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Éléments socioculturels de l’environnement, les médias peuvent agir comme des déterminants sur les croyances, les normes et les habitudes de vie des individus et des populations. Leurs messages étant susceptibles d’influencer la santé populationnelle, nous avons cherché à connaître l’offre médiatique québécoise au regard des messages d’alimentation et d’activité physique, sous l’angle de la santé publique. Dans un premier temps, nous avons analyséle contenu de téléromans (n=13) diffusés sur les quatre chaînes généralistes, ainsi que le contenu des publicités durant ces émissions (n=68). Nous avons par la suite étudié le contenu du quotidien La Presse entre 1986 et 2005, de même que celui des émissions de la Société Radio-Canada au cours de la même période, relativement aux messages d’alimentation et d’activité physique. Nos données révèlent un écart entre la représentation des hommes et des femmes en vigueur à la télévision québécoise, la corpulence des hommes s’avérant plus forte que celle des femmes. De plus, au cours des vingt années analysées, les messages liés à l’alimentation furent plus nombreux que ceux abordant l’activité physique. Pour atteindre leurs objectifs d’amélioration de la santé des populations, les concepteurs de messages gagneraient à associer ces deux sujets.
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208 REVUE CANADIENNE DE SANTÉ PUBLIQUE • VOL. 100, NO. 3© Association canadienne de santé publique, 2009. Tous droits réservés.
Les médias de masse jouent un rôle important dans la forma-
tion des normes sociales de santé1-4. Faisant office de relais
entre des dépositaires d’enjeux et les populations, les médias
diffusent différents discours et images via une multitude de formats
(bulletins de nouvelles, publicités, fictions, chroniques, blogues,
etc.)1,5-7. Les informations ainsi retransmises pourraient contribuer
à promouvoir des normes sanitaires, approuvées et valorisées, avec
le temps, par une majorité. En tant qu’éléments socioculturels de
l’environnement, les médias agiraient donc comme déterminants
sur les attitudes, les comportements et les habitudes de vie des indi-
vidus et des populations1,2,4,5,7. Ils constitueraient ainsi la princi-
pale source de transmission d’une norme et contribueraient à son
adoption en facilitant son appropriation2,3,7. À la suite de l’exposi-
tion au message, le récepteur élabore sa propre perception des
normes en matière de santé, soit en termes d’objectifs, de fréquence
ou de durée (respect de conseils médicaux, maintien d’un poids
santé, périodes d’activité physique recommandées, etc.)8-10.
Actuellement, les acteurs québécois de santé publique mettent
en place diverses interventions pour améliorer la santé de la popu-
lation, notamment en matière de promotion de la saine alimenta-
tion et de l’activité physique. Or, l’influence des médias n’est pas
négligeable dans la compréhension des normes sociales de santé9,11.
Dans cette étude, nous avons examiné d’une part les contenus rela-
tifs à l’activité physique et à l’alimentation offerts à la télévision et
dans la presse écrite au Québec, ainsi que les formats qui les sup-
portent. Nous avons, d’autre part, analysé les représentations
d’hommes et de femmes véhiculées dans certains médias québé-
cois, des recherches passées ayant démontré l’influence des médias
sur les habitudes de vie, dont la santé, l’alimentation, l’activité phy-
sique et l’image corporelle1,2,7,12.
MÉTHODE ET CORPUS D’ANALYSE
Dans cette étude, nous présentons les résultats de quatre analyses
de contenu de médias québécois. Nous avons, tout d’abord, ana-
lysé le contenu des messages d’alimentation et d’activité physique
a) de 13 téléromans13 diffusés les 3 et 4 février 2004 sur les quatre
chaînes généralistes francophones : Société Radio Canada (SRC),
TVA, TQS et Télé-Québec pour un total de 513 séquences, et b) des
publicités télévisuelles14, en onde durant ces téléromans, offrant un
produit en lien avec l’activité physique, l’alimentation ou les deux
(n=68). Par la suite, nous avons étudié c) le contenu des articles du
quotidien montréalais La Presse, entre 1987 et 2005, de même que
d) celui des émissions télédiffusées par la SRC, au cours de la même
période. Nous avons retenu les contenus d’activité physique et d’ali-
mentation sous l’angle de la santé publique, c’est-à-dire liés à la
protection, à la prévention et à la promotion de la santé. Ces deux
médias (le quotidien et la télévision) ont été sélectionnés pour leur
complémentarité et leur importance dans le paysage culturel qué-
bécois. Lors de l’analyse longitudinale, 1987-2008, nous avons
exclu les émissions consacrées aux compétitions sportives amateurs
ou professionnelles, les émissions culinaires et les téléromans.
Dans cette analyse longitudinale, les catégories « activité »,
« sédentarité », « exercice », « conditionnement physique », « mise
en forme », ainsi qu’une série de termes associés ont permis de repé-
rer les extraits traitant d’activité physique*. Pour retracer les extraits
Messages d’activité physique et d’alimentation : que nous offrent
les médias québécois?
Lise Renaud, PhD1,2, Marie Claude Lagacé, MBA1-3, Monique Caron-Bouchard, PhD1,4
RÉSUMÉ
Éléments socioculturels de l’environnement, les médias peuvent agir comme des déterminants sur les croyances, les normes et les habitudes de vie des
individus et des populations. Leurs messages étant susceptibles d’influencer la santé populationnelle, nous avons cherché à connaître l’offre médiatique
québécoise au regard des messages d’alimentation et d’activité physique, sous l’angle de la santé publique. Dans un premier temps, nous avons analysé
le contenu de téléromans (n=13) diffusés sur les quatre chaînes généralistes, ainsi que le contenu des publicités durant ces émissions (n=68). Nous avons
par la suite étudié le contenu du quotidien La Presse entre 1986 et 2005, de même que celui des émissions de la Société Radio-Canada au cours de la
même période, relativement aux messages d’alimentation et d’activité physique. Nos données révèlent un écart entre la représentation des hommes et
des femmes en vigueur à la télévision québécoise, la corpulence des hommes s’avérant plus forte que celle des femmes. De plus, au cours des vingt
années analysées, les messages liés à l’alimentation furent plus nombreux que ceux abordant l’activité physique. Pour atteindre leurs objectifs
d’amélioration de la santé des populations, les concepteurs de messages gagneraient à associer ces deux sujets.
Mots clés : médias; offre médiatique; communication pour la santé
The translation of the Abstract appears at the end of this article. Rev can santé publique 2009;100(3):208-11.
* La méthodologie est décrite en détail dans un rapport de recherche
disponible à l’adresse suivante : http://www.grms.uqam.ca/Pages/docs/
ER_R_evolution_discours_SRC_laPresse-1986_2005.pdf (consulté le 7 avril
2009).
Affiliations des auteurs
1. Groupe de recherche Médias et santé, Montréal, QC
2. Université du Québec à Montréal, Montréal, QC
3. Université Laval, Sainte-Foy, QC
4. Collège Jean-de-Brébeuf, Montréal, QC
Correspondance : Lise Renaud, Département de communication sociale et
publique, Université du Québec à Montréal, Casier Postal 8888, Succursale Centre-
ville, Local WB-3477, Montréal (Québec) H3C 3P8, Tél : 514-987-3000, poste 4571,
Téléc. : 514-987-0394, Courriel : renaud.lise@uqam.ca
Remerciements : Les recherches présentées dans cet article ont été financées grâce
à la contribution du Fonds de recherche en santé du Québec (FRSQ) et du Fonds
québécois pour la société et la culture (FQRSC).
COMMENTAIRE
sur l’alimentation, nous avons utilisé les mots: « nutrition », « ali-
mentation », « obésité », ainsi qu’une série de termes associés. Grâce
à la banque de données des articles publiés dans La Presse, nous
avons ainsi comptabilisé quelque 736 nouvelles, chroniques, édi-
toriaux et lettres d’opinion. La banque de données des émissions de
la SRC a permis de retracer 217 descripteurs* d’extraits d’émissions
et de nouvelles.
ANALYSE DES CONTENUS
Nutrition et activité physique dans les téléromans
Parmi les 513 séquences tirées des 13 téléromans, l’analyse de
contenu en a dénombré 169 (40 %) évoquant l’alimentation et 31
(6 %) connotant l’activité physique ou sportive. Nous avons étu-
dié exclusivement les séquences en lien avec ces deux thématiques.
Représentation de l’homme et de la femme dans les téléromans
Pour évaluer la corpulence chez les deux sexes, nous avons utilisé
l’échelle de physionomie de Gray et Thompson (Physical Appearance
Comparison Scale) (1995)15, divisée en trois tiers : le premier est com-
posé d’individus en deçà du poids santé et le dernier tiers d’indivi-
dus au-dessus du poids santé. Les résultats ont révélé une forte
dissemblance entre les représentations des protagonistes masculins
(figure 1) et féminins (figure 2). La corpulence des hommes s’est
avérée plus forte que celle des femmes. Seulement 4 % d’entre eux
se trouvaient en dessous du poids santé et 18 % avaient l’apparence
d’un poids supérieur au poids santé. C’est par contre 56 % des inter-
prètes féminines qui se situaient sous un poids santé et quelque
8 % qui semblaient avoir un poids supérieur au poids santé.
Représentation de l’homme et de la femme dans les messages
publicitaires
Dans les publicités comme dans les téléromans à l’étude, les
hommes comptent pour 60 % des protagonistes. Non seulement
les images de « maigreur » chez les deux sexes sont-elles plus nom-
breuses dans les publicités que dans les téléromans, mais les écarts
entre les sexes y sont encore plus importants. En effet, dans les publi-
cités sur l’alimentation, c’est 43 % des hommes, mais plus du
double de femmes (91 %) qui sont en deçà du poids santé. Dans les
publicités abordant l’activité physique, les écarts entre les hommes
et les femmes sont encore plus marqués. C’est 100 %, soit la tota-
lité des interprètes féminines choisies par les annonceurs, qui se
trouvent à l’intérieur du premier tiers de l’échelle.
Messages d’alimentation et d’activité physique dans un
quotidien et à la télévision
Les analyses précédentes ont soulevé des interrogations quant aux
messages d’alimentation et d’activité physique diffusés dans les
médias québécois. Y retrouve-t-on des messages de santé publique
cohérents? Ou sont-ils plutôt arrimés aux représentations que l’on
retrouve dans les téléromans et les publicités?
Alimentation et activité physique à la télévision de la Société Radio-
Canada
Sur une période de vingt ans, avec une moyenne annuelle de
7,8 extraits de 8 minutes chacun, la SRC a consacré annuellement
62,4 minutes à l’activité physique, soit un peu plus d’une minute
par semaine. Les périodes les plus denses à ce sujet couvrent les
années 1988 à 1992, avec une tendance à la hausse de 1999 à 2003.
Les émissions de services, les bulletins de nouvelles et les émis-
sions d’affaires publiques présentent 85 % de l’information totale
sur l’activité physique à la télévision de Radio-Canada. Ce sont les
effets (surtout dans les émissions de services), les comportements
et les prises de position politique (particulièrement dans les bulle-
tins de nouvelles) qui sont les sujets les plus abordés, alors que la
position des professionnels figure au nombre des sujets les moins
traités.
L’alimentation a été abordée de manière relativement constante
entre 1986 et 2005, avec une moyenne annuelle de 33 segments de
9 minutes chacun, sauf pour l’année 2004 où on en a présenté
presque trois fois plus16,17. On traite de l’alimentation à travers ses
effets, l’information scientifique, le comportement, les trucs et les
positions des professionnels (surtout des nutritionnistes et des
médecins). Ces messages se retrouvent surtout dans les émissions de
services (38,7 %), les bulletins de nouvelles (27,0 %) et les émis-
sions d’affaires publiques (15,7 %).
Alimentation et activité physique dans le journal La Presse
À propos de l’alimentation, d’importantes variations ont été consta-
tées dans La Presse : de 14 articles en 1987, on est passé de 58 à 73
articles entre 1993 et 1996, puis à 30 articles en 1997, 70 en 1998,
et 29 en 1999. Finalement, on est passé de 48 à 73 articles entre
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MESSAGES D’ACTIVITÉ PHYSIQUE ET D’ALIMENTATION
* Un descripteur d’émission de télévision de la SRC comprend les ren-
seignements suivants : la date de l’extrait, le titre de l’émission, la numéro-
tation du segment, le thème, la description sommaire de l’émission
incluant généralement le nom du journaliste, la durée de l’émission,
l’identification des segments visuels et des personnes interviewées, le lieu
des reportages et un certain nombre de renseignements à propos des sup-
ports techniques d’archivage.
Figure 1. Distribution des protagonistes masculins (n=402)
dans la publicité et les téléromans québécois*
Téléromans (n=261) : 4 % 78 % 18 %
Pubs alimentation (n=95) : 43 % 43 % 14 %
Pubs act. phys. (n=46) : 3 % 77 % 20 %
Figure 2. Distribution des protagonistes féminins (n=268)
dans la publicité et les téléromans québécois*
Téléromans (n=178) : 56 % 36 % 8 %
Pubs alimentation (n=67) : 91 % 9 %
Pubs act. phys. (n=23) : 100 %
* Selon l’échelle de Thompson et Gray (1995)
Note : Les figures 1 et 2 sont reproduites avec la permission de Taylor &
Francis Group.
Source :Thompson MA, Gray JJ. Development and validation of a new body-
image assessment scale. J Personality Assessment 1995;64(2):258-69.
2000 et 2004. Au cours du premier trimestre de 2005, le quotidien
a publié 73 articles sur l’alimentation. Au total, la moitié des infor-
mations sur le sujet présentent : la position des professionnels
(médecins et nutritionnistes) (19,4 %), des trucs (16,4 %) et l’in-
formation scientifique (14,9 %). Les professionnels discutent prin-
cipalement des produits laitiers, des gras et des aliments sains. Ce
sont surtout les nutritionnistes qui fournissent des trucs, via notam-
ment des recettes adaptées aux saisons ou des suggestions d’ali-
ments appropriés pour certains groupes de personnes (femmes,
jeunes, etc.).
Dans le journal La Presse, on dénombre en moyenne 16 articles
par année sur l’activité physique. Au cours de la période allant
de 1987 à 2004, c’est en 1993-1994, en 1998, et en 2004 qu’il y
a eu le plus de contenus traitant de ce sujet. L’activité physique
est surtout traitée à l’intérieur des chroniques. Les sujets les plus
abordés y sont dans l’ordre : les effets (23,5 %), les trucs (19,3 %)
et l’information scientifique (16,5 %). Par ailleurs, nos données
indiquent que les positions de professionnels de la santé y sont
peu exprimées. Lorsque la source citée (dans l’article) est un
individu, ce sont les spécialistes de santé publique qui sont les
plus consultés (32 %), suivis des éducateurs physiques ou kinan-
thropologues (16,2 %), des médecins (14,7 %) et des chercheurs
(21,8 %). Les chroniques contiennent des propos critiques sur
les comportements des citoyens. Au chapitre des effets, on
affirme surtout que faire de l’exercice est bénéfique pour la
santé.
Notons, en terminant, qu’au quotidien La Presse comme à Société
Radio-Canada, c’est moins de 5 % des articles ou descripteurs qui
abordent à la fois l’alimentation et l’activité physique.
DISCUSSION ET PISTES DE RECHERCHE
Téléromans et publicités
Nos résultats suggèrent que les représentations offertes dans les télé-
romans à l’étude contribuent à valoriser et perpétuer des modèles
constituant une norme, mais qui ne correspondent pas à ce que les
instances de santé préconisent, à savoir : une corpulence pour les
femmes qui est en deçà du poids santé, voire proche de l’anorexie
et des modèles de corpulence. Cela témoigne d’un certain sexisme
puisque l’on préconise un idéal de minceur extrême pour les
femmes, alors que l’on tolère davantage un surplus de poids chez
les hommes. Ces constatations sous-tendraient que l’on permet à
l’homme d’habiter « pleinement » son corps, mais que ce droit n’est
pas accordé aux femmes. La redondance de ces messages est certes
à l’avantage de l’industrie de la mode et des publicitaires qui récu-
pèrent ces clichés. Cela ne sert toutefois ni les acteurs de santé
publique, ni les populations visées et influencées par ces messages
médiatiques. Ces images, ni saines ni adaptées à la réalité – parti-
culièrement à celle des femmes – suscitent des questionnements,
d’autant plus que, dans les médias québécois comme ailleurs en
Amérique du Nord, les hommes sont représentés avec un poids plus
« réaliste »18.
Une étude portant sur un plus large échantillon de téléromans
permettrait de cerner la nature de cette influence, entre autres chez
des populations spécifiques tels les adolescents et les enfants. De
nombreuses recherches démontrent que les médias influencent
leurs préférences19,20, leur propre image corporelle9et leurs
valeurs20. Une étude visant à connaître la perception des téléspec-
tateurs de ce type d’émission et des messages qu’ils renferment
pourrait également fournir des informations cruciales à la santé
publique quant à la représentation des protagonistes, au traitement
perçu de l’alimentation et de l’activité physique, et aux normes
intégrées suite à l’exposition aux messages21.
Offre médiatique d’alimentation et d’activité physique
La Société Radio-Canada et La Presse proposent surtout des informa-
tions relatives aux effets (premier sujet dans les deux cas), aux com-
portements et aux trucs. L’analyse longitudinale indique que
l’information à caractère scientifique trouve peu souvent tribune,
surtout à la télévision. Les émissions de télévision à caractère scien-
tifique étant rares, il n’y a guère d’espace pour développer ces sujets.
Tient-on compte, de ce fait, des attentes des téléspectateurs? Les
communications et la circulation d’informations cohérentes entre
journalistes, scientifiques et spécialistes permettraient pourtant d’ac-
corder plus d’importance à l’alimentation et à l’activité physique,
pour le plus grand bénéfice de la population. Si l’alimentation
semble occuper une place grandissante dans les médias québécois,
la proportion de contenus relatifs à l’activité physique sous toutes ses
formes demeure faible. En termes de nombre et de pourcentage, ces
deux médias ont relativement peu traité, bien que de manière posi-
tive, de l’activité physique sous un angle de santé publique au cours
de la période analysée (1987-2005). La position des professionnels
sur l’activité physique est rarement abordée à la SRC, alors que des
nutritionnistes sont régulièrement appelés à informer les publics
dans La Presse. Cette faible présence peut s’expliquer par l’absence de
lien entre ces spécialistes et les acteurs de télévision, par des formats
qui plaisent moins ou par la perception que l’activité physique inté-
resse peu les auditoires. Comme le maintien de la santé est attri-
buable à un ensemble de facteurs et d’interrelations, nous croyons
que les concepteurs de messages médiatiques gagneraient à inclure
plus de contenus traitant à la fois d’activité physique et d’alimenta-
tion. La conjugaison des messages servirait ainsi davantage les objec-
tifs de santé publique. Puisque le contenu médiatique influerait sur
les normes de santé et les habitudes de vie, et que les grands utilisa-
teurs de médias disent être mieux informés sur la santé, des efforts
en ce sens constituent d’intéressantes pistes d’action4. Quoique l’in-
formation ne puisse être seule garante de l’adoption de normes, il
reste que les individus ou les populations ont besoin de connais-
sances adéquates pour agir sainement.
CONCLUSION
Nos études se sont échelonnées de 1987 à 2005. Durant cette
période, nous avons perçu des changements dans le discours et le
traitement de la santé, de l’activité physique et de l’alimentation
dans les médias étudiés3. Certains organismes et publicitaires pro-
posent une autre vision du corps sain et du rôle de l’alimentation
dans le maintien de la santé et la prévention des maladies. La pro-
duction de messages de santé exige de repenser l’offre actuelle, mais
aussi, de connaître les dynamiques dans lesquelles ils s’insèrent
pour rejoindre les populations10. Pour modifier les normes sociales
en matière de santé, le recours aux médias de masse s’avère efficace
lorsque arrimé à d’autres stratégies; il constitue en effet une condi-
tion nécessaire, mais non suffisante à des changements individuels
ou populationnels (par exemple : rectification de certaines percep-
tions, tel l’idéal « santé-beauté », vers des critères réalistes de bien-
être)1-3,7,22. En outre, l’exploration d’approches multimédias
représente une piste pertinente pour la santé publique. Pour contri-
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MESSAGES D’ACTIVITÉ PHYSIQUE ET D’ALIMENTATION
CANADIAN JOURNAL OF PUBLIC HEALTH • MAY/JUNE 2009 211
MESSAGES D’ACTIVITÉ PHYSIQUE ET D’ALIMENTATION
buer à améliorer le contenu des messages d’alimentation et d’acti-
vité physique, mais aussi d’autres thèmes de santé, il serait judi-
cieux d’interpeller directement les professionnels des médias, ces
derniers étant réceptifs aux débats sociaux et à la popularité de la
santé auprès de leurs différents publics23.
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Reçu : 10 juin 2008
Accepté : 12 janvier 2009
ABSTRACT
As social elements of our environment, mass media are regarded as
determinants of individual and population beliefs, social norms and
habits. Since it is recognized that they influence population health, this
study aims to obtain a better portrait of Quebec media content regarding
physical activity and nutrition messages on a public health level. First, we
analyzed the content of fictional television shows (n=13) and
advertisements broadcast during those shows (n=68). Second, we
reviewed the content of La Presse newspaper and of French television
Société Radio-Canada from 1986 to 2005 with regard to physical activity
and nutrition messages. Our results indicate a difference between how
men and women are portrayed on French television, with women more
often being shown as underweight and men as at or above healthy body
weight. The results also show that during the 20-year period of the
reviewed content, there were fewer messages about physical activity than
about nutrition. To be successful in their goal of improving population
health, mass media should address both subjects together in their
messages.
Key words: Media content; messages; health communication
... L'activité physique et ses bienfaits sur la santé seraient généralement abordés de manière positive dans les médias (81). Selon un sondage de participACTION sur l'impact des campagnes publicitaires sur les habitudes d'activité physique des parents canadiens et de leur enfant, 33 % des parents répondants auraient parlé à leur enfant de l'importance d'être plus actif après avoir vu une annonce publicitaire sur la question, 22 % auraient parlé à leur partenaire de l'importance d'encourager les enfants à être plus actifs, 20 % auraient imposé des règles plus strictes à leur enfant en ce qui concerne le temps alloué aux activités sédentaires et, finalement, 12 % auraient inscrit leurs enfants à une activité physique (82). ...
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Depuis plusieurs années, on assiste à une augmentation des problèmes de santé liés à l'alimentation (obésité, diabète, hypertension) et cela, à un âge de plus en plus précoce (OMS, 2003). Les causes invoquées sont diverses, à composantes individuelles (physiques, biologiques, psychologiques) et environnementales (économiques, sociales, culturelles). Sur ce dernier point, les organismes de santé sont les premiers à situer l'origine de ces problèmes dans le style de vie plus sédentaire, qualifié par certains d'« obésogène » (Carrière, 2003), ou encore dans le rythme de vie trop rapide qui incite les personnes à adopter des habitudes alimentaires souvent constituées de repas déjà confectionnés et pauvres en valeurs nutritionnelles, et susceptibles d'entraîner des déséquilibres alimentaires importants. De son côté, l'industrie alimentaire qui répond à cette demande et tend à multiplier ces produits, n'est pas étrangère au phénomène, bien au contraire, avec l'aide des agences de marketing qui en font la promotion, notamment par la publicité 1 Estelle Lebel est professeure au Département d'information et de communication (Estelle.lebel@com.ulaval.ca) ; Anne-Marie Hamelin (anne-marie.hamelin@aln.ulaval.ca) et Annie Bédard sont respectivement professeure et étudiante au Département des sciences des aliments et de nutrition ; Marguerite Lavallée (Marguerite.Lavallee@psy.ulaval.ca) et Amélie Dubé sont respectivement professeure et étudiante à l'École de psychologie, Université Laval. Projet subventionné par le Conseil de Recherche en Sciences Humaines du Canada (n° 820-2001-1014). Isabelle Samson, étudiante diplômée du programme de Maîtrise en communication publique a aussi contribué à la recherche.
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This essay challenges some widely held understandings about rationality and choice, and uses that challenge to develop some conclusions about the appropriate domain of law. In particular, it suggests that many well-known anomalies in individual behavior are best explained by reference to social norms and to the fact that people feel shame when they violate those norms. Hence, there is no simple contrast between "rationality" and social norms. Individual rationality is a function of social norms. It follows that social states are often more fragile than might be supposed, because they depend on social norms to which people may not have much allegiance. Norm entrepreneurs -- people interested in changing social norms -- can exploit this fact; if successful, they produce what norm bandwagons and norm cascades. Collective action might be necessary to solve some unusual collective action problems posed by existing norms. And for many purposes, it would be best to dispense with the idea of "preferences," despite the pervasiveness of that idea in positive social science and in arguments about the appropriate domains of law.
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This article identifies four factors for consideration in norms-based research to enhance the predictive ability of theoretical models. First, it makes the distinction between perceived and collective norms and between descriptive and injunctive norms. Second, the article addresses the role of important moderators in the relationship between descriptive norms and behaviors, including outcome expectations, group identity, and ego involvement. Third, it discusses the role of both interpersonal and mass communication in normative influences. Lastly, it outlines behavioral attributes that determine susceptibility to normative influences, including behavioral ambiguity and the public or private nature of the behavior.
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The paper presents a model of the evolution of social norms. When a norm is costly to follow and people do not derive benefits from following it other than avoiding social disapproval, the norm erodes over time. Tip percentages, however, increased over the years, suggesting that people derive benefits from tipping including impressing others and improving their self-image as being generous and kind. The implications to the norm of not cooperating with new workers who accept lower wages are discussed; the model suggests that incumbent workers have reasons to follow this norm in addition to avoiding social disapproval.
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Mean body mass indices (BMIs, kg/m2)of North Americans aged 18 to 24 collected from 11national health surveys were compared to: Playboycenterfold models, Miss America Pageant winners,andPlaygirl models. The survey samples were representative of themix of different ethnic and racial groups in Canada andthe USA. No racial or ethnic information was availablefor either the Playboy women or the Miss America Pageant winners. Ninety percent of the Playgirlmen were white; 10%, black; 1.5%, Hispanic black; and.8%, American Samoan. From the 1950s to the present,while the body sizes of Miss America Pageant winners decreased significantly and the body sizes ofPlayboy centerfold models remained below normal bodyweight, the body sizes of Playgirl models and youngadult North American women and men increasedsignificantly. The increase in body size of Playgirl modelsappears to be due to an increase in muscularity, whereasthe increase in body size of young North American menand women is more likely due to an increase in body fat. Thus, in the 1990s, the body size andshape of the average young adult North American becameincreasingly different from the ideal being promoted bythe media. Furthermore the difference in male and female body sizes depicted by the media inthe 1990s was huge, whereas the difference between thebody sizes of 18- to 24-year-old North American womenand men was actually quite small. These discrepancies are discussed in relation to the differentsociocultural expectations for the two genders and theincreasing prevalence of body dissatisfaction reportedby both women and men.
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Offers educators, counselors, and clinicians a handbook for understanding and implementing an alternative to traditional methods for preventing substance abuse among young people. The "social norms" approach outlined in this book identifies young people's dramatic misperceptions about peers' norms and promotes accurate public reporting of actual positive norms that exist in all student populations. The social norms approach examines how phenomena beyond the individual's personality and personal values are important determinants of behavior and offers information about how these influences can be changed. Among the issues addressed by the contributors are specific techniques, programs, and field-tested results of the application of this method in a variety of school and community settings. This book shows how this approach works with different age groups and reveals the potential for applying a social norms approach, not only for problem drinking, smoking, and other substance abuse, but also for other areas of prevention work, including hate speech, sexual aggression, and eating disorders. (PsycINFO Database Record (c) 2012 APA, all rights reserved)
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The aim was to investigate and compare body image, body dissatisfaction, dieting, disordered eating, exercise and eating disorders among trainee health education/physical education (H&PE) and non-H&PE teachers. Participants were 502 trainee teachers randomly selected from class groups at three Australian universities who completed the questionnaire. H&PE males and females had significantly poorer body image and higher levels of body dissatisfaction, dieting and disordered eating behaviors than non-H&PE participants. H&PE teachers were more likely to over-exercise and have exercise disorders, but very few self-identified problems with objectively assessed excessive exercise behaviors. Lifetime prevalence of eating disorders was 12.5% in H&PE males, 0% in non-H&PE males, 7.7% in H&PE females and 6% in non-H&PE females. Few participants had received any past or current treatment. Of particular concern is the likelihood of the teachers' inappropriate and dangerous attitudes and behaviors being intentionally or unintentionally conveyed to their school students. Those planning school health education, nutrition education and school-based obesity prevention programs should provide suitable training for the teachers involved. Screening and treatment services among teachers may also be helpful in order to detect, treat and educate young teachers about body image, dieting, disordered eating and physical activity practices.
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This study explores the relationship between cancer newspaper coverage and public knowledge about cancer prevention, confirming self-reported associations between news exposure and cancer prevention knowledge with descriptions of newspaper coverage of modifiable cancer risks. Content analyses (N = 954) revealed that newspapers pay relatively little attention to cancer prevention. However, there is greater newspaper attention to tobacco and diet than to exercise, sun, and alcohol. Survey analysis (the National Cancer Institute's Health Information National Trends Survey) revealed that after controlling for differences based on gender, race, age, income, and education, attention to health news was significantly associated with knowledge about cancer risks associated with food and smoking but not for knowledge about exercise, sun, or alcohol. These findings conform to the findings of the content analysis data and provide a validation of a self-reported measure of media exposure, as well as evidence suggesting a threshold below which news coverage may not generate public knowledge about cancer prevention.
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This investigation reports the development and validation of a new and improved body-image assessment tool, the Contour Drawing Rating Scale, consisting of nine male and nine female contour drawings. The drawings were designed with detailed features, are of precisely graduated sizes, and are easily split at the waist for accurate upper and lower body comparisons. Initial evidence of the scale's reliability and validity supports its use as a measure of body-size perception.