluridisciplinaire
Plan Loire, 2001
Vulnérabilité des entreprises. Vulnérabilité fonctionnelle et structurelle- Existence de sinistres précédents,
assurance,
Qualitative et quantitative
suivant les critères
1. Facteurs ou indicateurs analysés ou pris en compte par les auteurs pour évaluer la vulnérabilité — Différencier les facteurs directs des facteurs indirects (variables explicatives) — Différencier ceux reflétant une
sensibilité à l’endommagement de ceux traduisant une capacité de réponse à l’endommagement (résilience).
2. L’approche qualitative repose sur une simple analyse des facteurs et conditions de vulnérabilité. L’approche quantitative implique un traitement statistique des éléments vulnérables sur la base de critères de
vulnérabilité qualitatifs (qualité de la perception de la menace par ex.) éventuellement pondérés, ou quantitatifs (âge par ex.).
3. Le géocode correspond à l’unité géographique servant à représenter les niveaux, facteurs, ou indicateurs de vulnérabilité issus de l’approche quantitative.
16 La vulnérabilité, un concept fondamental
(tauxde croissance urbaine), des ressources disponibles
pour faireface àune crise (PIB). Il s’agit d’une approche as-
sez classique qui peut cependant aider à définir les grandes
orientations etprioritésinternationales en matière de pré-
vention des risques en se basantsurces macro-indicateurs
de vulnérabilité.
La difficulté réside dans le choix de l’échelle d’analyse. La
solution de facilité estsouventde ne considérer lavulnéra-
bilité que sur les espaces directement touchés par l’aléa. Or
on montre aisémentque les catastrophes naturelles n’ont
pas seulementdes répercussions dans la zone d’aléa mais
aussipar ricochetdans les zones alentours sans parlerde
téléconnexions à l’heure de la globalisation des risques. Il
estdes territoires de vulnérabilité quine se confondentpas
forcémentavec l’espace du phénomène naturel. L’exemple
du tsunamidu 26 décembre2004 en Asie a montré que la
Suède est trèsvulnérableface àce type d’aléa par l’inter-
médiaire du tourisme exotique etce paysfut l’un de ceux
quiontpayé le plus lourdtributau tsunamiproportionnelle-
ment à sa population.
Il en estde même pour les répercussions des catastrophes
naturelles sur les marchésfinanciers comme l’a montré l’ir-
ruption de Katrina dans un marché pétrolier très tendu.
1.3.5 Les outils d’évaluation utilisés
Dans le cadre des approches prospectives d’évaluation des
risques, les procédures de modélisation des dommages et
des pertes sontdésormais systématiquementassistées par
ordinateuret fontpartieintégrante de SIGà vocation plus
ou moins préventive.Cependant, certaines équipes ontdéve-
loppédes outils spécialisésévoluantdans un environnement
SIG.On peutciternotamment les logiciels de simulation
des pertes potentielles développés par la FEMA américaine
pour les inondations, les ventsforts(cyclones et tempêtes)
et les séismes (HAZUS-MHTM), par la société française JPA
Consultants pour les mouvements de terrain(EVARISK), par
la société américaine EQECATquidéveloppe des produits
pour les grands assureurs et les institutions (WORLDCATTM,
JAPANCATTM,CANADAQUAKETM)ou bien parcertaine
équipes de sismologues colombiens (PERCAL, GRAPPER)et
italiens (EXPRIM).
Dans le cadre des analyses en retour, l’imagerie spatiale
semble offrir des potentialités de plus en plus fortes en ma-
tière d’estimation des dommages structurauxetenviron-
nementaux, notamment consécutivement aux séismes, aux
inondations etaux tsunamis,avec des résolutions optiques
inférieures au mètre.
Surun plan purementsocial, des équipes ontdéveloppédes
questionnaires post-sismiques visant à mieuxcerner les com-
portements des populations lors des séismes,en Martinique
(1999), au Salvador (2000) etplus récemmenten Algérie
(2003). Ce type de questionnairefait égalementparti des ou-
tils communs des chercheurstravaillantsur les diagnostics
de vulnérabilité humaine etau moyen desquelsils cherchent
à évalueren particulier les facteurs d’ordre perceptif, com-
portementauxetcognitifs conditionnantcertaines formes
de vulnérabilité humaine dans le cadre d’approches psycho-
sociales.Detels questionnaires ontservi de support à des
travaux français menés auxPhilippines,auxAntilles,en
Équateur et en Colombie.
Enfin, la cartographie,pourdes raisons évidentes de commu-
nication et de sensibilisation s’impose de plus en plus pour
retranscrire les résultats de scénarii d’endommagement par
exemple. Pour ce qui est des approches sociales, il apparaît
clairementque seulsles géographes fontpreuve d’une cer-
taine habilité à retranscrire des information sur lavulnérabi-
lité humaine contrairementauxsociologues etpsychologues
très peu sensibilisésà la spatialisation de leursrésultats et à
l’analyse des différenciations spatiales.
1.3.6 Les disciplines et équipes mobilisées
Dans le domaine des scénarii d’endommagement il apparaît
peu surprenantde retrouversur les questions de vulnéra-
bilité des équipes scientifiques formées auxaléas ou aux
métiers de la construction :architectes etsismologues, vol-
canologues,géomorphologues.Orce champs de recherche
semble de plus en plus investi par les géographes quide
part une formation relativementpluridisciplinaire sont à
même de se positionnersurces questions en assurant l’in-
terface entre phénomène dommageables etenjeux vulné-
rables, touten maîtrisant les approches spatiales et les ou-
tils cartographiques.Cettetendance semble d’ailleurs se
confirmerpar l’essord’une sous discipline de la géographie:
la géographie des risques naturels.Ainsi les géographes
semblentde plus en plus souventsollicités par les sismo-
logues, les vulcanologues et les géomorphologues (quand
ils ne le sontpas eux-mêmes)au côtés de sociologues et
quelques rares psychologues.En France,nombreuxsont les
jeunes géographes suivantcettetendance en assurantun
décloisonnementbénéfique de leurpropre discipline long-
temps partagée entre sciences humaine etsciences natu-
relles.
Cependant, sides rapprochements entre disciplines semblent
s’opérer, on ne peutpas encore parlerde pluridisciplina-
rité dans ce domaine,du moins au regard des phéno-
mènes concernésici. Rares sont les recherches ayantmo-
bilisédes équipes réellementpluridisciplinaires pour éva-
luer tous les aspects de la vulnérabilité, donc dans le cadre
d’approches systémiques.En France deux recherches re-
tiennentcependantnotre attention surce plan : le projet
«Gémitis Nice »du BRGM(Lutoff, 2000) quia mobilisé
des sismologues,des géologues,des architectes,des géo-
graphes etdes sociologues et leretourd’expérience sur le
cyclone « Lenny » auxAntilles (projetEPR)quiafait appel
àune équipe de climatologues,de géographes,de socio-
psychologues etde spécialistes de secours d’urgence (Sarant
et al., 2003).
Précisons que les historiens semblentdepuis peu s’intéresser
aux vulnérabilités sociales etmême à la caractérisation de
l’endommagement, ce quiaura poureffetd’améliorer les
bases de données historiques dont l’élaboration a longtemps
été confiéeàdes non spécialistes des sciences historiques
Frédéric Leone et Freddy Vinet 17
avec touteles erreurs d’interprétation que cela a pu entraî-
ner. Pour la France,nous pouvons citer les thèses récentes
de Quenet (2005), quiporte notammentsur le séisme de
Manosque de 1708, de Cœur (2003) concernant les inon-
dations historiques de la plaine de Grenoble,etd’Ursulet
(1990) qui traitele cas de la catastrophe de 1902 à la Marti-
nique (Montagne Pelée).
Parailleurs quelques spécialistes de la santé, étrangers(amé-
ricains,anglais et japonais), se sontspécialisés dans les
dommages corporels après séismes (Peek-Asa, 2000 ; Mahue-
Giangreco, 2001 ; Roces, 1992), aprèséruptions volcaniques
(Baxter & Gresham, 1997 ; Ng Walali etal., 1999) ou inonda-
tions (Jonkman &al. 2002). Ces spécialisations ne semblent
pas existeren France dans le milieu universitaire hormis
pour la canicule (Besancenot, 2002).
Les effets psychologiques etsanitaires des inondations ont
été largement étudiés par le FHRC. Le FHRC a mis en place
une veille des conséquences psychologiques etsanitaires
des inondations depuis les années 1980. Le programme de
recherche conjointDEFRA/FHRC a établi une grille d’évalua-
tion du risque inondation où les critères de vulnérabilité et
d’exposition sontclairementdéfinis et tiennentune bonne
place àcôté de l’aléa. Les études sur les conséquences des
inondations sur la santé sont innombrables. Les recherches
du Flood Hazard Research Centerfontautorité en la matière
(Green, 1988 ; Bromet & Dew, 1995).
1.4 Une synthèse des différentes approches
d’évaluation de la vulnérabilité
À lalumière de ce premierdépouillementbibliographique,
on peutproposerune lecture nouvelle de ce conceptetde
son évaluation en discernantdeuxgrandes approches com-
plémentaires : rétrospective et prospective (figure 1 p. 18).
L’approche rétrospective s’inscrit dans le cadre de retours
d’expérience tandis que l’approche prospective est inhérente
auxprocédures d’évaluation des risques encourus. La pre-
mière approche nourrit ainsidirectement la seconde lors
de la conduite de diagnostics de vulnérabilité, eux-mêmes
utiles à la mise en œuvre de scénarios (ou simulations)d’en-
dommagement, de pertes ou de gestion de crise.
Pour chacune de ces deux grandes approches, qui nous ren-
seignent respectivementsur l’endommagementdéclaré et
potentiel, il apparaît que la vulnérabilité peut être évaluée,
de manière quantitative ou qualitative :
−soit à travers la sensibilité à l’endommagement ;
−soit à travers la caractérisation de l’endommagement ;
−soit à traversla capacité de réponse à l’endommagement.
L’évaluation de la sensibilité à l’endommagement repose
généralementsur l’analyse de facteursintrinsèques ou ex-
trinsèques à l’élément vulnérable etquipeuventagir soit
directement, soit indirectement. Ces facteurs constituentdes
causes de vulnérabilité pouvant être quantifiées au moyen
d’indicateurs(socio-économiques parexemple)ou bien ap-
préciés qualitativementpar le biais de diagnostics etd’en-
quêtes, puis éventuellement pondérés. Cette approche s’ins-
crit le plus souventdans une démarche d’évaluation des
risques,donc prospective(en cartographie des risques par
exemple).
La caractérisation de l’endommagementse traduit parune
appréciation des dommages.C’est l’objetmême des constats
d’endommagementquipeuventprendrel’aspectde simples
descriptions ou bien de quantifications poussées (bilans).
Dans le cadre des approches prospectives (scénarios), la
caractérisation de l’endommagement revêt un caractèrele
plus souventquantitatif de mesure etde prévision des dom-
mages ou des pertes potentielles. Lavulnérabilité y estalors
exprimée :
.soit parun taux (coefficient) d’endommagementpoten-
tiel (0-1) renvoyant à une échelle d’intensité des dom-
mages (échelles de vulnérabilité) etquiestcalculé par
rapport à lavaleur économique de remplacement (vé-
nale)de l’élémentexposé (fonction d’endommagement
ou de vulnérabilité). Chaque taux est en général accom-
pagnéd’une description des modalités d’endommage-
ment. (Ex. : un tauxd’endommagementde 0,1 corres-
pond àun montant économique des dommages équi-
valent à 10 % de lavaleurmarchande d’une habitation
donnée. Cela peut correspondre à des dégâts structurels
légers).
.soit parun tauxde pertes potentielles et relatives (0-
100 %) s’appliquant à un stock d’éléments exposés de
même nature susceptible d’être affectés parun même
tauxd’endommagementpotentiel (fonction de pertes).
(Ex. : un tauxde pertes de 20 % correspond à la propor-
tion du bâti concernéparun tauxd’endommagement
donné).
Lerisque correspond alorsà l’espérance mathématique du
dommage ou des pertes (suivant letype de taux retenu)
etson expression analytique estbasée sur le produit de la
composante temporelle de l’aléa (probabilité d’occurrence),
des valeurs des enjeux et de la mesure de leur vulnérabilité
(les tauxen question). Il va de soique ces tauxd’endomma-
gementou de pertes dépendentde la nature des éléments
exposés(leur résistance ou leur résilience)etde la magni-
tude des phénomènes naturelsimpliqués(de leurs effets). Ils
sontdonnés dans le meilleurdes cas pardes fonctions dites
d’endommagement (de vulnérabilité) ou de pertes (Leone,
1996).
L’évaluation de la capacité de réponse face à l’endomma-
gementpasse généralementpar l’analyse de l’efficacité des
actions etmoyens mis en œuvre pour réduireles dommages.
Elle s’inscrit donc plutôt dans le cadre de retours d’expé-
rience etestparticulièrementadaptéeà l’analyse des sys-
tèmes etdes organisations (institutions)en intégrant à la
foisles facteurs aggravantetceuxau contrairelimitant la
vulnérabilité (analyses de type forces/faiblesses d’un sys-
tème). On peutcependantchercher à évaluer la capacité de
18 La vulnérabilité, un concept fondamental
Éléments
exposés
(vulnérables)
Évaluation de la réponse
face à l’endommagement
Évaluation
de l’endommagement
Évaluation de la sensibilité
à l’endommagement
Critères de vulnérabilité
Évaluation des risques
encourus
Évaluation des vulnérabilités
Évaluation des enjeux
Évaluation des aléas
ÉVALUATION DES VULNÉRABILITÉS
ÉVALUATION DES RISQUES
Approche rétrospective
(retours d’expérience)
Approche prospective
(prévision)
Rétrospective (déclaré)
Prospective (potentiel)
Sensibilité à l’endommagement
Diagnostics de vulnérabilité
Réponse à l’endommagement
Constats d’endommagement
Scénarii de gestion de crise
Caractérisation de l’endommagement
Retours d’expérience
Scénarii d’endommagement
Fig. 1.1 Synthèse graphique des différentes approches d’évaluation des vulnérabilités
Frédéric Leone et Freddy Vinet 19
réponse future d’un système dans le cadre de scénarios de
gestion de crise basés sur un diagnostic (approche prospec-
tive dans ce cas-là).
Poursimplifier, on peut établir des correspondances entre
ces combinaisons d’approches et les termes usuels s’y rappro-
chant (figure1p. 18) : constats d’endommagement, diag-
nostics de vulnérabilité etscénarii d’endommagementetde
gestion de crise,quitteàperdre une certaine information sur
la diversité des approches entrantnotammentau niveau des
constats d’endommagement. Constats d’endommagement
qui peuvent prendre l’aspect ou l’intitulé de constats patho-
logiques,de retours d’expériences,d’analyses épidémiolo-
giques, voire d’autopsies suivant les élémentsvulnérables
étudiés et les disciplines mobilisées (ingénierie,sociologie,
médecine...).
1.5 La disponibilité des approches d’évaluation
des vulnérabilités
Un des objectifs de ce travail aété d’arriver à apprécier la
disponibilité des différentes approches etméthodes d’éva-
luation des vulnérabilités auxmenaces naturelles,dans un
souci de transferts d’expériences mais aussi pour mieux cer-
ner les axes de recherche à développer dans le futur sur ces
questions.Pourcela nous avons fait le choix d’une représen-
tation synoptique en nous appuyantsurquatre niveauxde
disponibilité pour5familles d’aléas (sismique, volcanique,
mouvements de terrain, ventsforts et inondations), en nous
intéressant à chaque grande approche d’évaluation (constats,
diagnostics, scénarii) et ce pour 8 types différents de vulné-
rabilités suivant les enjeuxconsidérés(sociale,corporelle,
institutionnelle, structurale (bâti et réseaux), fonctionnelle
(réseaux), économique (activités diverses etsystémique (sys-
tème urbain). Le tout est présenté dans le tableau 2 p. 20.
Les niveauxetcritères de disponibilité retenus sont les sui-
vants :
1. Disponibilité opérationnelle:cela concerne les approches
bien rôdées pour lesquelles existentdes méthodes d’éva-
luation standardisées etgénéralementassistées pardes
outils pouvantmême être commercialisés(logiciels et
bases de données). Pardéfinition elles sont reproduc-
tibles.
2. Disponibilité sub-opérationnelle:cela concerne des ap-
proches non standardisées mais bien décrites etgénérali-
sées avec un protocole méthodologique reproductible.
3. Disponibilité non-opérationnelle:cela concerne des ap-
proches en cours de développement/recherche, souvent
inédites,mais quidevraientdébouchersurdes applica-
tions futures et/ou surdes protocoles méthodologiques
reproductibles.
4. Pas de disponibilité : cela concerne les approches non-
identifiées dans le cadre de cetteétude ou bien non-
disponibles pour le moment faute de travaux engagés.
Pourchaque cellule du tableau nous avons porté, soit la
référence de la méthode suivie,sicelle-cieststandardisée
(méthode opérationnelle), soit laréférence de travaux im-
portants, voire exemplaires pour les niveauxde disponibilité
inférieurs. Les références étrangères apparaissenten noir
tandis que les références françaises sont en blanc.
Cette analyse, dans son état actuel, permet de tirer le bilan
général suivant :
−C’estpour la sismicité que l’on dispose le plus de mé-
thodes opérationnelles ou quasi-opérationnelles.Cela
estprécisément le cas pour l’aide à l’élaboration de scé-
narii d’endommagement, pour la conduite de diagnostics
de vulnérabilité structurelle du bâti sur lesquelsreposent
ces scénarii, ainsique pour les constats pathologiques du
bâti après séismes.C’estpour levolcanisme et les mouve-
ments de terrain que l’on dispose le moins de méthodes
opérationnelles.Cela estdû, d’une part à la complexité
et à la diversité des ces phénomènes pour lesquels il est
très difficile de modéliser le potentield’endommagement
(magnitude et taux d’endommagement), et d’autre part
—ce quien estune cause principale— à l’insuffisance
de retours d’expériences sur des catastrophes liées à de
tels phénomènes.
−Defaçon générale, le champ de recherche le plus in-
vesti semble celuides vulnérabilités structurales eten
particulierdu bâti ; le moins investi, celuides vulnérabi-
litésinstitutionnelles.Ce dernierestpourtant trèsinvesti
dans le cadre des risques technologiques (Lagadec P.,
1995). Parcontre, les vulnérabilités sociales fontde plus
en plus l’objet de recherches, souvent conduites par des
géographes etquelques sociologues,notammentpour
levolcanisme et les inondations,mais beaucoup moins
pour la sismicité.
−Les approches les plus développées etgénéralisées sont
les constats d’endommagement et autres retours d’expé-
rience,notammentpour la sismicité et les inondations
et probablement pour les vents forts même si nous man-
quons de références sur la question.
−Les méthodes d’élaboration de scénarii d’endommage-
mentsont très au pointpour les séismes,beaucoup
moins pour les mouvements de terrain et encore moins
pour le volcanisme qui n’a pour l’instant jamais fait l’ob-
jet d’une recherche universitaire de fond sur la question.
−Les approches systémiques (système urbain)sont très
peu courantes,ce quipeuts’expliquerpar l’important
travail collectif etpluridisciplinaire etdonc le coût im-
portant de telles recherches. Les approches systémiques
sont plus souvent conduites dans le cadre d’évaluations
globales de lavulnérabilité (Chardon, 1994) ou du risque
(Hardy, 2003).
−Les scénarii de gestion de crise,en prenantnotamment
en compteles capacités de réponse et les comportements
potentiels des acteurs institutionnels, des populations et
des médias mais aussi les dommages etdysfonctionne-
ments—ce quinécessitelà encore une approche systé-
mique mettanten œuvre des simulacres (mise en situa-
tion des acteurs) — semblent quasi-inexistants pour les
20 La vulnérabilité, un concept fondamental
Tableau 1.2 Niveaux de disponibilité des différentes approches d’évaluation de la vulnérabilité
aux menaces naturelles. Les références des travaux représentatifs en France sont en blanc et ceux
étrangers en noir. L’échelle de disponibilité est exprimée par un code de couleur (modifié d’après
Leone, 2003)
Sismicité Population Institutions Bâtiments Réseaux Activités Système urbain
Sociale Corporelle Institutionnelle Structurale Structurale Fonctionnelle Économique Systémique
Constat d’endommagement Colbeau-Justin & de
Vanssay, 1996 — Leone &
Mavoungo, 2000
Mahue-Giangreco et al.,
2001
Colbeau-Justin & de
Vanssay, 1996
ATC-20 — AFPS Hassani & Takada, 1995 Chang, 1996 Mazzocchi & Montini, 2002 Menoni, 2001
Diagnostic de vulnérabilité Mavoungo, en préparation ? ? HAZUS — ATC-88 —
Gémitis
Durville & Meneroud, 1987 ? Gémitis-Nice Gémitis-Nice (Lutoff, 2000)
Scénarii ? HAZUS — Coburn et al.,
1992
? HAZUS — ATC-85 —
Gémitis
HAZUS — ATC-91 HAZUS HAZUS Gémitis-Nice
Volcanisme Population Institutions Bâtiments Réseaux Activités Système urbain
Sociale Corporelle Institutionnelle Structurale Structurale Fonctionnelle Économique Systémique
Constat d’endommagement de Vanssay &
Colbeau-Justin, 2000
Baxter et al., 1997 Leone & Gaillard, 1999 —
Voight, 1990
Spence et al., 1996 ? D’Ercole & Metzger, 2000 Gaillard, 2001 D’Ercole & Metzger, 2000
Diagnostic de vulnérabilité D’Ercole, 1991 — Dibben &
Chester, 1999
? Lesales, 2005 Pomonis et al., 1999 ? ? ? D’Ercole & Metzger, 2004
Scénarii ? Baxter et al., 1998 ? Leone, 2004 — Pomonis et
al., 1999
Stieltjes & Mirgon, 1998 ? ? Gomez-Fernandez, 2000
Mouvements de terrain Population Institutions Bâtiments Réseaux Activités Système urbain
Sociale Corporelle Institutionnelle Structurale Structurale Fonctionnelle Économique Systémique
Constat d’endommagement Leone, 1996 ? ? Alexander, 1988 — Leone,
1996
Leone, 1996 Leone, 1996 Leone, 1996 ?
Diagnostic de vulnérabilité Cospar, en préparation ? Cospar, en préparation ? ? ? ? Finlay, 1996
Scénarii ? Finlay, 1996 — Leone, 1996 ? Hulbergern & Carree, 1987
— Leone, 1996
Leone, 1996 — Panizza et
al, 2002
Leone, 1996 Mora, 1992 Mora, 1992
Vents forts (Cyclones et
tempêtes)
Population Institutions Bâtiments Réseaux Activités Système urbain
Sociale Corporelle Institutionnelle Structurale Structurale Fonctionnelle Économique Systémique
Constat d’endommagement Sarant et al., 2003 ? Sarant et al., 2003 Hamparian, 1999 ? ? ? ?
Diagnostic de vulnérabilité Pagney & Suédois, 1999 ? Sarant et al., 2003 Bonfanti, 2004 — HAZUS ? ? ? ?
Scénarii ? ? ? Khanduri & Morrow, 2003
— HAZUS
? ? Khanduri & Morrow, 2003
— HAZUS
?
Inondations Population Institutions Bâtiments Réseaux Activités Système urbain
Sociale Corporelle Institutionnelle Structurale Structurale Fonctionnelle Économique Systémique
Constat d’endommagement ? Jonkman et al., 2002 ? Kelman & Spence (2004) ? ? Torterotot, 1993 NRC, 1999
Diagnostic de vulnérabilité DEFRA/FHRC, 2003 DEFRA/FHRC, 2003 Green,
1988
Lagadec, 1995 ? ? ? Ledoux & Sageris, 1999
Barbut et al., 2004
Hardy, 2003
Scénarii ? Ruin & Lutoff, 2004 Gilbert & Bourdeaux, 1999
Lagadec, 1995
HAZUS ? ? HAZUS Liu Renyi & Liu Nan (2002)
Islam (1997)
Disponibilité opérationnelle (approche standardisée et reproductible)
Disponibilité sub-opérationnelle (approche non-standardisée mais reproductible)
Disponibilite non opérationnelle (approche en phase de développement/recherche)
Non disponible ou pas de références identifiées (?)
Frédéric Leone et Freddy Vinet 21
phénomènes retenus dans cetteétude.Cependant, les
travauxmenés dans le cadre du programme Gémitis Nice
etsurtoutceuxmenés sur laville de Quito par l’IRDou
bien sur les Antilles dans le cadre du retourd’expérience
sur le cyclone Lenny, permettentde préparerde telles
applications.
1.6 Conclusion
À l’issue de ce bilan, il apparaît un savoir fairefrançaisrelati-
vementaccompli dans le domaine du risque sismique pour la
mise au pointde scénarii de pertes ou de dysfonctionnement
urbains.De la même manière, le champ de lavulnérabilité
sociale et institutionnelle estassez bien couvert, notamment
pour levolcanisme et les inondations,par les géographes
français.Cependant, il apparaît à l’examen des nombreux
scénarii de risque étudiés, que la notion de vulnérabilité est
trop souvent réduiteà la seule prise en compte des enjeux,
faute de connaissances suffisantes sur l’interaction élément
exposé/phénomène.Cela estparticulièrement vraipour le
volcanisme, les mouvements de terrain ou les inondations.
Pources phénomènes, il apparaît donc importantde géné-
raliser les retours d’expérience, à l’instarde ce quise fait
depuis une trentaine d’années pour le sismique,de manière
à définir des fonctions de vulnérabilité plus fiables, et donc
des scénarii d’endommagement plus réalistes.