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Pourquoi l’estime de soi diminue-t-elle chez les très âgés ?
Relations entre l’estime de soi et l’état de santé « objectif » des aînés.
Why does self-esteem decrease among the “older-old”?
Relationships between self-esteem and health-status of older adults.
Enguerran Macia
1
, Ph.D
enguerranmacia@yahoo.fr
Tel : 04-91-32-45-66
Gilles Boëtsch
1
, Ph.D
Gilles.Boësch@univ-mrs.fr
Tel : 04-91-32-45-99
Nicole Chapuis-Lucciani
1
, Ph.D
Nicole.Lucciani-Chapuis@univ-mrs.fr
Tel : 04-91-32-45-66
1
UMR 6578 (CNRS/Université de la Méditerranée) : Anthropologie Biologique :
Adaptabilité Biologique et Culturelle.
Faculté de Médecine de la Timone
27, Bd Jean Moulin
13385 Marseille Cedex 05
France
Remerciements:
Merci au Docteur Jaffré pour ses remarques sur une première version de cet article.
Nous remercions également le Centre d’Examen de Santé de la ville de Marseille, le
Centre Communal d’Action Social de Marseille ainsi que les maisons de retraite et
les clubs de seniors qui ont permis la constitution de l’échantillon de population.
Ce travail a été soutenu par le Ministère de la Recherche (ACI « Constructions,
normes et écarts » n° 045398) et le Conseil Régional Provence-Alpes-Côte-d’Azur.
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Résumé
Malgré de nombreuses études portant sur l’évolution de l’estime de soi au cours de la
vie, les relations entre estime de soi, vieillissement et santé restent en partie
inexplorées, particulièrement dans la population française.
L’objectif de cette étude est double : (1) évaluer les relations entre l’estime de soi et
les variables sociodémographiques chez les aînés, notamment l’âge et ; (2) si, comme
nous le supposons, l’avancée en âge est associée à une baisse d’estime de soi : tester
le rôle de « médiateur » des incapacités physiques et des maladies chroniques sur la
relation entre estime de soi et avancée en âge.
Pour cela, 400 personnes âgées de 60 à 92 ans, aux états de santé fort différents, ont
été interviewées individuellement à Marseille (durée moyenne 1h30).
Dans cet échantillon, l’âge, le lieu de résidence et la catégorie socioprofessionnelle
sont associées à une faible estime de soi. Les incapacités physiques sont également
associées à une faible estime de soi mais les problèmes de santé chroniques ne le sont
pas. Nos analyses ont permis de montrer que la relation entre avancée en âge et
estime de soi négative est « médiée » par les incapacités physiques.
Si les plus âgés ne sont pas atteints d’incapacités physiques, alors, ils n’ont pas plus
de risques d’avoir une faible estime de soi que les jeunes aînés. Ces résultats sont
discutés par le biais des activités sociales, mais également à travers les relations de
pouvoir inhérentes à la survenue de la dépendance.
Mots clés : estime de soi, incapacités physiques, problèmes de santé chroniques,
relogement en institution, activités sociales, relations de pouvoir.
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Abstract
Despite several studies on self-esteem across the life-span, relationships between
self-esteem, aging and health remain inconsistent, particularly among French older
adults.
The objective of this study is twofold : (1) to assess relationships between self-
esteem and sociodemographic factors, notably age, among French older adults, and
(2) if, as we supposed, age is associated with self-esteem: to test the mediating effect
of physical incapacities and chronic diseases between age and negative self-esteem.
In this way, 400 older adults living in Marseille, aged 60-92 years old, were face to
face interviewed (mean duration: 1h30).
In this sample, age, place of residence and educational level were associated with a
negative self-esteem. Physical incapacities were also associated with a negative self-
esteem, but chronic diseases were not. Our analyses also showed that the relationship
between age and self-esteem was mediated by physical incapacities.
If the “older-old” adults have no physical incapacities, they do not have more risks to
have a negative self-esteem than younger elderly. These results are discussed through
the social activities theory, and through power relationships inhere in dependency.
Key words: self-esteem, physical incapacities, chronic diseases, relocation in
institution, social activities, power relationships.
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INTRODUCTION
L’estime de soi est un construit socio-psychologique pouvant être défini comme
l’expression d’une approbation ou d’une désapprobation portée sur soi, indiquant
dans quelle mesure un individu se croit capable, valable, important. L’estime de soi
est connue pour être fortement et négativement corrélée à l’anxiété (e.g. Tarlow &
Haaga, 1996), à la dépression (e.g. Rosenberg et al., 1989), à l’isolement (Leary et
Baumeister, 2000) et positivement et fortement corrélée au bien-être subjectif (e.g.
Baumeister et al., 2003). C’est ainsi qu’elle est considérée comme un indicateur de la
santé psychologique et du bien-être des individus.
Si la question de l’évolution de l’estime de soi au cours du dernier âge de la vie reste
encore débattue, les plus récentes recherches – transversales comme longitudinales –
montrent que l’estime de soi diminue significativement entre 70 et 80 ans (Collins et
Smyer, 2005 ; McMullin et Cairney, 2004 ; Robins et al., 2002 ; Trzesniewski et al.,
2003). Cependant, ces recherches ne prennent pas en compte l’état de santé des
individus et ne permettent donc pas de préciser le rôle des incapacités physiques et
des problèmes de santé chroniques dans cette baisse d’estime de soi. Et si certains
chercheurs se sont tout de même penchés sur les liens entre estime de soi et
incapacités physiques dans la vieillesse (Reitzes et Murton, 2006), les liens entre
estime de soi et problèmes de santé chroniques n’ont, à notre connaissance, jamais
été étudiés.
Partant de cette littérature et de ses lacunes, cet article a pour objectifs (1) d’évaluer
les relations entre l’estime de soi et les variables sociodémographiques, notamment
l’âge, chez les aînés vivant à Marseille, et ; (2) si, comme nous le supposons,
l’avancée en âge est associée à une baisse d’estime de soi : tester le rôle de
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« médiateur » des incapacités physiques et des maladies chroniques sur la relation
entre estime de soi et avancée en âge.
L’estime de soi dans la vieillesse
Les études portant sur la relation la entre estime de soi et avancée en âge ont montré
des résultats contradictoires. En effet, certaines recherches indiquent que les cohortes
les plus âgées possèdent des scores d’estime de soi significativement plus élevés que
les cohortes plus jeunes (e.g., Gove et al., 1989 ; Trimakas et Nicolay, 1974) ;
d’autres montrent qu’il n’y a pas de différence d’estime de soi entre les jeunes
adultes et les personnes âgées (Erdwins et al., 1981 ; Ryff, 1989) ; enfin, certains
chercheurs soutiennent que l’estime de soi et l’âge sont corrélés négativement
(Jaquish et Ripple, 1981 ; Ranzijn et al., 1998 ; pour des revues de littérature, voir
Dietz, 1996 ; Giarrusso et al., 2001).
Selon les résultats et les auteurs, deux principales interprétations sont avancées. Une
perspective sociale justifie la diminution de l’estime de soi dans la vieillesse par
l’accumulation des pertes vécues par les âgés en un temps restreint : perte des rôles
sociaux (valorisés), perte des proches, problèmes de santé et handicaps. A l’opposé,
la perspective de « maturation », s’inspirant des travaux d’Erikson, soutient que
l’acceptation de soi augmente avec l’âge car les processus de comparaison sociale
seraient à ce stade moins importants que lors des autres étapes de la vie. Par ailleurs
la stabilité, voire l’augmentation, de l’estime de soi avec l’avancée en âge peut être
expliquée par des mécanismes d’adaptation psychologique – ou mécanismes de
« faire face » – comme la révision de l’histoire personnelle selon des processus
garantissant une évaluation positive (e.g. Greenwald, 1980), l’ajustement des buts
aux contraintes de la situation par des mécanismes d’adaptation de type
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accommodatif (e.g. Brandtstädter et Rothermund, 2002) ou encore, la mise en place
de comparaisons favorisantes avec autrui (e.g. Pinquart, 2002).
Si la variabilité des résultats et des interprétations avancées depuis plus d’une
trentaine d’années peut sembler déconcertante, il faut noter que les plus récentes
recherches font, au contraire, preuve d’une certaine homogénéité. Ainsi, plusieurs
recherches menées en Amérique du nord et portant sur de très importants
échantillons de population indiquent que l’estime de soi des plus âgés est inférieure à
celle des plus jeunes. La première de ces enquêtes quantitatives a été menée par
Robins et collaborateurs en 2002 et porte sur 326641 individus âgés de 9 à 90 ans
(Robins et al., 2002). Elle montre que l’estime de soi est élevée dans l’enfance,
qu’elle diminue durant l’adolescence, puis qu’elle augmente graduellement durant la
vie adulte avant de décliner vers l’âge de 70 ans. L’étude de McMullin et Cairney
(2004) a montré, sur un échantillon composé de 17626 canadiennes et canadiens âgés
de 12 à 90 ans, des résultats similaires. Une étude longitudinale menée sur 1278
individus âgés de 60 ans et plus a également montré que l’estime de soi des âgés
diminue significativement – mais faiblement – sur une période de trois ans (Collins
et Smyer, 2005). Une méta-analyse incluant l’ensemble des recherches longitudinales
indique également que l’estime de soi diminue significativement entre 70 et 80 ans
(Trzesniewski et al., 2004).Ces résultats ont été corroborés par une méta-analyse
portant sur la stabilité de l’estime de soi et montrant que cette stabilité diminue
nettement de la vie adulte à la vieillesse (Trzesniewski et al., 2003).
Cependant, si ces recherches indiquent une baisse d’estime de soi chez les plus âgés,
les causes de cette diminution restent hypothétiques puisque ces études n’incluent le
plus souvent comme facteurs de confusion que le genre et la classe sociale. C’est
ainsi que Trzesniewski et al. (2003) justifient la plus grande variabilité de l’estime de
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soi dans la vieillesse par : le départ des enfants, la prise de la retraite, la perte du
conjoint, les problèmes de santé et d’incapacités physiques.
L’estime de soi et les facteurs sociodémographiques
Estime de soi et genre
La majorité des études concernant la relation entre estime de soi et genre montre que
les femmes ont des scores d’estime de soi plus faibles que les hommes (pour une
revue, voir McMullin et Cairney, 2004). Pour Rosenfield (1999) : « Compte tenu du
pouvoir, des responsabilités dans le domaine public et de la valorisation des activités
masculines, les hommes tendent vers une plus haute estime de soi [que les
femmes] ». Cependant, chez les personnes âgées, les résultats sont plus variés
puisque si certaines recherches indiquent que cette différence entre hommes et
femmes persiste avec l’âge (McMullin et Cairney, 2004), d’autres montrent qu’elle
se réduirait (Kling et al., 1999), voire que les femmes auraient une plus forte estime
de soi que les hommes après 80 ans (Robins et al., 2002).
Estime de soi et niveau d’éducation
La littérature concernant la relation entre estime de soi et catégorie
socioprofessionnelle (CSP) indique que plus cette dernière est haute, plus l’estime de
soi est élevée (par exemple Mirowsky et Ross, 1996). Les interprétations concernant
cette relation sont le plus souvent basées sur la théorie des comparaisons sociales.
Rosenberg et Perlin (1978), par exemple, sont arrivés à cette conclusion en montrant
que l’association entre estime de soi et CSP est très forte chez les adultes en âge de
travailler, alors qu’elle est très faible chez les enfants (la CSP de leurs parents étant
prise en compte). Ainsi, il semble que les individus de plus faible CSP sont et se
sentent jugés négativement par les individus de plus forte CSP. Les recherches plus
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récentes conduites sur cette relation ont confirmé cette interprétation (pour une
revue, voir Turner et Roszell, 1994) et indiquent que cette association persiste chez
les personnes âgées (McMullin et Cairney, 2004).
Estime de soi et statut marital
Peu de recherches ont été menées sur la relation entre estime de soi et statut marital.
Pour autant, la majorité des chercheurs avançant que l’estime de soi diminue avec
l’avancée en âge affirme que les pertes associées à l’âge, comme le veuvage, sont à
l’origine d’une baisse d’estime de soi. L’étude longitudinale menée par Van Baarsen
en Hollande (2002) confirme en partie cette hypothèse. Cependant, cette étude
montre également que les personnes ayant perdu leur conjoint recouvrent des
niveaux d’estime de soi satisfaisants une fois le choc dissipé, c’est-à-dire un à deux
ans après la perte du conjoint. Par ailleurs, une récente recherche menée par Mancini
et Bonanno (2006) sur les personnes âgées, indique que la proximité entre les
individus mariés (marital closeness) serait bénéfique à la valeur qu’ils s’accordent.
Estime de soi et lieu de résidence
Le relogement en institution est considéré comme une des difficultés les plus
importantes auxquelles doivent faire face les personnes âgées (Burnette, 1986 ; Shu
et al., 2003 ; Zarit et Whitlatch, 1992). En effet, vieillir chez soi permet de marquer,
de délimiter, de défendre le territoire contre les intrusions extérieures, de s’inscrire
dans un espace-temps et de poursuivre la trajectoire de vie (Piquemal-Vieu, 1999).
Les sentiments de continuité de soi et de sécurité procurés par le contexte sont très
bénéfiques au moral des personnes et au dépassement des contraintes liées au
présent. Vivre à domicile permet ainsi de contrôler son environnement. Le logement
dans lequel le sujet âgé vit semble représenter une coquille protectrice pour lui. A
l’opposé, l’abandon du domicile constitue une perte affective irréversible suscitant
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un bouleversement émotionnel, spatio-temporel et socioculturel (Piquemal-Vieu,
1999). Ainsi, quitter son « chez soi », ce serait y perdre « de soi », voire parfois
« tout perdre » comme en témoigne le fort taux de mortalité durant les premiers mois
de l’institutionnalisation.
L’estime de soi et les incapacités physiques
A notre connaissance, seules trois études se sont penchées sur les relations entre
l’estime de soi et les incapacités physiques chez les âgés. La première est une étude
longitudinale de 26 semaines menée sur vingt résidents de deux maisons de retraite
aux Etats-Unis (Blair, 1999). Ce travail montre que la réalisation des AVQ est
associée au maintien de l’estime de soi alors que la survenue d’incapacités physiques
est associée à une importante baisse d’estime de soi. La seconde recherche est plus
récente et porte sur 1532 individus mariés, non institutionnalisés, de la région de
Détroit aux Etats-Unis (Mancini et Bonanno, 2006). Cette étude indique que les
incapacités physiques sont négativement et significativement corrélées à l’estime de
soi. Enfin, une autre étude longitudinale indique que si les incapacités physiques
influent en effet sur l’estime de soi des aînés, cette relation n’est pas unilatérale
puisque les analyses montrent également que l’estime de soi influe sur la santé
fonctionnelle des aînés (Reitzes et Mutran, 2006).
L’estime de soi et les problèmes de santé chroniques
A notre connaissance, une seule étude quantitative a étudié l’impact des problèmes
de santé sur l’estime de soi des personnes âgées. Il s’agit de l’étude longitudinale
menée par Collins et Smyer en 2005 aux Etats-Unis. Dans cette enquête, menée sur
1278 personnes âgées, l’estime de soi diminue faiblement, mais significativement,
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sur une période de trois ans. En évaluant les pertes dans le domaine de la santé par la
question : « depuis notre dernière interview, avez-vous eu un problème de santé ? »,
les auteurs affirment que ces pertes n’expliquent en rien la diminution de l’estime de
soi. Il est nécessaire de noter que cette enquête ne recueille pas réellement les
problèmes de santé chroniques dont sont atteints les individus et qu’elle ne permet
donc pas de déterminer l’impact de ces problèmes de santé sur l’estime de soi des
individus âgés.
Par ailleurs, il nous faut noter que cette étude ne trouve pas écho dans certaines
recherches ayant étudié l’impact des maladies chroniques sur le bien-être (Bowling,
1996) et la dépression (Baumeister et al., 2003), tous deux connus pour être
fortement associés à l’estime de soi. Ajoutons à cela qu’une étude qualitative portant
sur l’impact de la bronchite chronique sur l’estime de soi tend à indiquer que tous les
problèmes de santé n’ont pas les mêmes conséquences sur l’estime de soi et que, par
conséquent, il est nécessaire de les différencier afin d’étudier leur impact (Nicolson
et Anderson, 2003). Or, ceci n’a précisément pas encore été étudié quantitativement,
a fortiori dans une population française.
OBJECTIFS ET HYPOTHESES
L’objectif de cette étude est double : (1) évaluer les relations entre l’estime de soi et
les variables sociodémographiques, notamment l’âge, chez les aînés vivant à
Marseille, et ; (2) si, comme nous le supposons, l’avancée en âge est associée à une
baisse d’estime de soi : tester le rôle de « médiateur » des incapacités physiques et
des maladies chroniques sur la relation entre estime de soi négative et avancée en
âge.
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Nos hypothèses principales sont les suivantes :
(1) l’estime de soi diminue avec l’avancée en âge ;
(2) les incapacités physiques sont associées à l’estime de soi et jouent un rôle de
médiateur entre estime de soi et avancée en âge,
(3) il en est de même pour certains problèmes de santé chroniques, notamment
les maladies cardio-vasculaires et les rhumatismes, qui semblent associés à
des limitations dans les activités sociales et ainsi, à un moindre
épanouissement personnel.
MATERIEL ET METHODE
L’enquête menée à Marseille de janvier 2004 à décembre 2005 avait pour objectif
d’étudier le vieillissement de la population marseillaise dans ses dimensions
biologique, psychologique et sociale. Pour cela, nous avons réalisé des entretiens
dirigés à l’aide d’un questionnaire constitué de questions fermées et ouvertes. Ces
entretiens étaient doublés d’un examen anthropométrique. Malgré l’utilisation d’un
questionnaire, les répondants ont été rencontrés individuellement ; ces entretiens
directifs duraient de 45 minutes à 3 heures selon leur désir ou besoin de parler. Tous
les participants ont été interviewés par le premier auteur de l’article. Notons que ces
entretiens n’ont pas été enregistrées ; les réponses aux questions ouvertes ont été
notées par l’interviewer, jouant ainsi le rôle des respirations préconisées pour
l’entretien compréhensif (Kaufmann et de Singly, 2000). Une attention particulière a
été donnée, lors de ces interviews, à l’établissement d’un climat de confiance entre
les répondants et l’interviewer.
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Echantillon de population
Quatre cent personnes âgées de 60 à 92 ans, résidant dans les différents
arrondissements de Marseille, ont été rencontrées pour cette étude. Afin de prendre
en compte un échantillon diversifié de population, nous avons collaboré avec
différents organismes pour réaliser ces interviews. Ainsi, 198 personnes ont été
rencontrées au Centre d’Examens de Santé de Marseille, affilié à la Caisse Primaire
d’Assurance Maladie des Bouches-du-Rhône ; 71 individus ont été interrogés dans
deux maisons de retraite médicalisées proches l’une de l’autre, tant sur le plan
géographique que des prestations ; 101 personnes ont été rencontrées à domicile par
l’intermédiaire du Centre Communal d’Action Sociale de la ville de Marseille, qui
nous a permis de rencontrer des personnes dépendantes vivant à domicile (population
souvent laissée de coté dans les études quantitatives) ; enfin, 30 individus ont été
contactés par l’intermédiaire de deux clubs de seniors et interviewés à domicile.
Variables
L’estime de soi
Nous avons utilisé dans cette enquête l’ « Echelle Toulousaine d’Estime de Soi pour
Personnes Agées » (ETES PA) validée par Piquemal-Vieu en 1999. Elle est
constituée de 19 items ; dix de ces items sont formulés positivement, mettant en
évidence la valorisation de soi, par exemple : « J’ai une bonne opinion de moi-
même » ; les neuf autres items sont formulés négativement renvoyant à la
dévalorisation de soi, par exemple : « Je suis mal à l’aise dans mes relations avec les
autres ». Les réponses aux items positifs sont pondérées de 1 : « Pas du tout », à 5 :
« Tout à fait ». A l’inverse, les réponses aux items négatifs sont pondérées de 1 :
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« Tout à fait », à 5 : « Pas du tout ». Ainsi, cette échelle aboutit à un score théorique
allant de 19 à 95. Sa cohérence interne, mesurée par l’alpha de Cronbach, était très
satisfaisante dans notre échantillon de population (α = 0,81).
Les variables sociodémographiques
De nombreuses informations sociodémographiques ont été recueillies lors des
entretiens. Cinq d’entre elles ont été prises en compte dans cette étude : l’âge, le
genre, le niveau d’éducation, le statut marital et le lieu de résidence. Trois classes
d’âge ont été définies : 60-69 ans, 70-79 ans et 80-92 ans. Quatre catégories ont été
crées concernant le niveau d’éducation : niveau 1 = moins de 5 années d’études ;
niveau 2 = 5 à 8 années d’études ; niveau 3 = 9 à 11 années d’études ; niveau 4 = 12
années d’études et plus (cette classification correspond aux diplômes délivrés en
France à cette époque). Nous avons défini trois classes pour le statut marital : (1) les
veufs, (2) les célibataires et divorcés, et (3) les personnes mariées ou en concubinage.
Enfin, le lieu de résidence a été dichotomisé de la manière suivante : domicile vs.
maison de retraite.
Les incapacités physiques
L’enquêteur a fait passer le questionnaire des Activités de la Vie Quotidienne (Katz
et al., 1963) pour évaluer les incapacités physiques. Ainsi, les personnes ont été
considérées comme dépendantes si elles déclaraient nécessiter une aide pour au
moins l’une des activités suivantes : se laver, s’habiller, aller aux toilettes, manger,
entrer/sortir du lit et s’asseoir ou se lever d’une chaise.
Les maladies chroniques
Deux questions nous ont permis de recueillir les problèmes de santé chroniques dont
souffrent les personnes rencontrées. Tout d’abord, les participants étaient invités à
nous dire s’ils souffraient des problèmes chroniques suivants : asthme, bronchite,
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rhumatismes, maux de dos, diabète, maladies cardiaques, hypertension, séquelles
d’accident vasculaire, cancer, incontinence urinaire, adénome de la prostate,
cataracte, glaucome.
La seconde question était une question ouverte : « Quelles sont les autres problèmes
de santé pour lesquelles vous êtes traité ? », permettant de compléter l’histoire
médicale des individus.
Pour les analyses statistiques, ces problèmes de santé chroniques ont été regroupés en
cinq catégories : problèmes cardiovasculaires et métaboliques (incluant hypertension,
cardiopathies, séquelles d’accident vasculaires et diabète), problèmes pulmonaires
(asthme, emphysème, bronchite chronique), cancer, problèmes ostéo-articulaires
(ostéoporose, rhumatismes, arthrite, maux de dos non dus aux rhumatismes),
problèmes oculaires (cataracte non opérée, dégénérescence maculaire liée à l’âge,
glaucome, perte accidentelle d’un œil).
Analyses statistiques
Afin de répondre aux objectifs de l’étude, nous avons eu recours à des tests de
Student, des ANOVAs et des tests post-hoc, et des régressions logistiques.
L’emploi des régressions logistiques était nécessaire afin d’analyser l’association
entre l’estime de soi et chacun des facteurs susceptibles de l’influencer, tout en
tenant compte de l’effet simultané de ces facteurs. Cependant, cette méthode
statistique nécessite de dichotomiser la variable dépendante. Ainsi, dans cette étude,
nous avons fixé notre attention sur une estime de soi négative, correspondant à un
score d’estime de soi inférieur à la moyenne théorique de l’échelle, soit 57.
Afin de déterminer si les incapacités physiques et les maladies chroniques jouent un rôle
de « médiateur » entre l’avancée en âge et une estime de soi négative, nous avons utilisé la
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méthode de Baron et Kenny (1996). Selon cette méthode, le rôle de « médiateur » d’une
variable est mis en évidence en montrant : (a) qu’il existe une association significative
entre une variable indépendante et la variable dépendante ; (b) qu’il existe une association
significative entre cette variable indépendante et un médiateur supposé ; (c) qu’il existe
une association significative entre le médiateur supposé et la variable dépendante ; (d) que
la relation entre la variable indépendante et la variable dépendante devient non
significative ou diminue lorsqu’elle est contrôlée par le médiateur supposé.
RESULTATS
Les caractéristiques sociodémographiques de notre échantillon de population sont
présentées dans le Tableau I. Précisons que la moyenne d’âge est de 74,5 ± 8,8 ans et
que 66 personnes (16,5 %) déclarent des limitations dans les Activités de la Vie
Quotidienne.
[Tableau I]
Dans cet échantillon, la moyenne d’estime de soi est de 70,08 ± 13,00 ; le score
minimum est 30 (un individu) et le score maximum 93 (un individu) ; la médiane est
de 72. Soixante-quatre personnes ont une image négative d’elles-mêmes (16 %),
c’est-à-dire un score d’estime de soi inférieur à la moyenne théorique qui est de 57.
Les moyennes d’estime de soi des différents groupes définis par l’âge, le genre, le
niveau d’éducation, le statut matrimonial et le lieu de résidence sont présentées, avec
les analyses comparatives associées, dans le Tableau II.
[Tableau II]
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Tous les résultats du Tableau II sont significatifs. Il était donc nécessaire de recourir
aux régressions logistiques afin d’analyser l’association entre l’estime de soi et
chacun des facteurs susceptibles de l’influencer, tout en tenant compte de l’effet
simultané de ces facteurs. Ainsi, une régression logistique a été réalisée afin de
déterminer les variables associées à une estime de soi négative (Tableau III).
[Tableau III]
Cette analyse montre que les personnes âgées de 80 à 92 ans ont significativement
plus souvent une image négative d’elles-mêmes que celles qui sont âgées de 60 à 69
ans, même lorsque cette relation est contrôlée par l’ensemble des facteurs
sociodémographiques. De même, les personnes ayant suivi moins de 5 années
d’études et celles qui vivent en institution ont plus de risques d’avoir une image
négative d’elles-mêmes que, respectivement, celles qui ont suivi plus de 12 années
d’études et celles qui vivent à domicile.
L’estime de soi, les incapacités physiques et l’avancée en âge
La moyenne d’estime de soi des personnes âgées dépendantes est de 59,51 ± 12,65,
alors que celle des personnes autonomes est de 72,93 ± 11,55 (t = 9,31 ; p < 0,001).
Afin de déterminer si l’association entre estime de soi et âge – observée précédemment –
est, ou non, « médiée » par les incapacités physiques, nous avons utilisé la méthode de
Baron et Kenny (1996). Ces analyses ont été réalisées en contrôlant les effets du genre, du
niveau d’éducation, du statut marital et du lieu de résidence.
Ainsi, nous avons constaté que les incapacités physiques sont significativement associées
à l’âge : les personnes âgées de 80 ans et plus ont 4,54 fois plus de risques d’être atteintes
d’incapacités physiques que celles qui sont âgées de 60 à 69 ans (p = 0,003). Nous avons
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ensuite montré que les incapacités physiques sont associées à une estime de soi négative
(OR = 4,17 ; p < 0,001). Enfin, nous avons vu qu’en entrant les incapacités physiques dans
le modèle, alors, l’âge n’est plus significativement associée à une estime de soi négative
(OR = 1,83 ; p = 0,229). Ces résultats sont résumés dans la Figure 1. Ils indiquent que si
l’avancée en âge est associée à une estime de soi négative, cette relation est « médiée » par
les incapacités physiques.
L’estime de soi, les problèmes de santé chroniques et l’avancée en âge
La méthode de Baron et Kenny (1996) a également été utilisée pour déterminer si
l’association entre estime de soi et âge est en partie « médiée » par les problèmes de santé
chroniques. Ces analyses ont été réalisées en contrôlant les effets du genre, du niveau
d’éducation, du statut marital et du lieu de résidence.
Ainsi, nous avons constaté que, dans notre échantillon de population, les maladies cardio-
vasculaires et métaboliques, les problèmes et ostéo-articulaires ainsi que les problèmes
visuels sont significativement associés à l’âge, mais que les maladies pulmonaires et les
cancers ne le sont pas. Plus précisément, les personnes âgées de 70 à 79 ans et celles âgées
de 80 ans et plus ont, respectivement, 2,17 (p = 0,012) et 2,46 (p = 0,007) fois plus de
risques d’être atteintes de problèmes cardiovasculaires et métaboliques que celles âgées de
60 à 69 ans ; les personnes âgées de 80 ans et plus ont 3,45 fois plus de risques d’être
atteintes de problèmes ostéo-articulaires que celles âgées de 60 à 69 ans (p < 0,001) ;
enfin, les individus âgés de 70 à 79 ans et ceux âgés de 80 ans et plus ont, respectivement,
5,65 (p < 0,001) et 5,84 (p < 0,001) fois plus de risques d’être atteints de problèmes
visuels que ceux âgés de 60 à 69 ans.
Dans un second temps, nous avons observé qu’aucun de ces trois groupes de maladies
n’était significativement associé à une estime de soi négative : ni les maladies cardio-
18
vasculaires et métaboliques (OR = 1,72 ; P = 0,120), ni les maladies ostéo-articulaires (OR
= 2,22 ; p = 0,059), ni les problèmes visuels (OR = 1,90 ; p = 0,085). Ainsi le rôle de
médiateur des maladies chroniques sur la relation entre estime de soi et âge n’a pu être
démontré dans notre échantillon de population.
DISCUSSION
Dans notre échantillon de population, l’estime de soi diminue avec l’avancée en âge.
Les personnes âgées de 60 à 69 ans ont une moyenne d’estime de soi supérieure à
celle des 70-79 ans, elle-même supérieure à celle des 80-92 ans. En contrôlant la
relation entre avancée en âge et faible estime de soi par l’ensemble des facteurs
sociodémographiques, nous avons constaté que les plus âgés ont plus de risques
d’avoir une image négative d’eux-mêmes que les plus jeunes. Nos analyses ont par
ailleurs permis de démontrer que la relation entre faible estime de soi et avancée en
âge n’est pas directe, mais au contraire « médiée » par les incapacités physiques. Les
maladies chroniques, quant elles, ne sont pas associées à une faible estime de soi et
ne jouent donc pas de rôle de « médiateur » dans la relation entre faible estime de soi
et avancée en âge.
Conformément aux résultats des récentes études menées en Amérique du Nord,
l’estime de soi des personnes très âgées est en moyenne inférieure à celle des jeunes
aînés (Collins et Smyer, 2005 ; McMullin et Cairney, 2004 ; Robins et al., 2002 ;
Trzesniewski et al., 2003). Cependant, les études internationales précitées
n’incluaient dans leurs analyses que des facteurs de confusion sociodémographiques,
tels le genre ou la catégorie socioprofessionnelle. Ainsi, l’ensemble des facteurs
19
associés au grand âge étaient évoqués pour expliquer cette baisse d’estime de soi :
perte du conjoint et/ou des proches, relogement en institution, arrêt définitif de toute
activité professionnelle (notamment aux Etats-Unis où la retraite peut être prise plus
tardivement qu’en France), prégnance accrue des stéréotypes négatifs liés à l’âge,
problèmes de santé chroniques, survenue des incapacités physiques (Trzesniewski et
al., 2004).
Nos résultats ont permis de préciser l’impact de certains de ces facteurs, à la fois sur
une estime de soi négative et sur la relation entre estime de soi et avancée en âge.
Tout d’abord, conformément aux résultats de la littérature (Piquemal-Vieu, 1999 ;
Shu et al., 2003), les personnes institutionnalisées ont plus de risques d’avoir une
faible estime de soi que celles qui vivent à domicile. Les sentiments de continuité de
soi et de sécurité procurés par le contexte du domicile, ainsi que les relations de
pouvoir inhérentes à la vie en maison de retraite permettent de comprendre l’impact
négatif que peut avoir le relogement en institution sur l’estime de soi des résidents
(Macia et al., 2007). Cependant, le relogement en institution n’explique pas à lui seul
la relation entre avancée en âge et faible estime de soi puisque nos résultats ont
montré que les plus âgés ont significativement plus de risques d’avoir une estime de
soi négative, même lorsque cette relation est contrôlée par le lieu de résidence.
Nos analyses ont avant tout permis de démontrer (1) que les incapacités physiques
sont associées à une estime de soi négative et (2) que la relation entre avancée en âge
et faible estime de soi est « médiée » par les incapacités physiques. En somme, si les
très âgés restent autonomes, alors ils n’ont pas plus de risques d’avoir une faible
estime de soi que les jeunes aînés.
20
La perte d’autonomie affecte l’estime de soi probablement pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, les personnes dépendantes ne peuvent plus réaliser, du moins en partie,
les activités qui leur permettaient de rester insérées dans la société et s’en trouvent
alors exclues. Ensuite, il nous faut remarquer que la personne dépendante n’est plus
maîtresse de son corps, qu’elle subit l’horaire et la volonté de ceux qui la prennent en
charge. Il peut ainsi s’établir une relation de domination, d’oppresseur/oppressé,
entre les aidants et la personne handicapée, comme on peut d’ailleurs parfois
l’observer le maison de retraite (Macia et al., 2008 ; Twigg, 2000). Cette perte de
pouvoir sur son propre corps affecte vraisemblablement la valeur que les individus
s’accordent.
La mise en évidence du rôle de « médiateur » des incapacités physiques sur la
relation entre estime de soi et avancée en âge indique également que les mécanismes
d’adaptation psychologique mis en place par les plus âgés ont une limite. En effet,
conformément à la littérature, ces mécanismes semblent permettre aux âgés de notre
échantillon de ne pas être affectés par le veuvage au point d’avoir une estime de soi
négative (Van Baarsen, 2002). En revanche, ces mécanismes semblent insuffisants
face à la perte d’autonomie. L’impossibilité de réaliser les activités permettant de
rester insérer dans la société, ainsi que les relations de pouvoir inhérentes à la
dépendance, semblent affecter la valeur que les individus s’accordent sans que les
mécanismes de faire face mis en place puissent estomper cet impact.
A la différence des incapacités physiques, les maladies chroniques ne sont pas
associées à une estime de soi négative et, a fortiori, ne jouent pas de rôle de
« médiateur » entre avancée en âge et estime de soi. Pourtant, certaines d’entre elles
– pensons à la bronchite chronique par exemple (Nicolson et Anderson, 2003) – sont
21
susceptibles de limiter les activités nécessaires à la continuité de soi et à
l’épanouissement personnel. Ainsi, si les incapacités ont un impact que les maladies
chroniques n’ont pas sur l’estime de soi, il se peut que ce soit avant tout au travers de
la perte de pouvoir sur soi inhérente à la survenue des handicaps.
La principale force de notre étude réside dans la prise en compte de l’état de santé
« objectif » des individus. C’est, à notre connaissance, la première fois qu’une
recherche recueille des informations précises concernant les problèmes de santé
chroniques et teste leurs associations avec l’estime de soi des personnes âgées. La
constitution minutieuse de notre échantillon population et la prise en considération
des vieillissements différentiels de la population (tous niveaux d’éducation,
personnes en bonne santé, personnes dépendantes vivant en maison de retraite mais
aussi à domicile) sont également à souligner.
La principale limite de cette étude concerne l’absence d’évaluation de l’état cognitif
global des individus, ce qui aurait permis de repérer et d’exclure des analyses les
sujets ayant des déficits cognitifs. Notons cependant que les personnes rencontrées
en maison de retraite avaient préalablement été sélectionnées par le médecin de
l’institution dans le but de constituer un échantillon de population ne présentant pas
de tels déficits. Par ailleurs, cette étude étant transversale et non longitudinale, les
liens de causalité évoqués entre incapacités physiques, âge et estime de soi doivent
être pris avec précaution.
22
Conclusion
Cette étude montre que les incapacités physiques sont associées à la baisse d’estime
de soi des très âgés. Elle permet également de mieux comprendre les divergences de
la littérature concernant la relation entre estime de soi et âge : dans notre échantillon,
si l’estime de soi diminue avec l’avancée en âge, cette relation est clairement
« médiée » par les problèmes d’incapacités physiques. Ainsi, si les personnes très
âgées restent autonomes, alors leur estime de soi n’est pas significativement plus
négative que celle des jeunes aînés.
Il se peut que les incapacités physiques soient à l’origine d’une baisse d’estime de soi
en empêchant les individus de réaliser les activités qui étaient les leurs auparavant et
ainsi, en supprimant toute forme de reconnaissance au travers de ces activités.
Certaines maladies chroniques semblent également être à l’origine de limitations
d’activités sociales mais nos résultats montrent qu’elles ne sont pas associées à une
faible estime de soi. Ainsi, si les incapacités sont associées à une estime de soi
négative, il est possible que ce soit avant tout au travers des relations de pouvoirs
inhérentes à la dépendance physique.
Les résultats et les interprétations de cette étude devront être confirmés par d’autres
recherches pluridisciplinaires, au croisement de la santé physique et de la santé
mentale.
23
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26
Tableau I : Caractéristiques socio-démographiques de l’échantillon (N = 400)
Table I : Sociodemographic characteristics of the sample (N = 400)
Variables Catégories Effectif Pourcentage
60-69 ans 136 34,0
70-79 ans 130 32,5
Classes d'âge
80-92 ans
134 33,5
Hommes 162 40,5 Genre Femmes
238 59,5
Moins de 5 ans 78 19,5
5 à 8 ans 108 27,0
9 à 11 ans 85 21,25
Niveau d'études
12 ans et plus
129 32,25
Veuf(ve) 137 34,3
Célibataire/divorcé(e) 74 18,5
Etat matrimonial
Marié(e)
189 47,3
Domicile 329 82,3 Lieu de vie
Institution 71 17,8
27
Tableau II : Moyennes d’estime de soi par âge, genre, niveau d’éducation, statut
matrimonial et lieu de résidence (N = 400)
Table II : Means of self-esteem by age, gender, education, marital status and place of
residence (N = 400)
Variable Catégories Moyenne et
écart-type Analyses Résultats
60-69 ans (1) 74,37 ± 10,73
70-79 ans (2) 70,93 ± 13,67
Age
80-92 ans (3) 64,90 ± 12,74
Anova
(Test de Dunnett) F = 20,09***
(1, 2) ≠ (3)
Femmes 68,83 ± 12,67 Genre
Hommes 71,91 ± 13,30 Test t t = 2,34*
< 5 ans (1) 66,88 ± 14,10
5-8 ans (2) 68,59 ± 12,02
9-11 ans (3) 72,81 ± 12,73
Niveau d’éducation
12 ans et plus (4) 71,45 ± 12,02
Anova
(Test de Tukey) F = 3,85*
(1) ≠ (3)
Veuves/veufs (1) 67,01 ± 12,84
Célibataires/divorcé(e)s (2) 68,11 ± 14,04
Statut matrimonial
Marié(e)s (3)
73, 07 ± 12,06
Anova
(Test de Tukey) F = 10,10***
(1, 2) ≠ (3)
Domicile 72,38 ± 11,82 Lieu de résidence
Institution 59,39 ± 12,94 Test t t = 8,24***
* p < 0,05 ; ** p < 0,01 ; *** p < 0,001
28
Tableau III : Odds Ratios ajustés pour une estime de soi négative (N = 400).
Table III : Adjusted Odds Ratios for a negative self-esteem (N = 400)
Variable Catégories Odds Ratios
P
70-79 ans 1,80 0,166 Age (60-69 ans)
80-92 ans 2,58* 0,031
Genre (Homme)
Femme 0,97 0,929
< 5 ans 2,61* 0,023
5-8 ans 1,56 0,263
Niveau d'éducation
(12 ans et plus)
9-11 ans 1,48 0,394
Veuf(ve) 0,76 0,510 Statut matrimonial
(Marié(e))
Célibataire/Divorcé(e) 2,05 0,073
Lieu de résidence
(Domicile) Institution 4,57*** < 0,001
* p < 0,05 ; *** p < 0,001
29
Estime de soi
négative
Age
(80-92 / 60-69)
Incapacités
physiques
OR = 4,54** OR = 4,17***
OR = 2,58*
(OR = 1,83 ; NS)
Figure 1 : Rôle de médiateur des incapacités physiques dans la relation entre avancée en
âge et estime de soi négative. Entre parenthèses : la valeur de l’Odd Ratio ajusté (OR)
lorsque les incapacités physiques sont prises en compte dans l’analyse.
Figure 1 : Mediating effect of physical incapacities between age and negative self-esteem.
The number in parentheses indicates the adjusted Odd Ratio (OR) between age and
negative self-esteem when this relationship is controlled for physical incapacities.
*p < 0,05; **p < 0,01; ***p < 0,001