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L'espérance de vie s'accroît, les inégalités sociales face à la mort demeurent, Insee première n°1372

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Abstract

En un quart de siècle, les hommes de 35 ans ont gagné cinq années d’espérance de vie et les femmes quatre années et demie. Toutes les catégories sociales ont profité de ce progrès, même si les écarts entre les cadres et les ouvriers se sont maintenus. Les hommes cadres vivent en moyenne 6,3 ans de plus que les hommes ouvriers, dans les conditions de mortalité de 2000-2008. Chez les femmes, les inégalités sociales sont moins marquées, seuls 3,0 ans séparent les cadres et les ouvrières. Quelle que soit leur catégorie sociale, les femmes vivent plus longtemps que les hommes. Même l’espérance de vie des ouvrières est supérieure d’un an et demi à celle des hommes cadres.
N° 1372 - OCTOBRE 2011
L’espérance de vie s’accroît,
les inégalités sociales
faceàlamortdemeurent
Nathalie Blanpain, division Enquêtes et études démographiques, Insee
E
n un quart de siècle, les hommes
de 35 ans ont gagné cinq années
d’espérance de vie et les femmes
quatre années et demie. Toutes les caté-
gories sociales ont profitédeceprogrès,
même si les écarts entre les cadres et les
ouvriers se sont maintenus. Les hommes
cadres vivent en moyenne 6,3 ans de plus
que les hommes ouvriers, dans les condi-
tions de mortalité de 2000-2008. Chez les
femmes, les inégalités sociales sont
moins marquées, seuls 3,0 ans séparent
les cadres et les ouvrières.
Quelle que soit leur catégorie sociale, les
femmes vivent plus longtemps que les
hommes. Même l’espérance de vie des
ouvrières est supérieure d’un an et demi à
celle des hommes cadres.
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale,
l’espérance de vie a progressé sans interrup-
tion. D’après l’Échantillon démographique
permanent (
sources
), à 35 ans, une femme
peut espérer vivre en moyenne encore 49 ans
et un homme 43 ans, dans les conditions de
mortalité observées en 2000-2008 en France
métropolitaine (
encadré 1
).
En un quart de siècle, les femmes de 35 ans
ont gagné 4,4 ans d’espérance de vie (
défini-
tions
) et les hommes 5,0 ans. La baisse de la
mortalité a profité à peu près de la même façon
à toutes les catégories sociales (
définitions
):
les femmes ont ainsi gagné entre 3,9 et 4,8 ans
selon leur catégorie sociale et les hommes de
4,3 à 5,5 ans (
tableau
).
De fortes inégalités sociales
faceàlamort
Différente selon le sexe, l’espérance de vie
l’est aussi selon la catégorie sociale. Ainsi, l’es-
pérance de vie d’une femme cadre de 35 ans
est de 52 ans tandis que celle d’une ouvrière
n’est que de 49 ans. L’espérance de vie des
ouvrières d’aujourd’hui correspond à celle des
femmes cadres au milieu des années
quatre-vingt. De leur côté, les hommes cadres
de 35 ans peuvent espérer vivre encore 47 ans
et les hommes ouvriers 41 ans. Par ailleurs, les
cadres, hommes ou femmes, ont également
une espérance de vie sans incapacité (
défini-
tions
) plus longue que les ouvriers, d’après une
étude basée sur l’Échantillon démographique
permanent et l’enquête sur la Santé et les soins
médicaux de 2003.
Les écarts d’espérance de vie illustrent bien les
inégalités sociales face à la mort, mais il s’agit
d’une moyenne qui ne met pas en évidence le
risque de mourir précocement par exemple.
Pour les hommes comme pour les femmes, ce
risque est plus élevé pour les ouvriers que pour
les cadres. Un homme de 35 ans, soumis toute
sa vie aux conditions de mortalité de
2000-2008, a 13 % de risque de mourir avant
60 ans s’il est ouvrier, contre 6 % s’il est cadre
(respectivement 5 % et 3 % pour une femme).
De même, il a 27 % de risque de mourir avant
70 ans s’il est ouvrier et 13 % s’il est cadre
INSEE
PREMIERE
47,5
49,7 49,8
51,7
48,7
47,2
46,3
44,4
41,7
43,7
45,8
47,2
40,9
38,8
37,3
35,7
30
35
40
45
50
55
1976-1984 1983-1991 1991-1999 2000-2008
Femme cadre
Femme ouvrière
Homme cadre
Homme ouvrier
Ans
Espérance de vie à 35 ans par sexe
pour les cadres et les ouvriers
Lecture : en 2000-2008, l'espérance de vie des femmes cadres de
35 ans est de 51,7 ans.
Champ : France métropolitaine.
Source : Insee, Échantillon démographique permanent.
(respectivement 11 % et 7 % pour une
femme). Enfin, parmi les hommes, un
ouvrier sur deux n’atteindrait pas 80 ans,
contre un cadre sur trois.
Les natures-mêmes des professions
exercées expliquent en partie ces
écarts. En effet, les cadres ont moins
d’accidents, de maladies ou d’exposi-
tions professionnels que les ouvriers.
Par ailleurs, ils appartiennent à un
groupe social dont les modes de vie sont
favorables à une bonne santé : les
comportements de santé à risque, le
moindre recours et accès aux soins, ou
encore l’obésité sont plus fréquents
chez les ouvriers que chez les cadres.
Enfin, l’état de santé peut lui-même
influer sur l’appartenance à une caté-
gorie sociale : une santé défaillante peut
empêcher la poursuite d’études, le
maintien en emploi, ou rendre plus diffi-
cile les promotions et l’accès aux
emplois les plus qualifiés en cours de
carrière.
Les ouvrières vivent
plus longtemps
que les hommes cadres
Les femmes vivent plus longtemps que les
hommes quelle que soit leur catégorie
sociale. Et même les ouvrières, les femmes
les moins favorisées en termes d’espérance de
vie (hormis les inactifs non retraités ), vivent en
moyenne 1,5 année de plus que les
hommes cadres, les plus favorisés à cet
égard (
tableau
et
graphique 1
).
Pourtant, les ouvrières cumulent
plusieurs facteurs défavorables pour
la santé : leurs revenus sont inférieurs
à ceux des hommes cadres et
certaines de leurs conditions de travail
sont plus pénibles (exposition à des
produits toxiques, effort physique, …).
Elles ont en revanche certains
comportements de santé plus favora-
bles que les hommes cadres. D’après
l’enquête Handicap-Santé de 2008,
les femmes consomment moins d’alcool
que les hommes à tout âge. Après
60 ans, elles fument également moins.
Avant 60 ans, elles bénéficient d’un
meilleur suivi médical en particulier
pendant la vie féconde, ce qui pourrait
contribuer à améliorer leur espérance de
vie. Enfin, les femmes disposeraient
INSEE
PREMIERE
INSEE PREMIÈRE figure dès sa parution sur www.insee.fr
2,76
2,12
2,47
2,76
1,21
1,23
1,20
1,21
0,66 0,62 0,60 0,59
0,0
0,2
0,4
0,6
0,8
2000-2008
1,0
1991-1999
1,2
1983-1991
1,4
1976-1984
1,6
1,8
2,0
2,2
2,4
2,6
2,8
3,0
Inactifs non retraités
Ouvriers
Employés
Professions intermédiaires
Cadres
Indice standardisé de mortalité des hommes entre
35 et 80 ans par période et catégorie sociale
Note : pour les ouvriers, l'ISM a 90 % de chance d'être compris entre 1,19 et 1,23 en 2000-2008.
Lecture : en 2000-2008, 121 décès d'ouvriers sont observés entre 35 et 80 ans, contre 100
décès s’ils avaient le même niveau de mortalité que l’ensemble de la population masculine. Le
rapport 121/100 constitue l'indice standardisé de mortalité.
Champ : France métropolitaine.
Source : Insee, Échantillon démographique permanent.
0,2
0,6
1,0
1,4
1,8
2,2
2,6
3,0
0,0
0,4
0,8
1,2
1,6
2,0
2,4
2,8
1976-1984 1983-1991 1991-1999 2000-2008
1,33
1,05 1,09 1,13
0,65
1,17
1,14
1,10
1,05
0,77
0,64
0,76
Inactives non retraitées
Ouvrières
Employées
Professions intermédiaires
Cadres
Indice standardisé de mortalité des femmes entre
35 et 80 ans par période et catégorie sociale
Note : pour les ouvrières, l'ISM a 90 % de chance d'être compris entre 1,08 et 1,18 en 2000-2008.
Lecture : en 2000-2008, 113 décès d'ouvrières sont observés entre 35 et 80 ans, contre
100 décès si elles avaient le même niveau de mortalité que l’ensemble de la population
féminine. Le rapport 113/100 constitue l'indice standardisé de mortalité.
Champ : France métropolitaine.
Source : Insee, Échantillon démographique permanent.
Cadres Professions
intermédiaires Agriculteurs
Artisans,
commerçants,
chefs d’entreprise
Employés Ouvriers Inactifs
non retraités Ensemble Écart cadres-
ouvriers
Homme
1976-1984 41,7 40,5 40,3 39,6 37,2 35,7 27,7 37,8 6,0
1983-1991 43,7 41,6 41,7 41,0 38,6 37,3 27,5 39,2 6,4
1991-1999 45,8 43,0 43,6 43,1 40,1 38,8 28,4 40,8 7,0
2000-2008 47,2 45,1 44,6 44,8 42,3 40,9 30,4 42,8 6,3
Écart 2000-2008 et 1976-1984 5,5 4,6 4,3 5,2 5,1 5,2 2,7 5,0
Femme
1976-1984 47,5 46,4 45,7 46,0 45,6 44,4 44,3 45,0 3,1
1983-1991 49,7 48,1 46,8 47,4 47,4 46,3 45,4 46,4 3,4
1991-1999 49,8 49,5 48,8 48,8 48,7 47,2 47,1 48,0 2,6
2000-2008 51,7 51,2 49,6 50,3 49,9 48,7 47,0 49,4 3,0
Écart 2000-2008 et 1976-1984 4,2 4,8 3,9 4,3 4,3 4,3 2,7 4,4
Espérance de vie à 35 ans par sexe et catégorie sociale
Note : pour les hommes cadres, l'espérance de vie a 90 % de chance d'être comprise entre 46,9 ans et 47,5 ans en 2000-2008 (voir
Document de travail
n° F1108).
Lecture : en 2000-2008, l'espérance de vie des hommes cadres de 35 ans est de 47,2 ans, soit 6,3 ans de plus que celle des hommes ouvriers.
Champ : France métropolitaine.
Source : Insee, Échantillon démographique permanent.
aussi d’avantages biologiques expli-
quant en partie leur espérance de vie
plus longue (moins de maladies généti-
ques, …), selon certaines études (
biblio-
graphie
). Les ouvrières vivent certes
plus longtemps que les hommes
cadres, mais leur espérance de vie
sans incapacité est en revanche plus
faible, selon une étude basée sur des
données de 2003.
L’écart d’espérance de vie hommes-femmes
varie selon les groupes sociaux : de 4,5 ans
pour les cadres, il passe à 7,8 ans pour les
ouvriers. En France, comme dans les
autres pays européens, l’écart d’espérance
de vie à 35 ans entre les hommes et les
femmes est donc le plus faible en haut de
l’échelle sociale.
Des inégalités sociales
plus fortes chez les hommes
que chez les femmes
6,3 années, c’est l’écart d’espérance de
vie entre les hommes cadres et ouvriers,
il n’est que de 3,0 ans chez les femmes
(
tableau
et
graphique 1
). En France, les
inégalités sociales face à la mort sont
plus fortes chez les hommes que chez les
femmes, tout comme dans le reste de
l’Europe (selon le diplôme). Le suivi
médical régulier des femmes pourrait
réduire les inégalités sociales face à la
mort parmi les femmes.
Par ailleurs, les différences entre cadre et
ouvrier concernant l’environnement de
travail et les conditions d’hygiène (expo-
sition à la saleté, l’humidité, aux tempéra-
tures élevées ou basses, ...) sont plus
grandes parmi les hommes que parmi les
femmes, d’après l’enquête Conditions de
travail de 2005. Pour 55 % des hommes
ouvriers, la saleté fait partie des inconvé-
nients de leur travail, soit 7 fois plus que
pour les hommes cadres, alors que les
femmes ouvrières ne le déclarent que 4
fois plus souvent que les femmes
cadres. De même, les inégalités socia-
les dues aux efforts physiques et aux
risques professionnels sont en général
plus fortes chez les hommes que chez
les femmes. Enfin, la durée de travail
(hebdomadaire ou tout au long de la
vie) est plus faible pour les femmes,
réduisant ainsi leur exposition à des
risques professionnels.
Les écarts entre cadres
et ouvriers s’atténuent avec l’âge
Les différences de mortalité entre les
cadres et les ouvriers s’atténuent avec
l’avancée en âge : à 45 ans, le risque de
mourir dans l’année est 2,5 fois plus fort
pour un homme ouvrier que pour un
cadre ; à 90 ans, ce risque n’est plus que
1,4 fois plus important. Il en va de même
chez les femmes : à 45 ans, le risque est
2,0 fois plus grand ; à 90 ans, il l’est 1,3
fois plus. Les inégalités sociales sont
donc plus marquées chez les plus
jeunes. En effet, 90 ans après la
INSEE
PREMIERE
INSEE PREMIÈRE figure dès sa parution sur www.insee.fr
Encadré 1
L’espérance de vie par catégorie sociale
L’espérance de vie est l’âge moyen au
décès pour une génération fictive qui
serait soumise toute sa vie aux conditions
de mortalité actuelles. C’est un bon indi-
cateur synthétique des conditions de mor-
talité du moment. Toutefois, aucune
génération ne connaît tout au long de sa
vie les conditions de mortalité actuelles.
Les générations les plus anciennes ont
été soumises à des conditions de mortalité
plus défavorables que les jeunes. Et si les
tendances se poursuivent, ces dernières
connaîtront de meilleures conditions de
mortalité.
L’étude de la mortalité d’une génération
n’est évidemment possible que pour des
générations anciennes. Leur étude
confirme les tendances observées sur les
espérances de vie : par exemple, 13 %
des ouvrières âgées de 40 à 49 ans en
1968 sont mortes avant 70 ans, alors que
c’était le cas de 19 % des hommes cadres
du même âge.
L’étude de l’espérance de vie par caté-
gorie sociale ne prend pas en compte la
mobilité sociale. On calcule l’âge moyen
au décès d’une personne qui aurait tout au
long de sa vie les conditions de mortalité
actuelles d’une catégorie sociale donnée.
Les personnes ayant connu une ascen-
sion sociale ont en général une mortalité
comprise entre celle de leur catégorie
sociale de départ et celle de leur catégorie
d’arrivée, même si les écarts sont parfois
faibles et que cette relation est moins
claire pour les femmes (
bibliographie
).
Encadré 2
Les effets de structure : le cas des inactifs non retraités
Comparer l’espérance de vie des cadres
en 1976-1984 à celle des cadres en
2000-2008 nécessite de rapprocher des
groupes sociaux dont la part dans la
population n’est plus la même. Ainsi, sur
cette période, la proportion de cadres de
plus de 30 ans augmente de 10 % à 14 %
pour les hommes et de 2 % à 6 % pour les
femmes. Cette progression et l’évolution
de la société ont modifié les caractéristi-
ques des groupes sociaux en termes de
diplômes, de revenus, de modes de vie ou
de conditions de travail. Ces modifications
de structure peuvent avoir des répercus-
sions sur les évolutions de l’espérance de
vie. C’est le cas notamment pour les inac-
tifs non retraités (
définitions
), dont la part
a fortement baissé parmi les femmes.
L’espérance de vie à 35 ans des inactifs
non retraités a beaucoup moins progres-
sé que celle des actifs ou retraités depuis
le début des années quatre-vingt : 2,7 ans
en plus pour les hommes comme pour les
femmes. L’écart entre les inactifs non re-
traités et l’ensemble de la population s’est
donc accru. Il passe de 10,1 ans au début
des années quatre-vingt à 12,4 ans dans
les années 2000 pour les hommes et de
0,7 ans à 2,4 ans pour les femmes. De
même, depuis le début des années
quatre-vingt, l’indice standardisé de
mortalité (
définitions
) entre 35 et 80 ans
des inactifs non retraités augmente : de
2,1 à 2,8 pour les hommes et de 1,1 à
1,3 pour les femmes, alors qu’il reste
stable pour les actifs ou retraités, à des
niveaux inférieurs. En vingt-cinq ans, la
population des inactifs a changé. Chez
les femmes, la proportion d’inactives a
beaucoup baissé : 45 % des femmes de
plus de 30 ans étaient inactives en 1975
et 21 % seulement en 1999. Les carac-
téristiques de ces femmes ne sont plus
les mêmes. Par exemple, la part de
l’inactivité liée à des problèmes de
santé a pu augmenter relativement. En
1999, seuls 3,6 % des hommes sont
inactifs (2,4 % en 1975). Les tensions
sur le marché du travail ont pu aggra-
ver les difficultés d’emploi des person-
nes en mauvaise santé et donc leur
part relative dans l’inactivité, ce qui
pourrait expliquer que l’espérance de
vie des hommes inactifs augmente
moins vite que celle des hommes actifs
ou retraités.
naissance, les personnes les plus fragi-
les et les plus exposées sont décédées.
De plus, il n’y a plus d’accidents du
travail passé l’âge de la retraite.
Depuis 25 ans, les inégalités
sociales face à la mort
se maintiennent
Les écarts d’espérance de vie entre
catégories sociales sont stables depuis
25 ans. Ainsi en 2000-2008, la diffé-
rence d’espérance de vie entre un
ouvrier de 35 ans et un cadre du même
âge est de 6,3 années et de 3,0 années
chez les femmes. Depuis le début des
années quatre-vingt, cet écart est
proche de 6,5 ans pour les hommes et
de 3,0 ans pour les femmes (
graphique
1
). De même, celui entre cadres et
employés se maintient depuis cette
époque, proche de 5 ans pour les
hommes et de 1,8 an pour les femmes.
Seuls les écarts entre les inactifs non
retraités et l’ensemble de la popula-
tion se sont accrus pour les hommes
comme pour les femmes (
encadré 2
).
L’indice standardisé de mortalité
(
définitions
) illustre ce maintien des
inégalités sociales sur longue période.
Aujourd’hui, la probabilité de mourir
entre 35 et 80 ans serait ainsi 1,21 fois
plus élevée pour les hommes ouvriers
que pour l’ensemble des hommes, à
structure par âge identique (
graphique 2
).
Depuis le début des années
quatre-vingt, cet indice est proche de
1,2 pour les hommes ouvriers et de 0,6
pour les hommes cadres. Pour les
femmes, il est proche de 1,1 pour les
ouvrières et de 0,7 pour les cadres quelle
que soit la période observée (
graphique 3
).
Sources
L’Échantillon démographique permanent
(EDP) regroupe des données d’état civil (dont
les décès) et de recensements et ce pour
1/100ede la population. Il permet de suivre la
mortalité des personnes au fil du temps en
fonction de leurs caractéristiques sociodémo-
graphiques observées aux recensements.
La mortalité par catégorie sociale est
analysée sur quatre périodes de neuf
années, cette amplitude a été retenue pour
disposer d’effectifs suffisants de décès et
de population. La mortalité des années
2000-2008 est étudiée selon la catégorie
sociale en 1999.
Lechampdecetttudeselimiteàla
France métropolitaine, l’EDP n’a intégré
les personnes domiciliées dans les dépar-
tements d’outre-mer que depuis 2008.
Définitions
L’espérance de vie à 35 ans d’une catégorie
sociale est le nombre moyen d’années restant
à vivre à cet âge (pour une génération fictive
de personnes survivantes à 35 ans soumises
à chaque âge aux probabilités de décès de
cette catégorie sur la période étudiée). Elle
caractérise la mortalité du groupe social selon
les conditions de mortalité en vigueur sur une
période donnée et indépendamment de la
structure par âge du groupe.
Dans cette étude, sept catégories sociales
ont été retenues : agriculteurs ; artisans,
commerçants, chefs d’entreprise ; cadres
et professions intellectuelles supérieures ;
professions intermédiaires ; employés ;
ouvriers ; inactifs non retraités.
Les retraités sont reclassés selon leur
ancienne profession et les chômeurs ayant
déjà travaillé selon la catégorie sociale du
dernier emploi qu’ils ont occupé. Les
personnes au foyer non retraitées sont clas-
sées dans la catégorie des inactifs non
retraités. Les inactifs non retraités
regroupent donc les personnes au foyer, les
autres personnes sans emploi (hors retraités),
ainsi que les chômeurs n’ayant jamais travaillé.
L’espérance de vie sans incapacité est le
nombre d’années sans incapacité qu’il
resterait à vivre en moyenne aux individus
d’un groupe dans les conditions de mortalité
d’une période donnée. L’enquête sur la
Santé et les soins médicaux de 2003
permet de distinguer trois situations d’inca-
pacitéselon leurs besoins de soins, d’assis-
tance ou d’aides techniques particulières
(
bibliographie
).
L’indice standardisé de mortalité (ISM)
est le rapport, pour un groupe donné, entre
le nombre de décès observés sur une
période donnée et le nombre de décès qui
seraient survenus au cours de cette
période si ce groupe avait été soumis aux
conditionsdemortalitédelensembledela
population. Pour les hommes ouvriers
entre 35 et 80 ans, cet indice vaut 1,21 pour
la période 2000-2008. Cela signifie que
121 décès chez les hommes ouvriers sont
observés entre 35 et 80 ans, contre 100 décès
s’ils avaient le même niveau de mortalité
que l’ensemble de la population masculine.
Bibliographie
Blanpain N., Chardon O., « Les inégalités
sociales face à la mort - Tables de mortalité par
catégorie sociale et indices standardisés de
mortalité pour quatre périodes »,
Document de
travail
, n° F1108, Insee, 2011.
Cambois E., « Careers and mortality in
France : evidence on how far occupational
mobility predicts differentiated risks »,
Social
science and medicine
n° 58, juin 2004.
Cambois E., Laborde C., Robine J.-M.,
« La « double peine » des ouvriers : plus
d’années d’incapacité au sein d’une vie
plus courte »,
Population et Sociétés
n° 441, Ined, janvier 2008.
Vallin J., « Mortalité, sexe et genre »
dans : Caselli G., Vallin J., Wunsch G.,
« Démographie. Analyse et synthèse III - Les
déterminants de la mortalité »,
Édition de
l’Ined
, Paris, 2002.
Corsini V., « Highly educated men and
women likely to live longer. Life expentancy by
educational attainment »,
Statistics in focus
n° 24/2010, Eurostat, 2010.
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Maquette : Mireille Brunet
Impression : Jouve
Code Sage IP111372
ISSN 0997 - 3192
© INSEE 2011

Supplementary resource (1)

... Introduction que chez les femmes (Blanpain, 2011(Blanpain, , 2016(Blanpain, , 2018. Ce résultat n'est cependant pas transposable aux autres dimensions de la santé, dans lesquelles les inégalités apparaissent autant, voire plus importantes, chez les femmes pour certaines pathologies ou pour la santé mentale (Mackenbach et al., 2008;Neufcourt et al., 2020). ...
... Les recherches qui mesurent des écarts d'espérance de vie en fonction d'indicateurs complémentaires de la position sociale, à savoir la catégorie socioprofessionnelle, le niveau de vie, ou encore le niveau de diplôme, ont d'abord mis en évidence les inégalités sociales face à la mort. Blanpain (2011Blanpain ( , 2016Blanpain ( , 2018, à partir des données de l'échantillon démographique permanent, analyse les écarts de mortalité et leur évolution depuis la fin des années 1975. Elle montre alors qu'en dépit de l'augmentation de l'espérance de vie, de 7 ans pour les hommes, et de 5 ans et demi pour les femmes, les inégalités face à la mort en fonction de la catégorie sociale sont restées constantes. ...
Thesis
En dépit de la féminisation du marché du travail, l’inactivité professionnelle est un statut d’emploi surreprésenté dans les parcours de vie féminins, dont le lien avec l’état de santé reste insuffisamment compris. En combinant méthodes quantitatives à partir de deux bases de données longitudinales (SIP, Constances) et méthodes qualitatives à partir de 30 récits de vie, cette thèse vise à identifier dans quels cas l’inactivité professionnelle est liée à un vieillissement en bonne ou mauvaise santé chez les femmes, en distinguant ses temporalités, et les configurations professionnelles, familiales, sociales dans lesquelles elle s'inscrit. Je montre d’abord que les trajectoires d’emploi marquées par des périodes d’inactivité professionnelle longues, définitives, ou répétées, accompagnent une moins bonne santé mentale après 50 ans. En revanche, les femmes qui ont connu des interruptions temporaires, même longues, sont en meilleure santé que celles qui ont connu des trajectoires d’emploi continues, mais instables, caractérisées par des expositions professionnelles ou par des difficultés d’articulation travail/famille. À côté de ces caractéristiques de l’emploi, l’histoire conjugale et la position sociale définissent aussi les trajectoires d’emploi critiques, en jouant sur les arbitrages entre inactivité professionnelle et emploi, et sur les coûts économiques et symboliques de l’inactivité professionnelle. L’absence de conjoint aux âges élevés, un faible niveau de revenus ou de diplôme, renforcent le désavantage de santé mentale lié à l’inactivité professionnelle longue ou définitive, et aux allers-retours dans l’emploi.
... In 2005, Cadot et al. reported that living in an area in or around Paris with low average household income was associated with double the risk of obesity 7 . In 2008, over the previous quarter of a century 35-year-old French women had gained 4.4 years in terms of life expectancy, while that of 35year-old men had increased by 5 years 8 . However, the gain in life expectancy was hardly the same for one and all; it came out to an average of 4.4 years for a female executive, 3.9 for a female farmer, 5.5 for a male executive and 4.3 for a male farmer. ...
Article
Background. There exists a social gradient in tobacco use: people with high professional status and those with a high level of education smoke less than others. The existence of a social gradient regarding the e-cigarette use is more controversial. Aim. To describe the relationship between social status and e-cigarette use among adults visiting family practice units. Methods. A cross-sectional survey from baseline data collected in an observational cohort, in the Aquitaine area (France). Patients from eight primary care units between May and October 2015 were included if they were willing to participate. Results. 473 patients were included among 510 respon-ders, 51% of whom were smokers. Experimentation with the e-cigarette concerned 36% of patients and 13% were current users. The likelihood of smoking was greater among tenants and those with only a high school educa-tion. There was no relationship between the use of e-cigarette (experimentation or current use) and socio-economic status. Conclusion. On the other hand, this study did not show any social gradient in e-cigarette use among family prac-tice patients. The patients seemed to have taken ow-nership of this tool, regardless of their social status. General practitioners should support them by proposing to e-cigarette users a personal assistance leading to cessation or the reduction of smoking.
... D'après l'enquête Santé et protection sociale de 2014, 11 % des adultes parmi les 20 % les plus modestes disent avoir renoncé pour des raisons financières à consulter un médecin au cours des 12 derniers mois, contre 1 % des adultes parmi les 20 % les plus aisés [195]. Les hommes cadres vivent en moyenne 6,3 ans de plus que les hommes ouvriers, dans les conditions de mortalité de 2000-2008 [196]. ...
Thesis
La fibrose pulmonaire idiopathique (FPI), est la plus fréquente et la plus grave des pneumopathies interstitielles idiopathiques. Son pronostic est sombre, avec une médiane de survie d'environ 3 à 5 ans. Bien que de cause inconnue, certaines expositions sont associées à un risque accru de FPI : tabac, expositions professionnelles (poussière de bois, métaux, silice, milieu agricole). Une première étude en Corée a suggéré le rôle de certains polluants ozone (O3) et dioxyde d’azote (NO2) sur la survenue d’exacerbation aiguë (EA) de FPI. Les niveaux et types d’expositions aux polluants aériens sont fortement liés au niveau socioéconomique. Or, les données disponibles sur les facteurs socioéconomiques dans la FPI sont rares. Nous faisons les hypothèses que, la pollution atmosphérique en France ainsi que le revenu puissent influencer l’histoire naturelle de la FPI. A partir de la cohorte multicentrique prospective française de FPI (COhorte FIbrose, COFI), nous avons étudié le rôle de la pollution atmosphérique (O3, NO2, PM10, PM2.5) sur la survenue d’EA, de la progression et du décès). Le second travail a porté l’impact du revenu, sur la survie des patients. Les résultats montrent qu’une exposition accrue à l’O3 est un facteur de risque d’EA-FPI et qu’une exposition cumulée élevée aux particules fines (PM10, PM2.5) est un facteur de mauvais pronostic et qu’un revenu faible est un facteur de mauvais pronostic pour la survie globale et sans progression. La pollution de l’air et précarité pourraient influencer le pronostic de la FPI. Une approche de type « exposome » nous permettrait de mieux étudier le rôle des facteurs sociaux et environnementaux dans la progression de la FPI.
... Des données sont désormais disponibles sur l'impact des confinements sur la santé mentale au sein de certaines populations et sur l'augmentation de violences domestiques et de pratiques addictives [3][4][5][6][7]. Plus généralement, on sait maintenant que la dégradation de la conjoncture économique à long terme risque d'être associée à l'augmentation de certaines maladies, en particulier pour les populations exposées au chômage [8]. Les économistes peuvent contribuer à guider la collectivité face à ces arbitrages, en mobilisant les outils qu'ils utilisent habituellement pour évaluer des interventions coûteuses de nature diverse (médicaments, dispositifs médicaux, mais aussi programmes de dépistage, infrastructures routières ou encore programmes éducatifs). ...
... Proportion d'individus qui auront vécu au moins une fois en couple selon l'année de naissance et le diplôme Note : l'apparente convergence dans les années 1920 entre la courbe correspondant aux hommes les moins diplômés et les autres courbes semble devoir être attribuée à un effet de sélection découlant des différences de mortalité selon le milieu social au-delà de 70 ans(Blanpain, 2011). ...
Thesis
Le constat d’une persistance de l’homogamie sociale est régulièrement réitéré ; la tendance à former des couples dans lesquels la femme occupe une position inférieure à son conjoint – hypergamie féminine – est elle aussi bien documentée : l’amour est loin d’être aveugle aux distinctions sociales. Pourtant, on a un peu rapidement conclu de ce résultat majeur que ces phénomènes étaient restés stables dans le temps. Cette thèse montre, à l’aide de données de grandes enquêtes, que l’homogamie s’est nettement affaiblie du point de vue du diplôme, de la classe et de l’origine sociales au cours des quarante dernières années en France. Cette évolution va au-delà de ce que l’évolution de la structure de la population implique (homogamie relative) : la composition des couples s’est rapprochée d’une situation de choix au hasard. L’hypergamie s’est elle aussi fortement réduite, et s’est même inversée en termes de diplôme, les femmes étant désormais plus diplômées que leurs conjoints depuis l’an 2000. En conséquence, le surcroît de célibat des femmes au statut social le plus élevé, et notamment des diplômées, qui tenait à leur position défavorable sur le marché conjugal, s’est résorbé. Les variations de ces deux dimensions du choix du conjoint parmi 64 régions d’Europe dans les années 2000 sont notables. L’homogamie d’éducation est plus élevée que l’homogamie socioéconomique ; l’hypergamie est majoritaire, mais n’est pas absolument généralisée. Le degré de libéralisme culturel et d’ouverture sociale apparaît comme le principal déterminant de ces deux phénomènes. Ils sont négativement corrélés au taux d’activité féminine, mais leur lien avec les inégalités économiques est ambigu.
... Dit autrement, plus la condition socio-économique d'une personne est basse, plus celle-ci risque d'être en mauvaise santé. En France par exemple, si l'espérance de vie augmente, les inégalités sociales face à la mort n'ont pas diminué (Autès, 2012 ;Blanpain, 2011 ; 42 . Les conditions socioéconomiques et l'état de santé agissent l'un sur l'autre de manière complexe. ...
Thesis
En posant un regard scientifique sur le vécu quotidien d’une population souvent négligée en sciences sociales et dans le débat public, la thèse vise à nourrir la réflexion sur l’inclusion dans la ville des personnes en fragilité psychique vieillissantes. L’objectif est d’interroger le rapport qu’elles entretiennent avec la ville, à travers l’étude de leurs géographies quotidiennes. Peuvent-elles pratiquer et s’approprier la ville comme elles le voudraient ? Trouvent-elles une place qui leur convient en tant qu’habitantes ? La recherche consiste en une étude qualitative des espaces de vie de 14 personnes en fragilité psychique vieillissantes (+50 ans) vivant dans une petite ville française ou dans les villages alentour. Ces personnes sont aussi adhérentes d’un Groupe d’Entraide Mutuelle (GEM), un dispositif d’entraide entre pairs organisé sous forme associative. La collecte des données s’appuie sur plusieurs mois d’observation participante au sein du GEM et sur deux séries d’entretiens (dont l’une avec réalisation d’une carte mentale) auprès des participants. L’analyse montre la multitude de facteurs contraignant les pratiques des participants, en particulier au regard de leur vie sociale, des loisirs et du logement. Les participants évoquent un sentiment mitigé d’appropriation des espaces, avec des géographies quotidiennes marquées par une alternance constante entre prises et manques de prises. L’analyse met aussi en lumière le statut particulier du GEM au sein de leurs espaces de vie. Celui-ci offre un espace-ressource dans la ville que les participants peuvent s’approprier. Ce dispositif, ouvert sur la ville, leur permet également de profiter de lieux où ils n’iraient pas seuls ou bien d’eux-mêmes, contribuant ainsi à diversifier et à accroître le périmètre des espaces de vie. L’analyse souligne la manière dont les adhérents se sont saisis collectivement de leur GEM pour agir eux-mêmes sur la ville et la rendre davantage inclusive.
Article
Les personnes sans-domicile meurent plus tôt et plus violemment que le reste de la population. L’analyse des homicides volontaires subis spécifiquement par ces personnes fournit deux enseignements principaux. Elles sont surexposées aux homicides volontaires en comparaison du reste de la population. Et, en prêtant attention aux circonstances de ces homicides, on constate qu’ils ont moins tendance à être résolus que le reste des homicides et qu’ils impliquent des mis en cause plus fréquemment sans-domicile.
Thesis
Cette thèse a pour objectif de comprendre les raisons du mal-être des salariés à la Cité des sciences et de l’industrie. Pour cela, deux approches originales sont proposées. Tout d’abord, l’histoire de l’organisation est considérée comme un élément-clef de la compréhension du phénomène. Elle permet notamment l’analyse approfondie du projet d’établissement, de ses évolutions, de ses incohérences, et leurs impacts sur les salariés. Nous analysons également la construction des grandes règles collectives ainsi que le modèle de gestion de la main d’œuvre. Nous montrons que le projet avance moins par vision stratégique que par effet d’opportunités et de réseaux. La gestion des équipes repose donc essentiellement sur les ressources individuelles, qui s’abîment au fur et à mesure des expériences vécues. En outre, c’est à partir de l’analyse des conflits interpersonnels et de leur émergence que nous avons réussi à démontrer qu’ils ne relèvent pas d’individus anomiques mais plutôt de la fuite des responsabilités des acteurs des espaces de régulation. Le phénomène de division des tâches et du champ des responsabilités favorise l’émergence de sujets tabous et de dysfonctionnements dans le temps long.L’enquête a été conduite entre 2012 et 2014, à partir d’une évaluation des risques psychosociaux. Des entretiens individuels et en groupe avec les directeurs et délégués, des représentants syndicaux, les professionnels des équipes en charge de la santé et de la sécurité au travail, ainsi que plusieurs salariés ont été menés. Un questionnaire en ligne a été passé à l’ensemble des équipes. Des documents de travail contemporains ainsi que des archives métiers et des présidences depuis 1979 ont également été traités.Cette thèse explore l’hypothèse selon laquelle l’organisation est une ressource dans la gestion des situations de travail, via des règles (les accords collectifs, les classifications, un système hiérarchique) et des acteurs (management, RH, collectif, IRP). Si le travailleur ne parvient pas à mobiliser les ressources organisationnelles, ou ne parvient pas à les rendre effectives pour la résolution d’un problème, il fait appel à ses ressources propres. Références et appuis mobilisables au quotidien, ces ressources impactent le regard et l’action d’un individu de façon objective et subjective. Lorsque les individus ont épuisé les ressources individuelles et organisationnelles dont ils disposent pour gérer la situation de travail, plusieurs effets sont observés. Le bien-être se dégrade lorsque la situation de travail n’évolue pas ou lorsque les ressources mobilisées s’avèrent inutiles à plusieurs reprises. Le processus de reconnaissance est alors rompu. L’entrée en conflit des acteurs peut s’avérer être une solution à condition que ce conflit soit mené avec des objectifs atteignables. Le cas échéant, les ressources mobilisées perdent en valeur. Les individus sont stigmatisés et se considèrent comme étant en échec. Le problème est jugé difficilement soluble et les acteurs de la régulation tendent à fuir sa prise en charge. C’est alors que les interactions professionnelles risquent de glisser d’une relation sociale encadrée par le support organisationnel, à des échanges uniquement régi par le rapport de force. Cela se traduit par le fait que les travailleurs font appel à des catégorisations qu’ils ont incorporées, fondées sur le sexe, la classe et la race ; au détriment de la prise en compte de leurs compétences professionnelles. Cette perte de visibilité de la compétence professionnelle est une source profonde de rupture, puisque celle-ci nécessite une révélation au long court pour être reconnues et partagées dans une organisation. Le conflit interpersonnel survient à ce moment. À ce niveau de mal-être social, la santé des individus est fortement dégradée.
Article
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Title: Protéger l’état de santé de la population ou respecter les libertés individuelles en contexte épidémique - Quelles contributions des économistes ? Abstract: La crise sanitaire liée à la pandémie de COVID-19 a conduit la collectivité à s’interroger sur la valeur accordée à la santé, par rapport aux autres dimensions de la vie. Mais dans quelle mesure les économistes disposaient-ils d’outils pour guider les décisions publiques dans ce contexte épidémique ? Certains arbitrages préexistaient à la crise : entre la protection de la santé de la population à court, ou moyen ou long terme, entre la protection de la santé de certaines populations au détriment d’autres, entre la protection de la santé de la population et la satisfaction de besoins extra-sanitaires (loisirs, éducation, etc.). Les outils que les économistes mobilisent pour évaluer les interventions innovantes et coûteuses (médicaments, programmes de dépistage, etc.) peuvent être utilisés pour éclairer le débat démocratique. La crise a toutefois soulevé des arbitrages plus inédits lorsqu’il s’est agi de choisir entre, d’une part, la protection de l’état de santé de la population, et, de l’autre, la protection des libertés individuelles. Est-il possible et légitime de mobiliser les méthodes issues de l’économie du bien-être pour trancher ce dilemme ?
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