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L’enseignement de l’écriture en CP : description des pratiques enseignantes dans 131 classes

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Abstract

This article presents a first analysis of writing tasks observed in 131 first grade classes during three weeks of investigation, at different times of the school year. These data come from the research project “Reading-writing in first grade” (2012-2015). The analysis focuses on the total duration of the tasks assigned to teaching writing, duration breakdown between the various types of tasks per week and breakdown between the different linguis-tic units worked on. The first results show that writing tasks are proposed in all classes and represent just under a third of the total reading and writing time (30%). A majority of first-grade classes only uses the writing tasks (calligraphy, dictation, copy) to validate phonographic skills focusing on the word as the baseline linguistic unit.
L’enseignement de l’écriture en CP :
description des pratiques
enseignantes dans 131 classes
Laurence Pasa, Corinne Totereau, Yves Soulé, Martine
Dreyfus, Catherine Dupuy et Jean-Charles Chabanne
Cet article présente une des premières exploitations des données concernant les tâches d’écriture
observées dans 131 classes de CP, lors de trois semaines d’enquête, à différentes périodes de
l’année scolaire. Ces données sont issues du projet de recherche LireÉcrireCP (2012-2015).
L’analyse porte sur la durée totale des tâches allouées à l’enseignement de l’écriture, la répartition
de la durée entre les différents types de tâches par semaine et la répartition entre les types
d’unités linguistiques travaillés. Les premiers résultats montrent que des tâches d’écriture sont
proposées dans toutes les classes et représentent un peu moins du tiers du temps total consacré
au lire-écrire (30 %). Une majorité de classes de CP ne recourt aux tâches d’écriture (calligraphie,
dictée, copie) que pour valider des démarches d’encodage au plus près des compétences
phonographiques, avec comme unité linguistique de référence le mot.
Mots-clés : école primaire, écriture, enseignement
Introduction
Peu de travaux en France ont décrit et analysé les pratiques d’écriture, en début
d’apprentissage, sur une périodicité longue et à partir d’une grande quantité de données
recueillies par observation directe. Le projet de cette contribution est de faire une
première analyse des pratiques d’écriture au cours préparatoire, à partir des données de
l’étude LireÉcrireCP.1 L’objectif général de cette étude (2012-2015), qui concerne cent-
1 Cette recherche, dirigée par Roland Goigoux, fédère 14 laboratoires de recherche nationaux et
réunit 79 chercheurs de différentes disciplines : didactiques disciplinaires et professionnelle,
linguistique, psychologie, sciences de l’éducation. Les cosignataires de cet article participent au
groupe Écriture de cette étude (pour une présentation détaillée de cette recherche et de sa
méthodologie, voir Goigoux et al., 2015 ; Soulé et al., à paraitre).
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trente-et-une classes et 2 507 élèves, est d’évaluer l’influence des pratiques
d’enseignement de la lecture-écriture sur les apprentissages des élèves au cours
préparatoire afin de produire des connaissances qui puissent servir « d’arguments pour
l’action » (Halté, 1992). À plus long terme, cette étude a pour but d’identifier les
caractéristiques des pratiques pédagogiques les plus bénéfiques aux élèves.
Nos hypothèses sont que la précocité, la régularité, la quantité et la variété des
pratiques d’écriture influencent de manière positive l’apprentissage de la lecture et de
l’écriture, et que lecture et écriture sont en étroite interrelation. Pour les valider, nous
partons du questionnement suivant : les enseignants font-ils produire de l’écrit aux élèves
de CP ? Que font-ils produire ? La durée et la nature des tâches d’écriture ont-elles un
impact sur leurs performances en écriture et en lecture ?
État des lieux
Si l’on dispose de recherches sur la production d’écrit (en didactique, linguistique,
psychologie cognitive, sociologie…), on connait beaucoup moins bien les pratiques
d’écriture effectives des très jeunes scripteurs, considérées du point de vue de la nature
des tâches prescrites par l’enseignant et de l’activité effective des élèves au cours de ces
tâches, décrites à partir d’observables dans des classes ordinaires (en situation
écologique).
D’un point de vue développemental, la construction de l’expertise rédactionnelle
apparait comme très progressive, la révision étant peu mobilisée chez les plus jeunes et la
planification étendue du contenu étant la plus tardive (Hayes et Flower, 1980 ; Berninger
et Swanson, 1994 ; Alamargot et Chanquoy, 2004). En début d’apprentissage, la
production d’écrit est réalisée « pas-à-pas », effectuée par le biais d’une gestion locale
d’énoncés juxtaposés (Scardamalia et Bereiter, 1985 ; Fayol et Schneuwly, 1988) ; le cout
en ressources cognitives des processus graphomoteurs et orthographiques est élevé, et la
gestion de ces processus de bas niveaux se fait au détriment des processus de plus hauts
niveaux, notamment rédactionnels (Bourdin, Cogis et Foulin, 2010).
L’étude de l’apprentissage initial de la lecture a progressé en montrant les
composantes complexes du lien entre activités de lecture et d’écriture. Plusieurs travaux
ont bien mis en valeur que la pratique de l’écrire contribue à la réflexion sur l’écrit, aux
apprentissages des mécanismes de la lecture (Ecalle, Magnan, 2002) et plus largement au
développement des compétences littéraciées (lire-écrire) (Read, Treiman, 2013).
Le haut degré d’exigence cognitive nécessaire pour écrire rend l’apprentissage de
l’écriture difficile, long et complexe. Cette complexité requiert une médiation enseignante
forte car s’il est évident que le maitre en tant qu’adulte expérimenté, qui a automatisé et
conscientisé l’écriture, est plus outillé que l’élève, cette seule compétence est loin d’être
suffisante. Il est donc nécessaire de redéfinir ce qu’est la production d’écrit du point de
vue du scripteur débutant, âgé de 6-7 ans (Scardamalia et Bereiter, 1998), mais aussi du
point de vue de l’élève inscrit dans un curriculum et participant à des tâches scolaires
d’écriture et de lecture, en interaction avec l’enseignant et/ou avec des pairs.
L’idée que l’apprentissage de la lecture et celui de l’écriture s’épaulent mutuellement
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n’est pas nouvelle (Reuter, 1998a). La plupart des textes édités par Rieben, Fayol et
Perfetti (1997) soutiennent l’idée d’une relation étroite entre les processus impliqués dans
l’apprentissage de la lecture et ceux concernés par l’apprentissage de l’orthographe (Ehri,
1997). L’affirmation d’une relation forte entre les deux est également très présente dans le
Handbook of children’s literacy (Nunes et Bryant, 2004) et englobe la production de
textes. Chartier, à la fin de sa rétrospective sur l’enseignement de la lecture, avance l’idée
que le 21e siècle sera davantage celui de « encoding-producing a text » que du « decoding-
understanding » (2004, p. 536).
Les recherches en didactique soulignent qu’il serait « utile d’avoir une meilleure idée
d’ensemble de ce qui se pratique dans les classes de CP » (Nonnon et Goigoux, 2007,
p. 9) afin d’éviter de dénoncer des pratiques singulières non représentatives ou de
valoriser des pratiques exceptionnelles (Goigoux et Vergnaud, 2005). Des observations
générales et pluridisciplinaires ont ainsi été menées qui dressent un panorama sur les
classes de CP (Fijalkow et Fijalkow, 1994 ; Bru, Clanet et Maurice, 2003). Une étude de
Fijalkow et Fijalkow (1994) fait un état des lieux des pratiques de lecture et d’écriture au
CP. Celle-ci, conduite par questionnaires et complétée par des observations de classe,
permet de constater que les tâches d’écriture proposées aux élèves sont majoritairement
du type dictée ou copie et servent à contrôler des acquis. Les activités d’expression écrite
sont moins souvent proposées et la place des écrits fonctionnels est très limitée.
L’inspection générale dans son rapport (IGEN, IGAENR, 2010b p. 13) fait état du peu de
temps consacré à la rédaction à l’école, notamment au cycle 3.
L’intérêt des didacticiens pour les scripteurs novices de l’école, maternelle et
élémentaire, est resté limité (Saada-Robert et al., 2003 ; Brigaudiot, 2004 ; Bucheton et
Soulé, 2009). On note cependant le développement de travaux concernant les écritures
approchées (Montesinos-Gelet et Morin, 2006 ; Morin et David, 2008 ; Fijalkow, Cussac-
Pomel et Hannouz, 2009 ; David et Morin, 2013) ou la dictée à l’adulte, qui montrent
l’intérêt d’aborder l’écriture en maternelle pour comprendre non seulement le
fonctionnement du système alphabétique mais aussi les enjeux de l’écriture. Ainsi, la
dimension culturelle et communicationnelle des écrits peut être abordée dès la maternelle,
par exemple dans des dispositifs d’atelier d’écriture (Tauveron et Sève, 2005).
Les recherches en didactique de l’écrit, par leur dimension écologique et/ou par leur
dimension praxéologique directe ou indirecte, visent à tisser des relations directes avec les
pratiques de classe (Reuter, 1996 ; 1999). Des recherches de type recherche-action
proposent ou analysent des dispositifs innovants mêlant réflexion théorique et pratique
(Bucheton et Chabanne, 2001 ; Kervyn, 2011). Ces recherches, ou d’autres, permettent de
mieux comprendre le rôle des pratiques enseignantes dans la construction de la
compétence scripturale des élèves (Pasa, 2002 ; Beucher, 2010), grâce à des recueils de
données variées (observations de classes, entretiens avec des enseignants, questionnaires,
tests d’élèves…).
Il manquait à ces recherches une étude précise des tâches proposées aux élèves dans
l’année d’entrée intensive dans le lire-écrire (le cours préparatoire), qui puisse à la fois
permettre une observation fine, qualitative, des tâches proposées, tout en rendant possible
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un traitement quantitatif des variables didactiques et pédagogiques, cette description très
fine de l’offre d’enseignement devant être mise en relation avec les éventuels effets
produits par ces choix, mesurés par des tests d’acquisition.
Méthodologie
Une enquête a été menée auprès de cent-trente-et-un enseignants. Ils ont été choisis
sur la base du volontariat (une condition étant qu’ils acceptent d’être filmés par un
observateur présent dans leur classe durant trois semaines) et de leur expérience en classe
de CP : l’ancienneté moyenne des enseignants est de 17,4 ans (écart-type : 7,4) dont
8,4 ans au CP (écart-type : 5,3). Ces enseignants exercent dans des zones géographiques
et des contextes sociaux divers : 29,8 % des écoles sont implantées en éducation
prioritaire. La taille moyenne des classes est de 22,2 élèves.
Des observations filmées d’une semaine ont été réalisées trois fois dans l’année 2013-
2014, en novembre (semaine 47), mars (semaine 12) et mai (semaine 21). Nous disposons
de la description et de la durée effective, dans chaque classe, de toutes les tâches relevant
de l’enseignement de l’écriture, via une typologie élaborée pour la recherche.
Ainsi, neuf types de tâches d’écriture ont été répertoriés. La tâche est ici entendue au
sens de travail prescrit (Leplat, 2000) et fait référence aux compétences requises pour les
apprentissages de la lecture-écriture. Psychologues, didacticiens et institution scolaire
s’accordent en effet à dire que prévalent des compétences langagières orales et écrites
(Conférence de consensus, 2003, « L’enseignement de la lecture à l’école primaire. Des
premiers apprentissages au lecteur compétent »).
Nous avons veillé à ce que la catégorisation des tâches d’écriture que nous avons
sélectionnées s’étage sur deux séries d’objectifs d’apprentissages distincts et
complémentaires : des tâches techniques, tâches dites structurantes2 comme par exemple
E1 « Calligraphier » ; E2 « Copier (avec modèle) » ; E3 « Copier après disparition du
modèle » ; E4 « Écrire sous la dictée » et E5 « Produire en combinant des unités
linguistiques déjà imprimées », ou des tâches dites signifiantes comme E6 « Produire en
dictant à autrui » ; E7 « Produire en encodant soi-même ». Ces différentes tâches portent
sur des unités linguistiques qui varient de la lettre (L) au texte (T), en passant par la
syllabe (S), le mot (M) et la phrase (P). S’ajoutent à ces sept tâches, la tâche E8, « Définir,
planifier ou organiser la tâche d’écriture » et la tâche E9 « Revenir sur l’écrit produit »
(cf. annexe 1 pour la liste des tâches avec des exemples).
Selon nous, ces neuf tâches construites à partir des références théoriques croisées en
psychologie cognitive et en didactique de la lecture-écriture sont susceptibles de
modéliser efficacement les données empiriques des situations de classe observées, parce
qu’elles permettent de saisir le caractère multidimensionnel de la pratique de l’enseignant
quand il fait pratiquer l’écriture en classe de CP.
Pour l’analyse, nous procédons aux regroupements suivants : nous désignons par
« Copie » les tâches E2 et E3. Nous rassemblons sous la mention « Production » les
2 Cette distinction entre activités structurantes et activités signifiantes provient de Romian (1992).
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tâches E5, E6 et E7 en insistant sur le fait que les élèves encodent par eux-mêmes
différentes unités, qu’elles soient déjà imprimées, dictées à autrui ou choisies de manière
autonome. Enfin, nous rapprochons E8 et E9, considérant ainsi que les opérations de
planification et de reprise des écrits caractérisent des activités prenant en compte la
complexité de la production écrite (négociation, révision, réécriture…).
La présente analyse3 porte sur :
1/ La répartition de la durée entre les différents types de tâches par semaine. Nous
considérons que chacune des trois semaines d’observation (en novembre, mars et mai) est
représentative des choix didactiques correspondant sommairement au début, au milieu et à
la fin d’année.
2/ La durée moyenne des trois semaines d’observation, ce qui nous permet de
caractériser la « semaine-type ».
3/ La répartition entre les types d’unité linguistique travaillés.
Les différents choix descriptifs devront être mis en regard, dans la suite de l’étude,
avec les effets sur la qualité des apprentissages. Nous les construisons en faisant
l’hypothèse que les effets les plus positifs seront corrélés 1) à la durée des tâches de
production (plutôt qu’à la durée des tâches de copie, cognitivement moins exigeantes) ;
2) à la durée des temps de travail consacré à des unités « longues » (phrase et texte plutôt
que lettre et syllabe).
1. Temps global consacré à l’écriture
Nous nous intéressons tout d’abord au temps consacré à l’ensemble des tâches
d’écriture, en prenant en compte la semaine-type (la moyenne des trois semaines
d’observation) avant d’étudier les éventuelles variations liées aux trois moments
d’observation de l’année.
1.1. Temps consacré à l’ensemble des tâches d’écriture sur la semaine-type
La figure suivante présente le temps consacré au cours de la semaine-type aux
différents domaines du lire-écrire et la proportion de temps consacré à chaque domaine
par rapport au temps total du lire-écrire.
Figure 1. Durée moyenne et proportion de temps consacrées aux différents domaines
du lire-écrire pendant la semaine-type.
3 Cette analyse complète les premières analyses réalisées par Kervyn, Riou, Roderon et Chabanne,
2014.
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La durée hebdomadaire moyenne consacrée à l’enseignement de la lecture et de
l’écriture pendant la semaine-type est de 7 h 22. L’ensemble des tâches d’écriture E (E1 à
E9) occupe en moyenne 2 h 23 min (143 min), soit 32 % du temps total. Cela constitue un
premier résultat important : en moyenne, un tiers du temps de travail consacré à la lecture-
écriture consiste en tâches d’écriture, même s’il faut souligner des variations importantes
entre les différentes options didactiques. On observe ainsi que 75 % des classes
consacrent environ deux heures à des tâches d’écriture (112 min en moyenne, soit un
quart du temps total pour la lecture-écriture). Toutefois, l’écart varie entre 1/6e du lire-
écrire pour l’enseignant qui y consacre le moins de temps (16,9 % des activités, soit
environ 50 min) à 2/3 du lire-écrire (59,2 % au maximum, soit plus de 4 h).
1.2. Temps consacré à l’ensemble des tâches d’écriture en début, milieu et fin
d’année
Sur l’ensemble des cent-trente-et-une classes de l’échantillon, la durée moyenne
consacrée à l’écriture varie peu d’une semaine d’observation à une autre : elle représente
33,4 % des tâches de lecture-écriture (soit 2 h 30) en novembre, 30,7 % (soit 2 h 17) en
mars et 31,5 % (soit 2 h 30) en mai. Cependant, on constate encore des écarts très
importants dans les pratiques entre les différentes classes (cf. Tableau 1), en particulier en
fin d’année (l’écart-type est alors de 58,3 min, pour 51 min en novembre et 47,3 min en
mars).
Si on considère un découpage statistique de notre échantillon en quatre parts égales,
on constate que d’une semaine à l’autre, les différences portent essentiellement sur le
dernier quartile, soit les 25 % d’enseignants qui laissent le plus de place à l’écriture durant
une semaine d’observation. En effet, que ce soit en début, milieu ou fin d’année, les
enseignants qui accordent le moins de place aux tâches d’écriture y consacrent entre 14 et
20 minutes. En revanche, lorsque l’écriture est très présente dans les classes, cela
correspond à une durée qui varie beaucoup en novembre (de 3 h 06 à 5 h 26) et surtout en
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mai (de 2 h 55 à 6 h 11), mais moins en mars (de 2 h 46 et 3 h 32). Ces disparités et ces
fluctuations dans les durées consacrées aux différentes tâches d’écriture semblent indiquer
que certaines s’inscrivent dans une routine quotidienne, tandis que d’autres, notamment
les activités menées autour de la production écrite, seraient davantage liées à des projets et
nécessiteraient un temps de planification didactique.4
Tableau 1. Temps consacré aux tâches d’écriture pour chacune des trois semaines
d’observation
en minutes Semaine 47
(novembre)
Semaine 12
(mars)
Semaine 21
(mai)
Durée moyenne du temps
total d’écriture
150,3 (2 h 30) 136,6 (2 h 17) 140,8 (2 h 21)
Pourcentage du temps total
d’écriture sur le temps total
du lire-écrire
33 % 31 % 31,5 %
Écart-type 51 min 47 min 58 min
Minimum 14 min 20 min 15 min
1er quartile 1 h 52 1 h 41 1 h 39
2e quartile 2 h 34 2 h 17 2 h 17
3e quartile 3 h 05 2 h 45 2 h 54
Maximum 5 h 26 3 h 32 6 h 11
2. Temps consacré aux différentes tâches d’écriture
Nous allons maintenant voir comment le temps d’écriture se répartit selon les
différentes tâches, en prenant tout d’abord en compte la semaine-type, avant d’étudier les
éventuelles variations liées aux trois moments de l’année.
4 Ceci pourrait expliquer qu’en mars, certains enseignants aient moins investi ce domaine, de par un
effet de calendrier : au moment de la semaine 12, 60 % des classes (79 situées en zone A sur 131
au total) revenaient des vacances d’hiver.
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2.1. Temps consacré aux différentes tâches d’écriture sur la semaine-type
La figure suivante présente la répartition des différentes tâches d’écriture dans la
semaine-type et la proportion de temps consacrée à ces tâches par rapport au temps total
d’écriture (142 min).
Figure 2. Répartition des différentes tâches d’écriture dans la semaine-type
et proportion de temps consacrée à ces tâches par rapport au temps total d’écriture.
Sur la semaine-type, c’est-à-dire la moyenne des trois semaines d’observation, la
copie occupe plus d’un tiers des tâches d’écriture, les tâches de production un peu moins
d’un tiers. Viennent ensuite la dictée (un sixième du temps), puis la calligraphie et les
tâches de planification-révision (un dixième). Si l’on considère la durée effective de ces
catégories de tâches, les élèves font de la copie et de la production d’écrit pendant environ
trois quarts d’heures. Les autres tâches d’écriture sont bien moins présentes : 23 min pour
la dictée (1/20e du temps total consacré au lire-écrire), la calligraphie et les activités de
planification-révision des écrits obtenant des scores encore plus faibles. Avec un dixième
du budget temps total consacré au lire-écrire, la copie apparait donc comme une activité
marquante.
La calligraphie, définie comme le souci et le soin apportés à la qualité graphique
(forme et orientation des lettres assurant leur lisibilité et l’efficacité de leur production),
n’occupe que 16 min en moyenne du temps hebdomadaire consacré aux activités
d’écriture. Est-ce à dire que les enseignants de CP en intervenant peu sur les compétences
graphomotrices des élèves considèrent que la calligraphie a atteint un degré
d’automatisation qui ne nécessite pas un enseignement régulier et spécifique ? Ou bien
que c’est dans l’activité de copie que serait réinvestie l’attention des élèves aux gestes
graphomoteurs ? Cela confirmerait l’importance de la durée moyenne accordée à la copie
mentionnée plus haut et son rôle dans le lire-écrire.
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Si l’on ajoute à la copie les tâches de calligraphie et de dictée, les deux tiers des
activités d’écriture sont consacrées à des activités de structuration (entrainement,
vérification, examen des procédures) et visent un apprentissage systématique du lire-
écrire tel que le revendiquent les programmes officiels de 2008, alors que 30 % seulement
du temps d’écriture est consacré à des tâches de production (souvent plus signifiantes).
De plus, une partie de la tâche E5 Produire en combinant des unités linguistiques
déjà imprimées »), qui a été regroupée avec les tâches E6 et E7 dans la catégorie
« Production d’écrit », implique également une activité de copie, ce qui tendrait à montrer
que la visée des tâches d’écriture renvoie essentiellement à l’apprentissage des aspects
techniques de la langue écrite.
2.2. Temps consacré aux différentes tâches d’écriture en début, milieu et fin
d’année
C’est en calligraphie que les écarts sont les plus importants entre novembre, mars et
mai (26, 14 puis 8 min ; soit de 20 % à 5 % environ du temps total). Si cette tâche est
relativement présente en début d’année, en revanche certains enseignants l’ont
abandonnée en fin d’année (69 enseignants sur 131) ; pour d’autres, enfin, elle est
devenue une tâche marginale. Sur l’ensemble de l’échantillon, elle ne représente donc
qu’en moyenne 8 min en mai – cf. figure 3 et tableau 1 en annexe 2).
Figure 3. Durée moyenne des différents types de tâches pour chaque semaine
(unité : minutes)
En ce qui concerne la répartition entre les tâches de copie, dictée et production d’écrit,
les résultats par période d’enquête confirment les tendances observées pour la semaine-
type. La dictée occupe une place qui se maintient autour de 16 %, tandis que la copie et la
production d’écrit dominent. Celles-ci représentent respectivement 31,6 % et 28 % des
tâches en première semaine (avec une durée hebdomadaire de 46 min et 42 min), 34,3 %
et 28 % des tâches la deuxième semaine (avec une durée respective de 46 min et 38 min),
34,1 % et 32 % la troisième semaine (avec une durée de 50 min et 45 min). Pour ces trois
tâches, les durées moyennes observées varient peu en début, milieu et fin d’année (cf.
figure 3).
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Enfin, si l’on prend en compte les tâches de planification et de révision, que l’on peut
supposer liées partiellement aux tâches de production d’écrit, et que l’on considère ces
deux ensembles de pratiques, celles-ci représentent en semaine 21 (fin d’année) 41 % des
tâches d’écriture. Il est à noter à ce sujet que les tâches de planification/révision sont très
peu présentes dans les pratiques de classe (7 %, 11 % et 9 % en début d’année, milieu
d’année et fin d’année). En fin d’année, ces pratiques ne concernent que moins de la
moitié des classes de l’échantillon (dans 65 classes, elles n’ont pas été relevées en
semaine 21).
3. Les différentes tâches et les unités linguistiques qui y sont travaillées
Nous examinons ici quelles sont les unités linguistiques privilégiées par les
enseignants lorsqu’ils mobilisent leurs élèves sur chacune des tâches d’écriture :
calligraphie, copie, dictée et production d’écrit.
3.1. La calligraphie
Lors de la première semaine d’observation, les enseignants de 114 classes sur 131
proposent des tâches de calligraphie à leurs élèves. Ils sont 92 lors de la seconde semaine,
seulement 64 en fin d’année. Pour chacune des trois semaines d’observation, l’unité
linguistique la plus calligraphiée est la lettre. Plus de la moitié des tâches de calligraphie
lui est consacrée, avec un pourcentage élevé en début d’année (63 % en novembre, 51,5 %
en mars et 51,9 % en mai). Dès la semaine 47, et avec un pourcentage plus élevé en
semaine 12 et 21, l’unité mot est présente : 33 % du temps lui est consacré en moyenne.
En revanche, la syllabe, comprise entre 9 % et 14,2 % occupe en moyenne à peine 11 %
du temps consacré à la calligraphie.
3.2. La copie
Rappelons que les activités de copie dans leur ensemble (avec modèle et après
disparition du modèle) sont largement proposées par les enseignants (seuls cinq d’entre
eux ne font pas faire de copie à leurs élèves en semaine 47 et 21, et un seulement est dans
ce cas en semaine 12). Les deux unités linguistiques les plus souvent copiées sont le mot
et la phrase, avec une répartition qui tend à varier selon le moment de l’année considéré.
En début d’année, les activités de copie concernent principalement des mots isolés
(52,9 %) et dans une moindre mesure des phrases (30 %). En milieu et fin d’année, les
enseignants font copier aussi bien des mots (44,4 %) que des phrases (39,3 %). Le texte,
unité plus complexe, ou plus couteuse sur un plan cognitif, à copier par les élèves, est
proposé de façon marginale en début d’année (2,4 %), puis de façon minoritaire en milieu
d’année (10 %) et davantage en fin d’année (19,1 %). Enfin, les unités infralexicales, la
lettre et la syllabe, sont plus rarement travaillées en copie, et ce quel que soit le moment
de l’année que nous avons observé (entre 2,4 % et 6,5 % pour la lettre, entre 3,1 % et
8,4 % pour la syllabe).
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3.3. La dictée
Pour les enseignants qui pratiquent la dictée dans leur classe (entre 112 et 116 parmi
les 131 observés), il semble que ce soit un moyen de travailler préférentiellement l’unité
mot. Ceci est particulièrement vrai en milieu d’année (les mots isolés représentent alors
60 % des unités abordées dans cette tâche ; pour 43,2 % en début d’année et 53,9 % en fin
d’année). Néanmoins, en début d’année, et aux côtés du mot, l’unité syllabique occupe
une part importante des dictées : 44,8 %. Bien qu’encore présente dans certaines classes,
la dictée de syllabes apparait ensuite largement moins pratiquée (18,4 % des unités dictées
en milieu d’année et 15,8 % en fin d’année). Une variation contraire semble s’observer
pour la phrase, peu présente dans les dictées en début d’année (9,4 %), mais qui occupe
une place plus importante parmi les unités dictées en milieu et fin d’année (19,8 % et
29,5 % respectivement). Enfin, l’unité la plus courte, la lettre, ainsi que l’unité la plus
longue, le texte, sont abordées de façon très marginale par les enseignants à travers cette
tâche (entre 0,3 % et 2,2 % pour la lettre, et entre 0,2 % et 1,8 % pour le texte).
3.4. La production d’écrit
Lorsque les enseignants proposent des tâches de production d’écrit (c’est le cas pour
la quasi-totalité d’entre eux au moment où les observations ont été réalisées, soit entre 126
et 128 sur les 131 classes), les élèves travaillent le plus souvent sur l’unité phrase et ce
quel que soit le moment de l’année (celle-ci représente 49,4 % des unités abordées en
novembre ; 46,9 % en mars et 45,9 % en mai). La seconde unité la plus présente dans ces
tâches est le mot, dans des proportions qui tendent à varier selon le moment considéré
(43,3 % ; 30,9 % ; 29,7 %). Cela s’observe également pour l’unité texte mais dans un sens
inverse. Pour autant qu’on puisse juger, en début d’année la production de texte de
plusieurs phrases est réduite (le texte représente alors 2,1 % des unités travaillées), tandis
qu’en fin d’année elle occupe un tiers du temps consacré à la production d’écrit (soit
18,6 % en mars et 21,9 % en mai). Ainsi, il semblerait que la production d’écrit,
lorsqu’elle n’est pas consacrée à un travail sur la phrase, soit plutôt réservée à l’étude des
mots isolés (et des correspondances phonographiques) dans les premiers temps de
l’enseignement explicite du lire-écrire, alors qu’elle s’articule davantage autour de l’étude
des textes lorsque les élèves progressent dans leur apprentissage de la lecture-écriture.
Enfin, on constate que la syllabe est une unité que les enseignants abordent très rarement
lorsqu’ils font travailler leurs élèves en production d’écrit (entre 1,8 % et 4,5 %).
Pour tenter d’appréhender plus finement la part accordée par les enseignants de notre
échantillon aux tâches souvent considérées comme les plus difficiles, celle de production
d’écrit dont l’initiative est dévolue à l’élève, nous considérons ici les résultats relatifs à la
tâche E7 : « Produire en encodant soi-même une syllabe, un mot, une phrase, ou un texte
(Les élèves choisissent) ». Il s’agit donc d’une tâche de production d’écrit au sens strict
(par exemple : inventer une devinette, écrire une lettre en comblant des trous, préparer une
affiche, écrire un texte sous une image, terminer une phrase commencée par
l’enseignant…). Pour plus de précision, puisque ce type d’exercice est confondu avec les
autres tâches dans nos analyses précédentes, nous prenons en compte ici, en plus de la
répartition entre les différentes unités linguistiques, les durées moyennes (cf. figure 4).
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Prénom Nom
Figure 4. Répartition en durées moyennes (en min) du travail consacré aux différentes
unités linguistiques (syllabe, mot, phrase, texte) dans la tâche E7.
Première information d’importance : la tâche de production d’écrit n’est pas proposée
par un enseignant sur trois en début d’année (38 sur 131). Second résultat à noter, la
phrase, comme on l’a vu pour les tâches de production d’écrit dans leur ensemble, est
l’unité sur laquelle les enseignants font le plus souvent travailler leurs élèves soit 47,8 %
des unités impliquées dans cette tâche en novembre, 41,9 % en mars et 46,1 % en mai.
D’une période à une autre, ce choix didactique semble peu varier (on y consacre en
moyenne plus de dix minutes par semaine). En revanche, conformément aux observations
précédentes, la production d’écrit implique, après la phrase, davantage des mots isolés en
début d’année (41,2 %) et le texte en fin d’année (29,9 % des unités travaillées de cette
manière). Enfin, la syllabe, unité non significative, tient une place marginale dans les
moments de production d’écrit.
4. Les unités linguistiques et les tâches d’écriture auxquelles elles se
rattachent
Afin de compléter notre analyse des pratiques d’écriture, nous nous sommes
demandés comment les enseignants appréhendent les différentes dimensions de la langue
écrite en prenant comme indicateur les unités linguistiques. Il nous a donc semblé
pertinent de mettre en perspective l’ensemble des tâches d’écriture, pour les cent-trente-
et-une classes, et ainsi voir dans quel type de tâche les différentes unités sont travaillées.
4.1. Les unités linguistiques et les tâches sur la semaine-type
De façon générale, pour la semaine-type (cf. figure 5), les tâches d’écriture portant sur
le mot sont celles qui occupent le plus de temps (en moyenne 51,8 min). C’est
essentiellement en copie que cette unité est travaillée (39,4 % ; 26,6 % en production ;
24,6 % en dictée ; 9,4 % en calligraphie). La seconde unité la plus longuement abordée
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L’enseignement de l'écriture en CP : description des pratiques enseignantes…
dans les classes est la phrase (41,1 min), et ce tantôt en production (47,4 %), tantôt en
copie (43 %). Les trois autres unités scolaires de la langue écrite, la lettre, la syllabe et le
texte sont travaillées de manière équivalente en termes de durées : 11,9 min pour la lettre,
10,2 min pour la syllabe, 12,3 min pour le texte. La lettre est massivement calligraphiée
(78,7 % du temps consacré au tracé). La syllabe est le plus souvent dictée (51,6 % du
temps consacré à la syllabe, vs 17,3 % en calligraphie, 18 % en copie, 13,1 % en
production). Pour le texte, on observe la même distribution que pour la phrase : il est
surtout produit (54,4 % du temps consacré au texte) ou copié (43,9 %), rarement dicté
(1,6 %).
Figure 5. Temps consacré aux différentes unités linguistiques par tâche
pour la semaine-type.
Pour aller plus loin, il convient maintenant de détailler ces résultats globaux en
fonction des observations faites sur chacune des trois périodes de l’année.
4.2. Les unités linguistiques et les tâches en début, milieu et fin d’année
Que ce soit en début, milieu ou fin d’année, le mot est l’unité la plus travaillée en
écriture : en moyenne 58,4 min en novembre, 51 min en mars, 45,7 min en mai. Le plus
souvent, le mot est copié (40,6 % des tâches d’écriture portant sur le mot en novembre ;
38,8 % en mars ; 38,3 % en mai), davantage que dicté (19,5 % ; 27,8 % et 27,6 %
respectivement) ou produit par les élèves (28,8 % ; 23,3 % et 27,6 %). Il fait plus
rarement l’objet des tâches de calligraphie (11,1 % ; 10 % ; 6,6 %).
Comme c’est le cas pour la semaine-type, la phrase est, après le mot, l’unité la plus
présente dans les tâches d’écriture et ce à chacune des périodes : 39,4 min en novembre,
40,2 min en mars et 43,6 min en mai. Cependant, en fin d’année, le temps consacré au
travail sur la phrase est très proche de celui consacré au mot.
Si de façon globale on constate que les trois autres unités linguistiques, lettre, syllabe,
texte, occupent sensiblement la même durée pour la semaine-type, leur distribution varie
en fonction des semaines observées. Ainsi, lors de la première semaine, la lettre et la
syllabe sont fréquemment abordées (21,1 min et 16,9 min respectivement), alors que le
travail sur le texte est largement minoritaire (2,7 min). En milieu d’année, le rapport entre
ces trois unités s’inverse : 8,8 min et 8,1 min pour la lettre et la syllabe vs 12,2 min pour
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Prénom Nom
le texte. En fin d’année, l’écart constaté est maximal : 5,6 min et 5,7 min pour la lettre et
la syllabe vs 22, 3 min pour le texte. Cependant, si les durées observées varient sur les
trois périodes de l’année, les tâches impliquant ces trois unités restent les mêmes : la lettre
est préférentiellement calligraphiée (79,1 % des tâches portant sur la lettre en début
d’année, 81,8 % en milieu d’année, 73,2 % en fin d’année), la syllabe est surtout dictée
(53,3 % ; 48,1 % ; 50,9 %), tandis que le texte est produit (51,9 % ; 59,8 % ; 51,6 %) ou
copié (44,4 % ; 36,1 % ; 48 %).
5. Synthèse et discussion
À ce stade du traitement des données, on constate que les neuf tâches d’écriture telles
que nous les avons définies sont proposées dans toutes les classes : en moyenne pour un
tiers du temps total consacré au lire-écrire, ce qui constitue un résultat notable. Ce temps
semble réparti en deux ensembles : d’une part, calligraphie, copie et dictée, production de
l’autre. Mais il faut souligner l’effet trompeur des moyennes : les écarts types importants
traduisent une forte hétérogénéité des pratiques et la diversité des répartitions.
Nous obtenons ainsi une photographie précise de pratiques de classe effectives : les
enseignants font écrire les élèves de manière importante en général (dans trois-quarts des
classes) ; ils font produire de l’écrit aux élèves, et pas seulement calligraphier ou copier,
même si la copie est la tâche la plus pratiquée ; le mot est l’unité linguistique
particulièrement travaillée. Ces résultats nous informent sur les choix didactiques opérés
par les enseignants. La suite de l’étude LireÉcrireCP devrait permettre de savoir si ces
choix sont significatifs et s’ils impactent les apprentissages.
5.1. Remarques concernant les tâches d’écriture
Les données traitées ne permettent pas encore ni de corréler ces choix aux
performances et progrès des élèves ni de dresser un profil précis des maitres, mais le
travail de structuration à partir des tâches de copie et de dictée laisse entendre qu’une
majorité de classes de CP orientent essentiellement leur activité du côté de la lecture et du
déchiffrage, recourant à des tâches d’écriture (calligraphie, dictée, copie) avant tout pour
valider des démarches d’encodage au plus près des compétences phonographiques.
De fait, les enseignants seraient en conformité avec les instructions officielles de 2008
qui valorisent le travail de copie et de dictée, centré sur le mot. Les résultats illustreraient
donc des démarches conformes aux préconisations.
L’étude du budget-temps accordé aux tâches cumulées de production (E5, E6, E7) par
rapport au temps de production autonome (E7) montre que les élèves écrivent, mais dans
un format de travail qui limite la complexité de l’activité. En leur demandant de
« produire en combinant des unités linguistiques déjà imprimées » (E5) ou « en dictant à
autrui » des unités (E6), les enseignants peuvent vérifier qu’ils développent des stratégies
cognitives complémentaires, en lien avec le travail sur le code. Ils les initient certes aux
procédures d’encodage mais sans qu’ils aient à prendre en charge la totalité du travail de
production. Ils ne prennent pas ou diffèrent l’option didactique consistant à les
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L’enseignement de l'écriture en CP : description des pratiques enseignantes…
entrainer à la gestion progressive de plusieurs contraintes (Crinon et Marin, 2014). Cela
pourrait expliquer en outre le faible budget-temps accordé aux tâches E8 et E9, les
opérations de planification et de révision de phrases et de textes pouvant être considérées
par beaucoup comme relevant d’une définition complexe de la production d’écrit.
5.2. Remarques concernant les unités
Les résultats suggèrent que pour les enseignants, il y aurait des unités en adéquation
avec certaines tâches (la lettre en calligraphie, la syllabe en dictée), alors que d’autres
peuvent être abordées au moyen de différentes tâches (la phrase et le texte à la fois en
copie et en production). De ce point de vue, le mot serait l’unité qui se travaille dans le
plus grand nombre de tâches différentes (copie, dictée et production), préoccupation ici
encore conforme aux attentes institutionnelles. Le fait que le mot soit très peu présent
dans les tâches de calligraphie (presque exclusivement réservées à un travail sur la lettre)
semble indiquer que les aspects psychomoteurs sont le plus souvent déconnectés des
aspects linguistiques. De même, on peut considérer que la syllabe écrite est
essentiellement dictée parce que les enseignants y voient un moyen de contrôle des
connaissances graphophonologiques.
L’unité texte est travaillée en copie et en production, plutôt dans la deuxième partie de
l’année, mais elle reste minoritaire : 7 classes sur 131 en semaine 47, 38 en semaine 12 et
45 en semaine 21 s’essayent à la production autonome de texte. Ce résultat est intéressant
parce qu’il montre que le travail est initié au CP, même si la durée effective qui lui est
consacrée (moins de 2 minutes en semaine 47 ; environ 8 minutes en semaine 12 ;
10 minutes en semaine 21) reste minime, surtout si l’on rappelle que les ches de
production – toutes unités confondues – ne représentent que 9,5 % du budget temps total
du lire-écrire.
Conclusion
Nous cherchons à savoir si les enseignants font écrire et ce qu’ils font écrire, parce
que nous faisons l’hypothèse que la nature des tâches d’écriture, le degré de complexité
des unités travaillées dans ces tâches et la manière dont elles sont mises en œuvre ont un
impact sur la qualité des apprentissages du lire-écrire. Nous considérons que
l’« exposition » à l’écriture (Ecalle et Magnan, 2002) et le passage à/par l’écrit au CP, dès
le début d’année, constituent un enjeu de la compréhension des effets-maitres, « dans sa
composante didactique » (Piquée, Sensévy, 2007). Nous avons de l’apprentissage du lire-
écrire une conception intégrative qui, loin de nier la complexité de la tâche, les obstacles
qu’elle pose aux enseignants comme aux élèves, les tensions qu’elle suscite, fait de cette
complexité l’enjeu même des situations proposées (Reuter, 1998b).
De fait, les résultats détaillés dans cet article ne permettent pas encore de rendre
compte de l’impact des tâches d’écriture sur les performances des élèves dans le lire-
écrire. Pour pouvoir considérer l’écriture comme indicateur susceptible d’expliquer la
réussite des classes, nous devons savoir :
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Prénom Nom
‒ si les classes qui ont beaucoup écrit sont plus performantes que les autres sur
l’ensemble des items évalués du lire-écrire et en particulier en production de texte ;
‒ si les classes qui ont fait beaucoup de calligraphie, dictée, copie sont plus
performantes que celles qui ont fait également beaucoup (ou davantage) de production ;
‒ si les classes qui ont produit des textes sont plus performantes que celles qui ont
produit des unités moins complexes.
Isoler les tâches d’écriture est indispensable pour rendre compte de leur impact, mais
il faut également prendre en compte le contexte d’apprentissage et par conséquent
envisager des configurations de tâches organisées autour de l’écriture à même d’expliquer
les effets-maitres.
Il faudra aussi prendre la mesure d’autres indicateurs : le degré d’explicitation et
d’étayage des tâches, les dispositifs de travail (modes de regroupement comme l’atelier),
les formes de différenciation, voire l’engagement des élèves dès lors que l’on admet que
la compétence scripturale a comme composante des opérations et des savoirs, mais aussi
des « représentations, des investissements et des valeurs » (Reuter, 1998b).
Il est évident que l’apprentissage de l’écriture comme de la lecture est multifactoriel.
On ne saurait le limiter à un seul type d’activité, de comportement ou de méthode.
D’autant que le portrait détaillé des pratiques effectives que nous commençons à établir
n’est qu’une petite partie de ce que permet d’explorer le vaste corpus recueilli dans le
cadre du programme de recherche LireÉcrireCP. L’approche quantitative invite en effet à
observer comment ce temps et ces tâches dédiés au travail de l’écriture se réalisent dans
quelques classes représentatives de notre échantillon et à mesurer l’effet de ces choix
didactiques, saisis selon des angles multiples et à des échelles larges ou fines. Nous
espérons d’une part rendre compte au mieux de ce qui se fait dans les classes à un
moment charnière du développement des compétences d’entrée dans l’écrit, et d’autre part
faire dialoguer ces résultats avec les pratiques prescrites et les travaux existants dans ce
domaine aussi bien sur le développement des apprentissages rédactionnels que sur
l’intervention didactique.
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Prénom Nom
Annexe 1 : Typologie des tâches d’écriture (E) avec quelques exemples
E1 Calligraphier [L S M*]
‒ S’exercer à tracer les lettres en cursive et à les attacher (sur l’ardoise ou le cahier)
‒ Reproduire avec son doigt le tracé d’une lettre
‒ Apprendre le tracé des majuscules
E2 Copier (avec modèle) [L S M P T*]
‒ Copier une syllabe ou un mot sur un cahier ou sur une ardoise d’après un modèle
présent
‒ Compléter à l’écrit des mots à l’aide d’une ou de plusieurs syllabes données avec la
consigne
‒ Écrire une phrase en recopiant des mots donnés sur des étiquettes
‒ Écrire une poésie apprise en la recopiant d’une page de manuel
E3 Copier après disparition du modèle (copie différée) [L S M P T]
‒ Copier sur le verso d’une feuille un mot ou une phrase écrit(e) sur le recto
‒ Copier sur son ardoise une lettre puis une syllabe écrite au tableau puis cachée
‒ Reproduire une courte phrase écrite puis effacée du tableau, après observation et
mémorisation
E4 Écrire sous la dictée [L S M P T]
(Le maitre décide des unités à écrire)
‒ Écrire sous la dictée du maitre une liste de syllabes
‒ Écrire une courte phrase dictée
‒ Écrire sur l’ardoise un mot dicté
E5 Produire en combinant des unités linguistiques déjà imprimées [S M P T]
‒ Fabriquer des mots en assemblant des syllabes pré-imprimées
‒ Fabriquer une phrase en assemblant des étiquettes-mots.
E6 Produire en dictant à autrui [L S M P T]
‒ Dicter à l’enseignant ou à autrui une lettre pour les correspondants
‒ Dicter la date ou une consigne à l’enseignant (dictée à l’adulte)
‒ Écrire une liste de prénoms en les dictant à l’enseignant
‒ Dicter à l’enseignant la suite d’une histoire lue
E7 Produire en encodant soi-même [S M P T]
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L’enseignement de l'écriture en CP : description des pratiques enseignantes…
(Les élèves choisissent)
‒ Écrire une devinette
‒ Écrire une lettre (à un destinataire précis) en comblant les trous.
‒ Préparer une affiche pour les élections (i.e. « pourquoi vous devez voter pour moi »)
‒ Écrire une légende sous une image
‒ Écrire la fin d’une phrase commencée par l’enseignant
‒ Compléter des mots en écrivant (sans modèle) la syllabe manquante
E8 Définir, planifier ou organiser la tâche d’écriture (enjeu, destinataire, contenu,
plan, contrainte(s) à respecter…)
‒ Se demander à quoi ressemble le type d’écrit à produire compte tenu du projet de
classe
‒ Faire la liste de ce que les élèves veulent aborder dans leur texte
‒ Rappeler les supports sur lesquels les élèves peuvent s’appuyer pour écrire un mot
‒ Faire la liste d’étapes et de règles nécessaires pour écrire
‒ Indiquer l’orthographe de mots utilisables pour écrire
E9 Revenir sur l’écrit produit : le commenter, le corriger, le réviser, l’améliorer
‒ Commenter l’écrit produit
‒ Comparer sa production avec le modèle ou un autre écrit
‒ Modifier son écrit en tenant compte des corrections apportées par le maitre
‒ Relire son écriture de mots ou de phrases ou celle d’un pair
* L = lettre, S = syllabe, M = mot, P = phrase, T = texte
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Prénom Nom
Annexe 2
Tableau 1. Durées moyennes des différentes tâches d’écriture
pour chacune des trois semaines d’observation.
Calligraphie Semaine 47
(novembre)
Semaine 12
(mars)
Semaine 21
(mai)
Durées moyennes 26 min 14 min 8 mi
Pourcentage par rapport
au temps total écriture
18,6 % 9,7 % 5,4 %
Écart Type 23 min 17 min 13, 4 min
Durée mini 0 (17 classes) 0 (39 classes) 0 (69 classes)
Durée maxi 115 min (1 h 55) 86 min (1 h 26) 63 min
Copie
Durées moyennes 46 min 46 min 50 min
Pourcentage par rapport
au temps total écriture
31,6 % 34,3 % 34,1 %
Écart type 29,7 25,9 37,1
Durée mini 0 (5 classes) 0 (1 classe) 0 (5 classes)
Durée maxi 125 (2 h 05) 117 (1 h 57) 241 (4 h 01)
22 │ Repères │ 52 │ 2015
L’enseignement de l'écriture en CP : description des pratiques enseignantes…
Dictée Semaine 47
(novembre)
Semaine 12
(mars)
Semaine 21
(mai)
Durées moyennes 24 min 23 min 21 min
Pourcentage par rapport
au temps total écriture
15,8 % 17,3 % 16,5 %
Écart type 20 17,4 19,8
Durée mini 0 (15 classes) 0 (15 classes) 0 (19 classes)
Durée maxi 108 (1 h 48) 77 (1 h 17) 96 (1 h 36)
Production d’écrit
Durées moyennes 42 min 38 min 45 min
Pourcentage par rapport
au temps total écriture
28 % 28 % 32 %
Écart-type 29 26 26
Durée mini 0 (5 classes) 0 (3 classes) 0 (4 classes)
Durée maxi 156 (2 h 36) 109 (1 h 49) 128 (2 h 08)
Planification-révision
Durées moyennes 12 min 17 min 14 min
Pourcentage par rapport
au temps total écriture
7 % 11 % 9 %
Écart type 16 20 23
Durée mini 0 (44 classes) 0 (39 classes) 0 (65 classes)
Repères │ 52 │ 2015 │ 23
Prénom Nom
Durée maxi 67 min 84 min 118 min
24 │ Repères │ 52 │ 2015
... Nombre d'études soulignent l'importance du choix des activités susceptibles de faire progresser les élèves. Ainsi, les travaux de plusieurs chercheurs mettent en évidence l'intérêt de travailler la production d'écrits en plaçant la focale sur l'encodage, et ce de manière précoce, dès l'école maternelle et le début du primaire (Brissaud, Pasa, Ragano et Totereau, 2016 ;Castany-Owhadi, Soulé et Dreyfus, 2019 ;Kervyn, Riou, Roderon et Chabanne, 2014 ;Pasa, Totereau, Soulé, Dreyfus, Dupuy et Chabanne, 2015). Dans la même ligne, Goigoux et al. (2016) ont montré que passer du temps à planifier la tâche d'écriture, à revenir sur l'écrit produit, à encoder des unités linguistiques constituent des tâches dont l'effet est significatif sur le développement des compétences d'écriture et de compréhension. ...
Article
Cet article est consacré à l’analyse des effets de deux dispositifs d’ateliers d’écriture sur les compétences relatives à l’encodage des mots de 127 élèves issus de vingt-deux classes de l’enseignement fondamental belge. Les analyses statistiques menées ont permis de mettre en évidence un effet positif significatif sur l’ensemble des indicateurs observés (nombre de mots produits, concept de phrase, segmentation, nature des mots, valeur sonore des lettres et correspondances graphophonologiques). Les résultats font également apparaitre une réduction des écarts entre les élèves sur certains de ces indicateurs. Texte intégral accessible via le lien suivant : DOI: https://doi.org/10.1522/rhe.v4i2.952
... Dans les 131 classes observées, la copie occupe plus d'un tiers du temps consacré à l'écriture (47 min en moyenne, soit 33 %) et ce pour chacune des trois semaines d'observation (46 min en novembre, 46 en mars et 50 en mai). En d'autres termes, les élèves passent un temps considérable à copier de l'écrit, essentiellement des mots et des phrases (Pasa, Totereau, Soulé et al., 2015). Pourtant, les effets communs des tâches E2 (copie avec modèle) et E3 (copie après disparition du modèle) 18 ne semblent pas à la hauteur du temps imparti à la copie. ...
... Cet article se situe dans la continuité des travaux que le groupe écriture a menés dans le cadre de la recherche L'inluence des pratiques d'enseignement de la lecture et de l'écriture sur la qualité des apprentissages au cours préparatoire (2012)(2013)(2014)(2015) (Goigoux, 2016). Il reprend et prolonge les premiers résultats produits sur la description des tâches d'écriture en relation avec l'analyse des performances des élèves en écriture et en lecture-écriture en in de cours préparatoire (Brissaud et Dreyfus, 2015 ;Pasa et al., 2015). 46 | | 55 | 2017 . ...
Article
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Une enquete nationale a ete realisee sur les pratiques pedagogiques au CP concernant la lecture- ecriture. Un questionnaire a ete envoye a 2 500 enseignants de CP par la DEP et l'UTM, dont 1 253 sont revenus. Ce questionnaire comportait 79 questions correspondant a 399 variables (chaque question offrant plusieurs possibilites de reponses). L'analyse effectuee permet, en particulier, d'apporter des reponses objectives sur la position des enseignants entre la tradition et la modernite. Des observations directes effectuees par la suite en situation scolaire permettent de valider les reponses apportees au questionnaire.
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The aim of this paper is to present a review of psycholinguists studies designed to examine the impact of transcription skills in written text compositions and to compare psycholinguistic and linguistic results about the issue of number agreement, with some didactical implications. In psycholinguistics, the issue of the impact of handwriting and spelling skills on the quality and management of written text production was renewed by developmental models of composing. Handwriting and spelling appeared to be as two main cognitive constraints during text production in any novice writer. A great number of research was devoted to assess the influence of handwriting and/or spelling processes both on the quality of the produced text and on the on line management of the other composition processes. However, spelling production is not only linked to the writer's working memory resources. In the field of linguistics, and with another methodological approach, research indeed shows how correct agreements in French depend on children's conceptions on morphology, syntax and morphography.
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Asking young children how to spell words or sentences which where not preliminarily taught, is equivalent to placing them in a situation where they don’t have any other choice than to produce a graphics from what they figure from spelling and to use knowledge they have. These graphics carried out in this situation are called invented spelling. One presents in this text some research about this situation relating to acquisition by French-speaking children, while examining the contributions and the limits of the constructivism. Finally, the research completed from a socioconstructivist standpoint is presented.
Article
Evaluating the influence of teaching practices related to reading and writing on what pupils learn: issues and methodological choices The original methodology of the study carried out by the Institut français de l’éducation evaluating the influence of teaching practices related to reading and writing on what pupils learn at the start of primary school is presented in this article. The large-scale study (131 classes and 2507 pupils) is based on the observation of everyday teaching practices and the individual evaluation of progress made by pupils. The aim is to identify the characteristics of the most beneficial pedagogical practices for socially disadvantaged pupils, those for whom initial learning is the most dependant on intervention at school. Adopting the Educational Effectiveness Research paradigm, the ecological approach deployed puts forward that it is possible to compare the workings of the large range of teaching and learning practices mentioned in the study.
Article
L'article tend à montrer la complexité de la notion de cohérence à partir de recherches INRP sur les apprentissages de la lecture/écriture en SG-CP-CE1 menées entre 1970 et 1980, qui sont l'une des sources de la problématique des cycles. Cette cohérence tient à la conception -évolutive- de la maîtrise de la langue qui structure les contenus, la démarche d'enseignement/apprentissage. La problématique des années 70, d'abord pédagogique, vise essentiellement une démarche d'appropriation active du code de la langue écrite. Celle des années 75-80 se didactise : impliquant une conceptualisation/description des contenus, elle met l'accent sur les usages sociaux, individuels de l'écrit, en relation avec l'oral et l'image, usages qu'il s'agit à la fois de pratiquer et d'observer.
Book
The Handbook of Children’s Literacy provides a unique collection of papers, offering a multi-perspective, multi-disciplinary approach to understanding alphabetic literacy. The analyses at word, text and cultural levels offer an integrative view of literacy. Basic research, theoretical advances, investigations in the classroom, analyses of literacy acquisition by readers with special needs, cross-linguistic comparisons and a historical and cultural perspective will enrich the understanding of literacy of academics and practitioners alike. This is a rare opportunity to consider literacy in breadth and depth by consulting a single collection. The contributing authors are distinguished experts in their domain of investigation, teacher educators and teachers in sixteen different countries.
Article
This article aims to bring an empirical contribution in the comprehension of the teacher-effects. The explanations of the differences in the progressions of pupils depending on who teaches them have focused so far on rather pedagogic aspects .We here explore the didactic component of the teacher-effect (more precisely the teaching aids and contents). A comparison with the importance of the influence of pedagogic options is also put forward. The analysis is based on a sample group of 1300 CP pupils (first year, primary) in 100 regular classes. The teaching practices have been characterized thanks to questionnaires. The pupils’ progress has been evaluated thanks to literacy tests set up at the beginning and the end of the 2004/2005 school year. The major outcome is the modest, yet not inconsiderable, importance of the influence of the didactic options, representing 6% of the class-effects, which is much more than the influence of the options regarding the pedagogic set-up