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Pesticides, agriculture et environnement. Réduire l'utilisation des pesticides et en limiter les impacts environnementaux. Expertise scientifique collective Inra-Cemagref (décembre 2005)

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Abstract

Forte consommatrice de produits phytosanitaires, l'agriculture française est confrontée à la remise en question de leur utilisation. Plusieurs raisons y concourent : la prise de conscience des impacts sur l’environnement, voire sur la santé humaine, le renforcement des réglementations qui encadrent leur emploi, la réduction du nombre de produits autorisés et efficaces. C’est dans ce contexte que les ministères chargés de l’Agriculture et de l’Environnement ont demandé à l’Inra et au Cemagref de réaliser une expertise scientifique collective faisant le point sur les connaissances disponibles concernant les conditions d’utilisation des pesticides en agriculture, les moyens d’en réduire l’emploi et les impacts environnementaux.
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... La qualité d'aménagement des zones tampons est un facteur clé pour préserver la qualité des eaux par rapport aux pollutions diffuses (Aubertot et al., 2005 ;Dorioz, 2013 ...
... La dérive des substances actives a lieu pendant la phase d'application (gouttelettes dans l'air) mais aussi après l'application par volatilisation sous forme gazeuse, ainsi que par l'érosion éolienne du sol qui met en suspension dans l'air des particules chargées en pesticides. Lors de l'application des produits phytosanitaires sur des feuillages, les pertes de produits vers l'air peuvent atteindre 30 % à 50 % (Anses, 2017 ;Aubertot et al., 2005). Une fois dans l'atmosphère, les pesticides atteignent la faune et les humains par inhalation et par contact cutanéo-muqueux (Anses, 2017). ...
... Certains pulvérisateurs équipés d'installations spécifiques permettent de contenir et diriger les produits. Il s'agit des rampes à injection d'air ou des rampes couvertes en grandes cultures, ainsi que des pulvérisateurs tunnels ou confinés, comprenant ou non des panneaux récupérateurs, en cultures pérennes (Aubertot et al., 2005 ;Balsari et al., 2014). L'utilisation de panneaux récupérateurs en viticulture permet de réduire grandement, voire de supprimer, les pertes dans l'air et au niveau du sol et conduit à une économie de bouillie d'environ 40 % grâce à la récupération par les panneaux (Davy, 2013 Lacour et al., 2015). ...
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IDEA4 is a method for assessing and analyzing farm sustainability. Its theoretical framework combines a dual approach based on the three dimensions of sustainability - agroecological, socio-territorial, economic - and the five properties of sustainable agricultural systems: Capacity to produce and reproduce goods and services, autonomy, robustness, territorial embeddedness, global responsibility. This dual reading of sustainability is a major innovation in the international panorama of indicator-based methods for assessing sustainability. The IDEA4 method is an operational tool that can be directly applied to the main agricultural production systems in mainland France, and more widely in Europe. IDEA4 can also be used as a theoretical support and evaluation tool for other agricultural systems around the world, with a few adjustments. Its fifty-three indicators are calculated and aggregated in a transparent and scientifically justified way. It can be implemented over a reasonable timescale, thanks to operational support for data processing and results production (explanatory sheets, survey guide, calculator, WEB-IDEA platform, etc.). The IDEA4 method can be used to identify progress paths towards greater sustainability in individual or collective agro-ecological transition initiatives. It is already widely used in agricultural and higher education, in consulting and support activities for agro-ecological transition, in public action to implement and monitor programs and in research.
... Beginning in the 1960s, Brittany experienced rapid development of intensive agriculture, particularly confined animal production. Because of its temperate oceanic climate and shallow soils and aquifers, water pollution by nitrate, phosphorus (P) and pesticides soon surged (Aubertot et al., 2007;. Today, Brittany is a region of Europe emblematic for its high nutrient loads and subsequent eutrophication problems in both tourist-oriented coastal bays and reservoirs used for drinking water (Le Moal et al., 2019). ...
... COST actions) and to co-author many articles with international teams, mainly in European countries facing similar problems with diffuse agricultural pollution, such as the United Kingdom (UK), Ireland and the Netherlands. Her international research career is also marked by two scientific visits, one to the French National Research Institute for Sustainable Development (IRD) in Dakar, Senegal (1991-1992, and the other to the University of British Colombia, Vancouver, Canada (2006-2007. The Ph.D. students that Chantal supervises are certain to have the opportunity for a shortterm scientific visit to a foreign country to broaden their horizons! ...
... In them, a group of experts analyses the international scientific literature to inform public debate about the given question. Chantal contributed to the joint scientific assessment "Pesticides, agriculture and the environment: reducing the use of pesticides and limiting their environmental impact" (Aubertot et al., 2007), which updated knowledge about and data on agricultural use of pesticides, their contamination of environmental compartments and impacts on non-target organisms and ecosystems. Chantal specifically contributed to the chapters related to hydrological transfers (i.e. ...
Article
Here we highlight the career contributions of Chantal Gascuel-Odoux in hydrology, soil science and agronomy. These contributions are divided into four main categories: i) Influence of soil and subsoil properties on hydrological processes; ii) Water, solute and particulate transfer at the catchment scale; iii) Design of integrated approaches to landscapes and territorial management; iv) Contributions to public policies and public debates. We conclude by emphasising Chantal’s human qualities, which we particularly appreciate as former mentees.
... Des chercheurs ont alerté sur la contamination des sols et des hydrosystèmes et sur la perte de biodiversité, du fait de l'usage excessif des pesticides (Carson, 1962 ;Hénin, 1980 ;Pelt, 2000 ;Barriuso, 2003). Les transferts des pesticides d'usage agricole, essentiellement depuis les parcelles d'épandage vers les cours d'eau, ont bien été étudiés (Aubertot et al., 2005 ;Leenhardt et al., 2022). Ces pesticides ont des effets délétères (directs et indirects) pour de nombreux organismes non-cibles des milieux récepteurs. ...
... Aubertot J.N., Barbier J.M., Carpentier A., Gril J.J., Guichard L.,Lucas P. et al., 2005. Pesticides, agriculture et environnement : réduire l'utilisation des pesticides et en limiter les impacts environnementaux. ...
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La protection phytosanitaire des vignobles soulève de nombreuses questions intéressant les viticulteurs. Quels maladies et ravageurs attaquent les vignes dans les différents pays producteurs ? Quelles pratiques en matière de conduite des vignobles permettent d’assurer la protection phytosanitaire ? Quelles sont les conséquences de l’usage des pesticides organiques et inorganiques en termes de risques environnementaux sur les écosystèmes terrestres et aquatiques ? Quelles sont les réactions des espèces biologiques aux impacts des pesticides ? C’est pour répondre au mieux à toutes ces questions que des chercheurs issus de diverses disciplines (agronomes, agroécologues, agroéconomistes, chimistes de l’environnement, hydrobiologistes, écotoxicologues) se sont associés pour apporter des explications scientifiques, étayées par leurs expériences sur un site d’étude commun. Ces auteurs explorent également les stratégies d’évolution des systèmes viticoles pour diminuer drastiquement la pression phytosanitaire actuelle des pesticides sur les écosystèmes et le biote. Ils examinent enfin l’action des politiques publiques d’accompagnement de ces stratégies. Chaque chapitre est accompagné du témoignage d’un acteur socioprofessionnel, ou expert scientifique, afin d’établir une relation étroite entre les besoins sur le terrain et les recherches conduites. Cet ouvrage s’adresse principalement aux gestionnaires de services agricoles et environnementaux, aux enseignants et étudiants, aux professionnels de terrain : viticulteurs et conseillers, techniciens de rivière… mais aussi à toute personne intéressée par la problématique des pesticides, plus particulièrement en viticulture.
... Des chercheurs ont alerté sur la contamination des sols et des hydrosystèmes et sur la perte de biodiversité, du fait de l'usage excessif des pesticides (Carson, 1962 ;Hénin, 1980 ;Pelt, 2000 ;Barriuso, 2003). Les transferts des pesticides d'usage agricole, essentiellement depuis les parcelles d'épandage vers les cours d'eau, ont bien été étudiés (Aubertot et al., 2005 ;Leenhardt et al., 2022). Ces pesticides ont des effets délétères (directs et indirects) pour de nombreux organismes non-cibles des milieux récepteurs. ...
... Aubertot J.N., Barbier J.M., Carpentier A., Gril J.J., Guichard L.,Lucas P. et al., 2005. Pesticides, agriculture et environnement : réduire l'utilisation des pesticides et en limiter les impacts environnementaux. ...
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La vigne est une plante particulièrement sensible à de multiples pathogènes, notamment fongiques, le mildiou et l’oïdium principalement, ainsi qu’à de nombreux ravageurs. De plus, l’exigence de qualité, aussi bien pour les raisins de table que pour ceux de cuve, destinés à l’obtention de vins aux meilleures propriétés organoleptiques, explique la nécessité d’obtenir une protection sanitaire optimale. Cela se traduit par un nombre important de traitements chimiques, quel que soit le mode de production, conventionnel ou biologique. Afin de mieux comprendre ces usages de la protection phytosanitaire en vigne, les critères de choix décisionnels des viticulteurs pour mener à bien cette protection, les transferts et les impacts des produits phytosanitaires sur les milieux connexes et les solutions alternatives dont l’application de base des concepts d’agroécologie par les viticulteurs, nous avons conduit pendant cinq ans un projet de recherche pluridisciplinaire, appelé PhytoCOTE, dans un secteur particulier du Bordelais, en continuum avec l’estuaire de la Gironde. Ce projet a été financé essentiellement par des fonds de l’Agence nationale de la recherche via le laboratoire d’excellence LabEx COTE de l’Université de Bordeaux et par le Conseil régional de la Nouvelle-Aquitaine. Il a généré des travaux de recherche dans une démarche originale d’intégration des différents concepts et processus relatifs à l’usage des pesticides en viticulture. Il a suscité de multiples approches scientifiques pluridisciplinaires (agronomie, agroécologie, chimie environnementale, hydrobiologie, écologie, écotoxicologie, socio-économie). Ce projet de recherche mené par des équipes de l’Université de Bordeaux, d’INRAE, du CNRS, de l’Ifremer, en relation étroite avec les acteurs socioprofessionnels locaux du secteur viticole et du domaine environnemental, constitue ainsi la genèse de cet ouvrage, élargi à la viticulture dans les pays producteurs sur les différents continents. Les expérimentations présentées ici ont été produites sur le terrain d’étude de PhytoCOTE afin que les lecteurs ciblés par l’ouvrage, principalement les gestionnaires agricoles et environnementaux, les professionnels de la filière viticole, ou encore les enseignants et les étudiants en écoles agronomiques et agricoles, puissent trouver des références concrètes en illustration aux approches scientifiques. Dans chaque chapitre figure le témoignage d’un acteur socio-économique ou expert scientifique exprimant l’intérêt des méthodes et des résultats acquis par rapport à la problématique concrète des gestionnaires et des praticiens. Ce chapitre 7 du livre "Pesticides en viticulture. Usages, impacts et transition agroécologique" présente des stratégies d’évolution des systèmes viticoles et des scénarios prospectifs pour une réduction des pesticides dans le cadre de la transition agroécologique. L’action des politiques publiques dans les pays producteurs du monde en vue de réduire fortement la pression exercée par les produits phyto�pharmaceutiques sur les milieux est d’abord évoquée. Dans ce chapitre sont rap�pelés les labels et différentes certifications adoptés pour accompagner les mesures pratiques nécessaires. L’agroécologie est présentée comme un nouveau mode de raisonnement en vue de l’adaptation des systèmes de production et d’application de nouvelles pratiques de conduite de la vigne. Des scénarios prospectifs inno�vants en agroécologie, bâtis sur la zone d’étude du projet PhytoCOTE, montrent des performances socio-économiques et environnementales supérieures à tous les systèmes étudiés sur le terrain. D’autres voies complémentaires sont évoquées dont celle de la génétique, le développement conséquent des méthodes de bio�contrôle, les outils de précision et la robotique pour un désherbage mécanique, l’évolution des équipements de pulvérisation. Enfin de multiples freins d’ordre économique, technique, psychologique et réglementaire existent et sont analysés. Le témoignage d’un viticulteur devenu expert en agroécologie présente avec objectivité les critères de choix de ses orientations, mais aussi les difficultés réelles et ses préoccupations pour l’avenir, eu égard notamment aux futures contraintes dérivant du changement climatique pour assurer une bonne protection sanitaire des vignobles.
... Des chercheurs ont alerté sur la contamination des sols et des hydrosystèmes et sur la perte de biodiversité, du fait de l'usage excessif des pesticides (Carson, 1962 ;Hénin, 1980 ;Pelt, 2000 ;Barriuso, 2003). Les transferts des pesticides d'usage agricole, essentiellement depuis les parcelles d'épandage vers les cours d'eau, ont bien été étudiés (Aubertot et al., 2005 ;Leenhardt et al., 2022). Ces pesticides ont des effets délétères (directs et indirects) pour de nombreux organismes non-cibles des milieux récepteurs. ...
... Aubertot J.N., Barbier J.M., Carpentier A., Gril J.J., Guichard L.,Lucas P. et al., 2005. Pesticides, agriculture et environnement : réduire l'utilisation des pesticides et en limiter les impacts environnementaux. ...
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La vigne est une plante particulièrement sensible à de multiples pathogènes, notamment fongiques, le mildiou et l’oïdium principalement, ainsi qu’à de nombreux ravageurs. De plus, l’exigence de qualité, aussi bien pour les raisins de table que pour ceux de cuve, destinés à l’obtention de vins aux meilleures propriétés organoleptiques, explique la nécessité d’obtenir une protection sanitaire optimale. Cela se traduit par un nombre important de traitements chimiques, quel que soit le mode de production, conventionnel ou biologique. Afin de mieux comprendre ces usages de la protection phytosanitaire en vigne, les critères de choix décisionnels des viticulteurs pour mener à bien cette protection, les transferts et les impacts des produits phytosanitaires sur les milieux connexes et les solutions alternatives dont l’application de base des concepts d’agroécologie par les viticulteurs, nous avons conduit pendant cinq ans un projet de recherche pluridisciplinaire, appelé PhytoCOTE, dans un secteur particulier du Bordelais, en continuum avec l’estuaire de la Gironde. Ce projet a été financé essentiellement par des fonds de l’Agence nationale de la recherche via le laboratoire d’excellence LabEx COTE de l’Université de Bordeaux et par le Conseil régional de la Nouvelle-Aquitaine. Il a généré des travaux de recherche dans une démarche originale d’intégration des différents concepts et processus relatifs à l’usage des pesticides en viticulture. Il a suscité de multiples approches scientifiques pluridisciplinaires (agronomie, agroécologie, chimie environnementale, hydrobiologie, écologie, écotoxicologie, socio-économie). Ce projet de recherche mené par des équipes de l’Université de Bordeaux, d’INRAE, du CNRS, de l’Ifremer, en relation étroite avec les acteurs socioprofessionnels locaux du secteur viticole et du domaine environnemental, constitue ainsi la genèse de cet ouvrage, élargi à la viticulture dans les pays producteurs sur les différents continents. Les expérimentations présentées ici ont été produites sur le terrain d’étude de PhytoCOTE afin que les lecteurs ciblés par l’ouvrage, principalement les gestionnaires agricoles et environnementaux, les professionnels de la filière viticole, ou encore les enseignants et les étudiants en écoles agronomiques et agricoles, puissent trouver des références concrètes en illustration aux approches scientifiques. Dans chaque chapitre figure le témoignage d’un acteur socio-économique ou expert scientifique exprimant l’intérêt des méthodes et des résultats acquis par rapport à la problématique concrète des gestionnaires et des praticiens. Ce chapitre 1 est consacré à la présentation des divers pathogènes de la vigne, aux pratiques viticoles de conduite des vignobles, y compris hors de l’Hexagone, aux usages de la protection phytosanitaire et aux risques agroenvironnementaux pour les écosystèmes. Certains cépages et leur connexion avec les porte-greffes renforcent ou diminuent leur résistance intrinsèque par rapport aux maladies. De même, le comportement de la vigne face aux agressions des pathogènes est variable selon les caractéristiques des différentes régions pédoclimatiques. Les modes de production et les systèmes de conduite induisent également des comportements différenciés des viticulteurs, notamment face à l’aversion envers les risques phytosanitaires et leurs conséquences sur la perte qualitative et quantitative de récolte. Les risques agroenvironnementaux de contamination des sols, des eaux, de l’air lors des traitements sont élevés et d’importants travaux de recherche sur les agroéquipements sont menés pour trouver des solutions liées à la suppression des herbicides, à la dérive atmosphérique lors des traitements, aux pertes sur le sol, tout en optimisant la protection phytosanitaire. Le témoin de ce chapitre, viticulteur en mode agrobiologique présente les raisons initiales du choix de son mode de production, alors peu répandu dans la région et au-delà, dès la reprise de l’exploitation familiale.
... Dans les pays occidentaux, le modèle agricole productiviste mis en oeuvre après la seconde guerre mondiale avait pour objectif majeur d'assurer l'autonomie alimentaire, la protection sanitaire des aliments et de permettre de réduire au mieux la part du budget dédiée à l'alimentation (Parmentier, 2007). En trois décennies, ces objectifs ont été atteints, voire dépassés, mais à un coût environnemental très élevé (pollution des eaux de surface, des eaux souterraines, des sols, chute de la biodiversité) (Aubertot et al., 2005 ;Barriuso, 2004) et avec des impacts pour la santé humaine, notamment en rapport avec l'usage de produits phytosanitaires (Alavanja et al., 2004 ;Aurias et al., 2016 ;Baldi et Lebailly, 2007 ;Baldi et al., 2012). De plus, l'agriculture conventionnelle basée sur l'usage d'intrants relevant de la chimie de synthèse (fertilisants, pesticides) est peu ouverte à la société, ce qui induit une forme de désapprobation par celle-ci et une forme de rejet des produits phytosanitaires et de leurs conséquences sur les écosystèmes et la santé humaine, désormais avérées (INSERM, 2013 ;Aurias et al., 2016 ;Garrigou et al., 2020). ...
... L'utilisation de produits phytosanitaires a appauvri, voire parfois détruit progressivement les sols cultivables (Aubertot et al., 2005). Le retournement systématique des sols (par action du labour) ainsi que l'emploi de pesticides ont peu à peu détruit la vie biologique du sol. ...
Article
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En s’appuyant sur une revue de la littérature, l’article propose un état de l’art centré sur l’agroécologie, concept polysémique, afin d’en éclairer la portée pour la viticulture et son application, dans le cadre d’un projet de recherche destiné à comprendre et construire la transition agroécologique dans les vignobles. L’agroécologie est tour à tour considérée comme une discipline scientifique proposant une analyse systémique en intégrant des sciences humaines et sociales, un ensemble de pratiques intégrant les principes de l’écologie en agronomie (travailler avec la nature), ou un mouvement social. L’échelle d’analyse a progressivement été élargie depuis le niveau de la parcelle agricole vers celui des territoires, jusqu’à des approches globales du système alimentaire. La vigne est une monoculture pérenne pour laquelle les enjeux de la transition agroécologique sont particulièrement importants eu égard notamment à la forte pression des pesticides appliqués en vue de la protection phytosanitaire. Ce débat, devenu sociétal, implique une évolution des systèmes de production viticole afin de satisfaire les enjeux environnementaux et de santé publique. Pour construire et évaluer des scénarios de transition agroécologique auprès des professionnels de la filière, nous avons réalisé une revue de la littérature qui a pu mettre en évidence différentes pratiques agroécologiques dans les vignobles : préservation de la biodiversité, baisse de l’usage des pesticides par une régulation des bioagresseurs et des adventices, conservation de la qualité des sols, adaptation au changement climatique. Elle permet également de discuter des enjeux d’élargissement de l’acception du concept d’agroécologie dans le contexte actuel. Ces éléments sont essentiels à l’identification de critères d’évaluation pour la construction de scénarios d’évolution des modes conventionnels de production viticole dans le cadre de la transition écologique.
... La toxicité des molécules pour les utilisateurs, les consommateurs, et les milieux biotiques est désormais avérée. Elle a ainsi des effets délétères (directs et indirects) sur de nombreux organismes non cibles des milieux récepteurs (van der Werf, 1996 ;Aubertot et al., 2005). ...
Conference Paper
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Introduction Pour répondre aux besoins alimentaires de la croissance démographique, l'évolution de la productivité en agriculture s'est faite durant près d'un demi-siècle dans les pays industrialisés par l'usage massif et souvent excessif d'intrants chimiques de synthèse (produits phytosanitaires, fertilisants). Cela est bien évidemment accompagné d'autres déterminants d'une agriculture intensive (génétique, rotations culturales très courtes, hyper mécanisation adaptée aux grandes parcelles, d'où pertes de biodiversité et d'habitats pour les auxiliaires des cultures, liées à la destruction des haies, arbres et bosquets, etc.). L'objectif était alors la lutte contre les cryptogames, les ravageurs des plantes et la gestion de la concurrence des adventices, dans une démarche de production agricole intensive. Ces pesticides, d'utilisation faciles et très efficaces, ont été systématiquement appliqués durant ces décennies suivant des recommandations, sans tenir compte généralement des considérations agronomiques ou écologiques. L'usage excessif d'intrants chimiques de synthèse trouve ses conséquences dans la contamination des écosystèmes et particulièrement les hydrosystèmes et les sols. Les transferts des pesticides d'origine agricole essentiellement depuis les parcelles d'épandage vers les cours d'eau sont connus. La toxicité des molécules pour les utilisateurs, les consommateurs, et les milieux biotiques est désormais avérée. Elle a ainsi des effets délétères (directs et indirects) sur de nombreux organismes non cibles des milieux récepteurs (van der Werf, 1996 ; Aubertot et al., 2005).
Chapter
Les transitions agroécologiques en France Enjeux, conditions et modalités du changement Chapitre 4 Quels instruments de politique publique mobiliser pour accompagner la transition agroécologique ? Focus sur la non-utilisation des intrants de synthèse en grandes cultures Résumé : Les politiques publiques sont un levier important pour inciter les agriculteurs à adapter leurs stratégies pour des systèmes de production plus durables du point de vue environnemental. La réduction de l'utilisation des pesticides de synthèse est un élément central de la transition agroécologique. Cet article recense et discute les principaux outils mobilisables que sont la taxation et les diverses formes de soutien, dont les Paiements pour Services Environnementaux (PSE). Il étudie ensuite la possibilité d'un soutien à la non utilisation de pesticides de synthèse pour les grandes cultures, sur la base de l'OTEX n° 15 du RICA, en calculant les montants de subventions nécessaires dans diverses situations, selon quatre facteurs clés (niveaux de baisse de rendement et de la conjoncture de référence, conversion ou non à l'agriculture biologique et niveau de plus-value correspondant). Enfin, ces propositions sont discutées en termes de modalités et d'incidences sur l'économie et les filières. Abstract: Public policies are an important lever for encouraging farmers to adapt strategies to implement more sustainable farming systems. Reducing the use of synthetic pesticides is a central element of agroecological transition. This article identifies and discusses main tools that can be mobilized, namely taxation and various types of support, including payments for environmental services (PES). It then studies the possibility of a specific public support for the non-use of synthetic pesticides for arable crops, based on the French RICA, OTEX N° 15, calculating the amounts of required subsidies, in various situations, according to Les transitions agroécologiques en France-Enjeux, conditions et modalités du changement Presses Universitaires Blaise-Pascal, Territoires 2, 2020, p. 75-96
Thesis
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A partir d’un postulat qui considère les collectifs (groupes) comme acteurs du changement, la thèse a interrogé les modalités de construction et de fonctionnement des initiatives collectives en circuits agroalimentaires de proximité d’une part. Elle a d’autre part questionné la place et le rôle des collectivités territoriales dans l’émergence et la coordination de ces initiatives dans les territoires. En mobilisant «l’économie des proximités » et la « sociologie économique », l’analyse s’est appuyée sur les données qualitatives issues d’enquêtes auprès des membres de cinq initiatives en Nouvelle-Aquitaine. Les principaux résultats notre analyse sont regroupés en quatre points. Le premier point montre que l’inertie interne des collectifs étudiés repose fortement sur des réalités sociales autres que les cadres formels de régulation, la conséquence étant une coexistence des modes de gouvernance formels et informels qui s’auto-renforcent dans le temps. Plutôt que d’appréhender la place et le rôle des collectivités à partir de leurs compétences comme ce qui est fait jusqu’ici, nous avons fait le choix de donner directement la parole aux porteurs de ces initiatives. A partir de cette approche, le deuxième point montre que les collectivités bénéficient d’une perception globalement positive de la part de tous les acteurs. Ces derniers ont identifié une diversité de rôles que jouent (ou peuvent jouer) les collectivités territoriales que nous avons résumés en deux types : (i) mettre au tour d’une même table tous les acteurs gravitant autour des questions agricoles dans une perspective de gouvernance alimentaire territoriale ; (ii) soutenir financièrement les initiatives collectives afin qu’elles contribuent à structurer l’offre agricole locale pour la faire correspondre à la demande alimentaire du territoire(troisième point). Cependant, si les collectivités parviennent à jouer le premier rôle en mettant les acteurs autour de la table, le quatrième point montre qu’elles n’arrivent pas à créer de valeurs communes permettant de concilier les différentes normes et valeurs poursuivies par les initiatives collectives selon qu’elles s’inscrivent dans des modèles agricoles différents. Partant du constat que ces divergences de valeurs conduisent à des inefficacités dans les tentatives de coordination, l’une de nos recommandations pour les collectivités est de prioriser des actions permettant de concilier ces divergences, en fléchant par exemple certaines de leurs interventions.
Article
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Le défi majeur du monde agricole aujourd’hui est de réduire de façon drastique l’usage des pesticides tout en maintenant un niveau de rendement, de qualité et de rentabilité satisfaisant. Dans le cadre d’un projet de recherche, nous avons étudié l’usage des produits phytosanitaires dans le Bordelais. Nous avons ensuite évalué les performances des systèmes viticoles existants afin de construire des scénarios de changement de pratiques pour réduire le recours aux pesticides, et préserver l’environnement et la santé humaine. Trente-huit viticulteurs pratiquant différents modes de conduite ont été interrogés. Les systèmes ont été évalués en utilisant deux méthodes d’analyse multicritère d’aide à la décision appartenant à la famille des méthodes ELECTRE : ELECTRE Tri-C et ELECTRE III. Sept critères d’évaluation ont été retenus, dont trois pour les performances socioéconomiques (rentabilité économique, charge de travail, complexité du système viticole) et quatre pour les performances environnementales (pression phytosanitaire, écotoxicité des pesticides, pratiques agroécologiques, niveau de la dérive des produits). Trois scénarios de changement de pratiques ont été construits en intégrant les bonnes pratiques identifiées sur le terrain : un scénario conventionnel raisonné optimisé (scénario Raisonné-Max ) ; deux scénarios en démarche agroécologique : Agroécologie (avec usage optimisé de produits de synthèse) et Agroécologie-Bio (sans produits de synthèse). ELECTRE Tri-C a permis d’affecter chaque système viticole ainsi que les trois scénarios dans l’une des quatre catégories prédéfinies de performance. Puis ELECTRE III les a classés dans chaque catégorie. On note une supériorité de la performance socio-éco-environnementale des scénarios agroécologiques et des systèmes biologiques. Cela tient principalement à un niveau de valorisation de la production plus élevé dans ces systèmes et à un niveau de pression phytosanitaire plus faible lié aux pratiques plus favorables au renforcement de la biodiversité. Ces résultats axés sur des démarches concrètes et réalistes constituent des modèles adaptables à des exploitations viticoles conventionnelles.
Dynamique des systèmes de culture et des systèmes de production, agriculture biologique, développement agricole Bernard BONICELLI, DR, Cemagref Montpellier : Techniques d'application des pesticides, dispersion des pesticides, évaluation et optimisation des matériels et des pratiques
  • Benoit Marc
  • Dr
  • Mirecourt
Marc BENOIT, DR, INRA Mirecourt : Dynamique des systèmes de culture et des systèmes de production, agriculture biologique, développement agricole Bernard BONICELLI, DR, Cemagref Montpellier : Techniques d'application des pesticides, dispersion des pesticides, évaluation et optimisation des matériels et des pratiques