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Abstract

Oui, qu’il aille se faire foutre. Le néolibéralisme craint. On n’en a pas besoin.
Published under Creative Commons licence: Attribution-Noncommercial-No Derivative Works
285
Fuck le Néolibéralisme
Simon Springer
Département de géographie, Université de Victoria
simonspringer@gmail.com
Résumé : Oui, qu’il aille se faire foutre. Le néolibéralisme craint. On n’en a pas
besoin.
Mots clés : fuck le néolibéralisme ; qu’il aille au diable
Fuck le néolibéralisme. Ni plus, ni moins. Je pourrais probablement terminer
mon argumentation ici et ça n’aurait pas beaucoup d’importance. Ma position est
claire et vous saisissez probablement l’essentiel de ce que je veux dire. Je n’ai rien de
positif à ajouter à la conversation sur le néolibéralisme, et pour être tout à fait
honnête, j’en ai même assez d’avoir à y penser. J’en ai simplement ma claque. J’ai
d’abord envisagé d’appeler ce papier « Oublions le néolibéralisme », car d’une
certaine manière, c’était exactement ce que j’avais envie de faire. Cela fait de
nombreuses années que j’écris sur ce sujet (Springer 2008, 2009, 2011, 2013, 2015;
Springer et al. 2016) et j’en étais arrivé à un point je n’avais plus envie de dédier
aucune énergie à cette entreprise, craignant que de continuer à travailler sur cette idée
ne permette de perpétuer son emprise. Après plus ample réflexion, il me semble que
la manœuvre politique qui consiste à faire l’autruche et ignorer collectivement un
phénomène qui a eu des effets dévastateurs et débilitants sur le monde que nous
partageons puisse être dangereux. Le néolibéralisme jouit d’un pouvoir continu qu’il
est difficile de nier, et je ne suis pas convaincu qu’une stratégie d’ignorance soit la
bonne approche à adopter (Springer 2016a). Alors, ma pensée exacte a été la
suivante : « bon, et bien qu’il aille se faire foutre, fuck le néolibéralisme » ; et bien
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qu’un terme moins vulgaire eut sans doute atténué l’outrage potentiel que pourrait
susciter le titre que j’ai choisi, j’ai changé d’avis selon la logique qui suit. Pourquoi
devrions-nous nous préoccuper davantage de notre usage de grossièretés que de
l’infamie du discours néolibéral ? J’ai pris la décision de transgresser, de déranger,
d’outrager, précisément parce que nous nous devons d’être outragés par le
néolibéralisme ; il est entièrement dérangeant, et c’est pourquoi nous devrions
chercher à le transgresser. Trouver un titre plus acceptable ne serait-il pas une
concession de plus au pouvoir néolibéral ? J’ai d’abord pensé à ce que ce titre pourrait
signifier pour ma réputation. Freinerait-il une future promotion ou offre de travail,
dans le cas où je souhaiterais poursuivre ma carrière académique ? Cette logique me
donnait l’impression de concéder une défaite personnelle à la discipline néolibérale.
« Fuck that ».
J’avais également l’impression d’admettre que le langage courant ne pouvait
offrir aucune réponse appropriée, aucun contre-discours à celui du néolibéralisme.
Comme si nous ne pouvions qu’y répondre dans un format académique, en utilisant
des théories géographiques complexes de bigarrure, hybridité et mutation, pour
affaiblir son édifice. Ceci me semblait déresponsabilisant, et bien que j’aie moi-même
contribué à articuler certaines de ces théories (Springer 2010), j’ai souvent le
sentiment que ce type d’approche va à l’encontre de l’argument que je souhaite
réellement défendre. C’est précisément dans le quotidien, l’ordinaire, l’invisible et la
banalité, me semble t-il, qu’une politique du refus doit se situer. Et c’est ainsi que j’ai
fini par choisir « Fuck le néolibéralisme ». J’estime qu’il transmet en grande partie ce
que je veux vraiment dire. L’argument que je souhaite défendre est légèrement plus
nuancé que cela, ce qui m’a fait réfléchir davantage au terme « fuck » que je ne l’ai
jamais fait dans ma vie. Quel mot fantastique et riche en couleurs ! Il fonctionne
comme nom ou verbe, et comme adjectif, il est peut-être l’exclamation la plus
employée de la langue anglaise. On l’utilise pour exprimer la colère, le mépris, le
mécontentement, l’indifférence, la surprise, l’impatience, et même comme une
interjection sans sens particulier simplement parce que « fuck » (comme « foutre » en
français), se dit si facilement. On peut foutre quelque chose en l’air (« fuck something
up »), se foutre de quelqu’un (« fuck someone over »), dire des foutaises (« fuck
around »), n’en avoir rien à foutre not give a fuck »), et ce mot a décidément un
point de référence géographique intrinsèque dans la mesure où l’on peut vous inviter à
aller vous faire foutre go fuck yourself »). Au point où on en est, vous pourriez
même vous dire, ok, mais qu’est-ce qu’on en a à foutre ? (« ok, who gives a fuck ? »).
Et bien moi j’en ai quelque chose à foutre, et si en finir avec le néolibéralisme vous
intéresse, vous devriez aussi. Le choc provoqué par ce mot peut mettre au défi le
néolibéralisme. Pour creuser et libérer ce potentiel, nous devons apprécier les nuances
de ce que pourrait signifier la phrase « Fuck le néolibéralisme ». Et en même temps,
« fuck » la nuance. Comme l’a récemment soutenu Kieran Healy (2016: 1), elle « fait
typiquement obstacle au développement d’une théorie intéressante d’un point de vue
intellectuel, générative d’un point de vue empirique, ou brillante d’un point de vue
pragmatique ». Alors, sans fétichiser la nuance, examinons rapidement quelles sont à
mon sens nos priorités pour foutre en l’air le néolibéralisme.
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Le premier sens est probablement le plus évident. En proclamant « fuck le
néolibéralisme », nous pouvons exprimer notre colère contre la machine néolibérale.
C’est une indication de notre exaspération, de notre désir de dire haut et fort notre
ressentiment, de cracher le venin du mal à sa propre figure. Cela peut prendre la
forme d’une plus grande mobilisation autour des manifestations contre le
néolibéralisme ou en écrivant des articles et des livres critiquant son influence. La
dernière action prêche aux convertis, la première espère que ceux déjà pervertis
changeront leurs manières de faire. Je ne néglige pas l’importance de ces méthodes
dans notre résistance, mais je suis aussi assez certain qu’elles ne seront pas suffisantes
pour changer le sens du courant contre le néolibéralisme et en notre faveur. En
manifestant publiquement notre défiance, nous tentons d’attirer l’attention et
l’implication d’acteurs puissants dans la conversation, et nous nous méprenons en
croyant qu’ils pourraient commencer à écouter l’opposition et s’accorder à la voix du
peuple (Graeber 2009). Ne devrions-nous pas plutôt arrêter de parler ? Voici le
deuxième sens de « fuck le néolibéralisme » : il repose sur la notion de rejet. Cela
consisterait en plaider la fin du néolibéralisme (tel que nous le connaissons) selon le
moyen proposé par J.K. Gibson-Graham (1996) : arrêter tout simplement d’en parler.
Les intellectuels en particulier arrêteraient de traiter ce thème en priorité dans leurs
recherches. Peut-être ne pourrions-nous pas oublier ni ignorer complètement le
néolibéralisme, ce que j’ai déjà identifié comme problématique, mais nous
entreprendrions de continuer à écrire sur d’autres choses. Il s’agit d’un point de
contact tout aussi crucial pour nous qui travaillons au-delà d’une vision du monde
néolibérale, mais là encore, je ne suis pas entièrement convaincu que ce soit suffisant.
Comme le soutient Mark Purcell (2016: 620), « Il nous faut tourner le dos au
néolibéralisme et nous recentrer sur nous-mêmes, pour commencer le travail difficile
mais néanmoins joyeux de gérer nos affaires par nous-mêmes ». Bien que la
négation, la protestation et la critique soient nécessaires, nous devons aussi penser à
foutre le néolibéralisme en l’air activement, en prenant des mesures qui dépassent sa
portée.
L’action directe au-delà du néolibéralisme relève d’une politique préfigurative
(Maeckelbergh 2011), qui constitue la troisième et plus importante signification de ce
sur quoi nous devrions nous concentrer lorsque nous invoquons l’idée de « fuck le
néolibéralisme ». Préfigurer, c’est rejeter le centrisme, la hiérarchie et l’autorité
associés à la politique représentative, en soulignant la pratique incarnée des relations
horizontales et des formes organisationnelles qui s’efforcent de refléter la société
future que nous recherchons (Boggs 1977). Par delà la fin des discours, la
préfiguration et l’action directe affirment qu’aucune conversation n’aurait jamais
avoir lieu, car indépendamment de ce que nous souhaitons faire, nous pouvons
simplement le faire nous-mêmes. Cependant, suffisamment d’attention a été portée
sur les manières dont le néolibéralisme peut capturer et s’approprier toutes les formes
de discours et d’impératifs politiques (Barnett 2005; Birch 2015; Lewis 2009; Ong
2007). Pour certains critiques tels que David Harvey (2015), seule une nouvelle dose
d’état peut résoudre la question néolibérale, écartant rapidement l’idée de
l’organisation non hiérarchique et de la politique horizontale qui nous conduiraient
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tout droit vers un avenir néolibéral assuré. Pourtant, dans son pessimisme, il se
méprend complètement sur la politique préfigurative, qui est un moyen non pas vers
une fin mais uniquement vers d’autres moyens futurs (Springer 2012). En d’autres
termes, la politique préfigurative repose sur une vigilance constante et continue, c’est
pourquoi sa pratique ne peut être récupérée. Elle est réflexive et attentive, toujours
tournée vers la production, l’invention et la création comme satisfaction du désir de la
communauté. Entendue de cette manière, la politique préfigurative est explicitement
anti-néolibérale. Elle se réapproprie les moyens pour en faire nos moyens, des
moyens sans fin. Préfigurer c’est embrasser la convivialité et la joie qui émanent
d’être rassemblés comme égaux radicaux ; non pas comme des soldats au front ni
comme le prolétariat sur la voie de la promesse transcendantale et vide de l’utopie ou
du « non lieu », mais comme l’immanence enracinée de l’ici et maintenant, de la
fabrique d’un nouveau monde « dans la coquille du vieux », du travail constant et de
la réaffirmation que tout cela implique (Ince 2012).
Rien du néolibéralisme ne mérite notre respect, c’est pourquoi de concert avec
une politique préfigurative de création, mon message est tout bonnement : « fuck it ».
Fuck l’emprise qu’il a sur nos imaginations politiques. Fuck la violence qu’il
engendre. Fuck l’inégalité qu’il vante comme une vertu. Fuck la manière dont il a
ravagé l’environnement. Fuck le cycle sans fin d’accumulation et le culte de la
croissance. Fuck la société du Mont-Pèlerin et tous les think tanks qui continent de la
soutenir et la promouvoir. Fuck Friedrich Hayek et Milton Friedman pour nous avoir
refourgué leurs idées. Fuck les Thatcher, les Reagan, et tous les politiciens lâches et
intéressés qui ne cherchent qu’à satisfaire leur avarice. Fuck l’exclusion basée sur la
peur qui perçoit les « autres » comme méritant de laver nos toilettes et d’éponger nos
carrelages, mais pas comme des membres de nos communautés à part entière. Fuck
l’attrait grandissant des chiffres et l’incapacité d’apprécier que tout ce qui compte ne
peut être compté. Fuck le désir du profit qui prime sur les besoins de la communauté.
Fuck absolument tout ce que le néolibéralisme représente, et fuck le cheval de Troie
dans lequel il est arrivé ! Depuis bien trop longtemps, on nous a répété qu’ « il n’y a
pas d’alternative », qu’ « une marée montante fait avancer tous les bateaux », que
nous vivons dans un monde darwinien cauchemardesque régi par la loi du plus fort.
Nous avons mordu à l’hameçon et tout avalé de la « tragédie des communs » ; alors
qu’en réalité, ceci est une ruse qui reflète la « tragédie du capitalisme » et ses pillages
sans fin (Le Billon 2012). Le talon d’Achille de Garrett Hardin (1968) était qu’il n’a
jamais arrêté de penser au bétail comme appartenant à un propriétaire privé. Que se
passera t-il lorsque nous invoquerons l’idée des communs comme le bien commun
sans présupposition de propriété privée (Jeppesen et al. 2014) ? Que se passera t-il
lorsque nous commencerons à porter plus d’attention à la préfiguration des
alternatives qui existent déjà et privilégient ces expériences comme les formes les
plus importantes d’organisation (White et Williams 2012) ? Que se passera t-il
lorsque au lieu d’avaler l’amère pilule de la concurrence et du mérite, nous
concentrerons nos énergies non pas sur les remèdes que nous prescrit le
néolibéralisme, mais sur la guérison plus profonde qui résulte de l’entraide et la
coopération (Heckert 2010) ?
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Jamie Peck (2004: 403) a appelé le néolibéralisme un « slogan politique
radical », mais camper dans le domaine de la critique ne suffit plus. De nombreuses
années ont passé depuis que nous avons identifié pour la première fois l’ennemi, et
depuis lors, nous avons appris à le connaître à travers nos écrits et nos protestations.
Mais même lorsque nous sommes certains de sa défaite, comme ce fut le cas au
lendemain de la crise financière de 2008 et avec le mouvement Occupy qui en est
résulté, il continue d’haleter et de se réanimer tel un zombie plus puissant que jamais
(Crouch 2011; Peck 2010). Japhy Wilson (2016) appelle ce pouvoir perpétuel le
« gothique néolibéral », et je suis convaincu que pour dépasser ce film d’horreur nous
devons resituer notre politique dans le domaine de l’action (Rollo 2016). Et si « fuck
le néolibéralisme » devait devenir un mantra pour une nouvelle forme de politique ?
Une phrase stimulante qui inviterait non seulement à l’action, mais aussi à la
réappropriation de nos vies dans les espaces et les instants où nous les vivons
activement ? Et si chaque fois que nous utilisions cette phrase, nous reconnaissions
qu’elle est un appel au pouvoir d’agir au-delà des simples mots, combinant la théorie
et la pratique dans la sublime expérience de la préfiguration ? Nous devons adopter
une approche combinant plusieurs fronts lorsque nous rejetons le néolibéralisme. Bien
que nous ne puissions l’ignorer ni l’oublier complètement, nous pouvons l’affronter
activement en utilisant des méthodes dont la portée dépasse la performance de la
rhétorique et de la rhétorique de la performance. Par tous les moyens, faisons avancer
un nouveau slogan politique radical. Utilisons un hashtag (#fuckneoliberalism) et
rendons notre mépris viral ! Mais nous devons faire plus qu’exprimer notre
indignation. Il nous faut matérialiser notre détermination et réaliser notre espoir
comme l’immanence de nos expériences incarnées dans l’ici et maintenant (Springer
2016a). Nous devons refaire le monde nous-mêmes, sans plus attendre.
Nous nous sommes délibérément leurrés et affaiblis en continuant à avoir
recours à l’aménagement politique existant de la représentation. Notre foi aveugle
nous condamne à attendre à perpétuité le sauveur qui tombera du ciel. Le système
s’est montré entièrement corrompu, et le temps n’y fait rien : notre prochain grand
candidat politique bientôt échouera lui aussi comme tous ses prédécesseurs. À l’âge
du néolibéralisme, il ne s’agit pas simplement d’individus problématiques au pouvoir.
C’est plutôt notre propre croyance dans ce système qui est le cœur du problème. Nous
produisons et permettons les conditions institutionnelles propices à l’ « effet Lucifer »
(Zimbardo 2007). « La banalité du mal » est telle que ces politiciens ne font que leur
travail dans un système qui récompense les perversions du pouvoir car il est conçu
pour servir les lois du capitalisme (Arendt 1971). Mais nous ne sommes pas obligés
d’obéir. Nous ne devons rien à cet ordre établi. À travers notre action directe et
l’organisation d’alternatives, nous pouvons mettre en accusation la structure entière et
rompre ce cercle vicieux d’abus. Quand le système politique est défini, conditionné,
empêtré et dérivé du capitalisme, il ne peut en aucun cas représenter nos manières de
connaître et d’être au monde, c’est pourquoi nous devons prendre ces modes de vie en
main et nous réapproprier notre pouvoir collectif. Nous devons commencer à établir
un nouvel ordre politique et à redonner un sens plus relationnel à la solidarité, en
reconnaissant que la soumission et la souffrance des un-e-s indique l’oppression de
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tous (Shannon et Rouge 2009; Springer 2014). Nous pouvons commencer à vivre
dans d’autres mondes possibles à travers un engagement renouvelé des pratiques de
l’entraide, de la fraternité, de la réciprocité, et des formes organisationnelles non
hiérarchiques qui ravivent la démocratie dans son sens étymologique du pouvoir au
peuple. Au final, le néolibéralisme est une idée particulièrement nauséabonde qui
vient avec son lot d’obscénités et de vils postulats. En réponse, il mérite d’être opposé
par un langage et une action tout aussi offensive. Notre communauté, notre
coopération et notre attention aux autres sont toutes détestables pour le
néolibéralisme. Il hait ce que nous célébrons. Alors, quand nous disons « fuck le
néolibéralisme », que ce soit plus que des mots, que ce soit la preuve de notre
engagement les un-e-s pour les autres. Dîtes-le haut et fort, dîtes-le avec moi, et dîtes-
le à quiconque écoutera, mais surtout, que cela vous vienne du cœur et claironne
comme un appel à l’action, et comme l’incarnation de notre pouvoir préfiguratif de
changer ce putain de monde. Fuck le néolibéralisme!
Remerciements
Je dois mon titre à Jack Tsonis. Il m’a écrit un merveilleux email au début de
l’année 2015 pour se présenter avec ce message en titre. Direct et à propos. Il m’a
parlé de son poste temporaire à l’Université de Sydney Ouest où il était pris au piège
de l’enfer de la précarité universitaire. Fuck le néolibéralisme, en effet. Jack m’a
informé depuis qu’il avait obtenu un poste moins incertain, mais voir la bête de près
l’a dégouté et révulsé plus que jamais. Merci pour l’inspiration, mon ami ! Je suis
aussi reconnaissant à Kean Birch et Toby Rollo qui ont écouté mes idées et avec qui
j’ai bien ri. La brillante pensée au-delà du néolibéralisme de Mark Purcell a été une
grande motivation. Merci à Levi Gahman, dont l’esprit enjoué et le soutien ont
démontré cette réelle préfiguration dont je parle ici (“Listen Neoliberalism!” A
Personal Response to Simon Springer’s “Fuck Neoliberalism”). La relecture de mes
pairs Farhang Rouhani, Patrick Huff et Rhon Teruelle a révélé une immense
unanimité qui m’a donné raison de croire que l’université peut encore servir à quelque
chose dans la lute ! Enfin, merci à tous ceux qui ont si gentiment pris le temps de
m’écrire sur cet essai et d’exprimer leur solidarité après que je l’ai publié pour la
première fois sur internet. Je me sens à la fois empli d’humilité et d’espoir en voyant
que nous sommes nombreux à partager ce même ressenti. Nous vaincrons !
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Chapter
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Anarchism is notoriously difficult to define. It has been referred to as an ideology, a discourse (Williams, 2007), a political culture (Gordon, 2008), a utopian philosophy and even a ‘definite trend’ in the history of humankind (Rocker, cited in Chomsky, 2005: 9). And that is just among its supporters. Here, I want to add to this polyvocal effort to understand and explore anarchism with a complementary notion: that of anarchism as an ethics of relationships. Ecological and social, embodied and symbolic, interpersonal and interspecies, of class and race and gender and nation, anarchist ethics apply to relationships of all sorts.
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The Anarchist Roots of Geography sets the stage for a radical politics of possibility and freedom through a discussion of the insurrectionary geographies that suffuse our daily experiences. By embracing anarchist geographies as kaleidoscopic spatialities that allow for non-hierarchical connections between autonomous entities, Simon Springer configures a new political imagination. Experimentation in and through space is the story of humanity's place on the planet, and the stasis and control that now supersedes ongoing organizing experiments is an affront to our very survival. Singular ontological modes that favor one particular way of doing things disavow geography by failing to understand the spatial as an ongoing mutable assemblage that is intimately bound to temporality. Even worse, such stagnant ideas often align to the parochial interests of an elite minority and thereby threaten to be our collective undoing. What is needed is the development of new relationships with our world and, crucially, with each other. By infusing our geographies with anarchism we unleash a spirit of rebellion that foregoes a politics of waiting for change to come at the behest of elected leaders and instead engages new possibilities of mutual aid through direct action now. We can no longer accept the decaying, archaic geographies of hierarchy that chain us to statism, capitalism, gender domination, racial oppression, and imperialism. We must reorient geographical thinking towards anarchist horizons of possibility. Geography must become beautiful, wherein the entirety of its embrace is aligned to emancipation. © 2016 by the Regents of the University of Minnesota. All rights reserved.
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The Discourse of Neoliberalism: An Anatomy of a Powerful Idea explores the internal workings of capitalism’s most infamous contemporary offspring by dissecting the diverse interpretations of neoliberalism that have been advanced in academia. Using a critical geographical approach to pierce the heart of neoliberal theory, the book arrives at a discursive understanding wherein political economic approaches to neoliberalism are sutured together with poststructuralist interpretations in an attempt to overcome the ongoing ideological impasse that prevents the articulation of a more vibrant solidarity on the political left. Reading neoliberalism as a discourse better equips us to understand the power of this variegated economic formation as an expansive process of social-spatial transformation that is intimately bound up with the production of poverty, inequality, and violence across the globe. In examining how imaginative geographies are employed to discursively bind neoliberalism’s attendant violence to particular places and thereby blame its victims, this vivisection of neoliberalism reveals the concealment of an inherently bloodthirsty character to an ever-mutating process of socio-spatial transformation that simply refuses to die.
Article
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Re‐reading the economic landscape of the western world as a largely non‐capitalist landscape composed of economic plurality, this paper demonstrates how economic relations in contemporary western society are often embedded in non‐commodified practices such as mutual aid, reciprocity, co‐operation and inclusion. By highlighting how the long‐overlooked lived practices in the contemporary world of production, consumption and exchange are heavily grounded in the very types and essences of non‐capitalist economic relations that have long been proposed by anarchistic visions of employment and organization, this paper displays that such visions are far from utopian: they are embedded firmly in the present. Through focusing on the pervasive nature of heterodox economic spaces in the UK in particular, some ideas about how to develop an anarchist future of work and organization will be proposed. The outcome is to begin to engage in the demonstrative construction of a future based on mutualism and autonomous modes of organization and representation.
Article
This article offers a critical response to Simon Springer’s ‘Why a Radical Geography Must Be Anarchist’. From a Marxist perspective, the autonomist and anarchist tactics and sentiments that have animated a great deal of political activism over the last few years (in movements like ‘Occupy’) have to be appreciated, analyzed, and supported when appropriate. To the degree that anarchists of one sort or another have raised important issues that are all too frequently ignored or dismissed as irrelevant in mainstream Marxism, dialogue—let us call it mutual aid—rather than confrontation between the two traditions is a far more fruitful way to go. Conversely, Marxism, for all its past faults, has a great deal to offer to the anti-capitalist struggle in which many anarchists are also engaged. Judging from his piece, however, Springer would want no part in such a project. He seems mainly bent on polarizing the relation between anarchism and Marxism as if they are mutually exclusive if not hostile. There is, in my view, no point in that. Honest disagreements should not be a barrier to fertile collaborations in anti-capitalist struggles. So the conclusion I reach is this: let radical geography be just that: radical geography, free of any particular ‘ism’, nothing more, nothing less.
Book
In the best tradition of participant-observation, anthropologist David Graeber undertakes the first detailed ethnographic study of the global justice movement. Starting from the assumption that, when dealing with possibilities of global transformation and emerging political forms, a disinterested, "objective" perspective is impossible, he writes as both scholar and activist. At the same time, his experiment in the application of ethnographic methods to important ongoing political events is a serious and unique contribution to the field of anthropology, as well as an inquiry into anthropology's political implications. The case study at the center of Direct Action is the organizing and events that led to the dramatic protest against the Summit of the Americas in Québec City in 2001. Written in a clear, accessible style (with a minimum of academic jargon), this study brings readers behind the scenes of a movement that has changed the terms of debate about world power relations. From informal conversations in coffee shops to large "spokescouncil" planning meetings and teargas-drenched street actions, Graeber paints a vivid and fascinating picture. Along the way, he addresses matters of deep interest to anthropologists: meeting structure and process, language, symbolism, representation, the specific rituals of activist culture, and much more.