ArticlePDF Available

Effets d'un nouvel engrais phosphaté sur la nutrition et le rendement du blé

Authors:

Figures

Content may be subject to copyright.
316 Recherche Agronomique Suisse 7 (7–8): 316–321, 2016
Effets d'un nouvel engrais phosphaté
sur la nutrition et le rendement du blé
Aurélien Roger1,2, Sylvain Pluchon2, Jean-Claude Yvin2, Mohammed Benbrahim3, Laurent Kremer3 et Sokrat Sinaj1
1Agroscope, Institut des sciences en production végétale IPV, 1260 Nyon, Suisse
2Groupe ROUILLER – Centre Mondial d’Innovation, 35800 Dinard, France
3RITTMO Agroenvironnement, ZA Biopôle, 68000 Colmar, France
Renseignements: Sokrat Sinaj, e-mail: sokrat.sinaj@agroscope.admin.ch
Production végétale
Introduction
Le phosphore (P) est un élément indispensable à la nu-
trition des plantes. Il joue un rôle important dans de
nombreux processus de développement des plantes,
comme la photosynthèse, le développement racinaire, le
stockage d’énergie (Marschner 1995). En agriculture, la
fertilisation phosphatée doit faire face à des contraintes
économiques et écologiques. D’une part, les stocks de
P facilement extractible se réduisent considérablement
et tendent à faire augmenter le prix des engrais phos-
phatés (Gilbert 2009). D’autre part, une dose d’engrais
phosphaté supérieure aux besoins des cultures agricoles
augmente les risques de pollution et d’eutrophisation
des eaux souterraines à cause des phénomènes d’érosion
et de lessivage (Gillingham et Thorrold 2000; Sharpley
et
al.
2000; Braun
et al.
2001).
Les plantes prélèvent leur P sous forme d’ions ortho-
phosphates (H2PO4
, HPO42–) dans la solution du sol. En
fonction du type de sol et de la solubilité de l’engrais
apporté, le P issu d’un engrais peut se retrouver soit dans
la plante, soit dans le sol, sous forme assimilable dans
la solution du sol ou fixé dans la phase solide. Le super
simple phosphate (SSP), un des engrais phosphatés les
plus couramment utilisés en Suisse, libère rapidement
une grande partie du P dans la solution du sol. En fonc-
tion du type de sol, cet élément est plus ou moins vite
incorporé dans la phase solide du sol. L'engrais phospha-
té Timac (SSP-TIM) est un engrais granulé mêlant inti-
mement un agent complexant du phosphate naturel et
une molécule biostimulante assurant une protection du
P, de façon à limiter la fixation après apport et permettre
une mise à disposition progressive pour la plante. Cette
étude évalue l’efficacité pour la nutrition phosphatée du
blé du produit SSP-TIM par rapport à un engrais phos-
phaté traditionnel (SSP).
Matériel et méthodes
Prélèvement et préparation de la terre
Les sols ont été prélevés dans l’horizon 0 20 cm de
deux parcelles: la parcelle 10 du domaine expérimental
d’Agroscope à Changins et une parcelle agricole située à
environ 40 km au sud-ouest de Colmar. Une fois prélevée,
la terre a été séchée à 40 oC pendant 48 h, puis tamisée
à 2 mm. Le sol de Colmar est de pH acide et de texture
sableuse, tandis que celui de Changins est de pH neutre
et de texture argileuse avec une forte capacité de fixa-
tion du P (Sinaj
et al.
2014).
Fertilisation N, K, S et Mg
La fertilisation minérale a été calculée d’après les Don-
nées de base pour la fumure des grandes cultures et
Blé de printemps en pleine floraison lors de l’expérience menée dans
la serre de Changins.
317
Effets d'un nouvel engrais phosphaté sur la nutrition et le rendement du blé | Production végétale
Recherche Agronomique Suisse 7 (7–8): 316–321, 2016
herbage DBF (Sinaj
et al.
2009). Selon les DBF, l’apport
doit être de 120 kg ha-1 d’N, 70 kg ha-1 de K2O et 10 kg
ha-1 de Mg pour le blé de printemps. Les apports de N, K,
S et Mg sont identiques pour les deux essais.
Selon Levy Häner
et al.
(2012), la densité idéale de
semis pour le blé de printemps est de 450 grains viables/
m2. A partir de ces données, la dose nécessaire à appor-
ter pour chaque engrais a été calculée pour un pot de
12 cm de diamètre (surface de 121 cm2, contenant 1 kg
de terre sèche et 5 grains par pot) dans l’essai Changins
et pour un pot de 18 cm de diamètre (surface 255 cm²,
contenant 4,7 kg de terre sèche et 20 grains par pot)
pour l’essai Colmar.
Fertilisation P et mise en place des traitements
Selon Sinaj
et al.
(2009), l’optimum de fertilisation P pour
le blé de printemps est de 50 kg de P2O5 par hectare.
Deux engrais P ont été utilisés: le super simple phosphate
(SSP), contenant 18% de P2O5, 4% de Mg et 6% de S, et
l'engrais issu des laboratoires TIMAC-AGRO (SSP-TIM)
contenant 18% de P2O5 complexé, 0,1% de Mg, 13% de
S et une molécule biostimulante. Pour chacun des en-
grais P, deux doses ont été testées (0,5 x norme, soit 25 kg
P2O5/ha, et 1 x norme, soit 50 kg P2O5/ha). Ces 4 procédés
ont été accompagnés d’un traitement témoin qui n’a
reçu aucun engrais phosphaté (procédé contrôle). Dans
l’essai Changins, chaque procédé comprenait 12 pots.
Dans l’essai Colmar, chaque procédé comptait 8 pots.
Conditions climatiques et agencement des pots en
serre
Dans la serre, la température a été maintenue entre 10
et 25 oC et le taux d’humidité de l’air entre 50 et 70%. La
variation de la température et du taux d’humidité entre
ces bornes s’est faite en fonction des conditions exté-
rieures. La photopériode a également suivi les conditions
climatiques locales. Au cours de l’expérience, les pots ont
été arrosés tous les jours avec de l’eau déminéralisée afin
de conserver une capacité au champ de l’ordre de 70%.
Chaque semaine, une rotation des blocs dans la serre a
été effectuée afin de limiter les biais liés à l’hétérogé-
néité des conditions dans la serre.
Mesures et analyses
Dans l’essai Changins, des mesures et des analyses ont
été menées à trois périodes différentes au cours de
l'expérimentation: (P1) Formation de l’épi (stade BBCH
45, atteint 50 jours après semis), (P2) Floraison complète
(stade BBCH 69, atteint 64 jours après semis) et (P3) Ma-
turité pour la récolte (stade BBCH 89, atteint 101 jours
après semis). A chaque fois, quatre pots ont été prélevés
par procédé. La productivité des cultures a été mesurée
en termes de matière sèche aérienne produite (séchage
à 50 oC pendant 48 h) et de quantité de grains par plante.
Dans l’essai Colmar, un premier prélèvement de 4 pots
a été réalisé pour l’analyse de la morphologie racinaire
et un second prélèvement de 4 pots a été réalisé à matu-
rité pour déterminer le rendement en blé et les expor-
tations de P. La morphologie du système racinaire a été
analysée au stade BBCH45. Les racines de deux plantes
par pot ont été soigneusement dégagées puis rincées à
Résumé
Le phosphore (P) est un élément minéral
essentiel à la croissance des plantes. Etant
donné que le stock mondial de P facilement
extractible est en baisse et qu’une sur-fertili-
sation de cet élément peut être source de
pollution, il apparaît nécessaire d'améliorer
l'efficacité des engrais phosphatés en agri-
culture. Deux expériences indépendantes ont
été menées à Agroscope Changins (Suisse)
et à RITTMO-Colmar (France) pour comparer
l'efficacité d'un engrais combinant un
phosphate complexé avec une substance
biostimulante (SSP-TIM) à celle d’un engrais
phosphaté couramment utilisé: le super
simple phosphate (SSP). Chaque expérience
a été conduite en serre en conditions con-
trôlées. L'expérience réalisée à Colmar a été
menée sur un sol acide et sableux, celle
conduite à Changins sur un sol neutre,
argileux avec une forte capacité de fixation
du P. Dans les deux cas, cinq procédés ont
été comparés: un contrôle (aucun apport de
P) et deux doses différentes pour chacun des
deux engrais (SSP et SSP-TIM) équivalentes à
25 et à 50 kg de P
2
O
5
par hectare. Sur sol
acide, l'engrais SSP-TIM à la dose de 25 kg
P
2
O
5
/ha a permis une augmentation signifi-
cative de 19% du rendement total du blé par
rapport à l’engrais SSP. Sur sol argileux,
l'engrais SSP-TIM a également entraîné une
augmentation positive mais non significative
de 5% du rendement du blé. Les résultats
varient selon le stade de développement de
la plante et la dose d'engrais appliquée,
entre autres facteurs. Cette étude montre
que l'engrais SSP-TIM peut être valorisé dans
les deux types de sol, surtout lorsque la dose
de l'engrais est réduite, ce qui correspond à
de nombreuses situations agricoles en Suisse.
318
Production végétale | Effets d'un nouvel engrais phosphaté sur la nutrition et le rendement du blé
l’eau du robinet. Le système racinaire a été numérisé à
l’aide d’un scanner à double source de lumière associé
au système WinRHIZO®. Le système WinRhizo® est un
logiciel d’analyse d’images
(Regent Instr. Inc)
qui permet
de déterminer les données morphologiques racinaires:
longueur et surface totales des racines (Arsenault
et al.
1995).
Dans les deux essais, l’efficacité relative agronomique
(ERA) des engrais a été mesurée, lors des trois stades de
prélèvement pour l’essai Changins et uniquement à la
récolte pour l’essai Colmar, selon la formule suivante:
ERA = (Pexporté SSP-TIM – Pexporté Control) /
(Pexporté SSP – Pexporté Contrôle) *100. Où
Pexporté Contrôle: quantité de phosphore exportée dans
les plantes dans le procédé contrôle
Pexporté SSP: quantité de phosphore exportée dans les
plantes dans le procédé SSP
Pexporté SSP-TIM: quantité de phosphore exportée dans
les plantes dans le procédé SSP-TIM
Analyses statistiques
Des analyses de variance (ANOVA) ont été conduites
pour tester l’effet global des procédés sur les variables
étudiées (paramètres de morphologie des racines, quan-
tités de P exportées par le blé et biomasses produites).
Par la suite, des tests de comparaison deux à deux (test
de Student) ont été effectués pour identifier les diffé-
rences significatives entre l'engrais SSP-TIM et son cor-
respondant SSP à dose égale. Ces tests ont été appliqués
sans correction et indépendamment du fait que la dis-
tribution des données suivait une loi normale ou pas.
L’efficacité agronomique relative des engrais a ensuite
été calculée selon Frossard
et al.
(2004). L’ensemble des
analyses statistiques a été conduit avec le logiciel R 3.0.1
(R core team 2013).
Résultats et discussion
Morphologie des racines de blé
L’analyse de la morphologie racinaire dans l’essai Colmar
n’a pas montré d’effet significatif sur la longueur totale
des racines ou leur surface, ni sur le nombre total de
pointes de racines présentes. Néanmoins, une augmen-
tation de ces paramètres a été observée avec l’engrais
SSP-TIM par rapport au procédé sans engrais phosphaté.
A l’inverse, les blés qui ont reçu le traitement SSP
montrent une légère diminution de ces paramètres par
rapport au procédé contrôle et une diminution plus
importante, mais toujours non significative, par rap-
port au procédé SSP-TIM. Parmi les paramètres étudiés,
la longueur totale des racines ayant un diamètre com-
Recherche Agronomique Suisse 7 (7–8): 316–321, 2016
pris entre 1 et 1,5 mm révèle une différence significative
entre les deux formes d’engrais phosphatés (tabl. 1).
Acquisition du P par le blé
Pour l’essai Changins, la figure 1 montre les quanti-
tés totales de P exportées par les plantes au cours du
temps dans les cinq procédés. Lorsque la moitié de la
norme d’engrais P a été apportée (25 kg P2O5 par/ha),
les quantités de P exportées par les plantes au moment
du premier prélèvement (gonflement de la tige, 50 jours
après le semis) étaient les mêmes pour les deux formes
d’engrais et ne se distinguaient pas du procédé contrôle.
En revanche, lors du deuxième prélèvement (floraison
complète, 64 jours après le semis), les plantes des pro-
cédés SPP-TIM ont exporté significativement plus de P
que celles fertilisées avec l’engrais SSP ou qui n’avaient
pas reçu de P. Lors de la récolte finale (101 jours après
le semis), les quantités moyennes de P exportées par les
plantes fertilisées (procédés SPP-TIM et SPP) n’étaient
pas différentes entre elles, mais supérieures à celle
exportée par les plantes du procédé contrôle. Ainsi,
lorsque la moitié de la norme a été apportée, la forme
de l’engrais n’a pas modifié la quantité totale de P ex-
portée par les plantes, mais elle a modifié la dynamique
de prélèvement: l'engrais SSP-TIM a permis une acquisi-
tion du P plus précoce. A la récolte, la quantité moyenne
de P exportée par les plantes du procédé SSP 25 kg/ha est
étonnamment élevée. Cela s’explique par le fait que 2
des 4 plantes récoltées avaient, de manière inexpliquée,
une concentration en P très élevée.
Lorsque les engrais ont été appliqués à des doses cor-
respondant à la norme de fumure (50 kg P2O5/ha), nous
avons aussi observé un prélèvement plus précoce du P
par les plantes avec l’engrais SPP-TIM, mais également
une différence significative entre les deux engrais en
ce qui concerne la quantité totale de P prélevée par les
plantes à la récolte (SSP-TIM > SSP, p = 0,028).
Tableau 1 | Effet de la forme de l’engrais phosphaté (dose 50 kg P
2
O
5
/
ha) sur la morphologie du système racinaire du blé au stade BBCH 47
(le procédé contrôle sert de référence)
Caractéristiques des racines SSP SSP-TIM A NOVA
%
Longueur totale des racines (mm) –19 0ns
Longueur des racines de diamètre
1 à 1,5 mm –31 27 p < 0,05
Volume racinaire total (mm3)–3 55 ns
Nombre total de pointes de racines –6 10 ns
319
Effets d'un nouvel engrais phosphaté sur la nutrition et le rendement du blé | Production végétale
dose de 25 kg P2O5/ha, on observe une tendance à l’aug-
mentation des rendements de 10% pour la paille et de
18% pour les grains avec l’engrais SSP-TIM par rapport
à l’engrais SSP. A la dose de 50 kg P2O5/ha, le rendement
en paille a tendance à être plus élevé avec l’engrais SPP
qu’avec l’engrais SPP-TIM.
Le fait que les expériences se soient déroulées sous
serres a permis d’effectuer des mesures beaucoup plus
fines et précises en ce qui concerne l’acquisition du P par
la plante. Néanmoins, l’expérimentation en serres a res-
treint la quantité de sol disponible pour chaque plante
par rapport aux conditions naturelles, ce qui a conduit
à une surexploitation du sol par le système racinaire et
un plafonnement de la production de biomasse (spécia-
lement dans l'expérience conduite à Changins avec des
pots de culture plus petits). Le test en serres de l’effet
des engrais sur les rendements en blé ne donne que des
résultats indicatifs et une expérimentation au champ
sera indispensable pour obtenir des résultats plus fiables.
Cette étude a permis de relever certains avantages
de l'engrais phosphaté SSP-TIM par rapport à son homo-
logue de référence. Cependant, ces avantages n’étaient
souvent significatifs que lors des prélèvements intermé-
diaires et n’apparaissaient pas au moment de la récolte
finale. Ce résultat a été observé aussi bien dans l’essai de
Changins, sur un sol neutre, que dans l’essai de Colmar,
sur un sol acide. Les résultats de cette étude sont assez
clairs en ce qui concerne les quantités de P exportées par
les plantes, mais ils ne permettent pas de tirer des conclu-
sions en faveur de l’un ou de l’autre engrais concernant
les rendements. Plus spécifiquement, il semblerait que
les différences entre l'engrais SSP-TIM et l'engrais de ré-
férence soient plus visibles lors d’application d’engrais à
Recherche Agronomique Suisse 7 (7–8): 316–321, 2016
L‘efficacité relative agronomique (ERA) des engrais,
correspondant à l’estimation de la proportion de P
contenu dans les engrais qui est absorbé par les plantes,
est indiquée dans le tableau 2 pour l’essai Changins. Le
principal enseignement que l’on peut tirer des résultats
obtenus est que l’ERA à la récolte est légèrement supé-
rieure avec l’engrais SSP-TIM et largement supérieure au
moment de la floraison (quasiment le double dans le cas
d'un apport de P équivalent à la moitié de la norme de
fumure), ce qui confirme les résultats observés dans la
dynamique d'absorption (fig. 1).
Dans l’essai de Colmar, l’ERA a été déterminé unique-
ment à la récolte (tabl. 3). Les résultats montrent qu’en
fin d’essai, les ERA des deux engrais ne sont pas signifi-
cativement différentes.
Rendement du blé
Sur sol acide (essai Colmar), l’apport d'engrais P aug-
mente significativement la biomasse de la paille et des
épis au stade BBCH45 (fig. 2). Pour la paille, aucune dif-
férence significative n’a été observée entre les engrais
SSP et SSP-TIM. Par contre, pour les deux doses, la bio-
masse des épis des procédés SSP-TIM est significative-
ment supérieure à celle des procédés SSP.
Dans l’essai de Changins en sol neutre, à la récolte,
les résultats montrent une augmentation significative
des rendements en grain et en paille dans les procédés
fertilisés par rapport au procédé contrôle (fig. 3). A la
Tableau 2 | Efficacité relative agronomique ( ERA) des engrais SSP et
SSP-TIM en culture de blé: suivi dynamique des prélèvements sur sol
de pH neutre (essai Changins)
Tableau 3 | Efficacité relative agronomique ( ERA) des engrais SSP et
SSP-TIM en culture de blé sur sol de pH acide (essai Colmar)
Dose Engrais
Gonflement
de la tige
(50 jours après
semis)
Floraison
(64 jours
après semis)
Récolte
(101 jours
après semis)
25 kg P2O5/ha
SSP-TIM 3,15% 14,13 % 19,40 %
SSP 4,62% 7,8 7% 18,6 2%
50 kg P2O5/ha
SSP-TIM 2,16% 12 ,4 5% 15,26%
SSP 4,82% 7,0 1% 11, 45%
Dose 25 kg P2O5/ha 50 kg P 2O5/ha
SSP SSP-TIM Anova SSP SSP-TIM Anova
ERA 6,90 % 7,30 % ns 5,03% 5,73% ns
Nombre de jours après semis
contrôle
SSP-TIM 25kg P2O5
SSP-TIM 50kg P2O5
SSP 25kg P2O5
SSP 50 kg P2O5
50
15
13
11
9
7
560 70 80 90 100
Figure 1 | Dynamique d'absorption du P par le blé en fonction des
doses et des formes d'engrais apportées (essai Changins, moyennes
avec erreur standard).
320 Recherche Agronomique Suisse 7 (7–8): 316–321, 2016
Production végétale | Effets d'un nouvel engrais phosphaté sur la nutrition et le rendement du blé
demi-dose; cela laisse supposer que le processus de pro-
tection et de diffusion lente du P de l'engrais SSP-TIM
lui permet d’atteindre une meilleure efficacité, même à
dose réduite. Ce résultat est intéressant dans le contexte
de l'agriculture suisse où de nombreuses parcelles agri-
coles sont bien pourvues en P et pour lesquelles la dose
d’engrais phosphaté recommandée est souvent infé-
rieure à la norme (Roger
et al.
2013). Ce résultat est éga-
lement conforté par les analyses morphologiques des
racines réalisées sur le sol acide. En effet, les longueurs
et les surfaces totales des racines ne sont pas significati-
vement différentes entre les deux engrais, même si l’on
observe une tendance à l’augmentation du développe-
ment du système racinaire dans les traitements SSP-TIM
(tabl. 1). Ceci indique que les différences de prélèvement
du P sont dues principalement à la forme de l’engrais
et non pas à un système racinaire davantage ramifié,
ce qui peut être un facteur important dans le processus
d'acquisition du P par les céréales (Gahoonia
et al.
2009).
Il est probable que la technologie mise en œuvre dans
l’engrais SSP-TIM a permis une meilleure biodisponibilité
du P. Il serait intéressant de comparer ces engrais pour
une large gamme d’apports de P, afin de pouvoir déter-
miner l’équivalence engrais entre le SSP-TIM et le SSP de
référence. Ceci permettrait ensuite de déterminer l’éco-
nomie en P réalisée par l’engrais SSP-TIM par rapport à
l’engrais de référence SSP – tout en assurant le même
rendement des cultures.
Dans le contexte mondial actuel concernant la protec-
tion des ressources non renouvelables comme le P, les
technologies permettant une meilleure efficience des
engrais et donc une réduction des doses appliquées
doivent être étudiées en priorité.
Conclusions
Cette expérience démontre que la protection du P dans
l’engrais SSP-TIM améliore l’utilisation du P par la cul-
ture de blé de printemps en assurant une assimila tion
plus précoce. En revanche, cette expérience ne permet
pas d’affirmer que l’engrais SSP-TIM a des effets bé-
néfiques sur le rendement du blé. Etant donné la pro-
blématique mondiale autour du P, la politique agricole
suisse prônant une agriculture plus écologique et l’état
du P dans les sols suisses, la technologie utilisée dans
l’engrais SSP-TIM pourrait représenter une alternative
intéressante aux engrais P traditionnels. n
SSP-TIM
25kg
P
2
O
5
/ha
Témoin
MS
paille
MS
épis
SSP-TIM
50kg
P
2
O
5
/ha
SSP 25kg
P2O5/ha
SSP 50kg
P2O5/ha
8
9
7
6
5
4
3
2
1
0
a
a
aac
c
b
b
d
SSP-TIM
25kg
P2O5/ha
Témoin SSP-TIM
50kg
P2O5/ha
SSP 25kg
P2O5/ha
SSP 50kg
P2O5/ha
a
a
ab
ab ab
bb
b
b
b
16
14
12
10
8
6
4
2
0
MS
paille
MS
grains
Figure 3 | Effets des différents procédés sur la biomasse du blé à la
récolte, cultivé sur sol neutre (essai Changins, moyennes avec erreur
standard).
Figure 2 | Effets des différents procédés sur la biomasse du blé
au stade BBCH45 cultivé sur sol acide (essai Colmar, moyennes
avec erreur standard).
321
Recherche Agronomique Suisse 7 (7–8): 316–321, 2016
Effets d'un nouvel engrais phosphaté sur la nutrition et le rendement du blé | Production végétale
Effects of a new phosphate fertiliser on
wheat nutrition and yield
Phosphorus (P) is an essential mineral for plant
growth. Given that easily extractable global
stocks of P are declining and that P over-fertilisati-
on can be a source of pollution, it would appear
necessary to improve the efficiency of phosphate
fertilisers in agriculture. Two independent experi-
ments were carried out at Agroscope Changins
(Switzerland) and RITTMO-Colmar (France) to
compare the efficiency of a fertiliser combining
a complexed phosphate with a biostimulant (SSP-
TIM) to the currently used phosphate fertiliser, the
simple superphosphate (SSP). Each experiment
was conducted in a greenhouse under controlled
conditions. The experiment in Colmar was con-
ducted on an acidic sandy soil, the one in Changins
on a neutral clay soil with a high P-fixing capacity.
In both cases, five treatments were compared:
a control (no P input) and two different doses
for each of the two fertilisers (SSP and SSP-TIM)
equivalent to 25 and 50 kg of P2O5 per hectare, res-
pectively. On the acidic soil, the SSP-TIM fertiliser
at the 25 kg P2O5/ha dose produced a significant
increase in total wheat yield 19% higher than that
achieved by the SSP fertiliser. On the clay soil,
the SSP-TIM also brought a positive of 5% but not
significant increase in wheat yield. Results vary
according to the stage of development of the
plant and the dose of applied fertiliser, among
other factors. This study shows that the SSP-TIM
fertiliser can be used to good effect in both types
of soil, especially when the dose of fertiliser is
reduced, which corresponds to numerous agricul-
tural situations in Switzerland.
Key words: phosphorus, fertilizer, agriculture,
wheat, environment.
Riassunto
Summary
Effetti di un nuovo concime fosfatico
sull’alimentazione e sulla resa del grano
Il fosforo (P) è un elemento minerale essenziale
per la crescita delle piante. Poiché la riserva mon-
diale di fosforo facilmente estraibile è in diminu-
zione e una fertilizzazione eccessiva di questo ele-
mento può costituire una fonte di inquinamento,
occorre migliorare l’efficacia dei concimi fosfatici
nell’agricoltura. Due esperimenti indipendenti
sono stati condotti presso la sede di Agroscope a
Changins (Svizzera) e a RITTMO-Colmar (Francia)
per confrontare l’efficacia di un concime che
combina un fosfato complesso con una sostanza
ad azione biostimolante (SSP-TIM) con quella di
un concime fosfatico normalmente utilizzato: il
superfosfato semplice (SSP). Ciascun esperimento
si è svolto in serra in condizioni controllate.
L’esperimento realizzato a Colmar è stato condot-
to su un suolo acido e sabbioso, quello a Changins
su un suolo neutro, argilloso con una forte capaci-
tà di fissazione del fosforo. In entrambi i casi sono
stati comparati cinque procedimenti: un controllo
(senza apporto di P) e due dosi differenti per
ognuno dei due concimi (SSP e SSP-TIM) equiva-
lenti a 25 e a 50 kg di P2O5 per ettaro. Sul suolo
acido, il concime SSP-TIM con la dose di 25 kg P2O5
per ettaro ha consentito un aumento significativo
del 19 per cento del rendimento totale del grano
rispetto al concime SSP. Sul suolo argilloso, anche
il concime SSP-TIM ha comportato un aumento
positivo, ma non significativo, del 5 per cento del
rendimento del grano. I risultati variano a seconda
di vari fattori tra cui lo stadio di sviluppo della
pianta e la dose di concime applicata. Questo
studio mostra che il concime SSP-TIM può essere
valorizzato sui due tipi di terreni, soprattutto
quando la dose del concime è ridotta, il che corris-
ponde a molte situazioni dell’agricoltura svizzera.
Bibliographie
bArsenault J.-L., Pouleur S., Messier C. & Guay R., 1995.
WinRHIZO,
a root-measu-
ring system with a unique overlap correction method.
HortScience
30, 906.
bBraun M., Aschwanden N. & Wütrich-Steiner C., 2001. Abschwemmung von
Phosphor.
Agrarforschung
8 (1), 36 – 41.
bFrossard E., Julien P., Neyroud J.-A. & Sinaj S., 2004. Le phosphore dans les sols.
État de la situation en Suisse. Cahier de l'environnement n° 368. Office fédéral
de l'environnement, des forêts et du paysage, Berne. 180 p.
bGilbert N., 2009. The disappearing nutrient.
Nature
461, 716 – 718.
bGillingham A. G. & Thorrold B. S. 2000. A review of New Zealand research
measuring phosphorus in runoff from pasture.
Journal of Environmental Quality
29, 88 – 96.
bGahoonia T. S., Nielsen N. E. & Lyshede O. B., 1999. Phosphorus (P) acquisition of ce-
real cultivars in the field at three levels of P fertilization.
Plant & Soil
211, 269 – 281.
bLevy Häner L., Collaud J.-F., Schwärzel R., Bertossa M., Hiltbrunner J., Anders M.,
Stoll P., Weisflog T., Scheuner S., Chassot A. & Zürcher J., 2012. Liste recommandée.
bdes variétés de céréales pour la récolte 2013.
Recherche Agronomique Suisse
3 (6).
bMarschner H., 1995. Mineral Nutrition of Higher Plants, 2e édition, 889 p.
Academic Press, London.
bR Core Team, 2013. R: A language and environment for statistical computing.
R Foundation for Statistical Computing, Vienna, Austria. ISBN 3-900051-07-0.
URL http://www.R-project.org.
bRoger A., Libohova Z., Rossier N., Joost S., Maltas A., Frossard E. & Sinaj S.,
2013. Spatial variability of soil phosphorus in the Fribourg canton, Switzerland.
Geoderma
217, 218, 26 – 36.
bSharpley A., Foy B. & Withers P., 2000. Practical and innovative measures for the
control of agricultural phosphorus losses to water: An overview.
Journal of En-
vironmental Quality
29, 1– 9.
bSinaj S., Richner W., Flisch R. & Charles R., 2009. Données de base pour la
fumure des grandes cultures et des herbages (DBF-GCH).
Revue Suisse
d’Agriculture
41 (2), 98 p.
... Également à la suite d'un apport de STP dans un sol argileux incubé (41 % d'argile), Morais et Gatiboni (2015) ont observé une augmentation du P-NaHCO 3 durant les 30 premiers jours puis une diminution jusqu'à revenir au niveau initial après 60 jours. Au contraire, l'augmentation du P-NaHCO 3 avec le Phi-Ca a été plus durable, éventuellement à cause de sa très faible solubilité à l'eau, ce qui a pu ralentir le relargage du P (Fontana et al., 2021a), une caractéristique qui augmente l'efficacité agronomique (Roger et al., 2016). Bien que les teneurs en P-NaHCO 3 des deux types de sols incubés aient diminué durant la culture de maïs, elles sont restées plus élevées avec le Phi-Ca qu'avec le contrôle. ...
ResearchGate has not been able to resolve any references for this publication.