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Le grand tétras Tetrao urogallus en France: biologie, écologie et systématique.

Authors:
Olivier Duriez & Emmanuel Ménoni
Le Grand Tétras Tetrao urogallus est un galliforme
d’affinité boréale, dont l’aire de répartition s’étend
entre 50° et 66° de latitude Nord, de façon large-
ment continue, de la Norvège jusqu’à l’est de la
Sibérie centrale, à la longitude de 130° E (de Juana
1994). Cependant, des populations disjointes
occupent des massifs forestiers jusqu’à 40°Nord –
Écosse, Forêt Noire, Vosges, Jura, Alpes, Carpates,
Balkans, Pyrénées, Sierra Cantabrique… –, et ces
populations sont d’autant plus liées aux reliefs que
l’on s’éloigne vers le sud. Parmi les douze sous-
espèces décrites dans la littérature (V. plus loin),
deux sont présentes en France : T. u. major qui
occupe les Vosges et le Jura, et T. u. aquitanicus,
propre aux Pyrénées.
Avec une population estimée à 4000 adultes, les
Pyrénées françaises abritent près de 90 % de la
population nationale. Il ne reste plus que 200
adultes dans les Vosges, 300 dans le Jura français,
entre 30 et 50 oiseaux en Lozère (suite à une réin-
troduction conduite par le Parc national des
Cévennes), tandis que l’espèce a disparu des Alpes
françaises autour de l’an 2000 (OGM 2004). Les
populations françaises de Grand Tétras repré-
sentent entre 7,5 et 10 % des effectifs de l’Union
Européenne hors Scandinavie, mais moins de 1 %
de la population mondiale de l’espèce (Storch
2000). La France abrite en revanche environ 60 %
des effectifs de la sous-espèce aquitanicus (Ménoni
et al. 2004). Dans cet article, pour ne pas simple-
ment répéter les informations facilement trouvées
dans les encyclopédies généralistes (Cramp &
Simmons 1982, del Hoyo et al. 1994), nous allons
nous intéresser plus particulièrement à la situation
et au statut du Grand Tétras dans les Pyrénées, les
Vosges et le Jura, qui constituent un important
enjeu dans la conservation de la biodiversité
locale. Après une revue des connaissances sur
l’écologie de l’espèce dans les Pyrénées en com-
paraison des autres populations de l’est de la
France, nous détaillerons les résultats d’une étude
récente concernant la biogéographie et la géné-
tique des populations de tétras pyrénéens et eura-
siatiques, qui auront sans doute prochainement
Le Grand Tétras Tetrao
urogallus en France : biologie,
écologie et systématique
Ornithos 15-4 : 233-243 (2008)
233
fig. 1. Répartition maximale du Grand Tétras Tetrao urogallus
en France au XXesiècle (d’après OGM 2005). L’aire de présence
du Grand Tétras est à peu près stable dans les Pyrénées ;
l’espèce a disparu des Alpes françaises et régresse dans
le Jura et surtout les Vosges, tandis qu’elle demeure très
localisée dans les Cévennes. Maximum breeding range of
Capercaillie in France in the 20th century. Note that the range
of the species is considered just about stable in the Pyrénées, is
recently extinct in the French Alps, in decline until 1990 and now
stable in the Jura, in continuous decline for 30 years in the Vosges,
especially around the margins of the range which are increasingly
becoming fragmented, and very limited in the southern Massif central.
Grand Tétras Tetrao urogallus
Répartition maximale
au XXesiècle
aquitanicus
major
?
LEGRAND TÉTRAS EN FRANCE :ÉCOLOGIE,SYSTÉMATIQUE
sol acides), chênaies à chêne sessile –, à partir du
moment où ces forêts présentent un couvert assez
clair pour qu’une végétation de sous-bois s’y déve-
loppe (Ménoni 1991). Les formations pionnières
proches de la lisière supérieure des forêts, ainsi
que les landes subalpines à rhododendrons ferru-
gineux, myrtilles et genévriers, sont également de
très bons habitats dans la chaîne des Pyrénées et
rappellent fortement les habitats occupés par le
Tétras lyre Tetrao tetrix dans les Alpes. Ce dernier
étant absent des Pyrénées depuis la dernière gla-
ciation, tout se passe comme si le Grand Tétras
pyrénéen avait élargi sa niche écologique à celle
laissée vacante par le Tétras lyre (Ménoni et al.
2005a),unphénomèneclassiquedanslessituations
insulaires (Newton 2003).
Dans les Vosges, le Grand Tétras vit entre 400 et
1200 mètres d’altitude. L’espèce fréquente les
vieilles futaies claires de conifères (50 à 70 % de
sapins ou de pins) avec un tapis dense de myrtilles.
À la lisière supérieure de ces peuplements, les
landes montagnardes et subalpines constituent
aussi un habitat recherché.
Dans le Jura (et, jusqu’à récemment, en Haute-
Savoie), le Grand Tétras fréquente majoritaire-
ment les prés-bois d’altitude, largement dominés
par l’épicéa, les forêts sur lapiaz, les renversées
de chablis, et quelques boisements subalpins du
département de l’Ain. On le trouve entre 800 et
1600 mètres d’altitude.
Ses exigences vis-à-vis de l’habitat sont particu-
lièrement marquées en hiver, et pendant la période
d’élevage des nichées (Devau & Catusse 1988,
Ménoni 1991, Storch 1993a, 1993b). En hiver,
le Grand Tétras limite au maximum ses déplace-
ments. Il recherche alors des peuplements clairs,
comprenant au moins quelques pins (sylvestres
ou à crochet), ou des sapins, souvent situés en
position dominante (haut de versant, rupture de
pentes, etc.). De novembre à avril, l’alimentation
de l’espèce est presque uniquement constituée
d’aiguillesde conifères(pinsylvestre,pinà crochets,
sapin, genévrier…) que l’oiseau peut assimiler
grâce au développement remarquable de ses caeca
gastriques, des ramifications du tube digestif
abritant une flore bactérienne capable de trans-
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Ornithos 15-4 : 233-243 (2008)
une forte influence sur la systématique et le statut
de conservation de l’espèce. Enfin, dans ce même
numéro d’Ornithos, divers auteurs vont analyser
l’évolution, les menaces et les mesures de gestion
et de conservation pour chaque population : les
Vosges, le Jura français, les Alpes françaises (d’où
l’espèce a disparu), les Pyrénées et les Cévennes
(population réintroduite).
M
ORPHOLOGIE ET PLUMAGE
Le Grand Tétras est le plus gros galliforme sauvage
européen, au dimorphisme sexuel très marqué.
Les oiseaux des Pyrénées (aquitanicus) sont plus
petits que la plupart des autres sous-espèces :
les coqs mesurent entre 81 et 94 cm pour un poids
de 2,6 à 4,2 kg, et les poules entre 58 et 62 cm
pour 1,2 à 2,0 kg. Chez la sous-espèce major
(Vosges, Jura et Alpes), les coqs atteignent entre
86 et 110 cm (2,5-6 kg), et les poules entre 55 et
70 cm (1,5-2,2 kg). Le plumage du mâle de la sous-
espèce aquitanicus est nettement plus sombre et
plus contrasté que celui de la sous-espèce major
(Glutz von Blotzheim et al. 1973, Couturier &
Couturier 1980), et les ponctuations blanches
de la queue sont en général beaucoup plus déve-
loppées. La teinte de la femelle aquitanicus est plus
sombre et la dominante rousse moins accusée que
chez celle de major. C’est notamment le cas du
plastron, uniformément roux chez major et toujours
ponctué de raies bleu-noir chez les poules des
Pyrénées (Castroviejo 1975). Une autre différence
morphologique réside dans la forme des œufs,
plus pointus et plus allongés dans les Pyrénées,
ce qui les rend moins enclins à rouler hors des nids
et pourrait constituer une adaptation aux fortes
pentes (Ménoni 1991).
É
COLOGIE ET COMPORTEMENT
Habitat et régime alimentaire
Dans les Pyrénées françaises, la tranche d’altitude
potentiellement favorable à l’espèce se situe de 900
à 2400 m. Les habitats utilisés sont très variés
sapinières et hêtraies pures, hêtraies-sapinières,
pinèdes (de pins à crochets sur sol acide mais aussi
calcaire, de pins sylvestres sur raisin d’ours ou sur
234
Ornithos 15-4 : 233-243 (2008)
2. Grand Tétras
Tetrao urogallus aquitanicus,
mâle, Pyrénées, mai 2008
(Olivier Brousseau).
Male Capercaillie of the
Pyrenean race aquitanicus.
1. Grand Tétras
Tetrao urogallus major,
mâle, Jura, janvier 2004
(Didier Pépin). Male
Capercaillie of the central
European race major.
LEGRAND TÉTRAS EN FRANCE :ÉCOLOGIE,SYSTÉMATIQUE
En Europe septentrionale, trois sous-espèces sont
décrites : urogallus dans la péninsule Fenno-
scandinave, karelicus en Finlande et T. u. lonnbergi
dans la péninsule de Kola, Russie.
Enfin, en Europe de l’Est et en Asie centrale, on
trouve cinq autres sous-espèces : pleskei en Biélo-
russie et en Russie européenne, obsoletus dans le
nord de la Sibérie, volgensis en Russie centrale,
uralensis dans l’Oural et le sud-ouest de la Sibérie,
et taczanowskii de la Sibérie centrale jusqu’à l’Altaï
(de Juana 1994).
Ces descriptions ont été réalisées principalement
en fonction de critères morphologiques (variations
du plumage, morphométrie), essentiellement à
partir de spécimens de musées. Toutefois, sur la
base d’études génétiques, cette classification a été
récemment remise en question, à petite échelle
tout au moins en Finlande. En effet dans ce pays,
trois sous-espèces sont décrites, mais pourtant
aucune différence génétique n’a été trouvée au
sein de ces populations (Liukkonen-Anttila et al.
2004). D’autre études génétiques ont montré que
certaines populations (notamment celles des
Vosges, de la Forêt Noire, du Jura, et des Alpes)
étaient, encore récemment au moins, connectées,
alors que les populations des Pyrénées étaient plus
isolées (Segelbacher & Storch 2002, Segelbacher
et al. 2003, Régnaut 2004).
Quel est donc le statut phylogénétique réel de la
population pyrénéenne par rapport aux autres
populations européennes ? Des échantillons
(provenant essentiellement de crottes, mais aussi
de plumes) de Grand Tétras, ainsi que de Tétras
à bec noir Tetrao parvirostris, espèce proche vivant
dans l’est de la Sibérie et la Mongolie, ont été
récoltés dans toute l’aire de répartition pour une
étude phylogéographique à large échelle (Duriez
et al. 2007). Grâce aux techniques moléculaires
modernes, il est possible d’extraire de l’ADN de
ces échantillons, puis de l’amplifier (méthodes de
PCR) et enfin de le séquencer. En choisissant cer-
taines séquences de gènes évoluant rapidement
(comme l’ADN mitochondrial dans ce cas) et en
comparant ces séquences entre elles, il est possi-
blededéterminerledegréde parentédesdifférentes
sous-espèces à partir d’arbres phylogénétiques,
voire dans certains cas de mesurer le temps de
divergence entre les lignées. Les résultats obtenus
sont surprenants (Duriez et al. 2007). Selon l’arbre
phylogénétique simplifié (fig. 2), les tétras pyré-
néens sont très proches génétiquement des tétras
cantabriques, au point de pouvoir être regroupés
en un même clade B. En revanche, ils sont relati-
vement éloignés des autres sous-espèces eurasia-
tiques, toutes regroupées dans un clade A,
indiquant qu’il n’y aurait que très peu de diffé-
rences génétiques entre toutes les autres sous-
espèces eurasiatiques, des Alpes à la Sibérie en
passant par la Scandinavie ! Enfin, encore plus
surprenante a été la découverte que 20 % des
séquences roumaines et 100 % des séquences
bulgares se trouvent placées dans le clade B, avec
les séquences pyrénéennes et cantabriques.
Une analyse détaillée permet d’aller plus loin dans
l’interprétation. Le fait que deux échantillons
237
Ornithos 15-4 : 233-243 (2008)
former la cellulose. Il est intéressant de noter que
la population cantabrique, génétiquement proche
des oiseaux pyrénéens (V. plus loin), a un régime
alimentaire hivernal unique, constitué principale-
ment de feuilles de houx, les conifères étant pra-
tiquement absents de son habitat (Rodriguez &
Obeso 2000).
Au printemps, les nichées recherchent des faciès
de végétation qui présentent une strate basse
plutôt fermée (entre 25 et 80 cm de haut), com-
prenant souvent beaucoup d’éricacées (rhodo-
dendrons, raisin-d’ours, bruyères, callunes,
myrtilles, airelles…) et toujours riches en insectes.
Ces habitats se trouvent dans des parties très
ouvertes des forêts, dans des couloirs d’ava-
lanches, des landes proches de la lisière supérieure
de la forêt, ou dans des trouées naturelles ou
provoquées par des travaux sylvicoles. En avril-
mai, l’augmentation des besoins énergétiques due
aux activités reproductrices conduit le Grand
Tétras à rechercher des aliments riches en pro-
téines. Il consomme alors des bourgeons de hêtre,
de sorbier des oiseleurs et de myrtille, des chatons
de saules et de bouleaux, et des pousses de plantes
herbacées. Son régime alimentaire se diversifie
de juin à septembre, avec la consommation d’en-
viron 150 plantes herbacées différentes, puis de
baies – myrtilles, framboises, sorbes. Les poussins
se nourrissent d’arthropodes durant les quatre
premières semaines de leur vie, puis adoptent
progressivement le régime alimentaire des adultes.
Reproduction
Le Grand Tétras est une espèce polygame, dont
l’âge de maturité sexuelle et sociale des coqs est de
2 à 4 ans, tandis que les poules se reproduisent dès
l’âge d’un an (Cramp & Simmons 1982). L’activité
de reproduction est centrée autour de places de
chant (appelées leks ou arènes). En saison de
reproduction, les mâles commencent à chanter
une heure avant le lever du soleil et peuvent
demeurer sur l’arène pendant 1 à 8 heures, selon
les conditions atmosphériques, le nombre de
congénères et la présence de poules. Chaque mâle
occupe une position précise sur la place de chant
et défend, parfois violemment, un micro-territoire
de quelques dizaines de mètres carrés. La compé-
tition s’effectue principalement par le chant et la
posture du mâle, qui sont, pour les femelles qui
visitent les arènes, des indicateurs de « qualité »
du mâle. En fonction de sa « performance », les
poules choisissent ainsi le géniteur susceptible
de porter les meilleurs gènes, qui garantiront les
meilleures chances de survie pour leurs poussins.
Le rôle du mâle dans la reproduction se limite à
l’accouplement. En général, un ou deux vieux
mâles expérimentés assurent la grande majorité
des accouplements sur une place de chant, qui
peut regrouper jusqu’à une dizaine de coqs. Les
jeunes mâles, d’abord cantonnés à la périphérie
du lek, gagnent de l’expérience d’année en année,
etse rapprochentducentrede l’arèneenacquérant
une position dominante dans la hiérarchie. Les
poules couvent et élèvent seules les poussins. On
trouveraplus d’informations sur le fonctionnement
des leks dans des ouvrages spécialisés d’écologie
comportementale (Danchin et al. 2005).
Dans les Vosges et le Jura, ainsi que dans la
majeure partie de l’aire de distribution boréale,
les places de chant se trouvent typiquement dans
des clairières, au sein de vieilles forêts de conifères,
à moyenne altitude. Dans les Pyrénées, l’habitat
de reproduction est tout à fait original, car les
places de chant sont situées en milieu relativement
ouvert à l’étage subalpin, comme c’est le cas pour
le Tétras lyre dans les Alpes. La ponte comporte
en moyenne 6,5 œufs dans les Pyrénées contre 7,5
œufs pour la sous-espèce major. À la fin du mois
d’août, environ 30 % des poulesmènent une nichée
comptant en moyenne 2,3 jeunes, soit un indice
de reproduction moyen de 0,7 jeune élevé par
poule (Ménoni 1991).
B
IOGÉOGRAPHIE ET SYSTÉMATIQUE
Douze sous-espèces étaient traditionnellement
reconnues chez le Grand Tétras depuis que
l’espèce avait été décrite par Linné en 1758 (de
Juana 1994).
En Europe occidentale et méridionale, en plus
de la sous-espèce dominante major dans les Alpes
et l’Europe centrale et d’aquitanicus dans les
Pyrénées, on rencontre cantabricus dans les monts
Cantabriques, nord de l’Espagne, et rudolfi dans
les Carpates et la péninsule Balkanique.
236
Ornithos 15-4 : 233-243 (2008)
fig. 2. Arbre phylogénétique simplifié (V. Duriez et al. 2007,
pour les détails) issu du séquençage d’ADN mitochondrial de
103 échantillons de Grand Tétras Tetrao urogallus, provenant
de 27 populations, et de 8 échantillons de Tétras à bec noir
T. parvirostris, provenant de 6 populations. Noter qu’il s’agit
de l’arbre des gènes issu de Duriez et al. (2007), et non pas
de l’arbre systématique des sous-espèces. Simplified phylogenetic
tree obtained with mitochondrial DNA sequencing from 103 samples
of Eurasian Capercailie, issued from 27 populations, and from 8
samples of Black-billed Capercailie, issued from 6 populations
(see Duriez et al. 2007 for details). Note that it is the gene tree
from Duriez et al. (2007) and not a systematic tree of subspecies.
Tetrao parvirostris
Tetrao urogallus
Clade C
Clade B
Tetrao urogallus Clade A
Eurasie
T. u. aquitanicus
T. u. cantabricus
T. u. rudolfi
Pyrénées
MontsCantabriques
Bulgarie, Roumanie
T. u. taczanowskii
T. u. rudolfi
T. u. uralensis
T. u. volgensis
T. u. pleskei
T. u. obsoletus
T. u. major
T. u. urogallus
T. u. aquitanicus
LEGRAND TÉTRAS EN FRANCE :ÉCOLOGIE,SYSTÉMATIQUE
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Ornithos 15-4 : 233-243 (2008)
238
Ornithos 15-4 : 233-243 (2008)
3. Tétras à bec noir
Tetrao parvoristris, mâle,
nord-est de la Sibérie,
mai 2000 (Siegfried Klaus).
Male Black-billed Capercaillie,
north-eastern Siberia.
4. Grand Tétras Tetrao
urogallus aquitanicus, mâle,
Pyrénées, avril 1998
(Emmanuel Ménoni).
Male Capercaillie of the
Pyrenean race aquitanicus.
pyrénéens soient placés dans le clade A et que
des échantillons roumains et bulgares soient dans
le clade B pyrénéen suggère que les échanges entre
les Pyrénées etle reste de l’Eurasie sont, ou étaient,
possibles. Les Pyrénées sont séparées des plus
proches populations des Cévennes et des Alpes
par une distance de 300 et 500 km respectivement,
rendant la dispersion naturelle entre ces régions
improbable,étantdonnéela distancededispersion
moyenne des femelles, qui est de 10 km (Nappée
& Douhéret 2004). La réintroduction ou le lâcher
(légal ou illégal) d’oiseaux de la sous-espèce major
dans les Pyrénées ou d’oiseaux de la sous-espèce
aquitanicus en Roumanie n’est pas documenté et
s’avère très improbable. Finalement, l’analyse fine
desséquencesmontrequelesséquencesroumaines
ou bulgares ne sont pas strictement identiques
aux séquences pyrénéennes, mais dériveraient
plutôt d’une évolution indépendante à partir
d’ancêtres communs. Deux autres études indé-
pendantes, réalisées à partir d’autres séquences
d’ADN mitochondrial, confirment cette diver-
gence entre les populations cantabrico-pyré-
néennes et les autres, avec toutefois un plus fort
taux de séquences de type « eurasiatique » dans
les Pyrénées, suggérant une plus forte hybridation
passée entre les deux lignées (Rodríguez-Muñoz
et al. 2007, Segelbacher & Piertney 2007).
Il devient alors possible de proposer un scénario
pour l’évolution des populations de Grand Tétras
en Eurasie. La divergence entre le Tétras à bec noir
(clade C) et le Grand Tétras est ancienne, et des
fossiles permettent de la situer autour de -0,78
et -0,47 million d’années (Ma), ce qui correspond
à la glaciation du Mindel estimée entre -0,65 et
-0,35 Ma (Drovetski 2003). Le Tétras à bec noir
est bien une espèce différente du Grand Tétras.
La divergence entre les deux lignées de Grands
Tétras est sans doute également liée aux glacia-
tions du Pléistocène. Il est possible qu’avant la
dernière glaciation (Würm), la lignée méridionale
(clade B) se soit répandue à travers toute l’Europe,
et au moins jusqu’aux Balkans, alors que la lignée
boréale (clade A) se serait répandue plutôt en
Europe du Nord et en Asie. Lors de la dernière
glaciation (-0,2 Ma), les deux lignées se seraient
retirées dans des refuges séparés, où les conditions
climatiques autorisaient la survie de l’espèce. Ces
refuges étaient situés dans la péninsule Ibérique
et les Balkans pour la lignée méridionale, et vrai-
semblablement en Asie du Sud pour la lignée
boréale. Ensuite les oiseaux de lignée boréale sem-
blent avoir reconquis rapidement l’Europe de
l’Ouest et du Nord et l’Asie, en repoussant les
oiseaux de la lignée méridionale vers l’ouest et le
sud de l’Europe et en les remplaçant. Ce rempla-
cement pourrait être dû à des avantages compé-
titifs de la lignée boréale dans les grandes forêts
nordiques (oiseaux plus lourds, donc plus résis-
tants et aussi mieux adaptés aux très basses tem-
pératures), alors que les adaptations écologiques
des oiseaux de la lignée méridionale les avanta-
geraient dans les montagnes du sud de l’Europe.
De nos jours, la faible proportion d’oiseaux pyré-
néens trouvés dans le clade A serait un indice de
l’arrivée de la lignée boréale près des Pyrénées.
Inversement, les oiseaux de lignée méridionale
parmi d’autres oiseaux de lignée boréale en
Roumanie témoigneraient de la cohabitation des
deux lignées dans les Carpates. La présence exclu-
sive d’oiseaux de lignée méridionale plus au sud
en Bulgarie, ou plus à l’ouest dans les monts
Cantabriques, indiquerait que les oiseaux de lignée
boréale n’ont jamais atteint ces régions. L’écologie
et le comportement des Grands Tétras n’ont été
que peu étudiés dans les Balkans. Cependant, il
est connu que les individus balkaniques de la sous-
espèce rudolfi sont sensiblement plus petits que
ceux de la sous-espèce major (Glutz von Blotzheim
et al. 1973, Couturier & Couturier 1980), et des
observations sur le terrain montrent qu’à l’instar
des oiseaux pyrénéo-cantabriques, ils utilisent éga-
lement des places de chant dans des milieux
ouverts de l’étage subalpin, en lisière et au des-
sus des forêts (S. Nikolov, obs. pers.). Cette par-
ticularité écologique ne correspond pas du tout
à l’écologie nordique de l’espèce, caractérisée par
son lien très fort aux stades matures des forêts,
et les Grand Tétras nordiques ne sont pas consi-
dérés comme des oiseaux de lisière, encore moins
de milieux extra-forestiers (Storch 1993a). Il sem-
blerait donc que les tétras balkaniques soient assez
proches morphologiquement et écologiquement
des tétras pyrénéens et cantabriques. Toutefois,
LEGRAND TÉTRAS EN FRANCE :ÉCOLOGIE,SYSTÉMATIQUE
des études approfondies sur l’écologie des tétras
dans les Balkans sont maintenant nécessaires pour
confirmer ces hypothèses.
Sur le plan de la systématique, il semble que la
validité des douze sous-espèces soit à présent
remise en question. En attendant une éventuelle
modification taxonomique par les systématiciens,
il faudrait plutôt considérer deux lignées évolu-
tives différentes (Evolutionary Significant Unit abrégé
ESU1) séparant une lignée boréale et une lignée
méridionale. Il est intéressant de noter que l’on
retrouve une différenciation similaire entre les
populations pyrénéo-ibériques et boréo-alpines
chez d’autres espèces de galliformes de montagne,
notamment le Lagopède alpin Lagopus muta et la
Perdrix grise Perdix perdix (Liukkonen-Anttila et al.
2002, Caizergue et al. 2003, Martin et al. 2003).
C
ONSERVATION ET AVENIR DE L
ESPÈCE
Le Grand Tétras est considéré comme une espèce
patrimoniale des forêts dans les écosystèmes qu’il
occupe. Sa forte association aux vieilles forêts
matures lui donne également le statut d’« espèce
parapluie », c’est-à-dire que sa présence est indi-
catrice d’une relative bonne santé de l’habitat et
d’une riche biodiversité (Pakkala et al. 2003 pour
les forêts boréales, Suter et al. 2002 pour les forêt
de montagne, Ménoni et al. 2005b pour les forêts
pyrénéennes). Ainsi, les mesures de conservation
dédiées au Grand Tétras età la protection de son
habitat sont fortement susceptibles de bénéficier
indirectement à de nombreuses autres espèces
d’animaux et de plantes. D’autre part, de par sa
dépendance à la forêt boréale, le Grand Tétras,
sera certainement affecté par les changements
climatiques à venir. En effet, le réchauffement
global ainsi que les éventuelles modifications du
régime des pluies, pourraient altérer les milieux
forestiers et notamment réduire l’étendue des
forêtsde conifèresd’altitude,morcelantdavantage
encore l’aire de l’espèce en Europe de l’Ouest.
Les études récentes montrent un fort degré de
divergence entre les populations pyrénéo-canta-
briques (et celles des Balkans ) et les autres popu-
lations eurasiatiques (Duriez et al. 2007). Les
populations pyrénéenne et cantabrique sont
isolées géographiquement et génétiquement, et
possèdent des caractéristiques écologiques par-
ticulières (Castroviejo 1975, Ménoni 1991,
Rodriguez & Obeso 2000, Segelbacher et al. 2003,
Bañuelos et al. 2004). Ainsi les populations pyré-
néenne et cantabrique peuvent être définies
comme une même ESU, unité évolutive indépen-
dante (Moritz 2002), séparable en deux unités
de conservation (en séparant cette fois les Pyrénées
et les monts Cantabriques), qui nécessiteraient
des mesures de conservation particulières. Avant
tout, cela implique que ces populations vulnéra-
bles (Pyrénées) ou en danger (Cantabriques) ne
peuvent pas être échangées ou renforcées avec des
oiseaux provenant de populations bien portantes
d’autres régions d’Eurasie. De ce fait, les mesures
de conservation de ces populations doivent être
entreprises localement avec les oiseaux existants.
La spécificité génétique des Grands Tétras pyré-
néens s’ajoute à leur valeur en tant qu’espèce patri-
moniale et « espèce parapluie » pour définir des
zones importantes pour la conservation de la
nature dans ces régions.
R
EMERCIEMENTS
Ce travail estune synthèse de travaux sur le Grand Tétras
financés par l’ONCFS depuis 1979. Pour les analyses géné-
tiques et phylogéographiques, nous tenons à remercier
Pierre Taberlet, Jean-Marie Sachet, Christian Miquel et
Nathalie Pidancier, chercheurs et techniciens au Labo-
ratoire d’écologie alpine de l’Université de Grenoble-1,
ainsi queles très nombreuses personnes qui ontfourni les
échantillons, notamment Stoyan Nikolov, Patrick Long-
champ, Sébastien Régnaut et tant d’autres qu’il n’est
pas possible de tous les citer ici. Pour le suivi des popu-
lations, nous remercions nos collègues de l’ONCFS, du
CNERA Faune de Montagne, notammentClaude Novoa,
Laurence Ellison et Pierre Defos du Rau, l’Observatoire
des Galliformes de Montagne, et tous nos informateurs,
en particulier lesmembres de l’Association des Chasseurs
de Montagne et du Club des Galliformes de Montagne,
le Groupe Tétras Jura et le Groupe Tétras Vosges pour
leurs informations sur les populations de ces massifs,
Christian Nappée et le parc national des Cévennes.
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Ornithos 15-4 : 233-243 (2008)
1Une ESU est définie comme une lignée ou population ayant
divergé génétiquement et/ou écologiquement d’autres lignées ou
populations et qui serait évolutivement indépendante, c’est-à-dire
susceptible de former un nouveau taxon (sous-espèce ou espèce)
dans le futur (Moritz 2002).
6. Tétras à bec noir
Tetrao parvoristris, femelle,
nord-est de la Sibérie,
mai 2004 (Siegfried Klaus).
Female Black-billed Capercaillie,
north-eastern Siberia.
5. Grand Tétras
Tetrao urogallus major,
femelle, Finlande,
mai 2008 (Marc Duquet).
Female Capercaillie of the
Scandinavian race urogallus.
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S
UMMARY
The Capercaillie in France : biology, ecology and taxo-
nomy. The westernCapercaillie is akeystonespecies of Palearctic
boreal and montane coniferous forests. With the increase of
mountain leisure activities and habitat loss, populations are
declining in most mountain ranges in western Europe. In France,
Capercailliepopulationsare dividedbetweenthemountainranges
in the Pyrénées (4000 males: 90% of the French population),
theJura(300 males),the Vosges(200males), and a reintroduced
population in the Cévennes (maximum 50 individuals). Twelve
subspecies of Capercaillie have been described over the vast
geographic range of the species. Capercaillies from the Pyrénées
belong to the subspecies aquitanicus while other French popula-
tions belong to the subspecies major. In this paper we first des-
cribethemorphology,plumage,ecologyandbehaviourof the French
Capercaillie. In the Vosges andJura, these aspects are very similar
to what is observed in the well studied population from central,
northern and eastern Europe. However in the Pyrénées,
Capercaillies are smaller, lighter, darker, with a reduced clutch-
size. In particular Pyrenean birds live at higher elevation close to
theuppertreeline,whereleksare locatedin subalpineforests,and
females regularly frequent alpine scrubland with their nestlings.
We also present an extensive phylogeographic study based on
mitochondrialDNA sequenceextractednon-invasivelyfrom faeces
collected throughout the species range. Populations from the
PyrénéesandCantabriansarecloselyrelatedbut are differentfrom
all other Capercaillie populations that form a homogenous clade.
Surprisingly samples from the Balkans show high similarity to the
Pyrenean and Cantabrian samples. Such distribution of lineages
mayresultfromglacialrefugiaandsubsequentcolonisationroutes
in Eurasia, with a western ‘aquitanicus’ lineage from Iberia and
the Balkans, and an eastern ‘urogallus’ lineage from southern
Asia.Therefore,we considerthat these south-westernpopulations
should be considered as forming an Evolutionary Significant Unit
that needs anappropriate management at a local scale.
Thisworkmighthaveimportantimplicationsfor Capercaillieconser-
vation strategies to define important areas for conservation, and
to prevent possible exchange or introductions of individuals origi-
nating from other lineages.
243
Ornithos 15-4 : 233-243 (2008)
B
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UMR 5173 MNHN-CNRS-UPMC
Conservation des espèces, restauration et suivi
des populations, 61 rue Buffon, 75005 Paris
(duriez@mnhn.fr)
Emmanuel Ménoni, ONCFS
CNERA Faune de montagne, Station des Pyrénées,
117 route nationale, 31800 Villeneuve-de-Rivière
(e.menoni@oncfs.gouv.fr)
7. Grand Tétras
Tetrao urogallus major,
mâle, Jura, janvier 2004
(Didier Pépin). Male
Capercaillie of the central
European race major.
... К настоящему времени в населении западных подвидов глухаря выделено большое число гаплотипов, которые объединены в две генетические линии Duriez, Ménoni, 2008]: -южная линия охватывает все районы современного обитания вида в Испании, а также французские Пиренеи, часть Карпат и горы Болгарии (рис. 1); ниже по тексту эта популяционная группа именуется южанами; -бореальная линия (далее -северяне) объединяет все остальные европейские популяции. ...
... u. cantabricus, T. u. aquitanicus) от ближайших популяций T. u. major из Юго-Западных Альп началась ~ 800 лет назад и завершилась, по-видимому, в конце Средневековья . В наши дни расстояние между пиренейской и южноальпийскими группировками глухаря составляет ~ 500 км и ~ 300 км между пиренейской и севеннской популяциями [Duriez, Ménoni, 2008]. Генетика и таксономия аборигенных глухарей из Севенн, вымерших ~ 300 лет назад, неизвестны; реинтродуцированные в Севеннах (1978-1994 гг.) особи показали повышенную миграционную активность с максимальным отлетом от мест выпуска на 140 км [Nappée, Douheret, 2004], что составляет около половины расстояния между Севеннами и Пиренеями. ...
... Генетика и таксономия аборигенных глухарей из Севенн, вымерших ~ 300 лет назад, неизвестны; реинтродуцированные в Севеннах (1978-1994 гг.) особи показали повышенную миграционную активность с максимальным отлетом от мест выпуска на 140 км [Nappée, Douheret, 2004], что составляет около половины расстояния между Севеннами и Пиренеями. Следовательно, гибридизация глухаря из западного сектора южной генетической линии с подвидом T. u. major на протяжении всего 20 века нереальна [Duriez, Ménoni, 2008], во всяком случае, ее влияние на оценки веса представляется пренебрежимо низким. Поэтому предельно низкие оценки веса кантабрийского и пиренейского глухаря по сравнению с весом родственных особей из Карпат (рис. ...
Article
Full-text available
We studied spatial variation of the body weight in adult capercaillie (Tetrao urogallus) using materials compilated from the literature, mostly for Western Europe. The data on > 4,300 males and > 1,000 females were grouped, respectively, into 45 and 29 mean population estimates; the principles of rejection, correction and grouping of initial data are presented. High values of male weight (≥ 4.2 kg) were located within the strip of land running from eastern France to western Belarus and northern Ukraine, which covered the range of T. u. major. To the north and south of this strip, their weight showed a clinal decrease with minimal values in the north (Swedish and Finnish Lapland: 3.7-3.8 kg) and southwest (Cantabria, Pyrenees: 3.3-3.4 kg). Such a disposition supports the opinion about a discrepancy between prediction by Bergman' rule and observed variation in the weight of West European capercaillie. However, weight in southern populations (Cantabria, Pyrenees, Eastern and Southern Carpathians, Rhodopes) increases from west to east in accordance with this rule, confirming the opinion on its correctness for monophyletic taxa. In general, the weight of females follows the variation pattern of males, although the reliability of estimates for females is substantially lower, mainly due to smaller samples. For the entire region on average, the weight of females reaches ~ 47.5 % of the weight of males, which is consistent with previously reported estimates. Possible causes for distortions of mean population weight values are discussed.
... Cependant, ces montagnes abritent la totalité des effectifs de l'une des 12 sous-espèces de Grand tétras, nommée Tetrao urogallus aquitanicus I., dont la population se situe aux alentours de 4 900 adultes des deux sexes ( Robles et al. 2007), répartis en France, en Catalogne, en Aragon, en Navarre et dans la Principauté d'Andorre. En outre, les individus de cette population comme ceux qui occupent la sierra Cantabrique au nord-ouest de l'Espagne, constituent une « Evolutionary Significant Unit » (ESU) ( Rodriguez-Muñoz et al. 2006, Duriez and Ménoni 2008); ce terme est employé par les généticiens pour désigner un taxon en phase avancée de spéciation, donc d'un intérêt de conservation accru. Les Pyrénées abritant plus de 90 % de cette ESU, les différentes entités politiques qui la composent ont une responsabilité majeure dans sa conservation. ...
Book
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The introduction of this book reminds the strong Pyrenean responsibility about the conservation of an original form of Capercaillie (Tetrao urogallus aquitanicus) at ecological and genetic point of view, which is endemic of this mountain range. It evaluates the proportion of Pyrenean forests concerned by this stakes, and indicates in what mind it was written. Namely, amongst the usual forestry practices, we are looking for those supposed the best appropriate to maintain or improve the habitats suitability of this species. The book proposes solutions pour concrete situations often encountered by the foresters, and suggest processes to get the objective to conserve or improve the Capercaillie habitats. A first chapter concerns the biology and ecology of the Capercaillie, insisting on the relationships between the species and its habitats, and on the Pyrenean particularities of these relationships. The more common situations of layout of Capercaillie habitats along the slopes of the valleys are showed as diagrams, according to the different bioclimatic zones presents in the Pyrenees. The second chapter displays a method of diagnostic of the forest suitability for the Capercaillie, at three different scales: the landscape, the forest and the stand, in order to give tools at any level of management of the Pyrenean natural habitats. Thus, the needs of this species could be considered both in the decisions at regional level and at the forest planning, but also during the tree marking and the forestry works. This method of diagnostic is based on biotic and abiotic local conditions, and takes into account the present and past status (10-30 years) of the Capercaillie at the different spatial scales. The third chapter gives the right principles of forest management for the species, according three level of interest of the forest or the stand for the Capercaillie (forest unsuitable for permanent life, but with possible crossing, area situated in the present or recent range of the species, and vital areas (leks, wintering zones, nest and brood habitats). According the level, a calendar of any forest works is proposed. Then, after have listed the essential principles for the conservation of good conditions of life in the forestry practices, the book propose: -technical solutions for the conservation of the Capercaillie in current Pyrenean situations; -silvicultural processes for most of the forest types encountered in the Pyrenees, both in north and south side of this mountain range; -practical proposals for delicate and very concrete situations which the foresters are to be faced. These technical solutions are showed as commented diagrams, and are based about experiences of foresters, or forest experiments old enough, and also about the knowledge’s about the silvigenetic processes.
Book
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Preface: Ilse Storch, University of Freiburg, Germany. This work documents a long-term commitment of the Parco Naturale Paneveggio Pale di San Martino to the study and conservation of the greatest forest bird of the Alps: the capercaillie. In 2008, when the Park initiated its research project, capercaillie had already been studied intensively in northern (Scandinavia, Scotland) and southern (Pyrenees) Europe, as well as in the foothills of the Alps in Bavaria. Trentino was different: compared to the fragmented forests of the Scandinavian and Bavarian study areas, the forests were fairly homogeneous, and looked just great for capercaillie almost everywhere. Thus, the question was: would capercaillie in Trentino behave differently? Would they use smaller home ranges and reach higher population densities? Would they be limited by different factors? Would “habitat” be less important than researchers and conservationists elsewhere believed? The Park’s research project has revealed numerous interesting insights, many of which are described in this publication. In the fourth part, the authors make an effort to develop recommendations for capercaillie conservation in Trentino and in the Alps in general. This already is the most important message: viable populations of capercaillie need huge areas, and even the largest protected area of the Alps could not safeguard them alone, without the wider surroundings remaining suitable as well. Huge spatial requirements however, are a huge challenge for conservation. The forests of the Alps are not for conservation alone. They are considered “multi-functional”, meaning that they should serve numerous interests at the same time. Conservation usually is not the strongest of these interests, and conservation success remains limited. Most people would agree that species such as the capercaillie should be protected but this general conservation-mindedness often ends when own interests are affected – such as forestry or hunting, tourism and local economic development – or individual activities such as hunting, mountain biking, skiing, and mushroom collecting, to name just a few. In crowded places like the Alps, which locals perceive as their economic basis and visitors as their playground, experience shows that conservation will only work when there is a solid legal basis, which translates scientific evidence into concrete rules. And these rules must be enforced effectively! Where signs are ignored, fines are perhaps not. With capercaillie, such rules may include capercaillie-friendly forestry operations, and recreational use excluding sensitive habitats. This book gives the Park and other authorities in the region numerous hints on how conservation of the capercaillie may become a success. A research project is an excellent start. But its results will not make a difference unless action will follow. I wish this booklet many readers, particularly among those who are in a position to improve the situation of the capercaillie: laymen and professionals, planners and practitioners alike, those who manage, utilize and enjoy forests and wildlife, those who value the Alps for sport and recreation, and particularly those who contribute to the development of the region, as citizens, administrators, and decision-makers.
Article
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We studied the patterns of habitat availability and use by the Cantabrian capercaillie Tetrao urogallus cantabricus, an isolated and endangered population at the southwestern edge of the species distribution. We combined field surveys and GIS analyses to show that this population differs from its conifer-specialist conspecifics in that it inhabits beech Fagus sylvatica and oak Quercus petraea forests, without specialisation as regards the tree species as long as enough forest cover remains. The habitat of Cantabrian capercaillie is highly fragmented, and smaller forest patches have been abandoned during the last few decades; the display areas that remain occupied are now located farther from forest edges. Lower tree density and more widespread distribution of bilberry Vaccinium myrtillus characterised the occupied display grounds. However, even abandoned areas showed tree densities well within the optimum range for capercaillie and bilberry in other populations, a result that should be taken into account before any habitat management action is considered. We found that some non-forested habitats were also used by capercaillie, especially during the autumn and winter. We suggest that the protection of Cantabrian capercaillie should be tightly coupled with an effective, strict protection of the few remaining large forest fragments in the range, and that information about nesting and brood rearing habitat should be obtained. Conditions for understory development should be favoured, preventing overgrazing by ungulates. The natural, non-forested matrix should also be considered in management plans, as a direct source of food and shelter and an important feature determining connectivity among patches.
Article
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The capercaillie Tetrao urogallus is widely accepted as a species seriously suffering from fragmentation of forests and habitat loss. Foresters as well as conservationists agree on the need and principles for maintaining viable populations, but the proposed management means often differ. The approach currently favoured by Finnish foresters is to manage capercaillie leks and their surroundings using methods that differ from those used in intensive forestry. It may be desirable to prove that forests with capercaillie leks also favour other forest bird species and biodiversity in general. During the last 16 years (1987-2002), forest birds have been censused and capercaillie leks were mapped in the 465-km2 study area in southern Finland. Most of the study area consists of spruce-dominated mature forests. The remainder of the landscape is a mixture of variously aged forests, agricultural areas, lakes and scattered human settlements with a gradient from an agricultural-forest mosaic to forest-dominated areas. The old-growth forest bird species three-toed woodpecker Picoides tridactylus, pygmy owl Glaucidium passerinum and red-breasted flycatcher Ficedula parva were more abundant within 300 m and 1, 000 m radii around capercaillie lek sites than in non-lek control sites. Also the overall species richness of breeding forest birds was higher in the vicinity of capercaillie leks. On a larger scale (100 x 100 km squares), using the wildlife triangle scheme developed in Finland, we show that the density of capercaillie closely coincides with a wildlife richness index describing the total abundance of 15 other forest-dwelling mammal and bird species with diverse ecology and habitat requirements. Capercaillie is a flagship species for foresters, and can be considered a good candidate for an umbrella species for wildlife in taiga forests.
Article
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We sequenced and analysed variation in a 430 bp segment of the mitochondrial DNA control region of 302 Finnish capercaillies Tetrao urogallus. The data were divided into four zones representing the three suggested subspecies (T. u. urogallus, T. u. uralensis/karelicus, T. u. major), and the zone for hybrids between T. u. urogallus and T. u. uralensis. We did not find any clear evidence for different subspecies zones, or for differentiation among local populations. One major haplotype dominated in three zones and comprised 46% of all the sampled birds, and variation among individuals explained 98% of the total variance. Nucleotide and haplotype diversities tended to be high in northern and central parts of the country, whereas lower values were found at the west cost and in eastern parts of the country. Pairwise genetic differences, the low raggedness index, the form of the minimum-spanning network as well as the wide dis-tribution of the most common haplotype supported the model of an expanding popula-tion. Hence, the results suggest that the Finnish capercaillie population is — or has been at least very recently — more or less continuous throughout the country.
Article
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The low-latitude limits of species ranges are thought to be particularly important as long-term stores of genetic diversity and hot spots for speciation. The Iberian Peninsula, one of the main glacial refugia in Europe, houses the southern distribution limits of a number of boreal species. The capercaillie is one such species with a range extending northwards to cover most of Europe from Iberia to Scandinavia and East to Siberia. The Cantabrian Range, in North Spain, constitutes the contemporary south-western distribution limit of the species. In contrast to all other populations, which live in pure or mixed coniferous forests, the Cantabrian population is unique in inhabiting pure deciduous forests. We have assessed the existence of genetic differentiation between this and other European populations using microsatellite and mitochondrial DNA (mtDNA) extracted from capercaillie feathers. Samples were collected between 2001 and 2004 across most of the current distribution of the Cantabrian population. Mitochondrial DNA analysis showed that the Cantabrian birds form a distinct clade with respect to all the other European populations analysed, including the Alps, Black Forest, Scandinavia and Russia, which are all members of a discrete clade. Microsatellite DNA from Cantabrian birds reveals the lowest genetic variation within the species in Europe. The existence of birds from both mtDNA clades in the Pyrenees and evidence from microsatellite frequencies for two different groups, points to the existence of a Pyrenean contact zone between European and Cantabrian type birds. The ecological and genetic differences of the Cantabrian capercaillies qualify them as an Evolutionarily Significant Unit and support the idea of the importance of the rear edge for speciation. Implications for capercaillie taxonomy and conservation are discussed.
Article
Aim In this paper, I discuss the temporal and spatial aspects of historical biogeography and speciation in a widely distributed Holarctic subfamily of birds (Tetraoninae). Location Northern Holarctic. Results Using dated fossils, I calibrated the molecular clock for the mitochondrial control region at 7.23 ± 1.58% nucleotide divergence (maximum likelihood corrected) per million years. The data suggest that grouse (Tetraoninae) originated in the Middle Pliocene, 6.3 Ma. Grouse apparently originated in the northern part of western Nearctic, and Palearctic was colonized independently three times, first by the ancestor of all grouse in the Middle Pliocene, then by the ancestor of forest (Falcipennis, Tetrao and Lyrurus) and prairie (Centrocercus, Dendragapus and Tympanuchus) grouse in the Late Pliocene, and finally by the ancestral Lagopus in the Early Pleistocene. Only once Nearctic was colonized from Palearctic by a common ancestor of forest grouse. Sympatry and range symmetry were positively correlated with molecular divergence. These correlations suggest that peripatric isolation was the predominant mode of speciation throughout grouse history. Main conclusions Speciation events in grouse were driven by climatic oscillations of the Pliocene and Pleistocene. Isolation of small peripheral populations from widely distributed ancestors was the dominant mode of speciation in grouse. Isolations during interglacials both across Beringia, and in southern mountain areas when boreal habitats were restricted to high elevations, suggest an important role for vicariance in grouse speciation.
Article
Abstract For a phylogeographical analysis of European grey partridge (Perdix perdix) we sequenced 390 nucleotides of the 5′ end of the mitochondrial control region (CR) of 227 birds from several localities. The birds were divided into two major clades (western and eastern) which differed in control region 1 (CR1) by 14 nucleotide substitutions (3.6%). For estimation of the time of divergence, the whole CR of 14 specimens was sequenced. The major clades differed by 2.2%, corresponding to an estimated coalescence time of c. 1.1 million years. On CR1, 45 haplotypes were found. Western clade haplotypes were found in France, England, Germany, Poland, Italy and Austria. Eastern clade haplotypes were found in Finland, Bulgaria, Greece, and Ireland. One Finnish population and all Bulgarian and Irish populations were mixed, but only in Bulgaria was the mixing assumed to be natural. Nucleotide and haplotype diversities varied between populations, and both clades showed geographical structuring. The distribution of pairwise nucleotide differences in the eastern clade fitted the expectations of an expanding population. About 80% of the genetic structure in the grey partridge could be explained by the clades. The western clade presumably originates on the Iberian Peninsula (with related subtypes in Italy), and the eastern clade either on the Balkan or Caucasian refugia. Large-scale hand-rearing and releasing of western partridges have introduced very few mtDNA marks into the native eastern populations in Finland.
Article
The Western capercaillie (Tetrao urogallus) is a keystone species of Palearctic boreal and altitude coniferous forests. With the increase of mountain leisure activities and habitat loss, populations are declining in most mountain ranges in Western Europe. Recent work has shown that the populations from the Pyrenees and Cantabrian Mountains survived a severe bottleneck during the 19th century, and are still considered as threatened due to habitat fragmentation and isolation with other populations. We present an extensive phylogeographic study based on mitochondrial DNA sequence (control region) extracted non-invasively from faeces collected throughout the species range (from western European mountains to central and eastern Europe, Fenno-Scandia, Russia and Siberia). We also compared our results with DNA sequences of closely related black-billed capercaillie (T. parvirostris). We found that populations from Pyrenees and Cantabrians are closely related but are different from all other capercaillie populations that form a homogenous clade. Therefore, we consider that these South-Western populations should be considered as forming an Evolutionary Significant Unit that needs an appropriate management at a local scale. We also discuss the possible locations of glacial refugia and subsequent colonisation routes in Eurasia, with a Western “aquitanus” lineage from Iberia and Balkans, and an Eastern “urogallus” lineage from Southern Asia. This work might have important implication for capercaillie conservation strategies to define important areas for conservation, and to prevent possible exchange or introductions of individuals originated from other lineages.