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Koue et al. . J. Appl. Biosci. Oiseaux comme outils d’initiation à la connaissance de la faune et du
développement de la personnalité chez les Gouro de la Marahoué, centre ouest de la Cote d’Ivoire.
8337
Oiseaux comme outils d’initiation à la connaissance
de la faune et du développement de la personnalité
chez les Gouro de la Marahoué, centre ouest de la
Cote d’Ivoire.
KOUE BI T. M.,
YAOKOKORE-BEIBRO H. K.*,
KONAN E. M.,
ODOUKPE S. G. K. et KOUASSI K.P.
1
URF Biologie de la Conservation et Gestion de la Faune, Laboratoire de Zoologie et Biologie Animale, UFR
Biosciences, Université Félix Houphouët-Boigny, Abidjan, 22 BP 582 Abidjan 22.
*E-mail pour la correspondance : hyaokokore@yahoo.fr Tel : 225) 07 63 42 65 / 01 28 06 64
Original submitted in on 13
th
March 2015. Published online at www.m.elewa.org on 30
th
May 2015
http://dx.doi.org/10.4314/jab.v89i1.10
RESUME
Objectif : L’étude s’est déroulée dans la région de la Marahoué, au Centre Ouest de la Côte d’Ivoire sur une
période de trois ans, de juillet 2010 à juillet 2013. Elle avait pour objectif de faire l’état des lieux des
connaissances de ce peuple sur les Oiseaux de la région et de connaitre le comportement de ce peuple vis-à-
vis de cette faune.
Méthodologie et résultat : L’étude s’est basée sur la méthode des enquêtes au près des 1146 personnes
reparties selon les classes d’âge au sein des communautés Gouros de la région. Elle a pu montrer que le peuple
Gouro attribue à la majorité des familles, genres et espèces d’oiseaux un nom local en langue Gouro. Elle
indique que la chasse des oiseaux est une activité nécessaire pour tous les Gouro enquêtés ayant grandi en
campagne.
Conclusion et application : L’étude donne pour la première fois la liste des oiseaux chassés de la région étudiée en
langue Gouro, et montre l’utilité de ces oiseaux dans la vie du Gouro de la Marahoué. Il ressort de cette étude
que l’avifaune est utilisé par ce peuple pour développer la personnalité et les vertus de chasse jusqu’à
l’adolescence.
Mots clés : connaissances locales, ethno-ornithologie, oiseaux, peuple Gouro, Marahoué
Birds as tools for introduction to wildlife knowledge and to the development personality of the Gouro
people in the Marahoué region centre west Côte d’Ivoire.
ABSTRACT
Objective: The study took place in the region of Marahoue in the Central West of Côte d'Ivoire for a period of
three years from July 2010 to July 2013. It was intended to make the inventory of the knowledge of the Gouro
people about birds in the region and to know the behaviour of the people concerning this avifauna.
Methodology and results: The study was based on the method of investigations by interviewing nearly 1146
people, spread across age classes within the Gouro communities in the region. It showed that the Gouro
people have a good knowledge of the birds and can give to the majority of families, genera, and species of
birds a local name. It shows that hunting of birds is a basic activity for all who grew up in Gouro.
J
ournal of Applied Biosciences 89
:
83
37
–
83
47
ISSN 1997–5902
Koue et al. . J. Appl. Biosci. Oiseaux comme outils d’initiation à la connaissance de la faune et du
développement de la personnalité chez les Gouro de la Marahoué, centre ouest de la Cote d’Ivoire.
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Conclusion and Application: The study gives for the first time the names in Gouro language of hunted birds of
the region, and shows the usefulness of birds in the life of the Gouro of Marahoué. According to this study, this
people to develop the personality and hunting virtues until adolescence use the avifauna.
Keywords: local knowledge, ethno-ornithology, birds, people Gouro, Marahoué
INTRODUCTION
La place des animaux, dans le quotidien des
populations locales, reste aujourd'hui un sujet de
débat du temps puisque, chacun leur accorde son
estime selon ses propres sensations (Mongne,
2012). Particulièrement les oiseaux, par leur
omniprésence, sont appréciés de diverses
manières. Force est de constater que, certaines
personnes les méprisent à cause des ravages que
quelques espèces continuent de perpétrer
(Clergeau, 2000) alors que, d'autres utilisent
l’avifaune sans toutefois en déterminer avec une
conscience claire, la valeur sociale et économique
exacte qu'il faut leur accorder (Fabre, 1986). Parmi
les composantes des peuples, les appréciations
diffèrent selon la classe d'âge et les différentes
activités des individus (Bismuth, 2009). Ainsi, de ces
différences de point de vue sur la valeur des
oiseaux découle la problématique de la sauvegarde
de la biodiversité qui est de plus en plus
préoccupante (Bismuth, 2009) ; (Yaokokoré-Béibro
et al., 2010) et (Godford, 2010). Aussi, pour mieux
associer les populations à la sauvegarde du
patrimoine naturel, s'avère-t’il nécessaire de
connaître leurs us et coutumes (Yaokokoré-Béibro
et al., 2010). C'est dans cette optique que cette
étude a été menée dans la région de la Marahoué
en vue comprendre la place des oiseaux dans
l’éducation des enfants chez le peuple Gouro. En
effet, ce peuple est foncièrement rattaché à
l’agriculture (Konan, 2009) et sa survie repose
essentiellement sur l’apprentissage personnel et
l’usage de la faune tant dans l’alimentation
(Meillassoux, 1974 ; ICEF, 2002, Lauginie, 2007)
que dans l’organisation socio-culturelle (Haxaire,
2003).
MATERIEL ET METHODES
Milieu d’étude : Le milieu d’étude couvre toute la
région de la Marahoué située entre 6°00'0" et
8°00'0"de latitude Nord et 5°00'0" et 7°00'0" de longitude
Ouest, dans le centre ouest de la Côte d’Ivoire (Figure 1).
La Marahoué est limitée à l’Ouest par la région du haut-
Sassandra, à l’Est par les régions du Gbêkê, du Bélier
et du district autonome de Yamoussoukro. Au Sud, on
retrouve la région du Gôh et au Nord celle du Béré
(CNTIG 2011). Le relief de la région de la Marahoué est
constitué de plateaux et de vallées hydromorphes (CGS,
2010). Cette région est traversée par de petits cours
d’eau issus du fleuve Bandama. La pluviométrie annuelle
oscille de 1200 à 1800 mm. La température moyenne
annuelle est 26,39°C avec une humidité relative
moyenne annuelle de 82,12% (Tutiempo, 2014). Le
climat de type tropical humide lui offre une végétation
de forêt mésophile dans l’ensemble, avec des formations
naturelles constituées de forêts denses humides semi-
décidue, de forêts sèches ; de zone de contact
forêt/savanes, entrecoupées de galeries forestières, et de
savanes ouvertes (SODEFOR, 2010, Yedmel et al.,
2010). La région est riche en biodiversité animale mais la
plupart de la grande faune des Mammifères se retrouve
dans le parc national de la Marahoué. On y note par
ailleurs plus de 368 espèces d’Oiseaux (Raine, 2003).
L’environnement humain de la région est constitué
d’autochtones Gouro, d’allochtones (Baoulé, Malinké,
et autres communautés ivoiriennes) et d’allogènes
(Maliens, Burkinabé, Guinéens, Nigériens, Nigérians,
Mauritaniens, Libanais…) (CGS, 2010 ; Koffi, 2007). Le
peuple Gouro est le groupe ethnique majoritaire de la
région et occupe près de 93% des terres de la région
(Rouget, 1960). Appartenant au groupe linguistique
Mandé du sud avec les Dans ou Yakoubas (Tauxier,
1924), les Gouros constituent près de 4% de la
population totale de la Côte d’Ivoire (OCDE, 2005 ; ILA,
2005). C’est un peuple fortement attaché à la culture de
la terre, à la chasse et à la pêche (Meillassoux, 1974).
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développement de la personnalité chez les Gouro de la Marahoué, centre ouest de la Cote d’Ivoire.
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Figure 1: Localisation du site d'étude
Matériel : Une carte géographique du nouveau
découpage administratif de la Côte d’Ivoire (CNTIG,
2011) a été utilisée pour localiser les villages et
campements. Un dictaphone (OLYMPUS VN-713PC) a
servi pour l’enregistrement des conversations ainsi que
des vocalisations des spécimens d’oiseaux entendus. Un
guide d’identification des oiseaux de l’Afrique de l’ouest
(Borrow et Demey, 2008) a servi à l’identification des
oiseaux observés sur le terrain.
Méthodes : La collecte des données s’est déroulée
d’août 2010 à mars 2013. Elle a débuté par une pré-
enquête selon la méthodologie utilisée par Yaokokoré-
Béibro et al. (2010) et Statcan (2009a, b). Nous avons,
au cours de ces pré-enquêtes, pris contact avec les
populations locales (la chefferie, les chasseurs, les
tradipraticiens, les conteurs, les cultivateurs, les femmes,
les jeunes et les enfants) (Bigendako et al., 1995) et
d’identifier les différentes personnes ressources
(Bouillon, 1983). Lors de cette pré-enquête
l’échantillonnage a été fait selon le portrait sociologique
(profession ou activité, origine ou rang social, pratique
cultuelle et culturelle) (Figure 2). La classification a été
faite en fonction l’âge selon Haxaire (2003). Ainsi, ont été
distingués les enfants (4 à 12 ans), les adolescents
appelés par [24] « petits-jeunes » (12 et 17 ans), les
jeunes (17 à 40 ans) et les « jeunes-vieux » (40 à 50
ans) et les vieux (plus de 50 ans). A la suite de cette
pré-enquête, le choix des sites a été fait en fonction de
la facilité d’accès du village (Figure 1), du poids
socioculturel, de la présence de chasseurs, conteurs,
guérisseurs ou féticheurs. L’enquête proprement dite
s’est déroulée selon la méthodologie de Lainé (2005),
de Fugier (2006) et d e Yaokokoré-Béibro et al. (2010).
Les fiches d'enquêtes ont été renseignées pendant des
entretiens avec les populations locales. Des réunions
communautaires ont été planifiées et organisées pour
éviter ou diminuer les antagonismes au sein de la
communauté même. Lors des entretiens, les différentes
planches et photos des oiseaux tirés de la bibliographie
(Guide d’identification des oiseaux) (Borrow et Demey,
2008) ont été présentées. Les interviews ont été
participatives (Gevet, 1978, Yaokokoré-Béibro et al.,
2010). La perception et les notions des noms locaux ont
été facilitées par la bonne connaissance de la langue
Gouro (Malan, 2009 ; Massa, 2008) et par notre
implication dans les activités communautaire (séances de
sacrifice, de cérémonies de guérison et parties de
chasse). Ceci pour mieux comprendre les pratiques et
tendances internes du peuple Gouro (Pepin, 2011).
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développement de la personnalité chez les Gouro de la Marahoué, centre ouest de la Cote d’Ivoire.
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RÉSULTATS
Taux de participation des enquêtés : Un total de 1146
personnes a été interviewé. Les personnes interviewées
sont des adultes (46%) suivis des vieux (27%) et des
jeunes (20%). La participation des adolescents a été de
5% et celle des enfants de 2% (Figure 1). Au regard du
portait sociologique, le groupe ayant participé le plus
à l’enquête est celui des chasseurs occasionnels avec
un taux de 63% des interviewés, suivi de celui des
élèves (13%). Les chasseurs professionnels ont participé
à 8% suivi des danseurs à 7%). Le taux de participation
des guérisseurs et des restaurateurs a été
respectivement de 4% et 3% (Figure 2).
Figure 1: Taux de participation par classe d’âge Figure 2: Taux de participation par portrait sociologique
Âge de la première capture : Le premier contact avec
les animaux s’est déroulé pendant l’enfance pour 76,44%
des interviewés. Pour 21,56% des enquêtés, cette
première expérience de chasse s’est déroulée lors de
l’adolescence. Aucun des interviewés n’a commencé la
chasse à partir du troisième âge (Figure 3).
Animaux capturés lors de la première expérience de
chasse : Pour 80% des enquêtés, les Oiseaux ont été
les premiers animaux à être capturés ou abattus,
pendant leur première expérience de chasse. Les
Mammifères constituent pour 13% des enquêtés la
première proie de la première expérience de chasse.
Ceux qui ont fait leur première expérience avec les
Serpents et Lézards, et les Poissons représentent
respectivement 4% et 3% des interviewés. Aucun
interviewé ne s’est attardé sur les Amphibiens (Figure
4).
Figure 3 : Participation à la première expérience de chasse Figure 4 : Animaux capturés à la première expérience de
chasse
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Chasse des oiseaux dans l’enfance : Trente cinq
espèces de neuf familles d’Oiseaux ont été identifiées par
les interviewés (Tableau 1) comme faisant l’objet de
chasse pendant l’enfance. Sur un total de 943
interviewés ayant fait leurs premières expériences de
chasse avec les oiseaux, 33,40% ont chassés e t
abattus les espèces de la famille des Sylviidae (Figure
5) contre 18,13% des interviewés pour la famille des
Ploceidae (Tableau 1), 15,69% pour les Nectariniidae et
13,04% pour les Estrildidae. Après ces familles,
viennent les Pycnonotidae et les Passeridae. Les
espèces des familles des Bucerotidae, Viduidae et
Alcedinidae ont été les moins abattues par les enquêtés
(Figure 5). Au total, environ 27524 oiseaux ont été
abattus lors de l’enfance des 943 individus (Tableau 1). Il
en ressort que huit espèces de la famille des
Nectariniidae ont été abattues de même que dans la
famille des Sylviidae. Dans la famille des Ploceidae ce
sont six espèces qui ont été les plus abattues. Chez les
Passeridae et les Viduidae, seule une espèce a été la
proie des enfants ; ce sont respectivement Passer
griseus (Vieillot, 1817) et Vidua macroura (Pallas, 1764).
En termes de nombre d’individus abattus au total, la
famille des Nectariniidae a perdu plus d’individus avec
près de 7506 oiseaux (soit 27% des oiseaux abattus)
suivie de celle des Ploceidae (6405 oiseaux, soit 23%
des oiseaux abattus) (Figure 6). Près de 5857 oiseaux
(soit 21%) ont été abattus dans la famille des Sylviidae.
Considérant les différentes localités, à Zuénoula, les
Nectariniidae ont été les plus abattus (30%) suivies des
Ploceidae (21%) et des Sylviidae (20%). A Sinfra, les
Nectariniidae (29%), les Sylviidae (24%) et les Ploceidae
(21%) ont été les plus grandes proies des enfants. A
Bouaflé et Gohitafla, les Ploceidae furent les plus abattus
(respectivement 27% et 25%) suivies des Nectariniidae
(respectivement 25% et 24%) et des Sylviidae
(respectivement 19% et 22%) (Figure 6). L’espèce la plus
abattues dans toutes les localités est le Travailleur à tête
rouge Quelea erythrops (Hartlaub, 1848) avec 2900
individus au total et la moins abattue est le Calao siffleur
Bycanistes fistulator (Cassin, 1850) avec 243 individus
(Tableau 1).
Figure 5 : Interviewés en fonction des familles d’oiseaux abattus Figure 6 : Répartition des familles d’oiseaux
selon le nombre d’espèces abattues
DISCUSSION
La plupart des personnes interrogées ont affirmé avoir
eu contact avec leur premier oiseau pendant l’enfance.
Les travaux de Deluz (1970) et de Haxaire ( 2003)
relatent l’importance de l’âge de l’enfance chez le Gouro.
En effet, selon eux, c’est pendant l’enfance que le jeune
Gouro cherche à prouver aux siens ses capacités.
C’est alors à juste titre que la majorité des participants a
fait sa toute première expérience cynégétique de 6 à 12
ans c’est-à-dire au stade d’enfant (Haxaire, 2003). Fort
heureusement, cette première expérience qui constitue
de façon intégrale la base de l’éducation passe par la
«petite chasse» (Haxaire, 2003). Avant de satisfaire aux
attentes des parents, l’enfant Gouro cherche à faire
montre de ses capacités à ses «Bolouzan» c’est- à-
dire ses camarades (Haxaire, 2003) ou congénères.
Ainsi, la pratique de la «petite chasse» fut des
meilleures occasions pour prouver leur capacité à faire
mieux que l’autre (Haxaire, 2003). Ils exercent leur
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développement de la personnalité chez les Gouro de la Marahoué, centre ouest de la Cote d’Ivoire.
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habileté et leur sens de la responsabilité en groupe.
Ainsi, ils se familiarisent à la nature peu à peu,
affrontent la solitude et la peur, les éventuels dangers
dans la brousse. Ces activités de chasse leurs a
permis d’acquérir la connaissance et la maitrise de la
nature, le courage et la persévérance. Cette assertion
est alors en conformité avec les travaux de Maceron et
Roue (2009) lorsqu’ils ont pu montrer que les animaux
(y compris les Oiseaux) constituent le dénominateur
commun au monde car, c’est à partir d’eux que les
individus et les collectifs sociaux construisent les
différents rapports (Etho News, 2001). En effet, Jolas
(1986) a confirmé que l’activité de dénichage des
oiseaux pendant le printemps représentait, pour les
adolescents de la Haute Marche (France) tout comme
chez les enfants en pays Gouro, des moments
d’exercice à l’habileté et à la prudence. Cette activité
constitue, par la même occasion, un exercice des
caractéristiques cynégétiques. Il en est de même en
Italie et en Espagne où les jeunes garçons chassaient
toute l’année, mais au printemps, le dénichage s’active
et devient une passion (Fabre, 1986). Selon cet auteur,
le dénichage devient progressivement des occasions de
mise en place chez le garçon l’identité du jeune homme,
la maitrise de terrain, la qualité de l’épreuve, le
développement des langages particuliers. Les mêmes
vécues en Italie et en Espagne dans les campagnes se
retrouvent chez les jeunes Kweni de la Marahoué, et on
en note les mêmes avantages développés chez ceux-ci.
Également, cette pratique semble s’apparenter avec celle
de peuples Amérindiens (Erikson, 1988). Si l’initiation à la
connaissance de la faune et l’affirmation de la
personnalité chez le Gouro est marquée par la pratique
de la chasse, il n’en demeure pas moins que cette
chasse soit axée plus sur les oiseaux que les autres
animaux, plus précisément sur les petits oiseaux. Pour
cette activité, l’arme la plus appropriée et la plus utilisée
est le lance-pierre. C’est une fronde composée
d'élastiques fixés aux deux branches d'une fourche de
bois et servant à lancer des pierres (Larousse, 2015).
Cette petite chasse se déroule généralement dans des
zones ouvertes et à proximité des milieux anthropisées.
En effet dans ces localités les oiseaux sont plus
accessibles que les autres animaux (Etho News, 2001 ;
Yaokokoré-Béibro, 2001)
Koue et al. . J. Appl. Biosci. Oiseaux comme outils d’initiation à la connaissance de la faune et du développement de la personnalité chez les Gouro de la
Marahoué, centre ouest de la Cote d’Ivoire.
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Tableau 1 : Différentes espèces d’Oiseaux chassés fréquemment
Zue : Zuénoula ; Sin : Sinfra. Bfl : Bouaflé ; Goh : Gohitafla
ORDRES/ Familles/ Espèces Noms Français Noms Gouro Nombre d’individus abattus
Bfl, Goh, Zue Sin Bfl Goh
Zue Sin TOTAL
CORACIIFORMES
Alcedinidae
Halcyon malimbica
(Shaw, 1811)
Martin
-
chasseur à poitrine
bleue Bholou ble taah Saadobwa
60
60
62
81
263
Halcyon senegalensis
(Linné, 1766)
Martin
-
chasseur du Sénégal
60
67
61
60
248
BUCEROTIFORMES
Bucerot
idae
Tockus fasciatus
(Shaw, 1811)
Calao longibande
Dalié bi Cobê (Bfl),
Cobê (Goh, Zue) Côfê / côfê ti')
61
62
61
76
260
Bycanistes fistulator
(Cassin, 1850)
Calao siffleur
Clanclan (Bfl, Zue),
Glanglan (Zue) Clanclan
60
61
60
62
243
PASSERIFORMES
Pycnonotidae
Andropadus virens
Cassin, 1858
Bulbul verdâte
Pailuê (Bfl), Pailiê (Goh,
Zue)
Zôôyrôgô
74
74
85
90
323
Chlorocichla simplex
(Hartlaub, 1855)
Bulbul modeste
Gbôtôwlôkô
67
70
71
92
300
Pycnonotus barbatus
(Desfontaines, 1789)
Bulbul des jardins
Gblai
239
158
280
260
937
Sylviidae
Cisticola erythrops
(Hartlaub, 1857)
Cisticole à face rousse
Sraih le voun (Bfl, Goh),
Sraih le vlounnou (Zue) Vounni
186
301
273
320
1080
Cisticola lateralis
(Fra
ser, 1843)
Cisticole siffleurse
196
153
195
297
841
Cisticola galactotes
(Temminck, 1821)
Cisticole roussâtre
79
90
82
149
400
Cisticola brachypterus
(Sharpe, 1870)
Cisticole à ailes courtes
122
167
158
160
607
Prinia subflava
(J. F. Gmelin, 1789)
Prinia modeste
Bongnanin (
Bfl),
Tuèlè/Blin' à louwuo
(Goh), Tuinnin (Zue) Tuintuin
293
289
289
407
1278
Camaroptera brachyura
(Vieillot, 1820)
Camaroptère à tête grise
Tuinnin (Bfl, Zue),
Tuèlè/Blin' à louwuo
(Goh)
229
271
228
377
1105
Sylvietta virens
(Cassin, 1859)
Crombec vert
Blin' à louwuo (Bfl,
Goh), Plo là zèy (Zue) Gblaigblai/ Zey
60
62
66
94
282
Hylia prasina
(Cassin, 18
55)
Hylia verte
Blin' à louwuo
63
61
73
67
264
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Marahoué, centre ouest de la Cote d’Ivoire.
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ORDRES/ Familles/ Espèces Noms Français Noms Gouro Nombre d’individus abattus
Bfl, Goh, Zue Sin Bfl Goh
Zue Sin TOTAL
Nectariniidae
Cyanomitra cyanolaema
(Jardine et Fraser, 1851)
Souimanga à gorge bleue
Zêy Zêy
61
60
60
77
258
Cyanomitra olivacea
(Smith, A, 1840)
Souimanga olivâtre de l'ouest
73
72
71
97
313
Chalcomitra senegalensis
(Linné, 1766)
Souimanga à poitrine rouge
385
362
362
497
1606
Hedydipna collaris
(Vieillot, 1819)
Souimanga à collier
244
226
429
308
1207
Cinnyris chloropygius
(Jardine, 1842)
Souimanga à ventre olive
284
349
481
517
1631
Cinnyris minullus
(Reichenow, 1899)
Souimanga minule
Lôgô Zêy (Bfl, Zue), Zey
Wonnin Zêy
66
66
73
77
282
Cinnyris coccinigastrus
(Latham, 1802)
Souimanga éclatant
Mâle = Lôgô Zêy
/Femmelle = Tchan zêy Zêy
248
242
179
271
940
Cinnyris cupreus
(Shaw, 18
11)
Souimanga cuivré
268
144
470
387
1269
Passeridae
Passer griseus
(Vieillot, 1817)
Moineau Gris
Très nrin (Bfl), Flâ yuè
(Goh, Zue)
Zwrê/To ckni
miannin
286
390
447
368
1491
Ploceidae
Ploceus heuglini
Reichenow, 1886
Tisserin masqué
Sraih Sraih
261
142
250
150
803
Ploceus cucullatus
(Muller, 1776)
Tisserin gendarme
520
413
327
340
1600
Malimbus scutatus
(Cassin, 1849)
Malimbe à queue rouge
Drinha lou drin
Douta sraih tin/
Cohou wuoman tin
127
120
140
153
540
Quelea erythrops
(Hartlaub, 1848)
Travailleur à tête rouge
vuun gbé (Bfl), Gbé
(Goh) Vuun (Zue) Vounni
725
754
590
831
2900
Euplectes macrourus
(J. F. Gmelin, 1789)
Euplectes à dos d'or
Yaa lou boua (Bfl), Waa
lou gwlâ (Goh, Zue) Djan ta sraih
76
65
62
67
270
Euplectes ardens
(Boddaert, 1783)
Euplecte veuve
-
noire
Gbé tî
Tûo ta miannin
63
80
67
82
292
Estrildidae
Estrilda melpoda
(Vieillot, 1817)
Asrild à joues orange
G
bé (Bfl, Zue),
Bhouhounin (Goh) Djê nwiinhiin wéhi
319
215
270
277
1081
Spermestes
cucullata
(Swainson, 1837)
Capucin nonnette
Bouhounin (Bfl, Zue), Bo
tié bouhounin (Goh) Bhouhounin
176
150
224
150
700
Spermestes
bicolor
(Fraser, 1843)
Capucin bicolor
225
236
238
250
949
Spermestes
fringilloides
(Lafresnaye, 1835)
Capucin pie
149
139
120
142
550
Viduidae
Vidua macroura
(Pallas, 1764)
Veuve dominicaine
Bouhounin blou bi Droh Bonzuanin
117
81
90
123
411
TOTAUX
6522
6252
6994
7756
27524
Koue et al. . J. Appl. Biosci. Oiseaux comme outils d’initiation à la connaissance de la faune et du
développement de la personnalité chez les Gouro de la Marahoué, centre ouest de la Cote d’Ivoire.
8345
De même, certains sont capturés ou abattus lors des
parties de surveillance de riz. La plus part des oiseaux
capturés vivants servira pour l’enfant, tout d’abord un ami
et confident (Etho News, 2001 ; Michon, 2002). C’est fort
de cela que Godford (2010) a affirmé que l’oiseau a au
moins un rôle central à jouer dans la culture locale de
chaque peuple. De même, les travaux d’Adjakpa et al.
(2002) et ceux de Mongne (2012) attestent le rôle
multiple que joue l’oiseau dans les sociétés africaines et
amérindiennes. Il ressort que chez le Gouro, les enfants
apprécient les oiseaux vivants pour en faire leur ami et
jouet. Ce qui leur permettra d’apprendre à les nourrir, les
entretenir et les maintenir vivant autant que possible.
CONCLUSION
Cette étude fait ressortir que les oiseaux jouent un très
grand rôle dans la base éducationnelle chez le peuple
Gouro. Les oiseaux permettent aux enfants d’apprendre,
de se familiariser à la nature et d’acquérir des valeurs
morales. Ces espèces les aident à s’exercer à l’habileté,
au courage et à développer des aptitudes de chasse.
Dans cette optique, les petits oiseaux apparaissent
comme les meilleurs outils d’initiation à la connaissance
de la faune et d’acquisition de la personnalité. Cette
étude apporte des précisions sur l’usage des oiseaux
dans la culture des peuples, précisément chez le Gouro
de la région de la Marahoué. Ainsi, pour avoir une
vue nette et généralisée chez tous les Kweni de la Côte
d’Ivoire, il serait important d’élargir le champ de cette
étude à tout le centre ouest en vue de comprendre le
comportement des autres Gouro en dehors de la
Marahoué.
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