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Premier signalement et extension rapide d’Erigeron bellioides DC. (Asteraceae) en Martinique

Authors:

Abstract

Erigeron bellioides DC., an Asteraceae species native to the northern Caribbean, has been found for the first time in Martinique in 2010, twenty years after its discovery in Guadeloupe where it has only recently been identified at the species level. This spread of E. bellioides in the French West Indies occurs in a context of more global expansion of this species with a progressive colonization of the Pacific islands since the 1970s and more recent introductions in Florida and Taiwan. E. bellioides abundantly colonizes lawns of some parks, gardens and a variety of disturbed habitats. Applying risk assessment tools indicate an intermediate level of risk with a low impact on Caribbean natural environments but potentially higher economic impacts. Its biology and ecologicalbehavior should be further studied in the framework of a surveillance program.
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J. Bot. Soc. Bot. France 70, 1‑11 (2015)
Premier signalement et extension rapide
d’Erigeron bellioides DC. (Asteraceae) en Martinique
par G. Fried*, E. Dumbardon‑Martial**
* Anses, Laboratoire de la Santé des Végétaux,
Unité entomologie et plantes invasives, CBGP - Campus International de Baillarguet,
CS 30016, 34988 MONTFERRIER-SUR-LEZ Cedex
** Fédération Régionale de Défense contre les Organismes Nuisibles de la Martinique,
Route du Lycée Agricole, Croix-Rivail, 97224 DUCOS
RÉSUMÉ : Erigeron bellioides DC., une astéracée originaire du nord des Caraïbes, a été trouvé pour la première
fois en Martinique en 2010, une vingtaine d’années après sa découverte en Guadeloupe où elle n’a été que récem-
ment identifiée au niveau spécifique. Cette progression d’E. bellioides dans les Antilles françaises s’inscrit dans un
contexte d’expansion plus généralisée au niveau mondial avec une colonisation progressive des îles du Pacifique
constatée à partir des années 1970, et des introductions plus récentes en Floride et à Taïwan. E. bellioides colonise
abondamment les gazons de certains parcs et jardins ainsi que divers milieux perturbés. Les méthodes d’évaluation
de son caractère envahissant indiquent un niveau de risque intermédiaire avec un impact faible pour les milieux
naturels antillais mais des impacts économiques potentiels. Sa biologie et son comportement devraient faire l’objet
d’études plus approfondies dans le cadre d’un programme de surveillance.
MOTS-CLÉS : espèce invasive, analyse du risque, espèce émergente, Antilles françaises
ABSTRACT: Erigeron bellioides DC., an Asteraceae species native to the northern Caribbean, has been found for
the first time in Martinique in 2010, twenty years after its discovery in Guadeloupe where it has only recently been
identified at the species level. This spread of E. bellioides in the French West Indies occurs in a context of more
global expansion of this species with a progressive colonization of the Pacific islands since the 1970s and more
recent introductions in Florida and Taiwan. E. bellioides abundantly colonizes lawns of some parks, gardens and
a variety of disturbed habitats. Applying risk assessment tools indicate an intermediate level of risk with a low
impact on Caribbean natural environments but potentially higher economic impacts. Its biology and ecological
behavior should be further studied in the framework of a surveillance program.
KEY-WORDS: invasive species, risk assessment, emergent species, French West Indies
INTRODUCTION
En 2010, l’un d’entre nous (EDM) découvre une petite
astéracée à feuilles disposées en rosette basale poussant
de façon spontanée dans le gazon d’un jardin public
de la commune de Saint-Joseph (Martinique). Un exa-
men rapide de la Flore de Guadeloupe et de Martinique
(Fournet, 2002) semblait dans un premier temps indi-
quer que ce taxon n’y était pas décrit. Le 24/01/2013, des
échantillons sont prélevés au lieu-dit Croix-Rivail à Ducos
et envoyés à l’Unité entomologie et plantes invasives du
Laboratoire de la Santé des Végétaux de l’Anses. La forme
et la disposition des feuilles en rosette basale rappellent
quelque peu celles d’une pâquerette (Bellis L.) tandis que
les capitules évoquent clairement ceux du genre Conyza
Less. Des recherches au sein de ces genres n’ont pas per-
mit d’aboutir à une identification spécifique à partir des
flores américaines consultées (notamment Flora of North
America Editorial Committee, 1993). L’envoi de photos
prises in situ à l’un de nos collègues, Jean-Marc Tison,
permet finalement d’attribuer un nom à cette plante sur la
base de comparaisons avec des photos publiées en lignes
(PIER 2009) puis à partir des descriptions détaillées dispo-
nibles (notamment Jung et al., 2009) et de nos échantillons
conservés en herbier.
Il s’agit d’Erigeron bellioides DC. que l’on peut traduire
en français par la vergerette fausse-pâquerette (fleabane
daisy en anglais et bellorita dans son aire d’origine, cf.
infra), ce qui confirme bien nos premières impressions !
En réalité, ce taxon figure bien dans la seconde édition de
la Flore de Guadeloupe et de Martinique (Fournet, 2002)
sous le nom d’Erigeron sp. et n’était jusqu’alors que signalé
de la Guadeloupe. Cette note revient rapidement sur la
description et l’origine de cette espèce avant de décrire son
écologie et son comportement en Martinique et de proposer
une première analyse de risque pour les Antilles françaises.
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POSITION TAXONOMIQUE
ET CARACTÉRISTIQUES MORPHOLOGIQUES
Au sein de la famille des Astéracées, le genre Erigeron
L. appartient à la sous-tribu des Conyzinae Horan. Il
s’agit d’un genre très important présentant une distri-
bution cosmopolite, mais principalement présent dans
les régions tempérées avec un centre de diversification
en Amérique du Nord (Nesom, 2006, 2008). Il compte
environ 400 espèces que l’on peut diviser en 35 sections
(Nesom, 2008). Erigeron bellioides DC. est une espèce
diploïde (2n = 9, Keil et al., 1988) appartenant à la sec-
tion Microcephalum G.L. Nesom, composée de 12 espèces
toutes d’origine caribéenne. Cette section se caractérise
principalement par des feuilles en forme de spatule réu-
nies en rosette basale, une tige simple (quelque fois rami-
fiée) et filiforme, munie de petites bractées ; généralement
un capitule solitaire (rarement quelques capitules) de très
petite taille(s) (Nesom, 2008).
La description d’Erigeron bellioides qui suit se base
sur les données bibliographiques (Wagner et al., 1999 ;
Fournet, 2002 ; Jung et al., 2009 ; Mears, 2009) complé-
tée par nos propres observations (Tableau 1), effectuées
sur une dizaine de plantes fraîches à Ducos (Martinique)
et sur nos parts d’herbier (Herbier Anses-LSV, n°156).
Erigeron bellioides est une petite plante annuelle de
(4-)6-15 cm de haut, qui se propage végétativement par de
minces stolons de 10-15 cm de long. Les feuilles sont prin-
cipalement disposées en rosette basale ; de forme spatulée,
un peu hirsute, leur dimension varie de 1 à 3,5 cm de
long et de 0,2 à 1,1 cm de large (Photo 1). Les bords sont
entiers ou crénelés et brusquement rétrécies en pétiole ailé.
Les tiges, érigées ou ascendantes, mesurent de (3-)4-7 cm
de long, et sont munies de feuilles très réduites. Celles-ci
se terminent par des capitules solitaires de 1,5-3 (-5) mm
de diamètre (Photo 2) ; les bractées de l’involucre sont
linéaires, les internes sont glabres à pubescentes et d’envi-
ron (1,5-) 2 mm de long, les externes sont pubescentes et
plus courtes (env. 1 mm). Les fleurs ligulées sont femelles
avec une ligule blanche longue d’environ 0,7 mm. Les
fleurs tubulées sont hermaphrodites, à corolles jaunes
atteignant environ 1,3 mm, présentant 5 lobes et contenant
des anthères de 0,3 mm de long. Les fruits sont des akènes
pubescents, de couleur paille, mesurant 1 mm de long,
surmontés d’une aigrette, mince, avec des soies blanches,
fragiles, presque égales à la corolle. Les individus mesurés
en Martinique (Tableau 1) rentrent dans la norme des des-
criptions existantes de l’espèce (Wagner et al., 1999 ; Jung
et al., 2009 ; Mears, 2009).
Jusqu’à présent la flore de Martinique ne comptait que
deux espèces du genre Erigeron (Fournet, 2002) : E. kar
vinskianus DC., originaire d’Amérique centrale et devenu
cosmopolite, qui est cultivé et naturalisé sur les vieux murs
et E. polycladus Urb., une espèce très rare, endémique des
Petites Antilles et inscrite dans la liste rouge des espèces
menacées de France (UICN France et al., 2013). E. bel
lioides se distingue aisément d’E. karvinskianus qui est une
espèce vivace à tiges couchées, très ramifiées dès la base,
et terminées par 1-5 capitules à fleurs ligulées blanches ou
rosées, bien plus grandes (5-8 mm). E. polycladus, qui pré-
sente le même port en rosette qu’E. bellioides, est cepen-
dant glabre et présente des aigrettes de soies brun-rouge
(Fournet, 2002). En Martinique, la floraison d’E. bellioides
s’étale sur l’ensemble de l’année mais semble moins mar-
quée durant la période sèche (février-avril).
CHOROLOGIE
E. bellioides est une espèce originaire du nord des
Caraïbes, dans la partie sud des Grandes Antilles (Mears,
2009). Elle est considérée comme indigène aux Bahamas,
à Cuba, en République Dominicaine, à Haïti et à Porto
Rico (USDA, ARS, National Genetic Resources Program,
2013), et signalée comme introduite dans divers régions
tropicales du monde depuis 40 ans.
Sur la partie continentale des Etats-Unis, E. bellioides
a été découverte en 2000 en Floride et semble désormais
bien naturalisée dans le comté de Miami-Dade (Mears,
2009). Elle est également indiquée avec un statut d’espèce
accidentelle au Mexique (Nesom, 1989). Dans les îles du
Pacifique, E. bellioides est plus anciennement naturali-
sée : présente à Guam dès les années 1970 (Fosberg et al.,
Tableau 1. Biométrie sur 10 échantillons récoltés au lieu-dit Croix-Rivail à Ducos (Martinique)
Individu Hauteur (mm) Tige (mm) Feuilles (mm) Ø capitule (mm) Bract inv (mm) Akènes L (mm)
L l Int. Ext.
Individu 1 37 33 16 2-7 2 1.5 1 1
Individu 2 73 67 22 3-9 2.5 2 1 1
Individu 3 60 55 22 2-8 2 2 1 1
Individu 4 72 67 30 2-9 2 2 1 1
Individu 5 62 58 32 2-11 2 2 1 1
Individu 6 58 55 27 2-10 2 2 1 1
Individu 7 47 42 22 2-8 2 2 1 1
Individu 8 60 56 31 2-9 2 2 1 1
Individu 9 70 55 30 2-10 2 2 1 1
Individu 10 72 53 25 2-8 2 1.5 1 1
Minimum 37 33 16 2-7 2 1.5 1 1
Moyenne 61,1 54,1 25,7 2,1‑8,9 2,05 1,9 1 1
Maximum 73 67 32 3-11 2.5 2 1 1
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1979), puis à Hawaï en 1984 (Wester, 1992 ; Wagner et al.,
1999) ainsi que dans de nombreuses autres îles : Etats
fédérés de Micronésie (îles de Kosrae et Pohnpei) ; îles
Marshall (atoll de Kwajalein et de Majuro); îles Mariannes
du Nord (île de Rota) ; Palau (USDA, ARS, National
Genetic Resources Program, 2013). L’Inventaire National
du Patrimoine Naturel (INPN) cite également E. bellioides
en Polynésie française (Muséum national d’Histoire natu-
relle, 2003-2013). Enfin en Asie, elle est connue à Taïwan
depuis 2005 (Jung et al., 2009).
Dans les Antilles françaises, ce taxon a d’abord été
récolté en Guadeloupe par Jean Vivant au début des
années 1990 dans le Parc de la Valombreuse à Petit Bourg
(Fournet, 2002). Depuis cette date, E. bellioides s’est large-
ment répandu sur cette île et a envahi de très nombreuses
pelouses (DEAL Guadeloupe & DEAL Martinique, 2013).
En Martinique, elle a été observée pour la première fois à
Saint-Joseph en 2010 dans le jardin public du Centenaire
(Photo 3) et dans un jardin privé où elle formait de petits
groupes d’individus clairsemés. Depuis lors E. bellioides
est devenue plus abondante et a colonisé la majorité des
espaces engazonnés de la commune. Elle est désormais
connue dans 12 des 34 communes de l’île avec des niveaux
d’abondance variables. Les communes du centre de la
Martinique (Fort de France, Lamentin, Ducos) et celles
du nord (Saint-Joseph, Gros-Morne, Sainte-Marie) sont
celles qui présentent les peuplements avec les densités les
plus élevés.
PRÉFÉRENCES ÉCOLOGIQUES
ET COMPORTEMENT D’E. BELLIOIDES
À LA MARTINIQUE
Dans son aire d’origine à Porto-Rico, l’espèce est citée
dans les endroits pierreux humides (« in stony moist
places », Cook & Collins, 1903-1905 ; « in humidis petro
sis », Urban 1903-1911), les bords de rivières (« ripam
rivuli », Urban 1903-1911) ou sur des berges argileuses
on clay banks », Wilson, 1917). Ce caractère hygro-
phile se retrouve dans la description de ses habitats secon-
daires dans les autres régions du monde où elle a été intro-
duite. En Floride, elle occupe des végétations herbeuses de
bords de routes et de parkings à caractère toujours plus
ou moins hygrophiles (« in damp to wet soils at all of
the sites », Mears, 2009). En Guadeloupe, les premières
populations occupaient des « allées herbeuses humides »
(Fournet, 2002). Enfin à Palau, elle se développe sur les
sables humides de l’île de Ngemelis (« moist sand », Space
et al., 2009).
C’est le cas également en Martinique, où elle pousse
sur des gazons en association avec des espèces plantées
(Paspalum notatum Flüggé principalement) ou le plus sou-
vent spontanée : Axonopus compressus (Sw.) P. Beauv.,
Digitaria spp., Kyllinga spp., Desmodium incanum DC., etc.
Cinq relevés effectués dans des zones typiquement envahies
permettent de préciser le type de communautés végétales
qu’affectionne E. bellioides en Martinique (Tableau 2). Le
recouvrement de chaque espèce identifiée a été relevé en
utilisant l’échelle de notation de 0 à 9 de Marnotte (1984):
0 = absent, 1 = 1 %, 2 = 7,5 %, 3 = 15 %, 4 = 30 %,
5 = 50 %, 6 = 70, 7 = 85%, 8 = 92.5 %, 9 = 100 % où les
pourcentages représentent le recouvrement moyen.
E. bellioides s’installe particulièrement dans les situa-
tions où le sol est nu ou présente un faible taux de cou-
verture végétal ; elle peut alors y former un court couvert
remplaçant presque entièrement les autres espèces végé-
tales (Photo 3). Les fauches mécaniques et/ou les tontes
régulières semblent doublement avantager E. bellioides :
d’une part son port en rosette la rend en partie inacces-
sible aux outils de coupe, d’autres part ces perturbations
créent des ouvertures et limitent la compétition avec les
espèces déjà installées. Les peuplements denses peuvent
atteindre 100 m2 voir plus selon les caractéristiques du
milieu colonisé (dimension, exposition…), le cortège floris-
tique associé et la fréquence des opérations de tonte.
Bien qu’E. bellioides ait été observée dans un grand
nombre de stations sur d’autres communes de l’île après
sa découverte à Saint-Joseph en 2010, elle reste absente de
certains milieux dans lesquels les caractéristiques pédocli-
matiques locales (milieux xérophiles), la gestion des sols
(parcelles cultivées des zones agricoles) ou la compétition
avec la végétation établie (grandes herbes) semblent défa-
vorables à son installation ou son développement.
VECTEURS D’INTRODUCTION ET CAPACITÉ
DE DISPERSION
La littérature internationale comporte très peu d’infor-
mations sur les vecteurs d’introduction d’E. bellioides, le
déplacement de terre contaminée semblant être le mode
principal de dispersion à longue distance. Les milieux
occupés par cette espèce (gazons, bords de route) pou-
vant être piétinés, elle pourrait facilement être transportée
accidentellement par la terre accrochée aux chaussures
comme cela a été suggéré dans les îles du Pacifique (Space
et al., 2009). Au-delà de la dispersion locale assurée par
ce vecteur (cf. infra), une étude récente (McNeill et al.,
2011) a montré qu’avec l’augmentation des échanges inter-
nationaux, la terre attachée aux chaussures des touristes
pouvait être responsable de l’introduction d’une quantité
non-négligeable de graines sur de nouveaux territoires (1g
de sol contenait en moyenne 2.5 ± 0.37 graines). McNeill
et al. (2011) indiquent d’ailleurs que les chaussures de golf,
donc des chaussures en contact d’une végétation carac-
téristique de celle où se développe E. bellioides (pelouses
rases, gazons), étaient celles qui comportaient le plus de
graines par gramme de sol (5.2 ± 1.16 graines/g de sol). Ce
mode d’introduction par le tourisme semble ainsi parfaite-
ment expliquer la colonisation rapide de l’île de Ngemelis
(Pacifique ouest) par E. bellioides dès lors que celle-ci a
été ouverte au public en 2002 (Space et al., 2009). Selon
le même raisonnement, il a également été avancé que les
oiseaux fréquentant des sites à E. bellioides peuvent trans-
porter accidentellement de la terre accrochée à leur patte
et contenant des graines (Nagata, 1995).
L’arrivée d’Erigeron bellioides en Martinique pourrait
avoir suivi un schéma classique connue pour d’autres
organismes exotiques. Ainsi, il n’est pas rare qu’avant d’ar-
river dans les Antilles françaises, les espèces introduites
accidentellement assurent leur dispersion à partir des îles
du nord de la Caraïbe et de la Floride suivant les prin-
cipaux flux commerciaux. Les îles du nord de la Caraïbe
ont souvent constitué une zone de « transit », entre leur
région d’origine et le reste de la région néotropicale, pour
différents insectes ravageurs (Etienne, 2007 ; Michel et al.,
2008 ; Etienne & Dumbardon-Martial, 2013). Compte
tenu de son aire de répartition s’étendant désormais de
la Floride à la Guadeloupe, on peut penser que le même
schéma s’applique à E. bellioides avec des populations
martiniquaises issues des îles du nord des Antilles via les
nombreux échanges interinsulaires (tourisme).
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Figure 1 : Feuilles spatulées de la rosette basale d’Erigeron bellioides
(Photo : Chloé Pierre) Figure 2 : Capitule d’Erigeron bellioides
(Photos : Chloé Pierre)
Figures 3 a, b, c : Populations monospécifiques
d’Erigeron bellioides établies au jardin du Centenaire
(Saint-Joseph, Martinique, 24/10/2013)
(Photo : Dumbardon-Martial)
ca
b
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A l’échelle locale, les modes de plantation privilégiés
par les professionnels des espaces verts (mise en terre de
plaques à gazon antillais à Axonopus compressus non
semés) et les pratiques d’entretien mécaniques des gazons
(tondeuse, débroussailleuse) pourraient largement favoriser
sa dispersion dans les jardins à partir des premiers foyers
existants. De même, le commerce de la « terre végétale »
pourrait représenter localement un vecteur de dispersion
non négligeable d’E. bellioides. Cette terre à structure gru-
meleuse issue des sols à allophanes peu évolués du nord
de l’île (Saint-Joseph, Gros-Morne, Sainte-Marie, etc.),
susceptible de contenir des akènes d’E. bellioides, est lar-
gement utilisée comme substrat de plantation dans la plu-
part des chantiers d’espaces verts.
EVALUATIONS DU RISQUE
Sur la base des éléments connus de la biologie, de l’éco-
logie et de l’extension récente d’E. bellioides, nous avons
évalué le risque représenté par ce taxon dans les Antilles
françaises en utilisant deux protocoles complémentaires
adaptés pour l’occasion à la région tropicale : i) l’analyse
de risque développée par Weber & Gut (2004) en Europe
et utilisé en France par la Fédération des Conservatoires
Botaniques Nationaux (Mandon-Dalger et al., 2011),
visant à évaluer l’impact d’une espèce exotique sur
la biodiversité, et ii) la méthode d’évaluation du risque
australienne (Phelloung et al., 1999) incluant les impacts
agricoles, qui est la plus largement utilisée au niveau mon-
dial, notamment dans les îles du Pacifique. Pour cette
seconde méthode, nous avons suivi les recommandations
de Gordon et al. (2010) pour répondre aux 49 questions.
Sur la base du protocole de Weber et Gut (2004),
Erigeron bellioides serait une espèce présentant un risque
moyen sur l’environnement (score de 21 sur une échelle
de 3 à 39, Annexe 1). Les caractéristiques bio-écologiques
présentant un risque sont sa large répartition, une bonne
adaptation au climat local et une capacité de reproduction
végétative permettant de couvrir rapidement son environ-
nement immédiat au moyen de stolons. La plupart des
autres traits (son caractère annuel, sa petite taille) situent
la plante à un risque environnemental intermédiaire voire
faible. Par ailleurs, elle occupe essentiellement les milieux
fortement perturbés par les activités humaines (celles-ci
favorisant sa prolifération) et ne fait, pour l’instant, l’objet
d’aucun établissement dans les milieux naturels.
L’évaluation du risque utilisant le protocole WRA aus-
tralien considère que l’espèce présente un risque assez
important (en particulier agricole) et préconiserait un refus
en cas d’importation volontaire (score > 6, voir Annexe 2).
Toutefois, il serait nécessaire de reconsidérer ce score après
calibration du seuil au-delà duquel une espèce doit être
considérée à risque dans les Antilles françaises, le seuil
utilisé par défaut étant calibré pour l’Australie, région
fortement vulnérable aux invasions. Il est admis qu’aux
Tableau 2. Relevés floristiques présentant dans 5 stations représentatives du niveau d’abondance d’Erigeron bellioides DC. et des
espèces co-occurentes utilisant l’échelle de notation de Marnotte (1984).
N° Station 12345
Surface du relevé (m²) 24 50 30 20 20
Date 24/10/13 24/10/13 24/10/13 24/10/13 21/10/13 Recouvrement moyen %
Erigeron bellioides
(Asteraceae) 3 8 8 9 5 61,2
Aeschynomene americana (Fabaceae) 2 1,4
Axonopus compressus (Poaceae) 2 5 2 1 13
Bothriochloa pertusa (Poaceae) 5 2 11,4
Desmodium incanum (Fabaceae) 1 1 1 0,6
Desmodium triorum (Fabaceae) 2 1,4
Digitaria sp. (Poaceae) 1 1 0,4
Drymaria cordata (Caryophyllaceae) 1 0,2
Elephantopus sp. (Asteraceae) 5 10
Fimbristylis dichotoma (Cyperaceae) 1 0,2
Kyllinga erecta var. polyphylla (Cyperaceae) 1 0,2
Kyllinga sp. (Cyperaceae) 1 2 2 3
Paspalum mbriatum (Poaceae) 1 0,2
Paspalum conjugatum (Poaceae) 5 10
Pilea micromera (Urticaceae) 1 0,2
Setaria barbata (Poaceae) 1 0,2
Tridax procumbens (Asteraceae) 1 0,2
Vernonia cinerea (Asteraceae) 1 0,2
Zoysia tenuifolia (Poaceae) 3 3
Localisation des stations. 1 : Fort-de-France, Fond Destreilles (bord de route), N4 ; 2 : Fort-de-France, Fond Destreilles (bord de route) ; 3 : Saint-Joseph
Bourg, stade municipal ; 4 : Saint-Joseph, Bourg (jardin du Centenaire) ; 5 : Fort-de-France, Moutte, (jardin privé).
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Antilles les formations sylvatiques originelles hautement
structurées (évolution vers l’état climacique) constituent
des verrous écologiques empêchant l’installation et l’ex-
pansion des espèces allochtones. Cette fois, outre sa très
bonne adaptation au climat, ce sont sa tolérance aux per-
turbations, des graines viables et persistantes dans le sol et
son caractère de « mauvaise herbe » des milieux perturbés
qui contribuent au risque élevé. Si l’on considère comme
justifié le niveau d’exigence sur la qualité du gazon, qui
peut s’avérer important dans certains cas (gazons spor-
tifs, gazons d’ornement…), il est clair que l’analyse du
risque australienne incluant les impacts économiques fait
mieux ressortir les nuisances associées aux recouvrements
importants atteints par Erigeron bellioides dans les zones
urbaines aménagées.
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
Erigeron bellioides est une espèce en voie d’expansion
au-delà de son aire d’origine (sud des Grandes Antilles)
avec une colonisation rapide de la Guadeloupe et plus
récemment de la Martinique. Si ses différents modes de dis-
persion à courte et à longue distance n’ont pu être identi-
fiés avec précision, les faits (colonisation rapide des milieux
favorables dans ces deux îles) montrent qu’il s’agit d’une
espèce naturalisée à très forte capacité de dispersion méri-
tant le qualificatif d’espèce invasive sensu Richardson et al.
(2000). Cependant, si elle a une bonne capacité de colonisa-
tion des sols nus, elle est peu compétitive, s’installe difficile-
ment dans des milieux présentant un couvert végétal dense
(grandes herbes par exemple) et ne tolère pas les situations
pédologiques et microclimatiques xériques. E. bellioides
présente le comportement d’une espèce opportuniste qui
devrait donc rester cantonnée aux jardins, gazons des zones
urbaines et autres milieux perturbés. Ces observations
combinées aux caractéristiques connus de l’espèce dans
les protocoles d’évaluation du risque utilisés conduisent à
considérer l’espèce comme ayant un risque intermédiaire
ou surtout économique (adventice des zones non agricoles).
On pourrait donc classer E. bellioides sur une liste d’ob-
servation. Cela implique généralement deux perspectives.
L’absence de risque élevé pour les milieux naturels et les
cultures alimentaires ne font pas d’Erigeron bellioides une
plante invasive prioritaire à gérer dans les Antilles fran-
çaises. Dans les milieux concernés par son développement
(pelouses, gazons, parcs urbains), on recherchera plutôt à
adapter les pratiques pour éviter de la favoriser (diminuer
la fréquence des tontes, éviter le surpâturage) ou de la dis-
perser (privilégier les semis de gazons à partir de graines
d’Axonopus compressus en évitant ainsi le déplacement
de terres contaminées). En second lieu, les nombreuses
incertitudes identifiées par l’analyse du risque australienne,
incitent à recueillir des données relatives à la biologie, au
comportement et à la distribution d’Erigeron bellioides qui
permettront de mieux préciser les risques et si nécessaire,
adapter les pratiques pour limiter sa diffusion.
REMERCIEMENTS
Nous remercions tout particulièrement Jacques Fournet
pour sa relecture du manuscrit et Jean-Marc Tison, pour
son soutien à l’identification des échantillons. Nous expri-
mons également nos vifs remerciements à notre amie
Chloé Pierre qui a bien voulu nous céder ses photos pour
la réalisation de cette note.
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Annexe 1. Analyse du risque simplifié selon la méthode de Weber & Gut (2004)
adaptée à la zone à risque considérée (Antilles françaises)
Questions Attribution du score Réponses Score
1. Est‑ce que l’aire de distribution
connue de l’espèce inclut des zones
écoclimatiques similaires à la zone
à risque?
- Non: 0
- Oui : 2 Oui, l’espèce est originaire d’une zone
écoclimatique comparable, à savoir
équatoriale humide (Af),,
selon la classication de Köeppen-Geiger
(Kottek et al., 2006).
2
2. Est‑ce que l’espèce est indigène
dans les Caraïbes? - Oui: 0
- Non: 2
Oui, l’espèce est indigène à Bahamas,
à Cuba, en République Dominicaine,
à Haïti et à Porto Rico
(USDA, ARS, National Genetic
Resources Program, 2013)
0
3. Dans combien de pays l’espèce
est‑elle présente? L’espèce est présente dans
0- 1 pays : 1
2- 5 pays : 2
5 pays et plus : 3
E. bellioides est présent dans plus
de 6 pays différents (USDA, ARS,
National Genetic Resources
Program, 2013)
3
4. Quelle est la taille de son aire
de distribution totale (incluant l’aire
d’origine et d’introduction)?
- Aire petite, l’espèce est restreinte à une
petite zone au sein d’un seul continent: 0
‑ Aire large, s’étendant sur plus de 15° en
latitude ou en longitude au sein d’un conti‑
nent ou couvre plus d’un continent : 3
Au-delà des Caraïbes, E. bellioides est
également présent en Asie à Taïwan
(Jung et al., 2009) ainsi qu’à Hawaï et
dans plusieurs îles du Pacique
(PIER, 2009).
3
5. Est‑ce que l’espèce est considérée
comme une mauvaise herbe ailleurs? - Non : 0
- Oui : 3 L’espèce est considérée comme
envahissante sur les gazons mais pas
comme une mauvaise herbe agricole
au sens strict (PIER, 2009).
0
6. Est‑ce que l’espèce appartient
à un genre comprenant
des « mauvaises herbes »?
- Non : 0
- Oui : 3 Oui, de très nombreuses espèces du genre
Erigeron sont des « mauvaises herbes »
(E. canadensis, E. sumatrensis) ou
E. cuneifolius (Nesom, 2008) pour
prendre un taxon de la même section.
3
7. Combien de graines l’espèce
produit‑elle approximativement? - Peu de graines ou pas de graines viables : 1
- Beaucoup de graines : 3
- Non connue : 2
Aucune information précise
n’est disponible mais il est probable
que la production de graines soit élevée.
2
8. Croissance végétative - l’espèce ne dispose pas de croissance
végétative permettant son expansion laté-
rale: 0
- s’il s’agit d’un arbre ou d’un arbuste,
l’espèce a la capacité de produire
des rejets de souches ou de s’enraciner
lorsqu’une branche touche le sol : 2
- l’espèce a des bulbes ou des tubercules: 1
‑ l’espèce a des rhizomes développés ou des
stolons assurant une expansion latérale: 4
- l’espèce se fragmente facilement et les
fragments se dispersent et peuvent former
une nouvelle plante : 4
- Autre ou ne sait pas : 2
E. bellioides est muni de stolons
qui lui permettent de coloniser
rapidement l’espace
4
9. Mode de dispersion - Fruits : baies inférieures à 5 cm de dia-
mètre : 2
- Fruits : baies supérieures à 10 cm de
diamètre ou de longueur : 0
- Fruits secs et graines ayants des struc-
tures adaptées à la dispersion par le vent
(pappus, hairs, ailes) : 4
- Fruits secs et graines ayants des struc-
tures adaptées à la dispersion à logue dis-
tance par les animaux (épines, pointes) : 4
- Espèce autochore: 1
‑ Autre ou ne sait pas : 2
E. bellioides possède de minuscules
akènes pouvant être dispersés
par le déplacement de terres,
les chaussures ou les pattes des oiseaux
(Nagata, 1995).
2
31
Questions Attribution du score Réponses Score
10. Type biologique
Quel est le type biologique de l’espèce? ‑ Petite annuelle (< 80 cm) : 0
- Grande annuelle (> 80 cm) : 2
- Pérenne ligneuse: 4
- Petite herbacée pérenne (< 80 cm) : 2
- Grande herbacée pérenne (>80 cm) : 4
- Plante aquatique ottante : 4
- Autres : 2
E. bellioides est une plante annuelle
de petite taille (< 15 cm). 0
11. Habitats de l’espèce - Habitats naturels ou semi-naturels peu
perturbés : 3
‑ Autres habitats (inuences anthropiques) : 0
E. bellioides occupe des pelouses,
des gazons et des zones perturbées 0
12. Abondance locale de l’espèce Espèce présente sous forme
- d’individus très dispersés : 0
‑ de patchs quelques fois à densité élevée: 2
- des grandes et denses monocultures: 4
Bien que commençant localement à for-
mer des monocultures, dans la plupart
des stations elle forme plutôt des tâches
de densité élevé mais en association avec
d’autres espèces.
2
Total 21
NIVEAU DE RISQUE EN FONCTION DU SCORE TOTAL
3–20 : Risque faible - Espèce ne représentant pas de menace pour les communautés naturelles.
21–27 : Risque intermédiaire ‑ espèce nécessitant des observations complémentaires.
28–39 : Risque élevé - Espèces susceptibles de représenter une menace pour les populations naturelles si elle se naturalise.
32
Annexe 2. Evaluation du risque utilisant le système australien (Phelloung et al., 1999)
adaptée à la zone à risque considérée (Antilles françaises).
Nom scientique: Erigeron bellioides DC. Résultats :
Nom commun : Vergerette fausse‑paquerette Score: 12 (A : 11 ; E :9)
Famille : Asteraceae
Histoire/Biogéographie Rép. Sco.
A1
Domestication
et culture
1.01 S’agit-il d’une espèce largement domestiquée. Si la réponse est non,
allez à la question 2.01 Non -
C 1.02 L’espèce s’est-elle naturalisée lorsqu’elle a été cultivé - -
C 1.03 L’espèce comprend-t-elle des variétés envahissantes - -
2
Climat
et Distribution
2.01 L’espèce est-elle adaptée au climat des Caraïbes (0-faiblement; 1-moyennement;
2-fortement) (2)
2.02 Qualité de la prédiction climatique (0-faible; 1-moyenne; 2-forte) (2)
C 2.03 Large amplitude climatique (espèce ubiquiste) Oui 1
C 2.04 Indigène ou naturalisé dans des régions correspondant à la plupart des bioclimats
des Antilles françaises : sec, moyennement humide, hyperhumide ? Oui 1
2.05 L’espèce a-t-elle une histoire d’introduction répétée en dehors de son aire d’origine Oui -
C3
Comportement
envahissant
ailleurs
3.01 Naturalisée au-delà de son aire d’origine Oui 2
E 3.02 Mauvaise herbe des jardins, des milieux perturbés Oui 2
A 3.03 Mauvaise herbe des milieux agricoles, horticoles ou sylvicoles Non 0
E 3.04 Plante envahissante des milieux naturels Non 0
3.05 Espèce appartenant à un genre comprenant des mauvaises herbes Oui 2
Biologie/Ecologie
A4
Traits
indésirables
4.01 Produits des piquants, des épines ou des arrêtes coupantes Non 0
C 4.02 Allélopathique Non 0
C 4.03 Parasite Non 0
A 4.04 Non consommé par le bétail Oui11
C 4.05 Toxique pour les animaux Non -
C 4.06 Hôte de ravageurs et pathogènes reconnus ? -
C 4.07 Cause des allergies ou présente une toxicité pour l’homme ? -
E 4.08 Constitue un risque d’incendie dans les écosystèmes naturels Non 0
E 4.09 Tolère l’ombrage durant une partie de son cycle de vie Non20
E 4.10 Tolère un grand nombre de conditions édaphiques Oui 1
E 4.11 Port grimpant ou étouffant Non 0
E 4.12 Forme des fourrés denses Non 0
E5
Type
fonctionnel
5.01 Aquatique Non 0
C 5.02 Graminée Non 0
E 5.03 Ligneux xateurs d’azote Non 0
C 5.04 Géophyte Non 0
C6
Reproduction
6.01 Preuve d’un échec de reproduction substantiel dans les habitats naturels Non 0
C 6.02 Produit des graines viables Oui 1
C 6.03 S’hybride naturellement ? -
C 6.04 Possibilité d’auto-fécondation ? -
C 6.05 Nécessite des pollinisateurs spécialisés Non 0
C 6.06 Reproduction par multiplication végétative Oui 1
C 6.07 Age de maturité reproductive (années) 1 1
1. E. bellioides est consommé par les ovins. Cependant en suivant les recommandations de Gordon et al. (2010), le fait que la plante est involontairement
sélectionnée par le pâturage (rosette basale persistante) nous amène à répondre oui à cette question
2. E. bellioides supporte des conditions de demi-ombre mais ne pousse pas dans des milieux à très faible incidence lumineuse.
33
Nom scientique: Erigeron bellioides DC. Résultats :
Nom commun : Vergerette fausse‑paquerette Score: 12 (A : 11 ; E :9)
Famille : Asteraceae
A7
Mécanismes
de dispersion
7.01 Propagules susceptibles d’être dispersés par inadvertance Oui 1
C 7.02 Propagules susceptibles d’être dispersés volontairement par des personnes Non - 1
A 7.03 Propagules susceptibles d’être dispersés en tant que contaminant de produits Non - 1
C 7.04 Propagules adaptés à la dispersion par le vent Non -1
E 7.05 Propagules ottants ? -
E 7.06 Propagules dispersés par les oiseaux ? -
C 7.07 Propagules dispersés par d’autres animaux (par exozoochorie) Non -1
C 7.08 Propagules dispersés par d’autres animaux (par endozoochorie) Non -1
C8
Attributs
de persistance
8.01 Production de graines prolique ? -
A 8.02 Preuve de la formation d’une banque de graines persistantes (> 1 an) Oui 1
A 8.03 Bien contrôlé par les herbicides ? -
C 8.04 Tolère ou bénécie d’actions de mutilation, de culture ou du feu Oui 1
E 8.05 Ennemis naturels efcaces présents dans la zone à risque Non 1
A = risque agricole, E = risque environmental, C = risque combiné
Article
This datasheet on Erigeron bellioides covers Identity, Overview, Distribution, Dispersal, Biology & Ecology, Environmental Requirements, Impacts, Prevention/Control, Further Information.
Article
Full-text available
L’étude de la diversité de la flore arvale et rudérale du centre INRA Antilles-Guyane avait pour objectif d’inventorier l’ensemble des espèces végétales présentes sur nos parcelles expérimentales. Cet inventaire, basé sur les travaux du botaniste Jacques Fournet, nous a permis d’identifier et caractériser cette flore, de classer les espèces en fonction de leurs caractéristiques agronomiques, écologiques, et médicinales et ainsi d’en prévoir l’évolution. En nous appuyant sur la méthode phytosociologique, nous avons découpé notre zone d’études en plusieurs parties à partir d’une cartographie des parcelles du centre. A l’aide de quadrats et de transects, nous avons procédé par comptage des espèces trouvées selon leur fréquence. 205 espèces, dont sept nouvelles pour la Guadeloupe, ont ainsi été inventoriées pour l’ensemble de la dition que nous avons ensuite classées en fonction de services ou de nuisibilités par rapport à l’environnement et aux agrosystèmes. Il nous reste maintenant à comprendre l’organisation des communautés végétales, les dynamiques d’association, et les éventuels liens (traits fonctionnels, allélopathie) entre les plantes cultivées sur place et les herbes de nos champs.
Article
Native to the Old World, Emilia praetermissa Milne‑Redhead, 1950 is reported for the first time toMartinique in 2017. In the neotropical region its geographical distribution is restricted to Lesser Antilles where it is also known in Saint Lucia and SaintVincent islands since 2013. In Martinique Emilia praetermisa was collected in polycultural systems being near the hygro‑mesophilic environments of northern humid forest massifs where it was associated with Emilia fosbergii and Emilia sonchifolia. Such as in West Africa, Emilia praetermissa is related to young secondary vegetation and growing in crops, on roadsides and in diverse disturbed areas. Both species Emilia fosbergii and Emilia praetermissa are pollen resources for bees and other floral insects in agrosystems. These three species plants form a part of the floral resource of the herbaceous vegetation foraged by insect pollinators of agroecossystems.
Chapter
Full-text available
Résumé : La dynamique migratoire de certains peuples est étroitement liée à celle de végétaux nécessaires à leur survie. L’épopée amérindienne dans le bassin caraïbe, qui se traduisit par l’introduction de nombreuses plantes utiles, est un exemple éloquent. Dans les Antilles, du début de la colonisation à nos jours, aux espèces exogènes importées d’Amérique tropicale se sont adjoints divers taxons pantropicaux. Les introductions successives sont dues principalement à l’augmentation des échanges agricoles, aux intérêts économiques grandissants liés aux productions horticoles et à la recrudescence des collections végétales. Contrairement à certaines îles tropicales, les Petites Antilles semblent être protégées des invasions fl oristiques, en dépit d’une forte anthropisation et importation de végétaux. Peu d’espèces étrangères tentent l’aventure dans le milieu naturel. Les déterminismes de cette apparente résistance écosystémique sont aujourd’hui inconnus. Cette situation étant transitoire, il s’avère nécessaire de considérer ce risque écologique lié aux espèces invasives. Les dysfonctionnements écosystémiques consécutifs, en accentuant les impacts des aléas telluriques et climatiques, nuiront dans le futur au développement de ces espaces insulaires exigus. Dans cet article nous tenterons de jeter les premières bases d’une compréhension des rapports existant entre les espèces introduites potentiellement invasives et la végétation naturelle. Abstract: For many human communities, their migratory process depends heavily on food plants edible for the daily diet. The history of the Indians of America throughout the Caribbean, illustrates precisely the process of introductioon of numerous useful vegetal species. In the lesser West Indies, from the fi rst times of colonization up to now, it can be noticed that various species imported from the tropical side of America added to different other tropical elements.The increase of agriculture exchanges and the rise of economic interests connected to plantation’s and horticulture’s development are the main causes of theses introductions. In most of small islands(eg. Mauricius, Reunion, Tahiti) the introduction of invasive species generate an ecological disaster. But the lesser West Indies seem to be protected from fl oristic invasions in spite of a high level of anthropization and importation of exogene vegetal species. Indeed, a few outside species are accommodated with the natural environment. The factors that could explain such an ecosystemic resistance are unkown nowadays. Due to the transitional caracter of such a situation, it appears very necessary to consider this ecological risk linked to the invasive species.
Article
Full-text available
Three newly naturalized Asteraceae species are reported in this paper. Cotula australis (Sieber ex Spreng.) Hook. f. and Erigeron bellioides DC. are well established and naturalized in urban areas of northern Taiwan. Ageratina riparia (Regel) R.M. King & H. Rob. is naturalized to northern and central Taiwan. Descriptions and illustrations of these alien Asteraceae plants are provided.
Book
Les différents climats des Petites Antilles conditionnent des milieux supportant un nombre étonnamment élevé de systèmes biologiques. Parmi ceux-ci, les écosystèmes forestiers sont les plus significatifs. Ils sont le lieu d'une forte richesse floristique et paysagère. Les couverts végétaux se résument, en général, à une mosaïque de communautés présentant des différences spatiales et temporelles, révélatrices de la variabilité des biotopes. De la disparité morphologique des Petites Antilles, il résulte des dominances floristiques spécifiques. Aussi, la distribution spatiale des grands types forestiers varie-t-elle d'une île à l'autre. Chaque domaine insulaire possède une identité sylvatique, tant dans ses potentialités que dans ses formes de régression. Les différences chorologiques notables des végétaux posent le problème de la biodiversité des petites îles caraïbes, puisque celles-ci s'assimilent à des éléments opérant des sélections au sein du potentiel floristique global. De toute évidence, la forêt des Petites Antilles est écologiquement très importante aussi bien à l'échelle de la Caraïbe qu'à l'échelle planétaire. De peu de surface du point de vue spatial, ces bio-systèmes possèdent néanmoins des particularités biologiques de nature à leur conférer le statut de laboratoire in situ, précisément pour la dynamique végétale. De nos jours comme jadis, les choix de développement se cantonnent beaucoup plus dans le sectoriel et ne prennent pas nécessairement en compte les couverts forestiers, qu'ils soient secondaires ou relictuels. Pourtant en l'absence de ressources matérielles économiquement rentables, ces derniers font office de composante essentielle dans la perspective d'un développement maîtrisé et durable. Les préoccupations socioéconomiques ne doivent pas exclure la nécessité de réduire la vulnérabilité des milieux face aux risques climatiques et telluriques de plus en plus prégnants. De ce point de vue, une vraie protection mécanique des sols implique l'existence de la forêt dans ses limites actuelles et la reforestation dans les zones présentement dégradées, impropres à l'agriculture et aux diverses infrastructures. En définitive, il paraît primordial de trouver la meilleure équation de nature à permettre au sein des écosystèmes forestiers, sur fond d'équilibre écologique, toutes les pratiques économiques, sociales et culturelles assurant un cadre de vie de qualité.
Article
Chromosome counts of Asteraceae are reported from Mexico, the United States, the West Indies, Peru, and Bolivia. First counts are reported for 27 species, eight infraspecific taxa, and three interspecific hybrids in Brickellia, Chrysanthellum, Cirsium, Egletes, Erigeron, Flaveria, Gnaphalium, Heterotheca, Hieracium, Hymenothrix, Koanophyllon, Layia, Lessingia, Pectis, Sclerocarpus, Stuessya, Tagetes and Wedelia. Counts are also reported for 196 taxa or hybrids for which chromosome numbers have been published previously. Of these, nine are new numbers. Taxonomic implications of certain counts are discussed.
Article
Through field work spanning a six-year period, Erigeron MIioides has been documented from several widely scattered localities in MiamiDade County, Florida. A description, localities, associated species, and photographs are included.
Article
A risk assessment system was developed to assess the invasion potential of new environmental weeds in central Europe. A pre-evaluation step excludes species that are officially controlled, widespread, or intended for use in protected cultures only. Species eligible for risk assessment are classified into three categories (high risk, further observation required, low risk) by rating them according to various biogeographical and ecological aspects. The rating system was validated by testing 47 well-known invasive plant species of temperate Europe and 193 exotic plants which have failed to establish themselves in Switzerland. The overall accuracy was 65%. Accuracy of correctly predicting invasive species was 77%, while accuracy of correctly predicting non-invasive species was 62%. The proposed risk assessment protocol should be understood as a first attempt for a European country and needs modifications. These can only be achieved by applying the system in practice.