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La décolonisation sans l'indépendance? Sortir du colonial en Nouvelle-Calédonie (1946-1975)

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Decolonisation without independence?This paper challenges the at first sight straightforward equation of decolonisation with independence and nation State, analysing the diverse alternatives to the colonial régime envisaged in New Caledonia from the granting of French citizenship to the Kanaks in 1946 to the emergence of the demand for independence in 1975. The case of New Caledonia allows us to renew reflection upon what "decolonising" or "leaving the colonial behind" might mean in a given historical context.

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... Si « la voie royale de l'accession à la souveraineté est […] l'indépendance nationale pleine et entière » (Gagné et Salaün, 2017 : 18), les stratégies politiques soutenues en Nouvelle-Calédonie depuis plus d'un demi-siècle vont plutôt vers une « décolonisation sans l'indépendance » (Blaise et al., 2022 ;Mohamed-Gaillard, 2003 ;Trépied, 2013). La décolonisation interne des institutions et la décolonisation culturelle, que reflète la mise en valeur du patrimoine kanak dispersé, ne semblent toutefois pas sufÏsantes, car « pour qu'il y ait décolonisation, il faut qu'il y ait refondation du contrat social et politique, si c'est bien le sens du destin commun » (Gagné et Salaün, 2017 : 23). ...
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Depuis les années 1980, le patrimoine kanak dispersé intègre les objets kanak anciens conservés dans des musées à l’extérieur du territoire calédonien. Poursuivant la pensée de Jean-Marie Tjibaou (1936-1989), chef de file du mouvement indépendantiste kanak jusqu’à son décès, ce projet est soutenu et reconnu par les institutions patrimoniales calédoniennes ainsi que par les gouvernements calédonien et français. Certains objets sont considérés comme des ambassadeurs et reviennent temporairement à Nouméa pour y être exposés, avant de repartir dans les musées qui les conservent. Peut-on parler dans ce contexte d’une souveraineté patrimoniale établie en parallèle de l’aspiration à l’indépendance d’une partie du peuple kanak et de l’accès à une plus grande autonomie de la Nouvelle-Calédonie vis-à-vis de l’État ? Cet article explore l’histoire politique du patrimoine kanak dispersé et propose une vision prospective sur sa poursuite, après les trois votes référendaires pour l’indépendance et la pleine souveraineté politique de la Nouvelle-Calédonie.
... See, e. g. Banivanua Mar (2016);Gagné and Salaün (2013); concerning New Caledonia seeTrépied (2013); for New Zealand seeMetge (2013),Reilly (2011) and Henare(2007); for Hawai'i seeWhite and Tengan (2001).7 The "first native professional anthropologist"(Hau'ofa 1975, 287) was Rusiate Nayacakalou from Fiji, a lecturer at the University of Sydney, Australia(Tomlinson 2006). ...
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In Oceania, as elsewhere, power relations in knowledge production have been highly debated for many decades. Oceanian anthropologists have developed challenging proposals to decolonise anthropology and academia in Oceania at large. Nevertheless, insights from this region do not figure prominently in recent theoretical discussions about coloniality and decolonisation “about the subaltern” (Grosfoguel 2007, 211). By focusing on the long-lasting Oceanian discourse in a Swiss peer-reviewed journal, this article aims to contribute to the decolonisation of Swiss academia by proposing an anthropology “with and from a subaltern perspective” (Grosfoguel 2007, 211). Drawing on recent online research, and experiences with teaching the anthropology of Oceania, this article familiarises a European readership with Indigenous anthropologists from Oceania, and their struggles with our discipline. It looks at Indigenous scholars’ reflections about and propositions for different ways of knowledge production and Indigenous research methods. The article concludes with suggestions to further the decolonisation process within (Swiss) academia.
... Quelle place y est laissée au métissage entre les différentes populations de ce territoire, dont certaines réclament désormais leur place dans le débat politique après plus de vingt ans de polarisation politique entre Kanak et descendants de colons ? Comment traiter ces enjeux alors même qu'une historiographie de l'histoire coloniale de la Nouvelle-Calédonie a mis longuement à émerger (Trépied, 2013) et que la France peine elle-même à aborder son histoire coloniale ? Alors que les deux premières consultations sur l'accession à la pleine souveraineté de la Nouvelle-Calédonie en 2018 et 2020 ont donné la victoire à son maintien dans la France, ces enjeux de construction identitaire s'avèrent loin d'être réglés, en faisant de cet établissement culturel le coeur d'enjeux symboliques de premier ordre. ...
... -Je remercie Claude Yeiwéné pour son aide aux Archives de Nouvelle-Calédonie ainsi que Marie-Hélène Teulières et Benoît Trépied pour leurs relectures attentives et critiques des premières versions de ce texte. Cet article est issu d'une recherche réalisée en partie avec le soutien du GIP Mission de recherche Droit et Justice. 2 -Par IsmetKurtovitch (1997a, 1997b, 2000a, 2000b, 2011), Michel Naepels (2013, EricSoriano (2014), BenoitTrépied (2010aTrépied ( , 2010bTrépied ( , 2013aTrépied ( , 2013b. Elle a été également documentée par des acteurs de la vie politique de l'époque, JeanGuiart (1959Guiart ( , 2002, MauriceLenormand (1953Lenormand ( , 1991 et Jean LeBorgne (2005). ...
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Ce chapitre revient sur une décennie décisive en Nouvelle-Calédonie, celle qui s'ouvre avec la fin du régime de l'indigénat et l'accession des Kanak à la citoyenneté en 1946 où la configuration des possibles se trouve brièvement transformée, ainsi que sur les débats au sein du monde kanak lors de ce moment politique si particulier. La période a déjà été très étudiée 2 , mais l'angle choisi ici réinterroge les documents pour éclairer le dissensus et la confrontation idéologique entre les Kanak du Parti communiste calédonien et ceux des mouvements missionnaires-l'Union des indigènes calédoniens amis de la liberté dans l'ordre (UICALO) et l'Association des indigènes calédoniens et loyaltiens français (AICLF)-et montrer également les convergences et les divergences entre ces deux dernières formations, l'une catholique et l'autre protestante. Au coeur de ce conflit politique particulièrement intense et tout à fait déterminant d'un point de vue historique (malgré sa brièveté) se sont jouées des questions essentielles sur la représentation politique des Kanak, leur place au sein de la société calédonienne et la possibilité ou non d'une véritable rupture vis-à-vis de la catégorie coloniale et subalterne de l'« indigène ». La contribution s'attache plus particulièrement aux tentatives de création d'une chambre consultative composée de notables ainsi que d'une justice 1-Je remercie Claude Yeiwéné pour son aide aux Archives de Nouvelle-Calédonie ainsi que Marie-Hélène Teulières et Benoît Trépied pour leurs relectures attentives et critiques des premières versions de ce texte. Cet article est issu d'une recherche réalisée en partie avec le soutien du GIP Mission de recherche Droit et Justice.
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Bien que connaissant un renouveau épistémologique, la géographie du nucléaire peine à identifier les processus menant certains espaces à être catégorisés socialement comme nucléaires. Cet article propose d’étudier ces mécanismes d’assignations spatiales en croisant les concepts de « nucléarité » et de « stigmatisation territoriale ». Le but est de singulariser la nucléarisation de l’espace, que nous définissons comme les opérations qui, par des pratiques et des discours, tendent à catégoriser socialement un espace comme faisant partie du domaine nucléaire, séparé de celui conventionnel, lui appliquant ainsi un ensemble de normes d’exception. Nous l’appliquons au cas de l’atoll de Hao, en Polynésie française, base arrière des essais nucléaires menés par la France de 1966 à 1996. Nous comparons deux évènements, la vente des gravats et des déchets métalliques issus de la destruction des infrastructures militaires. Les résultats montrent que la nucléarité spatiale est relationnelle, processuelle et multidimensionnelle, émergeant des actions des acteurs, de leurs intérêts et discours. Différents régimes de nucléarité spatiale coexistent dans le temps et l’espace, faisant fluctuer la nucléarité des lieux. Souvent décrite comme imposée par les agents dominants, la nucléarité spatiale est également reproduite par les acteurs locaux qui perçoivent des opportunités politiques.
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The aim of this study was to identify the consequences of colonization in the daily lives of African peoples in sub-Saharan Africa. For this, many actions have been carried out. From the 4,500 men interviewed, 3,010 would choose a light-skinned wife and 1,000 a dark-skinned wife; 490 are not influenced by skin complexion. From the 4,500 women interviewed, 2004 would choose a light-skinned man and 644 a dark-skinned man. 1852 are not influenced by skin complexion. From the 4500 women, 3800 would like to have a fair complexion and 500 a dark complexion; 200 are indifferent. From the 500 children interviewed, 379 liked fair complexion, against 121 for dark complexion. Many people worship the white man. We find the signs of this on a daily basis: The best places are always reserved for the white man on all occasions; the way peoples interprate a successful action or a purchasing power; The efforts made to speak like white men; The rejection of one's language and one's tribal name in favor of those imported; The pronounced taste for imported clothing products. Concerning the musical and choreographic preferences, we can classify the young peoples interviewed as follows: 50.2% strictly in favor of imported dances and music styles; 14 26.2% love both imported and Cameroonian music and dance styles; 23.5% in favor of strictly Cameroonian dances and music styles. In the same vein, we have for hairdressing: 28.33% for grafting; 21.89% for the use of wigs; 15.82% for Afro-style. The choirs which practice the folk style are always lowered in front of those which practice the baroque style. In view of this dark picture, we can notice in detail that there is a segment of the African population south of the Sahara, even if it is a minority, which lives its Africanness with pride. It therefore constitutes the hope for the rebirth of African culture.
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Cet article s’intéresse à deux épisodes méconnus concernant le traitement de la question contraceptive dans l’univers bureaucratico-politique dans les années 1960. Le premier a à voir avec l’élaboration d’un projet de circulaire destiné à permettre le recours à la contraception sans modifier la législation répressive en vigueur. Le second concerne les DOM et témoigne de la mise en place d’un dispositif de contournement de la loi destiné à imposer l’utilisation de la contraception aux populations domiennes. Ces deux épisodes sont analysés comme deux expressions de l’illégalisme d’État.
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Museums around the globe have experienced important changes in recent years in response to decolonisation processes and the demands of indigenous peoples. French museums are no exception, but the transformations have certain French hallmarks. This article explores the way France is dealing with its colonial legacy and, by means of two case studies, unravels the diverse political and historical particularities of the French context. The first looks at the results of a comparative analysis of the French and Québécois public’s response to the travelling exhibition E tū ake: Standing Strong produced by the Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa. The second focuses on the repatriation ceremony of Māori toi moko (tattooed preserved heads) that took place in Paris in January 2012. These two case studies examine the French uses of concepts such as ‘community’, ‘minority’, and ‘indigeneity’ as well as the complex relations between religion and rationality, ancestral presence and materialism in French public life. The article investigates how these concepts participate in the fabric of French society, and thus in shaping contemporary museum landscapes.
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Built on the basis of a literature review on colonial history, contemporary socio-spatial dynamics and an analysis of the electoral results of the last thirty years in New Caledonia, this article shows the long process that has led to self-determination, following a long period of hard colonization and decolonization in trompe-l'oeil. "Rebalancing", which has been in operation for more than three decades, has difficulty reducing differences between communities in a nickel-dominated territory with an economy suffering from Dutch disease. On 4 November 2018, a small and unprecedented electorate was asked the following question: "Do you want New Caledonia to achieve full sovereignty and become independent? ». Although broad, the victory of the "No" by 56.7% against 43.3% for the "Yes" is closer than expected and it was the independentists who gave the impression that they had won this referendum. The spatial distribution of the "Yes" and "No" is the copy of the distribution of Kanak and Europeans, revealing the deep divisions of this society.
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version revue et augmentée de celle publiée dans le JSO 117 de 2003
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Citizen Migrants, Vacationing Migrants The Vacation-Trips of the French Bureau for Migration from Overseas Departments (BUMIDOM), 1965-1980 Between 1963 and 1982, BUMIDOM, a national office created as an instrument for keeping overseas departments (DOM) part of France, coordinated the migration of 200,000 French citizens from the overseas departments of Réunion and the French Antilles to the mainland. It offered these domestic migrants low-cost “vacation-trips” for visits to their home island, which helped to both control these migrants and legitimate the institution. Study of this vacation system is useful for considering the practical modes of colonial (re)production of difference in the 1960s and 1970s, until a crisis befell the model in 1978 and its social dimension was unable to resist the desire to develop consumer tourism.
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In France and Europe today, claims arise defining so-called Muslim and European ‘worlds’ and labelling them irreconcilable. These claims ignore the intertwined history of France and North Africa. When the six founding members of the European Economic Community (EEC) signed the Treaty of Rome, French administrators still considered Algeria to be a constituent part of France, despite the ongoing war. The Algerian question was central to negotiations for the Treaty of Rome and during them, French officials attempted to inscribe Algeria within the founding documents of the European project through a policy of ‘Eurafrique’. Their partners, eager for France’s signature on the Treaty, accepted a vision of integrated Europe with borders crossing the Mediterranean. This decision raised thorny issues in the months and years to come, first in debates of how or even if the Treaty could be implemented overseas, then when independent Algeria attempted to define its relationship with the EEC. These episodes of negotiation and interaction reveal the centrality of the question of empire to the foundations of integrated Europe.
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Loin d’être un concept émancipateur, le concept de nation appliqué aux Indiens a permis de construire une relation spécifique, de type colonial, avec l’État fédéral aux États-Unis. Il est en cela très proche du concept de tribu, dont il a toujours été mal distingué. Le comprendre comme l’instrument d’une décolonisation intellectuelle et légale, comme c’est aujourd’hui souvent le cas, paraît donc peu productif. Limité dès le xviii e siècle dans leur capacité à mobiliser la philosophie du droit naturel sous-tendant l’usage politique du concept de nation dans le contexte européen, les groupes indiens ont dû se contenter d’en faire un usage restreint, correspondant à un ensemble de droits limités et définis avant tout par l’État américain. Jusqu’aux années 1930, le terme de nation appliqué aux Indiens ne sert d’ailleurs qu’à désigner un état temporaire de séparation vis-à-vis du corps politique américain, promis à la disparition par annihilation ou assimilation. Après le « New deal indien » lancé en 1934, les groupes indiens dans les réserves n’ont jamais pu prétendre recouvrer l’ensemble des attributions habituellement reconnues aux nations. Leur statut de nations continue donc de recouvrir une forme spécifique de souveraineté, entre celles des États fédérés et de l’État fédéral ; une souveraineté limitée qui les place à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de la nation américaine.
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Ten years after the four "old colonies" were transformed into French Overseas Departments, as established by the 1946 Assimilation Law, their social and political elites began to oppugn the process of departmentalization. In French Guiana, the Creole teachers' denunciation of a departmentalization which they regarded as a "false" decolonization was mostly grounded on an enduring pay gap that pointed to a permanence of the colonial order insofar as the pecking-order between teachers in French Guiana was concerned. The ensuing mobilization of the Creole teachers in the nineteen fifties, which aimed at obtaining the same pay as teachers from metropolitan France, highlights a double divide: on the one hand a social divide between Creoles and Metropolitans, and on the other a political divide between autonomists and departmentalists. However, the mobilization allowed French Guianese Creole teachers to benefit from policies which could be described as positive discrimination. It also eased their accession to the local political scene, where they became major players from the nineteen sixties onwards. Departmentalization thus accelerated the renewal of the social and political elites in French Guiana. In short, during the transition from colonial status to departmental status in French Guiana, colonial continuity and post-colonial discontinuity were the two faces of a process of social and political recomposition, during which Guianese Creole teachers became a leading elite of their department.
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En 1946, l'extension de la citoyenneté française aux " sujets indigènes " a profondément bouleversé ce qu'on appelait alors la " France coloniale ". Dans l'ancienne colonie de peuplement de la Nouvelle-Calédonie, au cœur du Pacifique Sud, un nouveau parti a occupé le devant de la scène politique des années 1950 à 1970, entre la fin de la période coloniale et le tournant indépendantiste kanak : l'Union Calédonienne. Celle-ci réunissait, selon le vocabulaire de l'époque, électeurs et militants " autochtones " et " européens ". A la lumière des relations entre colons et colonisés sur le temps long, cette séquence historique apparaît à bien des égards énigmatique. Comment en effet comprendre le triomphe politique d'un parti dont la devise officielle, " deux couleurs, un seul peuple ", était apparemment aveugle aux inégalités héritées de l'époque coloniale, moins de dix ans seulement après la fin du régime de l'Indigénat ? Le présent ouvrage tente de répondre à cette question à partir d'une enquête ethnographique et micro-historique approfondie dans la commune de Koné (nord-ouest). Centrée sur les acteurs locaux, les conflits et les enjeux municipaux, cette étude décrypte l'Union Calédonienne " au ras du sol " : c'est en jouant subtilement de toutes les nuances et ambiguïtés d'un tissu social façonné à la croisée de la civilisation kanak et de la colonisation, que l'UC est parvenue, à Koné, à nouer une alliance inédite entre ouvriers blancs, tribus kanak et autres " outsiders coloniaux ". Cet essai de micro-histoire représente une contribution majeure à une compréhension renouvelée de l'économie politique et morale des " situations coloniales ". Il enrichit ainsi le débat qui fait actuellement rage à propos des études postcoloniales. Et il sort de l'oubli une page cruciale de l'histoire du Pacifique Sud.
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La classification statistique des populations des colonies, dont l'origine remonte à l'esclavage, traduit le statut des populations: colons libres, esclaves, plus tard coolies, travailleurs sous contrat, etc. Les populations indigènes, dont les droits sur le sol étaient abolis, se voyaient attribuer des statuts de droit particulier. La classification selon l'ethnie prolonge ces distinctions: la hiérarchie de la couleur ou des origines reflétant la hiérarchie sociale. Lorsqu'elle ignore le métissage, elle est un instrument de cloisonnement et d'immobilisme social rattachant une personne à une origine ancestrale unique. Dans les pays d'immigration, les divers statuts: citoyen, résident legal, réfugié, etc, reproduisent une hiérarchie sociale qui apparaît liée à des différences d'accès au marché de l'emploi. /// The statistical classification of the colonial populations, whose origins can be traced back to slavery, reflects the status of the populations: free settlers, slaves, coolies, bondsmen, etc. The indigenous populations had their rights to the land abolished, and were given special legal statutes. Classification according to ethnicity continues these distinctions: the hierarchy of skin colour or ethnic origins reflects the social hierarchy. When this classification does not allow for multi-racial marriage and identifies individuals on the basis of a single ancestral origin, it becomes an instrument for compartmentalizing the population and maintaining the social status quo. In the countries which experience immigration, the various statutes -- citizen, legal resident, refugee, etc. -- reflect a social hierarchy that appears related to differences in access to the labour market. /// La clasificación estadística de las poblaciones de las colonias, que se inicia con la esclavitud, traduce la situación de los individuos: colonos libres, esclavos, más tarde coolies, trabajadores con contrato, etc. A las poblaciones indígenas, los derechos sobre el suelo de las cuales se abolieron, se les atribuyen status particulares. La clasificación étnica refleja estas distinciones: la jerarquía según el color o el origen es un reflejo de la jerarquía social. Si ignora el mestizaje, tal clasificación se convierte en un instrumento de separación e inmovilismo social, vinculando a un individuo con un origen ancestral único.En los países de inmigración, los diferentes status (ciudadano, residente legal, refugiado, etc.) reproducen una jerarquía social que refleja las diferencias de acceso al mercado de trabajo.
Article
LES anciennes puissances coloniales sont régulièrement confrontées au surgissement du passé dans leurs rapports avec leurs possessions d'antan. Les crises diplomatiques entre le Zimbabwe et le Royaume-Uni ou entre la Côte d'Ivoire et la France, la polémique entre Paris et Alger sur l'oeuvre coloniale, l'invocation des atrocités de la conquête par le colonel Kadhafi pour obtenir de l'Italie le financement de l'au-toroute Tripoli-Benghazi sont des illustrations, parmi beaucoup d'autres, de ce constat. Le Japon – puissance coloniale méconnue – n'échappe pas à la règle, dont les crimes pendant la Seconde Guerre mondiale et l'expansion territoriale à partir de la fin du XIX e siècle continuent d'obérer ses relations avec la Corée du Sud et la Chine. En Bolivie, le président Evo Morales, tout à sa nationalisation des hydro-carbures, pointe du doigt l'entreprise espagnole Repsol en dénonçant « les cinq cents ans de spoliation des richesses naturelles ». Or, il ne s'agit pas seulement d'une instrumentalisation politique ou diplomatique de la mémoire historique de la part de gouverne-ments roués et cyniques, même si, en l'occurrence, le caractère Décembre 2006 1 * Jean-François Bayart (bayart@ceri-sciences-po.org), chercheur au CNRS (Ceri-Sciences Po), est l'auteur notamment de le Gouvernement du monde. Une critique politique de la globali-sation, Paris, Fayard, 2004, l'Illusion identitaire, Paris, Fayard, 1996 et l'État en Afrique. La politique du ventre, Paris, Fayard, 1989, qui vient d'être réédité avec une preface inédite. Romain Bertrand (bertrand@ceri-sciences-po.org), chercheur à la FNSP (Ceri-Sciences Po) vient de faire paraître Mémoires d'empire. La controverse autour du « fait colonial », Paris, Éd. du Cro-quant/Savoir-Agir, 2006. Il est également l'auteur de État colonial, noblesse et nationalisme à Java. La Tradition parfaite, Paris, Karthala, 2005. Cet article est le fruit d'une réflexion com-mune menée dans le cadre du séminaire « Trajectoires du politique : État, nation, empire » du Centre d'études et de recherches internationales, et dans celui du programme « Legs colonial et gouvernance contemporaine » du Fonds d'analyse des sociétés politiques. Les auteurs remer-cient particulièrement Thornike Gordadze, Béatrice Hibou, Françoise Mengin, qui ont participé au programme « Legs colonial et gouvernance contemporaine », et l'Agence française de déve-loppement pour son concours, ainsi que tous leurs collègues historiens et anthropologues fran-çais, turcs, sénégalais, indiens, britanniques, néerlandais, allemands, italiens, mexicains et américains avec lesquels ils ont échangé.
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Kanak, the indigenous Melanesians of New Caledonia, experienced the First World War as tirailleurs, auxiliaries and ‘rebels’. As volunteer tirailleurs, in 1916–18, Kanak fought and died in France and New Caledonia in the service of the French colonial administration. As ‘rebels’ many Kanak also died fighting against the French army and its Kanak auxiliaries in the north of New Caledonia in 1917–18 (the ‘1917’ revolt). Until the end of the twentieth century these varied experiences were largely ignored in local (New Caledonian), regional (Pacific islands) and international (French colonial) historiography. However, as New Caledonia acquires greater political autonomy and seeks to develop a local citizenship incorporating Kanak and New Caledonian identity within the French Republic, interest in New Caledonia's participation in the Great War has grown. A central issue is the extent to which recent writing and commemorations adequately take into account Kanak experiences and acknowledge the war fought in New Caledonia and its legacy.
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To understand the intellectual atmosphere of the 1950s and 1960s, one must first grasp the passions of the era : a chance to observe a fundamental change in world political order and the need to develop entirely new conceptions of societies once thought to be static and primitive. Such thinking emerged first not in the academy but in colonial bureaucracies confronted with social and political movements in Africa during and after the war. This article describes the way officials rethought social order and how social scientists later took up and promoted new modes of analysis. It focuses on two examples : development economics and modernization theory. But it notes the caution of scholars doing fieldwork, who observed a more complex reality. Scholars responded to demands for useful knowledge before the knowledge base was secure, but even so they helped consolidate new visions of social change.
Nouvelle-Calédonie, 1945-1968. La confiance trahie
  • Jean Leborgne
Une trajectoire du politique en Mélanésie. Construction identitaire et formation d’un personnel politique. L’exemple kanak de Nouvelle-Calédonie, 1946-1999. Thèse de doctorat en science politique
  • Éric Soriano
Trente ans d’histoire de la
  • Bernard Brou
La nouvelle politique indigène en Nouvelle-Calédonie. Le capitaine Meunier et ses gendarmes
  • Jean-Marie Lambert
The Invention of Decolonization. The Algerian War and the Remaking of France
  • Todd Shepard
La présence kanak. Édition établie et présentée par Alban Bensa et Éric Wittersheim
  • Jean-Marie Tjibaou
De la première guerre mondiale en Océanie. Les guerres de tous les Calédoniens 1914-1919
  • Sylvette Boubin-Boyer
Une génération nationaliste au pouvoir à Amââ et Kûöö, villages de Xârâcùù (Canala)
  • Christine Demmer
Une histoire du mouvement syndical en Nouvelle-Calédonie
  • Henri Israël
L’indépendance au présent. Identité kanak et destin commun. Entretiens avec Jean-François Corral et André Némia
  • Paul Néaoutyine
De la Chine ancienne à nos jours, trad. par Christian Jeanmougin
  • Jane Burbank
  • Frederick Cooper
La vie politique en Nouvelle-Calédonie, 1940-1953
  • Ismet Kurtovitch
Le discours politique kanak : Jean-Marie Tijbaou, Rock Déo Pidjot, Eloi Machoro, Raphaël Pidjot
  • Hamid Mokaddem
Dictionnaire historique de la langue française
  • Alain Rey