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LA SOCIÉTÉ PROVANCHER D’HISTOIRE NATURELLE DU CANADA
GÉOGRAPHIE
Changements de l’occupation du sol
dans la plaine inondable du lac Saint-Pierre
entre les années 1950 et 1997
Diane Dauphin et Benoît Jobin
Résumé
Le lac Saint-Pierre est le site d’une biodiversité exceptionnelle. Toutefois, les activités anthropiques ont mené à la perte et à
la dégradation des milieux naturels au cours des dernières décennies si bien que de nombreuses espèces fauniques, dont la
perchaude (Perca avescens), montrent des déclins marqués de leur population. La perte d’habitats de reproduction serait l’un
des facteurs déterminants pour expliquer cette situation. An de documenter les changements d’occupation du sol survenus
au niveau de la plaine inondable du lac Saint-Pierre, des photos aériennes prises à 3 périodes (1950, 1964 et 1997) ont été
interprétées et comparées. Il en ressort qu’environ 3200ha d’habitats fauniques (milieux naturels + cultures pérennes) ont
été modiés dans la zone de récurrence d’inondation de 0-2 ans. Le changement le plus important concerne la conversion de
quelque 2 500 ha de cultures pérennes (fourrages, pâturages) en cultures annuelles (maïs, soya) peu propices à la faune. Des
habitats naturels ont également été modiés, en particulier 350 ha de prairies humides. Outre la perchaude, d’autres groupes
fauniques sont aectés par ces changements d’occupation du sol, notamment les passereaux et les canards barboteurs qui
nichent dans les cultures pérennes et les prairies. La restauration d’habitats et le changement des pratiques agricoles font
partie des actions qui peuvent être mises de l’avant pour favoriser le rétablissement des espèces en diculté au lac Saint-Pierre.
M : agriculture, dynamique des habitats, Perca avescens, plaine inondable, Québec
Abstract
e Lac Saint-Pierre (Québec, Canada) is a wetland of exceptional biodiversity. However, in recent decades, anthropogenic
activity has led to the loss or modication of many associated natural habitats, causing sharp declines in populations of wildlife
species, including the yellow perch (Perca avescens), which has most probably suered from a reduction in breeding habitat.
To investigate recent vegetation and land use change in the Lac Saint-Pierre oodplain, aerial photographs from 1950, 1964
and 1997 were interpreted, analysed and compared. Approximately 3,200 ha of wildlife habitat (i.e., natural habitats and
perennial crops) have been modied in the portion of the oodplain exhibiting a ood recurrence interval of 0-2 years. e
most notable change has been the conversion of approximately 2,500 ha of perennial crops (i.e., pasture and hayelds) to
annual crops (e.g., corn and soybean), which are poorly suited to use by wildlife. Natural habitats have also been modied, with
the most important being the loss of 350 ha of wet meadow. In addition to yellow perch, other wildlife has also suered from
the observed land use changes, including species of waterfowl and passerines that typically nest in perennial crops and wet
meadows. Restoration of essential habitats and changes in farming practices are needed to support the recovery of declining
species in the Lac Saint-Pierre and its oodplain.
K: agriculture, oodplain, habitat dynamics, Perca avescens, Québec
Diane Dauphin et Benoît Jobin sont biologistes au sein de
l’unité d’évaluation des paysages et planification du Service
canadien de la faune d’Environnement Canada à Québec.
diane.dauphin@canada.ca
de milliers de canards et d’oies durant la migration printanière,
ce qui en fait la plus importante halte migratoire de tout l’est
du Canada (Lehoux et collab., 1995; Gignac et Gariépy, 2000;
MDDEFP, 2013). De plus, cette région affiche les plus grandes
diversité et abondance de poissons de tout le système fluvial
(Mingelbier et collab., 2008).
La dynamique des habitats et la perte des milieux
naturels, dans le sud du Québec, depuis les années 1950, sont
des sujets bien documentés (Latendresse et collab., 2008a,
2008b; Rioux et collab., 2009). Ainsi, on note que les paysages
Introduction
Le secteur du lac Saint-Pierre constitue l’une des
composantes majeures de l’écosystème du Saint-Laurent,
sa plaine inondable d’eau douce étant d’ailleurs la plus
importante de tout le Québec. Le lac Saint-Pierre abrite des
zones humides d’importance internationale qui ont mené à sa
désignation comme site RAMSAR (The Ramsar Convention
Secretariat, 2014) et comme réserve mondiale de la biosphère
(Coopérative de solidarité de la réserve de la biosphère du
Lac-Saint-Pierre, 2012), des statuts qui contribuent à la
conservation de la biodiversité du site. Les milieux humides,
vastes et variés (marais, marécages, prairies humides), sont
utilisés par plusieurs espèces fauniques à différents stades
de leur cycle vital (MDDEFP, 2013). Par exemple, la plaine
inondable du lac Saint-Pierre est fréquentée par des centaines
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LE NATURALISTE CANADIEN, 140 NO 1 HIVER 2016
GÉOGRAPHIE
agricoles ont été grandement modifiés : redressement des cours
d’eau, drainage des milieux humides, réduction des superficies
boisées et conversion des pâturages et des cultures pérennes
(fourrages) en cultures annuelles à grandes interlignes. Cette
expansion des cultures annuelles, peu propices à la faune,
aurait contribué de façon significative aux déclins observés
chez plusieurs espèces associées aux cultures pérennes. De
fait, plusieurs oiseaux champêtres, comme le goglu des prés
(Dolichonyx oryzivorous), la sturnelle des prés (Sturnella
magna) et l’hirondelle rustique (Hirundo rustica) sont devenus
rares dans le paysage agricole québécois (ICOAN, 2012) et un
déclin marqué de la population de perchaudes (Perca flavescens)
a été observé au lac Saint-Pierre (Magnan et collab., 2008). Au
total, plus de 67 espèces menacées, vulnérables ou susceptibles
d’être désignées menacées ou vulnérables ont été observées au
lac Saint-Pierre au cours des ans (MDDEFP, 2013).
Des données détaillées sur l’occupation du sol de la
plaine inondable du lac Saint-Pierre ont été colligées par Richard
et collab. (2011) pour les années 1950, 1964 et 1997. Une analyse
préliminaire de celles-ci indique qu’une grande proportion de
milieux naturels propices à la reproduction de la perchaude a
été perdue au cours des dernières décennies, principalement
causée par la conversion des cultures pérennes vers des cultures
annuelles à grandes interlignes (de la Chenelière et collab.,
2014). Ces pertes d’habitats de reproduction, associées à
l’intensification des pratiques agricoles, auraient ainsi contribué
au déclin observé chez la population de perchaudes.
La présente étude a pour but d’analyser les données
sur l’occupation du sol de la plaine inondable du lac Saint-
Pierre colligées par Richard et collab. (2011) pour les années
1950, 1964 et 1997. Elle permet, non seulement de montrer les
changements d’habitats survenus durant cette période, mais
aussi d’orienter les actions de conservation et de restauration
qui permettront la réhabilitation d’habitats fauniques et le
rétablissement d’espèces sensibles, telles que la perchaude et
les oiseaux champêtres. Les recommandations soulevées dans
le présent document ne tiennent compte que des retombées
écologiques de telles actions. Évidemment, dans le cadre de
leur mise en œuvre, les aspects socio-économiques devront
également être considérés. Même si les plus récentes données
d’occupation du sol disponibles datent de 1997, les analyses
n’en demeurent pas moins pertinentes puisqu’elles permettent
d’illustrer et de quantifier les changements survenus au cours
des décennies où l’agriculture a connu des bouleversements
majeurs. Une cartographie plus récente de l’occupation du sol
des basses-terres du Saint-Laurent est actuellement en cours et
les données qui seront disponibles permettront d’actualiser la
carte de l’occupation du sol du lac Saint-Pierre et d’analyser les
changements survenus au niveau du paysage après1997.
Méthode
Les données issues des travaux de Richard et collab.
(2011) couvrant les années 1950, 1964 et 1997 ont été utilisées
dans le cadre de la présente étude afin de dresser un portrait
de l’utilisation du sol au cours des dernières décennies dans
la plaine inondable du lac Saint-Pierre. Ces auteurs ont
interprété, numérisé et géoréférencé des photos aériennes à
haute résolution (échelle 1 :15 000 à 1 :20 000) et des couches
d’informations géographiques de format shape file (ESRI)
ont été créées. Ils ont ensuite calculé la superficie occupée
par chacune des classes détaillées d’occupation du sol dans la
zone comprise entre la limite supérieure du lac (variable d’une
année à l’autre, selon le niveau d’eau) et la limite d’une crue
de récurrence de 100 ans (Morin et Bouchard, 2000; Richard
et collab., 2011; figure 1). Dans le présent document, afin de
rendre plus justes les comparaisons interannuelles réalisées par
Richard et collab. (2011), un emporte-pièce délimitant le niveau
d’eau du lac durant l’année 1997 (le plus haut des 3 années) a
été superposé aux cartes d’occupation du sol de 1950, 1964 et
1997, uniformisant ainsi les surfaces comparées (figure 1).
Dans le cadre des présents travaux, l’aire d’étude
a été ajustée pour inclure seulement la portion de la plaine
inondable qui revêt le plus de signification au niveau écolo-
gique, notamment pour les poissons, soit la zone de récurrence
d’inondation de 0-2 ans (de la Chenelière et collab., 2014;
Centre d’expertise hydrique du Québec, données non publiées;
figure 1). De même, un emporte-pièce délimitant le niveau
d’eau du lac durant l’année 1997 a été superposé à chacune
des cartes d’occupation du sol pour uniformiser l’aire d’étude
entre les 3 années.
Dix classes générales d’occupation du sol ont été
retenues pour les analyses (tableau 1). Les superficies absolues
(ha) sont présentées de même que les superficies relatives (%)
correspondant au rapport entre la superficie absolue d’une classe
donnée et la superficie totale de toutes les classes pour une année
donnée. Des classes d’habitats ont été regroupées pour certaines
analyses : milieux agricoles (cultures annuelles + cultures
pérennes + friches + vergers et vignobles); milieux humides
(marais + marécages + prairies humides + eau libre); milieux
naturels (milieux humides + friches + milieux forestiers);
habitats fauniques (cultures pérennes + milieux naturels).
Des matrices de changement de l’occupation du sol ont
été réalisées pour comparer la superficie de chacun des habitats
entre les années 1950 et 1997 et pour identifier les habitats
à l’origine des changements survenus. Ainsi, pour une classe
d’occupation du sol donnée, retrouvée dans l’aire d’étude en
1997 (une ligne de la matrice), chaque valeur indique la nature
et la superficie de l’habitat présent à l’origine, en 1950, avant le
changement. En outre, la diagonale de la matrice, montre les
superficies dont l’occupation du sol est demeurée inchangée
entre les deux années.
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LA SOCIÉTÉ PROVANCHER D’HISTOIRE NATURELLE DU CANADA
GÉOGRAPHIE
Figure 1. Carte de localisation de l’aire d’étude (zone de récurrence de 0-2 ans) et de la zone de récurrence de 0-100 ans de la plaine
inondable du lac Saint-Pierre.
Tableau 1 : Classes générales d’occupation du sol dans la plaine inondable du lac Saint-Pierre.
Classe générale Description
Culture annuelle Petite céréale; maïs; soya; tabac; fruit; légume
Culture pérenne Fourrage; foin; pâturage; verger; vignoble
Eau libre Rivière et autres plans d’eau (sauf étang)
Eau libre (lac Saint-Pierre) Portion du lac Saint-Pierre située à l’extérieur de l’emporte-pièce délimitant le niveau du lac en 1997
Friche Jeune friche (végétation herbacée et arbustive < 1 m); vieille friche (végétation herbacée et arbustive de 1 à
3 m, parfois arborée > 3 m)
Marais Marais émergé (végétation émergée de type typha, rubanier, sagittaire); marais submergé (végétation
submergée de type élodée, potamot, myriophylle); eau peu profonde (étang)
Marécage Marécage arborescent (forêt mature); marécage arbustif (végétation arbustive telle que saule et aulne)
Milieu anthropique Zone urbaine (ville, village, industrie); ferme (bâtiment agricole, résidence); emprise (route, voie ferrée,
ligne électrique); sol dénudé (plage, route de gravier)
Milieu forestier Feuillus; résineux; mixte; perturbation forestière (coupe); plantation
Prairie humide Végétation herbacée située près d’une étendue ou d’un cours d’eau et inondée de façon intermittente
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Figure 2. Occupation du sol dans la zone de récurrence de 0-100 ans
de la plaine inondable du lac Saint-Pierre en 1950, 1964 et
1997 (ajustée au niveau d’eau de 1997).
Résultats
Occupation du sol dans la zone de
récurrence de 0-100 ans de la plaine
inondable du lac Saint-Pierre durant les
années 1950, 1964 et 1997
Les travaux de Richard et collab. (2011) ont permis
d’évaluer que le lac Saint-Pierre et la zone de récurrence
de 0-100 ans de sa plaine inondable occupaient 89 523 ha
comprenant, selon le niveau d’eau du lac aux 3 années
étudiées, entre 49 000 et 59 000 ha de plaine inondable.
Lorsque le niveau d’eau du lac est uniformisé à celui de
1997 pour les 3 années, la superficie de plaine inondable
considérée s’élève à 49 271 ha (tableau 2; figure 2). Dans cette
zone, peu importe l’année, les milieux agricoles venaient au
premier rang des habitats les plus abondants (≈ 50-60 %
de couverture). Toutefois, leur composition a varié dans le
temps. En effet, alors qu’en 1950 et 1964 les cultures pérennes
dominaient (≈ 45 % de couverture, ≈ 21 000-22 000 ha) et que
les cultures annuelles n’occupaient que 10 à 15 % du territoire
(≈ 5 000 à 7 000 ha), la situation s’est complètement inversée
en 1997 puisque les cultures annuelles dominaient, occupant
32 % de la zone d’étude (16 000 ha), comparativement à 15 %
(7 000 ha), pour les cultures pérennes. Quant aux friches,
leur superficie est restée stable au cours des 3 années étudiées
(3-4 % de couverture, ± 2 000 ha).
Les milieux humides viennent au deuxième rang
des habitats les plus abondants (≈ 30 % de couverture,
≈ 15 000-16 000 ha) et sont dominés par les marécages au
cours des 3 années. On a toutefois noté une baisse importante
de la superficie des prairies humides (42 % de perte; de
4 632 ha en 1964 à 2 688 ha en 1997) alors que la superficie
des milieux anthropiques a triplé entre 1950 et 1997 (1 395
à 4 592 ha). Quant aux milieux forestiers, leur superficie est
restée à peu près stable au cours des 3 années (occupation
entre 4 et 7 %, ≈ 2 000-3 000 ha).
Occupation du sol dans la zone
de récurrence de 0-2 ans de la plaine
inondable du lac Saint-Pierre
(ajustée au niveau d’eau de 1997)
entre les années 1950 et 1997
La superficie de la zone de récurrence de 0-2 ans
s’élève à 20 897 ha. Dans cette zone, plus sujette aux
inondations que celle de 0-100 ans, les milieux humides
ont dominé durant les 3 années (≈ 60-65 % de couverture,
≈ 13 000 ha; tableau 3; figure 3). Ces derniers étaient composés
surtout de marécages, dont la superficie a augmenté entre
1950 et 1997 (27 à 33 % de couverture, 5 500 à 7 000 ha), mais
aussi de marais (11 à 17 %, 2 300 à 3 600 ha) et de prairies
humides. Ces dernières ont subi un déclin significatif au cours
des décennies étudiées, passant d’environ 3 500 ha en 1950
et 1964 (16-17 % de couverture) à quelque 2 100 ha (10 %)
en 1997, soit une diminution de 42 % comparativement à la
superficie des prairies humides présentes en 1964.
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LA SOCIÉTÉ PROVANCHER D’HISTOIRE NATURELLE DU CANADA
GÉOGRAPHIE
Figure 3. Occupation du sol dans la zone de récurrence de 0-2 ans
de la plaine inondable du lac Saint-Pierre en 1950, 1964 et
1997 (ajustée au niveau d’eau de 1997).
Même si les milieux agricoles ne se sont classés qu’au
deuxième rang des habitats les plus importants durant les
3 années étudiées, ils occupaient, néanmoins, de grandes
superficies dans la zone de récurrence de 0-2 ans (≈ 30-35 %
de couverture, entre 6 000 et 7 500 ha). Dans cette dernière,
tout comme la zone de 0-100 ans, le paysage agricole s’est
transformé de façon significative au fil des ans. En effet, les
cultures pérennes qui occupaient ≈ 5 000-6 000 ha en 1950 et
1964 (25-28 % de couverture) ont vu leur superficie chuter
à ≈ 1 800 ha (9 % de couverture) en 1997, comparativement
aux cultures annuelles qui, au contraire, sont passées de
900-1 400 ha en 1950 et 1964 (entre 4 et 7 % de couverture)
à plus de 3 700 ha (18 %) en 1997. Les cultures pérennes
occupaient 78 % des terres cultivées en 1964 et seulement
29 % en 1997, comparativement à 12 et 59 % pour les
cultures annuelles (tableau 3; figure 3). Quant aux friches,
les superficies qu’elles occupaient ont légèrement augmenté
au cours des 3 années, passant de 555 ha en 1950 à 800 ha
en 1997. La superficie des milieux forestiers a elle aussi
augmenté un peu, passant de 530 à 660 ha entre 1964 et
1997. Quant aux milieux anthropiques, leur superficie a
augmenté de 7 fois, passant de 34 ha (0,2 %) en 1950 à 241 ha
(1,2 %) en 1997.
Matrice de changement de l’occupation
du sol de 1950 à 1997 dans la zone
de récurrence de 0-2 ans de la plaine
inondable du lac Saint-Pierre (ajustée
au niveau d’eau de 1997)
La matrice de changement fournit des informa-
tions plus précises sur l’évolution du paysage puisqu’elle
permet d’identifier la nature des habitats à l’origine des
changements observés (tableau 4). Le plus important
changement observé concerne l’utilisation des terres
agricoles alors que près de la moitié des cultures pérennes
présentes en 1950 (2 557 ha / 5 332 ha) ont été converties en
cultures annuelles en 1997. Parmi les superficies occupées
par des cultures pérennes en 1950, seules 24 % (1 296 ha)
ont conservé leur vocation en 1997 et aussi peu que 9 %
(455 ha) ont évolué en friche.
D’autres habitats fauniques présents en 1950 ont été
remplacés par des cultures annuelles en 1997, notamment
344 ha de milieux humides (dont 303 ha de prairies
humides) et 102 ha de friches. Les milieux anthropiques
ont également pris de l’expansion entre ces 2 années (34 ha
en 1950 vs 241 ha en 1997) et ont remplacé 114 ha de
milieux humides (dont 44 ha de prairies humides, 41 ha de
marécages et 10 ha de marais), 63 ha de cultures pérennes,
18 ha de milieux forestiers et 22 ha de friches. La nature
des milieux humides a également varié dans le temps, par
exemple des zones couvertes par des marécages en 1950 ont
été remplacées par des marais en 1997, et vice versa.
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GÉOGRAPHIE
Matrice de changement des cultures
pérennes et des milieux naturels
en cultures annuelles ou en milieux
anthropiques entre 1950 et 1997 dans
la zone de récurrence de 0-2 ans de la
plaine inondable du lac Saint-Pierre
(ajustée au niveau d’eau de 1997)
La matrice de changement des cultures pérennes et
des milieux naturels indique que, dans la zone de récurrence
de 0-2 ans de la plaine inondable du lac Saint-Pierre, 3 242 ha
d’habitats fauniques ont été modifiés entre 1950 et 1997
au profit des cultures annuelles (3 025 ha) et des milieux
anthropiques (217 ha) (tableau 5; figure 4). Les habitats ainsi
perdus étaient composés en particulier de cultures pérennes
(2 620 ha), mais aussi de milieux naturels (milieux humides,
friches, forêts : 622 ha). Fait à noter, parmi les milieux naturels,
ce sont les prairies humides qui ont été les plus touchées par les
changements de vocation (346 ha / 622 ha, 56 %).
Tableau 2. Superficies en valeurs relatives (%) et absolues (ha) occupées par chacune des classes générales d’occupation du sol, selon
l’année, dans la zone de récurrence de 0-100 ans de la plaine inondable du lac Saint-Pierre (ajustées au niveau d’eau de 1997).
Classe d’occupation du sol 1950 1964 1997
Supercie (%) (ha) Supercie (%) (ha) Supercie (%) (ha)
Culture annuelle 14,4 (7 072) 9,6 (4 748) 32,4 (15 969)
Culture pérenne 43,6 (21 458) 45,5 (22 413) 14,6 (7 194)
Eau libre (lac Saint-Pierre) 1,5 (717) 0,1 (58) 0 (0)
Eau libre (rivière) 1,7 (860) 1,5 (756) 2,3 (1 111)
Friche 3,4 (1 696) 4,3 (2 123) 4,0 (1 967)
Marais 7,6 (3 740) 6,3 (3 091) 9,7 (4 755)
Marécage 12,2 (6 022) 13,4 (6 599) 15,6 (7 710)
Milieu anthropique 2,8 (1 395) 4,6 (2 282) 9,3 (4 592)
Milieu forestier 4,4 (2 168) 5,2 (2 569) 6,7 (3 286)
Prairie humide 8,4 (4 143) 9,4 (4 632) 5,5 (2 688)
MILIEU AGRICOLE* 61,4 (30 226) 59,4 (29 284) 51,0 (25 133)
MILIEU HUMIDE** 29,9 (14 765) 30,6 (15 078) 33,1 (16 264)
TOTAL 100 (49 271) 100 (49 271) 100 (49 271)
* = culture annuelle + culture pérenne + friche
** = marais + marécage + prairie humide + eau libre
Tableau 3. Superficies en valeurs relatives (%) et absolues (ha) occupées par chacune des classes générales d’occupation du sol, selon
l’année, dans la zone de récurrence de 0-2 ans de la plaine inondable du lac Saint-Pierre (ajustées au niveau d’eau de 1997).
Classe d’occupation du sol 1950 1964 1997
Supercie (%) (ha) Supercie (%) (ha) Supercie (%) (ha)
Culture annuelle 6,5 (1 360) 4,4 (921) 17,9 (3 736)
Culture pérenne 25,5 (5 331) 27,7 (5 779) 8,7 (1 826)
Eau libre (lac Saint-Pierre) 1,3 (265) 0,1 (16) 0 (0)
Eau libre (rivière) 3,4 (714) 3,1 (656) 4,4 (909)
Friche 2,7 (555) 3,4 (702) 3,8 (795)
Marais 15,0 (3 128) 11,1 (2 319) 17,3 (3 617)
Marécage 26,7 (5 571) 29,5 (6 162) 33,4 (6 988)
Milieu anthropique 0,2 (34) 0,5 (97) 1,2 (241)
Milieu forestier 2,5 (532) 2,9 (612) 3,2 (662)
Prairie humide 16,3 (3 406) 17,4 (3 633) 10,2 (2 121)
MILIEU AGRICOLE* 34,7 (7 246) 35,4 (7 402) 30,4 (6 358)
MILIEU HUMIDE** 61,3 (12 820) 61,1 (12 771) 65,3 (13 635)
TOTAL 100 (20 897) 100 (20 897) 100 (20 897)
* = culture annuelle + culture pérenne + friche
** = marais + marécage + prairie humide + eau libre
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GÉOGRAPHIE
Tableau 4. Matrice de changement de l’occupation du sol (superficies en ha) de 1950 à 1997 dans la zone de récurrence de 0-2 ans
(ajustée au niveau d’eau de 1997).
1950
1997
Culture
annuelle
Culture
pérenne
Eau libre
(lac Saint-
Pierre)
Eau libre
(rivière)
Marais Marécage Prairie
humide
Friche Milieu
forestier
Milieu
anthro-
pique
TO TAL
1997
Culture annuelle 705,5 2 557,3 0,5 1,1 5,7 33,3 303,0 101,7 22,3 6,1 3 736,4
Culture pérenne 305,0 1 295,7 0,1 2,9 11,2 36,6 70,3 78,9 22,8 2,6 1 826,2
Eau libre
(lac Saint-Pierre)
00,4 0,3 0,6
Eau libre (rivière) 5,7 56,6 0,9 604,4 114,0 30,9 39,3 36,8 15,3 5,6 909,4
Marais 19,3 63,1 180,6 11,2 2 279,5 537,2 493,6 25,9 6,1 0,5 3 617,0
Marécage 115,9 313,2 58,1 27,2 489,8 4 396,0 1 178,3 122,7 281,3 5,0 6 987,6
Prairie humide 62,1 355,1 6,1 14,0 188,2 288,5 1 118,1 68,1 18,9 2,6 2 121,5
Friche 75,9 454,7 4,2 3,7 10,3 44,0 121,2 54,6 25,6 1,3 795,4
Milieu forestier 54,1 173,0 2,9 41,8 19,6 163,4 39,0 44,3 121,6 2,7 662,3
Milieu anthropique 16,6 62,8 11,7 8,1 9,9 40,6 43,5 22,0 18,2 7,4 240,7
TOTAL 1950 1 359,9 5 331,5 265,1 714,3 3 128,4 5 570,8 3 406,2 555,0 532,1 33,8 20 897,1
Tableau 5. Matrice de changement des cultures pérennes et des milieux naturels en cultures annuelles ou en milieux anthropiques
(superficie en ha) entre 1950 et 1997 dans la zone de récurrence de 0-2 ans, selon les MRC (ajustée au niveau d’eau de 1997).
MRC 1950
Habitats
fauniques
1997
Habitats
anthropiques
Culture
pérenne
Milieux naturels Cultures
pérennes
modiées
Milieux
naturels
modiés
Tota l
habitats
fauniques
modiés
1997
Eau libre
(lac Saint-
Pierre)
Eau libre
(rivière)
Marais Marécage Prairie
humide
Friche Milieu
forestier
Bécancour Culture annuelle 8,7 0,0 0,4 0,2 0,7 0,3 0,1 8,7 1,7 10,5
Milieu anthropique 1,7 0,1 0,2 0,2 0,2 0,3 0,6 1,7 1,7 3,5
TOTAL 10,5 0,1 0,0 0,6 0,5 1,0 0,6 0,7 10,5 3,5 13,9
D’Autray Culture annuelle 1 246,8 0,5 0,3 4,4 7,4 117,4 35,4 15,7 1 246,8 181,2 1 428,0
Milieu anthropique 18,9 0,9 0,4 0,8 2,5 14,9 1,7 5,5 18,9 26,6 45,6
TOTAL 1 265,7 1,3 0,7 5,3 9,9 132,4 37,1 21,2 1 265,7 207,9 1 473,6
Pierre-de
Saurel
Culture annuelle 170,5 0,1 0,3 11,8 58,8 37,3 1,3 170,5 109,7 280,2
Milieu anthropique 10,0 0,7 1,8 1,1 15,3 10,4 2,1 1,7 10,0 33,1 43,1
TOTAL 180,6 0,7 2,0 1,3 27,2 69,1 39,4 3,0 180,6 142,7 323,3
Maskinongé Culture annuelle 584,9 0,3 0,0 2,0 1,4 10,3 3,3 584,9 17,3 602,3
Milieu anthropique 22,6 1,8 3,6 1,4 14,3 11,2 8,4 6,9 22,6 47,5 70,1
TOTAL 607,5 1,8 3,9 1,4 16,3 12,6 18,7 10,2 607,5 64,9 672,4
Nicolet-
Yamaska
Culture annuelle 546,2 0,4 0,6 11,8 124,5 18,4 1,8 546,2 157,4 703,7
Milieu anthropique 9,3 0,0 2,2 2,6 8,2 5,7 0,9 1,9 9,3 21,4 30,7
TOTAL 555,5 0,0 2,6 3,1 20,0 130,2 19,3 3,7 555,5 178,8 734,3
Trois-
Rivières
Culture annuelle 0,0 0,0 0,2 0,0 0,2 0,2
Milieu anthropique 0,3 8,3 3,8 0,1 1,1 8,6 1,7 0,3 23,5 23,8
TOTAL 0,3 8,3 0,0 3,8 0,1 1,3 8,6 1,7 0,3 23,7 24,1
TOTAL 1950 Culture annuelle 2 557,3 0,5 1,1 5,7 33,3 303,0 101,7 22,3 2 557,3 467,6 3 024,9
Milieu anthropique 62,8 11,7 8,1 9,9 40,6 43,5 22,0 18,2 62,8 153,9 216,7
TOTAL 2 620 12 916 74 346 124 40 2 620 622 3 242
49
LE NATURALISTE CANADIEN, 140 NO 1 HIVER 2016
GÉOGRAPHIE
Dans la zone de récurrence de 0-2 ans, les cultures
annuelles ont donc remplacé 2 557 ha de cultures pérennes et
468 ha d’habitats naturels, en particulier des prairies humides
(65 %; 303 ha), présents en 1950. De même, les milieux
anthropiques ont remplacé 154 ha de milieux naturels et 63 ha
de cultures pérennes. Sur les 6 MRC représentées dans la zone
d’étude, ce sont celles de D’Autray, de Nicolet-Yamaska et de
Maskinongé qui ont affiché les plus grandes pertes d’habitats
fauniques (entre 670 et 1 500 ha; tableau 5; figure 4).
Discussion
Changements de l’occupation du sol
au lac Saint-Pierre
Les analyses réalisées indiquent que, durant la période
étudiée, le principal changement d’occupation du sol dans la
plaine inondable du lac Saint-Pierre s’est produit au niveau
des terres agricoles. Alors que les champs cultivés étaient en
majorité composés de cultures pérennes en 1950, ils étaient
dominés par des cultures annuelles en 1997. Ce constat est le
même autant pour les zones de récurrence de 0-100 ans que de
0-2 ans. Les matrices de changement ont permis de confirmer
que, dans la zone de récurrence de 0-2 ans, la majorité des
terres occupées aujourd’hui par les cultures annuelles étaient
à l’origine couvertes de cultures pérennes (≈ 2 500 ha sur les
3 700 ha de cultures annuelles présentes en 1997). Au total,
c’est plus de 3 200 ha d’habitats fauniques (2 600 ha de cultures
pérennes et 600 ha de milieux naturels) qui ont été modifiés
au profit des cultures annuelles et des milieux anthropiques.
Ce changement d’utili-
sa tion du sol dans la plaine
d’inondation du lac Saint-Pierre
est le reflet de la situation observée
à plus grande échelle au niveau
des terres fertiles et argileuses
(à fort potentiel agricole) de la
plaine du Saint-Laurent. En fait,
au cours des dernières décennies,
les agri culteurs ont amené de
tels changements dans leurs pra-
ti ques qu’une métamorphose
s’est opérée tant au niveau
paysager que socio-économique.
La réduction du nombre de
fermes et l’augmentation de leur
super ficie, la priorisation des
monocultures à grande échelle
(utilisation maximale des terres)
et le confinement du bétail dans
des bâtiments font partie des
principales pratiques qui ont
contribué à modifier le paysage
agricole (Pesant et Desmarais,
2003; Ruiz et Domon, 2005;
Tessier et collab., 2009). On a
ainsi assisté à la disparition des
fermes traditionnelles aux paysages diversifiés composés de
boisés, de pâturages, de prairies et de cultures fourragères, et à
leur remplacement par des cultures annuelles de céréales (maïs,
blé) et d’oléagineux (soya). Cette transition vers une agriculture
plus intensive et homogène explique, entre autres, la raréfaction
des pâturages (leur superficie aurait diminué de l’ordre de 80 %;
Ruiz et Domon, 2005), une des composantes essentielles des
paysages agricoles traditionnels du Québec (Jobin et collab.,
2007; Tessier et collab., 2009).
D’autres études font état de la conversion des cultures
pérennes en cultures annuelles dans le sud du Québec (Ruiz
et Domon, 2005; Domon et Bouchard, 2007; Jobin et collab.,
2007; Latendresse et collab., 2008a,b; Rioux et collab., 2009).
En outre, les données de Statistique Canada (2015) indiquent
que cette tendance s’est poursuivie, dans l’ensemble du Québec
après 1997, au-delà de la période couverte dans le cadre de la
présente étude (diminution des cultures pérennes d’environ
5-10 % et augmentation des cultures annuelles de 25-30 %).
Impacts sur les écosystèmes
et les communautés fauniques
du lac Saint-Pierre
Dans la plaine inondable du lac Saint-Pierre, où
l’agriculture occupe une place prépondérante, l’équilibre
écosystémique de ce milieu très diversifié et très productif
est sérieusement affecté par les nouvelles pratiques agricoles
(Tessier et collab., 2009; Théberge et collab., 2011; MERN,
2013). Outre la perte de grandes superficies de cultures
Figure 4. Cultures pérennes et milieux naturels modifiés en cultures annuelles ou en milieux
anthropiques entre les années 1950 et 1997 dans la zone de récurrence de 0-2 ans de
la plaine inondable du lac Saint-Pierre (ajustée au niveau d’eau de 1997).
50
LA SOCIÉTÉ PROVANCHER D’HISTOIRE NATURELLE DU CANADA
pérennes, les impacts sur les écosystèmes sont nombreux,
notamment : drainage et assèchement de milieux humides,
perte de milieux forestiers et autres habitats fauniques,
canalisation de cours d’eau, destruction de bandes de
végétation riveraine, entrave à la libre circulation du poisson,
altération de la qualité de l’eau, perte de connectivité entre
les habitats, perte de biodiversité et d’intégrité écologique
(Gélinas et collab., 1996; Painchaud, 1999; Vachon, 2003; Ruiz
et Domon, 2005; Lussier, 2010; Théberge et collab., 2011; Jobin
et collab., 2013; MERN, 2013; Martineau et collab., 2014).
Les prairies humides, les friches et les cultures
pérennes sont des habitats recherchés par la perchaude pour
se reproduire, au printemps, puisque les tiges végétales et les
tapis de végétation morte offrent un support pour les œufs
lors de la période de frai. Il n’est donc pas surprenant que la
perte d’habitats de reproduction associée à la conversion des
cultures pérennes en cultures annuelles soit considérée comme
l’un des principaux facteurs responsables de l’effondrement
des stocks de perchaude du lac Saint-Pierre (de la Chenelière
et collab., 2014). D’ailleurs, les sols dénudés et peu végétalisés
des cultures annuelles seraient systématiquement évités par
les géniteurs (Benoît et collab., 1987; Mingelbier et collab.,
2005). Parmi les autres facteurs responsables du déclin de
la perchaude, on note les pêches sportives et commerciales,
la pollution de l’eau, les espèces exotiques envahissantes, la
prédation par le cormoran à aigrettes (Phalacrocorax auritus),
les changements climatiques et la régularisation du niveau
d’eau (de la Chenelière et collab., 2014). L’état précaire de
la population de perchaudes, un maillon important des
communautés aquatiques du lac Saint-Pierre, doit être
interprété comme un indicateur de la détérioration de cet
écosystème exceptionnel. D’ailleurs, d’autres espèces de
poissons aux préférences similaires en termes d’habitats
([grand brochet (Esox lucius), crapet de roche (Ambloplites
rupestris), crapet-soleil (Lepomis gibbosus) et méné à tache
noire (Notropis hudsonius]) présentent également des signes
de déclin au lac Saint-Pierre (Brodeur, 2013).
Parallèlement, il est maintenant admis que l’intensifi-
cation de l’agriculture a contribué à la perte de biodiversité
dans les paysages agricoles, notamment chez les oiseaux
champêtres (Jobin et collab., 1994, 1996; Robert et Laporte,
1995; Lamoureux et Dion, 2014). Au Canada, l’analyse des
données provenant du Relevé des oiseaux nicheurs (RON) de
l’Amérique du Nord, révèle d’ailleurs un déclin significatif et à
long terme de plusieurs espèces d’oiseaux champêtres (Downes
et collab., 2011). Les populations de plusieurs espèces auraient
ainsi diminué de moitié au cours des 4 dernières décennies et
les déclins se seraient accentués au cours des dernières années
(Lamoureux et Dion, 2014). Ces déclins seraient causés par la
perte de grandes superficies de cultures pérennes et de prairies
humides et par les coupes fourragères hâtives qui détruisent
les nids lors du passage de la machinerie. Bon nombre de ces
espèces sont considérées à statut précaire ([goglu des prés,
sturnelle des prés, hibou des marais (
Asio flammeus
), bruant
de Nelson (
Ammodramus nelsoni
), et troglodyte à bec court
(
Cistothorus platensis
]) ou ont été identifiées comme espèces
prioritaires requérant des actions de conservation dans le
Québec méridional (EC, 2013). La dominance des cultures
annuelles dans la plaine inondable du lac Saint-Pierre serait
donc peu propice à ces espèces.
De plus, les travaux réalisés par Bélanger (1989)
dans les milieux insulaires du tronçon fluvial du Saint-
Laurent ont démontré que les prairies (en particulier les
prairies hautes) sont les principaux habitats recherchés par
les canards barboteurs en période de reproduction, alors
que les terres cultivées figurent parmi les habitats les moins
convoités (Lehoux et collab., 2003; Lehoux et Dauphin, 2004).
Or, la présente étude révèle que les prairies humides (hautes
et basses confondues) constituent les habitats naturels qui
ont connu les plus grandes pertes au cours des dernières
décennies dans la plaine d’inondation du lac Saint-Pierre,
principalement au profit de cultures annuelles et, dans une
moindre mesure, de milieux anthropiques (≈ 350 ha perdus
au total). Ces pertes d’habitats auraient donc possiblement
réduit de façon significative le potentiel de recrutement des
populations de sauvagine. En outre, la conversion des cultures
pérennes en cultures annuelles pourrait être impliquée dans le
déclin de la population du canard noir (Anas rubripes) et son
remplacement par le canard colvert (Anas platyrhynchos) dans
le sud-ouest du Québec (Maisonneuve et collab., 2006; Lepage
et Bordage, 2013). Le changement des pratiques agricoles
pourrait également expliquer le déclin de la population de
sarcelles à ailes bleues (Anas discors) dans l’écozone des plaines
à forêts mixtes (Fast et collab., 2011).
Conclusion
La zone littorale du lac Saint-Pierre était à l’origine
couverte par une multitude d’habitats servant de site d’alimenta-
tion, de reproduction et d’alevinage à des centaines d’espèces
fauniques. Toutefois, la situation actuelle de l’occupation du
sol montre des signes inquiétants alors que plusieurs espèces
connaissent des déclins marqués de leurs populations (p. ex.
perchaude, oiseaux champêtres). Comme le mentionne de la
Chenelière et collab. (2014), le rétablissement des populations
fauniques, particulièrement celle de la perchaude, nécessitera des
efforts considérables, en vue de conserver les habitats naturels, et
de restaurer des habitats propices à la faune. L’amélioration de la
qualité des habitats, particulièrement dans la zone de récurrence
de 0-2 ans, devrait donc viser un retour vers une couverture du sol
permanente plus propice aux espèces fauniques. La reconversion des
cultures annuelles vers des cultures pérennes et la mise en place de
bandes riveraines élargies permettraient, non seulement d’offrir des
habitats propices à la faune, mais également de freiner les apports
de sédiments et de produits de synthèse (pesticides, fertilisants) qui
réduisent la qualité de l’eau des cours d’eau et affectent l’intégrité
des écosystèmes du lac Saint-Pierre. Les résultats de notre étude
(figure 4), couplés à ceux de de la Chenelière et collab. (2014),
proposent des secteurs où des actions de restauration seraient
requises dans la zone de récurrence de 0-2 ans, là où les milieux
naturels et les cultures pérennes ont été modifiés.
GÉOGRAPHIE
51
LE NATURALISTE CANADIEN, 140 NO 1 HIVER 2016
Heureusement, plusieurs sites d’intérêt et des milieux
humides d’importance situés autour du lac Saint-Pierre
sont actuellement protégés ou conservés par des organismes
de conservation ou des instances gouvernementales (Jobin
et collab., 2013; MDDEFP, 2013; Nature Québec, 2015).
Parallèlement, des efforts importants sont consentis afin de
restaurer des cours d’eau et mettre en place des pratiques
agricoles bénéfiques à la faune dans des secteurs clés de la
plaine inondable du lac Saint-Pierre (p. ex. Saint-Barthélemy,
Baie-du-Febvre). C’est par des efforts soutenus et la poursuite
des initiatives existantes qu’un retour à grande échelle d’une
couverture végétale propice à la faune permettra de renverser
le déclin observé chez plusieurs espèces, dont la perchaude (de
la Chenelière et collab. 2014).
Enfin, nos résultats ont montré des changements
importants dans l’occupation du sol de la plaine inondable du
lac Saint-Pierre pour la période allant de 1950 à 1997. Toutefois,
les pertes d’habitats et la modification des paysages agricoles
se sont poursuivies dans les années subséquentes (Latendresse
et collab., 2008b; Papasodoro, 2010). Il sera bientôt possible
d’obtenir une image actuelle de la répartition des habitats
fauniques dans la région alors qu’une nouvelle cartographie
de l’occupation du sol des basses-terres du Saint-Laurent est
actuellement en production dans le cadre du Plan d’action Saint-
Laurent. Cette cartographie, utilisant des sources de données
géospatiales récentes et de haute résolution (p. ex. cartographie
détaillée des milieux humides, cartes écoforestières actualisées),
devrait être disponible en 2016. Elle permettra d’actualiser nos
connaissances sur la dynamique des habitats et de l’occupation
du sol dans le territoire à l’étude et de raffiner l’identification des
sites à restaurer. Les aspects socio-économiques des changements
préconisés devront également être considérés avant leur mise en
application.
Remerciements
Nous tenons à remercier sincèrement Dominique Côté,
Geneviève Richard, Martine Benoît et Benoît Landry pour leur
travail dévoué lors de l’interprétation des photos aériennes et
le montage de la base de données. Nous remercions également
Philippe Brodeur, Marc Mingelbier, Marianne Théberge et
Jean Morin pour les échanges et le partage d’informations sur
la situation des écosystèmes du lac Saint-Pierre. Enfin, nous
remercions Josée De Guise, Luc Bélanger et Daniel Robitaille
pour leur soutien tout au long du projet. Ce projet a été financé
par Environnement Canada et par le ministère des Ressources
naturelles et de la Faune du Québec.
◀
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