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Abstract and Figures

Beside their role for meat and milk production, livestock farming systems are currently involved in the production of ecosystem services, including the preservation of pasture biodiversity. Uneven grazing affects sward structure and can be beneficial for biodiversity. Grazing herbivores usually continue to graze high-quality regrowths in previously grazed areas. This can explain the relative stability of patches in heterogeneous pastures and result in divergent vegetation dynamics within the pastures. Both mineral nutrition and the intensity of pasture utilisation determine the resilience of plant species in the cover.The number of plant species is less likely to be affected by changes in pasture management than their relative abundance, with more rapid shifts in botanical composition in the less diverse and more productive swards. However, a five-year survey of the evolution of the botanical composition in a species-rich mountain pasture grazed within a stocking rate gradient (0.6-1.4 LU/ha, with 1 LU = 600 kg liveweight) also revealed clear changes in the relative abundance of plant species that can be linked to the functional traits of these species. Besides the impacts of extensification of pasture management, the way such a reduced stocking rate is applied affects sward structure and biodiversity. Extending the grazing season after the period of active grass growth, or promoting a rotational grazing system that excludes part of the area during the main flowering period can have a positive impact on the diversity of permanent pastures, with limited negative effects on animal performances. Within the 0.61.4 LU/ha stocking rate gradient, insect populations reacted rapidly to variations in sward structure. At the farm scale, the diversity of pasture management leads to the creation of a vegetation mosaic favouring both plant and insect biodiversity. We conclude that policy frameworks and management practices that promote the diversity of farming systems and landscape heterogeneity can be seen as the key to restore and sustain biodiversity in livestock farming systems.
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Renc. Rech. Ruminants, 2007, 14
Pâturage et biodiversité des prairies permanentes
DUMONT B. (1), FARRUGGIA A. (1), GAREL J.P. (2)
(1) INRA, Unité de recherches sur les herbivores, Theix, 63122 Saint-Genès-Champanelle
(2) INRA, Unité expérimentale de Marcenat, 15190 Marcenat
RESUME – En plus de sa fonction productive première, l’élevage doit répondre de plus en plus fréquemment à des demandes
relatives à la préservation de la biodiversité des prairies. L'action du pâturage des herbivores sur la structure et la biodiversité
des couverts prairiaux est majoritairement liée à leur défoliation. Les animaux réutilisent préférentiellement les zones qu’ils ont
préalablement défoliées, ce qui stabilise l’hétérogénéité structurale des couverts et à terme, influence leur biodiversité. Le niveau
de fertilisation des parcelles et le chargement qui leur est appliqué sélectionnent les espèces végétales présentes dans le milieu.
Leur nombre évolue plus lentement que leur abondance relative, et l’évolution des prairies permanentes fertiles peu diversifiées
est plus rapide que celle des prairies diversifiées. Cependant un suivi à moyen terme de l’évolution de la composition botanique
de prairies de moyenne montagne diversifiées exploitées dans un gradient de chargement allant de 0,5 à 1,2 UGB / ha permet
de mettre en évidence des changements d’abondance relative des familles botaniques et des espèces qui s’expliquent par leurs
traits de vie. Au-delà du simple effet d’une réduction du chargement, les relations entre hétérogénéité structurale du couvert et
diversité spécifique dépendent de la manière dont le chargement allégé est appliqué. L’allongement de la saison de pâturage,
ainsi qu’une rotation aménagée qui évite de faire pâturer les parcelles au moment du pic de floraison sont des pratiques qui ont
un effet favorable sur la biodiversité des prairies de moyenne montagne, en n’affectant que de manière marginale les
performances zootechniques des animaux. Dans le gradient de chargement 0,5-1,2 UGB / ha, les populations d’insectes ont
rapidement réagi aux différences de structures de végétation. Le maintien d’une diversité d’utilisation des surfaces au sein des
exploitations d’élevage permet la co-existence d’états de végétation favorables à la fois à la diversité végétale et à l’entomofaune
au sein d’une mosaïque. Al’échelle de petites régions agricoles, il y a suivant cette même logique un intérêt à préserver la
diversité des types d’exploitation.
Biodiversity of permanent pastures within livestock farming systems
DUMONT B. (1), FARRUGGIA A. (1), GAREL J.P. (2)
(1) INRA, Unité de Recherches sur les Herbivores, Theix, F63122 Saint-Genès-Champanelle
SUMMARY Beside their role for meat and milk production, livestock farming systems are currently involved in the
production of ecosystem services, including the preservation of pasture biodiversity. Uneven grazing affects sward structure and
can be beneficial for biodiversity. Grazing herbivores usually continue to graze high-quality regrowths in previously grazed
areas. This can explain the relative stability of patches in heterogeneous pastures and result in divergent vegetation dynamics
within the pastures. Both mineral nutrition and the intensity of pasture utilisation determine the resilience of plant species in the
cover. The number of plant species is less likely to be affected by changes in pasture management than their relative abundance,
with more rapid shifts in botanical composition in the less diverse and more productive swards. However, a five-year survey of
the evolution of the botanical composition in a species-rich mountain pasture grazed within a stocking rate gradient (0.6-1.4
LU/ha, with 1 LU = 600 kg liveweight) also revealed clear changes in the relative abundance of plant species that can be linked
to the functional traits of these species. Besides the impacts of extensification of pasture management, the way such a reduced
stocking rate is applied affects sward structure and biodiversity. Extending the grazing season after the period of active grass
growth, or promoting a rotational grazing system that excludes part of the area during the main flowering period can have a
positive impact on the diversity of permanent pastures, with limited negative effects on animal performances. Within the 0.6-
1.4 LU/ha stocking rate gradient, insect populations reacted rapidly to variations in sward structure. At the farm scale, the
diversity of pasture management leads to the creation of a vegetation mosaic favouring both plant and insect biodiversity. We
conclude that policy frameworks and management practices that promote the diversity of farming systems and landscape
heterogeneity can be seen as the key to restore and sustain biodiversity in livestock farming systems.
INTRODUCTION
L’élevage des herbivores occupe une place prépondérante
dans la préservation de la biodiversité. Les éleveurs assurent
en effet le maintien et l’entretien des prairies, qui
représentent en France et en Europe de l’ordre d’un tiers de
la surface agricole utile et présentent un grand potentiel de
diversité biologique (Huyghe, 2005). En l’absence de
pâturage ou de fauche, la plupart des prairies disparaîtraient,
évoluant vers les friches puis la forêt, reconnues comme des
couverts moins riches du point de vue de leur diversité
biologique. Les pratiques mises en œuvre par les éleveurs,
les éléments paysagers qu’ils entretiennent (haies, mares,
etc.), ainsi que la mosaïque de parcelles et par conséquent
d’habitats différents qu’ils créent au sein de leur
exploitation, déterminent les types et la répartition des
espèces végétales et animales présentes dans le milieu. Au
delà de son intérêt écologique, les avantages pour l’élevage
de cette biodiversité, qualifiée « d’ordinaire » par opposition
à la biodiversité patrimoniale (MEDD, 2004), sont déjà
l a rge ment reconnus et valorisés notamment dans les
systèmes pastoraux (Guérin et Gautier, 2004). Sur les
parcours, les éleveurs s’appuient sur la diversité de la
végétation disponible à différentes périodes, qui offre des
possibilités variées de report sur pied, pour alimenter leurs
troupeaux tout au long de l’année. Dans les systèmes
herbagers, de plus en plus de travaux s’intéressent aux
services rendus à l’élevage par la biodiversité, aussi bien
à l’échelle de la parcelle qu’à celle de l’exploitation (Swift
et al., 2004). Même si un bon niveau de diversité floristique
est incompatible avec une forte productivité à l’échelle de
la parcelle (Plantureux et al., 2005), les prairies diversifiées
présenteraient une plus grande stabilité de leur valeur
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nutritive sur l’ensemble de la saison de pâturage que les
prairies peu diversifiées en raison de l’étalement des stades
phénologiques des espèces (Gibon et al., 1997).
Par ailleurs, différents travaux ont montré que la diversité
végétale stimulait l’ingestion des animaux au pâturage
(Meuret et Bruchou, 1994, Cortes et al., 2006). Les effets de
la composition botanique des prairies sur les caractéristiques
sensorielles et nutritionnelles des laits et des fromages ont
été mis en évidence dans de nombreuses études (Bugaud et
al., 2001; Martin et al., 2005, Guichard et al., 2007). Enfin,
la diversité entre les parcelles est considérée comme un atout
à l’échelle de l’exploitation car elle offre plus de souplesse,
en particulier face aux aléas climatiques (Schlapfer et al.,
2002, Andrieu, 2004 ).
Dans cet article, nous détaillerons le rôle des herbivores
domestiques au pâturage et l’impact des pratiques de gestion
sur l’évolution de la structure et de la biodiversité des
couverts prairiaux, en insistant sur les mécanismes
comportementaux et agro-écologiques sous-jacents. Nous
aborderons la biodiversité à l’échelle de la parcelle mais
aussi à l’échelle de l’exploitation et nous nous intéresserons
à la diversité de la flore et de l’entomofaune. Nous
illustrerons notre propos par des résultats principalement
obtenus dans des prairies de moyenne montagne du Massif
Central, sur des parcelles expérimentales ou dans des
réseaux d’exploitations.
1. LE ROLE DU PRELEVEMENT DES
HERBIVORES
L'action du pâturage des herbivores sur la structure et la
biodiversité des couverts prairiaux est majoritairement liée à
leur prélèvement. En sélectionnant les espèces les plus
appétibles, les animaux exercent une pression de défoliation
d i f férente sur les espèces présentes, ce qui peut menacer la
pérennité de certaines d’entre elles dans le couvert. En
revanche, ils limitent aussi le développement d’espèces très
compétitives pour la lumière et les nutriments et permettent
ainsi la coexistence d’un plus grand nombre d’espèces dans
le milieu. Par leur piétinement ils structurent également les
communautés végétales en créant des ouvertures dans le
couvert qui peuvent être colonisées par de nouvelles espèces.
Enfin, ils jouent un rôle dans la dissémination des graines de
certaines espèces (Fischer et al., 1996). Les effets de la
défoliation des herbivores s'expriment d'autant plus que les
couverts sont exploités avec une disponibilité en herbe
supérieure aux prélèvements, que les parcelles sont de grande
taille et qu’elles sont pâturées sur des pas de temps longs.
1.1. LES DIFFERENCES INTER-SPECIFIQUES
Sur les couverts plurispécifiques, les herbivores expriment
des préférences alimentaires qui diffèrent entre les types
d’animaux. Il est par exemple possible d’expliquer les
d i f férences de préférence entre ovins et bovins par des
d i frences de besoins énergétiques, d'aptitudes
comportementales et de capacités digestives liées au format
des animaux (Dumont et al., 1995). Ainsi, les ovins qui ont
des besoins énergétiques ramenés à leur volume digestif plus
importants que les bovins, sont plus enclins à trier les aliments
de plus haute densité énergétique. Ce tri des plantes ou des
portions de plantes les plus riches est également favorisé par
la forme de leurs mâchoires. En revanche, les bovins digèrent
mieux les fourrages très fibreux en raison de leur plus grand
volume de fermentation ruminale. Ceci explique les
d i f férences de choix observées sur des couverts où coexistent
des zones d'herbe grossière avec des repousses végétatives de
bonne valeur nutritive. Lorsque la hauteur des repousses
diminue, les ovins cherchent à maintenir leur choix pour
celles-ci, alors que les bovins se reportent plus volontiers sur
des zones d’herbe épiée (Dumont et al., 1995) ou des espèces
peu appétibles comme le nard (Grant et al., 1996), avec un
impact fort sur la structure et la composition des couverts.
Comparés aux ruminants, les chevaux sont capables de
consommer de plus grandes quantités d’herbe, notamment
d’herbe grossière. Cependant, ils utilisent leur double rangée
d’incisive pour sélectionner très fortement les zones d’herbe
rase la végétation maintenue dans de jeunes stades de
croissance reste de haute valeur nutritive (Ménard et al.,
2002). Par ailleurs, les chevaux déposent leurs déjections
dans des zones particulières des parcelles, qui sont ensuite
moins utilisées pour l’alimentation et qui peuvent
représenter jusqu’à 30 à 35 % de la surface des prairies.
Ainsi, le pâturage des chevaux favorise l'établissement d'une
mosaïque d'herbe très rase et de zones hautes, qui augmente
la diversité structurelle du couvert.
1.2. L’EFFET DE LA RACE
Au-delà de ces différences, désormais classiques entre les
principales espèces d’herbivores domestiques, se pose la
question des choix alimentaires d’animaux de diff é r e n t e s
races. En particulier, l’utilisation de races rustiques est souvent
préconisée pour la gestion des espaces pastoraux, avec des
attentes moindres en matière de performances zootechniques.
Hormis leur capacité globale d’adaptation aux milieux
d i f ficiles (D’hour et al., 1998), les arguments avancés pour
juger de leur supériorité sont cependant limités (Rook et al.,
2004), les différences dans les processus de pâturage ayant
jusqu’ici souvent été confondues avec les effets du format et
de l’apprentissage dans le jeune âge (Dumont et al., 2007b).
Ce dernier confère aux animaux la capacité de mieux exploiter
les couverts peu appétibles auxquels ils sont habitués. A
l’occasion du programme F
O R B I O D E N
, nous avons cherché à
quantifier si avec un chargement allégé l’utilisation d’une race
rustique plutôt qu’une race spécialisée conduisait à une
augmentation de la biodiversité des prairies, en nous appuyant
sur un réseau de quatre sites expérimentaux à travers l’Europe.
En France, des génisses Charolaises pâturaient des prairies
permanentes diversifiées de moyenne montagne avec deux
niveaux de chargements : 1,2 et 0,85 UGB / ha. Au charg e m e n t
allégé, elles étaient comparées à des génisses Salers. Ces
résultats ont été analysés conjointement à ceux obtenus en
Angleterre et en Allemagne dans des prairies permanentes
fertiles peu diversifiées pâturées par des bovins et en Italie
dans des prairies permanentes plus ou moins diversifiées,
pâturées par des ovins.
Pour analyser la sélectivité alimentaire des animaux, nous
avons rapporté les bouchées prélevées à leur abondance
relative dans le couvert en utilisant l’indice de Jacobs
(1974), positif pour les items alimentaires sélectionnés,
négatif pour les items évités. Peu de différences de choix
sont apparues entre les animaux de race rustique et ceux de
race spécialisée (figure 1) à l’exception du site anglais où les
génisses de race North Devon ont plus sélectionné les
«d i v e r s e s » (dicotylédones hors légumineuses) que les
génisses croisées Charolais x Holstein (Dumont et al.,
2007b). Cependant, l’amplitude de telles différences
de sélectivité alimentaire semble trop faible pour préconiser
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l’utilisation préférentielle de races rustiques dans un objectif
de gestion, puisque dans aucun des quatre sites
expérimentaux nous n’avons observé de différences d’impact
entre races sur la biodiversité végétale (Scimone et al., 2007)
ou animale des prairies (Wallis De Vries et al., 2007).
Figure 1 : Sélection de zones hautes graminéennes, de zones
hautes associant graminées et diverses et des placettes végétatives
rases par des bovins de races spécialisées et rustiques, dans des
prairies peu (UK et D) ou très diversifiées (F) d’après Dumont et
al., (2007b). Figurés pleins : chargement élevé avec race
spécialisée, hachures : chargement allégé, race spécialisée, grisés :
chargement allégé, race rustique.
1.3. INFLUENCE DU TYPE DE PRAIRIE SUR LE
PRELEVEMENT ANIMAL
Quel que soit le type de prairie, bovins et ovins ont
sélectionné des bouchées contenant des légumineuses et des
diverses et ont évité de pâturer l’herbe épiée et cela d’autant
plus qu’on avançait dans la saison de pâturage (Dumont et
al., 2007b). Les animaux ont particulièrement sélectionné
les repousses végétatives rases de haute valeur nutritive
(figure 1). Les bovins qui pâturaient les prairies fertiles peu
diversifiées en Angleterre et en Allemagne ont plus
sélectionné ces zones rases que ceux qui en France
exploitaient des prairies très diversifiées (figure 1). En Italie
les ovins ont également plus sélectionné les placettes rases
dans les prairies fertiles et peu diversifiées que dans les
prairies diversifiées (+0,63 vs. +0,18, Dumont et al., 2007b).
Dans tous les pays, les différents niveaux de chargements
ont eu un effet net sur la structure de la végétation et sur les
bouchées prélevées par les animaux, sans effet sur les
performances individuelles (Isselstein et al., 2007, Dumont
et al., 2007a). Dans les sites anglais et allemand, les bovins
ont accru l’exploitation relative des placettes rases au
chargement allégé (figure 1). Le fait que les animaux
réutilisent les repousses végétatives de haute valeur nutritive
dans les placettes rases précédemment pâturées, phénomène
qualifié de « pâturage en patch » par Adler et al. (2001), a
pour effet de stabiliser l’hétérogénéité structurale du couvert
durant la saison de pâturage. Ce phénomène a plus de chance
de se manifester dans les prairies fertiles dans lesquelles la
repousse est rapide et dense (Hobbs et Swift, 1988). Sur le
site français, les génisses n’ont pas manifesté de sélectivité
accrue pour les placettes d’herbe rase au chargement allégé
(figure 1). Ce mode de pâturage, qualifié de « pâturage
homogène » par Adler et al. (2001) a plus de chance de se
manifester lorsque le grain d’hétérogénéité de la végétation
est fin par rapport à la taille des bouchées prélevées par les
animaux, ce qui est le cas des prairies de moyenne
montagne, très diversifiées et de bonne valeur nutritive. Ces
deux modes de pâturage ont un effet direct sur
l’hétérogénéité structurale de la végétation, et devraient, à
terme, affecter la diversité spécifique et fonctionnelle des
couverts (Willms et al., 1988, Cingolani et al., 2005,
Scimone et al., 2007).
1.4. L’APPRENTISSAGE DE LA DISTRIBUTION
DES ESPECES PREFEREES
Il serait cependant inexact de croire que seul le niveau de
chargement détermine la pérennité des espèces végétales
dans les prairies permanentes. La manière dont les espèces
préférées sont distribuées au sein du couvert module
également le succès de recherche des herbivores et par
conséquent la probabilité de défoliation de ces espèces
végétales. Ceci a été mis en relation avec les limites des
capacités mémorielles des animaux, qui apprennent
rapidement l’emplacement de quelques sites alimentaires
préférés qu’ils peuvent ensuite fréquemment revisiter, alors
qu’ils sont incapables de moriser précisément
l’emplacement de nombreuses petites placettes disséminées
dans le couvert (Dumont et al., 1999). Ainsi, la moindre
exploitation par les animaux de placettes rares et
disséminées peut contribuer à leur persistance, préservant de
ce fait la diversité du couvert, en particulier s’il s’agit
d’espèces peu compétitives qui risquent d’être pénalisées
par les espèces avoisinantes. La stabilité des communautés
prairiales pourrait ainsi être favorisée par la dispersion, dans
le couvert, des espèces préférentiellement consommées par
les herbivores. Les modes de gestion mis en place
(chargement instantané, durée des rotations, etc.) n’auront,
dès lors, probablement pas les mêmes conséquences selon la
répartition des espèces pâturées.
A l'échelle des parcelles, on observe également une
utilisation différentielle du couvert selon la distance au point
d'eau, la pente ou des variations locales de composition
botanique. Une certaine hétérogénéité structurale s'installe,
dans le temps, dans les parcelles exploitées à un faible
niveau de chargement. Il y a alors risque de colonisation des
zones abandonnées par des herbacées diff i c i l e m e n t
consommables telles que le nard dans les milieux pauvres, le
chiendent ou le brachypode penné dans les milieux plus
riches, puis par des massifs de prunelliers, de ronces ou de
genêts qui posent problème dès lors qu'ils limitent la
circulation des animaux.
2. L’EFFET DU MODE DE CONDUITE
DES PARCELLES
2.1. STRATEGIES DES ESPECES ET MODE
D’ACTION DES FACTEURS DU MILIEU
La prairie permanente est constituée d’un mélange de dix à
plus de cent espèces différentes qui partagent un même
milieu et entrent en compétition pour l’usage de la lumière,
des ressources hydriques et des nutriments (Hubert et Pierre,
2003). En écologie, l’hypothèse de « stress intermédiaire »
illustrée par une courbe « en cloche » (Grime, 1973) prédit
que la diversité floristique sera maximale pour les niveaux
médians des facteurs agronomiques liés au milieu ou aux
pratiques, et faible pour leurs valeurs extrêmes. Très peu
d’espèces sont en effet capables de supporter des niveaux de
stress élevés, et à l’opposé, en absence de stress les espèces
très compétitives éliminent les espèces moins compétitives
entraînant un appauvrissement marqué de la richesse
floristique. Ainsi, le surturage favorise les espèces
20 Renc. Rech. Ruminants, 2007, 14
prostrées ou en rosette qui développent des stratégies
d’évitement tandis qu’une réduction de la pression de
pâturage favorise les espèces de grande taille, compétitrices
pour la lumière. La compréhension de l’évolution de la
composition botanique d’une prairie sous l’effet des
pratiques passe ainsi par la connaissance des stratégies de
vie des espèces, théorie initialement développée par Grime
et al. (1988). Selon cette théorie, chaque espèce est
caractérisée par une stratégie de vie qui est une combinaison
des trois stratégies compétitivité (C), tolérance au stress (S)
et rudéralité (R : définie par l’aptitude à une colonisation
rapide). Chaque stratégie ou combinaison de stratégies est
décrite à l’aide de « traits» morphologiques (e.g. taille des
feuilles), physiologiques (vitesse de renouvellement des
organes) ou liés au cycle de vie (durée de vie des racines).
Dans la grande majorité des situations agricoles rencontrées
en France, la fertilité du milieu et le taux d’utilisation du
couvert sont les deux facteurs qui expliquent le mieux leur
diversi floristique (Balent et al., 1999, Duru et al., 2001,
Louault et al., 2005). Cruz et al. (2002) ont ainsi proposé de
classer les graminées en quatre types fonctionnels. Dans cette
classification, les espèces sont regroupées selon les stratégies
qu’elles mettent en œuvre par rapport aux ressources (capture
ou conservation de la ressource) mais aussi par rapport à leur
tolérance à la défoliation (renouvellement rapide ou lent des
o rganes). Le type A correspond aux espèces les plus
compétitives à forte capacité de capture des éléments nutritifs
et à vitesse de croissance élevée (e.g. Lolium pere n n e). Il
caractérise plutôt une végétation de milieu fertile, adaptée à
une mise à l’herbe ou à une fauche précoce et à un pâturage
intensif. Les espèces de type B (Dactylis glomerata) ,
associées également à un milieu fertile, sont plus adaptées aux
fauches moins fréquentes et plus tardives du fait du
renouvellement lent de leurs organes. Le type C (F e s t u c a
ru b r a) caractérise une végétation associée aux milieux moins
fertiles, adaptée à un pâturage assez intensif. Quant au type D
(Briza media), il rassemble des espèces à phénologie très
tardive, adaptées à un pâturage très peu chargé ou à une
fauche unique. A titre d’illustration, une exploitation intensive
du couvert associée à une fertilisation élevée sélectionne les
graminées de type Atrès compétitives qui éliminent la plupart
des autres espèces et conduit à un appauvrissement de la flore.
2.2. DYNAMIQUE D’EVOLUTION DE LA
BIODIVERSITE DES PRAIRIES PERMANENTES
Le nombre d’années nécessaire à une évolution du nombre
d’espèces végétales suite à un changement de pratiques est
très variable. Jeangros et Berthola (2002) observent une
apparition de dix nouvelles espèces en quatre ans après six
années de suppression de la fumure et de réduction de la
fréquence de fauche dans une prairie permanente du bassin
lémanique. Cette évolution est rendue possible par la faible
productivité du milieu et la présence de prairies diversifiées
à proximité du site d’étude. En revanche, lorsque la banque
de graines a été épuisée et que le milieu est homogène et
pauvre en espèces, l’extensification de prairies permanentes
fertiles ne provoque pas les effets escomptés en terme de
restauration de la biodiversité (Bakker et Berendse, 1999).
Un sur semis est alors nécessaire pour augmenter la richesse
du couvert (Smith et al., 2002).
Indépendamment du type de couvert, des modifications dans
les pratiques d’utilisation des prairies entraînent des
changements de l’abondance relative des espèces avant d’en
modifier le nombre (Louault et al., 2005). Ainsi, le nombre
d’espèces végétales présentes dans les prairies permanentes
pâturées à l’occasion du programme FORBIODEN n’a que très
peu évolué durant les trois années de mesure (Scimone et al.,
2007). Le calcul de l’indice de dominance de Simpson, plus
élevé dans les couverts dominés par quelques espèces
(Whittaker, 1975), confirme une évolution de l’abondance
relative des espèces dans les prairies fertiles peu diversifiées
alors que leur nombre n’évolue pas. Appliqué dans un
gradient de diversité croissante entre les sites anglais,
allemand et français pâturés par des bovins, il révèle la plus
grande stabilité des communautés végétales diversifiées
(figure 2). Le même type de relation entre diversité et
stabilité des couverts prairiaux a depuis été obtenu en
conditions contrôlées : mélange semé de quatre ou quinze
espèces (Bezemer et van der Putten, 2007).
Figure 2 : Evolution de l’indice de dominance de Simpson selon
le chargement et la race dans trois sites se plaçant dans un
gradient croissant de diversité spécifique du couvert, d’après
Scimone et al. (2007). Cercles : chargement élevé, race
spécialisée, carrés : chargement allégé, race spécialisée, croix :
chargement allégé, race rustique.
2.3. L’EFFET DU MODE D’EXPLOITATION
D i f férentes études réalisées dans des exploitations d’élevage
illustrent la diminution de la diversité floristique avec
l’augmentation de la fertilité et de l’intensité du prélèvement.
Ainsi, le suivi de trente-quatre prairies des Pyrénées ariégeoises
exploitées de manière identique (déprimage suivi d’une fauche
unique) révèle une diminution du nombre d’espèces de l’ordre
de dix par parcelle lorsque leur indice de nutrition (moyenne
des indices N et P) augmente de 65 à 86 (Ansquer et al., 2004).
Par ailleurs, dans un réseau de trente et une prairies de fauche
des Alpes autrichiennes, le nombre d’espèces a baissé de 10,8 à
6,5 espèces par m
2
lorsque le nombre de fauches passait de
deux à six par an (Zechmeister et al., 2003).
Le mode d’utilisation des prairies (pâture vs. fauche) a
également un impact sur leur richesse spécifique. Dans une
étude réalisée dans trois exploitations en système herbager
allaitant du Massif Central et sur un total de trente-sept
parcelles, Farruggia et al. (2006b) constatent que le nombre
d’espèces est plus élevé dans les parcelles pâturées que dans
les parcelles fauchées (68 vs. 46).
Tableau 1 : Diversité spécifique et composition
fonctionnelle des parcelles de fauche et de pâture dans trois
exploitations du Massif Central (37 parcelles), d’après
Farruggia et al. (2006b)
Fauche Pâture
Nb d’espèces par parcelle 46 68
Nb de faciès par parcelle 1,5 2,3 <0,05
% de type A 18 14 NS
% de type B 30 13 <0,01
% de type C 42 51 <0,05
% de type D 3 16 <0,01
21
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Cette plus grande richesse spécifique des prairies pâturées a
deux origines : d’une part, les prairies pâturées présentent
dans la plupart des cas un assemblage de faciès de
communautés gétales différentes, qui leur permet
d’emblée de réunir un plus grand nombre d’espèces que les
prairies fauchées plus homogènes (tableau 1). D’autre part,
l’équivalent azote minéral reçu par parcelle (fertilisation
minérale + organique + restitutions) est plus élevé sur les
parcelles fauchées qui doivent assurer le stock, que sur les
parcelles pâturées (89 vs. 47 unités N / ha, Farruggia et al.,
2006b).
Le mode de prélèvement des parcelles, en interaction avec
les apports azotés, affecte également la diversité
fonctionnelle des couverts puisque, selon la classification
proposée par Cruz et al. (2002), le type B est plus abondant
dans les parcelles fauchées tandis que les types C et D sont
plus représentés dans les parcelles pâturées (tableau 1). Ces
résultats concordent avec ceux de Ansquer et al. (2004) qui
ont observé, dans les Pyrénées ariégeoises, que les parcelles
fauchées présentaient une moins grande richesse spécifique
que les parcelles pâturées et différaient également du point
de vue de leur composition fonctionnelle. L’abondance des
graminées de type A(63 %), B (36 %) et C (1 %) dans les
prairies fauchées et pâturées intensivement change en effet
radicalement dans les prairies pâturées uniquement en été
(A : 20 %, B : 23 %, C : 54 %).
Un changement du mode d’exploitation des parcelles peut
avoir des conséquences qui vont au-delà de la seule diversité
floristique des parcelles. En zone de montagne, le
développement des techniques d’ensilage et d’enrubannage
accompagné d’une augmentation de la fertilisation azotée a
permis d’avancer les dates de fauche d’au moins un mois.
L’exploitation des parcelles a lieu bien avant la période de
floraison de la plupart des espèces, ce qui réduit à terme leur
production de graines et la diversité floristique du milieu
(Carrère et al., 2002). Ce mode d’exploitation a également
un impact sur les insectes nectarivores et pollinisateurs, tels
que les papillons et les abeilles, qui ne bénéficient plus des
ressources produites par les fleurs. Enfin, la généralisation
de cette technique entraîne à terme une banalisation du
paysage avec la disparition progressive des prairies fleuries
et colorées du début d’été.
2.4. L’EFFET D’UN GRADIENT DE CHARGEMENT
DANS UNE PRAIRIE DE MOYENNE MONTAGNE
En complément des traitements déjà cités du programme
FORBIOBEN, certaines parcelles du site français étaient
pâturées en continu par des génisses Charolaises à un très
faible chargement, 0,5 UGB / ha. Après cinq années
d’application des chargements contrastés (1,2, 0,85 et
0,5 UGB / ha) dans ces prairies de moyenne montagne très
diversifiées, les graminées tolérantes à la défoliation,
caractérisées par un renouvellement rapide de leurs feuilles
(types C-S-R et C de Grime et al., 1988) se maintiennent aux
chargements les plus élevés mais ont régressé de 14 %
d’abondance absolue à 0,5 UGB / ha (figure 3). Dans le
même temps, l’abondance relative des graminées peu
tolérantes à la défoliation (types S et S-C de Grime et al.,
1988) et des diverses a augmenté dans les parcelles peu
c h a res (figure 3). Les légumineuses, principalement
représentées par Trifolium repens et Trifolium pratense, ont
subi de plein fouet la sècheresse de 2003, puis se sont
d’autant mieux maintenues que le chargement était plus
élevé (figure 3). De même, l’évolution de l’abondance
relative des espèces végétales dans ce gradient de
chargement s’explique bien par leurs traits de vie. Ainsi, des
diverses à port érigé (Achillea millefolium) ou qui peuvent se
dresser au sein de couverts hauts (Galium veru m ,
Helianthemum nummularium), et des graminées de milieu
peu fertiles, peu adaptées à une défoliation fréquente (Briza
media,Koeleria pyramidata et Festuca ovina, toutes trois de
type D de la classification proposée par Cruz et al., 2002 et
Ansquer et al., 2004) ont périclité au chargement élevé
(Achi. m : +2,4, Gal. v : -0,15, Hel. n : +0,7, Briza m : -0,25,
Koel. p : +0,02, Fest. o : +1,2 % à 1,2 UGB / ha) alors
qu’elles progressaient dans les parcelles sous-utilisées
(Achi. m : +4,4, Gal. v : +3,7, Hel. n : +2,8, Briza m : +0,85,
Koel. p : +1,8, Fest. o : +2,4 % à 0,5 UGB / ha).
F i g u r e 3 : Evolution de la proportion des principales familles
botaniques au sein de prairies diversifiées de moyenne montagne
pâturées par des génisses dans un gradient de chargement. Figurés
pleins : 1,2 UGB / ha, hachures : 0,85 UGB / ha, vides : 0,5 U G B / ha.
Les populations d’insectes ont rapidement réagi aux
différences de structures de végétation directement liées au
c h a rgement. Dans les quatre sites expérimentaux du
programme FORBIODEN, le nombre d’individus et d’espèces
d’orthoptères (sauterelles, criquets) et de lépidoptères
(papillons) a augmenté au chargement allégé par rapport au
chargement élevé (Wallis De Vries et al., 2007). Sur le site
français, l’abondance des orthoptères et des lépidoptères a
continué à augmenter entre le chargement allégé à
0,85 UGB / ha et le sous-chargement à 0,5 UGB / ha
(figure 4a). Des insectes détritivores tels que les collemboles
ont également été favorisés par la baisse du chargement,
alors que des coléoptères carnivores ou nécrophages tels que
les carabes et les silphides semblaient indépendants de celui-
ci. Les coléoptères coprophages étaient plus nombreux au
fort chargement. Nous confirmons ainsi que les familles
d’insectes réagissent différemment à l’évolution de la
structure du couvert en fonction des conditions de milieu
qu’ils y trouvent. Néanmoins, l’allégement du niveau de
chargement permet la coexistence d’un plus grand nombre
d’espèces, ce qui valide les modèles théoriques existants, et
corrobore nombre de travaux expérimentaux (Dennis et al.,
1998, Kreuss et Tscharntke, 2002, Ellis, 2003, Hjermann et
Ims, 2005, Pöyry et al., 2006).
L’effet du chargement s’explique par la biologie des insectes
et leurs habitats préférés : les papillons, les sauterelles et les
criquets bénéficient d’un microclimat et de ressources
alimentaires plus abondantes dans l’herbe haute, y sont
mieux protégés des prédateurs et y subissent moins les effets
directs du pâturage. Les dynamiques d’évolution de la
22 Renc. Rech. Ruminants, 2007, 14
végétation et des populations d’insectes des prairies sont très
liées par les relations trophiques qu’ils entretiennent. Dans
les parcelles du site français du programme FORBIODEN,
l’évolution de l’abondance des plantes à fleurs (diverses) et
des papillons suit la même tendance dans le gradient de
chargements considéré (figures 3 et 4a). De même, à une
échelle intra-parcellaire nous avons mesuré une corrélation
positive entre l’abondance locale des papillons et une note
visuelle d’intensité de floraison, exprimée en pourcentage de
recouvrement des fleurs le long des transects ayant servi au
comptage des papillons (figure 4b). Ce résultat est cohérent
avec une observation réalisée dans le sud de la Suède.
Öckinger et al. (2006) y ont observé un moins grand nombre
d’espèces de papillons dans les prairies exploitées par des
ovins que dans celles pâturées par des bovins ou des
chevaux. Ils expliquent ce résultat par la plus forte
sélectivité des ovins pour les plantes à fleurs.
Figure 4 : Relations entre l’abondance des papillons et l’état du
couvert végétal au sein de prairies diversifiées de moyenne
montagne pâturées par des génisses dans un gradient de
chargement. a) Nombre de papillons à l’échelle de la parcelle,
figurés pleins : 1,2 UGB / ha, hachures : 0,85 UGB / ha, vides :
0,5 UGB / ha. b) Relation entre l’abondance des papillons
dénombrés le long de transects de 50 m et l’intensité de floraison
le long de ces mêmes transects.
3. MODULER L’APPLICATION DU
CHARGEMENT PAR LE CHOIX DES
PERIODES DE PATURAGE
Au-delà du simple effet d’une réduction du chargement, les
relations entre hétérogénéité structurale du couvert et
diversité spécifique dépendent de la manière dont le
c h a rgement allé est appliqué. Différents modes de
conduite alternatifs des couverts ont ainsi pu être envisagés
et sont ici jugés au regard de leur impact sur le couvert et de
leur coût zootechnique pour les animaux.
3.1. L’ALLONGEMENT DE LA SAISON DE
PATURAGE
En situation de faible chargement, l’allongement de la saison
de pâturage au-delà de la période de végétation active permet
de valoriser les excédents de végétation non consommés et
de réduire le coût alimentaire d’entretien hivernal des
animaux. L’ e ffet est celui d’un déprimage en début de
printemps et d’un nettoyage du couvert en fin de saison du
fait du report partiel des animaux sur le matériel sec ou épié
préalablement délaissé (D’hour et Dumont, 1998, Dumont e t
a l ., 2007a). Au bout de six années d’application de deux
durées de saison de pâturage (Témoin : 6 mois ou Allongé :
8,5 mois) dans une prairie de moyenne montagne exploitée à
0,65 UGB / ha, la valeur pastorale s’est mieux maintenue en
pâturage allongé (T : 33,5 v s . A : 39,7). A nouveau, le nombre
d’espèces végétales dans le couvert n’a pas été affecté par le
mode de pâturage, mais leur abondance relative a évolué
d i f féremment selon le taux d’utilisation des parcelles :
l’espèce dominante A g r ostis capillaris, de type C-S-R pour
Grime et al. (1988), a augmenté de 36 à 46% d’abondance en
pâturage allongé alors qu’elle régressait de 38 à 33 % dans la
parcelle témoin moins exploitée. Festuca ovina, de type S, a
progressé moins rapidement en pâturage allongé : elle couvre
9 % (T) v s . 4 , 5 % (A) de la surface totale après six années
d’application des traitements. A l’automne, les animaux ont
perdu du poids et commencé à mobiliser leurs réserves. Les
besoins en énergie pour reconstituer ces réserves durant
l’hiver restent cependant quatre fois inférieurs à l’économie
de fourrage conservé réalisée grâce à l’allongement de
2 , 5 mois de la saison de pâturage (D’hour et al., 2000). Se
pose alors la question du type d’animaux le mieux adapté à
ce « n e t t o y a g e » des prairies sous-chargées à l’automne. Une
étude visant à comparer les choix alimentaires de vaches
Salers selon leur stade physiologique, taries ou en lactation,
a montré que les vaches taries acceptaient plus facilement de
se reporter sur l’herbe sèche de moindre qualité en fin de
saison (Farruggia et al., 2006a), ce qui renforce la
préconisation zootechnique classique d’utiliser des animaux
à faibles besoins pour entretenir ces couverts diff i c i l e s
(Guérin et al., 2001). Les vaches en lactation ont manifesté
une plus forte sélectivité pour les repousses végétatives de
meilleure qualité, mais ont ingéré en moyenne 2,5 kg de MO
de plus que les vaches taries. Ce prélèvement plus important
pourrait compenser des choix alimentaires moins favorables
vis-à-vis de l’entretien du couvert. La complémentation des
vaches en lactation par des quantités de tourteaux de soja
allant jusqu’à 800 g par animal et par jour pourrait permettre
de limiter le coût zootechnique d’un pâturage d’arrière-
saison. A ce niveau de complémentation, nous n’avons en
e f fet pas constaté de substitution fourrages-concentré qui
diminuerait l’impact des animaux sur le couvert, ni d’ailleurs
d’augmentation significative de leurs rejets azotés : ceux-ci
ont été estimés à 3 u. N / ha pour deux mois et demi de
complémentation avec un chargement de 1,0 UGB / ha.
3.2. UNE ROTATION « AMENAGEE »
La fauche tardive mais aussi l’absence d’animaux dans les
parcelles pendant la période principale de floraison sont des
mesures souvent recommandées dans les politiques ou les
plans de gestion des territoires pour préserver ou augmenter
la biodiversité des prairies. Ces pratiques permettent aux
espèces végétales et aux oiseaux d’accomplir leur cycle de
reproduction et offrent aux insectes des abris et un habitat
a)
b)
23
Renc. Rech. Ruminants, 2007, 14
de qualité ainsi qu’une nourriture abondante, notamment
pour les papillons. Il existe cependant peu de données
quantifiant l’impact de ces pratiques sur la biodiversité
prairiale. Une expérimentation, mise en place dans des
prairies diversifiées de moyenne montagne a permis de
comparer un pâturage continu à 1,2 UGB / ha, à un pâturage
tournant « aménagé » au même chargement (Farruggia et al.,
2007). Les parcelles du pâturage tournant étaient composées
de quatre sous-parcelles dont l’une était soustraite de la
rotation après le premier passage début juin, le temps de la
période principale de floraison, puis réintégrée début août
jusqu’à la fin de la saison de pâturage. Cette mise en défens
partielle du dispositif a permis de fortement augmenter la
note d’intensité de floraison dans les parcelles soustraites au
pâturage (Farruggia et al., 2007), et de multiplier par 2,1 le
nombre de papillons et par 2,5 leur nombre d’espèces sur
l’ensemble du pâturage tournant. Cependant, si le pâturage
tournant aménagé a pu être conduit selon les prévisions en
année favorable à la pousse de l’herbe, nous avons perdu
cent dix journées-UGB de pâturage en année sèche par
rapport au pâturage continu (Farruggia et al., 2007). Ce
mode de conduite du pâturage favorable à la biodiversité
pourrait s’insérer dans les pratiques de gestion des prairies
des éleveurs à condition de conserver un chargement faible.
Il permettrait en outre de constituer, dans le cas de pelouses
peu productives à flore diversifiée, une surface de report
d’herbe sur pied intéressante en cas de sécheresse estivale.
4. PRESERVER LA BIODIVERSITE AU SEIN
DES EXPLOITATIONS D’ELEVAGE
La préservation de la biodiversité ne peut pas se raisonner
uniquement à l’échelle de la parcelle. C’est aussi à des
échelles plus larges, telles que l’exploitation ou la petite
région agricole qu’elle doit être appréhendée (Swift et al.,
2004). Au sein d’une exploitation d’élevage, il existe dans la
plupart des situations une diversité d’utilisation des surfaces
depuis un usage intensif pour les parcelles fauchées
précocement (ensilage ou enrubannage) ou les parcelles
proches des bâtiments, jusqu’à un usage très extensif pour
les parcelles les moins productives ou les plus difficiles
d’accès. Cette diversité des modes de conduite des parcelles
crée, à l’échelle de l’exploitation, une mosaïque aux états de
végétation contrastés favorisant la présence simultanée de
nombreuses espèces végétales et animales.
Dans trois exploitations en système herbager allaitant du
nord Cantal, situées à même altitude dans un même
environnement pédoclimatique et paysager, le nombre
d’espèces prairiales rencontrées sur l’ensemble de
l’exploitation croît de 123 espèces pour l’exploitation à
1,2 UGB / ha à 194 pour celle à 0,7 UGB / ha (Farruggia et
al., 2006b). Al’intérieur de chaque exploitation, il existe un
gradient de diversité de la richesse spécifique entre les
parcelles (figure 5). Dans l’exploitation la plus intensive, les
pratiques mises en œuvre par l’éleveur visent à
homogénéiser les parcelles et à réduire ainsi leur variabilité
spatiale (Landais et Balent, 1993). Ainsi, on ne trouve en
moyenne que 1,3 faciès par parcelle dans l’exploitation à
1,2 UGB / ha contre 2,2 pour celle à 0,7 UGB / ha. Dans
l’exploitation la moins chargée, une majorité de parcelles
présente une bonne richesse floristique quel que soit leur
mode d’exploitation. Malgré un nombre d’espèces végétales
recensé (i.e. 144) en deçà de celui de l’exploitation la moins
c h a rgée, c’est dans l’exploitation au charg e m e n t
intermédiaire que se rencontre le gradient de diversité
spécifique des couverts le plus important (figure 5) et par
conséquent que l’on trouve la plus grande diversité
d’habitats.
Figure 5 : Diversité de la richesse spécifique des couverts dans
trois exploitations en système Salers herbager situées dans un
gradient de chargement moyen allant de 0,7 à 1,2 UGB / ha,
d’après Farruggia et al. (2006b).
Cette diversité d’habitat est globalement favorable à la
biodiversité et conforte l’intérêt de promouvoir le maintien
d’une diversité d’utilisation des surfaces au sein des
exploitations d’élevage (Weibull et al., 2000). Elle offre en
permanence à la faune une mosaïque de zones d’alimentation
et de zones de refuge, certaines parcelles pouvant jouer un
rôle de réservoir pour les espèces défavorisées par d’autres
modes de conduite (Muller et al., 1998). Al’échelle de petites
régions agricoles, il y a suivant cette même logique, un
intérêt à préserver la diversité des types d’exploitation
(Benton et al., 2003) et cela même si le contexte économique
et l’organisation des filières qui en résulte tend à les
homogénéiser localement (Swift et al., 2004). A i n s i ,
l’uniformisation des pratiques et des exploitations à l’échelle
régionale est-elle vraisemblablement une menace bien plus
importante pour la biodiversité que l’intensification locale de
certaines parcelles (Carrère et al., 2002, Swift et al., 2004).
CONCLUSION
La gestion de la biodiversité constitue un enjeu majeur pour
les exploitations. Elle y est de plus en plus fréquemment
considérée non seulement comme une résultante du mode de
conduite des parcelles, mais aussi vis-à-vis des services
qu’elle rend aux activités d’élevage (Clergue et al., 2005) :
qualité des produits animaux, valeur nutritive des fourrages,
souplesse d’utilisation des prairies, etc. Sa préservation est
désormais explicitement prise en compte dans l’attribution
de la nouvelle prime herbagère agro-environnementale
(PHAE 2), les éleveurs qui s’y engagent ayant l’obligation
de respecter un certain pourcentage de leur surface en
éléments fixes de biodiversité tels que les estives ou les
haies. L’engagement unitaire « maintien de la richesse
floristique d’une prairie naturelle », dans les mesures agro-
environnementales prévues pour la période 2007-2013
constitue une étape supplémentaire dans l’intégration de la
préservation de la biodiversité au sein des systèmes
d’élevage herbagers. L’outil d’évaluation de la biodiversité
sera en effet basé non plus sur une obligation de moyen (e.g.
le respect d’une norme de chargement) mais sur une
obligation de résultat en terme de qualité écologique (De
24 Renc. Rech. Ruminants, 2007, 14
Sainte Marie et Mettelan, 2006). Ainsi, quelles que soient les
pratiques mises en œuvre par l’éleveur, au moins quatre
plantes indicatrices issues d’une liste préparée en
concertation au niveau régional devront pouvoir être
trouvées dans ses parcelles afin qu’il puisse toucher la prime
escomptée. Cette préoccupation grandissante, tant
écologique, que fonctionnelle et réglementaire pour la
biodiversité, nous renvoie à la nécessité d’une meilleure
compréhension des mécanismes agro-écologiques sous-
jacents et de l’impact des modes de conduite des parcelles et
des troupeaux..
Nous remercions M. Petit, P. D’hour, P. Pradel, P. Carrère,
F. Louault, L. Lanore, F. Decuq, D. Egal, C. Cirié, M. Frain,
P. Bachelard, T. Leroy et Y. Michaud pour leur contribution
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Wrbka T., 2003. Biol. Conserv., 114, 165-177
... De nombreux auteurs ont mis au point des outils de caractérisation de la végétation des prairies permanentes ayant une valeur indicatrice des pratiques et du milieu. La caractérisation la plus simple, selon les trois grands groupes, graminées, légumineuses et "diverses" (dicotylédones non fixatrices d'azote) peut être facilement liée aux mesures du prélèvement des animaux (DUMONT et al., 2007a). Une autre caractérisation repose sur la détermination de l'ensemble des espèces végétales (ELLENBERG, 1952) et sur l'hypothèse que la présence de certaines d'entre elles a une valeur indicatrice des facteurs du milieu (e.g., l'humidité, le pH, etc.) et des pratiques (e.g., les exigences vis-à-vis de l'état nutritif du sol, etc.). ...
... 195,[301][302][303][304][305][306][307][308][309][310][311][312][313][314] utilisées, représentent des indicateurs privilégiés. Dans le dispositif Forbioben, la part des espèces compétitives(type C de GRIME et al., 1988) ou ayant une stratégie intermédiaire (type CSR) diminue au plus faible chargement au profit d'espèces plus tolérantes aux stress (types S et CS), et cela même si l'abondance totale des graminées reste stable(DUMONT et al., 2007a ; tableau 2). Les types fonctionnels de graminées, définis parCRUZ et al. (2002) traduisent également l'effet des pratiques sur les réseaux de parcelles d'Ariège et du Nord-Cantal ainsi que dans la plupart des dispositifs expérimentaux (tableaux ...
Article
Comment décrire, comprendre et prédire l’évolution de la flore des prairies permanentes sous l’effet des pratiques? Pour contribuer à répondre à ces questions, nous avons rassemblé et revisité des dispositifs expérimentaux ainsi que des réseaux de parcelles et d’exploitations herbagères en zone de moyenne montagne. Pour l’ensemble de ces sites, nous avons utilisé les mêmes outils de caractérisation de l’évolution de la fertilité et de la végétation : les indices de nutrition, l’abondance des familles botaniques, l’indice de valeur pastorale, la richesse spécifique et les nouveaux outils issus de l’approche fonctionnelle. L’évolution de l’indice de valeur pastorale et de la richesse spécifique rendent bien compte des gradients de fertilité combinés ou non à des gradients de perturbation, mais restent descriptifs. Les valeurs moyennes de certains traits d’espèces, l’abondance des stratégies ou types fonctionnels des espèces dominantes et en particulier des graminées sont des bons révélateurs des conditions de milieu et de gestion. De plus, ils réagissent très rapidement à un changement de gestion, en particulier un changement de niveau de fertilisation et fournissent des éléments de compréhension sur le fonctionnement global de la communauté végétale. La capacité des types fonctionnels de graminées ne se limite pas au suivi de ces dynamiques de végétation mais peut aussi aider à raisonner le système fourrager.
... The choice of food also depends on the digestive capacities (masticatory activity and digestive enzymes) of each animal [28] [29]. Cattle are better able to digest very fibrous fodder because of their higher ruminal fermentation volume and longer feed residence time in the rumen [30] [31]. As a result, Piliostigma reticulatum is the only woody species whose seeds are best represented in cattle manures because its pods are rich in lignin [32]. ...
... En effet, le système buccal des caprins est bien adapté à la consommation des espèces épineuses par rapport aux ovins (Ginane et al., 2008). Les bovins sont moins aptes à la consommation des espèces épineuses du fait de leur appareil buccal ina-dapté mais digèrent mieux les fourrages très fibreux en raison du plus long temps de séjour des aliments dans le rumen (Dumont et al., 2007 ;Ginane et al., 2008). Ce qui explique l'absence de semences dans les fèces des bovins en saison pluvieuse où les herbacées sont disponibles. ...
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Les pratiques agropastorales présentent à la fois des effets positifs et négatifs sur la régénération des agroécosystèmes. Cette étude a pour objectif de déterminer l’effet des fèces de différents ruminants sur la dissémination et la germination des espèces en fonction de leurs traits fonctionnels. Ainsi, les fèces des bovins (Bos indicus), des caprins (Capra hircus) et des ovins (Ovis aries) ont été échantillonnées en 15 répétitions suivant trois périodes saisonnières de l’année dans 45 enclos en zone sahélienne du Burkina Faso. Le potentiel en semences et la capacité de germination de cinq espèces agroforestières (Balanites aegyptiaca, Faidherbia albida, Piliostigma reticulatum, Vachellia nilotica et Ziziphus mauritiana) et d’une espèce invasive (Senna obtusifolia) y ont été déterminés. Les résultats montrent que les fèces des caprins contiennent plus de semences des espèces agroforestières tandis que les ovins disséminent plus les semences de l’espèce invasive. Pour l’ensemble des six espèces, le potentiel séminal des fèces des caprins représente 64 %, contre 34 % pour les fèces des ovins et 2 % pour les fèces des bovins, de l’ensemble du potentiel séminal. Le potentiel séminal fluctue tout au long de l’année et est plus élevé en saison sèche et froide, soit 73 %, contre 21 % pour les fèces de la saison sèche et chaude et 6 % pour les fèces de la saison pluvieuse. Les semences témoins et celles issues des fèces des caprins ont les plus longs délais, durée, vitesse et forts taux de germination comparativement aux semences issues des fèces des ovins et des bovins. Les fèces assurent la dissémination et influencent les capacités germinatives des semences, d’où le rôle crucial des pratiques agropastorales dans les traits de régénération des agroécosystèmes.
... Lorsque la biodisponibilité spatiale des différents types d'espèces fourragères est définie, il devient possible de déterminer la production sur chaque parcelle par l'utilisation des modèles de prédiction du rendement (Razafinarivo et al., 2016 (Tainton, 1988). Il sera ainsi possible de profiter au maximum de la disponibilité de ces ressources et de déterminer l'instant propice de la mise à l'herbe, ou de la sortie d'herbe durant les différentes saisons (Dumont et al., 2007). ...
... Lorsque la biodisponibilité spatiale des différents types d'espèces fourragères est définie, il devient possible de déterminer la production sur chaque parcelle par l'utilisation des modèles de prédiction du rendement (Razafinarivo et al., 2016 (Tainton, 1988). Il sera ainsi possible de profiter au maximum de la disponibilité de ces ressources et de déterminer l'instant propice de la mise à l'herbe, ou de la sortie d'herbe durant les différentes saisons (Dumont et al., 2007). ...
... De plus, un changement annuel dans les modes de gestion permis par les mesures agro-environnementales améliore les performances écologiques, tout en augmentant la flexibilité de la gestion des prairies. Dumont et al., (2007), montre dans son étude le rôle important du pâturage et de la fauche pour l'entretien des prairies, et in fine, des paysages : le prélèvement des herbivores menace parfois la pérennité de certaines espèces végétales, mais permet aussi la présence d'un plus grand nombre d'espèces dans le milieu. Ainsi, pratiques de pâturage et dynamiques écologiques sont en interrelation au sein des écosystèmes de prairies. ...
Thesis
En Franche-Comté, les filières d’appellation d’origine protégées (AOP) fromagères, engagées dans la préservation des terroirs et des paysages ont mis en place une étude expérimentale sur les pratiques agricoles et leurs éléments paysagers associés (haies, arbres, bosquets), afin d’évaluer le niveau global de biodiversité dite « ordinaire » sur le territoire d’une coopérative laitière de 20 exploitations en zone AOP. La méthode BIOTEX (Institut de l’Élevage) a été employée pour établir si d’une part, les pratiques d’élevage actuelles préservent et encouragent la biodiversité tout en permettant la production d’un lait AOP de qualité ; et si d’autre part, les paysages sont maintenus dans leur complexité et leur typicité grâce aux activités d’élevage. 60% de l’assolement est en prairie permanente : cela est positif pour la biodiversité car elles rendent de nombreux services (support, approvisionnement, climat). Les infrastructures agro-écologiques (haies, lisières) sont présentes dans le paysage avec une densité élevée de 60% au moins pour chaque exploitation. Elles représentent de nombreux habitats pour la faune et la flore. La gestion des prairies permanentes est mixte : certaines parcelles sont fauchées précocement, d’autres sont utilisées de façon extensive et les pratiques se compensent au sein d’une exploitation et offrent un bon compromis entre préservation de la biodiversité et production de fourrage. Les pratiques sont variées entre les exploitations et participent à la production d’un contexte diversifié, en s’adaptant aux ressources et aux contraintes du territoire.
... En effet, les associations les plus complexes avec une composition initiale de 7 à 8 espèces ne comptent plus aujourd'hui que 2 à 3 espèces qui contribuent de façon significative à produire 98% de la biomasse aérienne (figure 6). La diminution de la diversité spécifique dans des couverts conduits de façon intensive est un phénomène connu en prairies permanentes où il a été mis en évidence que la diversité spécifique est maximale pour les niveaux intermédiaires d'intensification et faible pour des niveaux extrêmes (DUMONT et al., 2007). ...
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Comme l'annoncent plusieurs études, l'augmentation de la diversité spécifique des couverts prairiaux permet-elle une augmentation de la production fourragère et un moindre salissement par les adventices ? Un dispositif mis en place à Lusignan fournit des éléments de réponse. Ce dispositif en microparcelles est composé de 25 couverts avec une diversité spécifique initiale de 1 à 8 espèces (mélanges de graminées ou associations graminées - légumineuses), conduits sous 2 rythmes de défoliation et 2 niveaux de fertilisation azotée. Le nombre d'espèces semées dans les couverts n'a pas d'incidence sur la production de matière sèche, sur sa répartition intra ou interannuelle ni sur le salissement des couverts. En revanche, le choix des espèces, et en particulier la fétuque élevée et le dactyle, a un impact fort sur la production. La diversité spécifique des associations diminue au cours du temps et, après 5 ans, les associations les plus complexes ne comptent plus que 2 ou 3 espèces.
... Par exemple, la conversion à l'AB de la ferme expérimentale de Redon (INRA Clermont-Ferrand/ Theix) en production ovine a conduit à une forte augmentation du nombre d'espèces floristiques qui sont passées de 132 à près de 200 sur l'ensemble de la ferme, dont 17 espèces messicoles et 24 liées à la création de mares (Benoit et al 2005). La biodiversité floristique prairiale, elle, apparaît surtout liée aux modalités de gestion (Dumont et al 2007) ou à l'environnement paysager (Bengtsson et al 2005) plutôt qu'au mode de production (AB vs conventionnel) stricto sensu (Schrack et al 2009). Dans leur revue bibliographique, Hole et al (2005) signalent une relative focalisation des études sur les grandes cultures ou les systèmes mixtes, au détriment de l'élevage. ...
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Au regard des objectifs de développement de l’agriculture biologique (AB) affichés au niveau français, l’élevage est potentiellement un contributeur important. Le modèle de polyculture-élevage est un des fondamentaux de l’AB et a fait la preuve de sa robustesse. Mais aujourd’hui, on constate une diversité d’intégrations de l’élevage dans des unités de production, et des exigences nouvelles s’imposent à l’AB en termes de performances, du fait d’évolutions réglementaires ou de la situation des marchés. Quatre thématiques de recherche sont jugées prioritaires : i) concevoir des systèmes d’élevage plus autonomes et économes en intrants, en combinant expérimentations et suivis en ferme ; ii) évaluer l’état sanitaire des troupeaux et les outils thérapeutiques alternatifs, conformément aux attendus réglemen- taires en termes de santé et de bien-être des animaux ; iii) améliorer la maîtrise des qualités nutritionnelles, sensorielles et sanitaires des produits animaux ; iv) renforcer les interactions entre élevage biologique et environnement, en privilégiant ses impacts sur la biodiversité et sur les émissions de gaz à effet de serre, ainsi que les consommations énergétiques et les transferts de fertilité dans ou entre les unités de production. Les enseignements méthodologiques de projets de recherche sont précisés dans une dernière partie, en distinguant évaluation des performances et contributions au développement de l’AB.
... Les systèmes de production de bovins allaitants ont un rôle important que ce soit pour la production de viande bovine (ils couvrent environ 60% de la production de viande bovine en France), pour le maintien de larges espaces en prairies (Chatellier et Vérité 2003, Gibon 2005, Dumont et al 2007 ou pour l'aménagement des zones défavo- ...
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Les éleveurs de bovins sont confrontés à une évolution continue du contexte socio-économique et à des conditions climatiques et économiques aléatoires. Nous cherchons à déterminer à travers une analyse statistique si des exploitations disposant de plus grandes sources de flexibilité sont moins sensibles à ces aléas et si leurs revenus moyens s’en ressentent. A partir des données technico-économiques d’un panel de 55 exploitations du bassin Charolais sur la période 1987-2007, nous avons dégagé trois profils de production sur la base de critères relatifs à l’engraissement des mâles et au chargement. Des cycles de production plus longs confèrent une plus grande diversité d’animaux commercialisables à court terme et un faible chargement diminue les risques de pénurie en fourrages. Nos analyses montrent que ce sont les éleveurs avec le chargement le plus élevé qui ajustent le plus leurs itinéraires de production via la complémentation des animaux et la part des surfaces en prairies fauchées, et, qui ont les résultats économiques les plus sensibles aux aléas climatiques. Les éleveurs engraissant le plus d’animaux ont eu des revenus moins sensibles aux aléas de prix. Il n’y a en revanche pas de différences significatives de revenus moyens selon les profils. L’analyse des évolutions de long terme révèle que les éleveurs ont tous modifié leur exploitation via l’agrandissement, l’intensification de la production à l’animal et la diminution de la part des mâles engraissés. Les exploitations les moins chargées semblent aller vers une extensification encore plus prononcée de la gestion des surfaces fourragères.
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En élevage ovin allaitant, les déterminants majeurs du résultat économique sont la productivité numérique et les charges opérationnelles. Dans un contexte de volatilité du prix des matières premières, diverses expérimentations à l’échelle du système de production ont été développées dans l'objectif d’accroître l’utilisation de l’herbe par les animaux et de réduire les charges d’alimentation, tout en maintenant une productivité animale élevée. Les expérimentations menées à l’échelle du système de production montrent qu’une conduite économe des troupeaux qui privilégie le pâturage est compatible avec des performances animales élevées. Les principales adaptations mises en œuvre pour atteindre ce résultat ont concerné le niveau de chargement, la répartition des mises bas, l’introduction de légumineuses fourragères, le pâturage hivernal et l’élevage des agneaux à l’herbe, dont les effets sur la qualité de la carcasse et de la viande sont résumés. Par ailleurs, combiner une productivité animale élevée avec une très bonne valorisation des prairies et une fertilisation azotée modérée concourt également à une faible consommation d’énergie non renouvelable par kg de viande produite.
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Le conseil technique pour la gestion des prairies naturelles ou semi-naturelles se heurte depuis longtemps à la difficulté de mise en oeuvre de méthodes basées sur l'étude floristique de la végétation. Très consommatrice en temps, nécessitant une bonne connaissance en botanique et peu généralisables, ces méthodes sont peu appliquées par les conseillers agricoles sans un travail de simplification. Nous proposons une démarche adaptée de travaux en écologie permettant une lecture différente de la végétation qui peut ne pas faire appel à une reconnaissance botanique exhaustive. Les espèces sont regroupées selon des types fonctionnels construits à partir de traits biologiques (foliaires et phénologiques) mesurés ou issus des bases de données actuellement en construction. La végétation des prairies naturelles peut être décrite de manière plus simple que la composition botanique, par la constitution de groupes d'espèces ayant des fonctions similaires et partageant des caractéristiques biologiques (traits) communes. Ces groupes fonctionnels sont qualifiés de réponse ou d'effet selon qu'ils sont établis en fonction de la réponse des espèces aux variations de facteurs du milieu ou de leur effet sur le fonctionnement de l'écosystème prairial. Des traits foliaires tels que la surface spécifique foliaire, la teneur en matière sèche et la durée de vie des feuilles peuvent être utilisés pour définir les types fonctionnels dominants dans la prairie. Ils peuvent permettre de classer les formations végétales en fonction de gradients de fertilité ou d'utilisation, et de définir leur valeur d'usage agricole et/ou environnementale. Les principes et l'adaptation de la démarche aux cas des végétations complexes et fortement anthropisées sont présentés. Nous en discutons les applications et les limites.
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1. In June to September 1993 a transhumant flock of sheep on the Schwabische Alb was examined with respect to which plants and animals are transported on and in the wool of sheep within calcareous grasslands. Several factors possibly influencing the attachment and detachment of diaspores on fleeces were studied, as well as the distribution of diaspores on the various body-parts of a sheep. The effects of different modes of sheep locomotion on dispersal were examined with the help of a sheep dummy. In order to assess the retention time of diaspores and animals on sheep, some experiments with marked diaspores and animals were carried out on two tamed sheep. 2. In 16 intensive examinations of the fleece of a single sheep, over 8500 diaspores of 85 vascular plants species were found. The highest numbers of diaspores were attached at the breast and neck of the sheep. 3. Height of diaspore presentation, surface structure of diaspores and sheep locomotion were found to be the decisive factors for the reception and transport of diaspores in the wool. In addition, plant frequency and the length of the disseminating period are of importance. 4. Marked diaspores with both adhesive and smooth surfaces remained on the sheepskin for up to seven months, and can consequently be dispersed over the entire roaming area of the sheep. 5. Amongst the animals transported by sheep, only grasshoppers (13 species) were observed frequently on the flock of sheep. The period of time marked grasshoppers stayed on sheep ranged from 1 to 69 min, with an average of 14 min. During this period sheep can cover distances of over 100 m when grazing and well over 500 m when roaming. 6. Our study indicates that the importance of the dispersal of diaspores, and especially animals, by animals has so far been largely underestimated. This is mostly due to the methods previously used to examine dispersal mechanisms. 7. Conservation management of rare and endangered species should consider the importance of sheep for maintaining the species richness of calcareous grasslands. It is likely that transhumant sheep farming is irreplaceable in the restoration of grasslands threatened by fallow and woody successional stages. Moreover, traditional shepherding facilitates the exchange of individuals of both plants and animals between isolated patches. That is, sheep are able to maintain dynamic processes even in our greatly fragmented landscape: this is probably essential to long-term population viability of many species.
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The relationships between management practices, plant biodiversity and sustainability of grasslands are unclear due to the confusion in the definition of terms like biodiversity or stability. Comparison of results is misleading because of the variability in ecological conditions and scales among the different studies. We propose some general principles to avoid these difficulties and make the results compatible. An application to three different ecological conditions is given. In mountain grasslands, it exists a dynamic equilibrium between vegetation and management practices. In tropical grasslands, the level of disturbance is very high and makes the vegetation highly unstable. In calcareous grasslands, vegetation dynamics is mainly controlled by historical and spatial patterns. Comparing these three situations no relationships between species richness and sustainability is found. On the other hand, the rate of herbage consumption seems to be of primary importance regarding sustainability of grasslands. To go further in the analysis of underlying processes we suggest focusing on the functional diversity of grasslands. To do that we need more knowledge on the plant traits and functional types to precise the function of the different grassland species in the vegetation dynamics and ecosystem resilience.
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1. The utilization of the tussock-forming grass Nardus stricta was investigated in controlled grazing experiments in which various sward heights of between-tussock grasses were maintained thoughout the growing season using either sheep, cattle or goats. 2. The utilization of Nardus increased as the height maintained for the between-tussock grasses was reduced. The relationship between sward height and level of utilization of Nardus, however, differed greatly among herbivore species. 3. Under similar sward conditions, cattle and goats utilized more Nardus than did sheep. Utilization of Nardus declined over successive seasons under grazing by sheep but was sustained under grazing by cattle or goats. 4. The severity of defoliation of Nardus achieved by cattle or goats when between-tussock grasses were maintained at 4.5 cm (mean sward surface height above ground) resulted in disappearance of tussocks from the sward and in reduced size, leaf extension growth and nutrient reserves of Nardus tillers. Under cattle grazing, the cover achieved by Nardus decreased from 55.4% to 30.0% over 5 years. 5. Under sheep grazing, both the biomass of individual Nardus tussocks and the cover of Nardus increased. Cover increased from 58% to over 86% at a between-tussock height of 4.5 cm, while at a height of 3.5 cm, after initially declining, it increased to reach 72%. 6. The broad-leaved grasses showed a trend towards increase in cover when between-tussock sward height was maintained at 4.5 cm whether grazing was by cattle or by sheep; the trend was not evident at 3.5 cm (sheep grazing only). 7. Changes in the floristic composition of the sward are discussed in relation to the roles of the inherent growth characteristics of the species present, to selective defoliation and uprooting of the shoots, to altered nutrient cycling pathways under grazing and to the nutrient status of sites.
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When semi-natural pastures are abandoned, specialized grassland species are lost as a consequence of succession. As a counter-measure, previously abandoned grasslands may be restored by clearing shrubs and trees and re-introducing grazing livestock. In order to examine the effects of this type of habitat restoration, we compared species richness of plants and of specialized plants thought to be dependent on continuous management and species richness and abundance of butterflies and red-listed butterflies in 12 sets of matched continuously managed, abandoned and restored grassland in southern Sweden. We found no differences in species richness or abundance between the three grassland types. There were, however, some negative effects of abandonment. The number of management-dependent plants decreased with increasing cover of trees and shrubs, and in restored sites species richness of all groups decreased with increasing cover of trees and shrubs before restoration. Also the present management significantly affected both butterflies and plants. Species richness of both groups increased with increasing vegetation height and differed between sites depending on the species of grazers, with negative effects of sheep compared to cattle or horses. Our study indicates that for grassland management to be efficient, the restoration actions should mainly be directed towards sites where the post-abandonment succession has not proceeded too far.
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An experimental study at four North East England sites, was used to examine ovipositing preferences in the scarce northern brown argus butterfly Aricia artaxerxes. The impact of grazing management on habitat quality and adult population dynamics was examined using transect counts over a 10-year period at Thrislington Plantation NNR. The selection of ovipositing sites was not dependent upon the abundance of the hostplant, common rock-rose Helianthemum nummularium, or on the presence of bare ground. Eggs were frequently laid on the younger, second and third pair of leaves from the tip of the hostplant shoot and selected leaves were larger than leaves of randomly selected plants. In a laboratory experiment, hostplants treated with nitrogen, with larger and thicker leaves were selected for ovipositing most frequently. Fewer eggs were laid in managed (shorter vegetation) than unmanaged (taller vegetation) experimental plots and similarly, adults were much less abundant in grazing compartments subjected to higher grazing pressures, although recoveries were apparent once these were relaxed. A. artaxerxes is able to survive in a range of sward heights, but population densities were lowest in short vegetation (10 cm) swards. Grazing pressures less than about 0.2 Livestock Units appeared to be most beneficial. The implications of these results for the conservation A. artaxerxes sites are discussed.