Cancer du sein et médiation thérapeutique par la photographie

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30èmecongrès de la Société Française de Psycho-Oncologie – De la formation aux pratiques professionnelles : évolution en cancérologie et nouveaux défis pour les soins
psychiques – 11, 12, 13 décembre 2013, Paris
Cancer du sein et médiation thérapeutique par la photographie
Sophie Lantheaume, Arnaud Pagès, Stéphane Lantheaume, Mathieu Bosset,
Lydia Fernandez, Stéphanie Blois-Da Conceição
Lantheaume.sophie@hotmail.fr ; amostinga@sfr.fr ; steph.lant@wanadoo.fr ; mathieu.bosset@wanadoo.fr ;
lydia.fernandez@univ-lyon2.fr ; stephanie.bloisDaConceicao@univ-lyon2.fr
Introduction
Le cancer du sein (CS) et ses traitements entrainent chez les patientes une modification de l’image corporelle et
spéculaire, altérant sentiment d’identité et estime de soi, provoquant d’emblée une perte de confiance.
Objectifs
Evaluer l’impact sur l’intégration progressive des modifications corporelles induites par les traitements des séances
de psychothérapie par médiation photographique.
Méthode
Population :
4 patientes (m = 48 ans) atteintes de cancer du sein
non métastasé en phase initiale et bénéficiant de
prises en charge (médicale et psychologique) à
l’Institut-Du-Sein (Drôme-Ardèche). Patientes
traitées par chirurgie (mastectomie), chimiothérapie
et radiothérapie.
Outils :
-Photographies des patientes ;
-Entretiens semi-directifs.
Dispositif (temps des traitements : T) :
-T1 (temps des traitements 1) : la patiente
est photographiée au cours de sa chimiothérapie ;
-T2 (temps des traitements 2) : la patiente
est photographiée au cours de sa radiothérapie ;
-T3 (environ un mois après la fin des traitements) :
la patiente est photographiée au moment de
la reprise du travail ;
-T4 (environ un an après l’annonce du cancer) :
la patiente est photographiée ;
Exemple de prise en charge
Véronique (45 ans)
-T1 (Novembre 2012)
« 1ère victoire : la fin de la chimiothérapie.
2ème victoire : on retire le PAC. Je suis une
personne malade, en sursis mais j’ai de
l’espoir, je vais rebondir. Ça fait mal de se
voir ainsi, j’aimerais me dire que ce n’est pas
moi, mais je dois l'accepter pour
avancer ».
-T2 (Avril 2013)
« J’ai jeté le foulard donc j’avance, je passe
à autre chose, je suis une battante. Si c’était
une personne que je ne connaissais pas, je
dirai que cette femme est superbe ! Mais ce
n’est pas un peu narcissique de dire ça ?! Je
me sens féminine. Ma main protège ce sein
qu’on m’a enlevé : Un sein en moins mais
toujours la même femme ».
-T3 (Août 2013)
« C’est une des séances qui m’a le plus
marquée. Il a fallu que je me dénude à la fois
physiquement et mentalement. C’est un
véritable pied-de-nez à la maladie: tu vois
cancer, tu m’as mutilée mais on peut quand
même être belle ! Mes pieds forment
un V celui de Véronique, celui de Victoire. Je
n’aurai jamais osé faire ce genre de photo
avant : oser se dévoiler et oser s’assumer ».
-T4 (Novembre 2013)
« Je n’aime pas ma coupe mais j’adore mes
cheveux. Ça pétille dans mon regard ! Je me
sens belle. Je me revois il y a un an et je me
dis: je suis fière d’elle ! J’ai l’impression
d’avoir une force supplémentaire en moi, je
m’assume mieux qu’avant la maladie ».
Références bibliographiqu es : Civalleri, C. (2005). La photographie : un objet de médiation thérapeutique ? Enfances & psy, 1(26) : 55-66 ; Derzelle, M. (2003). Temps, identité, cancer. Clinique Méditerranéennes, 2(68), 233-243 ; Deschamps, D. (1997). Psychanalyse et cancer : au fil des mots… un autre
regard. Paris : L’Harmattan ; Dolto, F. (1984). L’image inconsciente du corps. Paris : Seuil ; Guerreschi, J. (1998). Territoire psychique, territoire photographique. Cahier de la photographie, 14 : 69-82 ; Reich, M. (2009). Cancer et image du corps : identité, représentation et symbolique. L’information psychiatrique,
85(3) : 247-254 ; Shilder, P. (1935). L’image du corps. Etudes des forces constructives de la psyché. Paris : Gallimard ; Stewart, D. (1979). Photo therapy :theorie and practice.Art Psychotherapy, 6: 41-46 ; Van Vliet, K. (1977). Creativity and self image, An Odyssey into Poetry through photography.Art
psychotherapy, 4: 89-93 ; Photographies: Marianne Louge - tous droits réservés -2013
Résultats
Les entretiens révèlent que : - les patientes ont
réellement pris conscience de la maladie lors du
visionnage des photographies (entre T2 et T3), - les
séances sont des moments de détente ; de jeu
mettant à distance leurs inquiétudes en lien avec la
maladie ; - les patientes ont pu exprimer des
émotions contenues ; - au fur et à mesure des
séances, les patientes reprennent confiance en
elles.
Conclusion
La médiation thérapeutique par la photographie semble agir sur les composantes physiques, cognitives, sociales et
affectives des symptômes présentés par les patientes atteintes de (CS). La photographie a permis non pas
seulement de restituer le reflet de l’être existant mais aussi celui de l’être possible – en devenir – permettant aux
patientes de se projeter puis de se diriger à nouveau dans un futur.