Les champs des loisirs sportifs et de l’EPS connaissent actuellement un engouement important autour du développement des pratiques d’auto-quantification ; celles-ci consistent à mesurer, en temps réel, l’évolution de ses propres performances et de ses variables biologiques au moyen d’un dispositif numérique portatif. Si plusieurs propositions pédagogiques insistent sur les potentialités éducatives de ces outils, d’autres études, plus critiques, révèlent que, suite à une phase initiale d’engouement, certains élèves témoignent d’attitudes de résistance voire de désengagement vis-à-vis de ces instruments et, plus largement, de l’activité physique. Plusieurs usages dysfonctionnels de l’auto-quantification pourraient, en effet, s’avérer néfastes au bien-être de l’utilisateur, dès lors contraint de l’abandonner. Tout à la fois conscients des dérives possibles de la mise en chiffres de soi et de ses potentialités éducatives, nous proposons une réflexion pédagogique de nature non normative : en effet, il ne s’agira pas d’imposer, a priori et uniformément à tous les élèves, un même usage, supposé pertinent, du self-tracking. À l’inverse, nous les encouragerons, au travers d’une attitude expérimentale et comparative, à tester divers usages de l’outil et à en apprécier les conséquences différentielles sur leurs performances, leurs ressentis, leurs motivations et leurs émotions, afin de découvrir, par essais-erreurs, les utilisations qui leur sont, individuellement, le plus profitables. Nous proposerons ensuite d’entraîner les élèves à la confrontation systématique des données quantitatives recueillies avec les ressentis singuliers qu’ils éprouvent, dans le but d’affiner leurs savoir-faire perceptifs. Enfin, en guise d’ouverture, nous proposerons d’engager chaque élève, à l’échelle de l’année scolaire, dans la conception et la mise en œuvre d’un « projet personnalisé d’auto-quantification » visant à le préparer, de façon lucide, aux multiples situations d’auto-quantification auxquelles il pourra être confronté.
The fields of sports leisure and Physical Education (PE) are currently experiencing a major craze around the development of self-quantification practices; these practices consist in measuring, in real time, the evolution of one's own performance and biological variables using a wearable digital device. While several pedagogical proposals insist on the educational potential of these tools, others studies, more critical, reveal that some students show, after an initial phase of enthusiasm, attitudes of resistance or even disengagement towards the device in itself and, more globally, the physical activity. Several dysfunctional uses of self-quantification could be harmful to the well-being of the user who is, then, forced to give it up. We propose a non-normative pedagogical reflection: it will not deal with imposing, uniformly to all the students, the same use of self-tracking. On the contrary, we encourage them to test various uses of the tool and to appreciate the differential consequences on their performances, feelings, motivations and emotions, in order to discover the uses that are most profitable for them individually, through an experimental and comparative approach. We, then, propose to train the students to systematically confront the quantitative data collected with the singular feelings of their experiences in order to refine their perceptual skills. Finally, as an opening, we suggest to engage each student, at the scale of the school year, in the design and the implementation of a "personalized self-quantification project" whose aim is to train for the multiple self-quantification situations they will be probably confronted with.