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En , à la suite d’un traité d’alliance entre les
villes libres de Strasbourg et Zurich, une équipe
de bateliers sportifs de cette dernière ville a
descendu la Limmat, l’Aar puis le Rhin jusqu’à
Strasbourg (plus de km tout de même),
dans un bateau portant une marmite de bouillie
de millet («Hirsenbrei»), bouillante au départ.
La bouillie était encore chaude à l’arrivée de
cette «Hirsenbreifahrt» ce qui devait prouver
aux Strasbourgeois que les citoyens de Zurich
étaient des alliés ables ; un monument érigé
à l’époque de son tricentenaire, évoque cet
évènement (Photo ).
Le dernier cadeau que nous ont fait les
Zurichois est d’un goût plus discutable car il
s’agit d’Halyomorpha halys (Stål, ), insecte
peu apprécié et malheureusement attendu
tant par les entomologistes que par le monde
agricole régional (Photo ) [C B,
en ligne].
Cette Punaise extrême-orientale (Chine,
Japon, Corée) est une espèce exotique et
envahissante redoutée car non seulement
elle sent mauvais, se réfugie dans les maisons
en saison froide et montre des pullulations
fort désagréables, mais elle peut également
s’attaquer aux cultures (soja, fruits et légumes).
Du fait de sa grande polyphagie et des risques
potentiels, elle est inscrite sur la liste d’alerte de
l’Organisation européenne et méditerranéenne
pour la protection des plantes (OEPP -
EPPO). H. halys est bien établie en Amérique
Halyomorpha halys (Stål, ), la Punaise diabolique,
nouvelle espèce pour la faune de France
(Heteroptera Pentatomidae)
Henry CALLOT * & Christophe BRUA **
* rue Wimpheling, f- Strasbourg
henry.callot@free.fr
** rue d’Adelshoen, f- Schiltigheim
Résumé. – Cet article signale les premières observations de Halyomorpha halys (Stål, ) (Punaise diabolique,
marmorated stink bug, Marmorierte Baumwanze) en France.
Summary. – Halyomorpha halys (Stål, 1855), the marmorated stink bug, new species for the fauna of France
(Heteroptera Pentatomidae). In this article the rst observations of Halyomorpha halys (Stål, )
(Punaise diabolique, marmorated stink bug, Marmorierte Baumwanze) in France are reported.
Keywords. – Halyomorpha halys, Rhaphigaster nebulosa, Pentatomidae, Alsace, France
L’Entomologiste, tome 69, 2013, n° 2 : 69 – 71
Photo 1. – Détail du monument évoquant la
«Hirsenbreifahrt» au coin de la rue de Zurich
et de la place du Pont-aux-Chats à Strasbourg
(cliché H. Callot).
Photo 2. – Halyomorpha halys (Stål, ).
Schiltigheim (Bas-Rhin), --, taille mm
(C. Brua leg., H. Callot det. et cliché).
70 L’Entomologiste, tome 69, n° 2
du Nord depuis où elle porte le surnom
de «marmorated stink bug» (no comment…).
Elle est parfois surnommée en français « la
Punaise diabolique» [F, ]. Depuis
cette date elle a envahi une bonne partie de
l’Amérique du Nord, de côte à côte. En Europe
sa première tête de pont a été Zurich en
et elle a été observée dans plusieurs stations du
canton [W et al.,
en ligne]. Elle
a ensuite étendu son aire de répartition aux
cantons de Bâle-Ville, Saint-Gall et Schahouse
[W K, ]. En , elle a été
trouvée pour la première fois en Allemagne à
Constance, sur la frontière suisse [H,
].
Sa détermination pose un petit problème
dans la mesure où cette Punaise ressemble
beaucoup à une espèce commune en Europe,
Rhaphigaster nebulosa (Poda, ), la
Punaise nébuleuse ou Punaise grise. Quand
on est attentif (voir plus loin), on peut les
distinguer assez facilement car à la diérence
de R. nebulosa, H. halys est dépourvue d’une
longue apophyse portée par le premier segment
abdominal (Photo ), sa membrane est striée de
brun, ses angles pronotaux sont plus saillants,
la silhouette de sa tête est diérente et enn son
allure générale est plus aplatie.
La première capture alsacienne date des
et --. Il s’agit de deux exemplaires
attirés par une lampe UV placée sur un balcon
à Strasbourg. Cette lampe « drague » très
ecacement les insectes en provenance du Jardin
botanique de l’Université voisin, jardin dont
l’inventaire entomologique est en cours sous la
responsabilité d’un des auteurs (HC). Comme
prévisible, ces exemplaires étaient soigneusement
rangés… sous le nom de Raphigaster nebulosa.
Un troisième exemplaire a été apporté au Musée
zoologique de la même université par M. Heintz
de Schiltigheim, banlieue nord de Strasbourg, le
--. Cet insecte vaquait dans un logement.
Les quatrième et cinquième exemplaires ont
été trouvés également à Schiltigheim (C. Brua
leg.), le premier dans un logement le --
, le second sur le mur d’une maison le -
-. Ce n’est qu’en présence du quatrième
exemplaire que l’un des auteurs (HC), stimulé
par la suspicion du collecteur (CB), a pris la
peine de vérier son identité et celle des autres
spécimens. Enn, un sixième exemplaire
dormait anonymement depuis l’an dernier
dans la collection du second auteur (CB,
Schiltigheim, --, à l’extérieur sur un
mur).
L’insecte est donc bien établi dans
l’agglomération strasbourgeoise et sera
certainement trouvé ailleurs dans la région,
avant qu’il ne s’aventure plus loin. Sa présence
à Bâle fait penser qu’il a déjà mis le pied dans le
Haut-Rhin, en particulier dans les banlieues de
Bâle situées en Alsace.
Remerciements. – Les auteurs remercient tous
ceux qui ont répondu à leurs demandes de
renseignements, en particulier Jean-Claude Streito
(INRA, Montpellier).
Références bibliographiques
B C. C H., en ligne. – Insectes
exotiques observés en Alsace. Site de la Société
Alsacienne d’Entomologie. Disponible sur
internet : <http://sites.estvideo.net/sae/spp_
invasives.html> (consulté le --).
C H. B C., . – Insectes invasifs et
envahissants en Alsace. Bulletin de l’Association
Philomathique d’Alsace et de Lorraine, 44 (-
): - et -.
F A., . – La punaise diabolique... et les
malins. Insectes, 161: .
Henry CALLOT & Christophe BRUA
Photo 3. – Face ventrale d’Halyomorpha halys, inerme
(à gauche) et de Rhaphigaster nebulosa, armée
d’une longue apophyse dirigée vers l’avant (à
droite) (clichés H. Callot).
L’Entomologiste, tome 69, n° 2 71
H T. W D., en ligne. – Die
marmorierte Baumwanze, Halyomorpha
halys. Disponible sur internet : <http://www.
halyomorphahalys.com> (consulté le --).
H R., . – Erster Nachweis von
Halyomorpha halys (Stål, ) (Heteroptera:
Pentatomidae) für Deutschland. Heteropteron,
36: -.
OEPP Service d’Information, . – /
Premier signalement de Halyomorpha halys en
Suisse: addition à la liste d’alerte de l’OEPP, 10:
-. Disponible sur internet : <http://archives.
eppo.int/EPPOReporting//Rsf-.pdf>
(consulté le --).
P J., . – Hémiptères Pentatomoidea Euro-
méditerranéens. Volume . Podopinae et Asopinae.
Faune de France . Paris, Fédération Française
des Sociétés de Sciences Naturelles., p.
Addenda au volume : Halyomorpha halys (Stål,
): -.
W D. K P., . – Key for the
separation of Halyomorpha halys Stål from
similar-appearing pentatomids (Insecta :
Heteroptera: Pentatomidae) occurring in Central
Europe, with new swiss records. Mitteilungen der
Schweizerischen Entomologischen Gesellschaft, 83 :
-.
W B., W D. F B.,
. – First record of an invasive bug in Europe:
Halyomorpha halys Stål, (Heteroptera :
Pentatomidae), a new pest on woody ornamentals
and fruit trees ? Mitteilungen der Schweizerischen
Entomologischen Gesellschaft, 81: 1-8. •
Manuscrit reçu le mars ,
accepté le avril .
Halyomorpha halys (Stål, ), la Punaise diabolique, nouvelle espèce pour la faune de France
(Heteroptera Pentatomidae)
Parmi les livres
Carl ZIMMER & Douglas J. EMLEN. – Evolution. Making Sense of the Life. Greenwood Village (Colorado),
Roberts & Company, , pages. isbn -. Prix : . Pour en savoir plus : www.roberts-
publishers.com
À chaque fois que je corresponds avec Doug
Emlen, je repense aux crottes de singes qui,
à Barro Colorado, le matin, me tombaient
sur le crâne, doublées de leurs Scarabéides :
il me conseilla justement un chapeau. Emlen
à cette époque était un postgraduate et moi,
vieillissant, un invité de STRI, à Panama. Emlen
a fait une carrière brillante, avec les Scarabéides
coprophages et leurs cornes variables ; l’origine
de ces protubérances, comme celle des castes
des insectes eusociaux, est multiple et due à un
cocktail d’hormones associées à la qualité de la
nourriture et à la génétique.
Voilà un gros volume, agréablement écrit et
superbement illustré, digne de gurer, la couleur
en plus, à côté des livres récents sur l’évolution,
dont ceux de Mary Jane West-Eberhard ()
et d’Eva Jablonka (). Le texte n’est pas
étriqué, comme certains écrits récents, et
surtout dépourvu de fautes apparentes: un livre
quasiment parfait, richement et habilement
illustré et qui est loué de tous ceux qui l’ont lu et
parcouru, tels Marlene Zuk et Richard Lenski. ;
un livre pour les étudiants en biologie et pour
les professeurs, pour leur rafraîchir la mémoire
et les renseigner des idées et découvertes
nouvelles. Zimmer, « lecturer » à l’Université
de Yale, et Emlen, professeur à l’Université du
Montana, ont certainement excellé. Douglas
nous prépare d’ailleurs une autre surprise, un
autre livre de biologie sur plusieurs de ses sujets
préférés. Remarquons là, la supériorité d’un
livre, totalement en couleurs, écrit à deux, et
qui, toujours chez les Américains, est ensuite
soumis à des censeurs pour éviter les erreurs
toujours possibles. La couverture du livre
représente Phyllium ericariai, des Philippines,
toujours homochrome avec son substrat végétal,
mais qui, à partir de la même mère, développe
des formes vertes, jaunâtres ou brunes, toutes
gurées ici, qui probablement se déplacent sur
un fond similaire.
L’ouvrage débute avec un tableau de
l’évolution de la Terre, depuis l’origine et
l’apparition du système solaire, il y a , milliards
d’années, jusqu’à l’arrivée de l’Homme. Le livre