Depuis le début du vingtième siècle, le Maroc et l’ensemble des littoraux méditerranéens ont connu un processus spectaculaire de littoralisation, avec des pressions environnementales multiples dues essentiellement à une forte concentration humaine et une polarisation économique très poussée. Autant de signes de déséquilibres et de dégradations, par effet de surexploitation des ressources et des espaces. De là on aboutit à un état des lieux avec des problèmes complexes, une urbanisation linéaire, une bétonisation du cordon dunaire, une salinisation des nappes phréatiques et une érosion des plages et falaises. L’ensemble des écosystèmes côtiers sont déséquilibrés et de plus en plus pollués, avec des submersions marines et des inondations fluviales parfois graves.
Ces dernières années, cette tendance à la dégradation environnementale continue sans relâche, s’affirmant de plus en plus, sans signes visibles d’une régression à court ou à moyen terme.
Ainsi, le littoral atlantique marocain se présente sous une forme structurante du territoire national, subissant les effets négatifs des différents enjeux immobiliers et la confrontation des acteurs aux intérêts multiples et contradictoires. Un espace où se concentrent des enjeux sociétaux et économiques majeurs, industriels, touristiques, agricoles et urbanistiques... Une biodiversité remarquable, faisant du littoral un défi majeur pour le développement durable de notre pays.
Dans le contexte des pressions anthropiques multiples et croissantes, la gestion du littoral reste encore sans grande efficacité, étant donné les lourds handicaps, les multiples intervenants et les fragmentations des politiques sectorielles.La surexploitation des ressources naturelles persistent, dans le cadre de l’économie rentière (occupation du domaine public maritime, carrières de sables, pêche…). Les contraintes politiques et économiques existantes ont jusqu’à présent empêché l’orientation vers une intégration et une gestion équilibrée du littoral.
La « loi Littoral », qui devrait normalement permettre d’établir une bonne gouvernance et un cadre juridique globale, rénové, avec des règles d’utilisation du littoral adaptées à la nouvelle organisation territoriale du pays, est toujours en projet depuis plusieurs années. Le littoral marocain inspire une forte inquiétude, liée surtout à l’absence d’une politique basée sur une stratégie nationale de gestion intégrée des zones côtières.
Dans ce contexte de forte pression démographique et économique, encadrée par une législation surannée, inadaptée et non dissuasive, il faut ajouter un autre élément de perturbation et d’évolution, à savoir le changement climatique. La publication du 5ème rapport de la GIEC, en novembre 2014, montre que les connaissances scientifiques ont suffisamment progressé pour que l’on puisse sans attendre commencer à intégrer la variable climatique dans la gestion du littoral. A partir de là, de nombreuses interrogations s’imposent :
Quels seront les impacts de l’élévation du niveau de la mer, de son acidification, de l’évolution du régime des houles, des vents et des précipitations sur les écosystèmes côtiers marocains et méditerranéens ?
Quelles seront alors les conséquences sur les zones urbanisées, les infrastructures et la qualité et la disponibilité des ressources en eau ?
Comment préparer dès aujourd’hui l’adaptation de nos sociétés à ces changements, et quels outils mobiliser pour mieux gérer et protéger ces territoires à risques?
Les catastrophes naturelles telles que les surcotes, comme celles ayant frappé la côte atlantique marocaine surtout entre Rabat, Casablanca et Safi en Janvier 2014, témoignent de la vulnérabilité des territoires littoraux et montrent que les déséquilibres actuels et les dégradations en cours risquent de s’aggraver, du fait de l’effet multiplicateur du changement climatique.
Des études de prospective sont nécessaires, à différentes échelles territoriales, spécifiques aux enjeux et aux risques induits par le changement climatique, doivent permettre de mieux comprendre les chaines d’impacts pour mieux s’adapter aux changements et réduire les risques éventuels. Ceci demande un croisement et une implication de différentes disciplines de recherche, le but de ce colloque international qui se tiendra à Marrakech entre le 28 et 29 octobre 2015, et qui permettra de nouer un dialogue entre les gestionnaires du littoral, les responsables des collectivités locales et les chercheurs de différentes universités méditerranéennes. Dans le contexte de cette problématique si riche et à multiples ramifications, le comité d’organisation propose aux participants quelques grands axes de recherche et de discussion majeurs, sous forme de communications ou de posters.
1- Géomorphologie des littoraux marocains et méditerranéens : dynamique actuelle et aspects du dysfonctionnement.
2- Gouvernance et gestion du littoral marocain : le projet de « loi littoral » et la stratégie nationale de la gestion intégrée du littoral.
3- Changement climatique et impacts pour les littoraux marocains et méditerranéens
4- Risques et vulnérabilité des territoires littoraux marocains et méditerranéens