Proposant une ethnographie des Yuracaré, une population de langue isolée du piémont andin bolivien, cette thèse étudie la dialectique entre le discours mythique à travers lequel cette population rend compte des conditions d'avènement du "nous" qu'elle constitue et les rituels d'accomplissement de soi qu'elle a développés. Elle aborde d'abord l'aspect mythologique de ctte question en analysant le
... [Show full abstract] récit du démiurge Tiri, maître imparfait des humains ayant abandonné sans le vouloir ceux qu'il voulait rendre immortels mettant ainsi en évidence combien est importante l'expérience de l'incomplétude et de la déréliction dans la conception de soi yuracaré. La thèse s'intéresse ensuite aux principales pratiques rituelles vers lesquelles les Yuracaré peuvent se tourner afin de s'accomplir comme individus: le duel de flèches, les saignées ou encore les pratiques conduisant à l'accession au rang de chamane. Les différents aspects de l'ethnographie traités dans la thèse concourrent ainsi à cerner les limites de l'économie de la prédation, telle qu'elle est classiquement envisagée pour rendre compte des processus identitaires dans de nombreux contextes amazoniens. Subordonnée à la valeur assignée à des rapports de maîtrise définis par le contrôle et la protection, la prédation ne s'articule pas, chez les Yuracaré, à un quelconque dualisme déséquilibré entre affins et consanguins. Echappant à la constellation des sociétés à parenté dravidienne, les Yuracaré ont pour figure marquante de l'autre non un beau-frère/ennemi, mais un coaffin à la fois substitut de soi et rival.