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Evaluer ex ante l’impact d’une Indication Géographique ? De la difficulté d’appréhender des processus d’action collective et d’innovation au sein de systèmes complexes.

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Abstract

La question de l’évaluation ex ante de l’impact des IG, qui se pose dans de nombreux projets de développement, est complexe. La nécessaire capacité de mobilisation et d’action collective des acteurs économiques peut être évaluée, mais la concurrence des filières conventionnelles et le cumul d’objectifs au sein des IG peuvent la réduire. Des processus d’innovation sont conjointement nécessaires et assurés par une tension permanente entre gouvernance sectorielle et gouvernance territoriale, induisant une multiplicité de trajectoires d’évolution. Many development projects try to assess ex ante the Geographical Indications’ impact, which is a complex challenge. The economic actors’ involvement and collective action capacity is determining and may be estimated, but the competition with conventional supply chains and stakes’ multiplication within GI projects can reduce it. Innovation processes are jointly needed and allowed by a permanent tension between sectorial and territorial governances, leading to a multiplicity of evolution trajectories.
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Pré-print ©
Référence bibliographique :
Fournier S., 2015, Evaluer ex ante l’impact d’une indication géographique ? De la difficulté d’appréhender des
processus d’action collective et d’innovation au sein de systèmes complexes, Économies et Sociétés, Tome XLIX,
(8/2015), Série « Systèmes agroalimentaires », AG, N° 37,
Isméa Les Presses, Paris : pp. 1167 - 1184
http://www.ismea.org/ismea/ecoagri.html
L’évaluation ex ante de l’impact des IG
Évaluer ex ante l’impact d’une indication géographique ?
De la difficulté d’appréhender des processus d’action collective et d’innovation
au sein de systèmes complexes
To assess ex ante Geographical Indication impact?
The difficulty to grasp collective action and innovation processes
within complex systems
Stéphane Fournier
Montpellier SupAgro, UMR 0951 Innovation
La question de l’évaluation ex ante de l’impact des IG, qui se pose dans de nombreux projets
de développement, est complexe. La nécessaire capacité de mobilisation et d’action collective
des acteurs économiques peut être évaluée, mais la concurrence des filières conventionnelles
et le cumul d’objectifs au sein des IG peuvent la réduire. Des processus d’innovation sont
conjointement nécessaires et assurés par une tension permanente entre gouvernance
sectorielle et gouvernance territoriale, induisant une multiplicité de trajectoires d’évolution.
Many development projects try to assess ex ante the Geographical Indications’ impact which
is a complex challenge. The economic actors’ involvement and collective action capacity is
determining and may be estimated, but the competition with conventional supply chains and
stakes’ multiplication within GI projects can reduce it. Innovation processes are jointly
needed and allowed by a permanent tension between sectorial and territorial governances,
leading to a multiplicity of evolution trajectories.
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Introduction
La protection des indications géographiques (IG), droit de propriété intellectuelle reconnu par
l’OMC à partir de 1995, a connu depuis un essor considérable dans les pays du Sud.
L’harmonisation de la législation européenne en 1992 avait également accéléré les procédures
d’enregistrement d’appellations d’origine protégées (AOP) et d’indications géographiques
protégées (IGP) au sein de l’Union européenne [Chever (2013)].
Ce nombre croissant d’IG enregistrées provient d’actions de quelques producteurs « leaders »
connaissant les avantages qu’offre la protection d’une IG, mais aussi, bien souvent,
d’organismes d’appui désireux de renforcer des processus de développement de filières ou de
territoires. Pour ces organismes d’appui se pose donc assez systématiquement la question du
choix des produits locaux qu’il est « intéressant » d’enregistrer comme IG. La définition assez
large qui prévaut au niveau mondial rend possible l’enregistrement de produits dès lors
« [qu’] une qualité déterminée, la réputation ou une autre propriété peut être attribuée
essentiellement à son origine géographique » et que l’une des phases de production,
transformation, élaboration a lieu dans l’aire déterminée (cf. définition des IG dans les ADPIC
de l’OMC) ; l’éventail des possibles est donc assez large. Sélectionner les produits d’origine,
et les systèmes de production associés pour lesquels la protection de la dénomination
géographique aura des retombées positives importantes est ainsi une question cruciale pour
les acteurs qui cherchent à promouvoir les IG. La littérature scientifique sur le sujet est en
effet maintenant des plus claires sur la non-automaticité de l’impact positif des IG sur les
dimensions économique, sociale et environnementale [Vandecandelaere et al. (2009)].
Les IG sont des constructions sociales à l’intérieur desquelles des jeux d’acteurs induisent des
trajectoires de développement fort diversifiées. Une posture déterministe cherchant à
identifier exhaustivement les conditions qui doivent être réunies pour assurer cet impact
positif d’une IG n’est pas possible. Pourtant, devant l’enjeu existant, différentes contributions
ont tenté d’identifier les facteurs clés du succès et de donner aux décideurs des grilles
d’analyse permettant de procéder à cette sélection des produits les plus aptes à bénéficier
d’une certification de leur origine [Barjolle et Vandecandelaere (2010) ; Vandecandelaere et
al. (2009) ; Barjolle et Sylvander (2002)]. Parmi d’autres facteurs (liés à la spécificité du
produit, à la pertinence de la stratégie marketing ou encore au rôle de l’État), ces contributions
insistent sur l’efficience de l’organisation collective, sur la capacité des acteurs à travailler
ensemble et à gérer collectivement la filière IG, comme facteur déterminant.
3
Cet article cherche à approfondir cette question de l’analyse ex ante de l’impact d’une IG. La
thèse défendue, en accord avec les contributions précédemment citées, est que l’efficience de
l’organisation collective est un facteur clé. Le dispositif organisationnel doit être enclin à
favoriser des dynamiques d’action collective qui, si elles sont bien souvent notées dans la
littérature scientifique sur les IG, doivent avoir une ampleur que cette littérature a tendance à
sous-estimer. Cette ampleur apparaît dès lors que l’on considère les différents schémas de
développement des IG et la confrontation du « modèle IG » avec d’autres modèles de
production et d’échange au sein des filières. Une capacité d’action collective, aussi forte soit-
elle, ne garantit cependant pas le succès d’une IG qui repose également sur la construction
d’un système d’innovation performant. L’évaluation ex ante de l’impact des IG apparaît ainsi
dans toute sa complexité.
Cet article se base sur des études réalisées en Indonésie entre 2006 et 2012, comprenant des
entretiens semi-directifs avec l’ensemble des catégories d’acteurs impliqués et menées dans le
cadre de deux projets de recherche-action (présentés dans la partie 2). Une présence sur le
terrain lors des différentes étapes des projets de mise en place des IG présentés et
l’encadrement de stages d’étudiants de niveau Master ont permis une analyse approfondie des
trajectoires d’évolution.
Dans une première partie, nous analyserons les processus d’action collective et la
coordination des producteurs pour en montrer l’importance aux différentes étapes de la
construction et de la mise en œuvre des IG, en considérant différentes finalités possibles pour
le signe de qualité. La deuxième partie tirera des enseignements à partir de trois brèves études
de cas. La discussion de ces résultats sera faite dans la troisième partie, avant une conclusion
générale.
1 L’action collective et la coordination des acteurs économiques aux différentes étapes
de la construction et de la mise en œuvre des indications géographiques
Le développement des indications géographiques, initié en France grâce à une première loi en
1905, a permis à de nombreux produits de terroir de bénéficier d’une protection juridique. Le
modèle idéal-typique de développement est maintenant bien connu et analysé [Bérard et
Marchenay (2004)]. La nécessité d’une forte coopération entre acteurs économiques est
fréquemment soulignée [Torre (2003) ; Perrier-Cornet et Sylvander (2000)]. Il importe
cependant de bien distinguer entre deux cas de figure pour mesurer les enjeux liés à la
construction de la capacité d’action collective en fonction de la situation initiale dans laquelle
se trouve le système de production et de l’objectif de la mise en place de l’IG.
4
1.1 Construction d’une IG sur la base d’une réputation préalable
Schématiquement, le succès d’une IG de ce type repose sur le processus suivant : une
communauté de producteurs, inscrite dans un terroir [au sens de Casabianca et al. (2011)]),
développe sur le temps long des pratiques culturales ou post-récolte permettant la mise au
point d’un produit typique, de qualité spécifique. S’ensuit la création d’une réputation et
d’une rente de qualité territoriale qui vient compenser les surcoûts de production [Mollard
(2001)]. Le produit de terroir et les savoir-faire locaux qui y sont associés deviennent une
ressource commune pour les membres de cette communauté. L’action collective s’organise
afin de gérer cette ressource commune qui se « patrimonialise » ; la qualité spécifique, et la
réputation qui en découlent, se maintiennent.
La rente de qualité territoriale dont bénéficie le produit peut amener d’autres producteurs à
usurper le nom du produit d’origine. Ces usurpations sont à même de faire disparaître la
rente : dans un contexte d’asymétrie d’informations à l’incapacité des consommateurs à
évaluer la qualité / typicité du produit, les « mauvais produits peuvent chasser les bons »
[Akerlof (1970)]. Le consentement à payer des consommateurs ayant acheté, ne serait-ce
qu’une seule fois, un faux produit se réduit fortement.
Les producteurs de produits de terroir peuvent alors enclencher une démarche de protection
de leur produit par une IG. L’enregistrement de celle-ci a pour but de reconstruire, maintenir,
voire renforcer la rente de qualité territoriale, en donnant aux producteurs le moyen de lutter
contre les usurpations et en apportant aux consommateurs des garanties supplémentaires sur le
mode de production.
Ce schéma théorique repose sur une forte capacité d’action collective : la qualité spécifique
est initialement une construction collective [Casabianca et al. (2011)], la construction de l’IG
et de son cahier des charges est un processus collectif ; enfin, la forte coordination des
producteurs permet d’éviter les phénomènes de free riding amenés à survenir dans pareille
situation [Torre (2003)].
La coordination et l’action collective sont cependant induites par la nécessité qu’ont les
producteurs de faire face collectivement à une contrainte commune, les usurpations. Celles-ci
menacent la viabilité de l’ensemble des unités de production et aucun producteur n’a les
moyens de lutter seul contre elles. La construction, nécessairement collective, d’une IG est le
seul moyen de faire face.
5
1.2 Construction d’une IG sans réputation préalable
Différentes finalités sont possiblement visées lors de la mise en place d’une IG comme cela a
déjà été relevé [Barjolle et Vandecandelaere (2010) ; Sylvander et al. (2006)]. Nous voudrions
ici analyser l’objectif de différenciation. Dans un contexte la concurrence devient globale
et la standardisation des produits de plus en plus forte, les producteurs et/ou les organismes
d’appui sont de plus en plus souvent tentés, dans les pays du Nord comme dans les pays du
Sud, d’utiliser les IG comme decommodifier [Galtier et al. (2013), p. 597] pour faire sortir le
produit du statut de commodity et faire reconnaître ses qualités spécifiques. L’IG est dans ce
cas utilisée pour créer une différenciation (et non pour lutter contre des usurpations). Cela est
parfaitement en conformité avec la définition relativement englobante des IG existant au
niveau international (cf. supra). Les consommateurs semblent sensibles à la présence d’un
signe de qualité territoriale sur un produit alimentaire, même s’ils ne connaissent pas la
spécificité associée à cette origine géographique spécifique [Teuber (2010) ; Verbeke et
Roosen (2009)].
Le schéma théorique permettant le succès de ce cas de figure est le suivant : des producteurs
sont localisés dans un même espace au sein duquel la construction territoriale est à un stade
bien moins avancé que dans le cas précédent. Leur produit local a des potentialités de
spécification, mais pas de réputation et de rente de qualité territoriale associée. Une certaine
hétérogénéité des techniques peut également être observée. Dans ce contexte, des acteurs
peuvent proposer une démarche collective de valorisation du produit local, en le différenciant
de ses concurrents grâce à une IG. Une fois l’IG construite, les producteurs certifient leurs
produits, et les fonds que cela procure à l’organisme de défense et de gestion (ODG) de l’IG
lui permettent de promouvoir le produit grâce à des campagnes de communication. Le
renforcement de cette réputation doit inciter les producteurs à adhérer à l’IG et à certifier leurs
produits en nombre croissant, ce qui renforcera les moyens dont dispose l’ODG, et la
réputation du produit… Plus l’IG devient intéressante, plus elle sera adoptée par les
producteurs, ce qui la rendra présente sur différents marchés.
Ce schéma repose sur une forte capacité d’action collective, qui doit quasiment être créée ex
nihilo. Au fur et à mesure des échanges, une confiance doit s’établir, pour permettre de
construire l’IG, mais surtout de franchir collectivement le pas de la certification une fois l’IG
créée. Il s’agit là en effet de la principale difficulté de ce schéma : le produit d’origine n’étant
pas connu sur les marchés, la certification de cette origine n’est pas demandée par les
6
acheteurs. Pour créer cette demande, les producteurs doivent faire parvenir sur les marchés
une quantité importante de produits certifiés, voire ne vendre que des produits certifiés. Ce
qui signifie qu’ils doivent au démarrage assumer un coût de certification qu’aucune rente de
qualité ne vient compenser. Dans pareille situation, l’intérêt individuel de chaque producteur
est bien d’attendre que les efforts des autres producteurs créent la réputation et la demande,
avant de lui-même certifier sa production.
En cas d’absence de coordination suffisamment forte entre les producteurs, de garanties sur la
réciprocité des engagements, l’IG peut tomber dans ce que l’on peut appeler une trappe de
sous-utilisation : sans certification de produits, il n’y a pas d’offre de produits d’origine
certifiés et pas de moyens pour l’ODG pour communiquer sur la qualité spécifique du
produit ; la réputation de l’origine du produit ne se renforce pas, la demande non plus, ce qui
n’incite pas les producteurs à certifier leurs produits…
L’IG peut aussi une fois créée ne s’avérer intéressante que pour certains types d’acteurs, et se
maintenir à un faible niveau d’utilisation [Belletti et al. (2014)].
1.3 Quels indicateurs pour « prévoir » la capacité d’action collective ?
Dans les deux cas de figure présentés, une capacité de coordination et d’action collective des
producteurs est donc éminemment nécessaire. La ressource considérée ici est la réputation de
l’IG [Torre (2003)] et les acteurs sont dans une situation il s’agit de la préserver (dans le
premier cas) ou de la construire (dans le second), ce qui ne peut se faire que collectivement
dans les deux cas. Quels facteurs peuvent renforcer cette capacité d’action collective ?
Comment l’évaluer ex ante ?
Les travaux d’Ostrom peuvent utilement être mobilisés pour tenter de répondre à cette
question. L’action collective est considérée comme un processus non automatique,
potentiellement bloqué par des stratégies individualistes, mais possible de par la capacité des
acteurs à construire des règles permettant leur investissement collectif. Ces travaux attirent
l’attention sur la nécessité d’instances de dialogue et de concertation, ainsi que sur la nature
du dispositif institutionnel (et dispositif de sanctions associé). D’autres indicateurs peuvent
être identifiés en considérant certaines caractéristiques du système d’acteurs, qui peuvent
faciliter l’action collective (homogénéité des actifs et de la dépendance à la ressource des
acteurs, horizon temporel long) [Ostrom (2010)].
À l’instar d’autres travaux, le guide produit par la FAO pour « identifier les produits de
qualité liée à l’origine et leurs potentiels » s’inspire pour l’évaluation ex ante de
l’organisation collective du cadre théorique d’Ostrom. Il se fonde ainsi sur la préexistence
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d’interactions entre les acteurs locaux, la diversité des types d’acteurs impliqués et les modes
de gouvernance pour estimer ex ante leur motivation et leur capacité de mobilisation [Barjolle
et Vandecandelaere (2010), p. 11]. Une attention particulière est portée à l’homogénéité des
pratiques de production et post-récolte et des unités de production et à la convergence des
intérêts des agriculteurs et des transformateurs [ibid., p. 41], ce qui permet d’appréhender
l’homogénéité de la dépendance par rapport à la « ressource IG ».
D’autres contributions soulignent l’importance de la présence d’un acteur leader capable
d’initier et d’organiser le processus d’action collective [Carpenter et Petzold (2010) ; Barjolle
et Sylvander (2002)].
2 Quelques enseignements tirés d’études de cas en Indonésie
Cette partie étudie différents projets de mise en place d’IG en Indonésie. Dans tous ces cas, il
s’est agi pour des projets de développement de sélectionner les produits pour lesquels la
protection de l’IG serait susceptible d’avoir un impact important. Nous verrons les éléments
qui ont retenu l’attention des porteurs de ces projets lors de l’évaluation ex ante, puis le
processus de construction de l’IG et ses résultats (en termes de bilan post-enregistrement pour
le premier cas ou de scénarios à l’étude pour les deux autres).
2.1 L’IG café de Kintamani-Bali
Lorsqu’en 2001 le gouvernement indonésien fait part de son intention de se doter d’une
réglementation sur la protection des indications géographiques, la décision est prise de
conduire un projet-pilote, épaulé par des équipes de recherche indonésienne (ICCRI1) et
françaises (CIRAD2 et INAO3). Le café arabica de Kintamani, dans la province de Bali, est
sélectionné et des actions de recherche-développement sont menées de 2001 à 2008, date de
son enregistrement en tant qu’IG.
« Points forts » préalablement identifiés : Le café de Kintamani Bali ne dispose d’aucune
réputation spécifique sur les marchés nationaux ou internationaux. Les technologues français
et indonésiens identifient cependant le « potentiel qualitatif » de la petite production d’arabica
lavé (i.e. transformé par voie humide4) existant sur les montagnes de Kintamani. Celle-ci a été
1 Indonesian Coffee and Cocoa Research Institute
2 Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement
3 Institut national de la qualité et de l’origine
4 Elle se distingue de la transformation par voie sèche par l’introduction d’un dépulpage et d’une fermentation
des cerises de café avant le séchage.
8
développée au cours des 10 dernières années par le gouvernement provincial (introduction de
nouvelles variétés, distribution de matériel pour la transformation, renforcement des Subak
Abian, coopératives de transformation au niveau villageois. Le marché des « cafés d’origine »
étant florissant, un projet de développement d’une IG apparaît réaliste, l’image associée à l’île
de Bali (destination touristique prisée) constituant un potentiel intéressant. Le dispositif
organisationnel préalablement existant et récemment renforcé, pouvant servir de base à la
construction d’une IG, constitue enfin un atout supplémentaire.
Impacts attendus : Le but à travers la mise en place de l’IG est de développer la
transformation par voie humide dans l’ensemble de la zone et de construire la réputation du
café de Kintamani Bali.
Construction de l’IG : La construction de l’IG est principalement portée par les centres de
recherche indonésiens et français et le gouvernement indonésien, mais les producteurs ont
rapidement adhéré au projet. Les chefs des Subak Abian approuvent le projet d’une IG qui,
grâce à une amélioration des pratiques agricoles et post-récolte, ferait entrer la production
locale de café dans le monde des specialty coffees. Ils font le choix d’une zone relativement
inclusive, regroupant l’ensemble des producteurs d’arabica de Kintamani, pour des raisons de
solidarité territoriale et dans le souci de construire un dispositif économiquement solide.
[Durand (2009)].
Bilan : L’IG est enregistrée en 2008, mais n’est pas immédiatement suivie de demande de
certification. Les producteurs préfèrent ne pas prendre de risques et conserver leurs débouchés
habituels (qui disparaîtraient éventuellement si les producteurs faisaient défaut). Année après
année, quelques (petits) débouchés apparaissent cependant pour du café arabica lavé IG
Kintamani Bali. Des innovations institutionnelles sont progressivement développées afin d’y
répondre : partage implicite de ces marchés rémunérateurs tout d’abord, structuration ensuite
d’une coopérative. Si les filières conventionnelles absorbent encore la grande majorité du café
potentiellement certifié, la montée en puissance de l’IG pourrait se faire sur les prochaines
années.
9
2.2 Un projet d’IG sur le milkfish de Sidoarjo
Dans le cadre d’un projet de coopération entre l’Indonésie et la Suisse5, le milkfish (ou chano),
poisson élevé dans la région de Sidoarjo (à l’est de Java) depuis plus d’un siècle, a été retenu
parmi les produits que le projet allait ensuite appuyer durant une période de quatre ans.
« Points forts » préalablement identifiés : Cette production locale de poisson bénéficie d’une
certaine réputation à l’échelle régionale et nationale. Le milkfish est, à Sidoarjo, nourri
presque exclusivement avec le plancton naturellement présent dans l’eau des étangs d’élevage
et ainsi n’a pas ce goût de farine de poisson qu’ont les poissons d’élevage nourris
artificiellement. Des savoir-faire locaux de transformation (fumage principalement)
permettent une consommation locale et nationale.
Le dispositif organisationnel, qui comprend des coopératives et un « forum de
communication » institutionnalisé entre celles-ci, le gouvernement local, les commerçants et
les transformateurs (le FKMT, créé en 1988) apparaît également comme susceptible de porter
le processus de construction de l’IG.
Impacts attendus : L’importante activité de pisciculture locale manque de débouchés
rémunérateurs. Près de la moitié de la production locale part vers des usines de traitement
frigorifique qui destinent les poissons à une transformation agro-industrielle ou à
l’alimentation d’autres poissons d’élevage (thons principalement) en Asie du Sud.
Construction de l’IG : Celle-ci s’est faite sous la forte influence des services de l’État qui ont
en Indonésie une vision souvent très productiviste de l’agriculture et de l’élevage. Ceux-ci ont
voulu concilier les objectifs de l’IG avec celui de la diffusion des techniques de pisciculture
intensive, basée sur une alimentation artificielle, et orientent donc les producteurs vers un
cahier des charges imposant ces techniques.
Bilan : L’IG n’est pas encore enregistrée, mais, si ce scénario s’impose, il pourrait susciter
une forte exclusion (à l’heure actuelle, seuls 12% des producteurs pratiquent cette pisciculture
intensive). Il faudra également que ce produit IG trouve sa place sur le marché, les
consommateurs appréciant le poisson de Sidoarjo du fait de sa typicité, que la pisciculture
intensive peut remettre en question [Jouen (2013)].
2.3 Un projet d’IG sur le sel d’Amed
Dans le cadre de ce même projet de coopération, la production de sel de la région d’Amed a
été retenue comme IG potentielle.
5 Le projet ISIP (Indonesian Swiss Intellectual Property) développe différentes activités en lien avec la propriété
intellectuelle sur la période 2011-2015, dont l’appui à quatre IG sélectionnées au démarrage du projet.
10
Points forts : La production de sel d’Amed repose sur des savoir-faire ancestraux. C’est un
véritable produit de terroir, sa spécificité venant du microclimat local (qui permet d’obtenir
une fleur de sel lors de l’évaporation), des matériaux locaux utilisés (sable et terre pour le
filtrage, troncs de cocotiers pour l’évaporation finale). Il est apprécié des consommateurs
locaux et bénéficie de la proximité de centres touristiques importants.
Impacts attendus : Cette proximité avec des centres touristiques représente une opportunité,
mais également une menace pour le sel d’Amed : des complexes hôteliers louent ou achètent
de plus en plus de plages, au détriment de l’espace disponible pour les producteurs de sel. Une
IG a été vue comme un moyen potentiel de préserver le patrimoine culturel que représente
cette production artisanale de sel en lui offrant une meilleure valorisation économique.
Construction de l’IG : À l’instar des deux cas précédents, celle-ci a été fortement orientée par
des agents gouvernementaux. Certains ont souhaité « améliorer » cette technique
traditionnelle, et tenté d’imposer l’utilisation de bâches plastiques au lieu des troncs de
cocotier jusqu’alors utilisés pour la phase d’évaporation. Des raisons politiques poussent
également à restreindre la zone traditionnelle de production de sel, en la définissant sur la
base de limites administratives.
Bilan : Cette IG n’est pas encore enregistrée et son cahier des charges n’est pas finalisé. Si ce
dernier intègre les préconisations techniques vues (bâches plastiques), notons que les
débouchés commerciaux devront être redéfinis : la valorisation du produit par les touristes
sera moindre, ces derniers n’associant probablement plus cette production de sel au
patrimoine culturel local. L’échelle réduite envisagée risque, de plus, de compromettre la
faisabilité économique de l’IG [Bresson (2013) ; Durand (2009)].
2.4 Synthèse des principaux résultats
Ces trois cas ont été sélectionnés par des projets de développement, car ceux-ci estimaient
ex ante que la mise en place d’une IG pourrait avoir des impacts intéressants. Il reste tout à
fait possible que cet impact soit réel dans les trois cas, il s’agit de processus toujours en cours
d’évolution. L’action collective et la coordination des acteurs locaux ne se sont cependant pas
pérennisées et n’ont pas assuré un impact immédiatement positif des IG.
2.4.1 Une forte capacité de mobilisation des acteurs, mais des circuits de commercialisation
routiniers qui remettent en question le projet d’IG
Les cas présentés ont été sélectionnés par les organismes de développement qui s’y sont
impliqués sur la base d’indicateurs issus du cadre de référence ostromien présenté plus haut
11
qui apparaissent validés : l’homogénéité des acteurs et de leur dépendance par rapport à la
ressource, l’existence préalable d’un cadre organisationnel et institutionnel ont permis la
mobilisation des acteurs au démarrage des projets. Cela s’est produit dans les deux cas de
figure présentés dans la partie 1 : le café de Kintamani-Bali et le milkfish de Sidoarjo sont
typiquement des situations dans lesquelles on a cherché à construire une différenciation du
produit à travers l’IG, alors que pour le sel d’Amed, un des objectifs est également de lutter
contre des usurpations.
Les deux premiers produits ne bénéficiant pas de réputation préalable ni de circuits
commerciaux valorisant l’origine, le développement de circuits « IG », qui doit donc se faire
aux dépens des circuits conventionnels, s’est heurté à la force de ces derniers et à leur capacité
de résilience. Le fait qu’ils représentent à tout moment une alternative fiable, un débouché
routinier pour les producteurs rend ces derniers moins à même d’investir collectivement dans
la construction de nouveaux réseaux de commercialisation qui valoriseraient l’IG, du moins
dans le cas du café de Kintamani Bali (l’IG milkfish de Sidoarjo n’étant pas encore
enregistrée). Cela demande un niveau de confiance et de garantie sur la réciprocité des
engagements qui se construit sur le temps long.
2.4.2 Des constructions d’IG qui font face à de multiples attentes et contraintes
Cette mobilisation initiale des producteurs dans les cas étudiés s’est également heurtée à la
complexité des attentes et stratégies des différentes parties prenantes. Dans les trois cas, les
acteurs publics, très interventionnistes et influents en Indonésie, ont souhaité cumuler les
objectifs de valorisation de l’origine propres aux IG avec ceux de « modernisation » de
l’agriculture. S’ensuivent des orientations du cahier des charges qui peuvent remettre en
question la typicité des produits (et conséquemment le succès de l’IG), susciter une exclusion
d’une partie des producteurs et finalement réduire la mobilisation des producteurs et leur
capacité d’appropriation du projet. Dans ces cas comme dans la plupart des IG, le cahier des
charges final est un compromis entre les attentes des différentes parties prenantes, qui reflète
les rapports de force.
La question de l’échelle s’avère également importante. Les initiateurs des projets IG peuvent
(au démarrage du projet) identifier une échelle pertinente à la fois au regard du terroir qui peut
garantir la typicité du produit et en considérant des aspects économiques (pertinence des
volumes potentiellement produits et certifiés au sein de la zone par rapport aux marchés, au
budget de l’ODG). Par la suite, il n’est pas rare, comme on l’a vu dans le premier et le
12
troisième cas, que des questions politiques interfèrent et amènent à considérer une zone
différente, ce choix étant susceptible d’avoir un effet sur l’impact de l’IG.
3 Discussion
Sur quelles bases est-il possible d’évaluer ex ante l’impact d’une IG ? L’analyse préalable,
nécessairement partielle, de la capacité d’action collective des acteurs locaux suffit-elle ?
L’analyse théorique et les résultats précédents amènent trois points de discussion.
3.1 La question du cahier des charges
Il a été noté à plusieurs reprises dans la littérature que le cahier des charges et le niveau
d’exigence de ses règles sont un point central dans le processus de mobilisation des acteurs
d’une IG. Trouver le bon équilibre entre spécification de la ressource et ouverture à un
nombre adéquat d’acteurs économiques représente l’un des principaux défis.
Belletti et al. (2014) soulignent très logiquement qu’un cahier des charges ne contraignant pas
excessivement les pratiques des producteurs ou transformateurs peut permettre que la plus
grande partie d’entre eux utilisent l’IG ; pour autant, ils reconnaissent la valeur d’un cahier
des charges strict pour la construction de l’identité et de la réputation du produit. Allaire et
Sylvander, en 1997, éclairaient déjà le fait qu’en spécifiant fortement le produit, un cahier
des charges en fait une ressource rare, un actif spécifique du territoire, et que la perception de
la spécificité, de l’unicité de cette ressource par les acteurs du territoire doit jouer
positivement sur leur capacité de coordination et d’action collective (permettant ainsi une
gouvernance territoriale -et non sectorielle- de l’IG).
Dans les cas étudiés, la construction du cahier des charges n’a pas été uniquement basée sur
des savoir-faire locaux, mais également sur les préconisations d’experts, dans le but d’un
renforcement supposé de la durabilité des systèmes de production. Ces cahiers des charges
n’ont donc pas pu jouer pleinement leur rôle dans la spécification de la ressource.
La capacité de mobilisation et d’action collective des acteurs d’une IG doit ainsi être analysée
comme un processus dynamique ; elle dépend du capital social et des caractéristiques du
système d’acteurs initial, mais aussi de la construction d’objets intermédiaires, comme le
cahier des charges, qui doivent l’entretenir en permanence.
13
3.2 Des IG à appréhender au sein des systèmes alimentaires dans lesquelles elles
s’inscrivent
La construction d’une IG représente l’introduction d’un nouveau modèle de production et
d’échange dans une filière dans laquelle on trouve également d’autres modèles (agro-
industriel, de proximité, équitable, naturaliste…) [Colonna et al. (2013)]. Le succès de la
filière IG va alors dépendre de sa capacité à résister à cette confrontation de modèles. Comme
on l’a vu, une concurrence forte des filières conventionnelles est à même de réduire la
capacité de mobilisation des producteurs pour l’IG. Cette concurrence, bien souvent, tire vers
le bas le prix des produits IG, remettant parfois en question la pertinence de la certification.
Cette confrontation de différents modèles peut également susciter des processus d’hybridation
ou de « conventionnalisation » du modèle IG, susceptibles de créer une gouvernance trop
fortement sectorielle [Allaire et Sylvander (1997)] au sein de l’IG et de remettre en question
l’impact d’une IG tel qu’il aurait pu être évalué ex ante.
Pour tenter d’anticiper la trajectoire d’évolution (et l’impact) d’une filière IG, il est donc
important de raisonner à l’échelle de l’ensemble de la filière du produit concerné. Il est
également utile de considérer l’ensemble du système alimentaire [au sens de Rastoin et Ghersi
(2010)] : la capacité de mobilisation des producteurs dans un projet d’IG dépend de
l’importance, évolutive, de cette filière dans leurs systèmes d’activités.
La capacité de mobilisation des acteurs autour d’un projet d’IG dépendra donc également du
processus de confrontation du dispositif IG avec d’autres modèles de production et d’échange
et d’autres filières dans le système alimentaire considéré. La difficulté de l’analyse
prospective du résultat de ce processus de confrontation complique naturellement l’évaluation
ex ante de l’impact d’une IG.
3.3 De la nécessité de coupler action collective et innovation
Les cas étudiés montrent la nécessité, une fois que les IG ont été ou seront enregistrées, de
processus d’innovation. Cela est dû en partie au fait que les cahiers des charges ne se sont pas
totalement basés sur les savoir-faire locaux, mais pas uniquement. Un « produit IG » est par
définition un nouveau produit, pour lequel il faudra trouver de nouveaux marchés,
éventuellement mettre au point de nouvelles techniques (dans le cadre de ce qu’autorise le
cahier des charges), construire un nouveau dispositif organisationnel…
14
Le succès des IG apparaît bien souvent conditionné à l’apparition de cette dynamique
d’innovation post-enregistrement [Carpenter et Petzold (2010) ; Benkahla et al. (2005)].
Celle-ci est favorisée par le mode de gouvernance collectif des IG et provient d’une
gouvernance complexe, à la fois territoriale et sectorielle [Fort et al. (2007) ; Olivier et Wallet
(2005)]. À l’instar de clusters auxquels ils s’apparentent fortement, les dispositifs IG innovent
grâce aux relations de coopération, mais aussi de concurrence qui relient leurs membres. De
fait, il a été noté à de multiples reprises que la gouvernance des IG ne se faisait pas sur une
base uniquement territoriale, mais incluait une dimension sectorielle [Perrier-Cornet et
Sylvander (2000)].
Des relations de concurrence et des rivalités locales, si elles réduisent la capacité d’action
collective, peuvent ainsi être nécessaires au développement des IG, afin de renforcer cette
capacité d’innovation. Dans la même optique, on peut également avancer que la capacité
d’innovation de ces systèmes peut être stimulée par une diversité d’acteurs, à l’inverse de la
capacité d’action collective. Des acteurs divers sont plus à même de tester des solutions
techniques et organisationnelles diversifiées qui pourront ensuite, si elles ont fait leur preuve,
être adoptées par le plus grand nombre. Une certaine hétérogénéité dans la dépendance à la
ressource, dans la capacité de prise de risque, peut paraître souhaitable, même si elle diminue
la capacité d’action collective d’après les modèles d’Ostrom.
Ces points introduisent une évolution majeure dans l’analyse des facteurs de succès d’une IG
et l’évaluation ex ante des conditions nécessaires à leur développement. L’efficience du
dispositif organisationnel et institutionnel des acteurs d’une IG, si ce dispositif doit pouvoir
porter des processus d’action collective et d’innovation, devient plus difficile à estimer ex
ante. La réussite d’une IG repose sur un équilibrage pertinent et adaptatif entre coopération et
concurrence, et entre homogénéisation et hétérogénéisation des stratégies des acteurs.
L’histoire des IG inclut de la coopération, mais est bien souvent faite également de tensions,
de conflits entre des acteurs aux intérêts contradictoires… qui peuvent finir par déboucher sur
des solutions innovantes. En tant que système agroalimentaire localisé [Muchnik et al.
(2007)], le dispositif IG doit réguler ces relations de concurrence / coopération, permettre le
développement d’une stratégie collective, mais aussi celui de stratégies individuelles
[Fourcade (2006)].
15
Conclusion
Cet article a cherché à faire le point sur la question des possibilités d’évaluation ex ante de
l’impact des IG, question récurrente dans de nombreux projets de développement. Il est
couramment admis que cet impact repose en grande partie sur la capacité de mobilisation, de
coordination et d’action collective des acteurs économiques. Nous avons montré la difficulté
de la construction de cette capacité. D’un point de vue théorique, les différentes situations
dans lesquelles il est fait appel aux IG et les attentes associées (lutte contre les contrefaçons
ou différenciation du produit) ont été considérées et nous avons établi que les enjeux et la
difficulté du développement d’actions collectives différaient selon ces situations. Des
indicateurs pouvant être utilisés pour estimer ex ante la capacité d’action collective ont
cependant été identifiés, notamment sur la base des travaux d’E. Ostrom.
Les enseignements tirés d’études de cas ont ensuite montré la fragilité d’une évaluation ex
ante de l’impact des IG sur la seule base d’une estimation de la capacité d’action collective
des acteurs. Tout d’abord, cette dernière est fréquemment perturbée par la concurrence des
filières conventionnelles et le cumul d’objectifs au sein des projets IG, qui réduisent la
mobilisation des producteurs. Ensuite, le développement des IG demande de nombreuses
innovations techniques et organisationnelles. La constitution d’un système d’innovation
efficace, demandant des relations de « concurrence coopérative » entre producteurs, est
nécessaire pour que les IG résistent à la confrontation à d’autres modèles de production et
d’échange au sein des systèmes alimentaires. Or, les éléments favorisant cette capacité
d’innovation des acteurs du système IG, i.e. hétérogénéité des acteurs et des stratégies
individuelles, diffèrent de ceux que l’on estime favorables pour l’action collective.
De nombreux défis jalonnent ainsi le processus de développement des IG : construction d’un
cahier des charges consensuel, appropriation et gestion du projet par les acteurs locaux,
adhésion d’un nombre suffisant de producteurs, coordination et action collective, mais
également développement d’une dynamique d’innovation… Les IG reposent sur une tension
permanente entre gouvernance sectorielle et gouvernance territoriale, induisant une
multiplicité de trajectoires d’évolution possibles [Perrier-Cornet et Sylvander (2000)]. Elles
demandent à la fois de l’action collective et de l’innovation, de la coopération et de la
concurrence. L’évaluation ex ante de leur impact, demandant une analyse prospective du
dispositif organisationnel et institutionnel et de la trajectoire d’évolution qu’il induira, est de
fait un exercice périlleux.
16
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... Further research remain necessary, as research into the impact of GIs in the Global South is still limited (Bramley 2011;Cardoso et al. 2022). Moreover, many of these studies have highlighted that the success of a GI depends on the collective actions (CA) that need to be mobilized throughout the GI process (Bramley and Biénabe 2013a;Chabrol et al. 2017;Fournier 2015;Vandecandelaere et al. 2009). ...
... Other researches have shown that the GI approach consists of Page 12 of 28 Randrianandrasana et al. Agricultural and Food Economics (2024) 12:48 either reputation protection aimed at preserving the quality rents that GIs have already acquired, or reputation construction for a product deemed "typical" to enable it to gain market value while protecting this newly reinforced reputation (Arfini et al. 2011;Chabrol et al. 2017;Fournier 2015). Vandecandelaere et al. (2018) identify these two approaches as defensive and offensive. ...
... We can then re-analyze the literature on GIs, looking for factors likely to diminish actors' capacity for collective action. Fournier (2015) reminds that GIs are essentially social constructs, which poses a significant challenge in establishing a list of factors or conditions that guarantee the expected economic effects and impacts. Furthermore, because the impacts of GIs rely on how they are implemented and vary by context and place (Cardoso et al. 2022), identifying the common element of GI successes becomes even more challenging. ...
Article
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The emergence of geographical indications (GIs) in the Global South, particularly in Africa, has sparked political interest due to their potential as a development tool. GIs are perceived as important innovations within food systems, which lead to changes in how actors coordinate within the sector and the territory. These new forms of coordination can generate positive economic impacts across various scales. Drawing on theories of change, the commons and collective action, this article seeks to highlight the importance of collective actions to these potential economic impacts, as collective action is notably necessary to manage the common resource that is the collective reputation of GIs. The analysis of economic impacts of GIs in in the Global South through literature reviews shows that the institutionalization of the collective reputation management through GIs does not guarantee economic impacts on the one hand, and on the other hand, that it generates mixed economic impacts within the production system, value chain, and territory. The in-depth analysis of the mechanism underlying these economic impacts of GIs, which resulted in modeling an impact pathway of GIs, shows that the success of collective actions (CAs) is fundamental to the realization of the expected impacts. This success is explained by numerous factors, analyzed in the article, that vary depending on the impacts they contribute to. In delving into GIs in in the Global South, various constraints such as the top-down approach in GI implementation that inadequately involves upstream stakeholders in the GI process, and the heterogeneity of actors shaping rules in terms of resources and power, hinder the success of these CAs and consequently the success of GIs.
... Para entender as trajetórias de desenvolvimento dessas IG, uma análise dos fatores que podem estimular a adesão dos atores a um projeto de diferenciação deve completar o quadro analítico de Ostrom (2010). Como evidenciam os casos estudados, esses fatores são analisados sob a perspectiva das dinâmicas da cadeia produtiva e do território (Fournier, 2015;Durand;Fournier, 2017). No caso do café Kintamani, no que se refere a essas dinâmicas, a IG se mostrou interessante aos olhos dos atores passados alguns anos, que souberam mobilizar sua capacidade de ação coletiva. ...
Article
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Se, de um ponto de vista teórico, as Indicações Geográficas (IG) podem ser consideradas como bens clube ou recursos comuns, consideramos que sua concepção pelas partes interessadas como recursos territoriais comuns é um fator-chave para seu sucesso, por meio da coordenação entre os atores e da articulação com as dinâmicas territoriais que isso implica. Com base em estudos de casos na Ásia, África e América Latina, demonstramos, entretanto, a dificuldade de estabelecer um modo de gestão adequado, devido à multiplicidade de objetivos atribuídos às IG, o possível desinteresse das partes interessadas se a valorização da IG for considerada incerta e, ao contrário, possíveis apropriações por parte de um grupo restrito se esta avaliação for comprovada.
... Specifically on high-quality beef chain, the production requires investments that can result in dimensions that are difficult to measure, requiring adequate governance mechanisms (GUIMARÃES et al. 2021;SHANPYAN et al., 2019). The literature shows failures in these subsystems, such as the balance between the specifications and the information access by the chain actors (FOURNIER, 2015;MARIE-VIVIEN et al., 2015). Shanoyan et al. (2019) show a problem with information asymmetry in this chain, hiring incentives to producers to quality improvement in production. ...
... Such collective intellectual property rights make it possible to recognize, protect, and therefore enhance the sustainability characteristics (i.e., economic, social, or environmental) of a given production system or a designated area of origin. However, some previous research suggests that it is difficult to assess ex ante the capacity of GIs [60] to generate this virtuous circle [61]. Others note encouraging results through ex post evaluation, but highlight the methodological challenge of drawing robust general conclusions about GIs' impacts and sustainability [62][63][64]. ...
Article
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This article aims to contribute to the reflection on sustainability in the field of Geographical Indications (GI). GIs are instruments for organizing collective action that have great interpretative flexibility. They are mobilized by a set of qualifying actors of differing natures, with diverse and sometimes divergent interests. For this reason, we focus on how the dimension of sustainability emerges from a collective learning process. Based on the approaches developed by Organization Studies, this article describes and analyzes the process of creating a GI for Sharr Cheese, a Balkan seasonal sheep pastoral cheese highly typical of a mountain range in Kosovo * (this designation is without prejudice to positions on status, and is in line with UNSCR 1244/1999 and the ICJ Opinion on the Kosovo declaration of independence). The authors occupied an embedded research position in this learning process, from 2015 to 2019. The article describes boundary work carried out by the facilitators of collective action (brokers) within experimental spaces during the GI-building process. It analyzes how environmental accountability within the Sharr Cheese GI emerges from a strategic knowledge-brokering process and intensive institutional work.
... Comme en témoignent les cas étudiés, ces facteurs s'analysent au regard des dynamiques de la filière et du territoire (Fournier, 2015 ;Durand et Fournier, 2017). Dans le cas du café de Kintamani, l'IG est apparue intéressante aux yeux des acteurs au regard de ces dynamiques après quelques années, et ils ont su mobiliser leur capacité d'action collective. ...
... Mais les IG qui reconnaissent et protègent les pratiques de production et de consommation d'une région ne recourent pas forcément à des innovations techniques issues de travaux de recherche. En revanche, ce sont des initiatives collectives qui requièrent une coordination entre les acteurs d'un territoire pour préserver une réputation, un bien commun (Fournier, 2016 ;Torre et Wallet, 2016) et définir des règles de production et de contrôle (Vandecandelaere et al., 2010). En s'appuyant sur l'étude d'une IG au sud du Brésil, les vins des « Vales da Uva Goethe » (vallées du raisin Goethe), cet article analyse en quoi et comment la recherche peut être un vecteur de renforcement de ces dynamiques collectives. ...
Article
The article analyses how the research may strengthen the collective dynamics in rural territories. The participatory method called ImpresS (Impact of Research in the South) qualifies how research contributes to innovation processes and strengthens collective actions by creating new spaces for dialogue and exchange based on shared values between local stakeholders and researchers. We analyse the research contribution focusing on three objects and scales of analysis: the GI organization ProGoethe, the GI "Vales da Uva Goethe" places and their interactions with other rural territories also involved with local products valorisation strategies.
... Being defined in a code of practices, which may give the impression every condition is given and fixed forever, GIs have been repeatedly criticized for their supposed negative impact on the adaptive capacity of production systems, for the "significant brake on innovation" they may induce (van Caenegem, 2003) or the "museums of production" they may create (Bowen & De Master, 2011). However, several authors have shown that the innovation processes along the GI implementation and running may also have positive impacts (De Rosa et al., 2015;Fournier, 2015;Barjolle and Paus, 2007). GIs are sometimes used specifically to introduce and develop local innovations (Durand and Fournier, 2015;Mancini, 2013). ...
Conference Paper
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The TRIPs agreement (1994) recognize as intellectual property rights the Geographical Indications (GI), defined as a name associated to a geographical area that is used on products originating from this area and presenting specific characteristics or reputation linked to origin. Many studies have illustrated the potentials of GI processes as tool for enhancing food systems' sustainability. These processes may lead to interesting place-based development, thanks to producers' collective strategy to promote, defend and preserve their origin-linked quality product and the related natural and human resources. By improving producers' incomes (Dinopoulos et al., 2010; Moschini et al., 2008), GIs may allow some of the producers getting out of poverty and more broadly avoid a damaging agricultural intensification, which could be the only way for producers who receive low prices for their products. The economic lever appears then fundamental for GI's contribution to sustainable food systems development. To consolidate the previous studies and establish evidences on GIs' economic impact, FAO has carried out in collaboration with four Universities[1] 10 case stud-ies[2] in various regions all over the world and an analysis of the impact pathway.
... Mais les IG qui reconnaissent et protègent les pratiques de production et de consommation d'une région ne recourent pas forcément à des innovations techniques issues de travaux de recherche. En revanche, ce sont des initiatives collectives qui requièrent une coordination entre les acteurs d'un territoire pour préserver une réputation, un bien commun (Fournier, 2016 ;Torre et Wallet, 2016) et définir des règles de production et de contrôle (Vandecandelaere et al., 2010). En s'appuyant sur l'étude d'une IG au sud du Brésil, les vins des « Vales da Uva Goethe » (vallées du raisin Goethe), cet article analyse en quoi et comment la recherche peut être un vecteur de renforcement de ces dynamiques collectives. ...
Article
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L’article analyse en quoi et comment la recherche peut être un vecteur de renforcement des dynamiques collectives des territoires par la méthode participative ImpresS (Impact des recherches au Sud). Celle-ci qualifie la façon dont la recherche accompagne les processus d’innovation et y contribue, et la façon dont elle renforce les actions collectives par la création de nouveaux espaces de dialogue et d’échanges entre les chercheurs et les parties prenantes d’un projet d’indication géographique (IG). La contribution de la recherche est analysée dans trois objets et échelles d’analyse : l’organisation porteuse de l’IG – l’association ProGoethe – ; le territoire de l’IG « Vales da Uva Goethe » ; et ses liens avec d’autres territoires impliqués dans des démarches de valorisation de produits locaux.
... Comme en témoignent les cas étudiés, ces facteurs s'analysent au regard des dynamiques de la filière et du territoire (Fournier, 2015 ;Durand et Fournier, 2017). Dans le cas du café de Kintamani, l'IG est apparue intéressante aux yeux des acteurs au regard de ces dynamiques après quelques années, et ils ont su mobiliser leur capacité d'action collective. ...
Article
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Si, d’un point de vue théorique, les indications géographiques (IG) peuvent être considérées comme des biens de club ou des ressources communes, nous considérons que leur conception par les parties prenantes comme des ressources communes territoriales est un facteur clé de leur succès, via la coordination entre acteurs et l’articulation aux dynamiques territoriales que cela implique. À partir d’études de cas en Asie, Afrique et Amérique latine, nous montrons cependant la difficulté de l’instauration d’un mode de gestion approprié, du fait de la multiplicité des objectifs assignés aux IG, du possible désintérêt des acteurs si la valorisation de l’IG est jugée incertaine, et a contrario d’éventuelles appropriations par un groupe restreint si cette valorisation est avérée.
Chapter
This article aims to examine the status of products bearing an official label (‘SIQO’ in French) in food transition, in which the consumption of so-called ‘local’ products is now an unavoidable trend. Despite a situation a priori favorable, the SIQO products seem sometimes irrelevant when they are sold through short supply chains viewed as alternative food networks. The interviews with producers and consumers conducted in two French study areas (Lot and Ariège department) highlight this confrontation between ‘SIQO’ and ‘local’ products: in these two areas, two official labeled products (PDO and PGI cheeses Rocamadour an Tomme des Pyrénées) coexist with unlabeled local products. The results clearly show the existence of two opposite ‘ethics of production’, even if they tend to converge in certain aspects, in particular their territorial anchorage.KeywordsAlternative Agri-Food NetworkQuality labelCheeseEthic of productionOccitanie RegionFrance
Article
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This paper provides an overview of a FAIR research project into the specific conditions and institutional requirements for the development of PDO and PGI products (Protected Designation of Origin and Protected Geographical Indication). The research project is to be completed in 1999 and it is hoped that the assessments and recommendations made will help in harmonising the implementation of European Council Regulation (EEC) No 2081/92. Twenty-one supply chains in seven countries are analysed (France, Italy, Greece, Netherlands, UK, Spain and Switzerland). The primary factor in success is the capacity of a set of firms in a supply chain based in a particular area to effectively coordinate such matters as the identification of joint objectives, definition and control of quality, variety management, image promotion, and research & development. Market characteristics are secondary factors in success. Following Bouquin (1986) we draw a distinction between effectiveness and efficiency. Emphasising the crucial step of goal setting (effectiveness) may highlight the relevance of internal resources and competencies of a set of firms, according to Teece (1981). This explains why the set of firms manages not only to react to their environment but also to influence it. This approach is consistent with a number of rationality and organisation models proposed by Simon (1976). This kind of transition from individual to collective forms of management shows a possible link between an approach in terms of hybrid forms (efficiency) and an approach in terms of core competence (effectiveness).We end with an evaluation of Reg. (EEC) 2081/92 and highlight a number of problems with its implementation.
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Product labeling has gained considerable attention recently, as a means to both provide product-specific information and reduce quality uncertainty faced by consumers, as well as from a regulatory point of view. This article focuses on whether and to what extent origin, quality and traceability labeling is an appropriate way to differentiate food products. The focus is on fresh meat and fresh fish, two mainly generic food product categories with a high degree of credence character. Insights into the potential for market differentiation through origin, quality and traceability labeling are provided and discussed using primary data collected during the period 2000-2005 by means of four consumer surveys. In general, direct indications of quality, including mandatory information cues such as best-before dates and species names, but also including quality marks, are found to be more appealing to consumers in general than origin labeling, and the latter more than traceability. The different studies yield the conclusion that the market differentiation potential of origin and quality labeling pertains mainly to a product’s healthiness appeal, and this potential seems stronger for meat than for fish. The differentiation potential of traceability per se is rather limited. Instead, traceability is needed as the regulatory and logistic backbone for providing guarantees related to origin and quality.
Article
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This analysis, focused on firms behaviours, fits in with the continuation of the work realized on the links between quality, innovation and territory. It shows the link between the implementation of quality process and the firms innovation behaviour, and the positive incidence of the collective aspect of the modes of governance of the quality signs over the companies innovation behaviours. This dimension seems more important than the possible link between the quality signs and the territory, and can be interpreted in terms of proximity.
Article
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Research on local agrifood industrial systems calls for the integration of the analysis of territorial dynamics. This article uses the theoretical approach of ‘Dynamics of proximity” in order to analyze the territorial dynamics in terms of specification process and territorial trajectory. The concept of proximity can, indeed, provide some interesting insights to observed coordination patterns and, thus, the dynamics of territories. This paper presents the results of two case studies of local food systems in the region of Midi-Pyrénées: the “summer fruits” and the “veau sous la mère” (calves raised with cow milk) systems. Although it raises the problem of measurement, the use of the concept of proximity allows us to encompass the simple identification of some closed links within the systems. It also helps to understand the complex combination of both competition and cooperation relationships among local actors, who are reunited within a food chain project. Moreover, the dynamic analysis implied by the issue of territorial trajectories brings us to define more precisely the nature of externalities potentially yielded by the different proximities. We show that externalities are not always sufficiently positive and that territorial trajectories are not stable. Other analytical tools can be developed in order to take into account the process of resources accumulation and changes in territorial trajectories. The authors examine various issues to analyze non-market relationships and collective actions. They suggest that the concept of “territorial capital” can be useful to explain the link between market and non-market local dynamics generated by those agrifood supply chains.
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An increasing interest in geographical indications of origin (GIs) as a tool of product differentiation can be observed in the so-called specialty coffee sector. Similar to the approach for wine in France and Italy, more and more coffee-producing countries try to establish appellations systems for coffee. Whereas some countries and regions such as Colombia or Jamaica have already legally protected GIs for coffee, most coffee GIs are still informal meaning that no legal protection has been obtained so far. But the recent acceptation of the term Café de Colombia as a Protected Geographical Indication (PGI) in the EU and the Ethiopian Trademark Initiative document the increasing engagement of coffee-producing countries to achieve an appropriate legal protection for their GIs. From an economic point of view, data from US online retail stores indicate that single-origin coffees receive significant higher retail prices, with 100% Kona coffee from Hawaii and Jamaican Blue Mountain coffee being the most expensive ones. Furthermore, results from a hedonic pricing model based on internet auction data for single-origin coffees show that the country and the region of origin is already an important determinant of prices paid by importers and roasters.
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Le chiffre d’affaires (CA) des 2 800 indications géographiques (IG) enregistrées au sein de l’UE 27 est estimé à 54,3 milliards d’euros (2010). Cinq états membres (EM) représentent plus de 80 % du CA total, notamment en raison de la prédominance du vin et de quelques IG de très grande taille. L’importance des IG dans les différents secteurs et la grande diversité de tailles de chacune d’elles s’expliquent à la fois par les différentes périodes de soutien des IG et par les différentes stratégies d’utilisation de ce dispositif par les filières.
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La valorisation de l’AOC pélardon, obtenue en 2000, est très variable selon le circuit de distribution adopté. Cette marque collective apparaît comme un outil de protection juridique au niveau local. Au niveau national, l’AOC est un outil de normalisation pour accéder au marché de la grande distribution et un outil de différenciation pour accéder au marché de niche des fromages de haut de gamme. La question de la pertinence de l’AOC comme outil de développement local est discutée.
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The commodity nature of green coffee is the main cause of the 'coffee paradox' (falling producer prices and rising consumer prices). Geographical Indications (GIs) may be an effective 'decommodifier' of the coffee market, but many constraints have to be overcome. Based on an analysis of how the characteristics of the coffee production system shape the positions of local stakeholders and, thus, the GI building process, this article identifies some constraining factors that can seriously undermine the capacity the GI has to decommodify the market and attain a fairer distribution of the benefits for local producers
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[fre] Dans cet article, nous tentons de construire une grille d'analyse du développement territorial à partir de la théorie de la rente. Une série de critères doit être observée dans la réalité et réunis dans une matrice synthétique pour que soient mobilisées diverses formes de rentes: rente territoriale due à la valorisation de ressources spécifiques sur certains espaces ; rente de qualité liée à l'émergence de produits ou de services de qualité ; rente de qualité territoriale, lorsque tous ces éléments interagissent. Après avoir éclairé les raisons contextuelles d'un retour au concept de rente et justifié sa pertinence pour une application à la qualité et au territoire, deux filiations théoriques de la rente - ricardienne puis marshallienne - sont étudiées pour montrer leur complémentarité dans l'analyse des relations entre qualité et territoire et évaluer leur combinaison comme grille d'analyse théorique du développement territorial. [eng] Quality and territorial developments theoretical grid of analysis from the rent - In this paper, we try to build a grid of analysis of the territorial development starting from the theory of rent. A series of criteria must be observed in reality and collected together in a synthetic matrix so that are generated various forms of rents: territorial rent due to the valorization of specific resources on certain spaces ; quality rent related to the emergence of quality products or services; rent of territorial quality, when all these elements interact. After a clarification of the contextual reasons for returning to the concept of rent and a justica- tion of its relevance when it is applied to quality and territory, two theoretical filiations of the rent theory - the ricardian one, then the marshallian - are approached in order to show that they are complementary from the point of view of relationship between quality and territorial development and can be combined as a grid of theoretical analysis of territorial development
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[fre] Les filières d'appellation d'origine relèvent d'un même cadre juridique et reposent toutes sur une notion commune de qualité spécifique des produits liée à un territoire. Elles ne constituent pas pour autant un ensemble économique homogène. Ce texte apporte une contribution à la compréhension de la diversité économique de ces filières en analysant leurs modalités d'organisation sous trois aspects: celui des stratégies individuelles des firmes, dans lequel on met l'accent sur la diversité des modèles d'entreprises; celui des formes de coordination, qui sont révélatrices de différentes stratégies collectives des firmes engagées dans ces organisations; enfin celui de la dimension territoriale de ces systèmes productifs localisés, qui met en évidence, entre autres, un balancement entre formes de gouvernance sectorielle et territoriale. [eng] Firms, governance and territoriality: an economic review of the diversity of the 'filieres d'appellation d'origine' - The 'filières d'appellation d'origine'all have a similar legal foundation and rely on the same notion of products possessing specific qualities that are related to territory. But, they are not a homogeneous group. This paper contributes to the understanding of the economic diversity of these supply chains by analysing three aspects of their organisation - the strategies of the individual firms (where we emphasise the models of enterprises); the different forms of coordination, that are indicative of the different collective strategies of the firms involved; and thirdly the territorial dimension of these localised systems of production where we find a tension between sectoral and territorial forms of governance.