La forêt claire de type miombo, le « miombo woodland » des auteurs anglo-saxons, est un type de végétation largement distribué en Afrique zambézienne où il fournit des produits forestiers, ligneux ou non, à des millions d'habitants. En RD Congo, il couvre près de 23 % de la surface forestière totale et reste le type de forêt le plus dominant (>50 %) dans l'ex-province du Katanga (Kabulu et al., 2008; Potapov et al., 2012). Autour de la ville de Lubumbashi, les causes de la régression de sa couverture, soutenues par la croissance démographique rapide, sont principalement : (i) le développement agricole, (ii) la production de charbon de bois, (iii) l'expansion de la ville et (iv) les activités minières. Les perturbations engendrées par cette déforestation seraient responsables du raccourcissement de la durée des pluies (Sanga-Ngoie & Fukuyama, 1996; Assani, 1999), d'une malnutrition persistante dans le milieu rural (Malaisse, 1997) et de la perte de biodiversité (Barima et al., 2011; Vranken et al., 2011). L'ampleur inquiétante de ces conséquences a conduit plusieurs chercheurs à quantifier la déforestation autour de Lubumbashi à travers le concept de «rayon de déforestation». Nous présentons une méta-analyse des études ayant circonscrit le rayon de déforestation autour de Lubumbashi. Ce rayon, utilisé à la fois pour exprimer la superficie (zone circulaire), l’intensité et l'ampleur (distance à la ville) de la déforestation, a été déterminé à travers les observations de la production de charbon de bois in situ et la télédétection. Les observations effectuées dans les villages des producteurs de charbon de bois expriment le rayon de déforestation à travers la distance qui les sépare de la ville, ce qui reflète plutôt l'ampleur de la déforestation. Ces estimations de distances, qui n'augmentent pas nécessairement avec le temps comme attendu par ailleurs, varient selon les auteurs, les années d'observation et les distances des villages visités par rapport à la ville; en plus, souvent elles ne considèrent pas les taches de miombo peu accessibles situées entre les villages à proximité de Lubumbashi. Les études in situ ignorent les taches de miombo proches de la ville, et semblent donc surévaluer l'ampleur de la déforestation. A partir de cette approche, des projections de la suppression complète du miombo ont été réalisées (Assani, 1999). Force est de constater que les difficultés d'accès et la privatisation de certaines concessions font que des taches de miombo subsistent sur des courtes distances à la ville et le seront jusqu'à l'horizon 2050 (Vranken et al., 2011). Par contre, les études basées sur la télédétection surestiment parfois ce rayon, mais aussi la résistance des taches de miombo, en ignorant leur taux de dégradation, sur des courtes distances à la ville. Malaisse & Binzangi (1985) ont considéré que les taches de miombo qui subsistent sur des courtes distances à la ville, et identifiées par télédétection comme telles, correspondent plutôt aux savanes secondaires que Kabulu et al. (2008) ont identifié comme des complexes de forêt claire et savanes boisées. Il en résulte que ces deux approches ne sont pas cohérentes ou compatibles dans l'étude de l'importance de la déforestation autour de la ville de Lubumbashi en raison de la variabilité des protocoles méthodologiques au sein de chaque approche, mais aussi entre les approches. Ces observations empêchent le développement d'une politique appropriée de conservation et d'exploitation durable de l'écosystème en question. Par conséquent, une harmonisation des approches utilisées en termes méthodologique et conceptuel s'impose. Elle pourrait former le point départ d'une relecture rétrospective critique des estimations historiques de la déforestation et de la dégradation du miombo, afin d'interpréter correctement les dynamiques spatio-temporelles de cet écosystème unique et crucial pour la population katangaise.