Les questions que nous nous posons à propos des arts rupestres depuis la prédication de l’Islam en Afrique, de leur production, de leurs usages, et de leurs études visent à éclaircir un type d’images qui n’a que trop peu attiré les chercheurs jusqu’à présent. Or dans leur apparente répétitivité, les figures rupestres produites en lieu d’islam sont riches d’informations négligées.
L’histoire de
... [Show full abstract] l’art islamique a jusqu’à présent timidement approché l’art nomade, et il y aurait lieu de mettre en lumière les milliers de sites rupestres gravés et peints par des sociétés de religion musulmane dans toute la surface du Dar-al-Islam, de l’Atlantique à l’Indonésie.
Ces œuvres nous renseignent sur des sociétés marginales où l’écriture et les influences de la culture urbaine sont presque inexistantes et réservées aux élites sociales. Seuls quelques objets de prestige transitant par les régions désertiques et montagneuses sont porteurs de l’iconographie islamique traditionnelle, favorisant son extension dans tout le pays d’islam.
Dans la culture rurale, les productions rupestres sont héritières d’une longue tradition graphique s’enracinant dans le Néolithique et présentant une continuité depuis lors et jusqu'à notre époque.
L’évolution des aspects stylistiques, des sujets traités et de leur aire de diffusion nous permet de cartographier des cultures liées aux données historiques que nous possédons et ainsi d’enrichir l’histoire culturelle de l’Afrique musulmane. Elle nous permet aussi de nous rapprocher de la vie des communautés sur lesquelles nous sommes le plus mal renseignés
comme les Touaregs dont l’origine reste nébuleuse, ou les Toubous, tout aussi mal connus de l’histoire par manque de sources écrites et le peu de crédit généralement accordé à la tradition historique orale.
L’intégration dans les corpus documentaires, sur lesquels s’élaborent les histoires de l’art islamique, de ces œuvres rupestres devrait permettre une approche renouvelée de leur production et de leur réception. Cette ouverture devrait aboutir à un renouveau méthodologique, tant en ce qui concerne les images rupestres de la moitié nord de l’Afrique, que l’histoire classique de l’art islamique.