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Nature et statut des mobiliers funéraires de la nécropole chasséenne de Monéteau (Yonne)

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Abstract and Figures

The Monéteau'cemetery presents 20 burials, mostly coffers or boxgraves, divided in two groups inside a probably contemporary enclosure. The grave goods are varied and relatively abundant: pottery, ornaments (limestone beads, pendants mude from boar tusks or beaver incisors), arrow-heads, tranchets, blades, fish- hooks, etc. Their status is different according to their position in the tomb: objects worn by the deceased at the time of burial, such as ornarnents and certain blades which may have been hung from the belt, objects deposited before the coffer was closed (mainly tools), and objects deposited after closure. This last category mainly includes pottery found in the fill of the grave, above the skeleton 's feet, as well as arrow-heads. Correlating grave goods with the age and sex of the individuals shows that practically all the graves contained pottery, whereas personal adornments, objects made of animal bone or horn and arrows were resewed for men and children. The same obsewations can be made concerning most of the data from the Balloy cemetery, belonging to the Cerny culture. This represents a further example of parallels between the successive Cerny and Chasseen cultures where attention has previously been drawn to convergent techno-economic organisations.
Content may be subject to copyright.
Revue archéologique de l’Est
Tome 54 | 2005
n°176
Les occupations néolithiques de Monéteau, « Sur
Macherin » (Yonne) : données préliminaires
AnneAugereau,PhilippeChambonetIsabelleSidéra
Éditionélectronique
URL : http://journals.openedition.org/rae/259
ISSN : 1760-7264
Éditeur
Société archéologique de l’Est
Éditionimprimée
Date de publication : 1 septembre 2006
Pagination : 51-70
ISBN : 2-915544-06-9
ISSN : 1266-7706
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Référenceélectronique
Anne Augereau, Philippe Chambon et Isabelle Sidéra, « Les occupations néolithiques de Monéteau, «
Sur Macherin » (Yonne) : données préliminaires », Revue archéologique de l’Est [En ligne], Tome 54 |
2005, mis en ligne le 07 septembre 2008, consulté le 07 octobre 2020. URL : http://
journals.openedition.org/rae/259
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Revue Archéologique de l’Est, t. 54-2005, p. 51-70 © SAE 2006
LES OCCUPATIONS NÉOLITHIQUES
DE MONÉTEAU, « SUR MACHERIN » (YONNE) :
DONNÉES PRÉLIMINAIRES 1
Anne AUGEREAU *, Philippe CHAMBON **, avec la collaboration d’Isabelle SIDÉRA ***
1. Cet article devait originellement être publié dans les actes du colloque interrégional sur le Néolithique d’Orléans, en 1999 ; il fait suite à la communi-
cation présentée alors.
* INRAP et UMR 7041, Protohistoire européenne, 7 rue de Madrid, 75008 Paris.
** CNRS, UMR 7041, Ethnologie préhistorique, MAE, 21 allée de l’Université, 92023 Nanterre cedex.
*** CNRS, UMR 7055, Préhistoire et Technologie, MAE, 21 allée de l’Université, 92023 Nanterre cedex.
Mots-clés Néolithique, Villeneuve-Saint-Germain, Chasséen, nécropole, coff res.
Keywords Neolithic, Villeneuve-Saint-Germain, Chasseen, burial ground, chests.
Schlüsselwörter Neolithikum, Villeneuve-Saint-Germain, Chasséen, Nekropole, Steinkisten.
Résumé Le site de Monéteau, Sur Macherin, exploré en 1999, a livré de nombreuses traces d’occupations, du Néolithique ancien
à l’époque gallo-romaine. Le Néolithique est particulièrement bien représenté : le Villeneuve-Saint-Germain, avec sept unités
d’habitation, le Néolithique récent avec d’énigmatiques structures funéraires, une petite tombe multiple datée du Néolithique fi nal, et
surtout le Néolithique moyen chasséen, avec une nécropole associée à une enceinte. Ce cimetière se compose de deux ensembles disjoints,
structurés diff éremment et associés à des dispositifs monumentaux. Les pratiques funéraires, notamment la prépondérance des coff res,
rapprochent cet ensemble du domaine « Chamblandes » de Suisse occidentale. Le mobilier, qui comprend des éléments méridionaux
comme du Bassin parisien, refl ète la position géographique de la nécropole.
Abstract e Monéteau « Sur Macherin » site excavated in 1999, includes remains dating from the Neolithic to the Roman period.
e Neolithic period is particularly well represented by seven settlements dating from the Villeneuve-Saint-Germain period, by
enigmatic funerary structures dating from the recent Neolithic, by a small multiple tomb dating from the late Neolithic and also by
a burial ground and enclosure dating from the middle Neolithic Chasseen period. Two independently structured groups make up this
cemetery associated with monumental structures.  e funerary practices, especially the preponderance of funerary chests, establish a link
between this group and the western Swiss “Chamblandes” domain.  e nds are composed of Southern elements as well as objects from
the Paris basin which refl ect the geographical position of the necropolis.
Zusammenfassung Der 1999 ergrabene Fundplatz von Monéteau, ‘Sur Macherin’, hat zahlreiche Siedlungsspuren aus der Zeit
vom Altneolithikum bis zur gallo-römischen Periode geliefert. Das Neolithikum ist besonders gut vertreten: die Villeneuve-Saint-
Germain Kultur mit sieben Wohnstrukturen, das Jungneolithikum mit rätselhaften Grabanlagen, das Endneolithum mit einem
kleinen, mehrfach belegten Grab und vor allem das mittelneolithische Chasséen mit einer Nekropole, die mit einer Wallanlage in
Verbindung steht. Dieses Gräberfeld setzt sich aus zwei unabhängigen, unterschiedlich strukturierten Komplexen zusammen, die
jeweils mit einer monumentalen Anlage in Verbindung stehen. Aufgrund der Bestattungsbräuche, insbesondere dem Vorherrschen der
Steinkisten, lässt sich dieser Komplex mit dem westschweizerischen „Chamblandes-Typ“ in Verbindung bringen. Der Fundbestand, der
sowohl meridionale Elemente als auch solche des Pariser Beckens beinhaltet, spiegelt die geografi sche Lage der Nekropole wieder.
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1. L    ,
  ’
Le site est sur la commune de Monéteau (Yonne), au lieu-
dit Sur Macherin, à quelques kilomètres au nord d’Auxerre.
Une enceinte néolithique et une nécropole protohistorique
à enclos avaient été repérées en photographie aérienne par
Jean-Paul Delor dès 1990. La zone devant être aménagée
2,
une opération de diagnostic dirigée par Jean-Marc Violot
(AFAN) a été engagée en mai 1998 (V, C,
1998), puis une opération de sauvetage urgent à partir d’avril
1999, fi nancée par la commune de Monéteau et placée sous la
responsabilité d’Anne Augereau (AFAN) et le contrôle scien-
tifi que de Michel Prestreau (SRA, DRAC de Bourgogne).
Le site est implanté sur la moyenne terrasse limono-
graveleuse de l’Yonne, à une altitude d’environ 99 m NGF,
à quelques centaines de mètres du petit ru de Baulche, un
affl uent de l’Yonne (fi g. 1). Les vestiges archéologiques déca-
pés s’étendent sur 3,5 ha et se répartissent du Néolithique à
l’époque gallo-romaine. Le Néolithique est représenté par
plusieurs installations successives de natures diff érentes, du
Néolithique ancien jusqu’au Néolithique fi nal, en passant par
le Néolithique moyen Chasséen (fi g. 2).
Une importante nécropole protohistorique d’âge gaulois
est située au sud-ouest de l’emprise : dans la parcelle traitée,
elle comprend une soixantaine de sépultures dont la plupart
sont implantées dans des enclos de diverses formes. Elle
s’étend plus à l’ouest, de l’autre côté de la route, dans une
parcelle qui a été diagnostiquée dans le courant de l’été 2000.
Dans le cadre de cette opération, la partie de la nécropole
concernée par l’emprise n’a fait l’objet que d’une évaluation
à travers la fouille de seize sépultures.
2. L’opération archéologique a été motivée par un projet de ZAC
déposé par la commune de Monéteau. Un « avis défavorable à titre
conservatoire » a été émis par le Préfet du département de l’Yonne en
raison de la grande sensibilité archéologique de la zone à lotir.
0 1 5km
N
Chanvres
Beaumont
Joigny
Saint Florentin
Auxerre
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300
Le Tholon
L'Armançon
Le Serein
L'Yonne
Monéteau
Sur Macherin
Fig. 1. Monéteau, Sur Macherin (Yonne) : localisation du site (P. Pihuit/AFAN del.).
L    M, « S M » (Y) :  
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N
0 50m
alignement
nord
groupe nord
de sépultures
groupe sud
de sépultures
Sép. 374
St.363
Sép. 227
St.370
M1
M10
M4
M6
M2
M5
M3
Sép. 241
Sép. 242
St.368 St.369
St.364
alignements
sud
Structures chasséennes
Structures du Néolithique ancien
Structures du Néolithique final
Enclos et sépultures protohistoriques
Entrées de l'enceinte
Zone de limon brun
Ancienne carrière
Limite de décapage
?
?
?
Fig. 2. Monéteau, Sur Macherin (Yonne) :
plan des structures néolithiques et protohistoriques
(levé T. Le Saint-Quinio/AFAN, P. Pihuit/AFAN del.).
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A A, P C,    ’I S
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2. L   N 
La première occupation néolithique se caractérise par les
restes d’au moins sept bâtiments de type danubien, diverses
fosses et une sépulture comportant un individu en position
repliée.
Les bâtiments sont dispersés le long d’une bande de
175 m de long pour 115 m de large au centre du décapage
(fi g. 2). L’un d’entre eux est entier (M2), d’autres sont sub-
complets (M1, M5, M6). Les derniers ne sont représentés
que par quelques tierces (M3, M10). De même que les fosses
de cette période, ils sont implantés préférentiellement à proxi-
mité du chenal limoneux, voire partiellement dessus. Leur
dispersion est assez grande, l’espace entre les bâtiments étant
d’au moins 14 m, jusqu’à 77 m (de M5 à M3). Leur orienta-
tion est globalement est-ouest avec cependant des variations
non négligeables
3.
2.1. Une très grande maison naviforme
La maison 2 se singularise par ses grandes dimensions :
42 m de long, ce qui en fait l’une des plus grandes maisons
danubiennes du Bassin parisien (fi g. 3), et 6,7 m de largeur
maximale. Son orientation est sud-ouest/nord-est, comme
la maison 1 (83°). Quelques petites fosses de plan circulaire
sont implantées le long des parois nord et sud sans qu’elles
présentent les caractéristiques de longueur propres aux fosses
latérales des maisons danubiennes. C’est la maison la mieux
conservée avec soixante-treize poteaux certains et sept proba-
bles. L’écartement moyen des poteaux de murs dans les parties
préservées est de 1 m.
Le plan est clairement naviforme, avec une largeur maxi-
male (6,7 m) située à 7 m de l’extrémité antérieure. Les faça-
des avant et arrière off rent des largeurs respectives de 6,2 m
et 2,8 m. Le pignon avant possède une ante peu prononcée :
les deux poteaux extrêmes des murs nord et sud sont décalés
de 40 cm par rapport à l’axe de la tierce de façade. Le poteau
central de cette dernière est, lui aussi, légèrement décalé vers
l’est. Le mur arrière présente trois poteaux de plan ovalaire
espacés de 0,15 et 0,3 m. Ils ne sont pas strictement alignés,
mais s’inscrivent dans un arc de cercle (abside).
En raison d’une érosion diff érentielle, on constate des
hauteurs de remplissage conservé plus élevées à l’avant qu’à
l’arrière. Toutefois, le contraste entre la puissance des poteaux
longitudinaux et des poteaux transversaux est très important.
Pour les premiers, le diamètre varie entre 15 cm et 50 cm, la
profondeur conservée entre quelques centimètres et 30 cm.
En revanche, le diamètre des poteaux de tierce situés à l’avant
oscille entre 70 et 80 cm pour une profondeur moyenne de
50 cm. Ceux localisés à l’arrière, bien que plus faibles en
raison de l’érosion, se situent dans des valeurs plus hautes
que les poteaux longitudinaux appartenant à ce même secteur
(40 cm de diamètre et 40 cm de hauteur de remplissage).
Les poteaux centraux porteurs de la poutre faîtière sont
moins régulièrement espacés que dans la maison 1, mais cela
n’indique pas pour autant une conservation moins bonne des
structures marquant l’axe faîtier. La tendance générale est au
resserrement dans les parties avant et arrière et à l’écartement
au centre. Ces poteaux axiaux ne s’inscrivent pas toujours
dans des tierces. Ainsi, les poteaux centraux de la moitié
arrière (st. 162 et 153) sont isolés.
La bonne conservation permet d’observer l’organisation
interne de la maison. Quatre tierces divisent l’intérieur en
cinq parties d’inégale surface. Aucune n’est organisée en
couloir. Trois intervalles, d’une surface d’environ 34 m2
chacun, se succèdent à partir de l’avant : un premier espace de
32 m2 est dégagé entre la tierce de façade et la suivante, à 5 m.
Cette zone présente à la moitié de sa surface un dispositif de
trois poteaux dans sa moitié nord dont les extrêmes s’alignent
avec l’axe faîtier et l’axe latéral nord. Il pourrait s’agir d’une
division interne entre une antichambre occupant la largeur
du bâtiment et une petite pièce latérale jointive d’un couloir
longitudinal permettant l’accès aux parties centrales de la
maison. Une autre tierce, distante de 6,4 m de la précédente,
vient ensuite délimiter un espace de 34,5 m2. La troisième
tierce, à 7,5 m de la précédente, borne une aire de 36 m2. La
partie suivante est la plus grande : 51 m2. Au fond, on trouve
le plus petit espace : 15 m2.
Ces espaces sont séparés par des séries de poteaux agen-
cés de manière variable : la première est une tierce normale
(poteaux alignés), la deuxième est une tierce en J et la troi-
sième est en pseudo-Y. Enfi n, les derniers poteaux sont agen-
cés en Y si on considère que le poteau 152 fait partie du
dispositif. Ainsi, cette maison semble regrouper l’essentiel
des systèmes d’agencement des trous de poteaux défi nis par
A. Coudart (1998).
Aucun matériel archéologique n’a été récolté dans les
trous de poteaux de la maison 2. Seule la st. 155, au sud, a
livré quelques tessons de céramique et deux éclats de silex.
Le plan naviforme la situe dans une période récente du
Néolithique danubien. Le matériel exhumé dans les fosses
alentours permet d’envisager le groupe de Villeneuve-Saint-
Germain.
3. Il s’agit de l’orientation par rapport au Nord géographique, exprimée
en degrés.
L    M, « S M » (Y) :  
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05m
Fig. 3. Monéteau, Sur Macherin
(Yonne) : plan et coupes des structures
composant la maison néolithique M2
(P. Pihuit/AFAN, del.)
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2.2. La sépulture du Néolithique ancien
Une sépulture isolée contenait un inhumé accompagné
de deux blocs crânio-faciaux de suidé et d’une lame de silex
(st. 374). Le premier crâne de suidé se situait sous le thorax,
le second devant la face. La petite lame de silex était localisée
sur le bassin. L’individu était déposé en position repliée sur le
côté gauche, selon une orientation est-ouest, dans une fosse
assez profonde (environ 45 cm sous décapage) et de faibles
dimensions. L’hypothèse d’une décomposition du corps en
espace confi né peut être évoquée mais elle n’est pas complète-
ment assurée en raison de la faiblesse des déplacements osseux
observés. Contre toute attente, les résultats des mesures radio-
carbone indiquent une position chronologique ancienne de
cette sépulture, aux alentours de la transition entre le Rubané
et le groupe de Villeneuve-Saint-Germain (Ly-9747 : 5910
± 35 BP, soit 4897 à 4695 av. J.-C.). La fi abilité de la mesure
ne peut être mise en cause, l’intervalle de variation étant de
plus ou moins 35 ans. On serait donc en présence d’un mode
d’inhumation encore inédit pour le Néolithique ancien de
cette région.
2.3. Conclusions sur les occupations
du Néolithique ancien
Le site de Macherin s’annonce comme l’un des princi-
paux gisements de l’Yonne pour le Néolithique ancien. De
plus, la position et l’espacement des unités d’habitation suggè-
rent que la seule limite tangible se trouve au nord-ouest. Le
village peut se poursuivre dans les autres directions. L’état
de conservation des fondations est bon, parfois excellent, et
contraste avec l’absence de fosses latérales. Le matériel associé
reste rare et ne permettra pas une lecture dynamique de cette
occupation.
Cependant, au moins deux phases peuvent être distin-
guées. D’une part, celle marquée par la sépulture 374, dont
la date radiocarbone indique le début du e millénaire. Le
mode d’inhumation, la fosse sépulcrale et le mobilier associé
au défunt en font une sépulture originale pour cette période :
la faune reste exceptionnelle en contexte funéraire danubien
en Bassin parisien, et le dépôt de deux crânes de la même
espèce ne peut être perçu comme anodin. D’autre part, la
phase signalée par le matériel archéologique retrouvé dans
diverses fosses et structures suggère le groupe de Villeneuve-
Saint-Germain. Se pose alors la question de la relation chro-
nologique entre le matériel archéologique et les types de bâti-
ments. Parmi eux, deux ensembles principaux, probablement
diachrones, se dégagent d’après le plan, l’orientation et la
structuration interne :
– les maisons M1 et M2 : orientation sud-ouest/nord-est,
grande longueur, plan naviforme, pas de couloir de sépara-
tion ;
– les maisons M4, M5 et M6 : orientation nord-est/
sud-ouest ou est/ouest, plan trapézoïdal, longueur moindre,
système de séparation type couloir pour d’eux d’entre elles.
La maison M4 est la seule à avoir livré un récipient en
céramique archéologiquement complet qui s’inscrit faci-
lement dans la typologie du groupe de Villeneuve-Saint-
Germain. La rareté du matériel archéologique est évidem-
ment dommageable à l’interprétation de cet ensemble de
structures. Dans les pays du Rhin, les plans naviformes sont
classiquement associés aux contextes récents (Grossgartach,
Rössen). Ici, seule la maison de Gurgy peut être évoquée pour
une datation à l’extrême fi n du Villeneuve-Saint-Germain.
Les plans trapézoïdaux, quant à eux, sont la règle en contexte
VSG/Blicquy. On serait tenté d’associer les bâtiments trapé-
zoïdaux aux fosses ayant livré le matériel archéologique et
donc de soutenir l’hypothèse de deux occupations distinctes,
l’une appartenant au Villeneuve-Saint-Germain et se caracté-
risant par des maisons au plan trapézoïdal, l’autre, indéfi nie
mais sans doute plus récente, marquée par des bâtiments de
grande longueur.
3. L’  :
  
Un des apports remarquables du site de Monéteau appar-
tient au Néolithique moyen Chasséen. Cette culture est repré-
sentée par une enceinte constituée d’une simple palissade et
par une vingtaine de sépultures disposées en deux ensembles
dans l’aire interne. Cette petite nécropole s’articule en deux
secteurs éloignés d’une centaine de mètres environ (fi g. 2).
3.1. L’enceinte
L’enceinte de Monéteau est constituée d’une simple
palissade (fi g. 2). On en connaît le tracé complet grâce à
la photographie aérienne réalisée par Jean-Paul Delor : elle
entourait un espace d’au moins dix hectares. Dans le cadre de
cette opération, 3,5 ha de l’aire interne et 300 mètres linéaires
de palissade ont été explorés. La moitié longitudinale de la
palissade a été intégralement vidée à l’aide d’une mini-pelle
mécanique. Cette procédure a permis d’identifi er les traces
de poteaux et de travailler sur le rythme de leur implanta-
L    M, « S M » (Y) :  
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tion4. Nous avons ainsi collecté des données architecturales
sur tout le tracé, tout en récupérant le maximum de matériel
archéologique.
Il s’agit d’une palissade assez puissante avec, en moyenne,
0,60 à 1 m de hauteur conservée. Par convention et en l’at-
tente d’étude géomorphologique des vallées alluviales à
l’Holocène, on estime souvent que la fourchette théorique
d’érosion des structures archéologiques de ces périodes se
situe quelque part entre 0 et 50 %. En outre, on peut raison-
nablement envisager que la partie du poteau située sous le
niveau du sol ne dépasse pas un tiers de sa hauteur totale. Ces
considérations nous conduisent à proposer, pour Monéteau,
une élévation de palissade de 2 à 4 m, ce qui paraît assez
imposant.
Le rythme d’implantation des poteaux a pu être docu-
menté d’après les traces plus brunes laissées par la décompo-
sition des matières végétales. Il est assez serré : on compte une
moyenne de deux poteaux par mètre linéaire. Ils sont espacés
de 20 cm environ et disposés en quinconce. Aucune trace de
clayonnage intercalaire n’a pu être mise en évidence ; toute-
fois, la disposition en quinconce laisse supposer l’existence
d’un tel dispositif. Le diamètre des fûts semble assez fort et
constant : environ 40 cm, d’après les fantômes. Un rapide
calcul, portant sur le rythme d’implantation des poteaux
reporté sur les 3 km de tracé, permet d’estimer à 5000 pièces
le nombre de fûts érigés, ce qui laisse rêveur quant à la quan-
tité d’arbres abattus, de surcroît adultes, pour construire l’édi-
ce. La surface de forêt qu’il a fallu exploiter est sans doute
bien supérieure à celle de l’aire interne.
Sur la partie explorée, les interruptions sont au nombre
de onze. Parmi elles, quatre dont la largeur est inférieure à
0,80 m, sont de simples discontinuités dans le tracé de la
palissade. Une autre est douteuse en raison de l’implantation
de sépultures protohistoriques brouillant la lecture du terrain.
Il reste six passages ou entrées véritables (fi g. 2). Celles-ci
sont très irrégulièrement implantées : au nord, à proximité
du groupe nord de sépultures chasséennes, deux sont très
proches, à peine 13 m les séparant. Ensuite, la prochaine
entrée est distante de 15 m. À l’ouest et au sud, les intervalles
séparant les trois autres entrées sont respectivement de 45 m,
27 m et 106 m. On observe donc une plus grande fréquence
des entrées au nord et à l’ouest qu’au sud. Celles-ci sont étroi-
tes – de 1 m à 1,8 m d’ouverture au maximum – et d’un
type simple : elles sont seulement signalées par l’implantation
d’un poteau plus fort aux deux extrémités de la palissade en
vis-à-vis (fi g. 4).
La fouille de la structure n’a pas permis de mettre en
évidence des dépôts de fondation. Toutefois, seule une moitié
longitudinale de la tranchée de palissade a été vidée, et il
subsiste une épaisseur de 30 cm de sédiment, non fouillée. Il
est possible que du matériel archéologique soit encore présent
dans cette épaisseur, mais il est peu probable que des dépôts
complexes aient échappé aux investigations. Outre quelques
éclats de silex et quelques restes de faune, le seul élément
mobilier remarquable découvert dans la palissade est un vase
complet, mais fragmenté, présent à mi-hauteur du remplis-
sage du tronçon 311. Il s’agit d’une écuelle à carène basse, à
parois évasées en céramique bien cuite, homogène et lissée.
Elle est attribuable au Chasséen. En l’absence de reconstruc-
tion visible de la palissade, aussi bien en plan qu’en élévation,
du moins dans la partie explorée, on peut envisager que cet
élément mobilier date l’ensemble de la structure.
3.2. La nécropole chasséenne
Malgré des investigations fi nes, aucun vestige d’habitat
n’a pu être mis en évidence dans l’aire interne. Seule une
structure domestique contenant un vase avait été découverte
lors du diagnostic (V, C, 1998). En revanche,
des séries de sépultures ont été mises au jour, disposées en
deux groupes distants de 100 m l’un de l’autre :
– un groupe au nord est constitué de seize structures
identifi ées comme sépultures, quatorze certaines, une très
vraisemblable et une probable (fi g. 5) ;
– un autre groupe au sud regroupant seulement quatre
sépultures (fi g. 8, infra).
Ces deux groupes, dont le caractère chasséen est attesté
par du matériel d’accompagnement, se distinguent sur
plusieurs plans. D’une part, leur état de conservation varie.
On dispose en eff et de l’extension totale pour le groupe nord
alors que le groupe sud, en bordure de décapage, n’a pu être
appréhendé dans sa globalité (fi g. 8). D’autre part, les procé-
dés d’inhumation sont très homogènes au nord et plus varia-
bles au sud. De même, l’orientation des corps, la richesse et
la composition des mobiliers funéraires diff èrent du nord au
sud. Une diff érence chronologique pouvait expliquer cette
variabilité. Toutefois, les données radiocarbone, récoltées
sur une sépulture au nord (st. 240) et sur une autre au sud
(st. 520), sont remarquablement concordantes et ne permet-
tent pas, pour le moment, de soutenir cette hypothèse :
– st. 240 (groupe nord) : Ly-9745 = 5350 ± 35 BP, soit
4322 à 4046 av. J.-C.
– st. 520 (groupe sud) : Ly-9748 = 5270 ± 40 BP, soit
4223 à 3979 av. J.-C.
4. Une telle observation est diffi cile dans le cas d’une fouille manuelle.
0 2,5m
N
céramique
intérieur
extérieur
Fantôme de poteau
st.311
st.287
3Fig. 4. Monéteau, Sur Macherin (Yonne) : plan de l’entrée 5
de l’enceinte (st. 311et 287) (P. Pihuit/AFAN del.)
6Fig. 5. Monéteau, Sur Macherin (Yonne) : plan du secteur nord
de la nécropole chasséenne (levé T. Le Saint-Quinio/AFAN,
P. Pihuit/AFAN del.).
05 m
N
458
456
250
243
244
251
196
240
245 95
682
252
248
360
239
vase
nappe de limon brun
38
41
L    M, « S M » (Y) :  
59
Revue Archéologique de l’Est, t. 54-2005, p. 51-70 © SAE 2006
À ces deux groupes, il convient peut-être d’ajouter deux
inhumations individuelles, situées au sud-ouest de l’emprise,
à moins de trois mètres l’une de l’autre, et qui n’ont livré
aucun mobilier (st. 241 et 242). Elles étaient très érodées
par les labours et le décapage. Dans un cas, le sujet reposait
sur le côté gauche, membres fl échis et selon une orienta-
tion est/ouest. Dans l’autre, seul le tronc, dos contre sol, est
conservé. En raison de la proximité immédiate d’un bâti-
ment Villeneuve-Saint-Germain (M3), de l’orientation et de
la position des sujets, l’attribution de ces sépultures au Néoli-
thique ancien a été d’emblée évoquée. Cette attribution a été
infi rmée par la mesure radiocarbone de l’une d’entre elles :
– st. 242 : Ly-9746 = 5585 ± 45 BP soit 4498 à 4341
av. J.-C.
Un tel résultat exclut le Villeneuve-Saint-Germain, mais
ne permet pas d’associer sans discussion ces tombes à la
nécropole chasséenne.
3.2.1 Le secteur nord
Le premier secteur, dont nous avons toutes les limites
(même s’il y a une hésitation pour l’une d’entre elles), est
particulièrement bien structuré. Les sépultures sont implan-
tées sur une bande étroite, de seulement 5 à 6 m de large,
longue de 35 à 40 m, et axée sud-est/nord-ouest (fi g. 5).
Cette disposition ne correspond à aucune irrégularité du
terrain. Aucun monument ne semble être directement asso-
cié aux sépultures. On mentionnera, toutefois, une série de
petites fosses, disposées au nord de la nécropole et de même
orientation que les tombes, qui prolonge l’alignement de
structures sur 48 m au minimum (fi g. 2). Il s’agit de fosses
au remplissage peu épais (de 15 à 40 cm) et stérile. Elles
pourraient représenter les vestiges d’un monument funéraire,
dont la confi guration reste à trouver. Ce cas de fi gure existe-
rait à Saint-Martin-la-Rivière (Vienne, C. Constantin comm.
personnelle, qui a repris les plans d’E. Patte ; P, 1971).
Les fosses sépulcrales présentent la même orientation que
la bande de terrain sur laquelle elles sont placées : toutes,
sauf une (la st. 682, axée sud-ouest/nord-est), sont axées sud-
est/nord-ouest. En raison de la profondeur très variable des
fosses, entre quelques centimètres et 0,50 m sous le niveau
du décapage, nous ne pouvons conclure sur le nombre initial
de sépultures. À l’exception d’une tombe double (st. 248),
toutes sont des inhumations individuelles, du moins lorsque
les os sont conservés. En eff et, l’état des ossements varie d’une
parfaite conservation à l’absence totale de vestiges, en passant
par tous les stades intermédiaires, notamment deux cas où
seuls des fragments d’émail dentaire ont été retrouvés. Les
sujets, sauf un (toujours la st. 682), ont une même orienta-
tion, sud-est/nord-ouest (la marge de variation ne dépasse
pas 10°). La position ne souff re pas d’exception. Ils reposent
tous sur le côté gauche, membres fl échis.
Les caractéristiques des fosses sont tellement semblables,
les résultats de l’analyse taphonomique tellement homogè-
nes, que l’identité des procédés d’inhumation ne fait aucun
doute :
– tout d’abord, les fosses sont largement surdimension-
nées par rapport aux défunts qu’elles abritent, et le sujet
occupe systématiquement l’espace central. La sépulture 250
illustre cette disposition jusqu’à la caricature ; la distance
entre le squelette et la paroi n’est jamais inférieure à 0,40 m
(fi g. 6). Le profi l des fosses, en cuvette, est parfaitement régu-
lier : le fond est plat et les parois verticales.
– Ensuite, les corps ne se sont pas décomposés au contact
direct de la terre, mais dans un espace confi né. Les dislocations
sont importantes et de nombreux os sont sortis du volume
initial du cadavre. Ainsi dans la sépulture 250, les décon-
nexions concernent toutes les parties du squelette. Parmi les
plus importantes, citons l’eff ondrement de la scapula gauche,
retournée sur le fond de la sépulture, la dislocation complète
du coude droit ou celle du genou gauche ; on pourrait égale-
ment ajouter le redressement du crâne, accompagné d’une
rupture de la colonne cervicale, ou bien la transgression du
volume initial du thorax par plusieurs côtes droites, ou encore
le glissement du coxal droit sur les vertèbres lombaires.
– Enfi n cette même sépulture 250 révèle également un
eff et de limite à droite du squelette. Les deux genoux, ainsi
que les os disloqués des mains, ne dépassent pas une limite
fictive sud-est/nord-ouest parallèle au corps. Ce phéno-
mène est encore plus prononcé pour le sujet de la sépul-
ture 240, où cette limite est cette fois un véritable eff et de
paroi : la main droite, l’extrémité de l’avant-bras gauche et
les genoux sont parfaitement alignés, dans le même axe que
l’orientation générale du cadavre et de la fosse (fi g. 7). Dans
cette sépulture, le basculement complet du crâne s’inter-
prète encore comme un eff et de paroi, mais dans un axe
perpendiculaire au précédent (nord-est/sud-ouest). Pour la
sépulture 360 cette fois, cette limite fi ctive se situe sur la
gauche du squelette. Enfi n, mais en est-il vraiment besoin
pour conclure, la tombe 456 nous off re le quatrième côté :
l’étirement des pieds, joint au genou droit, forme un axe
perpendiculaire à celui du corps. À partir de ces quatre sépul-
tures, en superposant les eff ets de paroi, on peut dessiner un
rectangle qui correspond au réceptacle réel du cadavre : un
coff re en bois.
60
A A, P C,    ’I S
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N
0 50cm
Silex
Fig. 6. Monéteau, Sur Macherin (Yonne) : plan de la sépulture 250,
groupe nord (levé P. Chambon/AFAN, P. Pihuit/AFAN del.).
L    M, « S M » (Y) :  
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N
0 50cm
0 50cm
Silex
Vase
ab
c
c
d
d
ab
plan
coupes
Fig. 7. Monéteau, Sur Macherin (Yonne) : plan de la sépulture 240,
groupe nord (levé P. Chambon/AFAN, P. Pihuit/AFAN del.).
62
A A, P C,    ’I S
Revue Archéologique de l’Est, t. 54-2005, p. 51-70 © SAE 2006
3.2.2. Le secteur sud
Le second secteur est nettement moins homogène. Il
n’a livré que quatre sépultures comprenant six sujets inhu-
més. Là encore, aucune évidence de monument associé n’est
clairement établie, mais il faut évoquer la présence de deux
alignements de fosses, de part et d’autre des sépultures.
D’orientation nord-ouest/sud-est et à peu près parallèles,
ils se situent à égale distance du groupe de tombes, à savoir
18 m environ (fi g. 8). Ils délimitent donc un espace de 46 m
de largeur en moyenne. Constitué de huit fosses espacées
régulièrement (environ 1,25 m), l’alignement ouest atteint
20 m de longueur. Le plan et le profi l des fosses sont assez
homogènes : ovalaires et en cuvette. Leurs dimensions se
situent entre 1,1 et 1,7 m de grand diamètre et entre 0,4 et
1 m de profondeur. À l’est, neuf structures de morphologie
plus hétérogène et d’espacement plus irrégulier s’alignent
sur 22 m. Rien n’est certain quant à l’identifi cation d’un
monument, ni même quant à la présence d’alignements de
fosses encadrant ce secteur de la nécropole et délimitant ainsi
l’espace funéraire. L’égale distance entre les rangées de fosses
et les tombes, de même que l’orientation des alignements,
reproduisant le schéma nord-ouest/sud-est perceptible au
nord, restent cependant des faits troublants.
L’organisation des tombes est moins claire qu’au nord,
mais cela tient peut-être à leur nombre plus restreint. Néan-
moins, les orientations des sujets sont plus divergentes : sud-
est/nord-ouest, est/ouest ou nord-est/sud-ouest (la référence
à l’est reste incontournable). Par ailleurs, les sépultures sont
très diff érentes les unes des autres. Dans l’une d’elles, la
décomposition en espace confi né n’est pas assurée (st. 521)
et dans deux autres cet espace ne peut en aucun cas être un
coff re. De fait, une seule s’apparente aux tombes du premier
secteur (st. 548) : l’orientation est identique, la fosse sub-
rectangulaire largement surdimensionnée contenait à l’ori-
gine un coff re en bois. Cette sépulture présente toutefois une
originalité : elle a livré les restes de trois inhumés, séparés
par de faibles épaisseurs de sédiment. Le coff re initial et la
première inhumation (un adulte) ont vraisemblablement été
partiellement remblayés avant la mise en place du second
sujet (immature), transporté et déposé dans un cercueil
5.
Un autre enfant a fi nalement été inséré dans la fosse, mais
son squelette est très érodé.
3.2.3. Le mobilier funéraire : nature et position
Onze sépultures sur vingt, tant parmi les adultes que
les enfants, étaient accompagnées de mobilier : vases en
céramique, outils de silex (armatures de fl èche et tranchets,
lames brutes, éclats bruts, racloir), parures (défense de suidé
perforée, incisive de castor perforée, petites perles circulai-
res), outils en matière dure animale (poinçon, hameçon). Là
encore, des inégalités s’observent entre le groupe nord et le
groupe sud qui peuvent être dues, par ailleurs, aux disparités
des eff ectifs. Au nord, seulement sept sépultures sur seize
ont livré du mobilier clairement associé à la tombe alors que
toutes les tombes du groupe sud en renfermaient.
La présence de céramique concerne trois sépultures sur
sept au nord (st. 240, 243 et 458) et trois sur quatre au sud
(st. 520, 548, 549). Lorsque les formes peuvent être resti-
tuées, on reconnaît essentiellement des écuelles à carène basse
(st. 240, 243, 458, 548) dont le diamètre, la hauteur du col
et l’évasement des parois varient fortement. La plus complète,
celle de la sépulture 240, est une pièce de 19 cm de diamè-
tre, à col court (fi g. 9, n° 1). Seul l’élément céramique de la
sépulture 520 est d’un type diff érent : il s’agit d’une bouteille
à anses en ruban épais, en symétrie binaire.
Quatre sépultures ont livré des armatures de fl èche (fi g. 9,
nos 4 et 5). Dans le groupe nord, la st. 41 a été assimilée à
une sépulture mal conservée en raison de la présence d’une
armature de fl èche. On dénombre un total de neuf armatures
dont quatre appartiennent à la st. 549 (groupe sud). Trois
types diff érents sont représentés. Le premier, le plus courant
(six pièces), est obtenu à partir d’une lame ou d’un support
léger et consiste en des pièces géométriques triangulaires ou
trapézoïdales (fi g. 9, nos 4 et 5). Les retouches sont géné-
ralement directes abruptes, sauf dans un cas où elles sont
abruptes croisées, et un autre qui porte des retouches bifa-
ciales rasantes. Le second type existe en un seul exemplaire,
tout comme le troisième. Il s’agit d’une armature tranchante
à retouche bifaciale envahissante. En tout point comparable
aux exemplaires connus dans le groupe de Cerny Barbuise,
son calibre est totalement diff érent des précédentes. Enfi n, la
possible sépulture 41 contenait une armature foliacée trian-
gulaire par retouche bifaciale rasante.
Les tranchets, au nombre de trois répartis dans deux
sépultures du groupe nord (st. 248 et 250), sont de morpho-
logie et de dimensions parfaitement calibrées (fi g. 9, n° 3). Il
s’agit de pièces à retouche transversale sur éclat large (groupe
des grandes bitroncatures) dont les dimensions moyennes,
prises selon l’axe de débitage, sont : 25 x 53 x 11 mm. Les
tranchants sont obtus car il s’agit de pièces abondamment
utilisées et aff ûtées par coups du tranchet.
5. Ce contenant est très exigu : cet enfant d’une dizaine d’années est tassé
dans un espace de 0,25 x 0,75 m. La position, genoux basculés vers la
droite, est unique parmi toutes les tombes de la nécropole.
L    M, « S M » (Y) :  
63
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0 12,5m
N
496
495
494
493
520
521
549
548
478
477
476
475
474
473
472
471
492
491
490
489
488
Fig. 8. Monéteau, Sur Macherin (Yonne) : plan du secteur sud de la nécropole chasséenne (levé T. Le Saint-Quinio/AFAN, P. Pihuit/AFAN del.).
64
A A, P C,    ’I S
Revue Archéologique de l’Est, t. 54-2005, p. 51-70 © SAE 2006
Parmi les lames (fi g. 9, n° 2), on remarque plus parti-
culièrement celle de la sépulture 240 (groupe nord) et celle
de la sépulture 548 (groupe sud). La première est une lame
sous crête, de dimensions appréciables (112 x 27 x 10 mm),
probablement débitée par percussion tendre. Elle n’est pas
retouchée mais porte, sur les deux bords, un luisant qui se
développe sur environ 2 mm. La seconde est particulièrement
grande : sa longueur conservée (elle est cassée en extrémité
distale) atteint 156 mm. Il s’agit d’une lame à quatre pans,
sans cortex. La morphologie de l’extrémité proximale ne
St.240
St.250
0 5 cm
0 5 cm
1
2
0 5 cm
45
3
Fig. 9. Monéteau, Sur Macherin (Yonne) : mobilier mis au jour dans les sépultures 240 et 250, secteur nord (P. Pihuit/AFAN del.).
L    M, « S M » (Y) :  
65
Revue Archéologique de l’Est, t. 54-2005, p. 51-70 © SAE 2006
permet pas de se prononcer avec assurance sur la technique
de débitage employée. En eff et, si le talon est facetté et la
corniche abrasée, comme dans les exemples connus de débi-
tage par percussion tendre avérée, la présence d’une esquille
bulbaire et de fi ssures importantes sur le talon indique la mise
en œuvre d’une technique de percussion, si ce n’est dure, du
moins violente.
La parure est représentée par des perles, une défense de
suidé perforée et une incisive de castor (fi g. 10). Les perles
concernent la st. 243 et la sépulture double 248 (groupe
nord). Il s’agit d’objets de forme circulaire de très petites
dimensions : le diamètre maximum atteint 4 mm, l’épais-
seur 1 à 3 mm. Elles sont pour la plupart en calcaire sauf
une, en roche noire verdâtre. Certaines ont été découvertes
encore en connexion et on peut envisager un montage de
ces éléments en grains d’enfi lage de type collier ou brace-
let. Dans la sépulture 243, les cinquante-huit perles ont été
retrouvées au niveau des mains et sous la boîte crânienne.
Dans la sépulture 248, le sujet 1 portait soixante-six perles
dispersées au niveau des vertèbres cervicales ; le sujet 2 ne
possédait qu’une défense de suidé perforée, placée près du
thorax (fi g. 10, n° 2). Cette dernière a une forme originale :
il s’agit d’une pièce arciforme qui se termine par une tête
arrondie et perforée. Une autre pendeloque, aménagée dans
une incisive de castor, a été découverte sous le crâne de l’en-
fant de la sépulture 549 (fi g. 10, n° 1).
L’outillage osseux est représenté par un hameçon courbe
très fi n et élaboré, fabriqué dans une canine de suidé, déposé
au niveau de la main dans la sépulture 521 (groupe sud).
Enfi n, un fragment de poinçon façonné dans un métapode de
petit ruminant, trouvé sur le crâne du sujet 1 de la sépulture
548, complète ce rapide inventaire.
La céramique permet d’attribuer ces sépultures au Néoli-
thique moyen Chasséen. En eff et, on retrouve des écuelles à
carène basse dans le Chasséen de Bourgogne, à Beaumont,
à Chassey et dans la sépulture de Bonnard située à une
quinzaine de kilomètres au nord de Monéteau (M,
1991). Les armatures de fl èche géométriques rentrent égale-
ment dans cet horizon chrono-culturel : elles sont abondan-
tes à Chassey (T,1991) et à Beaumont (P,
T, 1996) et se distinguent bien des armatures tran-
chantes caractéristiques du Cerny ou du Chasséen septen-
trional, plus massives et au rapport longueur/largeur plus
proche de 1. En revanche, les comparaisons concernant la
bouteille carénée de la sépulture 520 restent plus diffi ciles
à établir. Les éléments publiés du Chasséen de Bourgogne,
du Chasséen septentrional et même du groupe de Noyen et
du NMB, n’off rent aucune similitude convaincante : si des
bouteilles existent, aucune ne semble porter une carène ni des
anses en ruban (P, T, 1996 ; B,
M, 1986 ; H-P, M, 1991 ;
D-G, 1995).
La sépulture 520, la seule à posséder une bouteille, se
distingue également par d’autres aspects. Contrairement aux
autres, la céramique est placée du côté de la tête, elle est aussi
au même niveau que les os alors que les autres récipients ont
été découverts dans le remplissage, entiers ou fragmentés,
parfois très au-dessus des corps. L’altitude varie de 0,50 m au-
dessus du corps dans la tombe 458 à une poignée de centimè-
tres seulement dans la tombe 548. De plus, le vase ne repose
jamais à plat sur son assise, il est renversé, ou renversé et en
net pendage, ou encore totalement fragmenté et dispersé.
Ce mobilier n’a donc pas été déposé avec le cadavre dans le
coff re, mais par-dessus celui-ci. Malgré la déconnexion entre
le vase et l’inhumé, le dépôt a toujours été réalisé à la même
place, au nord-ouest de la fosse, par-dessus les pieds.
Cette disposition peu connue nous inspire plusieurs
réfl exions. Tout d’abord, même refermée, la sépulture conserve
une orientation, à l’image des tombes de nos cimetières.
Ensuite, si la participation du vase au rituel funéraire n’est pas
en cause, peut-on réellement ici le considérer comme un viati-
que ? Enfi n, le caractère fragmentaire de certains des vases, dû
largement à l’état d’érosion de la tombe, nous incite à penser
que d’autres sépultures pouvaient à l’origine en être dotées. La
notion de tombe riche ou de tombe pauvre, si elle se fonde sur
la céramique, est donc ici particulièrement douteuse.
La position des armatures de fl èches est plus variable.
Pour certaines, en fait la plupart, elles se trouvent, comme les
parures et l’hameçon, au niveau du squelette. On peut donc
Fig. 10. Monéteau, Sur Macherin, mobilier funéraire (Yonne) : 1. parure
sur incisive de castor, sépulture 549 ; 2. parure en défense de suidé,
sépulture 248 (I. Sidéra/CNRS del.).
66
A A, P C,    ’I S
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considérer qu’elles font partie de l’équipement individuel des
inhumés pour leur voyage dans l’au-delà. De plus, dans le
groupe nord, on constate à deux reprises que les armatu-
res ont été découvertes entre les cuisses du mort (st. 250 et
458). On pourrait imaginer que les fl èches étaient disposées
le long du corps, la tête vers le bas, la hampe dans les bras
du mort qui serrait son carquois contre lui. La position des
tranchets est plus aléatoire : vers la tête (st. 248) ou vers les
pieds (st. 250), mais toujours en dehors de l’espace délimité
par le coff re, au contraire des fl èches et de certaines lames.
En revanche, les lames sont soit dans le remplissage (st. 240),
soit au niveau des corps (st. 250, 548).
3.2.4. Comparaisons
Les diff érentes composantes de la nécropole de Monéteau
peuvent être rapprochées de diff érentes sphères culturelles.
Ainsi, sur le plan des pratiques d’ensevelissement, ce sont
les sépultures de type Chamblandes, connues au plus près
en Valais et dans le canton de Vaud, qui présentent le plus
de similitudes (inhumation en coffre, en position repliée
sur le côté gauche). En revanche, sur le plan des mobiliers
funéraires, les rapprochements sont plus diffi ciles : sauf pour
les structures les plus récentes, les sépultures Chamblandes
ne comportent pas de matériel céramique dont la fréquence
est une caractéristique de Monéteau ; de même, les outils en
silex taillés (armatures, tranchets, lames, etc.) sont totalement
absents dans les structures valaisanes et vaudoises. Ils sont au
contraire abondants dans les contextes funéraires Cerny et
c’est d’ailleurs le seul parallèle que l’on puisse faire avec cette
culture. Quant au Chasséen, étant donné la rareté des données
sur les rituels funéraires de cette période dans la moitié nord
de la France, la seule analogie réside, pour le moment, dans
la typologie des vases et des armatures de fl èche.
4. S 
    N
La fi n du Néolithique existe à Monéteau sous des aspects
funéraires originaux, qui concernent tant le Néolithique
récent que le Néolithique fi nal.
Le Néolithique récent a livré les structures les plus énig-
matiques du gisement. Ces quatre structures, que nous avons
dénommées « structures de type Z », se présentent sous la
forme de tranchées courtes – 2 m de long sur 0,80 m de
large – disposées parallèlement deux à deux à une distance de
3 m (st. 370 et 363 ; st. 368 et 369). Les deux couples ainsi
formés sont distants de plus de 100 m, l’un deux se trouvant
à l’intérieur de l’enceinte néolithique moyen, l’autre jouxtant
la tranchée de palissade, côté externe. L’orientation suit, dans
les deux cas, l’axe nord-est / sud-ouest (fi g. 2).
Le comblement sommital de ces structures est homo-
gène, mais à partir de 0,30 m de profondeur et jusqu’au fond
à 1,20 m, on distingue nettement quatre négatifs de poteaux
(fi g. 11). Dans deux cas, ils s’accompagnent même de calages
massifs à l’aide de blocs calcaires. Ces fosses ont toutes livré
des vestiges, en faible quantité, le plus souvent dispersés dans
le remplissage. Ajoutons qu’ils se trouvent préférentiellement
à l’emplacement des empreintes de poteaux. Nous n’avons
découvert qu’un seul amas cohérent, peut-être contenu dans
une enveloppe en matière périssable (st. 370).
La seule catégorie de vestiges présente dans toutes les
structures est l’os humain. Il s’agit de restes fragmentés, brûlés
ou non brûlés. La structure 363 n’a fourni que vingt-deux
esquilles, pour un poids ne dépassant pas 8 g. L’ensemble le
plus important provient de la structure 370, avec deux cent
treize fragments pour un poids total de 458 g. Des restes
brûlés sont présents partout ; cependant la structure 368
comprend également quelques fragments non brûlés (dont
un gros fragment d’occipital), et la fosse jumelle 369 essen-
tiellement des ossements non brûlés. Le tableau se complexi-
e encore par la prise en compte, pour les restes brûlés, du
moment de la crémation : on distingue des ossements brûlés
« frais » et des ossements brûlés « secs ». Si tous les restes ne
permettent pas un tel diagnostic (notamment pour la struc-
ture 363), en revanche la coexistence des deux situations est
avérée pour l’échantillon de la structure 370. Les restes brûlés
« secs » appartiennent essentiellement à un bloc crânio-facial
portant une double trépanation (ante mortem). Le nombre
minimum d’individus concernés par les restes humains ne
dépasse pas un par structure, à l’exception de la structure 370,
dont les 458 g d’ossements correspondent au moins à quatre
individus, soit deux adultes et deux sujets immatures. D’un
strict point de vue ostéologique, on ne peut considérer les
échantillons de chaque structure comme indépendants : des
ossements d’un même individu sont potentiellement répartis
entre plusieurs structures. Le nombre minimum d’individus,
pour l’ensemble des STZ, s’établit donc à cinq, soit : les restes
non incinérés d’un sujet adulte, un sujet adulte dont le crâne
a été brûlé après décomposition, un sujet adulte incinéré et
deux enfants incinérés, dont un en bas âge.
Des ossements animaux ont également été mis au jour,
dont un ensemble talus-calcanéus en connexion et non brûlé
dans la structure 369. Cette même structure a fourni le plus
gros contingent d’industrie lithique, avec vingt et une pièces.
Parmi elles, on note divers outils ou fragments d’outils :
burins et chutes de burin, grattoir, fragments de lames et
L    M, « S M » (Y) :  
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d’une hache polie… Cinq pièces passées au feu ne sont plus
identifi ables et une sixième présente des traces de chauff e.
Hormis quelques tessons épars, la structure 370 est la seule
qui a livré de la céramique : il s’agit d’un petit gobelet SOM
(moins de 6 cm de haut), retrouvé complet au sein de la
principale concentration de vestiges.
La fragmentation de ces restes, leur rareté, l’absence de
véritables dépôts organisés, ne permettent pas de qualifi er
ces structures de sépultures. Les restes brûlés mis au jour
l’ont été en un autre lieu : les parois ne portent aucune trace
de rubéfaction, le remplissage ne comporte aucun résidu de
crémation. Leur fonction est encore à trouver. Ce qui est
01m
N
Os
Os brûlé
Pierre
Charbon de bois
Sable et graviers
Limon sableux brun-gris
Limon sableux brun avec quelques graviers
Limon brun foncé
Limon brun noir (négatif de poteau)
niveau supérieur niveau inférieur
AB
partie fouillée à plat
Fig. 11. Monéteau, Sur Macherin (Yonne) :
structure 368, tranchée est de la
STZ 368/369 (Néolithique récent)
(P. Pihuit/AFAN del.).
68
A A, P C,    ’I S
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0 50cm
N
a
a
c
c
b
b
d
d
Individu 1
Individu 2
Individu 3
Mobilier
Bloc de calcaire
Fig. 12. Monéteau, Sur Macherin
(Yonne) : plan d’ensemble de la sépulture
227, datée du Néolithique fi nal ;
l’individu 3 est en fait séparé des deux
premiers par une dizaine de centimètres
de sédiment (P. Pihuit/AFAN del.).
L    M, « S M » (Y) :  
69
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certain, c’est qu’elles ont reçu des poteaux formant couloir
et que la présence des dépôts d’os humain leur donne un
statut particulier, d’ordre spirituel si ce n’est funéraire. Cette
découverte fait suite à celles de structures comparables à
Varennes-Changy (Loiret), sur le tracé de l’autoroute A 77,
qui ont été identifi ées comme des sépultures à incinération
(B, H, 1999). Les éléments recueillis à Moné-
teau n’autorisent pas une telle interprétation. La diff érence de
plan – fosses accolées à Varennes-Changy, tranchées à Moné-
teau – peut trouver une explication dans une érosion plus
forte dans le site du Loiret : en profondeur, la tranchée laisse
progressivement la place aux quatre négatifs de poteau.
En l’état, il n’est pas possible de proposer un quelconque
rapprochement entre ces structures et les sépultures collecti-
ves « traditionnelles » de cette période.
Une seule structure a été identifi ée pour le Néolithi-
que fi nal (fi g. 12). Il s’agit d’une sépulture arasée, de type
coff re en pierre (st. 227 ; fi g. 2). Ses dimensions sont rédui-
tes, 1,20 x 0,70 m. Son orientation suit l’axe nord-sud. Elle
présentait, lors de la découverte, des petites dalles dressées
sur trois côtés. Elle comporte un dallage régulier. Nous avons
recueilli les restes de trois inhumations, en deux niveaux. Les
ossements sont mal conservés, la surface de l’os compact est
érodée, la substance spongieuse est souvent absente. Près de la
surface, un jeune enfant au squelette très fragmentaire repose
dans la largeur de la tombe, en décubitus dorsal, membres
échis vers la gauche. Sur le dallage, et séparés du premier par
0,10 cm de remplissage stérile, sont apparus les ossements de
deux autres sujets, l’un en connexion dans le grand axe de la
sépulture, replié sur le côté droit, l’autre totalement disloqué,
les os rassemblés sur les membres inférieurs du précédent. Ce
deuxième sujet a sans doute été inhumé après décomposition
en un autre lieu. Le mobilier d’accompagnement se résume
à une gaine de hache à perforation transversale, deux perles
discoïdes en os, un fragment de poinçon en os. La datation
radiocarbone indique le Néolithique fi nal (Ly-9744 : de 2912
à 2698 av. J.-C.).
Le calibre des dalles utilisées pour les parois de ce coff re
lui confère un caractère sommaire : elles ne dépassent pas
0,30 m de plus grande longueur. L’hypothèse d’une construc-
tion en bois habillée, ou étayée, à l’extérieur par des pierres
ne trouve pas d’écho parmi les données. L’environnement
géologique immédiat n’étant pas susceptible de fournir une
grande dalle pour la couverture, il paraît plus simple d’imagi-
ner une couverture périssable (le sujet inférieur s’est décom-
posé dans un espace vide). Malgré le nombre d’individus
inhumés, cette sépulture ne peut être qualifi ée de « sépulture
collective ». Les deux premiers sujets ont été déposés en une
seule fois, et le troisième a été installé après comblement,
au moins partiel. Nous manquons de comparaisons pour
une telle structure : l’existence d’un coff re ne suffi t pas pour
assimiler cette tombe avec celles de la nécropole chasséenne.
La construction semble ici bien plus sommaire.
Enfi n, une petite fosse a encore livré des os humains,
en fait dix éléments d’une main gauche et un fragment de
bula d’un sujet adulte (st. 364 ; fi g. 2). Ce dernier frag-
ment, comme l’absence de trace de découpe, nous interdisent
de considérer le dépôt comme celui d’une main coupée. En
outre, l’érosion de la structure limite l’interprétation. Nous
manquons de comparaison pour un tel dépôt.
C
La portion d’enceinte explorée à Monéteau, environ un
quart de la structure totale y compris son aire interne, se
distingue des autres structures contemporaines par plusieurs
aspects mais s’en rapproche par d’autres. D’une part, il s’agit
d’une structure constituée d’une simple palissade, le fossé et
le talus généralement associés faisant ici défaut. En cela, elle
se distingue de nombreuses enceintes chasséennes du Bassin
parisien parmi lesquelles on citera Beaumont (Yonne) et, plus
au nord, Boury, Jonquières, Catenoy, etc.
D’autre part, bien que les relations entre la nécropole
et l’enceinte ne soient pas encore complètement établies, la
présence de structures funéraires groupées dans l’aire interne
est, à notre connaissance, inédite pour le Chasséen de la
moitié nord de la France. Cette découverte repose une fois
de plus la question de la fonction de ces structures monu-
mentales. D’autant que les traces d’activité domestique sont
maigres : seule une structure isolée, issue du diagnostic,
pourrait évoquer une fosse domestique. Au préalable, se pose
évidemment la question de la contemporanéité de l’enceinte
et des structures funéraires : des analyses radiocarbone sont
à prévoir sur la palissade et sur un nombre plus important
de sépultures. En l’attente, on peut poser comme hypothèse
qu’étant donné les dimensions importantes de la surface
enclose (plus de 10 ha), l’on est en présence du secteur funé-
raire de l’enceinte. Seule la fouille des trois quarts restants de
la structure de retranchement et de son aire interne permettra
de répondre à cette question.
70
A A, P C,    ’I S
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... Chap 3) est envisagée (Augereau et al. 2016). La contemporanéité avec le Cerny (au moins en partie) a été proposée sur la base de mélanges culturels identifiés dans les assemblages mobiliers (Augereau et al. 2003 ;. L'attribution au Chasséen ne se fait que par l'association des structures (funéraires, domestiques ou défensives) à du matériel céramique caractéristique. ...
... Pariat et Thevenet, 2008. D'autre part, en contexte sépulcral, un riche mobilier accompagne parfois les défunts quelle que soit la culture considérée (haches polies, longues lames fines en silex à usage symbolique puisque trop fragiles pour être utilisées, spatules « tour Eiffel », riche parure en termes de quantité de perles par exemple, coquillages et autres objets ayant parcouru une longue distance ; Augereau 2021b ; Augereau et al. 2003 ;Cassen et al. 2019 ;Demoule 2007 ;cf. I.6.f). ...
Thesis
Utilisant l'alimentation comme vecteur de compréhension de l'organisation et des structures sociales des premiers agropasteurs néolithiques, ce travail se concentre sur le sud-est du Bassin parisien dont le contexte archéologique (nombre exceptionnel de sépultures datées du Néolithique, 4800 à 4000 cal BC) est particulièrement riche et bien documenté. Dans ce cadre, 180 humains et 74 animaux ont été analysés par différents marqueurs isotopiques et élémentaires (?13C, ?15N, ?34S du collagène osseux et dentinaire, ?15N des acides aminés spécifiques du collagène osseux, 87Sr/86Sr, Sr/Ca et Ba/Ca de l'apatite de l'os et de l'émail dentaire par ablation laser) afin de reconstituer les schémas alimentaires et de mobilité en lien avec les paramètres biologiques et funéraires de ces individus. Les résultats montrent, entre autres, une alimentation riche en protéines animales, notamment issues de l'exploitation bovine (viande et produits laitiers) et porcine, sans distinction selon le type de traitement funéraire ou l'attribution culturelle. En revanche, des différences entre les sexes et en fonction de l'âge sont mises en évidence et pourraient être en lien avec la division sexuelle des tâches et une origine exogène des femmes. La combinaison des proxies et le développement de méthodes novatrices, sur un large corpus, permet de discuter des avantages et des limites d'une telle approche, offrant de nouvelles perspectives prometteuses. La mesure par ablation laser du strontium isotopique (87Sr/86Sr) et des éléments traces (Sr/Ca et Ba/Ca vs Mn/Ca, U/Ca et Mg/Ca) réalisée pour la première fois sur près d'une centaine d'individus permet notamment, par la création d'un nouveau protocole de traitement des données, d'éliminer des zones diagénétiques dans l'émail dentaire et de suivre à une échelle très fine les modifications alimentaires et de mobilité au cours du temps sur une période de vie précise de l'enfance.
... Based on the quantity of grave goods, graves were categorised under five groups of "richness": none -no grave goods; poor -between one and four objects (average number of elements per object less than 10); intermediatebetween five and eight objects (or less but average number of elements per object more than 10); rich -between 9 and 12 objects; very rich -more than 13 objects. Using only the quantity of grave goods for wealth class categorisation is not ideal, as it does not consider other less quantifiable parameters, such as duration of acquisition or methods of manufacturing the object, rarity or exotic nature of the raw material, symbolism of the object or its use (Salanova, 1998;Augereau and Chambon, 2003). Notwithstanding, it is a consensual approach based on current available evidence. ...
Article
Full-text available
La nécropole de Rosheim "Rosenmeer" (RR) (Bas-Rhin, France) rassemble le plus grand assemblage anthropologique d’Alsace du Néolithique moyen, daté de la culture Grossgartach (première moitié du Ve millénaire). Il constitue un site clé du Néolithique d’ascendance danubienne, diffusé d’abord vers le Bassin parisien, puis le reste de l’Europe occidentale. Cette étude présente une analyse des isotopes stables du carbone, de l’azote et du soufre de 61 individus humains RR ainsi que de 37 individus fauniques provenant de sites contemporains environnants. Complétés par des données publiées (19 humains et 7 animaux), le taux d’individus analysés atteint plus de 65 %. Les données isotopiques sont croisées avec les données biologiques des individus (âge et sexe), les phases d’occupation et le niveau relatif de "richesse" des sépultures (approche quantitative du mobilier). Aucune variation chronologique de l’alimentation n’est observée à RR. L’alimentation ne diffère pas entre les adolescents et les adultes, ni entre les hommes et les femmes. Parmi les plus jeunes enfants, on remarque les effets de l’allaitement. Le sevrage devait se terminer vers l’âge de deux ans. Aucun schéma alimentaire n’est corrélé à la quantité relative d’objets déposés dans les tombes. Les données isotopiques animales suggèrent des pratiques d’élevage spécifiques et différentes entre les herbivores et les omnivores. En comparant les ratios isotopiques des données humaines et animales du Bassin rhénan avec les données contemporaines du Bassin parisien (culture de Cerny), nous montrons, qu’en dépit d’un même contexte économique, la population inhumée à RR avait une alimentation davantage tournée vers des ressources agricoles.
... Following the discussions on the symbolic meanings of Neolithic grave goods in Europe (Augereau and Chambon 2003;Salanova 1998), individuals are categorized into four groups according to the quantity and quality of (non-perishable) burial goods (Thomas 2011:577-579;Thomas and Chambon 2018). Only Cerny sites are considered for this analysis. ...
Article
This study investigates the relationship between monumental funerary structures, social organizations, and diets in Middle Neolithic France. Focusing on the Cerny culture based in the Paris Basin region, we analysed and compared bone collagen stable carbon, nitrogen, and sulfur isotope values of 113 individuals from three different types of Cerny cemeteries: the Passy type (Cerny STP), slab burials (Cerny Slab), and burials without major superstructure (Cerny Flat). Published stable isotopic data from one other Cerny Flat and two contemporaneous non-Cerny cemeteries (n = 140), together with new and published faunal isotopic data (n = 267) from across six different river valleys in the region are also included in the analysis. The results of this study have shown that (1) the Cerny diet was likely rich in animal protein; (2) comparing to all other cemetery types, Cerny STP sites were considerably homogenous isotopically and culturally, and (3) individuals buried in aberrant funerary arrangements tend to have outlying isotopic compositions, suggesting strong correlations between diets and burial practices. Interestingly, as oppose to the distinctly sex-related funerary arrangements, no obvious pattern can be observed in the isotopic compositions between males and females in Cerny cemeteries.
... Distinguer ce qui est dans la tombe de ce qui est sur la tombe est davantage à notre portée. Ainsi, comme nous l'avons montré, la céramique associée aux coffres, à Monéteau, se trouvait systématiquement hors de l'espace sépulcral initial (Augereau et Chambon 2003. Elle était déposée soit directement sur le couvercle de la tombe, soit plus vraisemblablement en surface. ...
... Enfin, le caractère exceptionnel du vase de la structure 42 dont on a vu qu'il n'existait pas de stricte comparaison ailleurs, et des trois pièces lithiques qui sont issues de productions spécialisées importées depuis la minière de Spiennes (Belgique), conforte enfin l'impression de se trouver face à un dépôt volontaire et non un simple rejet. L'hypothèse d'être en présence de deux sépultures dans lesquelles les os n'auraient pas été conservés (le milieu limoneux est particulièrement acide dans nos régions) nous est bien évidemment venue à l'esprit, la céramique et l'industrie lithique étant deux composantes classiques des mobiliers funéraires aussi bien dans l'horizon Michelsberg, comme à Beaurieux (Colas et al., 2007) que dans l'horizon chasséen comme le montre la nécro- pole de Monéteau ( Augereau et Chambon, 2003). Cependant, plusieurs objections peuvent être émises à l'encontre de cette hypothèse. ...
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On an archaeological evaluation carried out on the town of Courrières (Pas-de-Calais) were founded at the property line, two shallow (0.2 m) and circular pits of 0.7 m of diameter, distant one from the other of 3.5 meters. Despite the opening of a window of 225 m2 around these structures and the removal of the top soil on 11 ha for the excavation of a Hallstatt occupation, no other structure due to the Middle Neolithic period was found. The significance of this discovery is related to the particular furniture delivered by these pits. In the first one, the archaeological material consisted in an original decorated ceramic associated with two Spiennes flint artifacts and many remains of apples; in the second one, a vase, unfortunately poorly preserved, was founded smashed at the bottom of the pit and could not be picked up, but he had the same profile as the one of the neighboring pit, without however wearing decor. Comparisons of ceramic technology, particularly in the degreaser combining flint and moss, show affinities with the group of Spiere; from the typological point of view, the best elements of comparison for the streamlined shape is found on the neighbouring site of Lievin; for against, the decor of circular impressions, organized in inverted triangle placed at the junction of neck/belly, and associated with lines arranged in "V" that seem to be organized from the handdle with vertical perforation is more original. While the patterns and decorative techniques are known in the Chasseen and Michelsberg cultures, association and organization on the same pot can not find a strict basis for comparisons. The two Spiennes flint (Belgium) artifacts are a scraper blade about 10 cm long and a fragment of polished axe resized, with a minimum width of 6.5 cm preserved which can be considered originally as a very large tool (30 cm) which comes from the specialized production. They illustrate the dynamic distribution of selected objects from the mining site. A functional analysis performed on the scraper shows a multiplicity and diversity of wear that enhance its special status. The good preservation of many plant remains, probably contained in the vessels, among which dominate apples in the form of whole fruit, the stalks, seeds, fragments of flesh and skin, is another important aspect of this discovery and strengthens the special nature of these pits. The attribution to Middle Neolithic II, proposed in view of the archaeological material, was confirmed by two radiocarbon dates, which place most likely occupation early in the fourth millennium BC. The question of the function of these pits is much more problematic and is discussed in this paper: is it just domestic waste which would then be selected and scarce or is it poorly preserved funerary structures, especially because of the dissolution of the bones in the middle silt? Assuming a more symbolic function is also considered, but there is no basis for comparison, especially the lack of knowledge of burial practices for these societies in the north of France, does not allow us to conclude definitively this discussion. Nevertheless, this discovery, although it may seem limited, provides new information in a region where recent excavations now attest the stong presence of enclosure sites beside sites where only pits are founded. The question of the existence of open habitats or other terms of land can be raised as well as a possible hierarchisation of sites as it can be observed in the neighboring regions.
... Enfin, le caractère exceptionnel du vase de la structure 42 dont on a vu qu'il n'existait pas de stricte comparaison ailleurs, et des trois pièces lithiques qui sont issues de productions spécialisées importées depuis la minière de Spiennes (Belgique), conforte enfin l'impression de se trouver face à un dépôt volontaire et non un simple rejet. L'hypothèse d'être en présence de deux sépultures dans lesquelles les os n'auraient pas été conservés (le milieu limoneux est particulièrement acide dans nos régions) nous est bien évidemment venue à l'esprit, la céramique et l'industrie lithique étant deux composantes classiques des mobiliers funéraires aussi bien dans l'horizon Michelsberg, comme à Beaurieux (Colas et al., 2007) que dans l'horizon chasséen comme le montre la nécro- pole de Monéteau ( Augereau et Chambon, 2003). Cependant, plusieurs objections peuvent être émises à l'encontre de cette hypothèse. ...
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Un diagnostic archéologique réalisé sur la commune de Courrières (Pas-de-Calais) a livré en limite d’emprise, deux fosses circulaires de 0,7 m de diamètre et peu profondes (0,2 m), distantes l’une de l’autre de 3,5 mètres. Malgré l’ouverture d’une fenêtre de 225 m2 autour de ces structures et la réalisation d’un décapage sur 11 ha sur une occupation hallstattienne à proximité, aucune autre structure attribuable au Néolithique moyen n’a été retrouvée. L’intérêt de cette découverte est lié au mobilier particulier livré par ces fosses. Dans la première, le mobilier archéologique se composait d’une céramique au décor original associée à deux artefacts en silex de Spiennes et à de nombreux restes de pommes ; dans la seconde, un vase écrasé sur place malheureusement mal conservé n’a pas pu être remonté, mais il présentait un profil identique à celui de la fosse voisine sans toutefois porter de décor. Les comparaisons technologiques de la céramique, en particulier dans le dégraissant associant silex et mousse, montrent des affinités avec le groupe de Spiere ; du point de vue typologique, la forme carénée trouve des éléments de comparaison sur le site proche de Liévin ; par contre, le décor d’impressions circulaires organisées en triangle renversé placé au niveau de la jonction col/panse et associé à des lignes disposées en « V » qui semblent s’organiser à partir des anses à perforation verticale, reste plus original. En effet, si les motifs et les techniques décoratives sont connus dans les univers chasséen et michelsberg, leur association et leur organisation sur un même vase ne trouve pas d’éléments de comparaison stricts. Les deux artefacts en silex de Spiennes (Belgique) sont un grattoir sur lame de près de 10 cm de long et un fragment de hache polie retaillée dont la largeur minimale conservée de 6,5 cm permet d’envisager un outil à l’origine très grand (30 cm) qui est issu des productions spécialisées. Ils illustrent le dynamisme des réseaux de distribution d’objets finis sélectionnés (lames et haches) depuis la minière à silex. Une analyse fonctionnelle réalisée sur le grattoir montre une multiplicité et une diversité des usures qui renforcent son statut particulier. La bonne conservation de nombreux macrorestes, probablement contenus dans les vases, et parmi lesquels dominent les pommes présentes sous la forme de fruits entiers, de trognons, de pépins, de fragments de chair et de peau, constitue un autre aspect important de cette découverte et affermit le caractère particulier de ces fosses. L’attribution au Néolithique moyen II, proposée au vu du mobilier archéologique, s’est vue confirmée par deux dates 14C, qui place très probablement l’occupation au tout début du IV e millénaire avant notre ère. La question de la fonction de ces fosses est nettement plus problématique et est discutée : s’agit-il de simples rejets domestiques qui seraient alors peu abondants et sélectionnés ou s’agit-il de structures funéraires mal conservées, en particulier en raison de la dissolution des ossements en milieu limoneux ? l’hypothèse d’une fonction plus symbolique est aussi envisagée, mais l’absence d’élément de comparaison, en particulier la méconnaissance de pratiques funéraires de cet horizon chronologique dans le nord de la France, ne permet pas de statuer définitivement. Néanmoins, cette découverte, même si elle peut paraître limitée, apporte de nouvelles informations dans une région où les fouilles récentes attestent désormais de la présence de nombreuses enceintes à côté desquelles celle de fosses pose la question de l’existence d’habitats ouverts voire même celle d’autres modalités d’occupation de l’espace. Envisager une structuration de l’espace occupé et une possible hiérarchisation des sites, à l’image de ce qui est connu dans les régions voisines, devient donc possible dans le nord de la France. On an archaeological evaluation carried out on the town of Courrières (Pas-de-Calais) were founded at the property line, two shallow (0.2 m) and circular pits of 0.7 m of diameter, distant one from the other of 3.5 meters. Despite the opening of a window of 225 m2 around these structures and the removal of the top soil on 11 ha for the excavation of a Hallstatt occupation, no other structure due to the Middle Neolithic period was found. The significance of this discovery is related to the particular furniture delivered by these pits. In the first one, the archaeological material consisted in an original decorated ceramic associated with two Spiennes flint artifacts and many remains of apples; in the second one, a vase, unfortunately poorly preserved, was founded smashed at the bottom of the pit and could not be picked up, but he had the same profile as the one of the neighboring pit, without however wearing decor. Comparisons of ceramic technology, particularly in the degreaser combining flint and moss, show affinities with the group of Spiere; from the typological point of view, the best elements of comparison for the streamlined shape is found on the neighbouring site of Lievin; for against, the decor of circular impressions, organized in inverted triangle placed at the junction of neck/belly, and associated with lines arranged in “V” that seem to be organized from the handdle with vertical perforation is more original. While the patterns and decorative techniques are known in the Chasséen and Michelsberg cultures, association and organization on the same pot can not find a strict basis for comparisons. The two Spiennes flint (Belgium) artifacts are a scraper blade about 10 cm long and a fragment of polished axe resized, with a minimum width of 6.5 cm preserved which can be considered originally as a very large tool (30 cm) which comes from the specialized production. They illustrate the dynamic distribution of selected objects from the mining site. A functional analysis performed on the scraper shows a multiplicity and diversity of wear that enhance its special status. The good preservation of many plant remains, probably contained in the vessels, among which dominate apples in the form of whole fruit, the stalks, seeds, fragments of flesh and skin, is another important aspect of this discovery and strengthens the special nature of these pits. The attribution to Middle Neolithic II, proposed in view of the archaeological material, was confirmed by two radiocarbon dates, which place most likely occupation early in the fourth millennium BC. The question of the function of these pits is much more problematic and is discussed in this paper: is it just domestic waste which would then be selected and scarce or is it poorly preserved funerary structures, especially because of the dissolution of the bones in the middle silt? Assuming a more symbolic function is also considered, but there is no basis for comparison, especially the lack of knowledge of burial practices for these societies in the north of France, does not allow us to conclude definitively this discussion. Nevertheless, this discovery, although it may seem limited, provides new information in a region where recent excavations now attest the stong presence of enclosure sites beside sites where only pits are founded. The question of the existence of open habitats or other terms of land can be raised as well as a possible hierarchisation of sites as it can be observed in the neighboring regions.
... Le cas n'est pas isolé puisque dans la sépulture extrêmement claire de Vignely «-La Porte aux Bergers-» (Seine-et-Marne), les parures, les pointes de flèches et de javelots en silex et en os sont aussi associées à des individus et constituent un mobilier d'accompagnement personnel (Allard et-al., 1998, p.-397 et-399). Ces effets caractérisaient donc certaines personnes, que l'on pourrait toujours classer, à l'instar des individus du Cerny et du Chasséen (Sidéra, 1997-;Augereau et-al., à-paraître), parmi les chasseurs ou les guerriers parce qu'elles en possèdent tout ou partie de l'équipement. ...
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Les sepultures multiples ont ete definies comme des tombes ou ont ete deposes simultanement plusieurs defunts. Longtemps ecartees du schema evolutif des pratiques funeraires neolithiques, elles constituent davantage un objet de fantasme qu'un sujet d'etude: on postule implicitement l'impossibilite de deces naturels simultanes dans ces communautes d'agriculteurs, et l'on elabore volontiers des scenarios varies, qui n'ont de commun que leur caractere dramatique et leurs references comparatistes. Pour reprendre l'etude des tombes multiples du Neolithique francais, nous avons emprunte successivement trois chemins complementaires. Une approche statistique a d'abord montre qu'a l'echelle des funerailles le deces simultane de deux individus n'a rien d'improbable: la proportion de tombes doubles est conforme a celle que suggere la demographie prehistorique. En revanche, le nombre de tombes triples est deja trop important et la probabilite de plus de trois deces naturels simultanes est nulle. Les observations archeologiques ont ensuite ete utilisees pour chercher ce que peuvent avoir d'exceptionnel les tombes qui ont recu des inhumations multiples. Il en ressort que les tombes doubles ne different en rien des tombes individuelles de leur environnement. A l'inverse, les tombes contenant quatre sujets ou davantage revelent une mise en scene specifique. Le cas intermediaire, celui des tombes triples, est paradoxal: alors que ces tombes presentent une situation demographiquement improbable, elles sont archeologiquement banales. C'est l'examen des necropoles concernees qui permet enfin de resoudre ce paradoxe. Si des tombes demographiquement exceptionnelles sont conformes aux tombes individuelles qui les accompagnent, c'est bien parce que dans ces ensembles toutes les sepultures sont exceptionnelles. Cette conclusion est confirmee par l'association dans les memes sites de plusieurs tombes multiples. Finalement, si on laisse de cote les quelques tombes temoignant d'evenements « catastrophiques», les tombes multiples du Neolithique ancien et moyen sont des structures banales au sein d'un phenomene sepulcral qui ne l'est pas.
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deaths in these agricultural communities. The various scenarios that have been proposed have little in common apart from their dramatic nature and misuse of ethnographic comparisons. Our new study of multiple burials in the French Early and Middle Neolithic follows three successive yet complementary paths. Firstly, a statistical approach showed that the simultaneous death of two individuals is not improbable: the proportion of double graves conforms to our expectations of prehistoric demography. The number of triple graves, however, is much too high, and the probability of more than three simultaneous natural deaths is nil. Next, archaeological observations were used to look for possible exceptional features in graves with multiple burials. It emerges that there is no distinction between double and single graves from the same context. Graves with four or more burials, on the contrary, display specific arrangements. Triple burials are paradoxical, since they are improbable in demographic terms yet display ordinary archaeological features. This paradox can be resolved by close examination of the cemeteries involved. In fact the demographically exceptional graves match the single graves because all the graves are exceptional here. The association of several multiple graves in the same sites supports this conclusion. Ultimately, leaving aside the few cases involving •catastrophic” events, Early and Middle Neolithic multiple burials are ordinary features within an unusual funerary phenomenon.
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Cet article présente les résultats de la fouille, en 1994 et 1996, de deux ensembles funéraires du Néolithique dans le département de l'Oise, sur le territoire de la commune de Longueil-Sainte-Marie. L'étude de ces vestiges, datés des IVe et IIIe millénaires avant notre ère, permet de mettre en évidence, au vu des données déjà disponibles de ce secteur, certains particularismes microrégionaux. De plus, il semble possible de définir une évolution des modes sépulcraux entre la fin du Néolithique moyen II et le Néolithique récent dans cette aire géographique. This article presents the results of the excavation in 1994 and 1996 of two Neolithic funerary sites in the Oise département at Longueil-Sainte-Marie. Study of these remains, dating from the 4th and 3rd millennia BC, combined with the evidence already available from this sector, reveals some mico-regional particularities. A possible sequence of burial practices in this area between the end of the Middle Neolithic II and the Late Neolithic is then outlined (traduction M. Ilett, UMR 7041, ArScAn).
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Ksenija Borojevic reviewed the book "Architecture et Société Néolithique: L'unité et la Variance de la Maison Danubienne" by Anick Coudart 1998. Documents d'Archéologie Française, No. 67. Edition de la Maison des Sciences de l'Homme,' Paris. 239 pp. 194 figures, tables, 2 appendices, footnotes, bibliography, abstract in French, English, and German. 265 FF (paper), ISBN 2-7351-0637-3.
« Découverte d'une nouvelle sépulture néolithique en ciste à la Goumoizière de Saint-Martin-la-Rivière (Valdivienne) : premiers résultats
  • J Airvaux
Airvaux J., 1996, « Découverte d'une nouvelle sépulture néolithique en ciste à la Goumoizière de Saint-Martin-la-Rivière (Valdivienne) : premiers résultats », Bull. de la Société de Recherches Archéologiques du Pays Chauvinois, n° 34, p. 65-105.
« Vers une chronologie interne du Chasséen dans le nord du Bassin parisien
  • J.-C Blanchet
  • R Martinez
Blanchet J.-C., Martinez R., 1986, « Vers une chronologie interne du Chasséen dans le nord du Bassin parisien », in : Demoule J. P., Guilaine J. dir., Le Néolithique de la France : hommage à G. Bailloud. Paris, éd. Picard, p. 331-342.
Il y a 7000 ans en vallée de Marne… Premiers labours, premiers villages, Catalogue d'exposition
  • M Bouchet
  • P Brunet
  • G Jacobieski
  • Y Dir Lanchon
  • F De Bostyn
  • P Chambon
  • C Leroyer
  • L Salanova
Bouchet M., Brunet P., Jacobieski G., Lanchon Y. dir., avec la coll. de Bostyn F., Chambon P., Leroyer C., Salanova L., 1996, Il y a 7000 ans en vallée de Marne… Premiers labours, premiers villages, Catalogue d'exposition, Lagny-sur-Marne, éd. APRAIF et SHALE, 48 p.
« La marge sud-est du Bassin parisien : Chasséen et Néolithique moyen
  • C Henocq-Pochinot
  • D Mordant
Henocq-Pochinot C., Mordant D., 1991, « La marge sud-est du Bassin parisien : Chasséen et Néolithique moyen », in : Beeching A. et alii dir., Identité du Chasséen, Actes du colloque international de Nemours, mai 1989, p. 199-210 (Mémoires du Musée de Préhistoire d'Île-de-France, 4).
  • C Jeunesse
  • C Constantin
  • D Mordant
  • D Simonin
Jeunesse C., 1997, « Les pratiques funéraires de la culture de Cerny et le 'Mittelneolithikum' du domaine rhénan », in : Constantin C., Mordant D., Simonin D. dir., La Culture de Cerny : nouvelle économie, nouvelle société au Néolithique, Actes du colloque international de Nemours, 1994, p. 543-556 (Mémoires du Musée de Préhistoire d'Île-de-France, 6).
Sépultures d'Occident et genèses des mégalithismes
  • P Moinat
Moinat P., 1998, « Les cistes de type Chamblandes », in : Guilaine J. dir., Sépultures d'Occident et genèses des mégalithismes, Paris, éd. Errance, p. 129-143.
  • I Sidéra
  • C Constantin
  • D Mordant
  • D Simonin
Sidéra I., 1997, « Le mobilier en matières dures animales en milieu funéraire Cerny : symbolisme et socio-économie », in : Constantin C., Mordant D., Simonin D. dir., La Culture de Cerny : nouvelle économie, nouvelle société au Néolithique, Actes du colloque international de Nemours, 1994, p. 499-513 (Mémoires du Musée de Préhistoire d'Île-de-France, 6).
« Remarques préliminaires sur l'industrie lithique des niveaux chasséens de Chassey (La Redoute) », in : Beeching A. et alii dir
  • J.-P Thevenot
Thevenot J.-P., 1991, « Remarques préliminaires sur l'industrie lithique des niveaux chasséens de Chassey (La Redoute) », in : Beeching A. et alii dir., Identité du Chasséen, Actes du colloque international de Nemours, mai 1989, p. 251-259 (Mémoires du Musée de Préhistoire d'Île-de-France, 4).