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Agence universitaire de la Francophonie
O
pérateur direct de l’Organisation internationale
de la Francophonie
SOMMAIRE
- Éditorial: p. 1
À qui appartiennent les langues
?
Patrick Chardenet
- Points de vue p. 2
De la Réunion au Mexique, le grand bon professionnel
Georgia Grondin
Le français à l’université
: langue scientifique et langue d’horizons
Dmitry Lisachenko
-
Ressources & pratiques p. 4
Constantes et variations dans les types de formation de licence
Sidonie Lacome
- Lire en français p. 5
Avec nos remerciements à Didier Fessou et au quotidien de Dakar Le Soleil
- En français et en d’autres langues p. 8
édito
rial
Nouvelle série
l'université
10
e
année, numéro 3
9
0º
7
5º
7
5º
6
0º
6
0º
4
5º
4
5º
3
0º
3
0º
1
5º
1
5º
équateur
3
e
trimestre 2005
PATRICK CHARDENET
À qui appartiennent les langues?
L
’ensemble des programmes mondiaux de mobilité universitaire
1
c
ontribue
au mouvement d’accélération de la “circulation des cerveaux” dans
une économie du savoir qui doit être appréciée comme une source de
d
éveloppement global. Ne sous-estimons pas le fait que cette globalisa-
tion «vient sérieusement remettre en question un imaginaire social qui
repose sur une conception territorialisée de nos sociétés et qui privilégie
leur évolution dans le temps et secondarise la variable espace considérée
c
omme un donné»
2
.
Ainsi la notion instable de migrant, qui est fondée
sur un critère géographique, se distingue progressivement de celle
d’étranger, fondée sur un critère juridique lui-même soumis à l’évolution
d
es politiques d’accès à la nationalité, qui questionne la notion de
langue étrangère, ce qui pourrait avoir pour conséquence de contribuer
à déterritorialiser les langues. Si la langue hypercentrale échappe même
au Commonwealth
3
, si l’espagnol n’appartient pas à la Castille, au sein
m
ême de la Francophonie, le français n’appartient pas à la France pas
plus que le kiswahili que l’on peut apprendre en ligne
4
, n’est propriété
du Kenya, de la Tanzanie, de la République démocratique du Congo ou de
Z
anzibar. La rubrique
P
oints de vue
,
présente deux trajectoires d’en-
seignants de français en Russie et au Mexique qui témoignent des muta-
tions de la profession dans son rapport à la dynamique des langues.
N
ul doute que les chercheurs rassemblés au Cap-Vert (31 octobre-
7 novembre) pour le colloque international “Les créoles face aux défis
de l’éducation pour tous et de la mondialisation”, auront pris connais
-
sance du numéro de
La Revue française de linguistique appliquée qui
propose un dossier sur ces langues dont le nom échappe aux territoires
nationaux réduits à des positions d’adjectifs.
Deux ouvrages, deux notes de lecture traitant des rapports langues/
migrations en écho à de récents débats sur FRAMONDE à l’occasion de
l’appel à communications pour les Journées d’Études 2005 “La langue et
l’intégration des immigrants” (Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle,
Université McGill Montréal)
5
. Les migrations intéressent les sciences du
langage car elles s’inscrivent dans le champ beaucoup plus vaste des
déplacements dont la morphologie varie en fonction de critères com-
plexes dont celui des langues. Selon l’ONU, les migrants internationaux
seraient près de 175 millions en ce début du XXI
e
siècle
6
. Ils auraient été
75 millions en 1965, 105 millions en 1985 et 120 millions en 1990. Encore
ce chiffre n’inclut-il pas les réfugiés et les migrants irréguliers
7
. A cela
il faut ajouter la masse des voyages courts (professionnels, d’études,
de tourisme, de visites, de traitement médical, de pèlerinages) qui est
estimée à un milliard
8
. Il est probable que ce vaste mouvement qui tient
en partie du paradoxe du droit qui permet presque à chacun de quitter
tout pays, mais pas encore de celui d’entrer dans un autre pays, va se
poursuive, dynamisant les relations inter-culturelles et interlinguis
-
tiques, déjà stimulées par l’essor des technologies de l’information et
de la communication.
Sommes-nous certains que la langue que nous enseignons est la langue
apprise par ceux auxquels nous nous adressons et qui sera celle que
nous espérons qu’ils parleront
? Face aux hétérogénéités croissantes,
peut-on compter sur des outils uniques pour enseigner? Nous savons
bien que non mais dans le même temps nous misons souvent sur des
Le français à l’université
Bulletin des départements
de français dans le monde
ISSN
1017-1150 (édition papier)
ISSN 1560-5957 (édition électronique)
Directrice de la publication
:
Michèle Gendreau-Massaloux
Rédaction
:
Patrick Chardenet
Conception et réalisation
:
www.bertuch.ca
La Rédaction remercie,
pour leur contribution à ce numéro
:
Jeannette Bingapiti, Marc Cheymol
Agence universitaire de la Francophonie
Opérateur direct de l’Organisation
internationale de la Francophonie
B.P. 400, Succ. Côte des Neiges,
Montréal (Québec),
H3S 2S7, Canada
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(514) 343.6630
Télécopieur: (514) 343.2107
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Reproduction entière ou partielle autorisée
avec mention de notre titre et de l’URL de notre site.
2
De la Réunion au Mex ique, le grand bon professionnel
À l’époque où j’ai décidé de quitter l’île de la Réunion pour poursuivre des études
d’espagnol dans le sud de la France, je ne pensais pas vraiment à l’expatriation.
D
e mon point de vue insulaire, il me semblait que loin là-bas en Europe quelque
chose de grandiose et d’inédit s’était mis en mouvement, auquel je voulais
prendre part. Et puis pourquoi ne pas tenter de faire connaître mon île à l’Europe
d
epuis l’extérieur, après tout sa diversité socio-culturelle constitue une excellente
p
réparation à percevoir la complexité des sociétés occidentales. Je suis donc
partie en 1993 décrocher une licence d’espagnol à l’Université d’Aix–Marseille 1.
Objectif: devenir professeur d’espagnol. Trois ans et une année de stage Erasmus
(
à Salamanca, Castilla y León, Espagne) plus tard, je bifurquais vers la spécialité
Français Langue étrangère (FLE) et son statut universitaire qui me semblait pourtant
mal défini, mais attirée par le côté professionnalisant de la formation à un moment
o
ù l’enseignement en France était en crise et succombant à l’intérêt mitigé que
j’avais ressenti à enseigner en quelques occasions peu satisfaisantes l’espagnol
en France.
A
u terme de la partie pratique de ce que l’on appelait avant le processus de
réforme LMD, la «maîtrise FLE» , j’ai intégré le programme des stages longs du
Ministère des Affaires étrangères qui consistait à passer plusieurs mois à l’étranger
c
omme stagiaire FLE chargé de la formation des professeurs de français. Paral-
lèlement je posais ma candidature dans le programme d’assistanat français en
Espagne. Ayant été acceptée aux deux programmes, j’ai finalement opté pour
le premier qui représentait non seulement l’opportunité de découvrir un nouveau
c
ontinent à partir d’une mission au Mexique mais qui en plus présentait un défi
et des perspectives autrement plus prometteuses pour moi, que l’assistanat.
Malgré mes études hispanophones, je connaissais mal la réalité du continent
l
atino-américain, et celle du Mexique en particulier.
Nommée à la Faculté des Langues de l’Université Autonome de l’État de México,
j’ai donc commencé comme stagiaire. Mes étudiants avaient entre 18 et 35 ans
e
t leur connaissance du français et de la France, de sa culture et des faits
francophones me paraissait extrêmement faible. D’autant qu’à la présence
discrète des francophones dans le pays, il faut ajouter que Toluca n’est pas
u
ne destination touristique ni une ville caractéristique des images de cartes
postales que l’on se fait du Mexique en général. Il est de plus révolu le temps
où le français était enseigné dans les collèges et lycées du pays et où les biblio-
graphies en langue française servaient de référence dominante dans les champs
du Droit ou de la Médecine. Aujourd’hui le français n’est plus enseigné dans les
institutions publiques d’enseignement secondaires qu’au gré de rares initiatives
locales manquant d’appuis logistiques ou d’accords anciens peu remis en valeur
comme dans la ville de Mexico. Ce sont les institutions privées de langues qui ont
pris la relève parfois dès la maternelle en faisant de l’enseignement de l’anglais
et parfois du français (plus récemment), leur fer de lance pour attirer des
parents soucieux de donner à leur progéniture une formation d’avant-garde ou
distinctive. Le français est aussi présent dans les grandes villes par le biais du
réseau des Alliances françaises mais très peu de nos étudiants les féquentent.
À mon arrivée il y avait cinq professeurs de français aux profils divers (dont 2
natives formées à la didactique du FLE) pour un effectif de 150 à 200 étudiants.
Mes responsabilités de professeur allaient de la préparation des cours à l’éva
-
luation de plans d’études en passant par l’élaboration de programmes d’études
et d’instruments d’évaluation des apprentissages. Ce qui représente un travail
de terrain élargi auquel on est peu préparé pendant les études de maîtrise
FLE (qui
représentent en fait aujourd’hui la première année de master). De plus, il faut
contempler les différences intrinsèques entre enseigner en université en
France
et à l’étranger, les cultures éducatives étant très variables. L’enseignement en
milieu universitaire en France suit des codes (implicites du reste) qui ne sont pas
forcément les mêmes que dans le pays d’accueil. Ainsi les rapports entre les
acteurs de l’enseignement – apprentissage ou encore les relations hiérarchiques
peuvent – elles répondre à divers schémas auxquels on doit apprendre à s’adapter.
En France, le professeur est perçu à travers son parcours universitaire, comme
le détenteur d’un savoir. On n’accordera que peu d’importance à ses qualités
pédagogiques s’il montre qu’il maîtrise son sujet. On objectera rarement le
manque de rétroaction et on contestera peu le contenu et la forme d’évaluation.
Au Mexique, le savoir est considéré comme secondaire si la personne chargée
de le dispenser ne montre aucune qualité humaine. Ce savoir est de plus, sécable
et négociable. En France peu importe vraiment
le chemin si on arrive au résultat,
au Mexique les objectifs passent après le processus même si ceci n’est pas toujours
formalisé, produit de la culture des relations humaines en général davantage que
de la relation pédagogique en particulier.
Très vite, le grand bon en avant. De par les besoins d’une licence en période de
consolidation institutionnelle, on m’a attribué des responsabilités administratives
touchant au choix des méthodes, à la sélection des chargés de cours et à l’or
-
ganisation des horaires des groupes. Éprouvant mais stimulant car un climat de
confiance permettait la prise d’initiatives. C’est ainsi que deux ans après mon
arrivée, j’obtenais un temps complet et devenais en 2002 la Coordinatrice de la
Licence en Langue et Culture Françaises. À ce poste j’ai été successivement
amenée à superviser un programme d’enseignement du français dans les lycées
(lancé en 2001 et clos depuis), un programme d’échange entre lycées mexicains
et lycées français qui perdure encore aujourd’hui. On m’a également confié la
mise en place d’un programme d’échanges avec une université française dans
le but de recevoir d’autres stagiaires FLE (le programme lancé par le
Ministère des
Points de vue
s
olution “universelles”, ce qui peut nous
c
onduire à un certain logocentrisme condes-
c
endant.
L
e Petit Larousse illustré
2
006 vient
de sortir avec une liste de mots empruntés à
la francophonie sensés témoigner d’«une
l
angue savoureuse, drôle et souvent éton-
n
ante»
9
(
sic). Événement qui nous amène à
la rentrée littéraire dans l’hémisphère nord.
C
ampagne bien huilée dans les médias à
P
aris, Montréal, Bruxelles, Genève sans
oublier l’extraordinaire réseau humain des
librairies francophones du monde. On crée
l
’engouement chez les lecteurs en provo-
q
uant l’attente de nouveautés. Marie-Odile
André et Johan Faerber, dans
Premiers
romans – 1945-2003
, nous montrent que
d
ans cette fébrilité, ces commencements
font aussi partie de l’histoire littéraire, ce
qui me conduit à penser qu’il existe une dif-
f
érence entre “les lecteurs”, notion socio-
économique et “le lecteur”, notion à la fois
sémiotique et didactique. Aux premiers sont
proposés des biens de consommation, aux
s
econds la lecture et les langues comme biens
publics. L’un ne doit pas empêcher l’autre.
P
atrick Chardenet
1
- UNESCO, “Un enseignement supérieur de qualité au delà
d
es frontières: déclaration au nom d’établissements
d
’enseignement supérieur dans le monde entier”
(http://www.unesco.org/iau/p_statements/fre/index.
html, 01/09/05)
2- Breton, G., 2002, “De l’internationalisation à la globa-
lisation de l’enseignement supérieur”, acte du colloque
G
lobalisation: Quels enjeux pour les universités ?
,
Uni-
v
ersité Laval, Québec Canada , pp.6-7.
(
http://www.bi.ulaval.ca/Globalisation-Universities/
pages/actes/GillesBreton.pdf, 01/09/05)
3- On constate des variations importantes dans le déve-
loppement mondial de l’anglais (cf. Mc Arthur’s Circle of
World English, dans
The Cambridge Encyclopedia of
World English
) et dans les processus d’appropriation
dans les différents espaces et cultures éducatives, ce
q
ui conduit la revue
N
ewsweek
(
7 mars 2005) à poser la
q
uestion: “A qui appartient l’anglais ?”
4
- http://mwanasimba.online.fr/ (01/09/05)
5- 9 et 10 novembre 2005, 8 et 9 décembre 2005
(http://www.arthist.lu.se/kultsem/AIS/sem-CFP/
c0512parismontreal.html ,01/09/05)
6- http://www.ined.fr/publications/pop_et_soc/pes382/
P
ES3822.html#r (05/09/05)
7
- OIM, “Migration mondiales 2003, Managing Migration.
C
hallenges and Responses for People on the Move”,
Organisation internationale des migrations, p. 4.
8- Michaud, Y., 2005, “Il ne faut pas oublier que le
touriste, c’est toujours l’autre”, dans
Le Monde, 12
août, p.18.
9- http://www.larousse.fr/fiche.asp (05/09/05)
3
ique, le grand bon professionnel
Le français à l’université:
langue scientifique
et langue d’horizons
Dans son éditorial (Le français à l’université,
3
e
trimestre, 2001) Jean-Pierre Asselin de
Beauville a présenté une analyse profonde
de la situation du français dans le monde des
sciences. Tout en partageant son avis, j’ai sou-
haité présenter ici quelques réflexions sur ma
pratique de l’enseignement du français en
milieu scientifique, en partant d’un point de vue
psychologique introspectif
: puisque ça marche
chez moi, pourquoi pas essayer de le partager?
Dans mon activité d’enseignement du français,
de traducteur technique (anglais – français –
russe) et de stagiaire en France et au Québec
je me suis chaque fois posé les mêmes ques-
tions
: quelle langue parle-t-on dans un
laboratoire de recherche, quel y est l’avenir
du français (une langue que j’aime fort sans
me demander pourquoi), faut-il protéger
l’environnement linguistique dans le milieu
scientifique? Les articles dans les revues
scientifiques internationales sont presque
tous en anglais, les réunions scientifiques se
tiennent souvent en anglais, et pour un nombre
assez important de chercheurs l’anglais est
un moyen de communication principal. Dans
un échange scientifique entre un anglopho-
ne et un non-anglophone il y a très peu de
probabilités pour que l’anglophone fasse un
effort pour passer à une des langues de son
interlocuteur autre que l’anglais. Le français
perd-il alors des positions? Il se pose d’autre
part beaucoup de questions pratiques
: faut-il
apprendre le français lorsqu’on est étudiant
en sciences dans un pays non-francophone?
Les étudiants qui apprennent le français,
trouveront-ils dans et avec cette langue les
moyens d’accès et de diffusion de la connais-
sance qu’ils recherchent, ou l’étude du
français n’est-elle qu’une perte de temps?
Enfin, qui sont les étudiants qui décident
quand-même de l’apprendre?
D’abord, essayons de ne pas confondre les
compétences dont ils ont besoin dans le
cadre de leur activité et l’ensemble des
compétences dans une langue: d’une part la
langue (l’anglais ou le français) qui s’apprend
pour lire la littérature ou le journal, et d’autre
part toute une autre langue qui côtoie le
tournevis, l’ordinateur ou le spectroscope:
une langue adaptée comme l’outil à son objet.
Peut-on dire que ce n’est pas le français qui
se replie devant l’anglais, mais que c’est
plutôt le français de Hugo et de Brassens
qui, ensemble avec l’anglais de Shakespeare,
reculent devant la langue-outil, l’anglo-
américain pour l’anglais qui n’aurait pas son
équivalent pour le français
?
UN PARCOURS PÉDAGOGIQUE SINGULIER
J’ai subi une mutation professionnelle assez
rare
: ayant terminé la faculté de physique
et soutenu une thèse de docteur en physique
théorique, j’ai commencé à enseigner le
français dans les facultés scientifiques de
mon université (en continuant à enseigner
les sciences physiques). En 1994 le Doyen de
notre faculté a répondu «oui bien sûr!» à
ma drôle de question «
avez-vous besoin de
profs de français?» La faculté développait
alors des échanges avec des universités de
France, et l’on estimait que quatre ou cinq
étudiants pourraient être intéressés par
l’apprentissage du français. J’ai annoncé un
cours facultatif à la faculté de physique et
j’ai été très surpris de voir arriver à la pre-
mière séance une bonne trentaine d’étu
-
diants! «Pour voir», pensez-vous? Au bout
de trois mois il en est quand même resté une
bonne vingtaine. L’expérience renouvelée à
la fac de maths a ensuite donné le même
résultat. Plus de dix ans plus tard, le processus
est le même: si je n’annonce rien au début
de l’année scolaire (rien qu’un petit bout de
papier accroché sur la porte), j’ai une quin-
zaine de nouveaux étudiants, et après une
petite “campagne publicitaire” il y en a
souvent plus de cinquante, ce qui contraint
à les séparer en plusieurs groupes ou faire une
sélection. Imaginez cette foule, tous étudiants
en physique et en maths, qui après huit
heures de cours en sciences, viennent de
17 heures à 20 heures en cours de français et
ne veulent pas partir (un jour on est resté
jusqu’à 23 heures
!). Oh, ce n’est pas facile,
un groupe de 50, mais c’est d’autant plus
passionnant et satisfaisant quand ça marche.
Parce que, ça marche
!
QU’EST-CE QU’ON APPREND?
À l’époque soviétique une langue étrangère
était imposée dans le cursus, mais elle ne
servait presque à rien car, normalement on
n’avait pas le droit d’aller à l’étranger.
Maintenant tout a changé. La sortie du pays
est
libre, les échanges sont intenses et fruc
-
tueux, les étudiants en sciences peuvent
apprendre plusieurs langues en cours facul-
tatifs, et le professeur est libre dans le choix
de ses méthodes. Suite à la page 8
Affaires étrangères ayant pris fin en 2002) et
j
’ai participé en 2003 à l’élaboration du plan
d
’études d’une licence flexible dans le cadre
d’un projet national d’uniformisation de
l’enseignement supérieur sur les standards
e
uropéens et nords américains.
Voilà comme on prend pied dans une inter-
c
ulturalité que l’on n’imaginait pas, d’une
î
le de l’Océan indien à la culture mexicaine,
de l’espagnol au français comme objet d’en-
seignement. À l’Université Autonome de l’É-
t
at de México à Toluca, la Licence en Langue
et Culture françaises fonctionne aujourd’hui
en numerus clausus. Pendant 4 ans elle a
a
ccueilli deux groupes de 25 élèves environ,
e
t elle a déjà vu deux promotions conclure
leurs études. Il reste concrètement trois
groupes d’élèves, soit un effectif de 65
é
tudiants en
L
icence en Langue et Culture
françaises
. Au fil des années la motivation
des étudiants s’est affermie, grâce aux
p
rogrammes d’échanges que nous avons pu
m
ettre en place avec une université française
et aux bourses de Séjour Découverte allouées
par l’Ambassade de France qui permettent à
l’étudiant un contact direct avec le pays, les
g
ens et la langue. Les programmes permettant
d
e recevoir des assistantes de langue et des
stagiaires FLE sont aussi pour beaucoup car ils
offrent à l’étudiant un contact sur le terrain.
Mes activités se diversifient davantage au
niveau pédagogique et académique car elles
s
e tournent peu à peu vers la recherche et
s
a diffusion (articles et conférences).
P
aral-
lèlement à la fermeture de la Licence en
Langue et Culture francaises
, une nouvelle
l
icence se développe. Il s’agit de la
L
icence
en Langues
élaborée pour canaliser au mieux
les demandes de formation. Cette nouvelle
f
ormation, à l’élaboration de laquelle j’ai
c
ollaboré, offre quatre débouchés: Licencié
en Enseignement du français, Licencié en
Traduction du français, Licencié en Traduction
d
e l’anglais, Licencié en Enseignement de
l’anglais. Elle fonctionne de façon flexible,
ce qui permet une plus grande opportunité
d
e validation de crédits lors d’échanges et
f
acilite la mobilité étudiante. Elle propose
aux étudiants de suivre en tronc commun les
deux langues que nous enseignons pendant
deux ans, à ce terme l’étudiant choisit sa
l
angue de spécialité et il a encore deux ans
p
our déterminer son débouché. Qu’il choisisse
l’anglais ou le français, il possède également
des compétences, moins spécialisées dans
l
’autre langue. La formation n’est donc pas
monolingue, mais ouverte sur des passages
et des transferts. En cinq ans, l’expérience
a
ccumulée grâce à cette opportunité de
m
obilité, m’a enrichie de compétences pro
-
fessionnelles variées qu’il a fallu construire
pour faire face. Pas seulement axées vers
l
’enseignement mais aussi vers la gestion du
savoir, des moyens, des ressources et des
relations au sein d’une équipe pedagogico-
a
dministrative. Forte et consciente des
o
pportunités qui m’ont été offertes, je ne
peux regretter aucun des choix faits.
G
eorgia Grondin
Chef du Département Licence
en Langue et Culture Françaises
F
aculté des Langues
U
niversité Autonome de l’État de México
(Mexique)
georgiamex@yahoo.fr
4
Cette enquête est le résultat d’un travail intermédiaire mené dans
le cadre d’un projet visant les ressources en ligne. Lorsqu’on cherche des
r
essources didactiques en français sur Internet, on est rapidement
confronté à des quantités d’informations étendues, sans encadrement
précis. Les enseignants et les étudiants qui se retrouvent dans cette
situation se sentent perdus, démunis et la plupart des sites rencontrés
a
u gré des vagues de navigation ne correspondent généralement ni
à leur idéal premier de recherche ni parfaitement à leurs objectifs
d’enseignement ou d’apprentissage. Pour apporter une solution à ces
d
ifficultés rencontrées, l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF)
dans le cadre de son Programme 1 “Langue française, francophonie
et diversité linguistique” réalise un projet d’ingénierie visant à
mettre à disposition des enseignements des départements d’études
f
rançaises, des ressources didactiques gratuites en ligne comme
auxiliaires ou supports d’enseignement et d’appropriation. Il existe
déjà de nombreuses ressources en ligne dédiées à l’enseignement
d
es langues (du français à partir de différentes langues d’interface,
du français en simultané avec d’autres langues partenaires) et pro-
duites à partir ou en dehors de l’espace francophone.
D
ivisé en plusieurs étapes, ce projet doit aboutir à une base de données
de parcours didactiques dans les disciplines universitaires en réper-
toriant, analysant et didactisant les ressources existantes sur un
modèle transférable qui pourra par la suite être réutilisé par les
campus numériques francophones de l’AUF (CNF). Ceci implique quatre
étapes
: l’observation et l’analyse des cursus de licence dans les
départements de français des universités du monde; le recensement
et l’analyse d’un corpus de ressources en adaptant des grilles déjà
existantes
; l’élaboration de parcours didactiques à partir des res
-
sources retenues en fonction des objectifs des différents cursus
de licence; la négociation avec les ayant-droits de leur mise à dis-
position à la communauté mondiale des départements de français.
En mettant à disposition des enseignants de français des départements
de langue française et des filières francophones des universités,
des outils en ligne d’appoint (ressources complémentaires à des
cours) et des outils en ligne structurants (ressources permettant
d’organiser un cours), l’AUF souhaite ainsi continuer et renforcer
sa mission de mutualisation des données et de partage des savoirs.
Le travail qui est présenté ici est un résultat de la première étape
dont l’intérêt dépasse le simple cadre de ce projet car il met au jour
un panorama des formations existantes dans ces départements. Nous
avons créé à partir d’une observation des descriptifs de formation,
des modèles-types moyens de
curricula de licence de français selon
six zones présupposées de cultures éducatives
: Afrique, Amérique
latine, Amérique du Nord, Asie, Europe de l’Ouest, Pays d’Europe conti
-
nentale et orientale et baltes. Il est évident que ces présupposés
restent discutables et ne prétendent pas rendre compte de typologies
de cultures éducatives dont nous n’avons pas trouvé de travaux
caractéristiques. Les
curricula sont répartis en cinq groupes prag-
matiques de disciplines
: langue, littérature, civilisation/culture,
didactique/pédagogie, français sur objectifs spécifiques. Seules les
matières enseignées dans ces catégories peuvent varier en fonction
de la zone éducative. Ces modèles sont le résultat de recherches intenses
grâce aux documents issus des sites Internet des départements de
français des universités dans le monde ainsi que des postes diploma-
tiques français.
Le tableau suivant constitue une synthèse globale transitoire met-
tant en évidence des macro-niveaux de variation disciplinaire qui
r
évèlent des profils de formation différents. Nul doute que les pra
-
tiques professionnelles d’enseignement, de traduction ou de
recherche des étudiants à l’issue de leur cursus de licence, présen-
teront des différences, avec des variations d’effets notables. Il ne
s
’agit pas ici de dénoncer ces différences au nom d’un modèle mais
de comprendre en partie pourquoi et comment la langue apprise par
ceux auxquels les enseignants s’adresseront, ne sera pas unique
t
out en étant la même.
Quasi-invariants Variations faibles Variations fortes
Littérature
Littérature comparée
Littératures francophones
Histoire littéraire Roman-poésie-théâtre
N
arratologie
Socio-critique
A
nalyse textuelle
Linguistique Lexique- Syntaxe Pragmatique
Phonétique
- Sémantique
Analyse du discours
Analyse contrastive
Sociolinguistique
Psycholinguistique
Grammaire
Histoire de la langue
Ancien français
Méthodologie Didactique Didactique du français sur
objectifs spécifiques
Didactique de l’interculturel
Didactique de la littérature
Didactique du français,
langue seconde
Théories de l’éducation et
enseignement des langues
Cours de langue
Traduction Traduction littéraire
Traduction juridique
Civilisation Culture et civilisation Civilisation francophone
Histoire de l’art
Méthodologie
de la recherche
Sidonie Lacome
Etudiante DESS Ingénierie de formation linguistique:
diffusion des langues/cultures et francophonie(s)
Université de la Sorbonne Nouvelle Paris 3
Stagiaire AUF
Secrétaire de l’association
Réseau Ingénierie de Formation Linguistique
http://reseau.ifl@free.fr
Constantes et variations
dans les types de formation de licence
Ressources
& Pratiques
À
l’occasion du développement des mobilités étudiantes on prend conscience des différentiels entre des formations qui visent parfois
un même but et qui ont parfois un même intitulé. Si le processus qui conduit les universités à adopter un modèle Licence-Master-
Doctorat rend compatible ces échanges du point de vue des rapports diplôme/ temps de formation, les disciplines et leur struc-
turation en enseignements restent vecteurs de différences. Cette variété ne doit pas être un obstacle à la mobilité car elle est
également un moyen de circulation des connaissances. Les licences consacrées à la langue française n’échappent pas à cet effet
des cultures académiques sur un même objet, en témoignent les résultats de l’enquête que nous avons menée.
5
LIRE EN
FRANÇAIS
La rédaction a reçu
LITTÉRATURES
Premiers romans – 1945-2003
2005, sous la direction de Marie-Odile André et Johan Faerber
Les Presses de la Sorbonne Nouvelle
ISBN 2-87854-320-3; 234 pages
Tél.: (+39) 0140464802 Fax: (+39) 0140464804
8
, rue de la Sorbonne, 75005 Paris (France)
http://www.psn@univ-paris3.fr
psn@univ-paris3.fr
L
a rentrée littéraire de septembre 2005 est en marche au pas de charge
a
près le silence de l’été: 663 sorties prévues contre 661 l’an dernier. Le nombre de
p
remiers romans avait subi une belle augmentation ces dernières années (80 en 2003,
1
21 en 2004), la tendance se confirme malgré une légère baisse (96 premières fictions
c
ette année). La plupart des maisons d’édition présentent des auteurs inédits. Ces
p
remiers romans ne sont-ils qu’un bruyant phénomène éditorial et médiatique?
N
’offrent-ils pas également au chercheur ou à l’écrivain l’occasion de saisir comment
s
e dessine, à la croisée de l’ordinal et du générique, une entrée en littérature dans
ce qu’elle suppose de jeux parfois complexes d’identités et d’identifications? C’est
le projet de cet ouvrage qui tire un bilan de l’épreuve littéraire du commencement.
Mais que les premiers romans aient pour seul souci de commencer, rien n’est moins
sûr: entre fantômes et mélancolie, entre relecture et réécriture, ils ne cessent en
fait de se débattre avec tes questions de ta disparition et de la fin. Ainsi, bien plus
qu’ils ne renseignent sur une improbable mort de la littérature, les premiers romans
nous invitent à relever un défi, celui de cette méconnaissance fondamentale qui
préside, selon Giorgio Agamben, à toute visée critique. «Peut-être aurait-il mieux valu
ne pas commencer», s’interrogent Marie-Odile André (Université Paris 10-Nanterre)
et Johan Faerber (Université Paris 3-Sorbonne Nouvelle), «
ne pas commencer à s’in
-
t
erroger sur la catégorie des “premiers romans”», soulignant ainsi d’une certaine
f
açon, l’ampleur du travail devant la continuité de l’objet dans l’histoire littéraire
malgré des conditions de production variables.
Paysages et poésies francophones
2005, sous la direction de Michel Collot et Antonio Rodriguez
Les Presses de la Sorbonne Nouvelle
ISBN 2-87854-315-7; 285 pages plus un cédérom
Tél.: (+39) 0140464802 Fax: (+39) 0140464804
8, rue de la Sorbonne, 75005 Paris (France)
http://www.psn@univ-paris3.fr
psn@univ-paris3.fr
On peut décrire la construction des sociétés selon différents plans,
l’espace en est un qui peut être lu comme un aménagement technique du territoire ou
un engagement
dans une vision du monde. Les arts révèlent ou annoncent ces mouve
-
ments du paysage, la peinture bien entendu, la littérature aussi. Dans cet ouvrage,
ce sont les poésies francophones qui sont abordées de ce point de vue d’observation
créateur de réalité et de fiction, de l’Afrique aux Antilles et à travers des espaces
européens et américains. Texte de et sur Edouard Glissant, Silvia Baron Supervielle;
textes entre autres, sur Tahar Bekri, Georges Henein, Jules Minne, Gustave Roud;
textes de Daniel Delas (“Un fleuve-poème
: le Congo”), Pierre Halen (sur “Le paysage
africain selon Jules Minne”
qui «
témoigne […] d’une époque, fort brève, pendant
laquelle un lettré métropolitain a pu considérer comme pensable et admissible qu’un
Européen parle au nom de l’Afrique en s’étant détaché de sa métropole
» (p. 141).
On passe ainsi du Léman au Congo, de la campagne d’Oka (petite ville de la région de
Montréal) à des lieux non nommés mais dénommés par le texte. Exploitant autant le
stéréotype que le symbole, la métaphore que la métonymie, le donner à voir du paysage
affronte également l’éclatement de la forme où «les ruptures ne s’effacent pas»
(p. 83). Une entrée problématisée en poésie francophone, adossée à un très beau
cédérom qui donnent
envie de (re)lire.
Veillée pour les mots – Aimé Césaire,Patrick Chamoiseau
et Maryse Condé
2005, Rose-Myriam Réjouis
Editions Karthala
ISBN 2-84586-533-3
; 136 pages
22-24, boulevard Arago - 75013 Paris
Tél.: 33 (0)1 43 31 15 59 Fax: 33 (0)1 45 35 27 05
karthala@wanadoo.fr
http://www.karthala.com/rubrique/detail_produit.php?id_oeuvre=148
Cet ouvrage compare le discours du martyre chez Césaire, discours ayant pour horizon
la mort du héros, à celui du deuil chez Condé et Chamoiseau, discours ayant la mort
d
u héros pour point de départ et le renouvellement de la communauté qui porte son
d
euil comme dénouement. Il s’agit d’une proposition de lecture de ces œuvres à la
f
ois en tant qu’allégories de la Martinique et de l’écriture et en tant que relation
d
’intertextes, questions et réponses entre les uns et les autres.
LINGUISTIQUE
Discours et constructions identitaires
2
004, sous la direction de Denise Deshaies et de Diane Vincent
L
es Presses de l’Université Laval, Québec (Canada)
I
SBN 2-7637-8189-61; 228 pages.
T
él.: 1 (418) 831 7474 Fax: 1 (418) 831 4021
http://www.ulaval.ca/pul
L’identité construite par le discours et la langue comme objet symbolique
de cette identité. Le projet de recherche est complexe car il puise dans
la matérialité du langage, des éléments à relier à des catégories de
l’identité, toujours fragiles et pour lesquelles la notion de représentations sociales
semble faciliter l’approche. Mais cette notion même, récurrente dans les sciences
s
ociales et à laquelle il est fait appel ici, ne va pas toujours de soi comme ont pu le
m
ontrer ceux qui ont cherché à l’approfondir. Au cœur d’une des problématiques de la
F
rancophonie en général et de celle du Canada en particulier, les articles montrent
c
omment l’identité rendue visible entre autres par le discours, se construit par les
f
aits de langue auxquels les individus ont recours pour se positionner socialement
d
ans leur rapport aux autres. L’analyse par Jean-Michel Adam du fameux discours de
C
harles de Gaulle en 1967 ou celle de Fouzia Benzakour à partir du concept d’inclusion/
e
xclusion sur la perception du français parlé au Québec qu’ont des jeunes immigrés
f
rancophones venant du Maghreb, balayent avec les neuf autres articles, un large
champ des approches du discours et de la semiosis (l’article “Les francophones
représentés sur les timbres canadiens, 1851-2002” par Vincent Fontaine, montre
comment le choix du signe symbolique du personnage par les services postaux, provoque
une perception hiérarchique de l’histoire), et se termine avec la présence à son
esprit de l’objet du signe). Mais reste que dans ce genre d’affaire, comme l’objet
n’est pas la notion d’identité même, celle-ci est peu discutée hormis dans l’article
introductif de Louis-Jacques Dorais qui évoque quelques facettes de «ce phénomène
universel mais souvent mal défini» (p. 10). Michel Serres, dans l’un de ses cours au
Collège de France nous en donne un éclairage philosophique: «Il importe d’abord de
distinguer
identité et appartenance. Notre «carte d’identité» ne donne jamais qu’une
collection d’appartenances à des sous-ensembles, elle nous rabat sur des collectifs.
Le principe d’identité, apparemment vide de sens, nous dit seulement, que je=je.
Confondre identité et appartenance, c’est faire une erreur logique et faire une
faute politique, puisque cette confusion est la racine (invisible) du racisme
:
il n’est
pas des nôtres
. Le moi serait alors une cire vierge sur laquelle viennent s’imprimer
les ren
contres et les expériences, pour former une carte de plus en plus complexe à
mesure que le temps passe, d’autant plus complexe que ma vie a été intense.
»
(http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/college/02-03/cours/09-02-cerveau/
12-serres/index.htm)
DIDACTIQUE
Tout petit traité de narratologie buissonnière
à l’usage des professeurs de français (…)
2005, Jean-Louis Dumortier
Centre d’Études et de Documentation pour l’enseignement du Français
Presses Universitaires de Namur – Collection Diptyque
ISBN 2-87037-496-8; 116 pages.
Rempart de la vierge, 13, 5000 Namur (Belgique)
Tél.: 32 (0)81 72 48 84 Fax:32 (0)81 72 49 12
http://www.PUN.BE
pun@fundp.ac.ce
À quoi celui qui aime la fiction peut-il être sensible? De quels mots a-t-il besoin pour
le dire
? De quelles connaissances peut-on le pourvoir si, par-dessus tout, il importe
que, pour être “éclairé”, il en soit encore un peu plus amateur
! Arrimé à ces trois
questions, cet ouvrage au titre dont la longueur interroge l’humilité, intéressera
certainement les enseignants. Constitué de 17 «À propos» faisant un large tour des
notions qui permettent d’analyser les formes du récit (près de 150 dans la table
des notions), du modèle actantiel à la coopération, en passant par des remarques
d’ordre épistémologique dans la construction de l’objet discursif.
AMÉNAGEMENT LINGUISTIQUE
L’intégration des migrants en terre francophone – Aspects
l
inguistiques et sociaux
2005, textes réunis par Virginie Conti et Jean-François de Pietro (Délé-
gation à la langue française de Suisse romande), sous l’égide de la
C
onférence intercantonale de l’instruction publique de la Suisse
r
omande et du Tessin (CIIP). Editions LEP (Loisirs et Pédagogie),
L
e Mont-sur-Lausanne, 2005. ISBN 2-606-01148-1; 367 pages.
h
ttp://www.ciip.ch
c
hristine.olivier@ne.ch
O
uvrage collectif représentant les Actes d’un Séminaire organisé à l’initiative des
C
onseil supérieur de la langue française et service de la langue française de la Com-
m
unauté française de Belgique, Conseil de la langue française et Délégation générale
à
la langue française et aux langues de France, Conseil supérieur de la langue française
e
t Office de la langue française du Québec, Délégation à la langue française de Suisse
romande. La langue est un facteur essentiel d’intégration sociale. Pourtant, dans
les pays francophones, les immigrés de tout âge, hommes et femmes, rencontrent
souvent de réelles difficultés pour apprendre le français
; de ce fait, ils restent souvent
à l’écart de la vie publique. Quelles sont les conséquences de cette situation, pour
les migrants eux-mêmes, mais aussi pour la société d’accueil
? De quelle manière
l’avenir de la langue française est-il engagé? Quelle politique conviendrait-il de
promouvoir en la matière? faut-il «contraindre» les migrants à étudier le français?
Et, en pareil cas, quels moyens – notamment financiers et pédagogiques – faut-il
mettre en oeuvre
? Quelle place, dans ce processus, convient-il de réserver aux
l
angues d’origine des populations concernées? Ce livre permet de découvrir comment
d
e telles questions sont abordées en divers points de l’espace francophone. Il aboutit
à
des recommandations destinées aux autorités de ces différents pays et régions,
d
ans le but de fournir des éléments de réflexion et de comparaison, de poser les bases
d
’une politique linguistique mieux fondée scientifiquement, et de promouvoir de
n
ouvelles formes d’intégration, où toute personne, migrante ou autochtone, puisse
t
rouver sa place, où la langue française soit vivifiée de ces apports extérieurs.
La francophonie vécue en Côte d’Ivoire
2005, Sabine Kube, ISBN 2-7475-8017-2; 245 pages
Collection Langues et développement dirigée par Robert Chaudenson
Agence Intergouvernementale de la Francophonie /
Institut de la francophonie
L’Harmattan
5-7, rue de l’École Polytechnique - 75005 PARIS
Tél.: 33 (0)1 40 46 79 20 Fax: 33 (0)1 43 25 82 03
http://www.editions-harmattan.fr
harmattan.litterature13@wanadoo.fr
L’avenir du français se jouera-t-il dans le sud et en particulier en Afrique, comme le
suggère R. Chaudenson? Pour tenter de répondre à ce type de question, des croisements
de données sont nécessaires, issues aussi bien d’analyses macro-linguistiques sur
le
status et le corpus des langues et leurs inter-relations, que d’observations sur le
fonctionnement des interactions langagières dans les espaces d’interlocutions. La
sociolinguistique urbaine contribue ainsi à cette connaissance et particulièrement
dans son approche des métropoles comme celle d’Abidjan où la dynamique linguistique
révèle des mouvements dont l’effet ouvre un débat: africanisation ou créolisation
du français? Rappelons comment Marcel Roncayolo (2002,
Lectures de villes, formes
et temps
, coll. Eupalinos, Éditions Parenthèses, Marseille) définit la métropole: «une
très grande ville, qui s’exprime par la taille de sa population et celle de l’agglomération
qu’elle anime, par son poids économique, politique, social et culturel ainsi que par son
pouvoir d’attraction et de diffusion», pour mettre en évidence l’impact potentiel et
l’enjeu des mouvements qui y sont mis au jour. L’ouvrage fait le point sur les nombreuses
recherches (africaines, allemandes, françaises) que le terrain abidjanais a suscité
depuis une trentaine d’années en centrant sa problématique sur la population
lycéenne dont le rôle à venir sera peut-être central dans l’évolution de la situation
linguistique.
DICTIONNAIRES
Le petit Larousse illustré 2006
2005, Collectif Ouvrir les yeux sur le monde
ISBN 2035304067
; 1856 pages
21, rue de Montparnasse - 75283 PARIS CEDEX 06
Tél: 33 (0)1-44-39-44-00
http://www.larousse.fr/
Tous les ans à cette époque-ci, en prévision de la rentrée des classes,
c’est un incontournable
: la nouvelle édition du Petit Larousse illustré.
Et sa liste de mots empruntés à la francophonie. Cette liste, recon-
naissance de la langue des autres ou simple stratégie de mise en marché
? Sans
doute un savant dosage des deux. Vue du boulevard Montparnasse, où Larousse a son
q
uartier général, la francophonie et ses particularités linguistiques semblent plus
r
elever
d
e la curiosité anthropologique que d’une véritable légitimation. C’est la
l
angue parlée et écrite à Paris qui reste la norme!
L
e Petit Larousse
e
n chiffres, c’est
u
ne équipe de 160 collaborateurs, c’est un tirage d’un million d’exemplaires, ce sont
5
9 000 noms communs, 28 000 noms propres, 5000 illustrations et 321 cartes en
c
ouleurs. Cette année, une centaine de mots nouveaux et une cinquantaine d’invités
d
u côté des noms propres. Parmi eux, l’auteur-compositeur québécois Richard
D
esjardins. En compagnie de Benoît XVI, Sonia Gandhi, Tom Hanks, Yo-Yo Ma, Madonna,
Amélie Nothomb, Renaud, Condoleezza Rice et Toumaï.
Toumaï? Mais oui, vous savez bien. C’est cet hominidé dont on a découvert le crâne,
au Tchad, et qui serait âgé de 7 millions d’années. L’arrière-grand-père de notre
chère Lucy... Comme d’habitude,
Le Petit Larousse est un livre agréable à consulter
et dans lequel nombre d’entre nous aiment flâner. On y cherche un mot et on s’y
attarde longuement. Quel plaisir! Cette année, c’est le bleu qui domine la page
f
rontispice de cette 101
e
é
dition. La réalisation de cette couverture a été confiée
au graphiste Zaki Elia et à l’illustratrice Alson Barratt de l’agence Z & Co à Londres.
À Londres? Oui, à Londres! Étonnez-vous après ça que le CIO ait préféré Londres à
P
aris... Leur interprétation de la Semeuse, explique l’éditeur, «traduit la volonté
d
e Larousse d’agir pour la défense de la nature et la protection de notre planète».
D
’où l’association du Petit Larousse à la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et
l
’Homme. Fondée en 1990, cette ONG française s’est donnée pour objectif de déve-
l
opper l’éducation à l’environnement.
S
ur le plan pratico-pratique, cette association se présente sous la forme d’un cahier
d
e 32 pages inséré entre les pages 1472 et 1473. Généreusement illustré, ce cahier
d
resse un état des lieux de la planète et un recensement des grands défis environ-
n
ementaux auxquels l’humanité est confrontée. L’autre encart, inséré entre les
pages 576 et 577, est consacré à la francophonie. Lui aussi compte 32 pages. Dans
ce cahier intitulé Regards sur la francophonie, une sélection de 242 mots issus de
différentes régions (sic) de la francophonie. Régions... Ils ont du vocabulaire, à Paris!
Et quelles sont ces «régions»? Le Québec, l’Acadie, la Louisiane, les Antilles, l’Afrique,
la Belgique, la Suisse. Des dessins humoristiques permettent de mieux comprendre
le sens de plusieurs mots. Dessins empreints de poésie et d’émotion. Les artistes
?
Des gens aussi subtils et talentueux que Marboeuf, Alagbé, Giraud, Pétillon, Schuitten,
Zep et le collègue André-Philippe Côté du SOLEIL. La francophonie, y lit-on, c’est
175 millions de personnes à travers le monde. C’est surtout une association politique,
l’Organisation internationale de la francophonie, que dirige le Sénégalais Abdou
Diouf et qui regroupe une soixantaine de pays. Pays où — théoriquement — l’on parle
entièrement ou partiellement la langue de Molière. La beauté de la francophonie
tient au fait qu’elle accueille en son sein des pays comme la Grèce, l’Albanie, la
Macédoine, la Bulgarie, la Roumanie, la Slovénie, la Croatie, la Hongrie, la Moldavie,
la Slovaquie, la République tchèque, la Pologne, la Lituanie, la Georgie, l’Arménie,
etc. Fait que 60 millions des 175 millions de «francophones» ne parlent pas le...
français! Étrange, ne trouvez-vous pas
?
Didier Fessou
Pour Le Soleil de Dakar (article publié le 30/0705)
Avec l’autorisation de l’auteur dfessou@lesoleil.com
De Bouche à Oreille- Dictionnaire des étudiants étrangers
de Besançon
2005, Jacques Montredon
Editions Cêtre
ISBN 2-87823-144-9; 271 pages
138, Grande Rue-Place Victor Hugo, 25000 Besançon
Tél.: 33 (0)1-44-39-44-00
http://www.editions-cetre.com
fc@editions-cetre.com
Rédigé entre 1995 et 2003 au gré des entrées aléatoires proposées et des textes produits
par des étudiants étrangers du Centre de Linguistique Appliquée de Besançon, ce
dictionnaire saisit les mots dans leur contexte social qui en permet une explication
souvent narrative, événementielle entre l’individuel, le collectif et le processus
d’énonciation qui la construit. Comme le note Bernard Py dans sa préface, ceci «
ne
donne pas naissance à des mots isolés et abstraits (telles les entrées des dictionnaires
habituels), mais a des énoncés dont la signification est fortement dépendante de
contextes particuliers et de leurs occurrences». Il y a bien longtemps, on s’évertuait
à enseigner que le bien parler supposait un emploi régulier des mots et que le sens
figuré était affaire de beau langage (littéraire) ou de bas langage (vulgaire). On a
ensuite compris que les registres renvoyaient à des compétences communicatives,
chacune spécifique. Mais dans l’autobus, à la boulangerie, dans un bar, dans la
rue, quand surgit l’échange, on «parle cash» (p. 89). «Atterrir (p. 33): v. intr.,
Hier comme je cherchais la Banque de France, j’ai demandé à une dame où elle se
trouvait afin de ne pas me perdre. En m’expliquant le chemin que je devais suivre,
elle m’a dit: «vous atterrissez sur la rue de la République». Je croyais qu’“atterrir”
était un verbe réservé aux avions! Pourtant, en réfléchissant, ce mot est utilisé de
la même manière en anglais».
6
LIRE EN
FRANÇAIS
Suite
REVUES
Ethiopiques
R
evue semestrielle négro-africaine de Littérature et de Philosophie
N
o
7
3— 2
e
s
emestre 2004
F
ondation Léopold Sedar Senghor
R
ue Alpha Hachamiyou Tau
B
P 2035— DAKAR (Sénégal)
T
él.: (221)8491414 Fax:(221)8221914
h
ttp://www.refer.sn/snpal_ct/cop/flss
s
enphorf@irefer.sn
É
ditée par la Fondation Léopold Sédar Senghor,
E
thiopiques
d
ont le titre est un hommage
a
u célèbre recueil de poèmes de 1956, donne chaque semestre avec ses cinq
r
ubriques de littérature, de philosophie, de critique d’art, de poésie et de notes de
l
ecture, un vaste panorama de l’actualité de la pensée et de l’expression africaines.
Littérature, la première rubrique, largement fournie et variée, étudie dans ce numéro
le travail de dix auteurs comme Boubacar Boris Diop, Aïssatou Diagne Deme ou Ahmadou
Kourouma et Senghor. Tant sur le fond que sur la forme, leurs textes font l’objet
d’analyses, de réflexions, d’introspections, souvent étayées de théories largement
diffusées, mais toujours sous le prisme de leur appropriation africaine. De la même
façon,
Philosophie présente des positions engagées et ancrées dans le réel contem-
porain en revenant sur la question de la psychanalyse ou du marxisme visité par
Habermas mais aussi de la construction de l’intellectuel africain dans ses combats
f
ace aux défis sociaux de l’intégrité.
C
ritiques d’art
d
éveloppe une posture compara-
t
iste entre deux peintres, deux mondes, deux époques (notons l’effort de fournir
d
es illustrations des œuvres). Les rubriques
P
oèmes
d
onne la parole à de jeunes
p
oètes, leur offrant ainsi une première publication; puis sous la plume de leurs
p
airs, d’autres auteurs débutants, sont présentés au monde littéraire dans la
r
ubrique
N
otes de lecture
.
Médium –Transmettre pour innover
Revue trimestrielle
Editions-Babylone
4 rue de Commaille, 75007 Paris (France)
http://www.editions-babylone.com
Contact: infos@editions-babylone.com
sbeau@editions-babylone.com
Le directeur de la revue, Régis Debray précise: «
Pourquoi
Médium quand des médias
il y a déjà pléthore? Pour LUTTER contre les ruptures du temps et des générations.
Pour RENOUER les liens entre les savoirs de l’esprit et les arts de la main, entre nos
nostalgies et nos prospectives, entre notre culture et nos techniques. Pour HONORER
le souci de transmettre, le moins mauvais des remèdes à notre finitude. Pour RAPPELER
que l’on transmet ce que l’on transforme, car recevoir sans travailler ne vaut, et suc-
cession rime avec subversion. Pour SERVIR de point de rencontre entre membres d’un
même réseau, prêts à s’entendre et se découvrir les uns les autres». Médium, revue
culturelle fondée en 2004 en prolongement des anciens
Cahiers de médiologie, a pour
domaines d’investigation privilégiés la technique, l’éducation, les arts et les religions.
Le projet annoncé par Régis Debray «voudrait servir de support à une confrérie ou un
réseau de lecteurs/collaborateurs qui pourrait s’appeler un jour «les Compagnons
de la transmission et du tour du monde». Et que sont d’autres, finalement, les Uni
-
versités francophones réunies en association? Il y a urgence. Parce qu’il y a détresse.
La Communication, qui a dompté l’espace, exulte; la Transmission, qui lutte avec
et contre le temps, vacille. Que ce soit dans
l’État qui se guide au sondage, dans
l’éducation devenue animation socioculturelle,
dans l’information qui tourne en
conformation, sur une scène de l’art d’où le critique d’art disparaît, évincé par l’auc-
tioneer, seul arbitre des valeurs; dans une architecture pour l’image, aux structures
métalliques plus fragiles qu’une touffe de bambou, et qui met quelques années à
s’effondrer là où le temple grec demandait quelques siècles; et même dans les
religions affolées par le self-service des croyances et un spirituel à la carte. Nos sen
-
sationnelles maîtrises de la distance nous font perdre la cohérence du temps. Il y
a péril en ce qui demeure. Transmettre: il est temps que le thème devienne une
cause, et l’examen un défi. Revue rigoureuse autant que possible,
Médium ne rougira
pas d’être aussi militante
».
Médium en est à son numéro quatre et l’on retiendra dans le foisonnement intellectuel
aux côtés de R. Debray (“L’art à l’estomac ou l’après-Malraux”), ce qui plus particu-
lièrement concerne les travaux de recherche dans les départements universitaires
de français: “Après l’Ordre du livre” par Patrick Bazin, “Éloge de la traduction: le cas
japonais” par Miura Nobataka, “Du personnage comme médium” par Régis Burnet.
Revue française de linguistique appliquée
R
evue internationale et interdisciplinaire de linguistique appliquée
“
Les créoles: des langues comme les autres”
V
olume X-1 juin 2005
E
ditions De Werelt
H
erengracht 68, NL-1015 BR Amsterdam (Pays-Bas)
T
él.: 31 (0)20 423 38 58 Fax: 31 (0)20 423 38 59
h
ttp://perso.wanadoo.fr/rfla
p
ubliling@wanadoo.fr
I
nterventions de créolistique théorique et de créolistique appliquée sont associées
dans ce numéro auquel ont contribué entre autres spécialistes, Albert Valdman, Daniel
Véronique, Robert Chaudenson,Marie-Christine Hazaël-Massieux et Michel Degraff.
Sans effacer les oppositions entre les hypothèses linguistiques et extra-linguistiques
qui fondent l’origine de la créativité créole (langues d’origine des populations d’es-
claves comme structurant; structures des langues européennes d’adossement;
universaux du fonctionnement cognitivo-linguistique; système de production des
plantations), Dominique Fattier (Université de Cergy-Pontoise) qui rassemble ces
a
rticles, tente de mettre en évidence les axes actuels de la recherche qui pourraient
p
roposer des réponses, forcément partielles et transitoires à la question posée par
l
e “laboratoire créole”. S’il est aujourd’hui admis que les créoles sont bien des
l
angues, un courant “uniformitarien” tente de montrer que les créoles se sont
d
éveloppés selon les mêmes processus de structuration que les autres langues malgré
d
es conditions socio-économiques et sociolinguistiques spécifiques, tandis que
d
’autres prennent appui sur ces conditions extrêmes pour dégager une spécificité
p
rocessuelle entre l’état pidgin et l’état créole qui est parfois comparée à des formes
q
ue prend l’interlangue en construction chez les apprenants de français, langue
é
trangère. Comme les recherches en créolistique, celles sur l’appropriation des langues
secondes s’inscrivent dans une vision dynamique des contacts inter-linguistiques.
Globe – Revue internationale d’études québécoises
Volume 7-2004- numéro 2
Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture
québécoises (CRILCQ-Université Laval)
Département d’études littéraires, Université du Québec à Montréal
Case postale 8888- Succ. Centre-ville, Montréal (QC) H3C 3P8 (Canada)
Tél.: 1 514 987 3000 Fax: 1 514 987 8218
http://www.revueglobe.uqam.ca
revueglobe@uqam.ca
De nombreux articles intéressants jalonnent ce numéro de la revue Globe consacré
à l’américanité francophone, sous la responsabilité de Hans-Jürgen Lüsebrink, chercheur
allemand en histoire culturelle, et en communication interculturelle, professeur à
l’Université de la Sarre. La mise au point par Y.Lamonde (Université McGill) sur les
rapports entre «américanité» et «américanisation», montre combien l’une et
l’autre de ces notions s’entretiennent par une distance créée dans le socle de
l’Amérique du nord entre les Etats-Unis et le Canada, au sein duquel le Québec tend
progressivement à fonder un lien continental. Sont également développés parmi huit
articles, les interculturalités transaméricaines (Hans-Jürgen Lüsebrink); l’américanisa-
tion de la langue française sur Internet (Béatrice Bagola, Université de Trier - Allemagne);
la question d’une “désethnicisation” de la langue, c’est-à-dire, la délocalisation
progressive du français comme langue publique au Québec, à travers les interlocutions
variées dues aux flux migratoires (L. Oakes, Queen Mary Université de Londres –
Royaume-Uni); une archéologie de l’émergence de l’unilinguisme francophone (Karim
Larose, Université Laval- Québec).
7
NÇAIS
8
Francophone heritage in Africa
2
004, J.Timothy-Asobele (ed.), 268 pages.
P
romocomms Limited,
3
0, Ibadan Street (West), Ebute-Metta, Lagos (Nigeria)
Tél.: 01-837208
0802 324 1791
Composé de 16 chapitres, alternant le français et l’anglais,
l’ouvrage semble être construit à partir d’articles compilés qui
offrent une perception nigériane de la Francophonie. Ainsi, en
j
oignant à un panorama précis de l’évolution des institutions de la Francophonie,
d
es analyses d’impact d’œuvres et d’écrivains francophones sur la scène
a
fricaine, des études sur la place de l’enseignement francophone au Nigéria
e
t de son rôle dans l’intégration régionale des pays de l’Afrique de l’ouest ,
l
’auteur pronostique que le poids de cet héritage dans l’interculturation africaine
f
ranchira le passage au troisième millénaire. S.J. Timothy-Asobele, qui avait
d
éjà publié
L
e français au Nigeria: une cartographie dynamique
(
Printview
P
ublishers, Lagos, 1999), propose ainsi, à partir de faits d’éducation, un point
d
e vue dans le vaste débat qui alimente les spéculations sur les recompositions
a
fricaines.
Variations sur l’étranger dans les lettres: cent ans de
traductions françaises des lettres brésiliennes
2004, Marie-Hélène Catherine Torres, ISBN 3-84832-013-3; 330 p.
Artois Presse Université, collection Traductologie
Département de Langues et littératures étrangères
de l’Université Fédérale de Santa Catarina (Brésil)
9, rue du Temple, BP 665, 62030 Arras Cedex (France)
http://www.univ-artois.fr/francais/apu/index.htm
T
él.: 03.21.60.38.51 Fax: 03.21.60.38.71
C
ontacts: gilles.bardot@univ-artois.fr
m
arie@cce.ufsc.br
L
’ouvrage, produit à partir d’une thèse de doctorat présentée à la Katholieke
U
niversiteit van Leuven (Belgique) en 2001, analyse avec précision le fonction-
n
ement de la traduction comme phénomène socio-culturel qui permet à la fois
l
’ouverture sur le monde (ici sur la vaste et prolifique littérature brésilienne
pour les francophones non-lusophones) et l’assimiliation. Faute de pouvoir
neutraliser son acte, la traduction penche soit d’un côté, soit de l’autre
selon les circonstances techniques, culturelles, économiques, politiques.
Ainsi, sur la «carte mondiale des littératures», la position brésilienne semble
présentée comme celle d’un pays dominé à travers les traductions françaises
qui contribuent à inventer une identité brésilienne dans un imaginaire français,
à la fois par les choix et contraintes dans l’acte de traduction de commande,
le fonctionnement du marché de l’édition, son choix des traducteurs et son
ciblage du public-lecteur. Marie-Hélène Catherine Torres enseigne la littérature
française et la traduction à l’Université fédérale de Santa Catarina (Brésil).
Francofonia – Langue, corps et identité
dans la littérature belge de langue française
2
004, numéro 13, ISSN 1132-3310; 321 pages.
U
niversidad de Cádiz, Servicio de publicaciones
Avda. Gómez Ulla, n
o
1, 11003 Cádiz (Espagne)
http://www.uca.es/serv/publicaciones
Tél.: 34 956 01 55 01 Fax:34 956 01 55 05
Contact: francofonia@uca.es
Ce numéro, dirigé par Estrella de la Torre et Martine Renouprez (toutes deux
d
e l’Université de Cadix) propose des articles sur la littérature belge franco-
p
hone souvent mal connue. Oeuvres interprétées et croisements d’œuvres
a
nalysés d’auteurs variés et différents: Jacques Stenberg, auteur de nom-
b
reux romans et et nouvelles frôlant la science-fiction ou le fantastique
(
bien qu’il s’en défende parfois); Paul Nougé, instigateur et théoricien du
s
urréalisme en Belgique; Pascal de Duve, décédé le 16 avril 1993 à l’âge de
2
9 ans, laissant derrière une bibliographie restreinte dont
I
zo
,
considérée comme
u
n conte philosophique; Thomas Owen qui sous son pseudo de critique d’art
s
’appelait aussi Stéphane Rey dont l’univers fantastiques et policier plongent
d
ans l’horreur et l’irrationnel; le peintre-céramiste-poète Michel Seuphor,
q
ui devint français en 1954 et publia un nombre considérable d’ouvrages lit-
t
éraires et d’écrits sur l’art; Achille Chavée et ses thèmes récurrents: les
femmes, les textes autobiographiques (le long poème
Identité), la mort (Merde,
je vais mourir
), l’absence de gloire (Un jour je n’entrerai pas à l’académie) qui
sont ici traversés par un hyperthème de poétique florale. Notons également
un article particulièrement intéressant et original dans le cadre de la
réflexion
sur langues et migrations
: «Migration, écriture et identité: l’exemple italo-
québécois
»
où sont analysées les traces multilingues chez les écrivains italo-
québécois qui écrivent au Québec, éduqués en école anglophone et qui parlaient
u
n dialecte italien en famille (pp.193-207).
The French Review
– Le Québec et le Canada francophone
2
005, American Association of Teachers of French (ed.); 280 p.
D
r. Christopher P. Pinet
M
odern Languages, Montana State University
324 Reid Hall, Bozeman, MT 59717 (États-Unis)
Tél.: 1 406 994 6444 Fax:1 406 994 6199, 0802 324 1791
Contact: chrispp@mcn.net
La revue de l’AATF propose un numéro consacré au domaine
francophone canadien: expression littéraire et cinématographique, questions
de société, développement des compétences en français langue seconde dans
les établissements scolaires du Québec, un large champ est ainsi couvert à
travers des analyses d’oeuvres, des points de vue, un entretien avec J.M.
Massie, conteur québécois, les parcours biographiques de créateurs comme
celui de Serge Kokis, écrivain et peintre québécois originaire du Brésil.
Bilingue, cette revue propose également des notes de lecture d’ouvrages de
littérature de didactique, de linguistique, de grammaire ou d’histoire.
En français
et en d
’
autres
langues
La rédaction a reçu
Quel français apprend-on dans mon cours? Ce
n’est pas le français scientifique dans un
sens traditionnel, il y a au moins deux diffé-
rences. En apprenant une langue on parle des
problèmes scientifiques, on fait des exposés,
on résout des problèmes: un livre scientifique
n’a pas été écrit pour mettre en évidence les
Plus-que-parfaits ou les expressions «ne que».
D’autre part, une petite révolution didactique
s’opère dans ma classe: on y apprend les
notions d’une langue spécialisée avant le
français général. Ce français en spécialité
n’est pas un complément avancé et postérieur
du français général, mais c’est bien lui qui
s’apprend d’abord et qui simplifie et accélère
l’apprentissage du français général. Habituel-
lement on a avec chaque groupe un seul cours
de trois heures par semaine, très intensif,
avec beaucoup de travail à domicile. Et tout
en parlant des sciences, on se réserve le temps
pour lire
Le Petit Prince, mettre en scène Les
Trois Ours
ou chanter Brassens…
PORTRAIT D’UN BON APPRENANT
Il a été facile à remarquer que les étudiants
en cours facultatif sont souvent bons non
seulement en langues, mais aussi en sciences.
De plus, quand je participe chaque année à
une compétition sportive très populaire dans
la région (une course d’orientation de nuit:
imaginez une course de quelques heures à
travers des marécages du Nord de la Russie
sous une fraîche pluie d’octobre
!), j’y retrouve
souvent mes étudiants. Ce sont alors les mêmes:
ceux qui sont bons dans leur activité principale,
qui sont également bons en français car ils ont
l’esprit compétiteur. Ce sont de bons apprenants
qui aiment surmonter des obstacles en comp-
tant sur leurs propres forces. L’être humain a
besoin de fortes impressions positives, de
réussite qui valorise ses propres efforts.
IL FAUT BIEN VOIR L’AVENIR
Je me demande qu’est-ce que je vais enseigner
dans les années à venir? Un professeur de
français scientifique ne peut pas être tranquille:
il espère mais il ne sait pas jusqu’où le français
sera une langue de travail. De toute façon,
le français ne peut pas être la seule langue de
travail
; il sera toujours une langue parmi les
autres. Alors je suis aussi devenu traducteur
technique de l’anglais, et j’ai commencé à
enseigner la traduction scientifique et
technique, un métier très spécifique et très
différent de l’enseignement classique des
langues, où sont inséparables le français,
l’anglais et la science elle-même.
Bien que les compétences de l’anglais-outil
soient aujourd’hui indispensables, celles d’une
autre langue au moins, témoignent d’une
part, des capacités de l’étudiant, et, d’autre
part, de son désir d’horizon.
Dmitry Lisachenko
Université de Saint-Pétersbourg (Russie)
da@fr.spb.ru
Points de vue suite de la page 3