Introduction :
Seul ou associé à d’autres facteurs de risque vasculaire, le diabète est responsable d’une lourde morbi-mortalité partout dans le monde. Son expansion prend des allures de pandémie, mais elle reste encore peu documentée en Afrique sub-saharienne. Ce travail fournit quelques aspects épidémiologiques du diabète parmi les autres facteurs de risque vasculaire en milieu urbain à Saint-Louis, au Sénégal.
Patients et méthodes :
Il s’agit d’une étude observationnelle, transversale, descriptive, qui s’est déroulée du 3 au 30 mai 2010. Les unités de sondage étaient constituées par les Sénégalais habitant la ville de Saint-Louis, âgés de 15 ans au moins. L’échantillonnage utilisé était un sondage aléatoire, stratifié en grappes, utilisant comme base de sondage les données du recensement général de l’habitat de Saint-Louis.
Résultats :
L’enquête a concerné 1 424 individus. Le sex-ratio femmes/hommes était de 2,23. L’âge moyen de la population était de 43,4 ± 17,8 ans. La prévalence du diabète était de 10,4 %, incluant 7,8 % de cas connus et 2,6 % de cas nouvellement diagnostiqués. Ce diabète était dit « contrôlé » dans 33,3 % des cas selon les critères de la Fédération internationale du diabète (IDF) et 39,6 % selon ceux de l’Association américaine du diabète (ADA). Le traitement était médicamenteux dans 74,3 % des cas et par tradithérapie dans 54,3 % des cas.
Les autres facteurs de risque vasculaire étaient :
–la dyslipidémie (64,6 %), connue dans 2,4 % des cas et dépistée dans 62,2 % des cas. Seuls 20 % des patients étaient traités par hypolipémiants et 12 % étaient à l’objectif ;–la sédentarité (64,0 %), plus fréquente chez les femmes que chez les hommes (p < 0,001) ;–l’hypertension artérielle (HTA, 46,0 %), connue de l’individu dans 23,0 % des cas et ignorée chez les 23,0 % restants ; 31,0 % des hypertendus n’étaient pas traités et 30,5 % l’étaient par tradithérapie ;–l’obésité (23,0 %), à prédominance féminine ;–le tabac (5,8 %) et l’alcool étaient moins fréquents.
Le diabète était associé à l’HTA ou à la dyslipidémie dans 87,8 % des cas ; 62,8 % des sujets avaient au moins trois facteurs de risque associés.
Sur le plan des complications, 16,6 % des sujets présentaient une insuffisance rénale, 17,0 % une artériopathie des membres inférieurs (indice de pression systolique [IPS] abaissé) et 3,2 % avaient présenté un accident vasculaire cérébral.
Conclusion :
Cette enquête révèle des chiffres alarmants sur la prévalence du diabète, ainsi que celle de la dyslipidémie, de l’HTA et même de l’insuffisance rénale dans la population autochtone de la ville de Saint-Louis. Ces facteurs de risque vasculaire sont probablement sous-estimés dans la population générale. Il est nécessaire de conduire des enquêtes de prévalence à l’échelle nationale afin de mettre en place des politiques de prévention efficaces et pérennes.