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in
press
as:
Asdourian,
B.,
et
al.
Participation
journalistique
sur
Twitter.
Injonctions
à
la
participa-
tion
et
formes
d’intervention
numériques:
le
cas
de
la
Radio
Télévision
Suisse.
Studies
in
Communication
Sciences
(2015),
http://dx.doi.org/10.1016/j.scoms.2015.09.001
ARTICLE IN PRESS
G Model
SCOMS-92;
No.
of
Pages
7
Studies
in
Communication
Sciences
xxx
(2015)
xxx–xxx
Contents
lists
available
at
ScienceDirect
Studies
in
Communication
Sciences
journal
h
om
epage:
www.elsevier.com/locate/scoms
Participation
journalistique
sur
Twitter.
Injonctions
à
la
participation
et
formes
d’intervention
numériques:
le
cas
de
la
Radio
Télévision
Suisse
Bruno
Asdouriana,∗,
Florence
Van
Hoveb,
Dominique
Bourgeoisc
aMaître
d’enseignement
et
de
recherche
(MER)
en
sciences
de
la
communication
et
des
médias,
Université
de
Fribourg,
Suisse,
Département
des
Sciences
de
la
Communication
et
des
Médias
Bd
de
Pérolles
90
CH-1700
Fribourg
bAssistante-diplômée
en
sciences
de
la
communication
et
des
médias,
Université
de
Fribourg,
Suisse,
Département
des
Sciences
de
la
Communication
et
des
Médias
Bd
de
Pérolles
90
CH-1700
Fribourg
cProfesseure
en
sciences
de
la
communication
et
des
médias,
Université
de
Fribourg,
Suisse,
Département
des
Sciences
de
la
Communication
et
des
Médias
Bd
de
Pérolles
90
CH-1700
Fribourg
a
r
t
i
c
l
e
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n
f
o
Article
history:
Received
16
May
2015
Accepted
15
September
2015
r
é
s
u
m
é
Cette
recherche
questionne
la
participation
journalistique
sur
Twitter
en
observant
les
pratiques
des
acteurs
médiatiques
de
la
Radio
Télévision
Suisse
(RTS)
et
celles
des
citoyens.
Les
critères
d’analyse
sont
liés
aux
injonctions
à
la
participation
journalistique
et
aux
formes
d’intervention
numériques.
Une
analyse
de
contenu
de
tweets
(N
=
695)
est
menée
sur
deux
lieux
de
discussion.
L’analyse
des
messages
publiés
a
révélé
comment
des
acteurs
médiatiques
et
des
acteurs
non
médiatiques
pouvaient
cohabiter
en
ligne
pour:
(i)
solliciter
la
participation
journalistique;
(ii)
participer
à
la
création
de
contenus;
et
(iii)
participer
aux
interventions
numériques
en
ligne.
©
2015
Published
by
Elsevier
GmbH.
on
behalf
of
Swiss
Association
of
Communication
and
Media
Research.
1.
Introduction
Parmi
les
médias
sociaux
en
ligne,
les
médias
traditionnels
et
les
journalistes
utilisent
majoritairement
le
réseau
social
Twitter
(Revers,
2014).
L’objectif
est
de
diffuser
et
de
relayer
des
infor-
mations
mais
aussi
de
recueillir
des
témoignages
et
des
avis
de
citoyens.
Pour
ce
faire,
les
médias
télévisés
tentent
de
guider
les
activités
des
récepteurs
sur
leurs
propres
médias
sociaux
en
ligne
à
travers
des
injonctions
à
participer.
Twitter
est
alors
utilisé
comme
un
outil
technique
numérique
permettant
aux
médias
de
s’inscrire
dans
un
modèle
participatif
ouvert
aux
formes
de
co-construction
des
informations
relatives
à
l’actualité
(Java,
Song,
Finin,
&
Tseng
2007).
Cette
tendance
vers
une
conception
socio-technique
(Rojot,
2005)
des
relations
avec
les
citoyens
favorise
la
rencontre
entre
les
acteurs
médiatiques
et
les
internautes
intéressés
par
une
partici-
pation
journalistique.
∗Corresponding
author.
E-mail
addresses:
bruno.asdourian@unifr.ch
(B.
Asdourian),
florence.Vanhove@Unifr.Ch
(F.
Van
Hove),
dominique.Bourgeois@Unifr.Ch
(D.
Bourgeois).
Les
questions
liées
à
ces
usages
de
Twitter
et
aux
modifications
conceptuelles
qu’ils
favorisent
occupent
la
recherche
empirique
récente
sur
le
journalisme
numérique
(Hermida,
2013;
Mercier
&
Pignard-Cheynel,
2014).
Néanmoins,
la
participation
journalistique
sur
Twitter
en
Suisse
romande
constitue
un
terrain
de
recherche
peu
étudié.
La
présente
recherche
propose
de
pallier
à
ce
manque
en
présentant
une
étude
des
activités
ayant
lieu
sur
des
espaces
de
dif-
fusion
d’information
et
de
discussion
créées
par
la
Radio
Télévision
Suisse
(RTS)
sur
Twitter.
Les
questions
de
recherche
sont
les
suivantes:
-
(QR1)
Quels
sont
les
différents
acteurs
participant
à
la
diffusion
de
contenus
sur
ces
espaces?
-
(QR2)
Quels
sont
les
contenus
privilégiés
par
les
acteurs
média-
tiques
et
par
les
citoyens?
-
(QR3)
Quelles
sont
les
formes
de
participation
et
d’interaction
entre
ces
acteurs?
Après
une
première
section
développant
une
revue
de
la
littérature,
nous
présenterons
notre
étude
de
cas
ainsi
que
la
méthodologie
de
recherche.
Nous
discuterons
ensuite
des
résultats
principaux
de
notre
étude
et
terminerons
par
une
conclusion.
http://dx.doi.org/10.1016/j.scoms.2015.09.001
1424-4896/©
2015
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Association
of
Communication
and
Media
Research.
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Asdourian,
B.,
et
al.
Participation
journalistique
sur
Twitter.
Injonctions
à
la
participa-
tion
et
formes
d’intervention
numériques:
le
cas
de
la
Radio
Télévision
Suisse.
Studies
in
Communication
Sciences
(2015),
http://dx.doi.org/10.1016/j.scoms.2015.09.001
ARTICLE IN PRESS
G Model
SCOMS-92;
No.
of
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7
2
B.
Asdourian
et
al.
/
Studies
in
Communication
Sciences
xxx
(2015)
xxx–xxx
2.
Revue
de
la
littérature
2.1.
Les
évolutions
organisationnelles
et
relationnelles
liées
à
l’appropriation
des
nouveaux
médias
par
les
médias
traditionnels
La
littérature
académique
récente
liée
à
la
montée
en
puis-
sance
des
usages
des
médias
sociaux
par
les
professionnels
de
la
télévision
a
été
essentiellement
orientée
selon
deux
axes:
d’une
part,
l’étude
des
changements
structuraux
dans
la
production
des
contenus;
et
d’autre
part,
l’étude
de
l’appropriation
des
médias
sociaux
par
les
praticiens
de
l’information
télévisuelle.
Le
pre-
mier
champ
de
recherche
décrit,
par
exemple,
la
mise
en
place
de
newsrooms:
des
auteurs
comme
Zeller
&
Hermida
(2015)
ou
Kredens
&
Rio
(2015)
évoquent,
en
effet,
les
nécessaires
recon-
figurations
organisationnelles
liées
au
traitement
de
l’information
télévisuelle
à
l’ère
du
numérique.
De
nouvelles
formes
de
dis-
cours
télévisuels
émergent
ainsi
afin
de
rassembler
des
audiences
disséminées
sur
Internet,
Twitter
ou
via
les
smartphones
(Jeanne-
Perrier,
2010,
2012;
Sonet,
2015).
Le
second
champ
de
recherche,
qui
est
centré
sur
les
pratiques,
met
en
avant
les
notions
de
lien
(Jeanne-Perrier,
Smyrnaios,
&
Noci,
2015),
de
sociabilité
(Jouët
&
Rieffel,
2015)
et
d’interaction
(Pélissier
&
Diallo,
2013)
en
analysant
l’activité
des
parties
prenantes
sur
les
réseaux
sociaux
numériques
(Badillo,
2015).
Les
«
journalistes
2.0
»
sont
alors
amenés
à
être
plus
fréquemment
confrontés
à
la
participation
des
citoyens
à
travers
les
avis,
les
informations
et
les
commentaires
laissés
en
ligne
et,
notamment,
sur
les
outils
de
micro-blogging
(Rebillard
&
Touboul,
2010;
Touboul,
2010).
2.2.
Micro-blogging
et
activation
de
la
participation
journalistique
Twitter
est
un
outil
de
micro-publications
caractérisé
par
l’émission
en
temps
réel
de
courts
messages
de
140
caractères.
Boyd,
Golder
et
Lotan
(2010)
le
décrivent
comme
un
système
d’«
écologie
conversationnelle
».
En
effet,
Twitter
fait
réagir
«
des
dizaines
de
millions
de
personnes
dans
le
monde
[.
.
.]
sur
des
ques-
tions
d’actualité
politique,
sociale,
culturelle,
économique,
etc.
»
(Rieder
&
Smyrnaios,
2012,
p.
107).
L’utilisateur
de
Twitter
est
ainsi
présent
parmi
un
réseau
d’acteurs
sociaux
en
ligne.
Il
est
amené
à
rendre
visible
son
point
de
vue
à
d’autres
internautes
et
notam-
ment
aux
médias
traditionnels.
Marres
(2012)
indique
que
Twitter
permet
ainsi
d’activer
des
pratiques
participatives.
Selon
Galibert
(2013),
le
concept
de
participation
sous-entend
l’engagement
du
citoyen
dans
l’action
collective
délibérative.
Il
existe
de
multiples
formes
de
participation:
l’inscription
aux
outils
d’accès
au
débat;
la
lecture
passive;
ou
l’intervention
discur-
sive.
Ces
formes
de
participation
sont
liées
aux
différents
niveaux
d’engagement
souhaités
par
les
internautes.
L’objectif
pour
les
médias
traditionnels
est
alors
de
tenter
d’attirer
cette
expres-
sion
citoyenne
créatrice
de
liens
et/ou
de
contenus
(Kozinets,
2010)
sur
leurs
propres
espaces
numériques.
Les
usages
de
Twit-
ter
par
ces
médias
traditionnels
sont
ainsi
orientés
à
la
fois
vers
la
promotion,
la
couverture
des
événements,
l’investigation,
mais
également
vers
les
interactions
et
le
monitoring
de
l’évolution
de
cette
relation
(Neuberger,
Vom
Hofe,
&
Nuernbergk,
2013).
Il
existe
alors
un
renouvellement
des
rites
relationnels
avec
les
inter-
nautes.
Dans
ce
contexte,
les
auteurs
de
cette
recherche
proposent
le
concept
de
participation
journalistique
en
référence
aux
travaux
liés
au
concept
de
la
participation
politique
(Monnoyer-Smith
&
Wojcik,
2014),
afin
d’explorer
les
formes
d’incitation
à
la
partic-
ipation
et
également
les
types
de
participation
de
citoyens
qui
s’inscrivent
dans
«
une
nouvelle
culture
participative
sur
le
net
»
(Blondiaux
&
Fourniau,
2011).
2.3.
Formes
d’incitation
à
la
participation
L’injonction
à
la
participation
est
composée
de
trois
niveaux:
information
(acceptation
du
support);
connaissance
(lecture
pas-
sive);
et
actions
(intervention
discursive)
(Galibert,
2010).
Ces
formes
d’incitation
à
participer
ne
sont
pas
nouvelles:
«
la
part
de
production
(de
co-production)
des
«
récepteurs/consommateurs
»
des
médias
traditionnels
a
toujours
été
présente,
et
ce
dès
les
origines
de
la
presse.
[Ainsi,]
l’histoire
de
la
télévision
a
toujours
connu
des
formes
de
participation
des
spectateurs
»
(Coutant
&
Stenger,
2012,
p.
79).
Cependant,
de
nouveaux
espaces
d’incitation
apparaissent
en
lien
avec
le
développement
des
nouveaux
médias
et
du
web
2.0:
formulaires
de
proposition
de
sujets
d’enquête
sur
les
sites
internet
des
médias
traditionnels;
création
de
mots-dièses
Twitter
pour
l’envoi
d’images
d’un
évènement
en
direct;
boutons
de
lien
vers
les
médias
sociaux,
etc.
Dans
le
cas
de
la
participation
sur
plusieurs
écrans
(Jeanne-Perrier,
2010),
il
existe
également
une
forme
active
de
participation
individuelle
à
la
conversation
qui
est
organisée
sur
les
médias
sociaux
à
partir
de
la
fourniture
d’un
sujet
de
conversation
par
la
télévision.
C’est
en
ce
sens
que
la
télévision
s’inscrit
dans
une
récente
approche
de
télévision
sociale
(Proulx
&
Shepatin,
2012).
D’une
manière
générale,
même
si
l’injonction
à
la
participa-
tion
est
issue
d’un
imaginaire
d’Internet
lié
aux
actions
collectives
délibératives
(Galibert,
2013),
elle
reste,
en
fait,
fortement
liée
à
une
action
stratégique.
Le
contexte
numérique
contraint
les
médias
traditionnels
a
de
profondes
modifications
organisationnelles:
les
gestionnaires
des
médias
traditionnels
doivent
se
«
faire
aimer
»
par
les
internautes
et
doivent
les
«
faire
agir
»
sur
les
médias
soci-
aux
(Galibert,
2013).
Cette
ouverture
des
espaces
d’expression
des
médias
traditionnels
au
plus
grand
nombre
vise
à
inclure
l’avis
de
tous
ceux
qui
souhaitent
faire
entendre
leur
voix.
Ainsi,
Galibert
(2010)
indique
que
les
médias
traditionnels
répondent
à
la
fois
à
leurs
propres
besoins
d’animation
de
l’information
et
également
aux
besoins
des
usagers
d’Internet
de
participer
à
«
l’action
col-
lective
».
Il
est
alors
utile
d’observer
comment
cette
action
liée
à
l’impératif
délibératif
(Blondiaux
&
Sintomer,
2002)
s’inscrit
dans
les
outils
sociaux
mis
en
place
par
un
média
traditionnel.
2.4.
Formes
de
participation
des
journalistes
et
des
citoyens
Dans
le
contexte
du
journalisme
en
ligne,
des
études
ont
mon-
tré
que
les
usages
des
médias
sociaux
par
les
journalistes
étaient
professionnels
et
«
normalisés
»,
c’est-à-dire
majoritairement
con-
formes
aux
normes
et
standards
journalistiques
établis
(Singer,
2005;
Hermida,
2010;
Lasorsa,
2012).
En
ce
qui
concerne
les
usages
de
Twitter
en
particulier,
il
a
été
démontré
que
les
journalistes
se
servent
également
de
cet
outil
pour
des
usages
plus
personnels,
dont
le
partage
d’opinions
et
d’informations
sur
leurs
activités
jour-
nalistiques
en
général,
signe
d’une
plus
grande
transparence
envers
les
internautes
(Lasorsa,
Lewis
&
Holton,
2012;
Noguera-Vivo,
2013;
Mercier
&
Pignard-Cheynel,
2014;
Revers,
2014).
Hedman
and
Djerf-Pierre
(2013)
indiquent
quant
à
eux
trois
dimensions
d’usage
des
réseaux
sociaux
par
les
journalistes:
surveillance
et
information;
demandes
organisationnelles;
réseautage
et
brand-
ing
[notre
traduction]
(Hedman
&
Djerf-Pierre,
2013:
p.
377).
Dès
lors,
il
semble
que
les
journalistes
adaptent
désormais
aussi
leurs
pratiques
journalistiques
à
la
logique
des
médias
sociaux.
Les
pratiques
participatives
des
internautes
sur
les
médias
soci-
aux
en
ligne
sont
variées
(Bourgeois,
Clavien,
Asdourian
&
Van
Hove,
2014)
et
ne
se
développent
pas
obligatoirement
dans
un
objectif
d’engagement
long.
Initialement,
le
rôle
des
médias
soci-
aux
a
été
observé
sous
l’approche
de
la
révolution
numérique
(Monnoyer-Smith
&
Wojcik,
2014),
lorsqu’ils
prédisent,
notam-
ment,
de
profonds
bouleversements
des
pratiques
journalistiques
en
lien
avec
la
participation
des
internautes.
Twitter
est
à
la
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Asdourian,
B.,
et
al.
Participation
journalistique
sur
Twitter.
Injonctions
à
la
participa-
tion
et
formes
d’intervention
numériques:
le
cas
de
la
Radio
Télévision
Suisse.
Studies
in
Communication
Sciences
(2015),
http://dx.doi.org/10.1016/j.scoms.2015.09.001
ARTICLE IN PRESS
G Model
SCOMS-92;
No.
of
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7
B.
Asdourian
et
al.
/
Studies
in
Communication
Sciences
xxx
(2015)
xxx–xxx
3
de
cette
approche
car
il
permet
d’établir
une
communication
inter-
personnelle,
de
produire
et
diffuser
du
contenu
en
temps
réel
et
à
grande
échelle
(Bruns
&
Burgess,
2012).
Néanmoins,
de
récents
travaux
minorent
la
vision
d’un
bouleversement
des
pratiques
jour-
nalistiques
liées
à
la
prise
de
pouvoir
d’internautes
désormais
actifs.
L’activité
elle-même
des
internautes
est
discutée:
la
visibilité
de
leurs
contenus
rend,
en
effet,
plutôt
compte
d’un
désir
individuel
d’affichage
de
son
identité
digitale
(Cardon,
2010;
Lardellier
&
Bryon-Portet,
2010)
avec
la
création
de
contenus
ayant
les
attributs
d’un
simple
prétexte
à
la
visibilité
(Lahire,
2004).
Ainsi,
les
écrits
sont
plutôt
de
simples
réactions
sans
lien
avec
le
fil
de
discussion
(Dupret,
Klaus
&
Ghazzal,
2010).
Selon
Boullier
(2004),
lorsque
les
internautes
parlent
entre
eux
des
contenus
des
médias,
les
diverses
«
opinion[s]
publique[s]
locale[s]
[.
.
.]
permet-
tent
à
l’opinion
publique
d’exister
comme
agrégat
»
(Boullier,
2004,
p.
74).
En
outre,
la
visibilité
des
énoncés
présents
sur
des
médias
sociaux
comme
Twitter
participent,
selon
Badillo,
Bourgeois
et
Asdourian
«
à
une
plus
grande
prise
en
compte
des
particularités
locales
»
(Badillo,
Bourgeois
&
Asdourian,
2010,
p.
179).
Les
opinions
exprimées
peuvent
même
fréquemment
aller
dans
le
sens
d’une
radicalisation
et
créer
des
groupes
de
pensée
identique
(Sunstein,
2001;
Flichy,
2008;
Coleman,
2012).
Au-delà
de
l’approche
révolution/normalisation
des
médias
sociaux
en
relation
avec
les
pratiques
journalistiques,
il
est
désor-
mais
plus
utile
de
considérer
les
manières
dont
le
public
s’autorise
à
intervenir,
et
ceci,
plus
particulièrement
dans
un
contenu
jour-
nalistique.
Nous
allons,
dès
lors,
examiner
les
supports
matériels
des
publics
participants,
des
contenus
ainsi
que
des
formes
d’injonctions
à
agir
dans
un
contexte
de
participation
journalistique
sollicitée
par
les
médias
traditionnels.
3.
Etude
de
cas
et
méthodologie
Le
cas
d’étude
est
celui
de
la
Radio
Télévision
Suisse,
2014
(RTS).
Les
chaînes
de
télévision
RTSun
et
RTSdeux
de
ce
média
public
représente
environ
35%
de
part
de
marché
en
Suisse
romande
pour
le
créneau
horaire
compris
entre
18h00
et
23h001.
La
RTS
dis-
pose
d’une
large
offre
d’outils
numériques:
en
complément
d’un
site
web,
elle
propose
des
applications
pour
supports
mobiles
et
des
espaces
d’interaction
sur
les
médias
sociaux.
La
RTS
anime
ainsi
une
soixantaine
de
pages
Facebook
et
près
de
trente
comptes
sur
Twitter2.
Par
ailleurs,
les
enjeux
de
la
RTS
face
au
contexte
numérique,
et
plus
particulièrement
du
point
de
vue
de
la
gestion
de
l’information,
sont
liés
à
une
lutte
contre
la
fragmentation
des
audiences
et
une
adaptation
face
à
des
usages
de
multiples
écrans.
Un
des
objectifs
est
alors
d’élaborer
des
formats
informationnels
favorisant,
d’une
part,
la
consultation
en
rattrapage,
et
d’autre
part,
les
interactions
et
la
participation
du
public3.
Deux
lieux
de
discussion
proposés
par
la
Radio
Télévision
Suisse
sur
Twitter
ont
été
retenus:
les
messages
contenant
le
hashtag
#19h30;
et
les
messages
liés
au
fil
de
discussion
@RTSinfo.
Selon
les
chiffres
de
la
RTS,
en
2014,
le
téléjournal
«
Le
19h30
»
représente
60%
de
part
de
marché
en
Suisse
romande4et
le
compte
Twitter
@RTSinfo
compte
33’000
abonnés5.
Le
hashtag
#19h30
est
le
mot-
dièse
dédié
aux
messages
diffusés
en
lien
avec
le
téléjournal
du
soir
«
Le
19h30
».
Le
compte
@RTSinfo
sert
à
diffuser
des
messages
1Source
:
«
Dossier
de
presse
audiences
2014
»
de
la
RTS,
p.
2.
http://www.
rtsentreprise.ch/communique
de
presse/bonnes-audiences-2014-pour-la-rts-
developpement-spectaculaire-du-mobile-et-du-rattrapage-des-videos/
[consulté
le
5
mai
2015].
2Ibid.
pp.
30-31.
3Ibid.,
p.
1
[consulté
le
5
mai
2015].
4Ibid.,
p.
1.
5Ibid.,
p.
31.
en
lien
avec
l’actualité.
Sur
ces
deux
espaces
numériques,
la
RTS
incite
les
internautes
à
réagir
à
l’actualité
et
à
interagir
avec
les
journalistes.
Un
processus
en
trois
étapes
a
été
mis
en
place
dans
le
but
de
collecter
et
d’analyser
les
contenus
des
messages:
•Étape
1:
Récolte
de
données
en
ligne.
Le
corpus
a
été
construit
grâce
au
moteur
de
recherche
en
ligne
Topsy.
La
période
d’analyse
s’étend
du
lundi
18
au
dimanche
24
novembre
2013.
Les
élé-
ments
de
la
recherche
sont
tous
les
messages
contenant
le
hashtag
#19h30
(240
tweets)
ainsi
que
tous
les
messages
liés
au
compte
@RTSinfo,
qu’ils
soient
émis
et
retweetés
par
les
gestionnaires
du
compte
@RTSinfo
ou
qu’ils
contiennent
la
mention
@RTSinfo
(455
tweets).
Un
total
de
695
tweets
a
ainsi
été
récolté.
•Étape
2:
Création
d’une
grille
d’observation.
Trois
unités
d’analyse
ont
été
retenues:
les
acteurs,
les
contenus
des
messages
et
les
formes
des
participations.
En
premier
lieu,
il
s’agissait
de
carac-
tériser
les
émetteurs
des
messages.
Dans
ce
but,
le
profil
associé
à
chaque
tweet
a
été
examiné.
Les
catégories
sont
basées
sur
les
indications
fournies
par
les
détenteurs
des
profils
eux-mêmes.
Ensuite,
une
typologie
des
contenus
des
messages
ainsi
que
des
formes
de
participation
(et
d’injonction)
a
été
réalisée.
Pour
chaque
unité,
une
série
de
catégories
exclusives
a
été
créée
et
des
critères
de
classement
ont
été
conc¸
us.
•Étape
3:
Analyse
de
contenu
des
messages.
Chaque
message
a
été
lu
et
classé
dans
une
catégorie
à
l’aide
du
logiciel
informatique
d’analyse
de
contenu
MaxQDA.
L’étude
présentée
ici
est
conc¸
ue
comme
une
première
approche
de
la
participation
journalistique
sur
Twitter.
L’échantillon
de
don-
nées
est
limité
et
forcément
non
représentatif.
L’interprétation
de
nos
observations
se
fait
donc
avec
une
prudence
particulière.
Cependant,
nous
examinons
quelques
pistes
qui
témoignent
de
dynamiques
innovantes
dans
les
processus
de
production
et
de
réception
de
l’information
en
ligne
sur
un
site
de
microblogging
tel
que
Twitter.
4.
Résultats
4.1.
Publics
et
supports
matériels
Les
publics
participant
à
l’émission
de
tweets
contenant
le
#19h30
et
présents
sur
le
compte
@RTSinfo
ont
été
classés
dans
les
catégories
suivantes:
Citoyens
(individus
n’ayant
aucune
activité
professionnelle
dans
le
domaine
du
journalisme);
RTS
(différents
comptes
Twitter
de
la
RTS:
@RTSinfo,
@Radiotélésuisse,
etc.);
Jour-
nalistes
(individus
indiquant
explicitement
cette
fonction
dans
leur
profil);
Autres
(acteurs
comprenant
les
politiques,
les
entreprises,
les
employés
de
médias
et
ceux
ne
remplissant
pas
les
critères
ci-dessus).
Les
résultats
de
l’analyse
indiquent
une
forte
présence
des
citoyens,
de
la
RTS
ainsi
que
des
journalistes
parmi
les
créateurs
de
contenus.
Les
citoyens
participent
à
la
création
de
plus
d’un
tiers
des
messages
(34.7%
ou
241
messages);
la
Radio
Télévision
Suisse
(RTS)
crée
31.1%
des
messages
(216)
et
les
journalistes
créent
25.2%
(175)
des
messages.
Les
autres
acteurs
sont
plus
faiblement
représentés.
Parmi
les
citoyens,
quelques
individus
se
distinguent
en
intervenant
à
plusieurs
reprises
dans
les
deux
espaces
analysés.
Le
citoyen
le
plus
présent
intervient
11
fois
(1.6%
de
tous
messages)
dans
notre
corpus.
Quant
aux
journalistes,
sur
39
individus
dif-
férents,
4
dominent
nettement:
le
présentateur
principal
du
journal
télévisé
de
la
RTS
«
Le
19h30
»
(40
messages
ou
5.8%);
le
rédacteur
en
chef
de
l’actualité
télévisée
de
la
RTS
(32
ou
4.6%);
un
jour-
naliste
de
la
RTS
(14
ou
2.0%);
et
autre
journaliste
présent
parfois
comme
présentateur
du
journal
télévisé
«
Le
19h30
»
(11
ou
1.6%).
Please
cite
this
article
in
press
as:
Asdourian,
B.,
et
al.
Participation
journalistique
sur
Twitter.
Injonctions
à
la
participa-
tion
et
formes
d’intervention
numériques:
le
cas
de
la
Radio
Télévision
Suisse.
Studies
in
Communication
Sciences
(2015),
http://dx.doi.org/10.1016/j.scoms.2015.09.001
ARTICLE IN PRESS
G Model
SCOMS-92;
No.
of
Pages
7
4
B.
Asdourian
et
al.
/
Studies
in
Communication
Sciences
xxx
(2015)
xxx–xxx
32.5%
38.8%
44.4%
5.8%
14.30%
45.80%
8.80%9.60%
0.0%
5.0%
10.0%
15.0%
20.0%
25.0%
30.0%
35.0%
40.0%
45.0%
50.0%
)042=n( 03h91#)554=n( ofniSTR@
Cito
yens RT
SJournalistes
Autres
Fig.
1.
Pourcentage
d’acteurs
par
fil
de
discussion
(n
=
695).
Relevons
ainsi
que
3
de
ces
4
journalistes
sont
régulièrement–voire
très
régulièrement–visibles
à
la
télévision.
Il
est
par
ailleurs
intéressant
d’évoquer
la
répartition
des
acteurs
selon
les
deux
espaces
de
discussion.
Comme
l’indique
la
Fig.
1,
sur
le
compte
@RTSinfo,
la
RTS
représente
44.4%
du
total
des
acteurs,
les
citoyens
représentent
32.5%
et
les
journalistes
14.3%;
sur
le
hashtag
#19h30,
les
journalistes
représentent
45.8%
des
acteurs,
les
citoyens
38.8%
et
la
RTS
5.8%.
La
répartition
des
citoyens
sur
ces
deux
espaces
est
relativement
équivalente.
Il
y
a,
en
revanche,
une
différence
avérée
pour
ce
qui
concerne
le
nombre
d’acteurs
de
type
RTS
ainsi
que
le
nombre
de
journalistes.
Le
Tableau
1
indique
que
les
citoyens
sont
majoritairement
présents
sur
le
compte
@RTSinfo
(61.4%).
Cet
espace
est
d’ailleurs
celui
qui
est
privilégié
par
la
RTS
avec
une
diffusion
de
93.5%
de
ses
tweets.
Seuls
les
journalistes
ont
une
préférence
manifeste
pour
le
hashtag
#19h30
(62.9%).
Il
est
utile
de
rappeler
ici
que
la
grande
présence
des
journalistes
dans
les
conversations
liées
au
hashtag
#19h30
est
assez
évidente
de
par
le
caractère
intrinsèque
de
cet
espace
de
discussion.
Le
test
du
Chi-carré
indique
par
ailleurs
une
relation
très
significative
entre
le
type
d’acteur
et
le
type
de
fil
de
discussion
(p
<
0.001).
Par
contre,
la
force
de
la
relation
est
modérée
(V
=
0.31).
4.2.
Contenus
des
messages,
types
d’injonctions
et
opinions
Un
des
principaux
objectifs
de
notre
recherche
est
également
de
caractériser
le
contenu
des
messages.
La
classification
suivante
a
été
retenue:
Information
(le
message
est
de
nature
informa-
tive
et
comprend
les
partages
de
nouvelles,
d’actualités,
d’images
et
de
photos);
Injonction
(le
message
est
une
incitation
à
faire
quelque
chose);
Opinion
(le
message
est
une
opinion,
une
pensée,
un
jugement.
.
.etc.);
Autre
(le
message
ne
remplit
pas
les
critères
ci-dessus).
Comme
l’indique
le
Tableau
1,
les
contenus
de
type
information
sont
très
présents
(68.6%
des
messages).
Ces
tweets
représentent
d’ailleurs
la
majorité
des
messages
émis
par
tous
les
acteurs
de
notre
échantillon,
et
notamment
pour
la
RTS
(85.6%).
La
plus
grande
partie
de
ces
informations
en
ligne
concernent
des
faits
en
lien
avec
l’actualité.
De
nature
formelle
et
de
ton
neutre,
leur
forme
pour-
rait
s’apparenter
à
de
courtes
dépêches
d’agence
de
presse.
L’étude
spécifique
des
thématiques
des
messages
de
type
informationnel
révèle
également,
à
la
fois,
une
grande
variété
de
sujets
originaux
traités
uniquement
une
fois,
et,
en
même
temps,
une
concentration
de
messages
autour
de
grands
sujets
à
portée
nationale
ou
inter-
nationale.
En
effet,
la
semaine
faisant
partie
de
notre
échantillon
est
celle
qui
correspondait
à:
la
période
précédant
et
comprenant
la
votation
fédérale
du
24
novembre
2013
(initiative
1:12
et
initia-
tive
pour
les
familles
notamment);
celle
pendant
laquelle
un
otage
suisse
de
Greenpeace
a
été
libéré;
ainsi
que
celle
pendant
laquelle
des
discussions
sur
le
programme
nucléaire
iranien
ont
été
menées
à
Genève.
Les
injonctions
arrivent
en
deuxième
position
parmi
l’ensemble
des
messages
émis
par
les
différents
acteurs
(18.4%
des
messages
totaux).
Ces
injonctions
sont
également
au
second
rang
des
types
de
contenu
les
plus
diffusés
par
les
journalistes
(36.0%)
et
par
la
RTS
(12.5%).
Ils
représentent,
en
revanche,
seulement
le
troisième
type
de
contenu
utilisé
par
les
citoyens
(13.3%).
Deux
types
d’injonctions
ont
été
observés
dans
notre
échantil-
lon:
les
incitations
à
regarder
un
média
et
les
incitations
à
participer.
L’injonction
à
regarder
consiste
en
des
messages
qui
proposent
aux
individus
de
consulter
une
information,
une
vidéo
ou
une
émission
émise
par
un
média.
Elle
représente
la
quasi-totalité
des
mes-
sages
(98.5%).
L’injonction
à
participer
prend
notamment
la
forme
Tableau
1
Relation
entre
les
types
d’acteurs
et
les
caractéristiques
des
messages
diffusés
(%).
***
p
<
0.001.
Les
tests
de
significativité
se
rapportent
aux
mesures
d’association
Chi-carré
et
V
de
Cramer.
La
force
de
la
relation
type
d’acteurs/type
de
fil
de
discussion
est
modérée
(V
=
0.45),
tout
comme
celle
de
la
relation
type
d’acteurs/type
de
contenu
(V
=
0.25)
et
celle
de
la
relation
type
d’acteurs/type
de
participation
(V
=
0.31).
Variable
Catégorie
Type
d’acteurs
Citoyens
RTS
Journalistes
Autres
Total
Type
de
fil
de
discussion***
@RTSinfo
61.4
(148)
93.5
(202)
37.1
(65)
63.5
(40)
65.5
(455)
#19h30
38.6
(93)
6.5
(14)
62.9(110)
36.5
(23)
34.5
(240)
Total
100
(241)
100
(216)
100
(175)
100
(63)
100
(695)
Type
de
contenu***
Information
59.3
(143)
85.6
(185)
58.9
(103)
73.0
(46)
68.6
(477)
Injonction
13.3
(32)
12.5
(27)
36.0
(63)
9.5
(6)
18.4
(128)
Opinion
24.9
(60) 0.5
(1)
4.0
(7)
11.1
(7)
10.8
(75)
Autre
2.5
(6)
1.4
(3)
1.1
(2)
6.3
(4)
2.2
(15)
Total
100.0
(241)
100.0
(216)
100.0
(175)
100.0
(63)
100.0
(695)
Type
de
participation***
Intervention
unique
48.1
(116)
95.8
(207)
66.3
(116)
58.7
(37)
68.5
(476)
Retweet
35.3
(85)
1.9
(4)
29.1
(51)
34.9
(22)
23.3
(162)
Réaction
ou
échange
16.6
(40)
2.3
(5)
4.6
(8)
6.3
(4)
8.2
(57)
Total
100.0
(241)
100.0
(216)
100.0
(175)
100.0
(63)
100.0
(695)
Please
cite
this
article
in
press
as:
Asdourian,
B.,
et
al.
Participation
journalistique
sur
Twitter.
Injonctions
à
la
participa-
tion
et
formes
d’intervention
numériques:
le
cas
de
la
Radio
Télévision
Suisse.
Studies
in
Communication
Sciences
(2015),
http://dx.doi.org/10.1016/j.scoms.2015.09.001
ARTICLE IN PRESS
G Model
SCOMS-92;
No.
of
Pages
7
B.
Asdourian
et
al.
/
Studies
in
Communication
Sciences
xxx
(2015)
xxx–xxx
5
Tableau
2
Interactions
entre
les
acteurs.
Interaction
Occurrences
Citoyen
→
RTS
23
(40.4%)
Citoyen
→
Journaliste 9
(15.8%)
Citoyen
→
Citoyen
8
(14.0%)
RTS
→
Citoyen
5
(8.8%)
Journaliste
→
Citoyen
4
(7.0%)
Citoyen
→
Autre
2
(3.5%)
Journaliste
→
RTS
2
(3.5%)
Journaliste
→
Journaliste
1
(1.8%)
Autre
→
RTS 1
(1.8%)
Autre
→
Citoyen
1
(1.8%)
Autre
→
RTS
1
(1.8%)
Total
57
(100%)
d’appels
à
témoins.
Celle-ci
ne
représente
que
2
tweets
de
notre
échantillon.
Relevons
que
deux
tiers
des
injonctions
ont
lieu
sur
l’espace
#19h30.
Si
la
catégorie
des
opinions
est
relativement
peu
représentée
parmi
l’ensemble
des
messages
émis
(10.8%
des
messages),
il
est
intéressant
de
noter
que
les
citoyens
apprécient
ce
type
de
con-
tenu
(24.9%
des
messages
des
citoyens).
A
l’inverse,
la
RTS
et
les
journalistes
utilisent
très
peu
le
type
de
contenu
«
opinion
».
De
fac¸
on
générale,
il
existe
une
relation
statistiquement
très
sig-
nificative
(p
<
0.001)
entre
le
type
d’acteur
et
le
type
de
contenu
diffusé.
La
force
de
cette
relation
est
néanmoins
modérée
(V
=
0.25)
(cf.
Tableau
1).
4.3.
Formes
de
participation
et
d’interaction
Les
formes
de
participation
et
d’interaction
suivantes
ont
été
distinguées:
Intervention
unique
(message
unique
qui
ne
sollicite
pas
d’interaction);
Retweet
(message
commenc¸
ant
par
RT
et
sig-
nifiant
un
relais
d’un
message
provenant
d’un
autre
utilisateur);
Réaction
ou
échange
(message
commenc¸
ant
par
@
et
s’adressant
explicitement
à
un
autre
utilisateur);
Autre
(publications
ne
rem-
plissant
pas
les
critères
ci-dessus).
L’analyse
des
messages
a
montré
que
la
grande
majorité
des
par-
ticipations
sont
des
interventions
uniques
(68.5%).
Pour
la
RTS,
ces
messages
représentent
95.8%
de
tous
les
messages
diffusés
par
le
média.
Les
retweets
représentent
23.3%
et
les
réactions
ou
échanges
ne
représentent
que
8.2%
des
695
messages
analysés.
Le
Tableau
1
montre
que
cette
distribution
est
globalement
respectée
également
parmi
les
acteurs.
La
catégorie
des
messages
qui
représentent
des
réactions
ou
des
échanges
est
celle
qui
témoigne
d’une
interaction
entre
deux
ou
plusieurs
acteurs.
Dans
notre
étude,
les
acteurs
les
plus
actifs
sont
les
citoyens,
avec
40
messages
diffusés
sur
un
total
de
57.
Pour
cette
catégorie
de
messages,
il
est
pertinent
de
distinguer
l’émetteur
et
le
destinataire
de
chaque
message
afin
de
mettre
en
lumière
les
rela-
tions
qui
peuvent
exister
entre
les
différentes
catégories
d’acteurs.
Comme
indiqué
dans
le
Tableau
2,
les
citoyens
sont
les
acteurs
qui
initient
le
plus
d’échanges,
que
ce
soit
avec
la
RTS
(40.4%),
avec
les
journalistes
(15.8%)
ou
avec
d’autres
citoyens
(14.0%).
Toutes
les
conversations
se
limitent
à
une
séquence
unique
composée
de
deux
messages
et
se
rapprochent
par
conséquent
d’une
interaction
à
caractère
personnel.
Les
journalistes
et
la
RTS,
ainsi
que
les
autres
catégories
de
notre
échantillon
semblent
peu
intéressés
par
des
interactions.
Comme
indiqué
dans
le
Tableau
1,
la
différence
entre
les
qua-
tre
groupes
d’acteurs
distingués
est
très
significative
(p
<
0.001):
le
type
d’acteur
influence
ainsi
le
type
de
participation.
Cependant,
la
force
de
cette
relation
est
modérée
(V
=
0.31).
5.
Discussion
5.1.
Citoyens,
journalistes
et
médias:
des
préférences
matérielles
quant
au
support
de
participation
Les
résultats
de
l’analyse
ont
notamment
montré
que
les
acteurs
de
notre
recherche
ont
une
certaine
préférence
pour
des
interven-
tions
sur
l’un
ou
l’autre
des
espaces
de
discussion
étudiés.
Cette
préférence
peut
être
expliquée
par
les
caractéristiques
propres
de
ces
espaces.
En
effet,
le
compte
@RTSinfo
contient
des
infor-
mations
pouvant
être
considérées
comme
généralistes.
Le
profil
Twitter
indique
que
ce
compte
regroupe
les
«
news,
breaking
news,
RT
et
productions
originales
»6.
Comme
le
corroborent
nos
résul-
tats,
nous
pouvons
donc
nous
attendre
à
une
grande
diversité
d’internautes
participant
à
la
diffusion
de
messages
sur
cet
espace.
À
l’inverse,
le
hashtag
#19h30
fait
plus
spécifiquement
référence
au
journal
télévisé
du
soir
«
le
19h30
»,
et
les
messages
contenant
ce
mot-dièse
sont
essentiellement
créés
par
l’équipe
rédactionnelle
dudit
téléjournal.
5.2.
Une
injonction
sur
des
supports
médiatiques
multiples
L’observation
des
usages
de
Twitter
met
en
évidence
une
approche
multicanale
des
acteurs
médiatiques
traditionnels.
Ceux-
ci
peuvent,
en
effet,
profiter
du
temps
de
latence
entre
l’annonce
d’une
actualité
sur
internet
et
sa
diffusion
à
la
télévision:
en
util-
isant
une
injonction
à
regarder
une
émission
d’information
qui
sera
prochainement
diffusée
à
la
télévision,
ils
suscitent
le
désir
des
internautes
pour
regarder
cette
émission
et
ils
les
incitent
à
participer
dès
à
présent
aux
échanges
en
attendant
de
pouvoir
la
regarder
à
la
télévision.
Sur
le
mot-dièse
#19h30,
il
existe
un
lien
entre,
d’une
part,
la
très
forte
implication
des
journalistes
dans
les
injonctions
à
participer
sur
Twitter
et
à
voir
les
sujets
du
journal
télévisé
et,
d’autre
part,
un
fort
taux
de
participation
de
ces
citoyens.
La
stratégie
d’injonction
à
la
participation
numérique
fonctionne
donc
assez
bien.
D’autant
que
les
citoyens
se
font
les
relais
de
ces
injonctions
en
les
diffusant
à
leurs
propres
contacts
via
des
retweets.
5.3.
Opinions
Les
contenus
de
type
«
opinions
»
sont
quasi
inexistants.
Notam-
ment,
de
la
part
de
la
RTS
et
des
journalistes.
Ceci
démontre
que
leurs
usages
des
médias
sociaux
sont
relativement
normalisés.
En
présence
de
leur
public
et
sur
les
espaces
de
leur
employeur,
les
journalistes
de
notre
échantillon
ne
s’autorisent
apparemment
pas
à
des
échanges
trop
personnels,
mais
assurent
plutôt
leur
présence
en
suivant
une
stratégie
de
diffusion
massive
d’informations.
Les
citoyens
partagent,
eux,
leurs
avis
sur
Twitter,
conformément
au
but
premier
de
ce
site
de
micro-publications.
5.4.
Des
interventions
uniques
majoritaires
et
des
échanges
peu
nombreux
Le
nombre
élevé
d’interventions
uniques
peut
s’expliquer
par
le
fait
que
les
différents
acteurs
diffusent
majoritairement
des
infor-
mations
brutes,
correspondant
à
une
actualité
variée
et
abondante.
Il
existe
à
la
fois
un
pluralisme
dans
les
thématiques
des
messages
diffusés
par
les
acteurs
sur
les
deux
espaces
analysés
et,
égale-
ment,
une
concentration
sur
des
sujets
communs
et
fédérateurs.
Ces
derniers
sont
par
ailleurs
fortement
relayés
via
des
retweets.
Nous
pouvons
faire
un
parallèle
avec
les
résultats
de
l’étude
de
Marty,
Rebillard,
Smyrnaios
et
Touboul
(2010)
sur
la
variété
de
6Source
:
Compte
Twitter
@RTSinfo.
https://twitter.com/RTSinfo
[consulté
le
05.11.14]
Please
cite
this
article
in
press
as:
Asdourian,
B.,
et
al.
Participation
journalistique
sur
Twitter.
Injonctions
à
la
participa-
tion
et
formes
d’intervention
numériques:
le
cas
de
la
Radio
Télévision
Suisse.
Studies
in
Communication
Sciences
(2015),
http://dx.doi.org/10.1016/j.scoms.2015.09.001
ARTICLE IN PRESS
G Model
SCOMS-92;
No.
of
Pages
7
6
B.
Asdourian
et
al.
/
Studies
in
Communication
Sciences
xxx
(2015)
xxx–xxx
l’information
en
ligne,
qui
relève
que
«
la
concentration
est
[.
.
.]
ainsi
très
forte
sur
les
sujets
les
plus
mis
en
avant
sur
la
scène
médiatique
»
(Marty
et
al.,
2010).
Les
sujets
faisant
l’objet
de
la
plus
grande
quantité
de
messages
concernent
des
thématiques
qui,
à
ce
moment-là,
étaient
également
très
présents
dans
l’agenda
média-
tique
télévisuel
de
la
RTS.
Notre
étude
démontre
que,
d’une
manière
générale,
les
acteurs
sont
peu
intéressés
par
la
création
d’échanges:
ils
n’intègrent
que
peu
les
conversations
amorcées
par
d’autres
individus.
Lorsque
des
échanges
ont
lieu,
les
rapports
de
communication
traditionnelle-
ment
verticaux
entre
le
média,
les
journalistes
et
les
citoyens
sont
bouleversés:
des
interactions
ont
lieu
entre
les
citoyens
et
la
RTS
et
entre
les
citoyens
et
les
journalistes.
La
frontière
relationnelle
entre
les
acteurs
médiatiques
et
les
citoyens
semble,
de
plus,
très
peu
marquée
par
les
codes
traditionnels
de
la
communication.
Nous
avons
noté
la
présence
d’émoticônes
et
de
points
d’exclamations
dans
plusieurs
interactions
émises
à
la
fois
par
des
citoyens
et
par
des
journalistes.
Néanmoins,
ces
échanges
sont
très
rares.
D’ailleurs,
ce
sont
majoritairement
des
citoyens
qui
les
initient.
Pourtant,
il
existe
une
stratégie
de
la
part
de
la
RTS
de
mettre
en
contact
les
journalistes
et
les
citoyens
sur
les
outils
de
discussion
et
socialisation
en
ligne:
sur
son
site
internet,
la
RTS
encourage
le
public
à
interagir
avec
ses
journalistes
via
les
médias
sociaux,
dont
elle
indique
les
comptes
officiels.
Nos
résultats
démontrent
que
cette
stratégie
n’est
ni
véri-
tablement
suivie
par
les
acteurs
médiatiques,
ni
porteuse.
Enfin,
la
présence
de
nombreux
échanges
inter-citoyens
montre
que
les
espaces
crées
par
la
RTS
sur
Twitter
sont
également
un
lieu
propice
à
des
rapports
horizontaux.
6.
Conclusion
À
travers
notre
travail,
nous
avons
exploré
les
changements
accompagnés
par
les
outils
sociaux
numériques
tels
que
Twitter
dans
la
production
des
informations
par
un
grand
média
Suisse-
romand
ainsi
que
dans
leurs
réceptions
par
les
usagers.
L’analyse
des
messages
publiés
sur
deux
supports
matériels
de
Twitter
créés
par
la
RTS
a
révélé
comment
des
acteurs
médiatiques
et
des
acteurs
non
médiatiques
pouvaient
cohabiter
en
ligne
pour:
(i)
solliciter
la
participation
journalistique;
(ii)
participer
à
la
créa-
tion
de
contenus;
et
(iii)
participer
aux
interventions
numériques
en
ligne.
Les
internautes
sont
ainsi
considérés
par
les
médias
tradition-
nels
et
les
journalistes
comme
de
véritables
acteurs
du
processus
de
l’information
en
ligne
qu’il
faut
à
la
fois
exploiter
en
tant
que
force
créatrice
et
en
tant
que
relais
d’informations
vers
un
large
réseau
social
et
un
potentiel
public.
Comme
en
témoigne
notre
échantillon,
la
stratégie
de
diffusion
massive
de
messages
informa-
tionnels
et
uniques
ainsi
que
les
incitations
à
agir–qui
consistent
en
réalité
à
promouvoir
le
contenu
d’émissions–dévoilent
que
les
acteurs
médiatiques
se
montrent
peu
intéressés
par
la
création
de
contenus
originaux
et
d’échanges
avec
le
public.
Les
citoyens,
eux,
relaient
principalement
des
informations
publiées
initialement
par
le
média.
Sur
Twitter,
la
participation
des
citoyens
est,
certes,
encour-
agée
par
les
acteurs
médiatiques.
Ils
offrent
ainsi
la
possibilité
aux
usagers
de
se
socialiser
et
d’obtenir
une
forme
de
reconnaissance
à
travers
leurs
productions
de
contenus
(Granjon
&
D