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Changements de l’occupation du sol dans la plaine inondable du lac Saint-Pierre entre les années 1950 et 1997

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Le lac Saint-Pierre est le site d’une biodiversite exceptionnelle. Toutefois, les activites anthropiques ont mene a la perte et a la degradation des milieux naturels au cours des dernieres decennies si bien que de nombreuses especes fauniques, dont la perchaude (Perca flavescens), montrent des declins marques de leur population. La perte d’habitats de reproduction serait l’un des facteurs determinants pour expliquer cette situation. Afin de documenter les changements d’occupation du sol survenus au niveau de la plaine inondable du lac Saint-Pierre, des photos aeriennes prises a 3 periodes (1950, 1964 et 1997) ont ete interpretees et comparees. Il en ressort qu’environ 3 200 ha d’habitats fauniques (milieux naturels + cultures perennes) ont ete modifies dans la zone de recurrence d’inondation de 0-2 ans. Le changement le plus important concerne la conversion de quelque 2 500 ha de cultures perennes (fourrages, pâturages) en cultures annuelles (mais, soya) peu propices a la faune. Des habitats naturels ont egalement ete modifies, en particulier 350 ha de prairies humides. Outre la perchaude, d’autres groupes fauniques sont affectes par ces changements d’occupation du sol, notamment les passereaux et les canards barboteurs qui nichent dans les cultures perennes et les prairies. La restauration d’habitats et le changement des pratiques agricoles font partie des actions qui peuvent etre mises de l’avant pour favoriser le retablissement des especes en difficulte au lac Saint-Pierre.
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LA SOCIÉTÉ PROVANCHER D’HISTOIRE NATURELLE DU CANADA
GÉOGRAPHIE
Changements de l’occupation du sol
dans la plaine inondable du lac Saint-Pierre
entre les années 1950 et 1997
Diane Dauphin et Benoît Jobin
Résumé
Le lac Saint-Pierre est le site d’une biodiversité exceptionnelle. Toutefois, les activités anthropiques ont mené à la perte et à
la dégradation des milieux naturels au cours des dernières décennies si bien que de nombreuses espèces fauniques, dont la
perchaude (Perca avescens), montrent des déclins marqués de leur population. La perte d’habitats de reproduction serait l’un
des facteurs déterminants pour expliquer cette situation. An de documenter les changements d’occupation du sol survenus
au niveau de la plaine inondable du lac Saint-Pierre, des photos aériennes prises à 3 périodes (1950, 1964 et 1997) ont été
interprétées et comparées. Il en ressort qu’environ 3200ha d’habitats fauniques (milieux naturels + cultures pérennes) ont
été modiés dans la zone de récurrence d’inondation de 0-2 ans. Le changement le plus important concerne la conversion de
quelque 2 500 ha de cultures pérennes (fourrages, pâturages) en cultures annuelles (maïs, soya) peu propices à la faune. Des
habitats naturels ont également été modiés, en particulier 350 ha de prairies humides. Outre la perchaude, d’autres groupes
fauniques sont aectés par ces changements d’occupation du sol, notamment les passereaux et les canards barboteurs qui
nichent dans les cultures pérennes et les prairies. La restauration d’habitats et le changement des pratiques agricoles font
partie des actions qui peuvent être mises de l’avant pour favoriser le rétablissement des espèces en diculté au lac Saint-Pierre.
M  : agriculture, dynamique des habitats, Perca avescens, plaine inondable, Québec
Abstract
e Lac Saint-Pierre (Québec, Canada) is a wetland of exceptional biodiversity. However, in recent decades, anthropogenic
activity has led to the loss or modication of many associated natural habitats, causing sharp declines in populations of wildlife
species, including the yellow perch (Perca avescens), which has most probably suered from a reduction in breeding habitat.
To investigate recent vegetation and land use change in the Lac Saint-Pierre oodplain, aerial photographs from 1950, 1964
and 1997 were interpreted, analysed and compared. Approximately 3,200 ha of wildlife habitat (i.e., natural habitats and
perennial crops) have been modied in the portion of the oodplain exhibiting a ood recurrence interval of 0-2 years. e
most notable change has been the conversion of approximately 2,500 ha of perennial crops (i.e., pasture and hayelds) to
annual crops (e.g., corn and soybean), which are poorly suited to use by wildlife. Natural habitats have also been modied, with
the most important being the loss of 350 ha of wet meadow. In addition to yellow perch, other wildlife has also suered from
the observed land use changes, including species of waterfowl and passerines that typically nest in perennial crops and wet
meadows. Restoration of essential habitats and changes in farming practices are needed to support the recovery of declining
species in the Lac Saint-Pierre and its oodplain.
K: agriculture, oodplain, habitat dynamics, Perca avescens, Québec
Diane Dauphin et Benoît Jobin sont biologistes au sein de
l’unité d’évaluation des paysages et planification du Service
canadien de la faune d’Environnement Canada à Québec.
diane.dauphin@canada.ca
de milliers de canards et d’oies durant la migration printanière,
ce qui en fait la plus importante halte migratoire de tout l’est
du Canada (Lehoux et collab., 1995; Gignac et Gariépy, 2000;
MDDEFP, 2013). De plus, cette région affiche les plus grandes
diversité et abondance de poissons de tout le système fluvial
(Mingelbier et collab., 2008).
La dynamique des habitats et la perte des milieux
naturels, dans le sud du Québec, depuis les années 1950, sont
des sujets bien documentés (Latendresse et collab., 2008a,
2008b; Rioux et collab., 2009). Ainsi, on note que les paysages
Introduction
Le secteur du lac Saint-Pierre constitue l’une des
composantes majeures de l’écosystème du Saint-Laurent,
sa plaine inondable d’eau douce étant d’ailleurs la plus
importante de tout le Québec. Le lac Saint-Pierre abrite des
zones humides d’importance internationale qui ont mené à sa
désignation comme site RAMSAR (The Ramsar Convention
Secretariat, 2014) et comme réserve mondiale de la biosphère
(Coopérative de solidarité de la réserve de la biosphère du
Lac-Saint-Pierre, 2012), des statuts qui contribuent à la
conservation de la biodiversité du site. Les milieux humides,
vastes et variés (marais, marécages, prairies humides), sont
utilisés par plusieurs espèces fauniques à différents stades
de leur cycle vital (MDDEFP, 2013). Par exemple, la plaine
inondable du lac Saint-Pierre est fréquentée par des centaines
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LE NATURALISTE CANADIEN, 140 NO 1 HIVER 2016
GÉOGRAPHIE
agricoles ont été grandement modifiés : redressement des cours
d’eau, drainage des milieux humides, réduction des superficies
boisées et conversion des pâturages et des cultures pérennes
(fourrages) en cultures annuelles à grandes interlignes. Cette
expansion des cultures annuelles, peu propices à la faune,
aurait contribué de façon significative aux déclins observés
chez plusieurs espèces associées aux cultures pérennes. De
fait, plusieurs oiseaux champêtres, comme le goglu des prés
(Dolichonyx oryzivorous), la sturnelle des prés (Sturnella
magna) et l’hirondelle rustique (Hirundo rustica) sont devenus
rares dans le paysage agricole québécois (ICOAN, 2012) et un
déclin marqué de la population de perchaudes (Perca flavescens)
a été observé au lac Saint-Pierre (Magnan et collab., 2008). Au
total, plus de 67 espèces menacées, vulnérables ou susceptibles
d’être désignées menacées ou vulnérables ont été observées au
lac Saint-Pierre au cours des ans (MDDEFP, 2013).
Des données détaillées sur l’occupation du sol de la
plaine inondable du lac Saint-Pierre ont été colligées par Richard
et collab. (2011) pour les années 1950, 1964 et 1997. Une analyse
préliminaire de celles-ci indique qu’une grande proportion de
milieux naturels propices à la reproduction de la perchaude a
été perdue au cours des dernières décennies, principalement
causée par la conversion des cultures pérennes vers des cultures
annuelles à grandes interlignes (de la Chenelière et collab.,
2014). Ces pertes d’habitats de reproduction, associées à
l’intensification des pratiques agricoles, auraient ainsi contribué
au déclin observé chez la population de perchaudes.
La présente étude a pour but d’analyser les données
sur l’occupation du sol de la plaine inondable du lac Saint-
Pierre colligées par Richard et collab. (2011) pour les années
1950, 1964 et 1997. Elle permet, non seulement de montrer les
changements d’habitats survenus durant cette période, mais
aussi d’orienter les actions de conservation et de restauration
qui permettront la réhabilitation d’habitats fauniques et le
rétablissement d’espèces sensibles, telles que la perchaude et
les oiseaux champêtres. Les recommandations soulevées dans
le présent document ne tiennent compte que des retombées
écologiques de telles actions. Évidemment, dans le cadre de
leur mise en œuvre, les aspects socio-économiques devront
également être considérés. Même si les plus récentes données
d’occupation du sol disponibles datent de 1997, les analyses
n’en demeurent pas moins pertinentes puisqu’elles permettent
d’illustrer et de quantifier les changements survenus au cours
des décennies où l’agriculture a connu des bouleversements
majeurs. Une cartographie plus récente de l’occupation du sol
des basses-terres du Saint-Laurent est actuellement en cours et
les données qui seront disponibles permettront d’actualiser la
carte de l’occupation du sol du lac Saint-Pierre et d’analyser les
changements survenus au niveau du paysage après1997.
Méthode
Les données issues des travaux de Richard et collab.
(2011) couvrant les années 1950, 1964 et 1997 ont été utilisées
dans le cadre de la présente étude afin de dresser un portrait
de l’utilisation du sol au cours des dernières décennies dans
la plaine inondable du lac Saint-Pierre. Ces auteurs ont
interprété, numérisé et géoréférencé des photos aériennes à
haute résolution (échelle 1 :15 000 à 1 :20 000) et des couches
d’informations géographiques de format shape file (ESRI)
ont été créées. Ils ont ensuite calculé la superficie occupée
par chacune des classes détaillées d’occupation du sol dans la
zone comprise entre la limite supérieure du lac (variable d’une
année à l’autre, selon le niveau d’eau) et la limite d’une crue
de récurrence de 100 ans (Morin et Bouchard, 2000; Richard
et collab., 2011; figure 1). Dans le présent document, afin de
rendre plus justes les comparaisons interannuelles réalisées par
Richard et collab. (2011), un emporte-pièce délimitant le niveau
d’eau du lac durant l’année 1997 (le plus haut des 3 années) a
été superposé aux cartes d’occupation du sol de 1950, 1964 et
1997, uniformisant ainsi les surfaces comparées (figure 1).
Dans le cadre des présents travaux, l’aire d’étude
a été ajustée pour inclure seulement la portion de la plaine
inondable qui revêt le plus de signification au niveau écolo-
gique, notamment pour les poissons, soit la zone de récurrence
d’inondation de 0-2 ans (de la Chenelière et collab., 2014;
Centre d’expertise hydrique du Québec, données non publiées;
figure 1). De même, un emporte-pièce délimitant le niveau
d’eau du lac durant l’année 1997 a été superposé à chacune
des cartes d’occupation du sol pour uniformiser l’aire d’étude
entre les 3 années.
Dix classes générales d’occupation du sol ont été
retenues pour les analyses (tableau 1). Les superficies absolues
(ha) sont présentées de même que les superficies relatives (%)
correspondant au rapport entre la superficie absolue d’une classe
donnée et la superficie totale de toutes les classes pour une année
donnée. Des classes d’habitats ont été regroupées pour certaines
analyses : milieux agricoles (cultures annuelles + cultures
pérennes + friches + vergers et vignobles); milieux humides
(marais + marécages + prairies humides + eau libre); milieux
naturels (milieux humides + friches + milieux forestiers);
habitats fauniques (cultures pérennes + milieux naturels).
Des matrices de changement de l’occupation du sol ont
été réalisées pour comparer la superficie de chacun des habitats
entre les années 1950 et 1997 et pour identifier les habitats
à l’origine des changements survenus. Ainsi, pour une classe
d’occupation du sol donnée, retrouvée dans l’aire d’étude en
1997 (une ligne de la matrice), chaque valeur indique la nature
et la superficie de l’habitat présent à l’origine, en 1950, avant le
changement. En outre, la diagonale de la matrice, montre les
superficies dont l’occupation du sol est demeurée inchangée
entre les deux années.
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Figure 1. Carte de localisation de l’aire d’étude (zone de récurrence de 0-2 ans) et de la zone de récurrence de 0-100 ans de la plaine
inondable du lac Saint-Pierre.
Tableau 1 : Classes générales d’occupation du sol dans la plaine inondable du lac Saint-Pierre.
Classe générale Description
Culture annuelle Petite céréale; maïs; soya; tabac; fruit; légume
Culture pérenne Fourrage; foin; pâturage; verger; vignoble
Eau libre Rivière et autres plans d’eau (sauf étang)
Eau libre (lac Saint-Pierre) Portion du lac Saint-Pierre située à l’extérieur de l’emporte-pièce délimitant le niveau du lac en 1997
Friche Jeune friche (végétation herbacée et arbustive < 1 m); vieille friche (végétation herbacée et arbustive de 1 à
3 m, parfois arborée > 3 m)
Marais Marais émergé (végétation émergée de type typha, rubanier, sagittaire); marais submergé (végétation
submergée de type élodée, potamot, myriophylle); eau peu profonde (étang)
Marécage Marécage arborescent (forêt mature); marécage arbustif (végétation arbustive telle que saule et aulne)
Milieu anthropique Zone urbaine (ville, village, industrie); ferme (bâtiment agricole, résidence); emprise (route, voie ferrée,
ligne électrique); sol dénudé (plage, route de gravier)
Milieu forestier Feuillus; résineux; mixte; perturbation forestière (coupe); plantation
Prairie humide Végétation herbacée située près d’une étendue ou d’un cours d’eau et inondée de façon intermittente
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LE NATURALISTE CANADIEN, 140 NO 1 HIVER 2016
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Figure 2. Occupation du sol dans la zone de récurrence de 0-100 ans
de la plaine inondable du lac Saint-Pierre en 1950, 1964 et
1997 (ajustée au niveau d’eau de 1997).
Résultats
Occupation du sol dans la zone de
récurrence de 0-100 ans de la plaine
inondable du lac Saint-Pierre durant les
années 1950, 1964 et 1997
Les travaux de Richard et collab. (2011) ont permis
d’évaluer que le lac Saint-Pierre et la zone de récurrence
de 0-100 ans de sa plaine inondable occupaient 89 523 ha
comprenant, selon le niveau d’eau du lac aux 3 années
étudiées, entre 49 000 et 59 000 ha de plaine inondable.
Lorsque le niveau d’eau du lac est uniformisé à celui de
1997 pour les 3 années, la superficie de plaine inondable
considérée s’élève à 49 271 ha (tableau 2; figure 2). Dans cette
zone, peu importe l’année, les milieux agricoles venaient au
premier rang des habitats les plus abondants ( 50-60 %
de couverture). Toutefois, leur composition a varié dans le
temps. En effet, alors qu’en 1950 et 1964 les cultures pérennes
dominaient ( 45 % de couverture, 21 000-22 000 ha) et que
les cultures annuelles n’occupaient que 10 à 15 % du territoire
( 5 000 à 7 000 ha), la situation s’est complètement inversée
en 1997 puisque les cultures annuelles dominaient, occupant
32 % de la zone d’étude (16 000 ha), comparativement à 15 %
(7 000 ha), pour les cultures pérennes. Quant aux friches,
leur superficie est restée stable au cours des 3 années étudiées
(3-4 % de couverture, ± 2 000 ha).
Les milieux humides viennent au deuxième rang
des habitats les plus abondants ( 30 % de couverture,
15 000-16 000 ha) et sont dominés par les marécages au
cours des 3 années. On a toutefois noté une baisse importante
de la superficie des prairies humides (42 % de perte; de
4 632 ha en 1964 à 2 688 ha en 1997) alors que la superficie
des milieux anthropiques a triplé entre 1950 et 1997 (1 395
à 4 592 ha). Quant aux milieux forestiers, leur superficie est
restée à peu près stable au cours des 3 années (occupation
entre 4 et 7 %, 2 000-3 000 ha).
Occupation du sol dans la zone
de récurrence de 0-2 ans de la plaine
inondable du lac Saint-Pierre
(ajustée au niveau d’eau de 1997)
entre les années 1950 et 1997
La superficie de la zone de récurrence de 0-2 ans
s’élève à 20 897 ha. Dans cette zone, plus sujette aux
inondations que celle de 0-100 ans, les milieux humides
ont dominé durant les 3 années ( 60-65 % de couverture,
13 000 ha; tableau 3; figure 3). Ces derniers étaient composés
surtout de marécages, dont la superficie a augmenté entre
1950 et 1997 (27 à 33 % de couverture, 5 500 à 7 000 ha), mais
aussi de marais (11 à 17 %, 2 300 à 3 600 ha) et de prairies
humides. Ces dernières ont subi un déclin significatif au cours
des décennies étudiées, passant d’environ 3 500 ha en 1950
et 1964 (16-17 % de couverture) à quelque 2 100 ha (10 %)
en 1997, soit une diminution de 42 % comparativement à la
superficie des prairies humides présentes en 1964.
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Figure 3. Occupation du sol dans la zone de récurrence de 0-2 ans
de la plaine inondable du lac Saint-Pierre en 1950, 1964 et
1997 (ajustée au niveau d’eau de 1997).
Même si les milieux agricoles ne se sont classés qu’au
deuxième rang des habitats les plus importants durant les
3 années étudiées, ils occupaient, néanmoins, de grandes
superficies dans la zone de récurrence de 0-2 ans ( 30-35 %
de couverture, entre 6 000 et 7 500 ha). Dans cette dernière,
tout comme la zone de 0-100 ans, le paysage agricole s’est
transformé de façon significative au fil des ans. En effet, les
cultures pérennes qui occupaient 5 000-6 000 ha en 1950 et
1964 (25-28 % de couverture) ont vu leur superficie chuter
à 1 800 ha (9 % de couverture) en 1997, comparativement
aux cultures annuelles qui, au contraire, sont passées de
900-1 400 ha en 1950 et 1964 (entre 4 et 7 % de couverture)
à plus de 3 700 ha (18 %) en 1997. Les cultures pérennes
occupaient 78 % des terres cultivées en 1964 et seulement
29 % en 1997, comparativement à 12 et 59 % pour les
cultures annuelles (tableau 3; figure 3). Quant aux friches,
les superficies qu’elles occupaient ont légèrement augmenté
au cours des 3 années, passant de 555 ha en 1950 à 800 ha
en 1997. La superficie des milieux forestiers a elle aussi
augmenté un peu, passant de 530 à 660 ha entre 1964 et
1997. Quant aux milieux anthropiques, leur superficie a
augmenté de 7 fois, passant de 34 ha (0,2 %) en 1950 à 241 ha
(1,2 %) en 1997.
Matrice de changement de l’occupation
du sol de 1950 à 1997 dans la zone
de récurrence de 0-2 ans de la plaine
inondable du lac Saint-Pierre (ajustée
au niveau d’eau de 1997)
La matrice de changement fournit des informa-
tions plus précises sur l’évolution du paysage puisqu’elle
permet d’identifier la nature des habitats à l’origine des
changements observés (tableau 4). Le plus important
changement observé concerne l’utilisation des terres
agricoles alors que près de la moitié des cultures pérennes
présentes en 1950 (2 557 ha / 5 332 ha) ont été converties en
cultures annuelles en 1997. Parmi les superficies occupées
par des cultures pérennes en 1950, seules 24 % (1 296 ha)
ont conservé leur vocation en 1997 et aussi peu que 9 %
(455 ha) ont évolué en friche.
D’autres habitats fauniques présents en 1950 ont été
remplacés par des cultures annuelles en 1997, notamment
344 ha de milieux humides (dont 303 ha de prairies
humides) et 102 ha de friches. Les milieux anthropiques
ont également pris de l’expansion entre ces 2 années (34 ha
en 1950 vs 241 ha en 1997) et ont remplacé 114 ha de
milieux humides (dont 44 ha de prairies humides, 41 ha de
marécages et 10 ha de marais), 63 ha de cultures pérennes,
18 ha de milieux forestiers et 22 ha de friches. La nature
des milieux humides a également varié dans le temps, par
exemple des zones couvertes par des marécages en 1950 ont
été remplacées par des marais en 1997, et vice versa.
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LE NATURALISTE CANADIEN, 140 NO 1 HIVER 2016
GÉOGRAPHIE
Matrice de changement des cultures
pérennes et des milieux naturels
en cultures annuelles ou en milieux
anthropiques entre 1950 et 1997 dans
la zone de récurrence de 0-2 ans de la
plaine inondable du lac Saint-Pierre
(ajustée au niveau d’eau de 1997)
La matrice de changement des cultures pérennes et
des milieux naturels indique que, dans la zone de récurrence
de 0-2 ans de la plaine inondable du lac Saint-Pierre, 3 242 ha
d’habitats fauniques ont été modifiés entre 1950 et 1997
au profit des cultures annuelles (3 025 ha) et des milieux
anthropiques (217 ha) (tableau 5; figure 4). Les habitats ainsi
perdus étaient composés en particulier de cultures pérennes
(2 620 ha), mais aussi de milieux naturels (milieux humides,
friches, forêts : 622 ha). Fait à noter, parmi les milieux naturels,
ce sont les prairies humides qui ont été les plus touchées par les
changements de vocation (346 ha / 622 ha, 56 %).
Tableau 2. Superficies en valeurs relatives (%) et absolues (ha) occupées par chacune des classes générales d’occupation du sol, selon
l’année, dans la zone de récurrence de 0-100 ans de la plaine inondable du lac Saint-Pierre (ajustées au niveau d’eau de 1997).
Classe d’occupation du sol 1950 1964 1997
Supercie (%) (ha) Supercie (%) (ha) Supercie (%) (ha)
Culture annuelle 14,4 (7 072) 9,6 (4 748) 32,4 (15 969)
Culture pérenne 43,6 (21 458) 45,5 (22 413) 14,6 (7 194)
Eau libre (lac Saint-Pierre) 1,5 (717) 0,1 (58) 0 (0)
Eau libre (rivière) 1,7 (860) 1,5 (756) 2,3 (1 111)
Friche 3,4 (1 696) 4,3 (2 123) 4,0 (1 967)
Marais 7,6 (3 740) 6,3 (3 091) 9,7 (4 755)
Marécage 12,2 (6 022) 13,4 (6 599) 15,6 (7 710)
Milieu anthropique 2,8 (1 395) 4,6 (2 282) 9,3 (4 592)
Milieu forestier 4,4 (2 168) 5,2 (2 569) 6,7 (3 286)
Prairie humide 8,4 (4 143) 9,4 (4 632) 5,5 (2 688)
MILIEU AGRICOLE* 61,4 (30 226) 59,4 (29 284) 51,0 (25 133)
MILIEU HUMIDE** 29,9 (14 765) 30,6 (15 078) 33,1 (16 264)
TOTAL 100 (49 271) 100 (49 271) 100 (49 271)
* = culture annuelle + culture pérenne + friche
** = marais + marécage + prairie humide + eau libre
Tableau 3. Superficies en valeurs relatives (%) et absolues (ha) occupées par chacune des classes générales d’occupation du sol, selon
l’année, dans la zone de récurrence de 0-2 ans de la plaine inondable du lac Saint-Pierre (ajustées au niveau d’eau de 1997).
Classe d’occupation du sol 1950 1964 1997
Supercie (%) (ha) Supercie (%) (ha) Supercie (%) (ha)
Culture annuelle 6,5 (1 360) 4,4 (921) 17,9 (3 736)
Culture pérenne 25,5 (5 331) 27,7 (5 779) 8,7 (1 826)
Eau libre (lac Saint-Pierre) 1,3 (265) 0,1 (16) 0 (0)
Eau libre (rivière) 3,4 (714) 3,1 (656) 4,4 (909)
Friche 2,7 (555) 3,4 (702) 3,8 (795)
Marais 15,0 (3 128) 11,1 (2 319) 17,3 (3 617)
Marécage 26,7 (5 571) 29,5 (6 162) 33,4 (6 988)
Milieu anthropique 0,2 (34) 0,5 (97) 1,2 (241)
Milieu forestier 2,5 (532) 2,9 (612) 3,2 (662)
Prairie humide 16,3 (3 406) 17,4 (3 633) 10,2 (2 121)
MILIEU AGRICOLE* 34,7 (7 246) 35,4 (7 402) 30,4 (6 358)
MILIEU HUMIDE** 61,3 (12 820) 61,1 (12 771) 65,3 (13 635)
TOTAL 100 (20 897) 100 (20 897) 100 (20 897)
* = culture annuelle + culture pérenne + friche
** = marais + marécage + prairie humide + eau libre
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Tableau 4. Matrice de changement de l’occupation du sol (superficies en ha) de 1950 à 1997 dans la zone de récurrence de 0-2 ans
(ajustée au niveau d’eau de 1997).
1950
1997
Culture
annuelle
Culture
pérenne
Eau libre
(lac Saint-
Pierre)
Eau libre
(rivière)
Marais Marécage Prairie
humide
Friche Milieu
forestier
Milieu
anthro-
pique
TO TAL
1997
Culture annuelle 705,5 2 557,3 0,5 1,1 5,7 33,3 303,0 101,7 22,3 6,1 3 736,4
Culture pérenne 305,0 1 295,7 0,1 2,9 11,2 36,6 70,3 78,9 22,8 2,6 1 826,2
Eau libre
(lac Saint-Pierre)
00,4 0,3 0,6
Eau libre (rivière) 5,7 56,6 0,9 604,4 114,0 30,9 39,3 36,8 15,3 5,6 909,4
Marais 19,3 63,1 180,6 11,2 2 279,5 537,2 493,6 25,9 6,1 0,5 3 617,0
Marécage 115,9 313,2 58,1 27,2 489,8 4 396,0 1 178,3 122,7 281,3 5,0 6 987,6
Prairie humide 62,1 355,1 6,1 14,0 188,2 288,5 1 118,1 68,1 18,9 2,6 2 121,5
Friche 75,9 454,7 4,2 3,7 10,3 44,0 121,2 54,6 25,6 1,3 795,4
Milieu forestier 54,1 173,0 2,9 41,8 19,6 163,4 39,0 44,3 121,6 2,7 662,3
Milieu anthropique 16,6 62,8 11,7 8,1 9,9 40,6 43,5 22,0 18,2 7,4 240,7
TOTAL 1950 1 359,9 5 331,5 265,1 714,3 3 128,4 5 570,8 3 406,2 555,0 532,1 33,8 20 897,1
Tableau 5. Matrice de changement des cultures pérennes et des milieux naturels en cultures annuelles ou en milieux anthropiques
(superficie en ha) entre 1950 et 1997 dans la zone de récurrence de 0-2 ans, selon les MRC (ajustée au niveau d’eau de 1997).
MRC 1950
Habitats
fauniques
1997
Habitats
anthropiques
Culture
pérenne
Milieux naturels Cultures
pérennes
modiées
Milieux
naturels
modiés
Tota l
habitats
fauniques
modiés
1997
Eau libre
(lac Saint-
Pierre)
Eau libre
(rivière)
Marais Marécage Prairie
humide
Friche Milieu
forestier
Bécancour Culture annuelle 8,7 0,0 0,4 0,2 0,7 0,3 0,1 8,7 1,7 10,5
Milieu anthropique 1,7 0,1 0,2 0,2 0,2 0,3 0,6 1,7 1,7 3,5
TOTAL 10,5 0,1 0,0 0,6 0,5 1,0 0,6 0,7 10,5 3,5 13,9
D’Autray Culture annuelle 1 246,8 0,5 0,3 4,4 7,4 117,4 35,4 15,7 1 246,8 181,2 1 428,0
Milieu anthropique 18,9 0,9 0,4 0,8 2,5 14,9 1,7 5,5 18,9 26,6 45,6
TOTAL 1 265,7 1,3 0,7 5,3 9,9 132,4 37,1 21,2 1 265,7 207,9 1 473,6
Pierre-de
Saurel
Culture annuelle 170,5 0,1 0,3 11,8 58,8 37,3 1,3 170,5 109,7 280,2
Milieu anthropique 10,0 0,7 1,8 1,1 15,3 10,4 2,1 1,7 10,0 33,1 43,1
TOTAL 180,6 0,7 2,0 1,3 27,2 69,1 39,4 3,0 180,6 142,7 323,3
Maskinongé Culture annuelle 584,9 0,3 0,0 2,0 1,4 10,3 3,3 584,9 17,3 602,3
Milieu anthropique 22,6 1,8 3,6 1,4 14,3 11,2 8,4 6,9 22,6 47,5 70,1
TOTAL 607,5 1,8 3,9 1,4 16,3 12,6 18,7 10,2 607,5 64,9 672,4
Nicolet-
Yamaska
Culture annuelle 546,2 0,4 0,6 11,8 124,5 18,4 1,8 546,2 157,4 703,7
Milieu anthropique 9,3 0,0 2,2 2,6 8,2 5,7 0,9 1,9 9,3 21,4 30,7
TOTAL 555,5 0,0 2,6 3,1 20,0 130,2 19,3 3,7 555,5 178,8 734,3
Trois-
Rivières
Culture annuelle 0,0 0,0 0,2 0,0 0,2 0,2
Milieu anthropique 0,3 8,3 3,8 0,1 1,1 8,6 1,7 0,3 23,5 23,8
TOTAL 0,3 8,3 0,0 3,8 0,1 1,3 8,6 1,7 0,3 23,7 24,1
TOTAL 1950 Culture annuelle 2 557,3 0,5 1,1 5,7 33,3 303,0 101,7 22,3 2 557,3 467,6 3 024,9
Milieu anthropique 62,8 11,7 8,1 9,9 40,6 43,5 22,0 18,2 62,8 153,9 216,7
TOTAL 2 620 12 916 74 346 124 40 2 620 622 3 242
49
LE NATURALISTE CANADIEN, 140 NO 1 HIVER 2016
GÉOGRAPHIE
Dans la zone de récurrence de 0-2 ans, les cultures
annuelles ont donc remplacé 2 557 ha de cultures pérennes et
468 ha d’habitats naturels, en particulier des prairies humides
(65 %; 303 ha), présents en 1950. De même, les milieux
anthropiques ont remplacé 154 ha de milieux naturels et 63 ha
de cultures pérennes. Sur les 6 MRC représentées dans la zone
d’étude, ce sont celles de D’Autray, de Nicolet-Yamaska et de
Maskinongé qui ont affiché les plus grandes pertes d’habitats
fauniques (entre 670 et 1 500 ha; tableau 5; figure 4).
Discussion
Changements de l’occupation du sol
au lac Saint-Pierre
Les analyses réalisées indiquent que, durant la période
étudiée, le principal changement d’occupation du sol dans la
plaine inondable du lac Saint-Pierre s’est produit au niveau
des terres agricoles. Alors que les champs cultivés étaient en
majorité composés de cultures pérennes en 1950, ils étaient
dominés par des cultures annuelles en 1997. Ce constat est le
même autant pour les zones de récurrence de 0-100 ans que de
0-2 ans. Les matrices de changement ont permis de confirmer
que, dans la zone de récurrence de 0-2 ans, la majorité des
terres occupées aujourd’hui par les cultures annuelles étaient
à l’origine couvertes de cultures pérennes ( 2 500 ha sur les
3 700 ha de cultures annuelles présentes en 1997). Au total,
c’est plus de 3 200 ha d’habitats fauniques (2 600 ha de cultures
pérennes et 600 ha de milieux naturels) qui ont été modifiés
au profit des cultures annuelles et des milieux anthropiques.
Ce changement d’utili-
sa tion du sol dans la plaine
d’inondation du lac Saint-Pierre
est le reflet de la situation observée
à plus grande échelle au niveau
des terres fertiles et argileuses
(à fort potentiel agricole) de la
plaine du Saint-Laurent. En fait,
au cours des dernières décennies,
les agri culteurs ont amené de
tels changements dans leurs pra-
ti ques qu’une métamorphose
s’est opérée tant au niveau
paysager que socio-économique.
La réduction du nombre de
fermes et l’augmentation de leur
super ficie, la priorisation des
monocultures à grande échelle
(utilisation maximale des terres)
et le confinement du bétail dans
des bâtiments font partie des
principales pratiques qui ont
contribué à modifier le paysage
agricole (Pesant et Desmarais,
2003; Ruiz et Domon, 2005;
Tessier et collab., 2009). On a
ainsi assisté à la disparition des
fermes traditionnelles aux paysages diversifiés composés de
boisés, de pâturages, de prairies et de cultures fourragères, et à
leur remplacement par des cultures annuelles de céréales (maïs,
blé) et d’oléagineux (soya). Cette transition vers une agriculture
plus intensive et homogène explique, entre autres, la raréfaction
des pâturages (leur superficie aurait diminué de l’ordre de 80 %;
Ruiz et Domon, 2005), une des composantes essentielles des
paysages agricoles traditionnels du Québec (Jobin et collab.,
2007; Tessier et collab., 2009).
D’autres études font état de la conversion des cultures
pérennes en cultures annuelles dans le sud du Québec (Ruiz
et Domon, 2005; Domon et Bouchard, 2007; Jobin et collab.,
2007; Latendresse et collab., 2008a,b; Rioux et collab., 2009).
En outre, les données de Statistique Canada (2015) indiquent
que cette tendance s’est poursuivie, dans l’ensemble du Québec
après 1997, au-delà de la période couverte dans le cadre de la
présente étude (diminution des cultures pérennes d’environ
5-10 % et augmentation des cultures annuelles de 25-30 %).
Impacts sur les écosystèmes
et les communautés fauniques
du lac Saint-Pierre
Dans la plaine inondable du lac Saint-Pierre, où
l’agriculture occupe une place prépondérante, l’équilibre
écosystémique de ce milieu très diversifié et très productif
est sérieusement affecté par les nouvelles pratiques agricoles
(Tessier et collab., 2009; Théberge et collab., 2011; MERN,
2013). Outre la perte de grandes superficies de cultures
Figure 4. Cultures pérennes et milieux naturels modifiés en cultures annuelles ou en milieux
anthropiques entre les années 1950 et 1997 dans la zone de récurrence de 0-2 ans de
la plaine inondable du lac Saint-Pierre (ajustée au niveau d’eau de 1997).
50
LA SOCIÉTÉ PROVANCHER D’HISTOIRE NATURELLE DU CANADA
pérennes, les impacts sur les écosystèmes sont nombreux,
notamment : drainage et assèchement de milieux humides,
perte de milieux forestiers et autres habitats fauniques,
canalisation de cours d’eau, destruction de bandes de
végétation riveraine, entrave à la libre circulation du poisson,
altération de la qualité de l’eau, perte de connectivité entre
les habitats, perte de biodiversité et d’intégrité écologique
(Gélinas et collab., 1996; Painchaud, 1999; Vachon, 2003; Ruiz
et Domon, 2005; Lussier, 2010; Théberge et collab., 2011; Jobin
et collab., 2013; MERN, 2013; Martineau et collab., 2014).
Les prairies humides, les friches et les cultures
pérennes sont des habitats recherchés par la perchaude pour
se reproduire, au printemps, puisque les tiges végétales et les
tapis de végétation morte offrent un support pour les œufs
lors de la période de frai. Il n’est donc pas surprenant que la
perte d’habitats de reproduction associée à la conversion des
cultures pérennes en cultures annuelles soit considérée comme
l’un des principaux facteurs responsables de l’effondrement
des stocks de perchaude du lac Saint-Pierre (de la Chenelière
et collab., 2014). D’ailleurs, les sols dénudés et peu végétalisés
des cultures annuelles seraient systématiquement évités par
les géniteurs (Benoît et collab., 1987; Mingelbier et collab.,
2005). Parmi les autres facteurs responsables du déclin de
la perchaude, on note les pêches sportives et commerciales,
la pollution de l’eau, les espèces exotiques envahissantes, la
prédation par le cormoran à aigrettes (Phalacrocorax auritus),
les changements climatiques et la régularisation du niveau
d’eau (de la Chenelière et collab., 2014). L’état précaire de
la population de perchaudes, un maillon important des
communautés aquatiques du lac Saint-Pierre, doit être
interprété comme un indicateur de la détérioration de cet
écosystème exceptionnel. D’ailleurs, d’autres espèces de
poissons aux préférences similaires en termes d’habitats
([grand brochet (Esox lucius), crapet de roche (Ambloplites
rupestris), crapet-soleil (Lepomis gibbosus) et méné à tache
noire (Notropis hudsonius]) présentent également des signes
de déclin au lac Saint-Pierre (Brodeur, 2013).
Parallèlement, il est maintenant admis que l’intensifi-
cation de l’agriculture a contribué à la perte de biodiversité
dans les paysages agricoles, notamment chez les oiseaux
champêtres (Jobin et collab., 1994, 1996; Robert et Laporte,
1995; Lamoureux et Dion, 2014). Au Canada, l’analyse des
données provenant du Relevé des oiseaux nicheurs (RON) de
l’Amérique du Nord, révèle d’ailleurs un déclin significatif et à
long terme de plusieurs espèces d’oiseaux champêtres (Downes
et collab., 2011). Les populations de plusieurs espèces auraient
ainsi diminué de moitié au cours des 4 dernières décennies et
les déclins se seraient accentués au cours des dernières années
(Lamoureux et Dion, 2014). Ces déclins seraient causés par la
perte de grandes superficies de cultures pérennes et de prairies
humides et par les coupes fourragères hâtives qui détruisent
les nids lors du passage de la machinerie. Bon nombre de ces
espèces sont considérées à statut précaire ([goglu des prés,
sturnelle des prés, hibou des marais (
Asio flammeus
), bruant
de Nelson (
Ammodramus nelsoni
), et troglodyte à bec court
(
Cistothorus platensis
]) ou ont été identifiées comme espèces
prioritaires requérant des actions de conservation dans le
Québec méridional (EC, 2013). La dominance des cultures
annuelles dans la plaine inondable du lac Saint-Pierre serait
donc peu propice à ces espèces.
De plus, les travaux réalisés par Bélanger (1989)
dans les milieux insulaires du tronçon fluvial du Saint-
Laurent ont démontré que les prairies (en particulier les
prairies hautes) sont les principaux habitats recherchés par
les canards barboteurs en période de reproduction, alors
que les terres cultivées figurent parmi les habitats les moins
convoités (Lehoux et collab., 2003; Lehoux et Dauphin, 2004).
Or, la présente étude révèle que les prairies humides (hautes
et basses confondues) constituent les habitats naturels qui
ont connu les plus grandes pertes au cours des dernières
décennies dans la plaine d’inondation du lac Saint-Pierre,
principalement au profit de cultures annuelles et, dans une
moindre mesure, de milieux anthropiques ( 350 ha perdus
au total). Ces pertes d’habitats auraient donc possiblement
réduit de façon significative le potentiel de recrutement des
populations de sauvagine. En outre, la conversion des cultures
pérennes en cultures annuelles pourrait être impliquée dans le
déclin de la population du canard noir (Anas rubripes) et son
remplacement par le canard colvert (Anas platyrhynchos) dans
le sud-ouest du Québec (Maisonneuve et collab., 2006; Lepage
et Bordage, 2013). Le changement des pratiques agricoles
pourrait également expliquer le déclin de la population de
sarcelles à ailes bleues (Anas discors) dans l’écozone des plaines
à forêts mixtes (Fast et collab., 2011).
Conclusion
La zone littorale du lac Saint-Pierre était à l’origine
couverte par une multitude d’habitats servant de site d’alimenta-
tion, de reproduction et d’alevinage à des centaines d’espèces
fauniques. Toutefois, la situation actuelle de l’occupation du
sol montre des signes inquiétants alors que plusieurs espèces
connaissent des déclins marqués de leurs populations (p. ex.
perchaude, oiseaux champêtres). Comme le mentionne de la
Chenelière et collab. (2014), le rétablissement des populations
fauniques, particulièrement celle de la perchaude, nécessitera des
efforts considérables, en vue de conserver les habitats naturels, et
de restaurer des habitats propices à la faune. L’amélioration de la
qualité des habitats, particulièrement dans la zone de récurrence
de 0-2 ans, devrait donc viser un retour vers une couverture du sol
permanente plus propice aux espèces fauniques. La reconversion des
cultures annuelles vers des cultures pérennes et la mise en place de
bandes riveraines élargies permettraient, non seulement d’offrir des
habitats propices à la faune, mais également de freiner les apports
de sédiments et de produits de synthèse (pesticides, fertilisants) qui
réduisent la qualité de l’eau des cours d’eau et affectent l’intégrité
des écosystèmes du lac Saint-Pierre. Les résultats de notre étude
(figure 4), couplés à ceux de de la Chenelière et collab. (2014),
proposent des secteurs où des actions de restauration seraient
requises dans la zone de récurrence de 0-2 ans, là où les milieux
naturels et les cultures pérennes ont été modifiés.
GÉOGRAPHIE
51
LE NATURALISTE CANADIEN, 140 NO 1 HIVER 2016
Heureusement, plusieurs sites d’intérêt et des milieux
humides d’importance situés autour du lac Saint-Pierre
sont actuellement protégés ou conservés par des organismes
de conservation ou des instances gouvernementales (Jobin
et collab., 2013; MDDEFP, 2013; Nature Québec, 2015).
Parallèlement, des efforts importants sont consentis afin de
restaurer des cours d’eau et mettre en place des pratiques
agricoles bénéfiques à la faune dans des secteurs clés de la
plaine inondable du lac Saint-Pierre (p. ex. Saint-Barthélemy,
Baie-du-Febvre). C’est par des efforts soutenus et la poursuite
des initiatives existantes qu’un retour à grande échelle d’une
couverture végétale propice à la faune permettra de renverser
le déclin observé chez plusieurs espèces, dont la perchaude (de
la Chenelière et collab. 2014).
Enfin, nos résultats ont montré des changements
importants dans l’occupation du sol de la plaine inondable du
lac Saint-Pierre pour la période allant de 1950 à 1997. Toutefois,
les pertes d’habitats et la modification des paysages agricoles
se sont poursuivies dans les années subséquentes (Latendresse
et collab., 2008b; Papasodoro, 2010). Il sera bientôt possible
d’obtenir une image actuelle de la répartition des habitats
fauniques dans la région alors qu’une nouvelle cartographie
de l’occupation du sol des basses-terres du Saint-Laurent est
actuellement en production dans le cadre du Plan d’action Saint-
Laurent. Cette cartographie, utilisant des sources de données
géospatiales récentes et de haute résolution (p. ex. cartographie
détaillée des milieux humides, cartes écoforestières actualisées),
devrait être disponible en 2016. Elle permettra d’actualiser nos
connaissances sur la dynamique des habitats et de l’occupation
du sol dans le territoire à l’étude et de raffiner l’identification des
sites à restaurer. Les aspects socio-économiques des changements
préconisés devront également être considérés avant leur mise en
application.
Remerciements
Nous tenons à remercier sincèrement Dominique Côté,
Geneviève Richard, Martine Benoît et Benoît Landry pour leur
travail dévoué lors de l’interprétation des photos aériennes et
le montage de la base de données. Nous remercions également
Philippe Brodeur, Marc Mingelbier, Marianne Théberge et
Jean Morin pour les échanges et le partage d’informations sur
la situation des écosystèmes du lac Saint-Pierre. Enfin, nous
remercions Josée De Guise, Luc Bélanger et Daniel Robitaille
pour leur soutien tout au long du projet. Ce projet a été financé
par Environnement Canada et par le ministère des Ressources
naturelles et de la Faune du Québec.
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Montréal, de Laval et de la Montérégie, Longueuil, Rapport technique
16-13, vi + 49 p.
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... Covering an area of 400 km 2 (Frenette et al., 2006), this exceptional site has earned the RAMSAR (1998) and UNESCO World Reserve (2000) titles. The body of water has the largest freshwater floodplain (18-25,000 ha) in Quebec (Dauphin & Jobin, 2016). Depending on the year, the flooding period (2-year recurrence interval) can range from 5 to 9 weeks (La Violette, 2004). ...
... The geographical position and the shallowness of LSP have resulted in a lot of anthropogenic pressures. Notably, the establishment of the St. Lawrence Seaway required many dredging operations between 1954 and 1959 (Cantin et al., 2006) and the waterway has not only affected the natural hydrological regime of the St. Lawrence, but also the dynamic of flora and fauna populations and the uses around it, including the development of its banks (Dauphin & Jobin, 2016;Morin & Champoux, 2006). LSP is part of the W8banaki Nation's ancestral Ndakina territory. ...
... Agriculture has been practiced in LSP floodplain since the first wave of European colonization of Quebec in the 17th century. Between the 1960s-1990s, perennial crops have been gradually converted to annual crops such as corn and soybeans (Dauphin & Jobin, 2016). This type of culture in the floodplains is not compatible with the needs of aquatic fauna, especially the yellow perch (Perca flavescens) and the northern pike (Esox lucius), two species using the floodplain in spring as spawning and nursery sites (Farly et al., 2019). ...
Article
Full-text available
Using qualitative data, we investigate the impact of the problem‐framing process on stakeholder mobilization for fish habitat restoration and its influence on transforming agricultural practices in floodplains. Problem‐framing involves defining and delineating a problem to suggest practical and measurable solutions for addressing it. We are examining how the conservation conflict changes over time in Lac Saint‐Pierre (LSP), part of the St. Lawrence River Basin in Québec, Canada. Such conflicts arise when there are differing perspectives, interests, or actions regarding conservation goals and objectives. In recent decades, the LSP floodplain has undergone significant changes, particularly the conversion of perennial crops to intensive annual crops, which are deemed incompatible with the ecological needs of yellow perch. This species has experienced a notable decline in LSP since the 1990s, prompting Québec authorities to impose a moratorium on yellow perch fishing in 2012 to safeguard stocks. This moratorium has catalyzed efforts at the policy level to restore its habitat. However, it has also engendered tensions between agricultural activities and conservation endeavors aimed at restoring yellow perch habitat, constituting the conservation conflict under investigation. To investigate this issue, we adopt a post‐normal science approach characterized by reflexivity, inclusivity, and transparency in addressing epistemological and ontological uncertainties among LSP stakeholders. Our findings offer insights into stakeholders' perspectives on the problem‐framing process and its outcomes, highlighting both supportive actions enhancing the effectiveness of certain strategies among LSP stakeholders and barriers hindering their mobilization. These results underscore the importance of incorporating diverse stakeholder perspectives during the problem‐framing process to enhance the robustness of the science–policy interface.
... Les travaux de Dauphin et Jobin (2016), basés sur l'interprétation de photos aériennes prises en 1950, en 1964 et en 1997, ont montré que les milieux agricoles sont les habitats qui ont connu les plus grandes transformations dans la plaine inondable du LSP. Alors que la superficie des cultures annuelles est passée de 1 360 ha en 1950 à 3 736 ha en 1997 dans la zone des crues de récurrence de 2 ans (de 7 072 ha en 1950 à 15 969 ha en 1997 dans la zone des crues de récurrence de 100 ans), celle des cultures pérennes a chuté, passant de 5 331 ha en 1950 à 1 826 ha en 1997 (de 21 458 ha à 7 194 ha dans la zone des crues de récurrence de 100 ans). ...
... La cartographie de l'occupation du sol de la plaine inondable du LSP produite pour l'année 2016 (ECCC et MDDELCC, 2018) a été comparée avec celle décrite par Dauphin et Jobin (2016) pour les années 1950 et 1997. Les résultats pour l'année 1950 sont de nouveau présentés à titre de comparaison avec la situation qui prévalait avant les transformations du paysage agricole du Québec méridional engendrées par l'agriculture industrielle (utilisation d'intrants chimiques -pesticides et fertilisants -, mécanisation accrue, cultures annuelles, etc.) au cours des dernières décennies. ...
... Les résultats pour l'année 1950 sont de nouveau présentés à titre de comparaison avec la situation qui prévalait avant les transformations du paysage agricole du Québec méridional engendrées par l'agriculture industrielle (utilisation d'intrants chimiques -pesticides et fertilisants -, mécanisation accrue, cultures annuelles, etc.) au cours des dernières décennies. Les changements de l' occupation du sol de la plaine inondable du LSP survenus de 1950 à 1964 étant peu significatifs (Dauphin et Jobin, 2016), la présente étude illustre les changements survenus entre les années 1950, 1997 et 2016. ...
Article
Le lac Saint-Pierre (LSP) et sa plaine inondable offrent des habitats de reproduction et d’alimentation pour la faune, particulièrement lors des crues printanières. De 1950 à 1997, les milieux agricoles présents dans la plaine inondable du LSP ont été transformés, la majorité des cultures pérennes (fourrages et pâturages) ayant été transformées en cultures annuelles (maïs et soya). Une nouvelle cartographie de l’occupation du sol de ce territoire a été produite en 2016, permettant d’actualiser le portrait des habitats fauniques disponibles. La baisse de la superficie couverte par les cultures pérennes observée de 1950 à 1997 s’est poursuivie après 1997. Celles-ci représentaient seulement 2 % de la zone des crues de récurrence de 2 ans en 2016 alors qu’elles occupaient près du quart du territoire dans les années 1950. Près de 3 800 ha d’habitats fauniques (cultures pérennes et milieux naturels) ont été modifiés depuis 1950, principalement au profit des cultures annuelles. Les pertes nettes additionnelles d’habitats fauniques survenues entre 1997 et 2016 sont estimées à 550 ha. Pour soutenir le rétablissement des fonctions écologiques de l’écosystème du LSP, la restauration d’habitats et la mise en place d’une agriculture durable dans la zone littorale sont de mise.
... It is also UNESCO World Reserve (2000) for its rich biodiversity, vital wetland ecosystem, conservation, research, education, and sustainable development initiatives. The body of water has the largest freshwater floodplain (18-25,000 ha) in Quebec (Dauphin & Jobin, 2016). The geographical position and the shallow nature of LSP have led to a lot of anthropogenic pressures. ...
... Notably, the establishment of the St. Lawrence Seaway required many dredging operations between 1954 and 1959 to facilitate container shipping (Cantin et al., 2006). The construction of the seaway affected the natural hydrological regime of the St. Lawrence River, flora and fauna populations, and land use-including how the river banks were developed (Dauphin & Jobin, 2016;Morin & Champoux, 2006). ...
Article
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By generating and explaining facts, science holds an important role in environmental policy decision‐making. However, scientific knowledge is often framed as objective and neutral in policy debates, which can be challenged by stakeholders who have a different view of the issue. To counter this situation, we propose a novel scientific approach to analyze problems that are highly contested and seem difficult to resolve, that is, wicked problems. Our study combined post‐normal science and environmental justice perspectives to shed light on a wicked problem—the largely unsuccessful efforts to rehabilitate yellow perch stocks in Lac Saint‐Pierre (LSP), Quebec, Canada. The combination of these two perspectives allows us to investigate the causes of the decrease of yellow perch stocks and the social and institutional barriers to rehabilitation—which can only be overcome if the injustice perceived by different stakeholders is overcome. Our study presents an approach that addresses uncertainties, integrates various knowledge forms, reassesses decision‐making procedures, and highlights inequalities within a specified territory. The research also underlines the importance of the qualitative dimension in the development of knowledge and the need to address equity in the development of environmental policies.
... Au fil du temps, le LSP est devenu le lac le plus pollué du Québec (Francoeur 2004 -presse L'ensemble de ces pressions portent atteinte à la riche biodiversité du lac sachant que le lac représente la plus importante halte migratoire des oiseaux de tout l'est du Canada (MDDEFP 2013) et que la région affiche la plus grande biodiversité piscicole de tout le système fluvial du Saint-Laurent (Mingelbier et al. 2008 in Dauphin and Jobin 2016 Les grands lacs étant associés à de nombreux usages, l'étude des SE peut être très intéressante pour évaluer l'impact des perturbations anthropiques sur ces écosystèmes et la société (Keeler et al. 2012). Ce concept peut également s'intéresser aux priorités données par les acteurs locaux et les décideurs politiques dans leur gestion du territoire. ...
... D'autres espèces de poissons aux préférences similaires en termes d'habitats sont également en déclin : le crapet de roche (Ambloplites rupestris), le crapet-soleil (Lepomis gibbosus) et le méné à tache noire (Notropis hudsonius). Ces atteintes aux populations piscicoles sont considérées comme un témoin de la dégradation globale de l'écosystème (Dauphin and Jobin 2016). ...
Thesis
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Les lacs rendent d’innombrables services à la société. Ils représentent l’une des plus importantes sources d’eau potable, constituent des lieux de production de ressources alimentaires, d'implantation des sociétés, de bien-être, spiritualité et de récréation. Plus ces écosystèmes sont étendus, volumineux et riches en biodiversité, plus les bénéfices qu’en tire la société sont diversifiés et importants. Les grands lacs sont, de ce fait, tout particulièrement investis par les populations humaines. Cependant, ces services dépendent très largement de l’état des milieux aquatiques. La problématique des différentes formes de pollution affectant les grands lacs est dès lors centrale, dans la mesure où elle est intrinsèquement liée à la qualité et la quantité des services rendus par ces derniers.Les grands lacs alpins français fournissent des exemples pertinents d’écosystèmes dont l’évolution est intimement liée à une succession de problématiques de pollutions – essais de restauration. L'évolution de notre société et nos modes de vie ont entraîné un accroissement de l'attrait général pour ces lacs, dû en partie à la qualité des eaux et des milieux lacustres retrouvée (le Léman, lac du Bourget) ou maintenue (lac d’Annecy), fruit des investissements passés.Au cours du XXème siècle, les lacs Léman, d’Annecy et du Bourget ont connu plusieurs crises de pollutions qui ont fortement dégradé la qualité de leurs écosystèmes et usages associés, au point de nécessiter la mise en place d’actions de gestion visant à restaurer un état satisfaisant pour les activités humaines. Néanmoins, le succès de la restauration des grands lacs alpins reste fragile et de nouvelles menaces se profilent : changement climatique, espèces invasives, polluants émergeants, micropolluants plastiques, intensification des loisirs nautiques, périurbanisation galopante, perte et manque de ressources en eau, etc. Ces problématiques affectent la plupart des grands lacs dans le monde et font partie des principaux enjeux globaux des écosystèmes aquatiques. Elles surviennent dans un contexte d'écosystèmes probablement affaiblis par les effets cumulés des perturbations passées, un contexte historique et culturel spécifique mais aussi d’évolutions des usages des lacs dont les impacts et les besoins en matière de qualité et quantité d’eau sont difficiles à prévoir mais néanmoins toujours en croissance.Gérer un grand lac suppose d’intégrer une diversité de facteurs et composantes associés au lac et relevant autant des fonctionnements biophysiques et des flux qui en résultent, que du fonctionnement de structures sociales, économiques et institutionnelles. Une analyse en termes de trajectoire d'évolution et de modélisation de ce système doit être menée, avec l’ambition d'aider à la prise de décision et à l'action des gestionnaires des milieux lacustres.L’enjeu de cette recherche est de réaliser une synthèse des connaissances sur l’évolution des relations sociétés - grands lacs depuis le début du XXème siècle, en partant de l’hypothèse que les concepts de service écosystémiques et de socio-écosystèmes peuvent aider au dialogue pour la gestion durable et intégrée des écosystèmes lacustres. Notre réflexion est une contribution à créer une nouvelle approche d’étude géographique des territoires limniques, mobilisant ces concepts en tant qu’outils d’analyse des relations entre la nature et la société et dans une démarche opérationnelle.
... We aimed to address the shortcomings of the Census of Agriculture data by assessing agricultural land change in the Mixedwood Plains Ecozone using land cover datasets derived from remotely sensed data. Previous studies have also examined land change in the Quebec portion of the Mixedwood Plains Ecozone using remotely sensed data or aerial photographs (Jobin et al. 2010(Jobin et al. , 2014Dauphin and Jobin 2016;Drapeau et al. 2019). However, the most recent study periods were from 1993 to 2001 (Jobin et al. 2010) and 1993(Drapeau et al. 2019; the former assessed land use and relative change at an ecoregion scale and land change dynamics at a 1 km resolution, while the latter assessed agricultural land change at a bioclimatic zone scale, similar to the ecoregion scale. ...
Article
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The prairies and savannahs historically found in the Mixedwood Plains Ecozone have been largely converted into farmland, the dominant present-day land cover. Consequently, many species native to these grasslands have shifted to inhabiting suitable agricultural lands. More recently, agricultural intensification has led to the conversion of pastures and hay fields to annual crops, further removing habitat suitable for the persistence of grassland species. We quantified the shift from pasture and forage to annual crops as well as the dynamics among agricultural lands and other land covers in the Mixedwood Plains Ecozone, predicting biodiversity implications by providing a case study on Eastern Meadowlark (Sturnella magna (Linnaeus, 1758)). The total agricultural land area changed little over the study period, but area of pasture and forage decreased while row crop area increased. The loss of agricultural lands to urbanization was partly offset by the conversion of forests and wetlands; however, the farmland gained was of lesser agricultural quality than the farmland lost. Declines in Eastern Meadowlark abundance correlated significantly with carrying capacity loss, suggesting that habitat availability is a limiting factor for this species. We highlight the importance of land management policies to minimize the impacts of land conversion on biodiversity and agricultural production.
... Over the past several decades, a variety of anthropogenic pressures, including increased agricultural intensification, land use change, and water flow modifications, have had major ecological impacts on the lake and floodplain. Multiple stressors have led to environmental degradation in the form of reduced water quality and increased turbidity, nutrient and pesticide concentrations, and Escherichia coli levels (Simoneau 2017), as well as the loss of wetland habitats (Dauphin & Jobin 2016). ...
... Starting from the 1960s, the agricultural lands in the LSP floodplain and its watershed have been converted from perennial to intensive annual crops (Dauphin and Jobin 2016), releasing high inputs of phosphorus, nitrogen, and sedimentary turbidity into the rivers draining the watershed, ultimately reaching LSP (Simoneau 2017;Giacomazzo et al. 2020). ...
Article
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Many freshwater ecosystems worldwide are threatened by increasing water turbidity and extensive submerged aquatic vegetation (SAV) loss, with potential consequences on aquatic communities. Such changes in water quality and habitat features affect the relative abundance of species in the community and/or the composition of ecological guilds altering the trophic network. Here, we estimated the relationship between fish species and both SAV abundance and water quality in Lake St. Pierre (Québec, Canada), a shallow fluvial lake of the St. Lawrence River. To explain the association between the fish community and environmental variables, we performed multiple linear regressions on fish abundance, species richness, and Shannon diversity calculated at 133 stations, along a gradient of turbidity, temperature, and SAV abundance. In addition, we estimated the relationship between dominant fish species abundance and environmental variables by using canonical correspondence analysis (CCA). Species richness and abundance were positively related to SAV. Turbidity was negatively related to fish abundance, but had an unexpected positive effect on diversity (Shannon and species richness). By quantifying the association between fish species and habitat features, this study contributes to a better understanding of mechanisms structuring fish communities in changing environments.
... A similar result was found in Chesapeake Bay, where the mean depth of SAV beds has decreased dramatically since 1984, shifting 165 m closer to the shore as consequence of increased turbidity (Lefcheck et al., 2017). In the LSP watershed, agriculture progressively switched from a predominance of perennial culture in the 1960s to mostly intensive annual crops in the 1990s (Dauphin and Jobin, 2016), a tendency that has been observed worldwide (Tilman et al., 2002). Plowed soils are more vulnerable to erosion, leading to sediment runoff into aquatic systems (Foley et al., 2005); this has likely led to the observed increases in TSS and turbidity that affected SAV in LSP. ...
Article
Aquatic ecosystems are increasingly threatened by anthropogenic stressors, both at local and larger scales. For instance, runoff from intensively cultivated areas leads to higher nutrient and sediment concentrations deteriorating water quality, which potentially trigger trophic state changes. Unfortunately, we have a poor understanding of the complex relationships linking water quality degradation and different ecosystem components. Here we analyze the long-term cascading effects of several anthropogenic stressors on both submerged aquatic vegetation (SAV) and the key traits of an exploited yellow perch (Perca flavescens, YP) population from the watershed of Lake Saint-Pierre - the largest fluvial lake of the St. Lawrence River (Québec, Canada). Lake Saint-Pierre drains one of the most impacted watersheds in Eastern Canada and had sustained a YP fishery (worth up to 10 M$ CAN/year) until the population collapsed in the mid-1990s. SAV abundance has declined since the 1980s, partially overlapping with the YP collapse. Within a structural equation modeling framework, we tested the links between changes in both SAV abundance and the YP fishery with abiotic stressors acting at both local and larger scales. Our results show that both SAV and YP declines are causally associated with anthropogenic nutrient and sediment loadings from the watershed. The decline of YP landings is also explained by a reduction in SAV abundance and YP juvenile growth, mainly caused by a sharp decrease in water transparency over the last decades. These results suggest a causal association between environmental degradation due to nutrients and sediments and different components of the trophic aquatic network. Such an integrative approach is crucial for the development of management strategies that consider cultivated lands and aquatic systems as a continuum rather than separate compartments. SAV restoration is thus a critical feature contributing to water depuration and promoting the recovery of fish populations threatened by habitat degradation.
Article
Le lac Saint-Pierre, qui contient la plus vaste plaine d’inondation du fleuve Saint-Laurent, procure d’importants habitats pour la faune durant la crue printanière. Les terres agricoles cultivées dans sa plaine inondable sont dominées par des cultures de maïs et de soya, qui ont engendré des pertes d’habitat et contribué au déclin de la perchaude ( Perca flavescens ) et du grand brochet ( Esox lucius ). Afin d’améliorer les pratiques agricoles en bordure du lac Saint-Pierre, la présente étude visait à caractériser le couvert végétal utilisé par ces 2 espèces pour la fraie et à identifier la période de fauche des prairies cultivées permettant de recréer les caractéristiques propices à leur reproduction. Les sites de ponte étaient composés majoritairement d’alpiste roseau ( Phalaris arundinacea ) et d’autres plantes herbacées dressées au port rigide. Un modèle conçu pour estimer la probabilité de trouver des oeufs au printemps affichait des valeurs de 50 à 95 % lorsque la hauteur de la végétation se situait entre 50 et 90 cm l’automne précédent. L’aménagement de prairies naturelles ou cultivées de façon extensive, à raison d’une récolte réalisée entre la mi-juillet et la fin-juillet, produirait des habitats pour la perchaude et pour le grand brochet tout en protégeant la nidification des oiseaux champêtres. La présente étude suggère qu’avec des usages plus extensifs, une conciliation entre les besoins de la faune et une exploitation agricole de la plaine inondable du lac Saint-Pierre est possible.
Article
The Lake Saint-Pierre (LSP) is a wide (≈300 km²) and shallow (≈3 m) lake created through a widening of the St. Lawrence River. Each spring, freshet makes it the largest floodplain in the province of Quebec. Agricultural practices in the littoral increase the water turbidity, which deteriorate the habitat’s quality of many fish species. However, measuring spatio-temporal turbidity patterns in the LSP floodplain remain difficult because turbidity is highly variable in space and time. This study aims to evaluate the potential to use an Unmanned Aerial Vehicle (UAV) to measure the water turbidity in the LSP’s floodplain. The results show that the UAV can efficiently measure the variation of turbidity in the LSP with a RMSE of 28.22 FNU. We also compared the turbidity retrieved from UAV with those retrieved from Sentinel-2 observations. The results show that the two models are comparable, even if Sentinel-2 yields better results. However, challenges remain when using UAV for turbidity monitoring, such as software limitations for mosaics creation over large water bodies. Nevertheless, the high spatial and temporal information can provide insights into the complex water turbidity patterns which characterize floodplains. The method could help land use management to improve the water quality of these ecosystems.
Technical Report
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Le Service canadien de la faune (SCF) d’Environnement Canada, région du Québec, a réalisé un projet pilote afin de développer et de tester une méthodologie permettant de déterminer les sites prioritaires pour la conservation des oiseaux migrateurs à l’échelle de la région de conservation des oiseaux (RCO) 13 située dans l’écozone des Plaines à forêts mixtes. L’approche utilisée est basée sur l’écologie du paysage et permet de coupler les besoins réels en matière d’habitat des espèces prioritaires à une analyse fine de la composition et de la répartition spatiale des habitats. Ceci permet donc d’avoir une vision plus intégratrice et à plus grande échelle du territoire au lieu de cibler la protection de sites déjà connus comme importants pour les oiseaux (approche par « hot spot » traditionnellement utilisée en conservation). Un modèle logique, qui illustre les étapes nécessaires à la réalisation d’un plan de conservation selon cette approche paysage, a été développé et testé. La région du lac Saint-Pierre (incluse dans la RCO 13) a été choisie comme aire d’étude. Le but du projet était de déterminer la structure actuelle et potentielle du paysage dans le but de maintenir et de rétablir des habitats fonctionnels et viables pour les espèces considérées comme prioritaires pour ce projet. Au total, 48 espèces présentant des enjeux de conservation identifiées dans le plan de conservation de la RCO 13 ont été retenues, incluant les espèces en péril pour lesquelles des habitats essentiels sont proposés ou désignés. Ces enjeux sont presque tous associés à la disponibilité des habitats de nidification. Une carte d’occupation du sol a été réalisée et validée. Au total, sept classes générales (anthropique, arbustif, culture annuelle, culture pérenne, eau, forestier, milieu humide) et 21 classes détaillées d’occupation du sol ont été retenues. Les données sur les aires protégées et sur les espèces en péril présentes dans l’aire d’étude ont aussi été compilées et utilisées. L’analyse réalisée à l’aide des logiciels ArcGIS et FRAGSTATS se divise en deux grands volets : 1- l’analyse descriptive et 2- la fonctionnalité du paysage. Cette analyse a été réalisée à l’échelle de l’aire d’étude, ainsi qu’à celle des MRC et des bassins versants. Ces deux derniers découpages spatiaux ont été retenus car ils facilitent la mise en oeuvre des recommandations de conservation en les intégrant au processus usuel de planification du territoire au Québec. L’aire d’étude est largement dominée par l’agriculture : les cultures annuelles et pérennes couvrent respectivement 31 % et 20 % du territoire. Suivent les milieux forestiers (24 %), les zones d’eau libre (10 %), les milieux humides (10 %), les milieux anthropiques (4 %) et les milieux arbustifs, qui ne couvrent que 1 % du territoire. Une analyse détaillée a aussi permis de localiser les secteurs de l’aire d’étude où la fragmentation forestière est réduite et où se situent les habitats forestiers d’intérieur. La fonctionnalité du paysage a été analysée en comparant la composition du paysage à des seuils de référence connus, en déterminant des corridors de déplacement potentiels pour les oiseaux forestiers et en évaluant la disponibilité de certaines classes d’habitats prioritaires. Les seuils de référence utilisés ont été extraits du document Quand l’habitat est-il suffisant? et ciblaient les habitats forestiers, les milieux humides et les bandes riveraines. Les habitats forestiers sont sous-représentés dans l’aire d’étude, bien que les habitats forestiers d’intérieur qui s’y trouvent permettent de soutenir des populations d’oiseaux forestiers. Les milieux humides sont abondants autour du lac Saint-Pierre, mais leur présence est limitée ailleurs sur le territoire. De plus, l’intégrité de ces habitats est menacée puisque les milieux adjacents sont fortement anthropisés. On observe la même situation pour les bandes riveraines. Des corridors de déplacement pour les oiseaux forestiers visant à relier les massifs forestiers > 1000 ha ont été déterminés à l’aide du logiciel Corridor Designer. Quatorze corridors ont été retenus en fonction de critères préétablis (largeur > 300 m, distance entre les boisés < 200 m). Enfin, les habitats prioritaires de nidification ont été déterminés en appliquant les principes de filtre grossier et de filtre fin. Des centaines de parcelles d’habitat occupant des superficies minimales requises pour combler les besoins des espèces prioritaires (filtre grossier) ont ainsi été sélectionnées dans toute l’aire d’étude et pour différentes classes de milieux (forêt > 100 ha, culture pérenne > 40 ha, milieu arbustif > 5 ha, marais > 5 ha, marécage arbustif > 5 ha, tourbière > 20 ha). Toutes les parcelles de marécage arboré et de prairie humide ont été considérées comme prioritaires puisqu’aucun seuil de superficie minimale n’est connu pour ces classes d’habitat. Une priorisation des meilleures parcelles de chacune des classes d’habitat a ensuite été faite à l’aide d’une série de critères portant sur leur importance pour l’établissement et le maintien de populations d’oiseaux nicheurs (ex., forme des parcelles; % d’habitat d’intérieur) ou sur leur rôle écologique dans le paysage (ex., mise en place de zone tampon autour des aires protégées; présence d’espèces en péril). Finalement, d’autres composantes d’habitats recherchées par certaines espèces (filtre fin) ont été localisées sur le territoire d’étude comme des sablières et des sols dénudés en milieu forestier. Un diagnostic sur la capacité du paysage à procurer des habitats fonctionnels aux espèces d’oiseaux prioritaires a ensuite été réalisé. Parmi les lacunes relevées, on note la faible superficie occupée par les friches arbustives (1 %), le manque de couverture forestière (inférieur au seuil de 30 % établi), la répartition inadéquate des milieux humides (peu présents en dehors de la région immédiate du lac Saint-Pierre), une forte perturbation des bandes riveraines adjacentes aux cours d’eau, ainsi que des corridors forestiers qui répondent peu aux critères de sélection. Un plan de conservation des habitats de nidification des oiseaux migrateurs et des espèces en péril a été développé qui tient compte de la description et de l’analyse de la fonctionnalité du paysage, de même que des enjeux de développement régional. Ce plan de conservation propose des actions de conservation qui sont détaillées à l’échelle des MRC et des bassins versants : la priorisation de parcelles d’habitats avec référence spatiale (habitats d’espèces d’oiseaux en péril, parcelles du filtre grossier et du filtre fin, corridors forestiers), la protection de composantes d’habitat sans référence spatiale (ex., chicots de grand diamètre, nichoirs à Hirondelle noire) et les éléments du paysage à considérer pour le maintien de processus écologiques (ex., bandes riveraines végétées). Une validation est toutefois nécessaire car les données relatives à certains habitats peuvent dater de plusieurs années. Des pistes et des propositions pour la mise en oeuvre du plan de conservation sont aussi présentées. Enfin, un bilan général du projet soulève les différents avantages et certains inconvénients de l’approche paysage retenue et met en lumière certaines problématiques rencontrées. Diverses recommandations sont proposées permettant d’appliquer la méthode d’analyse utilisée afin de favoriser l’arrimage des outils existants et la concertation des intervenants impliqués dans l’aménagement du territoire.
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La perchaude (Perca flavescens) du lac Saint-Pierre a connu un declin majeur a partir du milieu des annees 1990. La situation est devenue si critique que le gouvernement du Quebec a decrete, en 2012, un moratoire de 5 ans sur les peches commerciale et sportive. Si la peche a contribue a cet effondrement, la perchaude a aussi souffert de la deterioration de ses habitats depuis les annees 1950. L’analyse de l’utilisation du sol a partir de photographies aeriennes, couplee a la modelisation des meilleurs habitats de reproduction dans la zone littorale, indique que 5 000 ha d’habitats printaniers ont ete degrades par plusieurs activites anthropiques. La disparition d’herbiers et la proliferation de cyanobacteries benthiques dans les zones de croissance des jeunes perchaudes, la diminution de la connectivite entre le lac et la zone littorale, l’implantation d’especes exotiques, l’arrivee d’un nouveau predateur aviaire et aussi le climat ont contribue a l’echec du recrutement et au declin de la perchaude. Les constats de deterioration du lac Saint-Pierre indiquent que la situation ne s’ameliorera que lorsque les especes pourront se reproduire et se developper dans un milieu sain, ce qui necessitera la restauration d’habitats, ainsi que l’amelioration de la qualite de l’eau et de la connectivite entre le lac et la zone littorale.
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Les habitats fauniques du sud du Québec ont connu des changements majeurs au cours des dernières décennies. Toutefois, les patrons de changements des petits habitats fauniques survenus sur ce vaste territoire n’ont jamais été caractérisés. Afin de documenter ces changements, six placettes de 5 x 5 km ont été sélectionnées dans six paysages de différentes intensités agricoles dans l’écorégion des Basses terres du fleuve Saint-Laurent (pour un total de 36 parcelles, soit 900 km2) pour lesquelles des photographies aériennes datant de trois périodes (avant 1950, 1965 et 1997) ont été interprétées. La superficie des différents types d’habitats (milieux anthropiques, cultures annuelles, pérennes et spécialisées, forêts, friches, perturbations forestières, milieux humides, eau libre et milieux dénudés), leur configuration spatiale (taille, forme, fragmentation, dispersion, etc.) ainsi que la densité des éléments linéaires (routes, voies ferrées, lignes de transmission, haies arborées et arbustives, cours d’eau, fossés de drainage et bandes riveraines en milieu agricole) ont été quantifiées. Ces différentes variables ont été comparées entre les trois périodes et les six paysages à l’aide d’analyses pour mesures répétées, d’analyses d’ordination et de matrices de transition. Nos résultats indiquent que les principaux changements survenus dans les Basses terres du fleuve Saint-Laurent entre 1950, 1965 et 1997 étaient reliés au remplacement des cultures pérennes par les cultures annuelles dans les paysages dominés par l’agriculture, ainsi qu’au remplacement des friches par la forêt dans les paysages plus forestiers. La superficie des milieux anthropiques a augmenté dans l’ensemble des paysages au détriment des cultures annuelles et pérennes, des forêts et des friches. Le degré de fragmentation des habitats forestiers est demeuré le même dans les paysages où l’intensité de l’agriculture était élevée alors que les boisés étaient moins fragmentés en 1997 que par le passé dans les paysagers agroforestiers en raison de la transformation des friches en forêts. En ce qui concerne les éléments linéaires, nous avons observé une augmentation marquée de la densité des routes, alors que la densité des cours d’eau et des fossés de drainage a diminué. La densité des haies arborées a d’abord diminué entre 1950 et 1965, mais a connu une hausse considérable par la suite. Enfin, les bandes riveraines en milieu agricole sont demeurées essentiellement de type herbacé. Les différents résultats sont mis en contexte en fonction de la situation de l’agriculture au Québec. Les impacts possibles des changements observés sur la conservation de la biodiversité, de même que les changements susceptibles de survenir dans l’avenir, sont également abordés.
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Taking into consideration ecological aspects in land management requires an understanding of the processes and dynamics that create landscapes. To achieve this understanding demands that landscapes be studied as a biophysical and social reality, and that phenomena be analyzed within a historical perspective. Based on the research of a multidisciplinary team over the last 25years, this paper proposes to reconstitute the landscape of Godmanchester (Quebec, Canada) from the pre-colonial period (1785) to today (2005). Using various methods and sources of data, seven stages of evolution were identified: (1) the pre-colonial period, (2) the first settlements, (3) the first agricultural developments, (4) the maximum development of agricultural activities, (5) the concentration of agricultural activities, (6) the intensification of agricultural activities, and (7) the importance of new amenities. First, these results allowed us to identify three sets of fundamental factors that are necessary to understanding the landscape changes, the geomorphological characteristics, the socio-economic demands, and the technological transformations. Second, the results highlight the key elements and the perspectives that are appropriate to their comprehension, in order to be able to direct the future evolution of the landscapes. This requires that transformations be analyzed from mid-term to long-term perspectives, that the consequences of the changes, as well as the opportunities that they generate, are well understood, and finally that relationships be drawn between the biophysical, anthropic, and technological factors responsible for these transformations. This paper concludes with the idea that the creation of landscapes occurs through actions brought about by social demands and by the adjustment of technologies according to the biophysical characteristics of the territories.
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Les activités humaines ont profondément transformé le paysage du sud du Québec. Afin de documenter les changements survenus récemment, deux cartographies de l’occupation du sol du sud de la province, produites à partir d’images satellites acquises vers 1993 et vers 2001, ont été comparées. Les changements les plus importants observés dans l’écorégion des Basses terres du fleuve Saint-Laurent étaient reliés à l’augmentation de la superficie des cultures annuelles (comme le maïs ou le soya) au détriment des cultures pérennes (fourrages, pâturages). Ces changements étaient particulièrement importants dans les régions de Lanaudière, des Laurentides, de la Montérégie et du Centre-du-Québec, et étaient associés à une expansion vers l’est des paysages d’agriculture intensive. Parallèlement, la superficie du couvert forestier a diminué alors que l’urbanisation s’est accentuée. Dans l’écorégion des Appalaches, on a observé un enrésinement de la forêt mélangée, surtout dans la partie est de la zone d’étude. Tous ces changements peuvent avoir des implications pour la conservation de la biodiversité dans les paysages agricoles du sud du Québec et démontrent l’urgence de mettre en place et de consolider des mesures de conservation afin de contrer les pertes d’habitats naturels.
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Afin de documenter les changements survenus de 1950 à 1997 dans les paysages et les habitats du sud du Québec, des photos aériennes à haute résolution ont été comparées entre les périodes 1950, 1965 et 1997. Les principaux changements survenus dans la portion québécoise de l’écorégion des Basses terres du fleuve Saint-Laurent pour cette période étaient reliés au remplacement des cultures pérennes par les cultures annuelles dans les paysages dominés par l’agriculture ainsi qu’au remplacement des friches par la forêt dans les paysages forestiers. La superficie des milieux anthropiques a pour sa part augmenté dans l’ensemble des paysages. Le degré de fragmentation des habitats forestiers est demeuré le même dans les paysages à dominance agricole et a diminué dans les paysages agroforestiers en raison de la transformation des friches en forêts. Bien que les bandes riveraines soient majoritairement demeurées de nature herbacée, la densité des bandes riveraines arborées a augmenté alors que celle des bandes riveraines arbustives est demeurée stable. Une augmentation de la densité des routes et des haies arborées a également été observée, alors que celle des cours d’eau a diminué durant la période examinée. Nous discutons des facteurs responsables des changements observés ainsi que des impacts possibles sur la biodiversité.
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Although the American black duck (Anas rubripes) has been designated a priority species in eastern North America, no systematic survey has been done in the agricultural lowlands of southern Québec, where the species is suspected to be relatively abundant and cohabits with the mallard (Anas platyrhynchos), often considered as a competing species. During the spring of 1998 and 1999, we surveyed breeding waterfowl in 343 4-km2 plots distributed in the lowlands of the St. Lawrence Valley and Lac-Saint-Jean, Canada, and in agricultural areas of Abitibi-Témiscamingue, Canada. American black duck densities were higher in dairy farm and forested landscapes (>39 indicated breeding pairs [IBPs]/100 km2) than in cropland landscapes (8 IBPs/100 km2). Mallard densities were similar across all landscape types (30–43 IBPs/100 km2). Habitat modeling using data derived from satellite imagery indicated that the presence of black ducks decreased with increasing areas of corn, ploughed fields, and deciduous forests, whereas it was favored in areas where topography was undulating with slopes of 10–15%. The same parameters had the opposite effect on mallard presence. The odds of black ducks being present were doubled where mallards were present, indicating that both species seem to be attracted to areas supporting adequate habitats, which contradicts the hypothesis of competition between these 2 species to explain for recent declines in the black duck population. Results of our habitat analyses support the hypothesis that habitat changes may be a primary factor leading to these declines. Dairy farm landscapes are of great importance for black ducks, and the conversion of this type of landscape toward a cropland landscape represents a threat to an important portion of the population of this species.
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Changes in the populations of 28 species of birds typical of farmland habitats were assessed using data from seven Breeding Bird Survey (BBS) routes surveyed in southern Quebec over the last 25 years. Aerial photographs taken in the 1960s and 1980s covering 82 stops along these routes were interpreted to evaluate changes in the rural landscape. Based on the crops grown at these stops in 1992, four types of agricultural landscapes were identified: cash crops, forage crops and pastureland, crops and livestock raising, and heterogeneous landscape. An intensive bird census of these stops in June 1992 showed that species richness and abundance are greater at stops with a heterogeneous landscape than at those characterized mainly by cash crops. Cash crops (corn, wheat, soybean) now cover more surface area than in the 1960s, whereas numerous dairy farms have disappeared over the past 25 years because of abandonment, urbanization and industrialization. These changes in the crops grown in the most productive agricultural regions of Quebec appear to be responsible for fluctuations in populations of a number of farmland species in the St. Lawrence Lowland. Many species associated with dairy farming, such as the Savannah Sparrow, Bobolink, Brown-headed Cowbird and Eastern Meadowlark, show decreasing population abundance, while other species such as the Ring-billed Gull and Rock Dove appear to be benefiting from the introduction of intensive agriculture.