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Erreur médicamenteuse : une lettre qui change tout

Authors:
  • Espace pédiatrique Alice Blum-Ribes, Montreuil, France

Abstract

Introduction La similarité des dénominations des médicaments et celle des conditionnements sont des facteurs bien connus d’erreurs médicamenteuses. Il est exposé ici un évènement indésirable médicamenteux ayant pour origine une erreur de codification de médicament dans un logiciel de gestion de stocks et la propagation de l’erreur jusqu’au patient. Matériels et méthode Rapport de cas. Résultats et discussion Résultats : une patiente de 24 ans, atteinte d’insuffisante rénale chronique terminale et d’un syndrome du grêle court après résection intestinale étendue, a eu une prescription de nutrition parentérale par mélange ternaire industriel sans électrolytes (SmofKabiven) à chaque séance de dialyse depuis le 20 mai 2015. Le 31 juillet, suite à une hyperkaliémie inexpliquée à 6,8 mmol/L, il est constaté que la patiente reçoit en fait un mélange ternaire avec électrolytes (SmofKabiven E) depuis plusieurs séances. L’enquête conduite révèle que la création du médicament dans le logiciel de gestion des stocks et des approvisionnements a attribué de façon erronée à SmofKabiven le code CIP de SmofKabiven E. Quatre commandes de SmofKabiven avec le code CIP du SmofKabiven E ont été émises entre mai et juillet 2015 : l’industriel a livré 2 fois du SmofKabiven et 2 fois du SmofKabiven E. Cette erreur n’a été détectée ni lors de la réception des 2 livraisons de SmofKabiven E, ni lors du stockage, ni lors des 3 délivrances suivant ces livraisons ni lors des premières administrations (6 poches de SmofKabiven E administrées). Discussion Comme souvent, les étapes en aval de l’erreur initiale n’ont pas permis son interception. Au total, les causes de l’évènement indésirable sont multiples : l’extrême similarité des dénominations, l’erreur de codification, l’absence de détection de l’incohérence des commandes par le fournisseur, l’absence de détection par la PUI lors de la réception du SmofKabiven E au lieu de SmokKabiven commandés, l’absence de détection de la coexistence de 2 médicaments différents lors des mises en stock et délivrances, l’absence de détection du SmofKabiven E par les IDE, l’administration de SmofKabiven E au lieu de SmofKabiven prescrit, l’extrême similarité des conditionnements des deux médicaments. Conclusion Depuis plusieurs années, les industriels et les agences sanitaires évitent de donner à des médicaments des dénominations trop proches. Pourtant, des émulsions pour nutrition parentérale de composition très différente sont mises sur le marché avec des désignations quasi-identiques. La présente observation met en lumière les risques de ces dénominations « ombrelle ».
Discussion
Comme souvent, les étapes en aval de l´erreur initiale n´ont pas permis son interception (2). Au total, si les causes de l´évènement
indésirable sont multiples (extrême similarité des dénominations, erreur de codification, absence de détection de l´incohérence
des commandes par le fournisseur, absence de détection par la PUI lors de la réception du SmofKabiven E° au lieu de
SmokKabiven° commandés, absence de détection de la coexistence de 2 médicaments différents lors des mises en stock et
délivrances, absence de détection du SmofKabiven E° par les IDE, administration de SmofKabiven E° au lieu de
SmofKabiven° prescrit, extrême similarité des conditionnements des deux médicaments),
c’est bien la similarité des dénominations qui est à l’origine de l’évènement.
Conclusion
Depuis plusieurs années, les industriels et les agences sanitaires évitent de donner à des médicaments des dénominations trop
proches. Pourtant, des émulsions pour nutrition parentérale de compositions très différentes sont mises sur le marché avec des
désignations quasi-identiques. La présente observation met en lumière les risques de ces dénominations « ombrelle » (3).
Références :
1. Servonnet A et coll. Erreurs de médication liées à l’apparence des médicaments. Méd Armées 2004 ; 32 : 206-11.
2. Bernheim C et coll. Iatrogénie médicamenteuse nosocomiale et gestion des risques d’erreur médicamenteuse. Oncologie 2005 ; 7 : 104-19.
3. Prescrire Redaction. 2010 drug packaging review: identifying problems to prevent errors. Prescrire International 2010; 20: 162-5.
Introduction : La similarité des dénominations des médicaments et celle des conditionnements sont des facteurs
bien connus d´erreurs médicamenteuses (1). Il est exposé ici un évènement indésirable médicamenteux ayant pour
origine une erreur de codification de médicament dans un logiciel de gestion de stocks et la propagation
de l´erreur jusqu´au patient.
Matériels & méthode : Rapport de cas.
ERREUR MEDICAMENTEUSE :
UNE LETTRE QUI CHANGE TOUT
Bruno ÉDOUARD, Service Pharmacie
Association pour l’utilisation du rein artificiel en région parisienne (AURA-Paris),
Centre Paris-Plaisance, 185 A Rue Raymond-Losserand, 75014 PARIS, France
Patiente de 24 ans, atteinte d´insuffisante rénale chronique terminale et d´un syndrome du grêle court après résection
intestinale étendue.
Prescription de nutrition parentérale par mélange ternaire industriel sans électrolytes (SmofKabiven°) à chaque séance de
dialyse depuis le 20 mai 2015.
Le 31 juillet 2015, suite à une hyperkaliémie inexpliquée à 6,8 mmol/L, il est constaté que la patiente reçoit en fait un
mélange ternaire avec électrolytes (SmofKabiven E°) depuis plusieurs séances.
Enquête :
Attribution erronée du code CIP de SmofKaviven E° à SmofKabiven°
lors de la création du médicament dans le logiciel de gestion des stocks
et des approvisionnements en mai 2015.
4 commandes de SmofKabiven° émises entre mai et juillet 2015 avec le code CIP du SmofKabiven E° :
Livraison par l´industriel : 2 fois du SmofKabiven° et 2 fois du SmofKabiven E°.
Pas de détection de l’erreur de produit lors de la réception des 2 livraisons de SmofKabiven E°.
Pas de détection de l’erreur de produit lors du stockage.
Pas de détection de l’erreur de produit lors des 3 délivrances suivant ces livraisons.
Pas de détection de l’erreur de produit lors des premières administrations
(6 poches de SmofKabiven E° administrées).
Pas de conséquences pour la patiente
(kaliémie à 3,7 mmol/L en fin de séance suivante).
Evènement déclaré à l’ANSM (guichet erreurs médicamenteuses), au CRPV de Paris-HEGP et au laboratoire Frésénius-Kabi : pas de réponse sur le fond au 13/10/15)
Aucun conflit d’intérêts. Poster PP-33, 37ème congrès de pharmacie hospitalière APHIF, Paris 2015
... La cause de la pérennisation de l'erreur semble être la similitude des noms et des conditionnements primaires et secondaires. [7]. Le code identifiant de présentation (CIP) avait alors été mal attribué lors de la création du médicament dans le logiciel de gestion des stocks. ...
Article
Introduction: An undetected delivery error at various stages of the medication use system led to a proven pseudo-medication error. Prismocal® was administered to resuscitation unit patients in place of Prismocal B22®, commonly used. No clinical consequences have been identified in concerned patients. Methods: The Orion® method was used to analyze deviations responsible for the error. Contributing and influential factors have been identified in order to put in place corrective actions and to prevent a similar error from occurring again. Results: The similarity of denominations and immediate and secondary packaging of these two pharmaceutical products appears to be a major contributing factor. The human factor is also involved in this cascade of steps, whose multiple actors did not intercept the error before administration to patients. Conclusion: Awareness of healthcare professionals about medication errors is necessary to reduce their incidence. Experience feedback committees are essential to analyze the most serious cases. A particular vigilance at all stages of the medication use system must be observed, especially with high risk products.
Article
Objectifs : De l’étoposide dilué dans une poche de chlorure de sodium en PVC, contenant incompatible avec cette chimiothérapie, a été administré à un patient. L’objectif est d’étudier les causes de cette erreur médicamenteuse et d’identifier des axes d’amélioration contribuant à sécuriser le circuit des anticancéreux injectables. Méthodes : Une analyse des risques a posteriori a été réalisée de façon pluri-professionnelle. La méthode d’investigation organisationnelle et systémique (MINOS) a été employée afin d’identifier le point de perte de contrôle et d’évaluer l’efficacité des principes de prévention, de récupération et d’atténuation. Des actions correctives ont été proposées. Résultats : Une attribution erronée du code identifiant de présentation lors de la saisie du produit dans le logiciel de gestion des marchés a constitué le point de perte de contrôle. L’analyse a mis en évidence les risques liés au non-interfaçage des différents systèmes d’information. Les actions de récupération se sont avérées inefficaces, les différences de dénomination et de conditionnement entre les poches avec et sans PVC étant minimes. Par ailleurs, un défaut de sensibilisation des acteurs du circuit de ces produits de santé semble avoir joué un rôle favorisant. Conclusions : Choix novateur, la méthode MINOS a permis une approche transversale de cette erreur médicamenteuse d’origine logistique impliquant plusieurs structures non hospitalières.
Article
La pathologie iatrogène médicamenteuse nosocomiale est un problème de santé publique où la responsabilité de l’établissement hospitalier est de plus en plus fréquemment engagée. Elle résulte pour une grande part des erreurs médicamenteuses impliquant des dysfonctionnements non intentionnels dans l’organisation du circuit du médicament. À partir de 458 notifications spontanées d’erreurs médicamenteuses potentielles et avérées du réseau REEM (Réseau épidémiologique de l’erreur médicamenteuse) et utilisant le référentiel de classification NCC MERP, l’article montre comment tirer les leçons d’une analyse systémique des erreurs médicamenteuses survenant en milieu hospitalier, en tenant compte de leurs causes, de leurs conséquences en termes de préjudice pour le patient, des facteurs de risque de survenue et de gravité. Les résultats montrent que 47,4 % des erreurs ont atteint le patient (erreurs avérées), parmi lesquelles 23,5 % lui ont provoqué un préjudice dont 2,8 % la mise en jeu du pronostic vital ou le décès. Ces taux varient selon le mode d’organisation du circuit du médicament. Les circonstances de survenue, les types d’erreurs, les causes inhérentes au médicament et à l’ordonnance sont analysés, ainsi que les médicaments impliqués. Les principales classes thérapeutiques à risque d’erreur sont les antinéoplasiques, les digitaliques et les antibiotiques. Les causes inhérentes aux facteurs humains ainsi que les facteurs contributifs à l’erreur sont analysés en tenant compte notamment du taux d’erreur avérée et du taux de préjudice induit et subi par le patient. Une analyse systémique est proposée comme outil de connaissance et de formation pédagogique des professionnels de santé pour l’évaluation et le suivi du niveau de sécurisation du circuit du médicament ainsi que l’élaboration de propositions d’actions en gestion de risque pour améliorer la sécurité du patient dans les établissements de santé.
2010 drug packaging review: identifying problems to prevent errors
Prescrire Redaction. 2010 drug packaging review: identifying problems to prevent errors. Prescrire International 2010; 20: 162-5.