La vigne est une plante particulièrement sensible à de multiples pathogènes, notamment fongiques, le mildiou et l’oïdium principalement, ainsi qu’à de nombreux ravageurs. De plus, l’exigence de qualité, aussi bien pour les raisins de table que pour ceux de cuve, destinés à l’obtention de vins aux meilleures propriétés organoleptiques, explique la nécessité d’obtenir une protection sanitaire optimale. Cela se traduit par un nombre important de traitements chimiques, quel que soit le mode de production, conventionnel ou biologique.
Afin de mieux comprendre ces usages de la protection phytosanitaire en vigne, les critères de choix décisionnels des viticulteurs pour mener à bien cette protection, les transferts et les impacts des produits phytosanitaires sur les milieux
connexes et les solutions alternatives dont l’application de base des concepts d’agroécologie par les viticulteurs, nous avons conduit pendant cinq ans un projet de recherche pluridisciplinaire, appelé PhytoCOTE, dans un secteur particulier du Bordelais, en continuum avec l’estuaire de la Gironde. Ce projet a été financé essentiellement par des fonds de l’Agence nationale de la recherche via le laboratoire d’excellence LabEx COTE de l’Université de Bordeaux et par le Conseil régional de la Nouvelle-Aquitaine. Il a généré des travaux de recherche dans une démarche originale d’intégration des différents concepts et processus relatifs à l’usage des pesticides en viticulture. Il a suscité de multiples approches scientifiques pluridisciplinaires (agronomie, agroécologie, chimie environnementale, hydrobiologie, écologie, écotoxicologie, socio-économie).
Ce projet de recherche mené par des équipes de l’Université de Bordeaux, d’INRAE, du CNRS, de l’Ifremer, en relation étroite avec les acteurs socioprofessionnels locaux du secteur viticole et du domaine environnemental, constitue ainsi la genèse de cet ouvrage, élargi à la viticulture dans les pays producteurs sur les
différents continents. Les expérimentations présentées ici ont été produites sur le terrain d’étude de PhytoCOTE afin que les lecteurs ciblés par l’ouvrage, principalement les gestionnaires agricoles et environnementaux, les professionnels de la filière viticole, ou encore les enseignants et les étudiants en écoles agronomiques et agricoles, puissent trouver des références concrètes en illustration aux approches scientifiques.
Dans chaque chapitre figure le témoignage d’un acteur socio-économique ou expert scientifique exprimant l’intérêt des méthodes et des résultats acquis par rapport à la problématique concrète des gestionnaires et des praticiens.
Ce chapitre 1 est consacré à la présentation des divers pathogènes de la vigne, aux pratiques viticoles de conduite des vignobles, y compris hors de l’Hexagone, aux usages de la protection phytosanitaire et aux risques agroenvironnementaux
pour les écosystèmes. Certains cépages et leur connexion avec les porte-greffes renforcent ou diminuent leur résistance intrinsèque par rapport aux maladies.
De même, le comportement de la vigne face aux agressions des pathogènes est variable selon les caractéristiques des différentes régions pédoclimatiques. Les modes de production et les systèmes de conduite induisent également des comportements différenciés des viticulteurs, notamment face à l’aversion envers les risques phytosanitaires et leurs conséquences sur la perte qualitative et quantitative de récolte. Les risques agroenvironnementaux de contamination des sols, des eaux, de l’air lors des traitements sont élevés et d’importants travaux de recherche sur les agroéquipements sont menés pour trouver des solutions liées à la suppression des herbicides, à la dérive atmosphérique lors des traitements, aux pertes sur le
sol, tout en optimisant la protection phytosanitaire.
Le témoin de ce chapitre, viticulteur en mode agrobiologique présente les raisons initiales du choix de son mode de production, alors peu répandu dans la région et au-delà, dès la reprise de l’exploitation familiale.